Chapitre 9

Voici un nouveau chapitre !

J'avoue ne pas être à cent pour cent satisfaite de moi et je serais peut-être amenée à changer certaines choses suivant votre regard externe. Néanmoins nous avons là une partie très intéressante et cruciale pour la suite. J'ignore encore quelle relation établir sur le long terme mais j'ai déjà une petite idée sur la question.

Bonne lecture !

Chapitre 9

La chambre de la Reine était très belle, luxuriante et grande en comparaison avec les autres pièces de Peyredragon. Cette dernière était divisée en trois parties reliées par trois marches d'escaliers chacune.

A sa gauche, la salle de bain masquée par un haut-vent en osier brun. Une baignoire blanche ivoire était visible de la où Emerys se tenait. Ensuite à droite une petite terrasse avec une table en verre ainsi que six chaises de pierres polies donnant sur la mer et les grandes tourelles du château. Enfin, au milieu de l'imposante chambre, un grand lit recouvert de draps blancs soyeux et entourer de la même pierre noire qu'on retrouvait un peu partout dans cette région particulière.

Puis les yeux d'Emerys tombèrent sur Daenerys du Typhon.

Elle était assise au bord de son lit, droite, deux servantes qui lui tressaient soigneusement les cheveux. Son regard était centré sur le mur en face au lieu d'être sur l'inconnue qui avait pénétré dans sa chambre après son invitation. Aucun sourire ni même un semblant de joie sur son jeune visage, simplement cet air platonique qui la rendait si respectable.

Emerys déglutit doucement, ne sachant pas ce qu'elle devait faire dorénavant et peut-être aussi un peu intimidée par la présence de la Reine. Elle s'avança calmement dans la pièce tout en regardant autour d'elle puis enfin sur les deux gardes Dothraki qui montaient la garde devant les portes. Elle n'avait pas confiance en ces hommes mais au moins ils faisaient bien leur travail en veillant à la sécurité de leur souveraine.

L'une des servantes qui s'occupait de la coiffure de la Reine remarqua finalement la présence d'Emerys. Elle plissa suspicieusement les yeux à elle puis se pencha ensuite à l'oreille de la Targaryen pour lui chuchoter quelque chose en langage Dothraki afin que l'étrangère au milieu de la pièce ne comprenne pas son dialecte.

Daenerys répondit presque instantanément, une pointe d'agacement dans sa voix douce et calme. Après avoir jeté un petit regard noir à sa servante perplexe par sa réaction elle fit face à Emerys qui attendait patiemment d'avoir l'attention, les mains croisés devant elle. Mais pendant un court instant la Mère des dragons la dévisagea, ses yeux bleus scrutant minutieusement la femme silencieuse à quelques pas d'elle à peine.

Tellement semblable ... Et pourtant étrangère.

D'un petit geste délicat de sa main, Daenerys chassa les deux servantes sceptiques hors de la pièce et attendit que les portes ne se referment derrière ces dernières pour dire les premiers mots.

«Comment avez-vous trouvé votre chambre ? Et le repas, vous convenait-il ?» Demanda-t-elle en posant ses mains à plat sur ses genoux. Il n'y avait aucune trace d'arrogance dans sa voix, simplement de la curiosité presque soucieuse.

«Oui votre Grâce. Je vous remercie pour votre accueil et votre clémence. La vue est magnifique ici, à Peyredragon. C'est un château impressionnant.» Répondit uniformément Emerys en hochant poliment la tête.

Daenerys arqua un sourcil à cela puis se mit lentement à sourire, faisant mine de réfléchir alors que ses yeux traînaient pensivement sur la jeune femme platine au milieu de sa chambre qui ne faisait aucun geste. Elle était élégante dans cette tenue noire et contrairement à tout à l'heure elle avait l'air d'être un peu plus décontracte mais moins confiante. Un changement quelque peu étrange mais compréhensible étant donné qu'elle se retrouvait face à la puissante Reine des Sept Royaumes.

Sur cette dernière pensée encourageante, elle gonfla le torse et prit une profonde inspiration, perdant son petit sourire pour retrouver son expression impassible habituelle.

«Mon fidèle conseiller m'a dit que vous aviez été sous l'emprise de la Reine Cersei, et que nul ne sait qui vous êtes réellement.» Reprit Daenerys mais lorsqu'elle vit la pointe de douleur dans les yeux d'Emerys, elle continua rapidement sur un ton plus doux ; «Par ailleurs, il m'a aussi été dit que vous étiez une personne honorable et que vous souteniez ma cause depuis longtemps. Est-ce vrai ?»

