Chapitre 28
S'il n'y avait pas eu les quelques notes de musique émanant de l'Ipod de Julius, je me serais certainement déjà jeté par la fenêtre dû au silence assourdissant qui régnait dans la voiture. Ni Nathan, ni Julius n'avaient lâché un mot depuis que nous étions partis tous les trois et visiblement, ils ont fait vœu de silence étant donné qu'ils se contentent de me lancer des regards furtifs à travers le rétroviseur de temps à autre, chacun leur tour.
C'est ridicule. Cette situation est ridicule.
« - Nathan, arrête la voiture. »
Il me regarde curieusement donc je me répète. Peut-être n'avait-il pas compris la première fois ?
« - Arrête la voiture s'il te plaît ! Je ne me sens pas très bien. Faut que je marche. »
Prétexte bidon.
Je vais parfaitement bien, je me sens seulement oppressé par cette ambiance néfaste.
Il s'arrête alors sur une aire de repos à proximité et je suis le premier à bondir hors de l'auto dès que cette dernière s'arrête.
Je m'éloigne en vitesse avant que l'un d'entre eux ne songe à me rattraper ou bien même à me suivre.
« - Enfin seul... »
J'expire comme on dégonflerait un ballon de baudruche, m'asseyant sur un rocher entre les buissons. Je sais que si je tarde trop, ils vont venir me chercher, mais je ne peux y retourner maintenant. J'ai besoin de prendre l'air.
« - Antoine... »
Une voix résonne dans le vent, se laissant porter par la légère brise, se perdant dans le bruit du feuillage s'agitant.
« - Antoine...Sauve-moi... »
Une voix m'appelle. Je l'entends, mais je ne sais pas d'où elle provient. Je ne sais pas où...
« - Antoine... »
À peine ai-je le temps de faire un pas en avant que je sens la poigne de quelqu'un se resserrer contre mon bras.
« - Tu comptes te faire la belle ? »
Julius.
« - Dis-moi, tu n'entends pas ça ?
- Quoi ?
- Antoine....
- Ça ! La voix là ! À l'instant !
- Je n'entends rien. Tu dois être fatigué, ton esprit doit te jouer des tours. Viens, on retourne vers la voiture, tu pourras dormir.
- Antoine...Ne me laisse pas...
- Je ne suis pas fou ! »
Je me défais de son emprise, m'arrachant à lui et commence à me précipiter vers la forêt plus loin.
« - Antoine revient ! Ce n'est pas... »
Je n'entends pas le reste de ses paroles et me précipite dans les bois.
Je reconnais cette voix. Je l'ai déjà entendue. Je ne l'ai que trop entendue. Que trop rêvée.
« - Antoine...aide-moi... »
Là-bas ? Non...Par là !
Je tourne à droite, à gauche, manquant de me prendre les pieds dans les racines des arbres et je m'enfonce de plus en plus dans les bois.
C'est impossible qu'elle soit là...Impossible qu'elle...Et si ? Non. Je le sais. J'en suis intimement convaincu.
« - Où es-tu ?! Réponds-moi !! »
Mais rien. Pas de réponse. Plus un bruit. Seulement l'imposant brouillard s'installant progressivement.
Il n'y avait pas un bruit.
Soudain, je vis une sorte de silhouette se dessiner dans la brume. Une silhouette féminine...Était-ce... ?
« - Baisse-toi ! »
Sans ménagement, je sens une main plaquer tout mon corps au sol tandis qu'une forte bourrasque repoussa le brouillard qui ne se dissipa pas pour autant.
Julius m'avait suivi jusqu'ici, me fusillant du regard comme un parent mécontent après la bêtise d'un enfant. Je commence à être habitué à ce genre de chose maintenant.
« - On peut savoir à quoi tu joues Antoine ?! Tu cherches à mourir ou quoi ? »
Je ne sais pas si c'est le coup ou si c'est l'impact de l'autorité dans sa voix, mais cela agissait comme une douche froide après une gueule de bois.
« - Hein ? De quoi ? »
Je réalise que derrière lui, la silhouette s'épaissit, se rassemble et se dresse.
