Chapitre 7

Et voici la suite. S'il vous plaît amis lecteurs, n'hésitez pas à vous manifester et me dire ce que vous en pensez de cette histoire et si vous avez vos propres théories sur Emerys, ça fait toujours plaisir et de plus c'est encourageant ! :)

Bonne lecture !

Chapitre 7

Le sable blanc, le ciel grisonnant, les vagues couleurs turquoise qui s'écrasaient tranquillement contre les rochers noirs typique de Peyredragon ... Sans doute l'un des endroits les plus beaux de tout Westeros.

L'atmosphère à cet endroit du monde était un peu froide mais rien à voir avec le Nord. Le vent soufflait fortement ici, entraînant dans son sillage les nuages duveteux qui apportaient de la pluie et très certainement des orages pour plus tard. Une légère odeur d'algue flottait dans l'air. Les hommes de Winterfell ainsi qu'Emerys s'empressèrent de poser le pied à terre sur la berge du grand château sombre.

Stannis Barathéon avait vécu ici. Encore un défunt Roi qui avait failli à son devoir et qui pensait avoir fait les meilleurs choix possibles durant son existence. Il était allé jusqu'à tuer sa propre fille pour le Dieu du Feu ... Une erreur qui, quelque part, entraîna sa propre défaite.

Emerys suivait tranquillement Anguy et ses hommes, son regard consciencieux parcourant les terres qui appartenaient maintenant à Daenerys Targaryen. Son cœur martelait d'impatience à l'idée d'enfin pouvoir rencontrer la Reine des Dragons en personne. Elle l'attendait depuis si longtemps cette opportunité. Peut-être sera-t-elle déçue ou au contraire, charmée par ses idéologies et ses concessions futures pour une vie meilleure.

Le soleil se couchait doucement derrière les rochers noirs de Peyredragon et les nuages s'écartaient lentement de l'horizon pour laisser place à de belles nuances de couleurs chaudes dans le ciel bleu. Les vagues qui devenaient un peu plus féroces s'écrasaient bruyamment derrière eux contre les rochers submergés et le bateau amarré, apportant avec elles de l'écume et des algues vertes sur le sable fin.

«Nous y sommes, Emerys.» Chuchota Anguy en se penchant vers la femme platine à sa droite, un petit sourire admiratif ornant ses lèvres. Au passage il lui donna une petite tape amicale sur le bras puis rejoignit ses hommes et ceux de Jon Snow à l'avant du groupe d'ores et déjà aux limites du château.

Emerys se laissa sourire aux mots de son compagnon de route qui voulaient tout dire. Elle s'arrêta de marcher pour sentir l'air salé et le vent sur sa peau chaude. Ses mains se resserrèrent automatiquement autour de ses biceps lorsqu'au loin, elle entendit un rugissement familier. Presque imperceptible mais bel et bien existant.

Elle ferma un instant les yeux pour savourer le son que produisaient les mouettes qui passaient au-dessus de sa tête pour rejoindre le large. Cinq hommes derrière elle tiraient les deux chaloupes qui les avaient amenés jusqu'ici sur la terre ferme afin qu'elles ne soient pas emportées par les vagues pendant leur court séjour ici.

Ils étaient environ une vingtaine sur le rivage à attendre que quelqu'un de Peyredragon vienne à leur rencontre. C'était si calme, étrangement calme. Jon observait les environs comme s'il s'attendait à une attaque surprise de la Reine des Dragons, aussi bien sur terre que dans le ciel. A Winterfell, sa sœur Sansa l'avait défendu d'y aller car elle pensait qu'il s'agissait d'un piège. Mais avait-il réellement le choix ?

Finalement son regard préoccupé se posa sur Emerys en retrait et il se détendit légèrement quand il vit son expression sereine. L'avait-elle vue dans ses visions pour qu'elle paraisse aussi tranquille ? Il n'allait pas tarder à le savoir. Mettant son impatience et ses tracas de côté pour le moment Jon prit une profonde inspiration pour faire face aux étrangers qui apparaissaient enfin au loin.

