Chapitre 22
Je me suis enroulé sous la couette comme un burrito. Je ne voyais rien d'autre que l'obscurité et je ne sentais rien d'autre qu'un sentiment de satisfaction. J'étais satisfait et non heureux d'avoir fait ce que je venais de faire.
« - Le regrettes-tu ? »
La voix suave de Julius m'interpelle alors que je me contente de hocher de la tête sans prendre soin de lui répondre oralement.
Je venais de coucher avec lui. Littéralement. Je venais de m'envoyer en l'air avec un gars que je ne connaissais que depuis trois jours.
Et le pire dans tout ça, c'est que ça m'a fait le plus grand bien. Une partie de moi aurait aimée se précipiter dans les escaliers, retrouver Nathan et lui dire ô combien j'avais pris plaisir à le faire avec Julius, mais une autre partie se sentait comme un idiot et un abruti fini.
Je venais de coucher avec un gars que je n'aime même pas.
« - Tu vas rester sous mes draps encore longtemps Antoine ou tu vas te décider à me regarder dans les yeux ? »
Je penche pour la première option. Elle me plaît bien. Rester caché et fuir la réalité c'est devenu ma spécialité.
Voyant que je ne lui réponds pas, il se couche sur moi, y mettant tout son poids de sorte à m'écraser littéralement, ce qui fonctionne plutôt bien.
Je sors brusquement ma tête de ma cachette, le fusillant du regard.
« - Tu veux me tuer, c'est ça ?
- Non...J'espérais juste que tu m'adresses enfin la parole. »
Et que suis-je supposé lui dire ? « Merci, c'était cool » ?
« - Qu'est-ce que tu veux Julius ?
- C'est plutôt à toi que tu devrais te demander ça, non ? Qu'est-ce que tu veux Antoine ? Tu as débarqué comme une fusée dans ma chambre, tu m'as embrassé et on a couché ensemble...Et maintenant ? Dois-je supposer que ça s'arrêtera là ou ça ira plus loin ? »
Plus loin ? Comment ça plus loin ? Ça entraîne quoi si je décide d'aller « plus loin » ?
« - Je n'en sais rien...
- C'est rassurant... »
Je sens que je l'ai blessé. Forcément, comment ne pas l'être ? Je sais qu'au fond de moi, je réserve à Julius le même sort que Nathan me réserve. Celui du « second choix ». Je ne sais même pas pourquoi je me suis précipité dans sa chambre. Pourquoi je suis venu le trouver lui ? J'aurai pu aller n'importe où ailleurs, mais je suis venu le voir lui. Je l'ai embrassé lui...En me mettant sur la pointe des pieds ce qui était quand même, vachement humiliant au passage tant il est plus grand que moi.
Il me dévisage et passe une main sur son visage, remettant ses cheveux en ordre.
« - Quand tu auras décidé...Fais-moi signe. »
Je le vois quitter le lit, ramasser son pantalon et sa veste qu'il laisse entrouverte.
« - Où est-ce que tu vas ?
- Prendre l'air. »
Je sais que je l'ai blessé.
Il claque la porte me laissant tout seul dans sa propre chambre tandis que je me surprends à détailler la décoration. Elle est soft. Une petite plante en plastique sur le bureau, une photo au mur et une bibliothèque pleine de livres. Apparemment, il lit. Il lit beaucoup.
Voyant qu'il ne revient pas au bout de plusieurs minutes, je me relève, ramassant mes affaires, me rhabillant et retournant dans ma chambre. Je rêve d'une douche. Une douche bien chaude. À cette heure-ci, il n'est pas censé y avoir grand monde normalement dans les douches et ça tombe bien, j'avais besoin de tout...Sauf de croiser des gens me demandant comment j'allais.
J'étais un bordel ambulant. Voilà comment je me sentais. Je ne savais pas où aller, quoi faire, à qui faire confiance, qui aimer, qui détester, quoi manger demain, ni même, qui j'étais.
J'étais perdu. Complètement perdu. C'est comme essayer d'avancer dans un marécage alors qu'à chacun de vos pas, vous vous enfoncez d'autant plus.
Je m'enfonçais littéralement et je n'étais pas loin de me noyer.
À mon grand soulagement, je vis qu'il n'y avait personnes dans les douches et j'en profitais pour m'étaler un peu dans le vestiaire en me déshabillant. J'en ai vu défiler des paires de fesses ici. Au début, la première année, c'était quand même un peu gênant...Se changer devant des inconnus et tout...Puis finalement, on s'y fait. On n'hésite plus. On se fout à poil et on se frotte le dos. Heureusement qu'il y a des rideaux au niveau des douches...Il ne manquerait plus que l'on se lave sous les regards amusés et pervers des garçons du dortoir.
Je commence à tourner le robinet quand j'entends la douche d'à côté en faire de même.
Ah. Finalement, je ne suis pas aussi seul que je le pensais.
Je me rince, j'étale le shampoing sur mes cheveux en frottant et j'entends alors toutes les douches se mettre en route. En même temps.
Pourtant, je n'ai pas entendu de pas d'éléphants, d'éclats de rire, de discussions...Je n'ai pas entendu un bruit. Pourquoi entendrais-je l'eau alors ?
