Chapitre 6

Ce soir, nouveau chapitre !

Argh, ce fut dur. Je suis malade comme un chien ;w; mais j'ai finalement réussi, youpi !

Alors voici la suite avec un mystère de plus qui j'espère vous fera spéculer héhé l'avant dernier étant rempli de suspense, nous passons à un chapitre un peu plus calme mais peut-être révélateur ?

Bonne lecture !

Chapitre 6

Il savait que quelque chose s'était produit dès lors où ouvrit les yeux.

Peut-être une intuition ou peut-être une simple coïncidence mais Sandor se réveilla avec une drôle de sensation dans sa poitrine. Une pression invisible, juste au-dessus de son cœur. C'était assez étonnant car ce n'était rien de physique mais plutôt quelque chose comme un sentiment de ne pas être à sa place. Immédiatement, il revit des images d'Emerys dans son esprit et de sa magie liée à la guérison.

Une fois que la sensation désagréable disparue Sandor se détendit enfin d'un petit rictus. Ne croyant pas du tout à ce genre de chose, il grommela dans sa barbe puis se retourna dos au feu qui crépitait et les tenait au chaud durant la nuit.

Les Sans-Bannières prenaient enfin une pause bien méritée après avoir réalisé une journée entière de marche sans aucune interruption. Quelques heures de tranquillité s'imposaient pour la santé des hommes et des chevaux qui manquaient cruellement de sommeil et de nourriture. Après une bonne chasse et un peu d'alcool pour raviver les sourires, les hommes se couchèrent en cercle autour du feu en attendant le lever du soleil.

Le Limier soupira doucement par le nez car il ne trouvait plus le sommeil comme tout à l'heure où il s'était littéralement écrouler, ses jambes se dérobantes sous son poids conséquent. Quelque chose l'empêchait de dormir mais il ne savait pas quoi exactement. Une intuition sans doute. Néanmoins la fatigue était bien présente, il n'arrivait juste pas à retirer cette inquiétude qui le rongeait si soudainement.

Ce n'était pas tout à fait vrai. Cette préoccupation le suivait depuis que sa femme avait décidé de faire une partie du chemin toute seule. Décidant de l'abandonner avec ces abrutis de sans-Bannières comme un vulgaire chien sans valeur ... L'ironie.

La mine renfrognée, Sandor grogna puis resserra son manteau de fourrure autour de ses bras, les yeux dans les flammes du feu à une distance de sécurité de lui. Emerys. Il pensait régulièrement à elle et se demandait si effectivement elle était en sécurité comme elle prétendait l'être la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Bien que cela ne fasse approximativement que trois jours, le Limier n'appréciait guère ne pas être au courant de ce qu'il se passait avec sa belle femme.

Cette même femme qui l'aimait pour ce qu'il était ... L'acceptant corps et âmes malgré son passé.

Il se positionna ensuite sur le dos puis fixa le ciel découvert au-dessus de lui, entre les branches d'arbres et les feuilles. Il cherchait désespérément un moyen d'apaiser son esprit mais en vain. C'était très difficile d'aimer, avant quand il était seul il n'avait pas tous ces soucis à se faire au moins ! Après cette dernière réflexion incongrue Sandor sentit son cœur se serrer de culpabilité. Pour rien au monde il ne changerait ses choix concernant Emerys.

Plus après tout ce temps et surtout pas maintenant qu'il avait accepté cette réalité.

Ses doigts tambourinèrent pensivement sur sa poitrine tandis que son esprit vagabondait en cette nuit froide et quelque peu silencieuse pour une forêt. Il n'y avait absolument rien qu'il puisse faire pour retirer cette angoisse constante à l'idée de perdre Emerys une fois de plus et peut-être que cette fois-ci, pour de bon. Etre tenu dans le doute, il n'aimait pas du tout ça !