«Oui. Tout cela est vrai. J'aurais voulu vous rencontrer plus tôt mais le destin n'a pas joué en ma faveur. A mon plus grand malheur Majesté.» Emerys se redressa, un rictus aux lèvres à la douleur sourde dans son cœur qu'accompagnaient ses mots.

«Je vois.» Daenerys acquiesça puis se leva soudainement pour venir se mettre sur les marches de son petit escalier, les mains entrelacées. Elle les regarda quelques instants, hésitante, avant de lever les yeux vers Emerys pour lui dire la vérité.

«Je ne cesse de me poser pleins de questions à votre sujet. Vous me sembler ... Familière. Peut-être est-ce pour cela que je ne vous ai pas renvoyé de là où vous venez ? Ma curiosité me fait défaut je crains fort. Il s'agit-là peut-être de ma plus grande faiblesse. Une faiblesse que j'ai cherché à détruire durant mon laborieux périple jusqu'à Peyredragon.» Renchérit-elle d'un petit rire amer et d'une secousse de sa tête, faisant virevolter les longues mèches de ses cheveux bouclées contre ses joues.

«Et vous avez fait le bon choix si j'ose dire.» Emerys esquissa un petit sourire timide.

Elle cherchait à savoir si la Reine était assez détendue et confiante en sa présence pour s'autoriser à répondre de la sorte. Pour l'instant cela semblait être le cas. En revanche elle se sentait intimidée par sa prestance et son charisme et elle avait peur de commettre un faux pas. Mais ne voyant aucune outrance dans son regard plutôt amusé, elle prit un pas de plus vers elle puis baissa sa voix d'une octave.

«Vous n'êtes pas la première à vous poser des questions. Loin de là. Et vous ne serez sans doute pas la dernière à le faire.» Répondit-elle avec sincérité, reprenant son sérieux pour dire la fin de sa phrase ; «Je vais vous aider à récupérer votre place légitime sur le Trône de Fer.»

Cette dernière déclaration intéressa particulièrement Daenerys qui jeta immédiatement sa tête en direction de la femme familière à seulement quelques pas d'elle en contre-bas de sa position sur les marches. Son petit sourire espiègle mourut instantanément, les muscles de son visage se détendant alors qu'elle assimilait l'information inattendue.

Cette expression effraya Emerys bien plus qu'elle oserait l'admettre. Dans ses yeux bleus brillaient une voracité sans limite masqué derrière un sourire forcé qu'elle utilisait pour rassurer le monde extérieur. Elle était avide de pouvoir, c'était évident. Son seul et unique but dans la vie était de récupérer le Trône qui lui revenait de droit après que son défunt père ait été vaincu. Mais à quel prix ? Combien d'innocents brûleront pour qu'elle puisse atteindre son but tant convoité ?

Emerys avait une petite idée sur la question mais étonnamment, elle n'éprouvait aucun dégoût mais plutôt de la fascination à cette vérité que d'innombrables essayeraient de nier. Notamment ses conseillers et ses armées qui pensaient que tout ce qu'elle faisait n'avait que pour but de libérer un monde de la tyrannie.

Mais il y avait tellement plus que cela, tellement plus d'enjeux.

La Reine descendit les deux dernières marches dans le plus grand des calmes, son regard intransigeant dans celui d'Emerys qui reflétait de la détermination malgré une petite touche d'incertitude à cause de la soudaine tension dans l'air. Reprenant son courage à deux mains, elle leva le menton puis reprit sans plus tardé tandis que le monarque mitigé arriva devant elle.

«Mais pour ce faire, vous devez impérativement nous laisser prendre le précieux verredragon afin que nous puissions repousser les morts avant qu'ils n'atteignent le Nord. C'est la seule alternative, notre seule chance de survie. Vous devez croire Jon Snow sur parole, la menace est réelle. Il a vu l'un d'entre eux, il sait de quoi il parle !» Emerys rabaissa le timbre angoissé de sa voix au moment où la Reine plissa les yeux et la coupa net dans sa diatribe.

«C'est impossible. De toute ma vie je n'ai jamais entendue parler de pareilles histoires sur des morts soit disant revenus à la vie. Mais si vraiment il existait de telles créatures, le feu de mes dragons les anéantiront jusqu'aux derniers. Comme chacun de mes ennemis jusqu'ici.» Siffla rudement Daenerys, la lèvre inférieure retroussée alors qu'elle se pencha d'avantage vers le visage anxieux d'Emerys.