J'essaye de me rincer et en ouvrant un œil, je m'aperçois que l'eau ne s'écoule plus dans les canalisations...Elle reflue. Toutes les cabines se mettent à refluer en même temps, commençant à provoquer une inondation.
Me précipitant à l'extérieur, je commence à être trop bon pour savoir que ceci n'est pas un phénomène dit « normal ».
Il y a quelqu'un derrière tout ça.
« - Qui est là ?! »
Ma voix se perd dans l'écho du vestiaire. Essayant de franchir la porte, cette dernière semble être complètement bloquée.
« - On dirait que tu es tout seul... »
Une voix résonne en plus de la mienne, mais je ne vois personne, pas même dans l'ombre des douches. Il n'y a que cette voix me faisant frissonner. Une voix féminine.
« - Qu'est-ce que vous me voulez ? »
Ça ne peut pas être Nina. Ni Anna.
Alors qui était-ce ? Qui viendrait jusqu'ici ?
Très vite, l'eau s'accumule dans la pièce allant jusqu'à hauteur de mes chevilles.
Merde ! Ouvre-toi la porte ! Ouvre-toi !
« - Tu ne peux pas t'enfuir...Tu es tout à moi... »
Soudain, une silhouette commença à se dresser dans l'eau et une jeune femme m'apparut. Elle avait de courts cheveux roux et des yeux noirs...intégralement noirs. Tout noir. Sans iris, sans couleur...Juste un noir profond.
« - Qui es-tu ?
- Celle qui vient récupérer son trophée. »
D'un geste de la main, une vague se dressa devant moi, comme si j'étais au beau milieu de l'océan et s'abattit soudainement sur moi, me noyant complètement sous la pression.
Se penchant au-dessus avec un grand sourire satisfait, elle redressa mon corps grâce à des sortes de serpents faits d'eau, s'enroulant autour de mes poignets et de ma gorge.
« - Relâche-le Marine ! »
La voix autoritaire de Nathan se fit entendre alors qu'il se rapprocha de nous.
« - Oh ! Mais si ce n'est pas le petit Nathan ? Ça faisait longtemps...
- Relâche-le. Je ne me répéterais pas.
- Tu le veux ? Tu te souviens de nos jeux Nathan ? Si tu le veux, il faut que tu viennes le chercher.
- N'as-tu pas compris ? J'ai l'avantage. »
Très vite, il fut rejoint par Julius tandis qu'Anna et Nina se tenaient juste derrière nous. D'un geste du doigt, ses serpents se resserrent autour de moi, m'étranglant complètement.
« - Non, non, non...Si vous tentez quoi que ce soit, je lui romps le cou ici et maintenant. Vous devriez me laisser passer. En plus quatre contre une...C'est un peu lâche.
- Lâche-le ou c'est dans ton propre sang que tu te baigneras !
- Vous êtes mignons, les garçons...Tellement prévisibles. Tellement prédictibles ! »
Je sentais son sort se resserre encore et encore...et puis ce fut le noir.
Je n'ai vu que Nathan et Julius tentant tant bien que mal de lui faire obstacle et l'oxygène luttant pour entrer dans mon corps. Puis l'obscurité.
« - Réveille-toi mon petit »
L'effet du seau d'eau réveil est radical. Ça vous réveille en sursaut dans un état de choc incroyable.
« - Où est-ce que je suis ? »
Je regarde à droite, à gauche, complètement désorienté et tout ce que je remarque c'est cette fille tenant une cuve entre ses doigts et me dévisageant avec un large sourire.
« - Te voilà ! »
Vous êtes-vous déjà senti à la place du héros du film d'horreur ? Celui qui est enchaîné dans une sorte de donjon occulte et à qui l'ont va faire subir les pires tortures ? Non ? Eh bien moi, je me sens exactement pareil. Enchaîné les mains dans le dos, respirant l'humidité de cette cave à peine éclairée et trempé jusqu'aux orteils.
« - Maintenant que tu es en notre possession...Tu n'as plus qu'à nous accorder notre vœu
- Vous êtes qui au juste ? Et...
- Nous ? Nous sommes la famille Tenebris »
Brusquement plusieurs lueurs rouges se mirent à scintiller dans le noir comme si j'étais entouré par une dizaine de rats mutants...Mais ce n'était pas des rats...Juste des sorciers un peu fous.
« - Je...Je suis désolé, je crois que vous vous trompez de gars...Je ne peux accorder de vœu...Je ne sais pas...
- Tu ne sais pas comment faire ? Pas de soucis...Nous allons t'apprendre. »
Elle avait cette tige de fer au bout de la main. Cette tige qu'elle plongea tête la première dans le feu à proximité et en ressortie avec le bout ardant.
Je me suis mis à reculer brusquement, comprenant l'idée et avant même que je n'eusse le temps de me retrouver dos au mur, je sentis des bras, forts, puissants, m'enlaçant comme pour me bloquer tandis que la tige de fer s'approcha.
Non. Non. Non. Non.
« - S'il vous plaît...non...Pas ça...Pitié.
- Bienvenue à la maison Saint Graal »
Et elle l'apposa sur mon torse trempé m'arrachant un cri de douleur au passage.
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