Etait-ce même possible d'aimer quelqu'un de la sorte ? Sandor n'en revenait pas lui-même. C'était à la fois agréable et à la fois dérangeant de ne pas réussir à se débarrasser de cette incertitude. De s'inquiété pour quelqu'un d'autre que lui-même, de celle que l'on aimait et qui nous aimait en retour. Peur, il avait aussi peur, ou quelque chose de semblable. Il avait du mal à faire la différence avec ces drôles d'émotions encore inhabituels pour lui.

Grognant d'agacement, Sandor se redressa en position assise puis regarda autour de lui aux hommes qui dormaient paisiblement. Nulle doute que l'alcool les aidaient à rester aussi serein en pleine nature et à découvert. La sensation dérangeante revint soudainement comme une vague de frisson, obligeant le Limier à se crisper à l'inconfort que cela impliquait. Son visage se chiffonna, il posa une main au-dessus de son cœur battant la chamade.

Quelque chose n'allait vraiment pas. Mais quoi ?

Une fois de plus il scruta minutieusement les alentours du regard pour s'assurer qu'il n'y avait rien d'anormal pour susciter ce malaise inexplicable. Il l'avait une fois ressenti, il y a bien longtemps maintenant. Lorsqu'il était encore Chien Royal des Lannister et qu'il avait vu la jeune Sansa Stark se faire humilier publiquement ... Mais ce soir s'était différent et surtout plus écrasant.

Il commençait même à se demander s'il n'avait pas un problème de cœur ...

Souriant ridiculement à cette idée farfelue, Sandor secoua la tête de droite à gauche, n'acceptant pas l'idée d'être souffrant de cette manière. La seule chose qui le faisait souffrir actuellement s'était d'être à nouveau seul comme un imbécile, se dit-il mentalement. Même s'il repoussait tout ce qui avait un rapport avec la magie il se demanda brièvement si cela ne venait pas d'Emerys finalement. Cela lui donna une nouvelle pression au cœur, il perdit rapidement son petit sourire sarcastique.

Sandor soupira pour au moins la énième fois ce soir-là. Décidément, il perdait le combat avec lui-même. A force de ne pas vouloir admettre l'évidence il commençait à perdre la tête mais aussi le contrôle sur ses émotions qui s'avéraient parfois contradictoires. En réalité tout ce qu'il souhaitait c'était de pouvoir récupérer Emerys et s'assurer qu'elle aille bien, à nouveau avec lui.

Puis enfin, le Limier remarqua quelque chose d'assez intriguant. Quelqu'un manquait à l'appel. Il ne fermait jamais vraiment l'œil lorsqu'il était autant à découvert par peur d'être pris par surprise par des ennemis mais il ne s'était pas rendu compte qu'un sans-Bannière n'était pas là près du feu auprès de ses hommes.

Béric Dondarrion.

Où est passé cet imbécile ? Se dit-il en se levant le plus silencieusement possible et en récupérant son épée sur le sol. Juste au cas où bien évidemment.

Il contourna tranquillement les hommes endormis pour aller vérifier les chevaux s'ils étaient encore tous là ou s'il en manquait un, ce qui expliquerait l'absence du chef de la bande. Ne remarquant rien d'inhabituel, le Chien exaspéré s'éloigna un peu plus loin dans la forêt obscure jusqu'à ce que ses oreilles captent du bruit venant de sa droite en contre-bas, proche d'un ruisseau. Par mesure il leva son épée, prêt à frapper, puis descendit vers la source du bruit pour y trouver Béric accroupit devant l'eau sombre.

«Bordel, mais qu'est-ce que tu fiches Dondarrion !» Sandor contrôla la tonalité de sa voix en rangeant son épée à sa taille et en descendant vers l'homme immobile et silencieux.

Toutefois il n'eut aucune réponse ni même un petit regard. Le borgne se contenta de rester accroupit et de regarder pensivement l'eau ruisselante qui faisait tranquillement son chemin à travers la forêt. Alors il s'approcha de lui jusqu'à se tenir à ses côtés, les sourcils froncés à son étrange comportement. Que faisait-il là, dans la nuit noire ? La main de Béric frôla l'eau puis soudainement l'homme leva ses yeux inquiets vers Sandor, les multiples rides de son visage plus prononcés que d'habitude.

