III
Enfin ! Enfin !
Il m'a conduit au salon et m'a donné un peu de sang ! Je ne sais pas d'où il vient, mais il était bon ! Ah !! Ça fait du bien !
Je regarde rapidement la décoration, rien ne semble avoir changé. Phénix me regarde en souriant.
-Je pense à votre réaction que vous avez réussi à tenir !
-Qu'est ce qui vous fait dire ça ?
-J'ai confiance en vous, Aima !
Hurg. C'est tellement niais...Mais gentil.
-Oh, ne rougissez pas pour ça ! Sourit-il gêné.
Merde, la honte ! Je pose délicatement le verre de sang sur une table à côté. Puis je le regarde avant de lui demander :
-Qu'est ce que vous allez faire maintenant ?
-On va continuer comme ça ! Je sais qu'il faut beaucoup de temps et une volonté de fer pour stopper une dépendance, mais vous êtes forte ! Donc il ne reste que le temps !
-Mais les vampires ont besoin de sang.
-Bien sûr ! Je ne vais pas vous interdire d'en boire, mais de réduire votre consommation...Enfin, c'est votre choix, je ne suis que votre médecin !
Vu ce que ce liquide m'a fait subir, je pense que je vais l'écouter.
Dès que j'avais l'occasion et la possibilité, je buvais. Le lycée était si parfait. Tellement de sang, tellement de possibilités.
Je serre les cuisses, je fixe le verre vide, espérant apercevoir la moindre goutte de sang que j'aurai laissé...
J'entends un soupir déçu. Comme s'il pouvait comprendre ce que je ressentais.
-Nyx ! Poussa la voix lointaine de son coloc. Tu veux quoi comme pizza ?
Vraiment. Bien joué le professionnalisme.
-Vous voulez manger avec nous ?
J'écarquille les yeux.
-Euh...
-Je ne te force pas le moins du monde, si tu as déjà prévu un truc.
-...D'accord. Je voudrais une Barbecue sanguinas.
Il gloussa à ma demande. Il a un problème ? Après, peut-être que je devrais faire un régime, j'ai pris pas mal de kilos, enfin, vu où ils se sont placés.
De toute façon, il venait de passer notre commande au descendant des Grands Anciens, donc trop tard pour le régime.
Je reste silencieuse. Allongée au milieu du salon. Il utilisait différents appareils clichés de médecins, tout en chantonnant légèrement...
-Vos cours se passent bien ? Posa-t-il casuellement.
-...Je serai mieux ailleurs.
-Les cours sont importants...Enfin, pour pouvoir choisir sa voie !
-Avoue quand même qu'on a pas foutu grand chose ! Ajouta Nyno en pianotant de ses tentacules sur un téléphone.
-Ca rassure pas.
-T'inquiètes pas, gamine ! Nyx n'est peut-être pas bien grand, mais tu peux avoir confiance pour te soigner !
-Vous avez quel âge ? Aoutch.
-Oups, pardon !
Il venait de poser son doigt sur mon bras, la température était un peu trop chaude, il prépara sa seringue, enflammant légèrement l'aiguille avant de la planter doucement et avec précision.
-Quinze ans !
-Quinze ans ?! ...Ah ! Mais vous devez avoir vos connaissances d'avant !
Aoutch. Il a retiré l'aiguille un peu fort.
Pourquoi l'ambiance semble avoir changé. Je regarde mon médecin, il semble silencieux.
-Nyx. Nyx. Le rappela son camarade.
Il écarquilla les yeux. Pendant une seconde, j'ai cru avoir vu une larme, mais si cette dernière aurait existé, elle se serait évaporée immédiatement.
-Pardonne moi Aima. Sourit le petit garçon.
Un silence s'installa.
-Phénix, si tu allais préparer un café ?
-....Oui, bonne idée. Je t'en fais un, Aima ?
-...Ça ira merci.
Merde, j'ai dû faire une connerie.
Le médecin posa les échantillons de mon sang un peu plus loin. Son camarade attrapa une télécommande et appuya dessus. Une musique classique se fit entendre.
Malgré les atrocités qu'ont commises les humains depuis des millénaires, ils avaient un sens artistique inégalable. Seul les elfes se prétendaient meilleurs qu'eux mais avouons le : C'était pas ouf.
Un petit silence mélodieux s'installa. Nyno fixait les gravures et photos de son camarade, un de ses tentacules se balançant au rythme de la mélopée, imitant un chef d'orchestre.
