Chapitre 5

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Chapitre 5

La porte se referma doucement derrière elle, la laissant seule face à Jon Snow. Le Roi du Nord dans toute sa splendeur ! Mais ses yeux noirs attristés en disant long sur ce que cet homme avait vécu les dernières années.

Emerys ravala en regardant curieusement tout autour d'elle à la nouvelle salle qui semblait être la pièce centrale du château. Une longue table principale surplombante les autres disposées en lignes symétriques, cette salle pouvait facilement accueillir toute la population de Winterfell lors de grand banquet ou lors de réunion importante.

Il y avait un magnifique et imposant lustre au-dessus de cette table et bien que la pièce fût sombre et froide, elle avait un certain charme. A vrai dire Emerys aimait beaucoup les goûts du Nord dans l'ensemble tout comme le climat. Ces pièces avec des boiseries rustiques et la pierre anthracite en guise de mur lui procurait une sensation de confort. Rien à voir avec la capitale de Port-Réal. Loin de là.

Peut-être était-ce dû au fait que maintenant elle se trouvait à Winterfell ? Après tout ce temps ? Dans tous les cas elle avait réussi à pénétrer en ces lieux et pouvait dorénavant faire sa demande personnelle.

«Je vous écoute, Emerys Raven. Dites-moi ce que vous faites si loin dans le Nord et pourquoi votre venue à Winterfell.» Demanda calmement Jon en glissant sa main gantée le long d'une des tables avant de se reposer contre cette dernière. Il leva le menton puis croisa les bras sur sa poitrine, cette expression triste le hantant.

«Je souhaiterais vous accompagner jusqu'à la Reine légitime des Sept Couronnes, Daenerys Targaryen.» Répondit sans attendre Emerys d'une voix souple. Cela attira l'attention de Jon qui se redressa en plissant suspicieusement les yeux à elle.

«Comment savez-vous cela ?» S'hébéta-t-il, les sourcils froncés à présent.

«J'ai des visions, de vous en particulier. Je vois des choses terrifiantes et inexplicables en rêve que la plupart s'avèrent être vraies. Je sais ce qui vous est arrivé à Château Noir, ce qu'ils ont faits pour vous.» Commença-t-elle prudemment en baissant significativement les yeux sur la poitrine de l'homme abasourdi qui d'après sa gestuelle n'était pas à l'aise.

Elle s'aventurait sur un terrain dangereux mais elle n'avait malheureusement pas le choix. Elle reprit sans plus tardé avant que d'autres questions ne viennent.

«Ne vous méprenez pas, je ne suis pas une Prêtresse ni un adorateur du feu. Mais je sais aussi que vous recherchez du Verredragon et que c'est pour cela que vous allez rencontrer la Reine à Peyredragon. Pour repousser ces créatures maléfiques qui vivent au-delà du Mur de glace.» Poursuivit-elle en se décalant mal à l'aise lorsque le Roi se redressa brutalement loin de la table contre laquelle il s'appuyait.

«Vous les avez aussi vus, n'est-ce pas ?» S'exclama-t-il d'une voix presque inaudible, la tête penchée sur le côté et le regard dans le sien comme s'il cherchait des réponses à ses nombreuses questions.

Emerys plissa les yeux, sa respiration s'aplanissante alors qu'elle étudiait attentivement le Roi du Nord. Il y avait de l'espoir qui brillait dans ses yeux sombres. L'espoir qu'il n'était pas le seul à croire que la fin du monde était proche à cause de cette grande menace jusque-là tenue à l'écart de la civilisation.

«Oui. Ils ne tarderont plus et si nous ne prenons pas les mesures nécessaires rapidement il sera trop tard. Personne ne survivra à ça, personne. Nous devons absolument unir nos forces pour repousser la mort ! Mettons de côté nos préjugés votre Grâce, nous devons agir sur le champ.» Pressa Emerys d'un air désespéré car elle voyait bien que le Stark se méfiait toujours d'elle.

Ce qui était logique.

Jon Snow hocha pensivement la tête mais ne se détendit pas pour autant. L'homme déglutit puis prit une profonde inspiration pendant qu'il observait attentivement la femme aux cheveux platine, cherchant à savoir si elle mentait ou si elle disait la vérité. Il finit par pousser un petit soupir sans pour autant abaisser sa garde.

«Pourquoi devrais-je vous faire confiance ? Je ne vous connais pas, je ne sais pas qui vous êtes ni de quoi vous êtes capable. Alors pourquoi viendriez-vous avec moi ? Ne suffisait-il pas de rejoindre directement Peyredragon si vous souhaitez rencontrer cette Reine des dragons ?» Renchérit soudainement Jon en regardant la femme droit dans les yeux, la défiant silencieusement.