«Le feu ne suffira pas cette fois-ci. Leur faiblesse est minime et ils sont nombreux. Trop nombreux. Sans ce verredragon, ils dépasseront bientôt le Mur et le Nord puis le reste du monde. Alors à quoi cela servira-t-il de régner sur un monde de mort ?» Chuchota cette dernière d'un haussement de sourcils, désespérée au fil des minutes qui passaient sans succès.

«Vous en parlez comme si vous saviez à quoi vous attendre ! Je n'ai aucune confiance en ce Seigneur du Nord et je doute de votre fiabilité. J'ai libéré des peuples, libéré des villes entières de la tyrannie et je briserais cette roue infernale par tous les moyens possibles ! Mais qui me dit que toute cette histoire n'est pas qu'une supercherie pour me voler la place qui me revient ?» Renchérit rapidement la Mère des dragons, les doutes la dévorant.

«Je les ai vus oui, en rêve. Dépourvus de sensibilités, pour la plupart décomposés mais en vie grâce à leur chef aux pouvoirs extraordinaires. Leur but ? Détruire tout ce qui est en vie pour renforcer leurs rangs. Aucune pitié, tout le monde y passera. Je doute que le Trône soit l'objectif dans l'immédiat votre Majesté, nous sommes tous concernés aujourd'hui par ce problème.» Murmura Emerys sans rompre le contact visuel avec la femme légèrement plus courte.

Pendant un instant, l'expression furieuse de Daenerys se figea. Leurs visages n'étaient qu'à un pouce l'une de l'autre tandis qu'elles s'étudiaient mutuellement. L'une cherchant les mensonges, l'autre l'approbation. La tension entre elles étaient presque palpable. Emerys commençait sérieusement à craindre des représailles de la part de la Reine pour avoir osé hausser le ton avec elle. Mais il était un peu tard pour avoir des regrets, il fallait trouver des solutions diplomatiques maintenant.

La jeune Reine se détourna soudainement d'elle pour rejoindre la terrasse surplombant la grande mer. Pas un seul mot ni même une indication. Emerys hésita à la suivre, prise au dépourvue par ce silence mais finalement elle décida de se rapprocher jusqu'à se tenir derrière Daenerys maintenant devant la rambarde. Au loin elle entendit l'un des terribles rugissements des dragons qui se trouvaient sans doute au-dessus du château.

Les rayons lumineux de la lune brillaient sur l'océan de noirceur en contre-bas, le bruit des vagues qui s'écrasaient tranquillement contre le rivage sablonneux atteignant les oreilles des deux femmes.

Emerys prit cet instant de répit pour regarder avec soin les longs cheveux soyeux de la Mère des Dragons dos à elle. La brise légère emportait quelques brins de sa chevelure, un parfum délicat émanant d'eux. Elle aimait les nombreuses tresses de sa coiffure sophistiquée qui lui donnait beaucoup de valeur et de noblesse.

«Qui êtes-vous ? Qu'avez-vous à m'apporter ?» S'exprima tranquillement Daenerys après un petit moment plongé dans le silence et la réflexion intense. Elle ne quitta pas la mer du regard et ne dit rien quand son interlocuteur vint timidement se mettre à sa droite.

A ces questions, Emerys déglutit. Le visage de la Reine s'était à nouveau détendu et elle paraissait plus sereine voir même disposée à écouter sa proposition contrairement à quelques minutes auparavant. Avait-elle réussi à la convaincre à faire confiance à Jon Snow ? Du moins elle espérait que ce soit le cas même si elle gardait des réticences au sujet des morts vivants.

«Je l'ignore. Je suis dans l'incapacité de vous répondre ... Ma mémoire me fait cruellement défaut. Mais je suis sûre d'une chose. Je suis déterminée à vous aider. Le Trône de Fer vous appartient et je ferais en sorte qu'il vous revienne de droit, peu importe le coût.» Assura-t-elle en faisant aussitôt face à la Reine dubitative.

Daenerys ouvrit la bouche mais la referma brusquement lorsqu'elle vit une étrange lueur obscure dans les yeux noirs d'Emerys. Détermination, authenticité mais aussi quelque chose de bien plus sombre qu'elle ne saurait expliquer. Une sorte de haine vieille comme le monde qui ne demandait qu'à sortir au grand jour et faire le plus de dégâts possibles. Une vengeance redoutable à accomplir peut-être. C'était envoutant mais aussi très déconcertant.

