Chapitre 34
Je suis resté sceptique devant sa déclaration ne sachant quoi en faire. Je présume qu'un simple hochement de tête suffira pour l'instant. Je n'ai vraiment pas le cœur à m'occuper de ces deux-là. Je n'ai vraiment pas le temps de m'occuper de ça : de leurs états d'âme. De leurs sentiments ou non.
Je me relève, tapotant mes fesses pleines d'herbe, prenant une grande inspiration.
Je savais qu'il était temps. Temps que je prenne une décision. Temps que m'implique. Cette guerre, elle existe à cause de moi. Cette guerre, elle se fait pour moi.
Et si je dois être condamné à exaucer des vœux pour l'éternité alors je veux que cette fois-ci, cette seule fois, je veux que la guerre s'arrête. Définitivement.
« - Dis-moi Julius, qu'est-ce que tu sais de la guerre du Saint-Graal ?
- C'est-à-dire ? Tu veux savoir quelque chose en particulier ?
- En particulier ? Non. »
Je me retourne vers lui et le regarde du haut de mon mètre quatre-vingt
« - Je veux tout savoir.
- Dans ce cas, tu auras besoin de moi. »
Nathan apparait plus loin, contrarié que l'on soit surement seuls Julius et moi.
« - Vous représentez deux familles....Deux familles et demie....Vous allez combiner vos versions.
- Pourquoi cet intérêt soudain pour la guerre Antoine ? Je croyais que jusqu'à présent, tu t'en fichais pas mal ? »
Nathan n'a pas tort, jusqu'à présent, je ne m'en souciais pas. Cela ne faisait quelques jours, quelques semaines à tout cassé que je suis réellement impliqué dans cette dernière, mais je n'en connais pas encore les rouages. Je n'y connais rien à ce monde de toute façon et je sais que ce n'est pas en restant les bras croisés que ça va changer. Je sais aussi que ce n'est pas en restant dans mon ignorance que je pourrais changer quoi que ce soit.
Il fallait que quelque chose soit fait et cela ne dépendait que de moi.
Viviane avait au moins raison sur ce point-là...Tout ne dépendait que de moi.
Ma mère avait raison sur ce point-là.
« - Je m'en fichais c'est vrai et je m'en contre fou si vous vous entretuez vu qu'apparemment vous renaissez...Mais moi, je n'ai pas cette chance. Moi je suis condamné à changer de formes constamment et je compte bien profiter d'une forme où j'ai un minimum de conscience pour imposer ma volonté également. Hors de question de faire plaisir à telle ou telle famille...Vous pouvez aller vous faire voir...Tous autant que vous êtes. Je l'ai dit et le redit ! Vous ne m'aurez pas. »
Puis comprenant l'importance de ma déclaration, j'en viens à insister sur un point :
« - J'espère que c'est bien clair...N'est-ce pas Viviane ? »
Elle apparait, descendant de son perchoir, elle nous rejoint tout sourire comme contente que j'ai pu ainsi la remarquer parmi le feuillage de l'arbre sur lequel elle s'était installée.
« - Qu'est-ce qu'elle fait ici ? »
Naturellement, Julius a un mouvement de recul, ce que je peux bien comprendre tandis que Nathan se raidit d'un coup, sans doute dans l'attente d'une nouvelle « bombe » qu'elle pourrait nous lâcher, mais vu la joie et la satisfaction que lui procurait cette situation, elle n'avait rien de plus à rajouter.
Tant mieux. Je n'étais pas prêt à me manger une nouvelle vérité.
« - Je ne viens pas en ennemie...Détends-toi.
- Alors, réponds à ma question ! Depuis quand es-tu là ?
- Depuis le début...Je suis là pour Antoine moi. Contrairement à certains bien trop égoïstes pour ça. »
Il ne faut pas être né de la dernière pluie pour comprendre qui était visé par ses propos.
« - Ce que je vais dire est exceptionnel...Mais je partage l'avis de Julius...Je ne suis pas ravi, enchanté, enjoué, enthousiasmé de savoir qu'elle est là.
- Comme d'habitude, tu es obligé d'en faire des tonnes. Venant d'un Caligari à l'égo démesuré, cela ne me surprend même pas.
- Ce qui me surprend, moi, c'est de voir une psychopathe dans ton genre traîner dans le coin. Tu viens espionner ? Si tu veux Antoine, il faudra me passer sur le corps !
- Ne me tente pas mon chaton, ça serait trop facile pour moi et tu le sais.