«Quelque chose est arrivé la nuit dernière.» Commença-t-il sombrement.

«Comment tu le sais ? C'est ton Maître de la lumière qui t'as envoyé un message ?» Se moqua sarcastiquement Sandor en imitant son expression endurcie, un petit sourire mesquin aux coins des lèvres.

En réponse à cette moquerie futile Béric leva son bras gauche où pendait un corbeau mort dans sa main, une flèche dans son thorax et un morceau de parchemin délié traînant sur les feuilles à ses pieds. Il jeta ensuite le cadavre de l'animal de l'autre côté du ruisseau puis reprit le papier entre ses doigts, souriant légèrement à l'expression hébétée que portait maintenant le Limier au lieu de cette nonchalance.

«Je sais aussi tirer à l'arc. Je ne sais peut-être pas bien viser mais celui-ci il était pour moi. A croire que le destin joue en ma faveur cette fois-ci.» Loua-t-il en penchant la tête sur le côté, l'œil plissé à Sandor à gauche de lui qui perdait peu à peu patience.

«Commence pas ça avec moi. Epargne-moi ton baratin habituel et dit moi ce qui est arrivé !» Railla ce dernier en jetant résolument sa main vers le parchemin.

Béric reprit appuis sur une jambe puis baissa son œil sur le papier déroulé entre ses doigts, relisant ces quelques mots pour au moins la sixième fois ce soir-là. Quelque part il trouvait cela attendrissant de voir que le Chien s'inquiétait pour les nouvelles, ayant très certainement peur que le mot parle de sa belle.

«Harrenhal a été attaqué. Il ne reste quasiment plus rien, plus qu'un tas de cendre. Il y avait des soldats Lannister postés là-bas, des centaines d'hommes.» Expliqua-il en froissant le parchemin et en le jetant dans l'eau du ruisseau.

«C'était déjà un tas de cendre. Qui aurait pu faire ça ?» Questionna Sandor, soulagé que ce ne fût pas une mauvaise nouvelle au sujet d'Emerys. Même si maintenant il était vraiment curieux de savoir quelle armée avait fait cela et surtout pourquoi Harrenhal.

«Un dragon.» Béric serra la mâchoire puis leva le regard vers le Limier.

«L'un des dragons de la Targaryen ? Pas très intelligent venant de la part d'une fille qui recherche la paix dans le monde. Les Lannister ne laisseront pas passer ça, ils vont riposter deux fois plus fort.» Renifla Sandor en secouant la tête munie d'un petit ricanement dédaigneux.

«Peut-être bien. Mais cette histoire me laisse perplexe. Dans tous les cas la guerre sera déclarer et nous ne devons pas nous éloigner de notre chemin. Allons nous reposer, Clegane. La nuit sera courte.» Conclut aussitôt Béric en s'éloignant du Limier pour retrouver ses congénères près du feu.

Sandor laissa sortir un profond soupir tandis que les mots du chef des sans-Bannières tournaient en boucle dans sa tête. Les choses dégénéraient petit à petit dans le monde et comme le disait cet idiot de Dondarrion la guerre était plus proche que jamais. Si ce n'était pas par la main des Lannister ce sera par les morts qui s'approchent de l'autre côté du Mur. Ou peut-être que la menace venait d'ailleurs encore ?

Il resserra sa prise sur la peau de bête qui faisait barrage au froid puis marcha sur les traces de Béric pour le rejoindre et espérer réussir à trouver un peu de sommeil.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Jon Snow l'observait silencieusement, en retrait. Les yeux rivés sur cette étrangère mystérieuse.

Cette créature venue du Nord qui s'appelait Emerys Raven. Une jeune femme qui suscitait énormément de questions depuis qu'il l'avait rencontré. Le Roi du Nord ne savait pas comment se sentir à son sujet, il n'était pas sûr de lui à vrai dire.

Il la regardait de loin, l'examinait tranquillement pendant qu'ils voguaient vers Peyredragon. Déjà trois jours qu'ils avaient quitté Winterfell et il ne restait plus qu'un jour avant d'être chez la Reine Daenerys. La Mère des Dragons.