Curieusement cela lui donna confiance et un regain d'espoir qu'elle ne sera peut-être pas seule durant son ascension jusqu'au Trône. Cette sensation d'être incomprise par tout le monde, de ne pas être vue à sa juste valeur. Elle avait la sensation que cette femme comprenait son ressenti et son envie de libérer les peuples en passant par des sacrifices nécessaires.

Oh oui, elle connaissait ce regard. Elle le portait quand elle crucifiait les nobles de Meereen. Cette satisfaction de voir les ennemis périr par sa main, de les punir et de libérer les asservis. Il n'y avait pas plus grand soulagement que de réussir à se faire respecter.

«Vous n'avez pas peur de moi mais vous ignorer de quoi je suis capable. Ceux qui ont l'audace de me trahir en paient le prix fort. Pourquoi devrais-je vous croire ?» Finit-elle par demander d'un froncement de sourcils à cause de ce regard sinistre.

«Nous sommes des alliés. Vous devez nous faire confiance Majesté, tous autant que nous sommes, même si c'est difficile. Nous ferons nos preuves un jour qui ôteront vos nombreux doutes.» Emerys étudia un instant la Reine qui semblait amusée par sa réponse. Comment lui en vouloir après tout ? La confiance ne s'attribuait plus aussi facilement.

«Vous semblez bien sûre de vous Emerys Raven. Mais qui vous dit que nous sommes alliés ?» Taquina Daenerys d'un sourire sincère cette fois-ci. Un magnifique sourire resplendissant, ce qui donnait chaud au cœur à voir après toute cette froideur.

«Vous avez vécus de terribles choses pour en arriver là, je pense que vous savez faire la différence entre un allié et un ennemi.» Rétorqua Emerys sur le même ton en espérant que ses mots n'aient pas l'effet contraire. Elle les regretta presque immédiatement mais il était trop tard.

Toutefois, contre toute attente, Daenerys se mit à rire. C'était impressionnant de voir ce changement d'attitude en très peu de temps. Elle pouvait voir que la Reine baissait finalement sa garde maintenant qu'elle avait la conviction qu'elle ne représentait plus un danger pour elle ou pour le Trône de Fer. Mais peut-être y avait-il encore autre chose qui la rendait plus atteignable ... Quelque chose de plus enfouis.

«Comment pouvez-vous savoir que j'ai vécus des choses horribles ? Suis-je aussi facilement lisible ?» Se moqua Daenerys en levant les bras à ses côtés, faussement confuse.

«Peut-être que nous avons plus en commun que vous ne le pensez, votre Grâce.» S'expliqua Emerys d'un sourire espiègle.

Les deux femmes s'installèrent contre la rambarde puis observèrent tranquillement la mer au loin, le froid engourdissant leurs membres. Daenerys regarda Emerys du coin de l'œil, toujours intriguée par les origines de cette dernière. Elle enviait la jeune femme qui portait un manteau contrairement à elle qui avait opté pour une simple robe de nuit en soie couleur crème.

Elle écouta attentivement les prochaines confessions qu'elle ne pensait pas recevoir de cette façon, pas aussi facilement en tout cas.

«Je ne suis pas Targaryen, ni même de la maison Raven. Je suis juste Emerys. Une femme qui essaie de survivre dans ce monde de brute et de corruption. J'ai perdu des amis, des gens que j'aimais beaucoup et qui ne méritaient pas de mourir.» S'exclama Emerys, son regard se perdant dans le lointain. Elle poursuivit.

«J'ai été brutalisée, ridiculisée, harcelée ... J'ai perdu mon enfant à cause de la soif de vengeance de Cersei Lannister. J'ai perdu ma dignité et la foi en l'humanité. Mais je n'ai jamais abandonnée mon combat. Un jour j'aimerais être libre.» Avoua-t-elle sans aucune hésitation.

Elle ressentait le besoin de lui dire toutes ces choses intimes, sachant que cette femme avait eu une vie affreuse avant et pendant sa prise de pouvoir. D'autres points en commun. Cette liberté était devenue son souhait le plus cher. Une fois que sa vengeance personnelle sera prise et que la Reine Targaryen sera au pouvoir, elle pourra disparaître.

A côté d'elle, Daenerys la regardait avec un regard compatissant et douloureux. Ses mains tenaient fermement la rambarde devant elle alors que des souvenirs de son passé l'envahissait suite à ces aveux. Elle connaissait que trop bien la douleur de perdre un enfant et des personnes chers, malheureusement une chose qu'elles partageaient. Tout compte fait peut-être que leurs vies étaient similaires à plusieurs égards.

Je ne suis pas Targaryen.