Quatre de ses gardes redressèrent leurs lances à la verticale lorsqu'il passa devant eux pour se mettre en tête de groupe et se présenter aux inconnus qui venaient de descendre sur la plage. Des Dothraki, le peuple du cheval, robuste et barbare.

Des hommes armés jusqu'aux dents et voués à servir leur Reine bien aimé jusqu'à la mort s'il le faut. Vaguement, il se demanda comment une femme avait pu réussir à avoir le pouvoir sur les Dothraki. Elle devait être extrêmement respectée dans les contrés d'Essos pour pouvoir possédé une telle armée en plus des Immaculés.

Puis Jon vit une personne qu'il avait déjà rencontrée il y a fort longtemps à Winterfell et qu'il ne pensait pas rencontrer une nouvelle fois sur le rivage de Peyredragon ... Loin de là, c'était le pur hasard. Presque instantanément, un sourire se dessina sur ses lèvres et après avoir donné un rapide regard méfiant à la femme à la peau sombre et aux cheveux frisés à côté de l'homme en question, il se ravisa d'un léger raclement de gorge.

«Bâtard de Winterfell.» Commença le nain en penchant la tête sur le côté, les yeux plissés à Jon Snow.

«Le gnome de Castral Rock.» Répondit immédiatement Jon en levant le menton, pas du tout déstabilisé par son commentaire rabaissant.

Les deux hommes se dévisagèrent un long moment sans rien dire puis finalement après quelques secondes intenses de combat du regard, Tyrion Lannister se mit à sourire. Un sourire sincère et quelque peu amusé par le dernier commentaire qui lui rappelait des souvenirs de l'époque. Jon le copia et se retint même de rire car il devait bien l'admettre, il était content de revoir le nain qu'il savait était bien différent du reste de sa famille.

Davos à côté du Roi du Nord fronça les sourcils de perplexité puis passa nerveusement son poids d'une jambe à l'autre en voyant le combat visuel des deux hommes de tailles différentes, ne sachant pas s'il devait intervenir ou non. Il leva ensuite curieusement les yeux vers la femme bronzé à côté de Tyrion Lannister et vit qu'elle aussi hésitait à dire quelque chose.

«La dernière fois que l'on s'est vus, c'était au Mur.» Poursuivit soudainement Tyrion en tendant sa main vers le Roi du Nord afin de briser le suspense mais aussi d'établir une zone de confort. Jon la serra volontiers d'un hochement de tête en accord avec le demi-homme.

«Oui. Vous pissiez du haut du Mur si je m'en souviens bien.» Evoqua Jon en fronçant les sourcils mais son sourire trompait son air sérieux qu'il essayait de prendre.

Tyrion lui rendit un autre sourire content mais alors qu'il s'apprêtait à lui répondre quelque chose de plus cinglant, ses yeux tombèrent sur la femme en retrait du groupe. Aussitôt, sa gorge s'assécha et ses yeux s'humidifièrent contre sa propre volonté, le cœur battant un peu plus vite dans sa poitrine jusqu'à lui en faire mal.

Il déglutit plusieurs fois difficilement puis combattit farouchement les larmes qui menaçaient de tomber car non seulement il avait un public mais de plus il n'était pas sûr de comment réagir face à la femme qu'il ne pensait plus jamais revoir, du moins pas en vie. Un léger froncement de sourcils tira ses traits de visage alors qu'il contournait doucement Jon Snow incrédule, son regard rivé sur la personne qui avait hanté son esprit certaines nuits.

Elle était belle, comme dans son souvenir. Gracieuse dans son ensemble noir, son visage dépourvus de colère et de peur comme il avait pris l'habitude de voir aux fins fonds de ces cachots lugubres sous Port-Réal. Emerys Raven semblait insouciante et rempli d'assurance à présent, une femme prête à se battre pour une cause. Néanmoins la jeune femme n'avait toujours pas remarqué sa présence et cela lui laissa un court temps de réflexion.