Qu'allaient-ils trouver là-bas ? Ce fut l'une des nombreuses questions que se posait Jon mais une seule revenait toujours, depuis cette étrange nuit à Winterfell.

Cette nuit-là dans son château, alors qu'Emerys avait disparue sans laissé de trace. Il avait été témoin du massacre dans la chambre mais la confusion régnait car il n'y avait aucune marque de sang qui aurait amené à la conclusion suivante, un ours. Il avait préparé une équipe de recherche pour tenter de venir en aide à la femme mais après deux bonnes heures de recherche dans les forêts avoisinantes, l'un des écuyers accourut à lui pour lui dire qu'il l'avait retrouvé.

Jon leva pensivement le menton tout en fixant l'arrière de la tête d'Emerys, les bras derrière son dos et son manteau flottant dans le vent fort. Ses yeux se plissèrent un tantinet tandis qu'il l'observait attentivement. La jeune femme à quelques mètres de lui ne l'avait toujours pas remarqué ou alors elle faisait mine de ne pas le voir. Il y avait quelque chose chez elle ... Qui sortait de l'ordinaire.

Jon ne pourrait pas dire quoi exactement, il ne le savait pas lui-même. Mais elle avait changée. Elle paraissait plus épanouie, plus confiante encore qu'auparavant. Sa longue robe noire et argent épousait ses formes et son grand manteau sombre volait au vent tout comme ses longs cheveux platine. Un sourire conquis arborait ses lèvres rouges, son regard perdu sur les vagues de l'océan.

Oui, quelque chose en elle avait véritablement changée. Son aura n'était plus la même que depuis qu'il l'avait retrouvé près de l'écurie en pleine nuit, dévêtue et incapable de lui dire pourquoi elle se trouvait dehors dans ce froid mortel. Il aurait très bien pu la chasser ou lui interdire de voyager avec lui mais curieusement il s'en retrouvait incapable pour une raison qui lui échappait. Car il était intrigué par cette femme d'apparence inoffensive.

Il y avait définitivement quelque chose d'étrange chez cette inconnue et il aimerait comprendre.

Finalement Jon baissa la tête vers le sol en bois du bateau avec un petit rire comme s'il venait de s'imaginer quelque chose d'amusant. Il s'approcha doucement d'Emerys jusqu'à ce qu'il soit à côté d'elle puis redressa la tête pour regarder l'immensité de la mer s'étendre devant lui. Aucun des deux ne parlaient ni même ne s'autorisaient un coup d'œil, ils étaient plongés dans le décor magnifique qui se présentait à eux, les hommes sur le bateau criant des ordres en arrière-plan.

«Ma sœur m'a parlé de vous. Elle me disait de ne pas vous faire confiance.» Se confie-t-il ensuite, désireux de connaître son opinion sur la question même s'il n'y avait aucune menace dans sa voix.

«Lady Sansa est une jeune femme courageuse qui a vue des choses qu'une fille ne devrait pas à affronter dans la vie. J'aurais aimé pouvoir lui parler un peu plus longtemps, peut-être que son aversion envers moi aurait un peu diminué. J'espère un jour la revoir mais sachez que jamais je ne lui nuirais d'une quelconque façon.» Répondit sincèrement Emerys qui déglutit, ses cheveux battants contre ses joues.

Par manque de réponse de la part du Roi du Nord, elle décala son regard sur l'homme accoudé à côté d'elle pour voir qu'il la fixait intensément, cherchant à savoir si elle mentait ou non. Puis contre toute attente, Jon se mit à sourire. Un petit sourire timide qui signifiait qu'il commençait à se faire une idée sur la personne. Mais dernière ce sourire adorable se cachait une véritable méfiance et une promesse qu'il ne laissera plus personne faire du mal à sa sœur.

«Vous avez rencontré ma petite sœur à ce qu'il paraît ? Comment allait-elle ?» Questionna-t-il ensuite en changeant de sujet. Il préféra ne pas évoquer l'incident d'il y a trois nuits pour le moment, optant pour sa famille avant toute autre chose.