Un souvenir, très ancien. Daenerys était désorientée. Dans les abysses de sa mémoire une image floue la titillait à chaque fois qu'elle posait les yeux sur cette étrangère. Elle lui paraissait si familière ... Cette impression de déjà-vu lui donnait de l'assurance et une sorte de nostalgie incompréhensible.

La Reine se retourna pleinement vers Emerys puis leva sa main droite pour toucher les longs cheveux ondulés posés sur son épaule. La couleur platine contrastait avec le tissu noir de sa robe et de son manteau, un peu comme avec elle quand elle portait des vêtements sombres. Elle passa pensivement la mèche de cheveux entre ses doigts tout en esquissant un petit sourire à la conversation qui s'était déroulée jusqu'ici.

Normalement elle n'était pas aussi tactile avec les inconnues. Il n'y avait que Missendei et ses deux servantes qui avaient véritablement le droit de la toucher et inversement. Elle se frappait mentalement de faire ce geste déplacé mais étonnamment Emerys ne fit rien ni même ne broncha au contact. Au contraire, elle resta immobile tout en examinant la Targaryen dorénavant plus abordable.

«Peut-être que nous avons effectivement bien plus en commun.» Répondit-t-elle d'une petite voix après avoir levés les yeux vers elle. Dans son regard elle y trouva de la sympathie. C'était presque fusionnel.

Peut-être dans une autre vie ...

Le charme fût rompu lorsque la Reine prit plusieurs pas en arrière et qu'elle relâcha les cheveux d'Emerys pour mettre de la distance. D'un raclement de gorge embarrassée, elle colla un sourire forcé sur ses lèvres puis joua nerveusement avec ses doigts tandis qu'elle rejoignait rapidement l'intérieur de sa chambre. Emerys sur ses pas.

«Ce sera tout pour ce soir, je vous remercie. Vous pouvez rejoindre vos chambres pour la nuit. Nous nous reverrons sous peu dans la matinée.» Déclara formellement la Mère des dragons d'un geste de sa main vers les portes en bois massif donnant sur le couloir principal.

«Que la nuit vous porte conseille. Votre Majesté.» Emerys hocha respectueusement la tête puis se précipita à l'extérieur.

Dans sa tête, Daenerys se corrigeait à plusieurs reprises d'avoir autant baissé sa garde avec quelqu'un qui n'avait pas encore fait ses preuves. C'était inhabituel pour elle. Néanmoins elle ne pouvait se résoudre à croire que cette personne lui mentait. Elle avait ployé le genou devant sa Reine et porter allégeance. D'une façon ou d'une autre elle savait qu'elle pouvait mettre sa confiance en elle notamment grâce à ce respect mais aussi à cause de cette symbiose énigmatique.

C'était surtout de la curiosité accrue en fin de compte.

Cette femme n'était décidemment pas Targaryen mais avait certainement un point commun avec sa famille. Encore fallait-il savoir lequel et si c'était en de bons termes ou non. Une chose était sûre, si une autre personne s'était présentée à elle de la même manière elle ne l'aurait pas accepté. Voir même brûlé pour son arrogance.

Suite à cette pensée Daenerys laissa glisser un sourire contemplatif à ses lèvres alors qu'elle rejoignit son lit.

A l'extérieur et dans le couloir principal Emerys était encore surprise par cette petite conversation avec la Reine qui n'avait pas été si mal au final. Contrairement à ce qu'elle s'était imaginé, Daenerys Targaryen était une personne à l'écoute et relativement calme mais qui gardait une part d'incertitude enfouis en elle. Ce qui la rendait aussi accessible car elle cherchait constamment des conseils de son entourage.

Elle voulait faire le bien manifestement. Une personne avec des idéologies intéressantes qui souhaite corriger les erreurs passées pour faire un avenir plus radieux. Elle serait sans conteste la personne idéale pour gouverner les Sept Royaumes, Emerys n'avait aucun doute là-dessus.

Même si sa soif de pouvoir pouvait devenir une source de désastre. Maintenant restait à savoir si elle allait leur accorder sa confiance ou non pour la suite.

Pendant que ses pieds la ramenaient à ses quartiers, un sentiment de réussite s'éleva au sein de sa poitrine.

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Le soleil matinal était doux dans cette partie-là de Westeros contrairement à ce qu'elle pensait. La chaleur qu'il produisait réchauffait ses joues endolories par le froid mordant et le vent qui soufflait par grosses rafales à cette hauteur. Ses cheveux platine fouettaient la peau de son cou alors que son regard s'éternisa un peu plus longtemps sur la mer infinie.