«Nous vivons dans une époque où la confiance est un privilège. Il n'y a rien que je puisse dire si ce n'est que j'ai besoin de votre présence et de votre soutien pour espérer approcher la Reine légitime sans me faire brûler vive.» Emerys le dit sur le ton de la plaisanterie mais elle était très sincère. Elle se lécha les lèvres puis reprit plus sérieusement ; «Vous êtes le Roi du Nord, vous êtes quelqu'un d'honorable et de juste. Vous avez une prestance inégalable Jon Snow, vos paroles feront pencher le peuple en votre faveur, tout comme cette Reine.»

Jon plissa craintivement les yeux mais ne dit rien, attendant la suite de ses belles paroles pour voir où elle voulait en venir exactement.

«Ecoutez. Que se passera-t-il lorsque le Mur tombera et qu'il n'y aura plus rien qui nous séparera de ces créatures de l'ombre ? Le doute n'est malheureusement plus permis si je peux me permettre. Ce combat est le combat de tous. Il nous faut ce Verredragon le plus vite possible et je pourrais peut-être apporter ma contribution dans cette guerre.» Expliqua Emerys en rendant son regard douteux, la bouche en ligne mince.

Ses arguments étaient frappants, Jon devait l'admettre. Evidemment, il avait tout un tas de questions qui lui brûlaient les lèvres comme par exemple quel genre de contribution une femme comme elle pouvait apporter néanmoins pour le moment, cela lui suffisait.

«Pourquoi ?» Demanda-t-il simplement, désireux de connaître ses motivations.

«J'aimerais faire justice. Nous ne sommes pas des Saints, il y a certaines choses qui ne peuvent restées impunies.» Déclara-t-elle d'un léger sourire narquois. Elle savait à peu près où l'homme voulait en venir mais elle espérait que cette réponse lui suffirait car elle aimerait éviter de lui expliquer son motif de vengeance personnelle.

«Ça nous fait au moins un point en commun.» Jon imita son sourire en levant les sourcils. Il se détendait enfin en sa présence, estimant qu'elle n'était pas un danger pour le Nord. Il poursuivit.

«Même si je ne partage pas l'idée de détruire des vies innocentes.» Il avala nerveusement puis détourna le regard d'Emerys, presque honteux d'admettre cela.

«Peu de gens prennent en considération les innocents dans les guerres. Les monarques principalement. Mais vous, vous le faite et vous l'avez toujours fait.» Elle marqua un temps de pause pour esquisser un sourire compatissant avant de reprendre, l'admiration dans ses yeux.

«Dans chaque guerre il y a des morts et celle qui nous attend sera très certainement la plus meurtrière de tous les temps. Vous n'avez pas confiance en Daenerys mais au moins nous pouvons essayer de la convaincre de se battre à nos côtés.» Emerys désigna Jon Snow qui s'éloignait vers une vitre donnant sur la cour principale.

«Comment savez-vous que je n'ai pas confiance en elle ?» Demanda-t-il en se tournant à nouveau vers elle et en la regardant avec dédain.

«Je ne lis pas dans les esprits, si c'est ce que vous insinuer. Mais je le vois dans vos yeux.» Elle leva son index et pointa son œil droit, un petit sourire triste aux coins des lèvres.

Jon sourit à ce geste ridicule puis cligna des yeux avant de les abaisser au sol, admirant de plus en plus la femme devant lui et sa façon de s'exprimer. Sans honte ni peur. Même s'il avait rudement appris au cours de sa vie de ne pas faire aveuglément confiance aux gens, Emerys dégageait quelque chose qui le rassurait d'une certaine façon, comme une aura de bienveillance mélangé à de l'assurance qui ne semblait pas être là depuis longtemps. Comme une sorte ... De métamorphose.

Il se voyait en elle d'une certaine façon.

«Mais vous devriez vous accorder un peu plus de confiance en vous-même. Vous êtes le Roi du Nord, ne l'oubliez pas.» Emerys se permit de lui faire la réflexion, espérant secrètement qu'il ne la prenne pas mal au risque d'avoir de gros ennuis pour son audace spontanée.

«Vous avez sans doute raison Emerys. Mais je n'apprécie pas le terme de Roi. Je n'en suis pas un.» Démentit Jon Snow d'un sourire amer.

«Pourtant le peuple semble en penser autrement. Vous avez toutes les qualités d'un Roi. C'est une évidence.» Conclut Emerys en croisant les bras derrière son dos alors qu'elle examinait l'homme trop modeste qui refusait son titre pourtant bien mérité.

Il n'y avait rien d'exagérer dans ses mots ni de prémédités pour en arriver à ses fins. Seulement la vérité, ce qu'elle voyait de ses propres yeux. Elle l'admirait beaucoup. Le monde connaissait les actes héroïques de cet homme considéré comme un bâtard, mais ne serait-il pas plus que cela ? Elle commençait sérieusement à en douter.