- Tu veux parier ? »
La tension était à son comble et il n'était pas difficile d'apercevoir des éclairs entre les regards des trois individus regroupés.
Vraiment...Ce genre de situation me fatigue.
Prenant une grande inspiration et je finis par hurler sur la colline :
« - ASSEZ TOUS LES TROIS ! »
Soudain, les trois disparurent laissant place une nouvelle fois à un chiot, un chaton et une chatte...siamoise. Je n'ai jamais aimé les siamois...Petit et dès que j'ai vu la « Belle et le Clochard », j'en ai eu la trouille, mais ce que je commence à redouter c'est cette transformation soudaine qui apparait dès qu'une situation m'énerve un tantinet.
« - Encore... »
Ils se dévisagent tandis que j'attrape Nathan par la peau du cou.
« - C'est bien fait pour vous...
- Hé ! Moi je trouve ça injuste de me retrouver ainsi alors que je n'ai rien fait !
- Je vous mets dans le même sac...Et estimez-vous heureux que je ne sois capable que de ça...J'aurai pu vous transformer en ver de terre ça se trouve ! Ou en porcelet.
- Non, tu ne peux pas. »
Confiante dans ses dires, Viviane me grimpe dessus, enfonçant ses griffes à la base de mon épaule.
« - Je te l'ai dit Antoine...Tu es un sorcier toi aussi. Être en plus le Saint-Graal est un bonus additionnel, rien de plus.
- Comment tu sais ça ?
- Parce que je le sais...Ta mère était une sorcière. Une bonne en plus. C'est pour ça que les Caligari s'en sont débarrassés.
- Alors...J'appartenais à une famille ? Je veux dire...ma mère...
- Hmmm...plus ou moins. C'est difficile à dire, car elle-même était le fruit de deux unions interdites. Normalement deux familles ne se mélangent pas...Mais ta mère...Bref, ce n'est pas le sujet. Le fait est que si Nathan est le feu...Julius le vent...Zoé l'eau...Toi, Antoine, tu es la terre et tant que tel tu es lié à tout ce qui touche de près ou de loin à cette dernière...Je n'en sais pas plus...Enfin le reste ne te concerne pas. »
N'avais-je pas dit il y a cinq minutes que je n'étais pas prêt à d'éventuelles autres révélations ?
Et puis comment Viviane pouvait savoir autant de choses sur moi ? Pourquoi le savait-elle ? Pourquoi me les disait-elle au final ?
C'est qui cette fille au juste ?
« - C'est un mensonge ce que tu dis là...Nous le saurions si c'était le cas.
- Pourtant te voilà transformé en juste chat de gouttière non ? À sa place, j'aurais fait de toi un rat...Un gros et vilain rat. Un rat des champs. »
Un rat des champs hein ?
Ça lui irait plutôt bien.
Au bout de quelques minutes, les trois individus reprirent leurs formes humaines, m'apparaissant une nouvelle fois en tenue d'Eve et d'Adam. Je ne m'y ferais sans doute jamais à cette apparition soudaine.
Tandis que Julius se précipita pour reprendre ses vêtements, Nathan et Viviane continuèrent de se dévisager de la tête aux pieds.
« - En plus, tu n'es même pas musclé. C'est honteux.
- Et toi alors ? T'as pas de poitrine. Planche à pain !
- Petit zizi ! »
Pris de court, Nathan baisse les yeux vers sa partie intime et s'en retrouve presque vexé. C'est vrai que vu comme ça...De ce point de vue là...On pouvait lui accorder le point, même si cela ne m'a jamais vraiment gêné.
« - Espèce de perverse !
- Dis celui qui a maté le premier. »
Décidément, que ce soit le frère ou la sœur, Nathan avait véritablement un « souci » avec cette famille ...ou alors juste cette lignée-là particulière.
« - En tout cas, c'est bien mignon tout ça...Mais maintenant, qu'est-ce que l'on fait ?
- Antoine est un sorcier et le Graal...Il faut juste lui donner une leçon ou deux ! »
On se retourna tous les trois vers Viviane qui affichait un large et grand sourire, totalement sûre d'elle-même en nous impliquant tous les quatre dans le même plan.
« - Hors de question
- Jamais de la vie.
- Et moi...Je ne tiens pas à mourir jeune. »
Néanmoins, pour la première fois sans doute de toute l'histoire de la sorcellerie, aujourd'hui venait de s'inscrire dans les annales, la première « alliance » entre les trois familles.
Julius Maganti.
Nathan Caligari
Viviane Tenebris.
Et moi.
Au milieu de ce grand, beau et joyeux bordel.
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