« - Écoute, je ne sais pas ce que t'as, mais ce n'est vraiment pas le moment d'avoir des penchants suicidaires ok ?!
- O...Oui... »
Sans effort, une sorte de tornade s'évade de la paume de sa main comme Nathan le faisait avec les flammes.
Je commence à comprendre...L'air, le feu....Et l'eau. Chacun avait un lien puissant avec un élément et c'est fort de son élément que Julius, les yeux plongés dans les miens, vaporisa totalement l'étrange brume s'évanouissant totalement.
Je reste au sol tandis qu'il se redresse et je n'ose même pas lui demander son aide pour me relever. J'ai l'impression que je vais me faire engueuler et j'aurais presque raison vu les éclairs que je vois dans ses yeux.
« - Je suis désolé...
- Non tu ne l'es pas. Franchement, en ce moment, c'est difficile de te suivre. C'est vrai que je ne peux pas comprendre ce que tu as vécu là-bas, je ne peux imaginer tout ce qu'ils t'ont fait, mais je rêve, chaque minute de leur faire la même chose...Si seulement...Si seulement tu pouvais... »
Ses mots s'étouffent, ses mots se perdent.
Ils se perdent dans la pénombre tandis que ses bras m'entourent et m'attirent à lui.
« - Si seulement tu pouvais imaginer ce que je ressens actuellement... »
Moi qui le prenais pour Terminator...Peut-être que j'avais tort. Peut-être qu'il était doué de sentiment et que s'envoyer en l'air avec un parfait inconnu ne lui était pas si familier que ça.
Quoique...
« - Hé ! Vous faites quoi tous les deux dans le noir là ?! »
Nathan arrive brusquement et comme s'il jouait au tennis, sa tête fait des va-et-vient entre Julius qui s'est brusquement écarté de moi...et moi.
« - J'espère que tu n'as rien fait de louche à Antoine, toi.
- Non...
- Gare à tes fesses...
- Ce n'est pas comme s'il t'appartenait et mes fesses vont très bien...Sauf si tu veux t'en occuper à nouveau ? »
Et me voilà encore une fois au milieu de ces deux-là. Voilà pourquoi j'avais peur qu'ils m'accompagnent, ils sont incapables de se retenir. Tout est prétexte à se battre.
« - Même pas en rêve ! J'ai assez donné...Viens Antoine, on retourne à la voiture avant que cet obsédé ne te fasse quelque chose... »
Théoriquement, c'est déjà fait. Il s'est occupé de mes fesses, lui.
« - Et toi...Je t'ai à l'œil ! Ne t'approche pas d'Antoine et ne l'attire pas dans des endroits reculés comme ça ! Compris ?
- Oui maman... »
Je le vois lever les mains alors qu'en réalité, Julius venait certainement de sauver mon postérieur. Pourtant, je ne le dis pas. Je ne l'explique pas, je le laisse lâchement prendre le blâme parce que ça m'arrange. Je n'aimerais pas avoir à expliquer le pourquoi du comment je me suis retrouvé ici, tout seul, attiré par une simple voix.
On rentre tous les trois, Julius fermant la marche et se tenant à une certaine distance de Nathan et moi.
Cette fois, on échange les postes et Julius prends le volant tandis que Nathan occupe le poste de DJ, mettant cette fois, sa musique à lui.
« I know I can treat you better than he can ♫»
Il ne manquait plus que le subtil message en chanson et au vu des regards que l'on se jette tous les trois au travers du rétroviseur, on comprit parfaitement le sous-entendu non discret que Nathan venait de me lancer à la figure sous le nez de Julius.
« - C'est ce que tu crois. »
Prenant un petit air hautain, Julius garde un air satisfait, affichant un petit sourire victorieux alors que Nathan le dévisage, ne comprenant certainement pas son attitude soudaine.
« - Je suis censé comprendre quelque chose là ?
- Pas spécialement...Comprends ce que tu veux comprendre. »
Nathan me lance cette voix un regard inquisiteur et dans un soupir lourd de sens également, tout en plongeant mes yeux vers la route défilante, je lance :
« - J'ai couché avec Julius. »
Voilà. Ça c'est fait. Maintenant, démerdez-vous entre vous.
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