Chapitre 4

Marc salua approximativement l'intégralité des personnes présentes dans le bar. Tout le monde le connaissait et inversement, il connaissait absolument tout le monde. Contrairement à moi, Marc passait la plus part de ses soirées à l'extérieur du campus. Il traînait ici et là et revenait souvent, même constamment, dans un état disons déplorable.

« - Bon, mets-toi à une table, je vais nous chercher à boire ! »

Je m'exécute en tentant désespérément de me faufiler à travers différents groupes déjà présents. La décoration était rustique, de vieux tonneaux servaient de tables et la musique reflétait l'état d'esprit des années 80. Un vieux rock comme on les aime.

« - Salut toi ! C'est quoi ton petit nom ? »

Une blonde s'approche, la chemise nouée au-dessus du nombril, laissant apparaître un piercing en forme d'étoile, de grandes topazes servant de paires d'yeux, un verre à la main, un short en jean déchiré dans un style grunch.

Un rouge à lèvres tapageur.

« - T'es un ami de Marc ? C'est la première fois que je te vois là !

- Oh ! Lizzie ! Je vois que t'as trouvé mon coloc Antoine. Antoine, voici Lizzie, la meilleure danseuse de ce petit bar.

- Oh ! Flatteur...Il ne te parle pas beaucoup ton pote dit donc...

- Un peu timide, mais donne-moi cinq minutes chérie et tu vas voir après...Je vais accomplir des miracles.

- Ahahaha ! Je te fais confiance. C'est dommage, il est plutôt mignon...Bon bah à plus tard ! »

À peine Lizzie nous avait-elle quittée que Marc me donna un énorme coup de coude dans les côtes, prenant un air dès plus contrarié.

« - Putain Antoine...Si on vient ici ce n'est pas pour que tu boudes toute la soirée !

- Je ne boude pas...

- T'es pas spécialement « ouvert » non plus. Fais un effort bon sang ! Bois moi ça, cul sec, et va voir Lizzie !

- Quoi ?

- Aller ! »

C'est limite s'il ne me verse pas l'intégralité du verre lui-même dans la gorge.

« - Waw...C'est fort ton truc ! C'est quoi ?

- Ah ! Ah ! Ah ! C'est un secret. C'est pour te donner un peu de courage. Bon maintenant, décolle ton cul du tabouret et va la voir.

- Quoi ? Mais pourquoi ? Je ne la connais même pas cette fille.

- On s'en fou...On est là pour s'amuser. Va t'amuser ! »

« S'amuser », c'est vite dit. Je ne sais même pas si j'en suis capable. Je ne suis tout simplement pas d'humeur.

Pourtant, je me lève et me faufile une nouvelle fois à travers la foule amassée là pour retrouver les cheveux dorés de Lizzie.

Je la retrouve non loin de la sortie de secours et tandis qu'elle me voit arriver vers elle, un large sourire s'affiche sur son visage.

« - Je savais que je pouvais compter sur Marc...

- Écoute...Je... »

Elle ne me laissa même pas terminer ma phrase qu'elle m'embrassa en me saisissant par le col de ma chemise de sorte à m'attirer à elle. Son baiser est empli de pression, de passion, comme un incendie se déchaînant.

Et avant même que je ne m'en rende compte...L'incendie me prit également. Au bas ventre.

Posant mes mains autour de son visage, on recula dans un mouvement pour se retrouver contre la porte de sortie.

Qu'est-ce que je fous putain ?

Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me défaire d'elle ? Ce n'est pas...non....Ce n'est pas dans mes habitudes de faire ça. Je ne la connais pas et pourtant, j'ai terriblement envie d'elle.

Je pousse la porte et on se retrouve dehors tous les deux tandis que mes mains viennent saisir ses fesses pour la soulever et la mettre à hauteur sur une poubelle.

Ressaisis-toi Antoine. Reprends-toi bon sang !

Ses lèvres se perdent alors sur mon cou et avant même que je n'eus le temps de le remarquer, je ressens une légère, mais vive douleur au niveau de mon épaule.

Elle se retire, les yeux brillants, avec un grand sourire.

« - Là, on va pouvoir s'amuser toi et moi... »

Je ne sais pas ce qu'elle m'a fait. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais je ne veux pas que la nuit se termine pour elle et moi. Je veux...Je veux plus. Je la désire cette fille. Cette inconnue au nombril à l'air.

Elle déchire ma chemise sans effort et cela ne me surprend même pas.

