Aurore

65
L'année mille neuf cent soixante-cinq.
De ces années qui passent,
Qu'on oublie,
Que les gens qui passent dans nos vies qui courent oublient
Perdent de vue
Se souviennent vaguement comme d'une année
Celle où leur petit cousin est né
Celle où le chien du voisin est mort
Qui sait ?
Pas nous
On oublie pas
On oublie peu
Le cerveau disponible
Les seize ans tapé comme un triomphe sur nos fronts.

L'été marque nos peaux
La laisse tannée en un cuir d'un orangé solaire, imparfait.
L'été 65
Soixante-cinq comme un nombre - l'infiniment possible
Une prière,
Soixante-cinq est encré en nous
Le chiffre sacré de nos fureurs adolescentes
Qui sonne
Comme un enfant qui pleure au supermarché après sa mère.
Partout on entend le gémissement strident de l'été 65
Il est dans nos veines
Dans nos veines,
Nous.

On est deux.
On est un beau cliché ringard
Ceux des magazines
Des romans-photos
Des souvenirs de nos tantes,

On est beaux.

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