Emerys se languissait de ce magnifique paysage et de ce ciel bleu clair avant qu'elle ne reparte dans le froid de l'hiver, bien plus au Nord.

Elle se tenait actuellement sur la falaise la plus haute de Peyredragon, là où les dragons avaient tendance à atterrir pour se reposer et se nourrir. Elle ne cherchait pas vraiment un contact rapproché avec eux mais elle aimerait beaucoup en voir un d'un peu plus proche que simplement dans le ciel au loin, inaccessible.

C'était également ici qu'elle avait aperçu deux figures énigmatiques hier, lorsqu'ils arrivèrent sur la plage de sable blanc. Elle avait la nette impression qu'elle était attendue ici. Que rien n'avait été laissé au hasard, mais cette supposition sonnait un tantinet prétentieuse. Personne ici ne la connaissait mise à part Tyrion Lannister ou Lord Varys et ce dernier ne l'avait même pas salué convenablement lors de leurs fugaces retrouvailles.

Regardant pensivement ici-bas, Emerys vit les vagues turquoise frapper violemment les rochers noirs dans l'eau et celles qui constituaient le pied du château. Ce n'était qu'une petite île entourer par la mer du Détroit, loin des grandes forêts verdoyantes et des habitations. Un endroit perdu et cacher à la vue de tous.

Quelque chose ici la rendait nostalgique à l'idée de devoir quitter cet endroit qui n'avait pas forcément les plus beaux paysages mais qui lui faisait se sentir chez elle. C'était indéfinissable comme sensation mais cependant elle se sentait bien et à sa place pour une fois. Presque aussi bien qu'au petit village dans le Val d'Arryn, avec Sandor Clegane et le Septon Ray.

«Je connais ce visage, je l'ai trop souvent vu hélas. Que fait une aussi jolie femme au bord d'un précipice ?» S'exprima soudainement une voix derrière elle qu'elle reconnut instantanément. Sans se retourner, Emerys laissa un sourire malicieux jouer à ses lèvres.

«Que fait une araignée aussi proche du feu ?» Renvoya-t-elle en se tournant pour faire face à Varys.

Lorsqu'il lui donna un regard inquiet au lieu de celui qu'elle croyait, elle leva significativement les yeux vers les dragons qui volaient au-dessus d'eux en cercle à plusieurs mètres de distance.

«En toute honnêteté je l'ignore. Mais peut-être suis-je un peu trop curieux pour rester sagement sur ma toile ? Je suis vraiment ravi de vous voir en vie Emerys. Le Limier est donc venu pour vous comme je le pensais. N'est-ce pas étrange ?» Interrogea Varys en déambulant vers la jeune femme, les mains dans ses longues manches.

«Qu'est-ce qui est étrange ?» Dit-elle en retour en le suivant calmement du regard, les sourcils froncés de perplexité.

«Le pouvoir de l'amour. Lorsque j'ai entendu les exploits de cet homme j'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'histoires inventées de toutes pièces. Mais vous voilà Emerys Raven, dans toute votre gloire.» Répondit chaleureusement l'eunuque d'un petit sourire.

«Clegane. Rares sont ceux qui le savent.» Emerys imita le sourire grandissant de Varys qui ne semblait même pas surpris par cette nouvelle ce qui lui donna un pincement agréable au cœur.

Toujours sur cette relation de confiance inébranlable ... C'était touchant.

«Oh oui, je n'en attendais pas moins de vous Emerys Clegane.» Corrigea-t-il d'un petit ricanement plaisant, passant ensuite ses yeux marron au loin sur la mer constamment agitée. Ils restèrent tous deux dans cette position un long moment avant que Varys ne rouvre la bouche pour interrompre l'instant.

«Dites-moi ma chère, combien de personne sont au courant de notre petit secret à présent ?» Requit-il. Il semblait décontracté en lui demandant cela mais Emerys décelait une sorte d'inquiétude derrière cette gestuelle.

«Pourquoi souhaitez-vous le savoir, Lord Varys ? Cela importe peu. De plus que vous n'aviez pas eu l'air de vous préoccuper de mon sort.» Rétorqua-t-elle froidement, les yeux plissés et la bouche en ligne mince.

«Pour une fille qui a vécue toutes ces péripéties je trouve que vous garder très bien le contrôle de vous-même. Et même si je suis fier de cela, il est temps de dire la vérité Emerys. Mais sachez que je ne vous ai jamais abandonné mon enfant, au grand jamais. Malgré que vous soyez résolue à penser le contraire. Vous êtes importante à mes yeux.» Varys s'arrêta de sourire pour regarder très sérieusement la femme à côté de lui.

