Déclinant

Grace
Les cinq lettres résonnent,
Cinq lettres déposées sur ma peau par ton regard
Par ta façon de regarder autour sans jamais t'arrêter sur quelque chose si bien qu'on te croirait plus lointaine plus ailleurs que tout même la Lune
Grace
L'inaccessible en cinq lettres.

J'avais quitté le Janie's.
Ton regard avait fixé la porte puis ma veste puis encore la porte et puis les bulles du verre devant toi et enfin, enfin Grace ton regard avait croisé le mien.
Un éclair, puis rien
Tu avais continué à jouer de ton regard encore
Et moi j'étais parti.

On s'est revu.
Je voulais savoir
De quelle pauvre planète tu venais Grace,
La grâce c'est jamais comme ça que ça tombe et pourtant
Entre toutes les pores de ta peau se cachait le grin doré de la grâce,
Tombée du ciel en copeaux
Sur toi
Rien que sur toi,

On s'est revu.
Tu portais une jupe rose et un t-shirt noir
C'était affligeant ce t-shirt ne t'allait pas.
Il était immensément grand,
Volé au grand frère où au père, mais non
Impensable
Doucement outrageant.

Le cinéma de Chersterfield,
La voiture du père récupérée sous conditions d'emmener petit Charlie partout et pas comme la dernière fois ne pas l'oublier surtout,
La veste lustrée au possible,
Ça jouait des coudes entre tignasse et cuir
Et tu étais là
Seule –
On se demande pourquoi
– Toujours seule
Seule et peuplée d'un monde à l'intérieur si vivant que la solitude chez toi Grace
C'était rien.

Oh tiens bonjour
Bonsoir
Ça va ? Quel film tu vas voir ?
Aucun.
Silence
Pourquoi tu es là alors ?
Le vrai film à voir c'est les gens qui passent les gens qui passent et puis parfois les voitures aussi les conversations des baisers et des gifles ça c'est de l'action
Silence
La rue c'est beau

Elle a fait tourner sa jupe dans l'espace orangé de l'atmosphère de juillet et elle est partie.
J'ai donné le billet à petit Charlie
Et j'ai couru.

Voir le lac avec moi, ça te dit ?
Deux squelettes marchaient côte à côte
Presque habitués au buissement de l'autre

Ton nez dans l'horizon se détachait
Net
Un coup de couteau au rose du ciel,
Tes lèvres rouges parlaient sans s'ouvrir,
Tes cheveux si éclatants qu'on avait mal aux yeux puis aux tempes parce que ton être prenait partout pénétrait là où tout n'était plus que douleur délicieuse on devenait aveugle sourd muet par ta faute et ton regard et lançait et reprenait le désir de nos mains toujours.
À tes lobes pendaient – toujours plus provocants – de longs fils pointés d'or et d'étoiles.

T'es lèvres de feu ont bougé
Toi et moi on était fait pour se rencontrer.

On marche

Toi et moi Grace
Partout ça hurle nos noms,
Le lac qui vibre et les pneus qui crissent
Tes tennis contre le bitume
Ma veste sur la peau de tes épaules,

Le lac grandit devant nos yeux.

Puis tout comme l'Infini est apparu trop petit et trop étroit pour nos corps tout nous vrillait les oreilles me disaient à moi que j'étais là sans l'être que ma place n'était nulle part ailleurs qu'à côté de toi et de tes lèvres rouges si rouges qu'on les dirait mordues de sang,
Le goût du fer sous la langue.
Sous les clairs cuisant du coucher
On était deux
Ensembles
On a roulé dans le sable
Plus rien autour de nous ne semblait faire un bruit
Nous n'étions plus qu'un.

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