«Oui, j'ai longuement voyagée avec Arya. Une petite fille courageuse qui souhaitait faire sa propre vendetta avec son épée aiguille. Elle m'avait faite prisonnière pour que le Limier ne me tue pas.» Emerys se mit à rire à la pensée, entraînant celui de Jon qui écoutait attentivement son récit.

«C'était un voyage très enrichissant. Elle était devenue une véritable amie pour moi. Nous voulions rejoindre les Jumeaux à temps pour le mariage de Robb Stark afin de rendre Arya à sa mère mais ... Il était trop tard.» Avoua-t-elle avec tristesse en secouant la tête dans le déni, le sourire remplacé par un froncement de sourcils.

Jon déglutit à côté d'elle à la mention de son très cher frère et de sa mère, tous deux décédés. Il n'avait toujours pas réussi à passer outre cet évènement atroce et nourrissait une sorte de colère qui ne partira jamais tant qu'il n'y aura pas eu une forme de justice. C'était un acte égoïste et cruel dépourvu de sens. Il leva les yeux lorsqu'Emerys reprit après s'être raclée la gorge.

«Après cela, nous nous sommes dirigés vers les Eyrié pour trouver votre tante, Lady Arryn. Mais elle avait été tuée lorsque nous étions aux portes du Val. Ce fut à ce moment-là qu'Arya croyait réellement que votre famille avait été maudite.» Elle secoua la tête puis leva les yeux au ciel à cette vieille plaisanterie avant de reprendre d'un ton nettement plus sombre ; «Je pense aussi que quelque chose la consumait depuis la mort de votre père et que ces évènements l'ont radicalement changés.»

«Attendez une minute. Vous dites qu'elle a été tuée ?» Coupa Jon en se tournant pleinement face à elle, abasourdi. Ce n'était pas vraiment une question mais plutôt une commande. D'après les Tully, il s'agissait d'un suicide et non pas d'un meurtre !

«Oui. Elle était peut-être folle mais je ne pense pas qu'elle se serait suicidée alors qu'elle chérissait tendrement son jeune fils Robin. Excusez-moi d'insister votre Grâce, mais je pense vraiment que votre famille est traquée.» Emerys prit la même posture que Jon en lui faisant face, l'air très sérieuse dorénavant.

«Et par qui pensez-vous ?» Requit Jon, le front sillonné alors que la jeune femme resserra sa main autour du garde du corps en bois. Il savait bien par qui mais il voulait savoir ce que cette inconnue en pensait de toute cette histoire.

«Tous ceux qui ont peur de vous et de votre influence. C'est ce que les gens font lorsqu'ils ont peur de quelque chose, ils l'élimine avant qu'il ne soit trop tard pour le faire.» Expliqua-t-elle calmement d'un haussement de sourcil significatif.

Jon ouvrit la bouche mais la referma aussitôt en avalant sa salive lorsqu'il se souvint des nombreux coups de couteaux dans son ventre. Des lâches. Il était peut-être un homme naïf mais il commençait à apprendre, surtout après sa résurrection par le Maître de la Lumière et Mélisande. Tout doucement, il se mit à hocher la tête dans la compréhension, mettant ses aprioris de côtés pour une fois.

«Vous avez sans doute raison. Ned Stark n'aurait peut-être jamais dû suivre le Roi jusqu'à Port-Réal et je n'aurais jamais dû aller à Château Noir pour devenir un Corbeau. Rien de tout ça ne serait arrivé alors.» Cita Jon en grimaçant tristement aux souvenirs. Il arqua un sourcil puis passa son regard de la mer à la femme platine accoudée contre la rambarde.

«Et Arya Stark n'aurait jamais croisé ma route si elle n'avait pas été sauvé par le Limier. Et je ne vous parlerais même pas à l'heure qu'il est.» Poursuivit Emerys sur le même ton humoristique que le Roi du Nord.