«Je ne sais pas. C'est de plus en plus difficile ... Je doute de tout. Je suis en conflit avec moi-même.» Emerys avala la boule qui s'était formée dans sa gorge puis détourna rapidement les yeux, honteuse.

«C'est exacte et je le vois, dans vos yeux. Vous n'êtes plus la même. Tout ce que vous avez traversé avait pour but de vous rendre plus forte aujourd'hui afin de combattre ce qui vous attend. Mes petits oiseaux me rapportent beaucoup de choses sur le vaste monde et la plupart sont inquiétantes, je dois bien l'admettre. Il n'y a rien de sûre quant à l'avenir mais la Reine Daenerys est différente des autres. Croyez-moi. Je pense que vous pouvez vous confier à elle à ce sujet.» Expliqua-t-il rêveusement en regardant le ciel et les dragons qui volaient.

«Pourquoi venez-vous à moi aujourd'hui Varys ? Quel est le but dans tout ça, après tout ce temps ? Vous m'avez tant aidé à le combattre durant ces dernières années, alors pourquoi tout gâcher ?» Demanda désespérément Emerys en arrêtant de regarder autour d'elle pour se concentrer uniquement sur l'eunuque contemplatif.

«Parce que j'estime que vous avez assez souffert. C'est aussi simple que cela. Et je vous demanderais de l'accepter Emerys. Vous êtes forte, votre place dans la guerre est aux côtés de la Reine Daenerys Targaryen et de ses dragons. Mais votre cœur se noirci, je le sens. Ne vous écartez pas du droit chemin car vous valez bien mieux que ça. Je vous en conjure.» Varys fronça les sourcils en plongeant son regard insistant dans celui craintif de la jeune femme incertaine.

L'incertitude le dévorait de l'intérieur, il avait peur d'échouer et de la perdre.

«Ne laissez pas vos démons choisir à votre place.» Plaida-t-il encore, cherchant la compréhension.

Emerys se mordit nerveusement la lèvre inférieure puis détourna aussitôt les yeux de Varys qui cherchait à l'atteindre d'une quelconque façon. Elle savait de quoi il parlait. Pas seulement du temps où elle était sous son aile mais aussi de son aigreur et de sa colère intarissables. Des crimes ne resteront pas impunis, quoi qu'il lui dise.

Toutefois elle n'aimait pas ce regard implorant qu'il utilisait avec elle comme à l'époque, il lui faisait se sentir comme un monstre.

Après plusieurs hésitations, elle finit par redresser la tête d'une profonde inspiration pour le regarder fixement mais à la place d'y voir de la déception ou de la peur elle y vit du soutien et un sourire encourageant. Elle sentit les larmes lui piquer les yeux en voyant Varys sous son vrai visage. Pas celui de l'araignée fouineuse mais celui de l'ami qu'elle avait appris à connaître et aimé.

C'était l'une des rares personnes en ce monde à lui avoir fait instantanément confiance sans la juger pour ce qu'elle était vraiment. Il avait vu du bon en elle dès le premier jour. Son seul et unique mentor en qui elle pouvait mettre sa vie et son destin sans même hésiter une seule seconde. Il avait toujours été là pour elle depuis ses débuts et continuait encore de la soutenir après toutes ces années de collaboration.

«Très bien.» C'était presque inaudible, mais les mots d'Emerys atteignirent tout de même l'ouïe sensible de Varys. Il pencha la tête en souriant tristement puis lui tapota affectueusement le bras avant de se redresser et de se retourner face à la mer, les bras dans le dos cette fois-ci.

«Daenerys Targaryen aura besoin de vous.» Dit-il après un long moment tenu dans le silence apaisant, sentant Emerys se raidir à ses mots à côté de lui.

«Et alors ! Je ne sais même pas manier une épée, je ne lui serais d'aucune utilité sur le terrain. Je n'ai même pas su me défendre contre Barry Mallister et encore moins contre ces fichus sans-Bannières pervers.» Railla cette dernière d'un énorme soupir agacé ce qui entraîna un rire comique chez l'eunuque.

«Non, en effet ! Mais il y a toujours un moyen. Vous le savez aussi bien que moi mon enfant. Gardez courage et surtout gardez la tête sur les épaules, pour le bien de tous.» Varys cligna de l'œil à la femme confuse puis s'éloigna ensuite d'elle pour la laisser à sa réflexion avant qu'elle ne rouvre la bouche pour lui demander plus amples explications.