Jon remarqua rapidement le changement d'attitude de Tyrion Lannister qui le laissa dubitatif parce que le gnome n'était pas le genre d'homme à perdre sa langue aussi facilement. Il suivit son regard et vit qu'il s'intéressait particulièrement à Emerys. Levant un sourcil curieux à son comportement étrange, il se décala un peu sur la droite puis croisa les bras devant lui en attendant que la femme ne se rapproche du groupe.

Et lorsque leurs regards se rencontrèrent enfin, le souffle de Tyrion se prit dans sa gorge et il devint vite très nerveux. Comment allait-elle réagir face à lui, après plus d'un an depuis leurs dernières paroles ? Lui reprochera-t-elle de ne pas l'avoir plus aidé à Port-Réal ou bien sera-t-elle heureuse de le voir ? Probablement la première option. Très peu de gens dans Westeros l'appréciait donc il doutait fort sur sa deuxième supposition.

Par ailleurs cette dernière pensée lui apporta une nouvelle vague douloureuse au cœur.

Il joua nerveusement avec ses doigts contre sa cuisse en attendant une réaction de la femme platine à quelques mètres de lui. N'importe quoi, n'importe quel signe. Mais elle se contentait de le regarder fixement sans rien dire ou faire, pas l'ombre d'un sourire aux lèvres ni même une lueur de reconnaissance dans ses yeux noirs.

Même avec cette distance qui les séparait Tyrion pouvait en déduire que cette femme en avait vécue beaucoup depuis leur dernière conversation, ce n'était pas difficile à décerner. Toutefois il ressentait un énorme soulagement de la voir vivante car même s'il avait entendu l'exploit du Chien à Port-Réal, presque personne n'avait entendu parler de la belle Emerys Raven.

Elle l'ignorait mais il culpabilisait énormément pour ce qui lui était arrivé lors de son séjour forcé à la capitale. Il aurait tant voulu faire plus. Une part de lui mettait la faute sur Varys le Maître des chuchoteurs, celui qui l'avait délivré mais qui n'avait pas voulu faire de même pour elle. Pourquoi ? Cette question demeurait sans réponse aujourd'hui malheureusement ce qui lui laissait un goût amer en bouche.

Jon et Ser Davos observèrent curieusement les deux personnages qui se fixaient dans le silence, ne sachant pas exactement comment réagir ou s'ils devaient simplement poursuivre les présentations comme si de rien était. D'un côté il y avait le nain habituellement en excès de confiance qui perdait tous ses repères face à la jeune femme et de l'autre, Emerys qui ne disait rien et qui portait cette facette endurcie sur son visage pâle. Il n'y avait que le vent qui brisait cette appréhension.

Puis le temps sembla se figer. En un court instant et sans aucune hésitation, Emerys se précipita vers Tyrion en ignorant délibérément les armes déployées des Dothraki en signe de menace puis tomba à genoux sur le sol sableux en face du nain pour le prendre dans ses bras.

Tyrion cligna rapidement des yeux, surpris par cette étreinte chaleureuse. Assez facilement il retrouva ses esprits pour encercler ses propres petits bras du mieux qu'il puisse autour d'elle, les larmes glissantes les longs de ses joues. Ses cheveux longs soyeux chatouillaient son visage et son odeur particulière embaumait tous ses sens.

S'en était trop pour lui. Il ne pouvait tout simplement plus les contenir comme il sentit la force des bras d'Emerys autour de lui le pressé dans la chaleur accueillante de son corps. Après tout ce temps, leurs tumultueuses aventures et péripéties, le destin décida de les réunir. Il se sentit fondre dans l'étreinte douce d'un léger hoquet dû aux émotions fortes de l'instant.

Quelque chose qu'il n'avait pas l'habitude de recevoir dans sa triste vie.

Le visage d'Emerys était pressé contre son épaule, ses yeux hermétiquement fermés tandis qu'elle se concentrait sur son rythme cardiaque erratique et celui du petit homme contre elle. Elle ne retint pas ses larmes de soulagement et de joie de le voir en vie après autant de temps ... L'un de ses seuls amis dans le monde et maintenant elle n'était pas prête à le laisser aussi facilement.