-Tu n'es pas en mal, jeune fille. Posa-t-il amicalement. Mais même si Phénix est immortel, chacune de ses résurrections sont différentes.
Ça explique les différentes carrures et styles vestimentaires.
-Mais... Il n'est pas immortel ?
-Il l'est... Théoriquement. Comme disait mes ancêtres « N'est pas mort ce a qui à jamais dort »... Oui, cette phrase n'a pas de sens dans cette situation, mais je l'aime bien !
Il gloussait. Je soupire.
-Et donc... Qui sont ses femmes ? Demandai-je finalement.
-Les épouses de Phénix.
-Oh ? Il a dû en avoir beaucoup !
Un silence. Nyno se tourna vers moi en soupirant.
-Probablement.
-Probablement ?
-Il ne garde aucun souvenir de ses vies passées.
Mon sang se gèle. Ça doit être horrible. Et les personnes qu'il a aimé ont dû mourir, tout en sachant que Phénix, lui, survivrait. Ce n'est pas plus mal, non ?
D'autres questions me viennent en tête par rapport à cette existence exotique, mais vu la réaction qu'il a eu quand j'ai parlé de ses anciennes vies, je ne voudrais pas le blesser.
Phénix revint un peu après, tenant un petit plateau métallique. Il souriait comme avant. Il tendit la boisson à son camarade puis se posa calmement non loin de moi, tout en me présentant amicalement une brique de jus de fruit. Même si je n'avais pas vraiment soif, je l'ai pris pour lui faire plaisir.
Les deux colocataires avaient déplacé tout le matériel de mon entretien pour installer une table pour poser les pizzas. Le Grand Ancien alluma la télévision pour laisser un fond sonore durant le repas. Je regarde ce qu'ils ont pris. Comme je m'y attendais, Nyno avait une pizza garnie de fruits de mer et autres infamies. Pour Phénix, je n'ai pas pu trop voir, car dès qu'il l'a reçu, il a soufflé dessus et l'a embrasé. Les flammes dansaient sur son repas. Des flammes brillantes ne produisant aucune odeur de brûlé.
Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un être légendaire, c'est vraiment étrange.
-Tu veux goûter ? Ricana ce dernier.
-Tu veux lui cramer le palais ? ajouta Nyno avec un sourire.
-Oh, euh..Non. Marmonnai-je en prenant ma pizza faite de viande avec de la sauce...
Et un très léger filet de sang.
-Tant mieux !!
Nyno attrapa de sa main un morceau de la pizza plongée dans les flammes et l'avala, sous mon regard hébété.
Phénix gloussa à ma surprise.
-Comme les élémentaires, je peux contrôler mon élément, mais les flammes du Phénix ne brûlent uniquement que ce que je demande !
Il souffla légèrement sur ma pauvre collation qui n'avait rien demandé. Son souffle de feu la brûla. Mais au bout d'à peine deux secondes, le feu s'éteint, ayant eu pour effet d'uniquement réchauffer mon repas.
-Le bon côté d'avoir un Phénix, c'est qu'on a pas besoin de financer le chauffage !
-...E..En parlant de ça. Commençai-je en prenant un air plus sérieux que l'homme aux tentacules. Je suis étudiante, je ne-
Phénix pose sa main sur mon épaule, en souriant.
-Oh, tu nous paieras quand tu auras les fonds ! Ça peut attendre !
-Je dirais ça à la banque la prochaine fois. Glissa Nyno.
-Monsieur Hawk pourra nous avancer !
-Monsieur Hawk ?
-Un homme-Phalène qui bosse au gouvernement ! En tant que Phénix, c'est mon devoir d'aider durant les accidents graves. Mes capacités guérisseuses sont exceptionnelles !
-C'est pour ça que vous faites médecins ? Vous ne pouvez pas rester au gouvernement ?
-Toi, quand tu seras grande, tu seras du genre à payer tes impôts et suivre aveuglément tes chefs ? Tenta Nyno.
-Même si le gouvernement peut m'aider à subvenir à certains besoins, il n'a pas de ressources infinies !
-Oui, ils sont occupés à taxer les gens.
-De plus, mes flammes ne peuvent soigner que les blessures physiques.
Il tourne la tête vers les photographies, silencieux pendant un moment.
C'est vrai. Si je n'aurais pas connu le Phénix, on m'aurait, dans le meilleur des cas, donné de soi-disant médicaments pour calmer mes pulsions. Ou tout simplement, je continuerai à quémander du sang avec n'importe qui.
Je sourit à cette situation providentielle, puis je mange ma pizza.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top