«C'est exacte et je ne serais pas en train de me demander si je peux vous accorder ma confiance ou non.» Finit Jon, son sourire trahissant ses paroles.

Puis après cela, les deux replongèrent à nouveau dans un silence confortable, le vent et le bruit des vagues apaisant leur peur de l'inconnu. Emerys se pencha en avant pour prendre une grande inspiration de l'air salé, les yeux fermés alors que le vent soufflait ses cheveux sur son visage. Pendant ce temps-là Jon la fixait en silence. De nouvelles questions lui brûlaient les lèvres mais il se ravisa quand elle reprit la parole.

«C'est grâce à cette petite si je suis encore en vie aujourd'hui. Je lui dois beaucoup vous savez. J'aimerais beaucoup la revoir et m'assurer qu'elle va bien mais j'ignore où elle est à présent.» Emerys se mordit la lèvre inférieure puis vit du coin de l'œil que Jon se penchait lui-aussi sur la rambarde.

«Je connais ma sœur. Elle est maligne, elle sait comment faire pour survivre et passer inaperçu. Elle retrouvera le chemin de la maison et Sansa sera là pour l'accueillir le temps que je revienne.» Répondit le Stark avec d'une légère pression dans sa voix dû aux émotions de l'instant. Il avait vraiment hâte de la revoir après tant d'années séparées.

«Alors, elle a appelé son épée aiguille ...» Poursuivit-il lorsqu'il n'eut pas de réponse de la femme à côté de lui. Leurs regards se croisèrent un bref instant et le sourire d'Emerys s'agrandit.

«Oui ! Elle adorait cette petite épée et ne la lâchait jamais, quoi qu'il puisse arriver. Sachez qu'elle pensait beaucoup à vous, lorsque nous étions ensemble. Elle me disait qu'elle ne connaissait pas d'homme plus courageux et attentionné en ce monde.» Emerys le regarda un instant et vit une certaine fierté nostalgique passer sur les traits du Roi. Il avait tant de doutes en lui qui ne devraient même pas exister.

Cette modestie sans limite pourrait un jour lui être fatale.

«J'aimerais en être aussi sûr qu'elle.» Démentit Jon en abaissant timidement son regard sur ses mains entrelacées.

«Faites ce que vous pensez être juste, et alors vous serez un bon Roi. Le meilleur qu'il soit. Je n'ai pas de doute là-dessus.» La jeune femme à sa droite se redressa puis tapota gentiment son avant-bras en espérant lui procurer un semblant de réconfort.

Jon fronça les sourcils à ce geste tendre mais ne fit rien pour autant, acceptant silencieusement les compliments même s'il ne pensait pas les mériter. Aucun d'eux, car il n'était pas Roi du Nord comme le proclamait avec ardeur son peuple. Son passé de bâtard de Winterfell l'en empêchait et c'était douloureux. Il soupira lentement par le nez puis ferma un instant les yeux tandis que les prochaines paroles d'Emerys entrèrent dans son esprit.

«Il y a des choix que nous aimerions changer, des choix qui ne devaient faire aucun mal à l'origine mais ce sont ces choix-là qui ont faits de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Personne n'est parfait, mais nous pouvons essayer de devenir meilleur en acceptant nos erreurs.» Encouragea-t-elle lorsqu'elle vit le visage tombant de Jon.

N'attendant aucune réponse de sa part, Emerys offrit une dernière tape amicale sur l'épaule du Roi puis tourna les talons vers sa cabine, laissant volontairement Jon Snow tout seul à l'avant du bateau avec ses pensées. Au passage jusqu'à sa cabine elle vit que depuis tout à l'heure un homme la scrutait depuis le pont, vérifiant chacun de ses faits et gestes.

Jon la suivit du regard alors qu'il se remémorait la nuit où elle avait mystérieusement disparue. Il aurait pu lui poser des questions mais il décida que cela n'en valait pas la peine pour le moment. Cette femme était si différente de celle qu'il avait rencontré à Winterfell ... Elle était presque devenue intimidante. Peut-être était-ce à cause de son regard pénétrant dorénavant sans une once de peur ? Ou alors cette confiance qu'elle ne semblait pas avoir avant ?