«Je vous avais dit que nous nous reverrons ...» Tyrion retrouva enfin sa voix, tapotant timidement le dos d'Emerys tandis qu'il prit une profonde inspiration pour calmer ses nerfs.

«J'aurais aimé en être aussi sûre que vous. Je suis heureuse de vous revoir.» Rétorqua Emerys dans un murmure en le tenant plus fermement.

Tyrion pinça les lèvres puis leva les yeux au ciel lorsqu'il sentit une nouvelle vague de larmes lui monter aux yeux, n'appréciant guère montrer un instant de faiblesse aux autres qui pourraient le jugés mais à cet instant précis il s'en fichait car il détenait Emerys. Bien vivante et solide contre lui, glissante une sorte de chaleur dans son cœur endurci rien que par sa voix suave. Il devait remercier Jaime pour cela car il avait tenu sa promesse.

Après un certain temps dans cette accolade, Emerys s'éloigna de Tyrion puis passa la paume de sa main contre ses yeux pour retirer les traces de larmes. Elle vit qu'il faisait de même alors elle lui sourit en reniflant quand il lui tapota gentiment le bras dans un geste de réconfort. Les deux âmes en peine qui se comprenaient mutuellement dans ce monde cruel et froid enfin en contact sans un mur qui les séparaient.

Tyrion se racla nerveusement la gorge lorsqu'il vit le regard perplexe sur le visage du Roi du Nord debout derrière la jeune femme à genoux dans le sable. Il donna un dernier coup d'œil à Emerys puis se redressa en mettant les bras dans son dos, adoptant une posture un peu plus professionnelle car il était tout de même la main de la Reine et il devait se comporter en tant que tel devant les autres.

«Vous avez l'air de bien vous connaître.» Commenta Jon en souriant lorsqu'Emerys se releva du sol et vint se mettre à côté de lui, encore bouleversée par ses retrouvailles.

«En effet, elle est une très bonne amie à moi. Je suis ravie de voir qu'elle se porte bien et qu'elle vous accompagne dorénavant.» Affirma Tyrion en accordant un autre regard sympathique à Emerys aux côtés du Roi. Il se sentait encore très ému de la revoir et tout ce qu'il souhaitait maintenant c'était de pouvoir lui poser des questions mais cela attendra.

«Vous avez pris pas mal de cicatrices en chemin.» Fit remarquer Jon pour changer de sujet et épargner au nain de devoir s'expliquer sur ses émotions. Peut-être relancera-t-il le sujet un peu plus tard, lorsque tout le monde sera plus calme.

Tyrion redressa le menton puis plissa les yeux à l'homme nettement plus grand en arrêtant de sourire à cette vérité qui entrainait de nombreux souvenirs douloureux. Il passa une main contre sa barbe épaisse, réfléchissant intensément pendant qu'il retrouvait ses esprits après ce passage émotionnel. Il finit par hausser les épaules, acquiesçant pour admettre ces propos.

«Ce fut un long chemin. Mais nous sommes encore là.» Répondit-il d'une légère pointe de nostalgie dans sa voix diplomate. Il donna un petit regard significatif à Emerys et vit qu'elle baissait les yeux au sol. Effectivement, un très long chemin pour tout le monde. S'ensuit un court silence maladroit que Tyrion s'empressa de rompre en mettant un peu de rigueur dans ses mots.

«Je suis Tyrion Lannister !» Se présenta-t-il ensuite à l'homme plus vieux derrière le Roi et Emerys qui optait pour le silence depuis sa venue sur la plage.

«Ser Davos !» Répondit-il poliment en s'avançant pour accepter la main tendue du nain avec un petit sourire en coin.

«Ah, le Chevalier oignon ! Nous étions dans les camps opposés lors de la Bataille de la Néra.» Rappela Tyrion, gardant ses yeux fixés sur l'homme en question.

«Je dirais hélas pour moi.» S'attrista Davos en mettant ses bras dans le dos, légèrement troublé par ce commentaire et aux souvenirs qui l'accompagnait.