Quelque chose cloche, mais je suis incapable de réagir en fonction. C'est comme si j'étais...Envoûté.

« - Stop...ça suffit maintenant. »

Une voix retentie plus loin, dans l'obscurité de la ruelle. Des pas s'approchent et soudain, sous le lampadaire apparaît la silhouette de Nathan.

« - Je savais que je ne pouvais pas faire confiance à Marc pour ce genre de chose...Il est constamment dans l'abus. »

Qu'est-ce que Nathan fiche ici ? Comment savait-il où nous étions ? Nous avait-il suivis depuis le début ?

Lizzie se met alors à feuler telle une tigresse mécontente, allant jusqu'à planter ses ongles dans ma chair.

« - N'approche pas...Il est à moi.

- Oh ma chère...Vu son état, je doute qu'il comprenne ce qui lui arrive. Malheureusement, je vais devoir te le reprendre avant que tu ne l'abîmes complètement. Comprends-le, il m'est précieux.

- Il est à moi ! À moi ! »

Soudainement, sa langue s'agrandit, se fourchant complètement, telle celle d'un serpent.

« - Ah...Je n'ai pas envie de me battre ce soir....Vraiment. Peux-tu juste me le rendre et je passerais outre sur ton comportement ?

- Ne me fais pas rire... »

Sa langue se faufile sur ma peau, sur mon cou, je la sens. Pourtant, je suis là, incapable de bouger, incapable de me défaire de son emprise.

Je suis là, l'esprit voguant entre deux mondes.

« - J'avais pourtant demandé gentiment...Vraiment. »

La main de Nathan s'enflamma. Une flamme noire et en une fraction de seconde, elle partit en direction de Lizzie. Lizzie qui s'enflamma...Lizzie qui disparut sous mes yeux...Brûlée vive. Hurlant. Un hurlement que nul n'entendu.

À part moi.

À part nous.

À peine m'avait-elle lâché que tout mon corps s'effondra au sol.

« - Halala...Dans quel état tu es... »

Je ne me souviens pas du reste de la soirée. Je me souviens que ma tête a heurté le sol et puis ensuite les ténèbres. Le noir. L'obscurité m'engloutissant tout entier.

« - Tu es totalement inconscient ma parole !

- Il ne lui est rien arrivé, ça va ! Arrêtez de me prendre la tête !

- Nathan a raison...ça aurait pu vite dégénérer...Tu l'as laissé complètement sans surveillance.

- Forcément, toi, tu te ranges toujours de son côté ! Merci du soutien.

- Ce n'est pas ça...Mais hier soir...Imagine un peu les conséquences si une autre famille lui avait mis le grappin dessus ? Cela fait trop longtemps que nous le travaillons tous au corps pour qu'on se le fasse piquer sous le nez ! Nous sommes trop proches du but pour échouer. »

Où est-ce que je suis ? Quel est cet endroit ?

Pourquoi ma tête me fait si mal ? J'ai l'impression d'avoir une énorme gueule de bois, mais en pire.

« - Vous me fatiguez vraiment vous deux. J'avais la situation sous contrôle, mais je vois que votre confiance en moi n'a guère changée. »

Pourquoi entendais-je la voix de Marc ?

« - Ce n'est pas une question de confiance et tu le sais. Arrête de faire ton enfant. »

Anna ?

« - Laisse-le bouder Anna. Marc a toujours aimé s'exprimer comme un enfant...Et après tu t'étonnes que l'on ne te traite pas comme un adulte ? »

Nathan ?

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je me redresse difficilement ayant l'impression d'avoir dormi depuis des jours tandis que j'observe la chambre dans laquelle j'étais. Ce n'était pas ma chambre. Ni aucune chambre que je connais.

« - En tout cas...On s'en tient au plan. Nous réglerons ça en famille la prochaine fois. Augustus sera ravi d'apprendre tes frasques Marc.

- Toujours obligé de rapporter hein Nathan ?

- Non, je fais mon rapport. Je fais mon job, MOI !

- Monsieur « Moi, je ». T'as pas changé avec les siècles que tu t'es pris dans la tronche.

- Tu peux parler Monsieur « Je vis dans le monde de Peter Pan »

- Les garçons...Arrêtez de vous battre. Ce n'est vraiment pas le moment. »

J'ouvre la porte et les découvre tous les trois plantés là, me dévisageant tandis que je comprends à peine la conversation que je venais subtilement d'écouter.

Qui était ces gens ? Où étais-je ? C'est quoi le « plan » ?

« - De quoi vous parlez ? »

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