Emerys regarda son ancien mentor disparaître vers le château, une sensation étrange au creux de son estomac. Cette conversation tournait en boucle dans sa tête mais le pire dans tout cela était que l'eunuque avait surement fait exprès de la mettre dans cette situation confuse et délicate. Rien n'était laissé au hasard avec lui, rien.

Elle soupira une nouvelle fois puis s'intéressa à nouveau au paysage.

Plus tard, Emerys marcha dans les couloirs du château en direction de ses chambres gracieusement attribuées mais lorsqu'elle passa devant la salle du Trône et qu'elle entendit des voix familières, elle s'arrêta et se colla contre le mur. Les portes étaient entre ouvertes et aucun garde ne surveillait l'entrée, ce qui lui laissait l'opportunité d'écouter discrètement sans se faire repérer. C'était mal et elle le savait.

«Je ne crois pas en ces fadaises !» Hurla Daenerys d'un air désespéré.

«Vous l'avez vu tout comme moi à Meereen votre Majesté et je ne pense pas que nous pouvons faire abstraction de cette information. C'est peut-être grave !» Insista Tyrion, également inquiet.

«Je ne sais pas ce que j'ai vue ! Il faisait nuit et Drogon était dans les parages. Ce n'est pas une priorité, nous avons d'autres plans bien plus importants à mettre en œuvre. Port-Réal doit tomber tout comme sa Reine.» La voix de Daenerys était ferme et Emerys s'imaginait bien le regard glacial qu'elle lançait au nain.

«Si je peux me permettre votre Grâce, les morts existent bien. Alors pourquoi pas le dragon noir ?» Vint soudainement une autre voix de l'autre côté de la pièce qu'Emerys reconnut étant celle de Jon Snow.

Sa gorge se serra soudainement à ces mots. Ils parlaient du dragon noir.

«Les dragons ont disparus depuis des décennies. Seuls trois d'entre eux existent encore et ce sont mes enfants. Je les ai moi-même fait éclore en me mettant dans le feu avec eux et je les ai vus grandir. Alors ne me dite pas qu'il existe un autre dragon que personne ne semble avoir réellement vu !» Siffla furieusement Daenerys.

Il y eu un long silence dans la salle suite à cet éclat de voix et pendant un moment Emerys pensait qu'ils en avaient finis avec cette conversation mais finalement le Roi du Nord reprit la parole.

«Ce n'est pas parce qu'on ne les voit pas qu'ils n'existent pas.» Dit-il doucement.

«Epargnez-moi vos belles paroles Seigneur Snow. Etes-vous en train d'insinuer que vous avez vu cette créature ?» Claqua rudement la Mère des dragons, sa voix se rapprochant des portes et sans doute de l'homme du Nord.

«Non, je ne l'ai jamais vu de mes propres yeux. Mais plusieurs personnes l'ont aperçu dans certaines contrés de Westeros. J'y crois en son existence.» Répondit-il d'une voix basse, surement à cause de la proximité de la Reine.

«Il dit vrai. Le peuple de Port-Réal en a été témoin et il en est de même du Val d'Arryn. Ce n'est pas une coïncidence. Nous aurions peut-être à faire face à un véritable problème qu'il ne faudrait surtout pas prendre à la légère si vous me le permettez, Majesté.» Coupa rapidement Tyrion.

«Même si cela est vrai ça ne change rien à nos plans. Je continuerais de faire route vers le Trône de Fer avec mon armée et mes dragons ! Qu'importe votre avis sur la question.» S'écria la Reine, irritée.

Hoquetant sous son souffle, Emerys s'éloigna du mur contre lequel elle était affalée lorsque des bruits de pas résonnèrent dans sa direction. Elle se jeta le plus rapidement possible dans le couloir principal et marcha précipitamment en direction de ses chambres sans donner le moindre coup d'œil par-dessus son épaule.

Son cœur battait à un rythme effréné dans sa poitrine tandis que sa respiration devint plus frêle avec la conversation qui rejouait en boucle dans son esprit. Dans son dos à une bonne distance, Emerys entendit Jon Snow et Tyrion Lannister discuter vivement sur le même sujet après avoir été congédiés par la Reine.

Elle priait pour qu'aucun des deux n'eurent pris connaissance de sa présence ... Bon sang ! Pourquoi avait-elle écouté aux portes ?

Irrespectueux, certes, mais très instructif.

A suivre ...

J'espère que ce chapitre difficile et complexe à écrire vous a plu ;w; Dans tous les cas, dites-moi ce que vous en avez pensé !

VP


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