Jon et Emerys se jetèrent un regard à cette dernière remarque plus ou moins taquine. Ces deux hommes se connaissaient ? Le monde était vraiment petit décidément. Ils virent que Tyrion acquiesça d'un sourire fébrile puis qu'il se rapprocha ensuite de la femme frisée en retrait qui n'avait pas dit un seul mot depuis leur rencontre. Non, la belle femme à la peau basanée se contentait de regarder les échanges qui se déroulaient, attendant patiemment son tour.

«Missendei, la conseillère privilégiée de la Reine !» Tyrion la désigna respectueusement de la main. Avant sa prise de parole la femme timide esquissa un sourire puis hocha lentement la tête vers eux, l'air un peu naïve mais aussi gentille.

«Bienvenu à Peyredragon ! Notre Reine sait que c'est un long voyage et apprécie les efforts auxquels vous avez consentis pour la voir.» Dit-elle joyeusement avec un beau et large sourire reconnaissant, rien à voir avec son expression méfiante de tout à l'heure.

Emerys roula sa langue dans sa bouche tandis que Jon se déplaça mal à l'aise sur ses pieds mais il attendit tout de même qu'elle finisse ce qu'elle avait à dire avant de faire le moindre commentaire. Cela ne passa pas inaperçu à Tyrion qui haussa les sourcils à cette nervosité spontanée.

«Si vous le permettez, je vais garder vos épées.» Elle regarda l'épée de Ser Davos et celle de Jon Snow avec insistance, les Dothraki changeant de position pour faire valoir son point.

Le Roi du Nord et Davos s'échangèrent un regard soupçonneux, pas du tout convaincus par ce que la conseillère leur imposait pourtant si poliment. Il avait toujours ce pressentiment que tout cela n'était que machination et qu'une fois qu'ils seront à l'intérieure des remparts ils ne pourront plus jamais ressortir. Il sentit la main d'Emerys sur son bras, elle lui souriait d'un air rassurant.

«Oui, bien-sûr.» Accepta-t-il à contre cœur ce qui n'échappa pas à Tyrion et Missendei qui s'efforcèrent de sourire. Sans attendre l'ordre suivant, les Dothraki s'avancèrent rapidement pour les débarrasser de leurs armes.

Emerys se tendit soudainement lorsqu'un grand homme robuste qui semblait être le chef des Dothraki défia du regard Jon à ses côtés, comme s'il cherchait à déclencher une bagarre au corps à corps avec lui. Ce n'était pas très intelligent de sa part mais peut-être que c'était une tradition chez eux ... Ou simplement qu'il cherchait à l'intimider pour le dissuader de désobéir aux ordres.

Elle vit que Jon n'avait pas peur de le regarder droit dans les yeux alors qu'il enlevait ses poignards et ses épées avec des mouvements rapides et précis. Le Stark en avait croisé des plus coriaces que lui et il n'allait certainement pas se laisser impressionner aussi facilement par un type tel que ce sauvage !

Ses yeux noirs balayèrent les autres Dothraki qui les encerclaient. Les muscles de son corps se raidirent instinctivement lorsque l'un des hommes du peuple du cheval se positionna juste devant elle avec une lueur malsaine dans ses yeux. Elle déglutit puis retint brusquement son souffle au moment où il passa avec insistance ses mains le long de ses côtes pour s'assurer qu'elle ne cachait aucune arme sous son manteau noir.

Ou plutôt pour toucher ses formes mais elle se retint de dire quelque chose en se mordant sa langue.

La colère s'évapora d'elle quand elle vit que Tyrion lui souriait maladroitement à côté de Missendei, clairement embarrassé par les mauvaises manières des Dothraki qui ne faisaient aucune preuve de compassion. Malgré elle, elle lui rendit son petit sourire et oublia le moment de gêne en se concentrant d'avantage sur le demi-homme introspectif.

Il était vraiment heureux de la voir, c'était visible sur son visage balafré et cela lui donnait un pincement agréable au cœur. Elle espérait sincèrement pouvoir avoir une petite conversation en privé avec lui plus tard maintenant qu'il n'y avait plus de mur entre eux.