C'était très étrange mais une évolution intéressante.

Cette même femme qui ne voulait plus parler à personne cette nuit-là. Celle qui semblait avoir vue quelque chose d'horrible à en perdre la voix, littéralement. Avait-elle crié ? Peut-être que quelqu'un l'avait agressé mais elle ne portait aucune contusion, du moins pas sur les bras ni même les jambes. Et ce visage terrifié qu'elle portait lorsqu'elle le regarda droit dans les yeux ... Quelque chose était arrivé mais il ignorait quoi. Car elle refusait catégoriquement de lui répondre.

Alors Jon n'insista pas.

Les deux prochains jours qui suivirent cet incident ils ne s'adressèrent pas la parole sauf pour quelques mots de courtoisie. Déjà parce qu'ils ne se connaissaient pas plus que cela où parce qu'ils n'avaient pas eu l'occasion mais aussi parce qu'il avait d'autres préoccupations en tête qui méritaient toute son attention.

Mais il n'oubliera jamais son visage ni même cette étrange atmosphère qui flottait dans l'air cette nuit à Winterfell. Sans parler de Sansa ... Elle aurait sans doute pu le décapiter après lui avoir fait part de son choix en amenant Emerys à Peyredragon. Un petit reniflement amusé s'échappa de ses lèvres à l'image qu'il avait de sa sœur furieuse. Elle était devenue une femme de caractère tout comme leur mère Catelyn.

Les yeux sombres de Jon se posèrent ensuite sur l'archer qui nettoyait son arc un peu plus loin. L'homme l'observait de là où il était assis sur une cargaison mais lorsque leurs regards se croisèrent il rabaissa immédiatement ses yeux sur son arc.

C'était l'un des hommes qui accompagnait Emerys dans son périple à Peyredragon, peut-être savait-il des choses sur elle ?

Après tout, la maison Raven était reconnue pour faire de la sorcellerie.

De son côté Emerys s'assit sur le petit lit de fortune dans le coin de sa cabine minuscule d'un faible soupir. Une petite fenêtre à sa droite donnait sur la mer, un coffre rouillé posé devant celle-ci. Elle croisa les mains sur ses genoux puis se laissa bercer par les vagues.

De temps en temps, elle croisait un homme sur le bateau mais à aucun moment ils ne se parlèrent même si elle pouvait voir que le vieil homme souhaitait avoir un mot avec elle. Peut-être que le Roi du Nord refusait que Davos ne vienne lui parler ? Ou alors tout simplement qu'il n'avait pas confiance en elle, comme la plupart des gens qu'elle croisait en fin de compte.

Donc durant le voyage, elle préféra rester dans sa cabine le temps qu'ils arrivent à Peyredragon car non seulement les hommes avaient la sale habitude de la regarder d'une manière écœurante mais de plus, elle n'avait pas vraiment le cœur à sortir. Ses pensées étaient presque toujours focalisées sur Sandor et le peu d'amis qu'elle possédait dans le monde.

Alors qu'elle broyait du noir et s'inquiétait pour les autres, un homme à l'extérieur de sa cabine hurla quelque chose qu'elle ne comprenait pas à cause de la distance et de la porte en bois. Emerys se leva d'un bond et courut à l'extérieur sur le pont pour voir ce qu'il se passait. Il ne faisait pas très beau aujourd'hui et l'air était un peu plus froid maintenant.

Refermant son manteau noir autour de sa poitrine, elle marcha lentement vers l'avant du bateau jusqu'à ce que ses yeux ne se posent sur quelque chose d'impressionnant. Elle évita de justesse certains hommes qui couraient en sens inverse puis attrapa fermement la rambarde dans une poigne de fer, le souffle coupé devant tant de beauté.

Son sourire devint grand.

Peyredragon à l'horizon.

A suivre ...

Un peu lent ce chapitre mais comme toujours, je juge ces parties nécessaires à la bonne construction de l'histoire ^^

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Merciiii

VP


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