«S'il vous plaît, suivez-moi !» Demanda Missendei d'une voix bienheureuse mais avec une légère touche de méfiance.

Maintenant sans aucune arme pour se défendre, Jon et Ser Davos s'autorisèrent un regard complice puis suivirent en chuchotant doucement entre eux tout en gardant une distance de sécurité avec les Dothraki et la conseillère. Ils craignaient pour la suite des évènements qui s'avéraient contraignants, pensant que cette entrevue avec la Reine risquait de devenir très délicate avec cette pression en plus.

Emerys se contenta de suivre le mouvement sans rien dire. Ses oreilles attrapaient quelques petites conversations égarées notamment une entre Anguy et ses hommes qui disait qu'ils allaient tomber dans un piège et se faire tuer par l'un des dragons de la Reine. Un petit reniflement amusé s'échappa de ses lèvres aux voix alarmées des hommes de Jon Snow derrière elle qui assuraient qu'ils n'obtiendront aucune aide de la part de la Mère des Dragons et qu'ils perdaient leur temps. Pour sa part elle n'était pas aussi sûre de ça, il suffisait de savoir négocier convenablement avec une figure emblématique telle que Daenerys Targaryen.

Elle leva ensuite les yeux sur Ser Davos qui avait laissé Jon pour rejoindre Missendei à côté de Tyrion. Elle pouvait voir qu'il lui parlait à voix basse, sûrement pour essayer de détendre un peu l'atmosphère pesante et peut-être calmer ses propres nerfs ... Un long soupir sortit de la bouche d'Emerys tandis qu'elle marchait entre Anguy et ses hommes.

«Tu penses qu'on peut leur faire confiance ?» Questionna-t-il après un moment à regarder Missendei et Ser Davos devant eux.

«Je fais confiance à Tyrion.» Répondit catégoriquement Emerys en plissant les yeux au nain avec les Dothraki. Cela semblait suffire à Anguy qui referma la bouche et accepta silencieusement sa réponse, ses doigts jouant nerveusement avec son manteau car il n'aimait pas être débarrassé de son arc.

Ils passèrent les grandes portes de Peyredragon où se dressait devant eux un immense chemin menant au château dans les hauteurs. Un long sentier sinueux assez fin entouré par des murets de pierre. Seulement deux personnes pouvaient marcher côte à côte lors de la montée jusqu'aux portes du château. Peut-être une technique de défense ? Dans tous les cas, Emerys était subjuguée par la beauté de l'endroit.

Le château de pierre noire était très haut dans les rochers où des mouettes tournoyaient autour des tours sombres qui surplombaient la mer et le chemin. Une structure ancienne très impressionnante et quelque peu intimidante. Encore plus maintenant que Daenerys Targaryen vivait ici à présent. Emerys sourit pensivement à cette dernière remarque puis leva les yeux en louchant face au soleil de plomb qui se couchait entre deux tours.

Tyrion et Jon discutaient ensemble sur Sansa Stark et sur ce qu'était advenu de Winterfell, Ser Davos suivant de près son Roi, écoutant attentivement sans faire de commentaire. Il fallut un certain temps d'adaptation mais les hommes se détendaient enfin visiblement car après tout, ils n'étaient pas là pour se faire la guerre.

Puis vint le sujet de la garde de Nuit.

Emerys vit immédiatement Jon se raidir lorsque Tyrion insista sur le fait qu'il était devenu Roi juste après être sorti de Château Noir. Elle le connaissait assez pour savoir que le demi-homme engageait des conversations uniquement dans le but de recevoir des informations qui pourraient lui être utile pour plus tard. Serait-ce pour l'étudier avant qu'il ne se présente à la Reine ? Ou tout simplement pour en savoir d'avantage sur le nouveau Roi du Nord ?

Emerys passa un coup d'œil au-dessus de son épaule et aux deux Dothraki qui fermaient la marche, menaçant comme toujours et portant des regards méchants sur leurs visages peinturés. Elle se sentait nerveuse avec la présence de ces barbares d'autant plus qu'ils gardaient précieusement leurs sabres à leurs ceintures.

«En règle générale, les Stark finissent mal quand ils viennent dans le Sud.» Rappela Tyrion en prenant des escaliers au moment où ils finirent leur petit sujet de conversation épineux.

«Certes.» Marmonna Jon en baissant tristement les yeux au sol. Puis soudainement, comme un regain de confiance en lui, il releva résolument la tête vers le petit Lannister bavard et s'arrêta sur l'une des marches ; «mais je ne suis pas un Stark !»

Un rugissement assourdissant coupa net les deux hommes qui levèrent instantanément la tête au ciel à temps pour voir un immense dragon fondre sur eux à toute vitesse. Tout le monde se jeta à terre à l'instant même où la créature rasa le sol proche de leurs têtes avant de donner quelques coups de battements d'ailes pour reprendre de l'altitude et disparaître au-dessus du château, laissant dans son sillage des visages hébétés.

Emerys se hissa calmement sur ses pieds, quelques peu tremblante mais souriante d'une oreille à l'autre face à ce spectacle fabuleux. Ses yeux noirs fixaient le magnifique dragon qui volait autour du château rapidement rejoint par un deuxième puis enfin un troisième. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine à l'excitation d'enfin pouvoir voir les dragons légendaires de Daenerys. Des créatures immenses et incontrôlables, gracieuses et dangereuses à la fois. Leurs cris mélodieux résonnaient encore dans sa poitrine.

En regardant curieusement autour d'elle, Emerys vit que tous les autres à part les deux Dothraki et Missendei restaient sur le sol, la bouche béate et les yeux rivés à la menace dans le ciel. Finalement Tyrion se releva sur ses petites jambes puis frappa dans ses mains pour y retirer la poussière imaginaire en arborant un sourire enjôlé.

«Vous vous y accoutumerez.» S'enthousiasma-t-il en tendant une main vers Jon pour l'aider à se relever. Il lui sourit gentiment puis leva les yeux vers Emerys pour s'assurer qu'elle n'avait pas été blessée.

Cette dernière souriait joyeusement sans accorder la moindre importance aux autres plutôt indignés. Naturellement il n'était pas surpris de la voir aussi calme et surtout très enchantée par l'apparition furtive de Drogon. Il savait qu'elle aimait ces créatures autant qu'il les aimait, ils en avaient déjà parlés à une autre époque.

«Venez. La Reine nous attends !» Insista Tyrion en indiquant le chemin à prendre avec sa main.

Ser Davos et Jon ne bougèrent pas de leurs positions accroupit car ils étaient encore abasourdis par les trois immenses reptiles qui planaient au-dessus de leurs têtes comme si de rien était. Ils se regardèrent bêtement, la bouche entre-ouverte mais finirent par reprendre leurs esprits et suivirent calmement le nain qui montait les marches restantes dans le plus grand des silences. Impressionnés mais aussi terrifiés par ces créatures mythiques.

«La vache ... Qu'est-ce que c'est que ces choses monstrueuses ?» Chuchota Anguy après avoir agripper le coude d'Emerys pour l'emmener avec lui. La femme à côté de lui se mit à rire à son expression surprise mais elle se calma rapidement lorsqu'elle sentit un regard insistant sur elle venant des hauteurs de Peyredragon.

Levant timidement les yeux dans la direction supposée Emerys s'aperçut que deux personnages les observaient depuis les hauteurs du château, le vent fort venant de la mer soufflant leurs grandes capes derrière eux. Elle tenta de voir de qui il s'agissait mais la distance l'en empêchait malheureusement. Donc elle les ignora pour le moment et poursuivit la longue marche.

Une fois arrivée devant les lourdes portes en métal menant au Trône, le cœur d'Emerys se compressa d'appréhension dans sa poitrine. Un lent sourire conquis se dessina sur ses lèvres.

Enfin, elle était arrivée à destination.

A suivre ...

Alooors ? Qui étaient ces deux personnages ? ;) Un mystère de plus.

VP


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