Emerys leva un sourcil tout en suivant du regard l'homme qui traversa la salle jusqu'à la table centrale, réfléchissant au pour et au contre, rejouant leur petite conversation dans son esprit. Il tambourinait ses doigts sur la surface en bois de la table, ses yeux noirs scrutant attentivement la pierre en face de lui tandis qu'il prenait de profondes inspirations. Un combat interne pour savoir si c'était une bonne idée d'accepter l'aide d'une inconnue. Toutefois elle priait pour qu'il prenne en considération sa demande et qu'il ne tranchera pas en sa défaveur.

Finalement, Jon se redressa puis fit face à Emerys en adoptant une posture un peu plus raide, son manteau noir traînant derrière lui. Il hocha calmement la tête pendant qu'il regardait le visage rempli d'espoir de la jeune femme.

«Nous partons demain à l'aube. Dites à vos hommes de se tenir prêt, un peu d'aide supplémentaire ne sera pas de refus. Nous serons à Peyredragon dans quatre jours.» Proclama-t-il, faisant enfin part de sa décision finale.

«Quatre jours ?» S'exclama Emerys, abasourdie.

Cela lui semblait très peu mais le jeune homme se mit à rire doucement face à sa surprise tout à fait fondée. Cette innocence était assez drôle mais il ne pouvait s'empêcher de croire qu'il ne s'agissait encore que d'une facette. Il sourit en coin puis leva ses bras à ses côtés pour ensuite les claquer contre ses hanches comme s'il s'agissait de l'évidence même.

«Eh bien, nous passerons par la mer du Détroit. La Reine semble attendre ma venue avec impatience car elle a mis un bateau à notre disposition.» Jon haussa les sourcils, amusé. Il se rapprocha d'Emerys jusqu'à ce qu'il se tienne juste en face d'elle, perdant son petit sourire pour être remplacer par son air triste habituel.

«Vous êtes une personne étrange Emerys de la maison Raven.» Lui dit-il sincèrement, ses yeux sombres dans ceux de la femme légèrement plus courte. Il voulait qu'elle sache qu'il ne lui faisait pas entièrement confiance mais suffisamment pour l'emmener avec lui jusqu'à Peyredragon.

Ensuite il avisera. Mais d'abord, il fallait faire des choix pour le bien de tous.

Emerys se laissa lentement sourire, un sourire malicieux qui lui donnait une expression bien étrange, peut-être redoutable. Le front de Jon se sillonna à ce changement soudain et inhabituel qui lui donnait quelques frissons inexplicables le long de son dos. Mais ses prochaines paroles étaient vraiment inattendues et quelque peu effrayantes.

«Le moment viendra, je vous sauverais la vie.»

Jon ouvrit calmement la bouche mais ne put dire la moindre chose, incrédule. Son regard était si hypnotisant ... Son froncement de sourcil s'approfondie d'avantage après que la femme mystérieuse lui accorda une courte révérence de politesse. Il faillit ne pas entendre ses remerciements pour l'avoir accepté pour le voyage tout comme ceux pour l'hébergement d'une nuit.

Le Roi du Nord ne dit rien de plus mais quitta précipitamment la salle principale, son grand manteau noir gonflé dans son sillage. Il laissa Emerys pour qu'elle puisse se familiarisé avec les lieux jusqu'à l'aube.

Il y avait définitivement quelque chose d'étrange chez cette femme.

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Le soleil se couchait lentement à l'horizon, baignant ainsi Winterfell dans une douce lueur orangée spectaculaire. Un ciel bleu clair, aucuns nuages en vue, un épais manteau de neige sur le décor ... C'était magnifique, paradisiaque.

Le château était vraiment impressionnant à bien des égards. Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des remparts. Soigné par les habitants du Nord, il se dressait fièrement entre les montagnes enneigées, entouré d'innombrables clairières recouvertes d'une fine couche de glace. Même suivant le passage des Bolton il renaissait de ses cendres grâce à Jon Snow, Sansa Stark et d'innombrables braves gens.

Ce n'était pas étonnant étant donné que les Stark étaient sans doute l'une des maisons les plus respectées du Nord.

Emerys s'arrêta de marcher lorsqu'elle arriva à la lisière de la forêt du Nord et vit qu'elle n'était pas seule comme elle le pensait initialement. Resserrant son manteau autour de ses épaules au moment où une brise légère passa, elle s'avança en veillant à signaler sa présence à la personne qui se tenait dos à elle, immobile. La jeune femme se crispa au bruit de pas puis se retourna pour lui faire face, de la brume sortante de ses lèvres pâles.

«C'est vraiment magnifique.» Commenta Emerys en levant les yeux au grand arbre qui se dressait dignement parmi les autres, l'arbre des Dieux.

Cet arbre bien particulier arborait des feuilles rougeâtres qui contrastaient avec son tronc beige. Un visage avait été taillé à la cime, deux yeux sombres qui fixaient le néant et une bouche figée dans un rictus profond. Il était raconté à travers les âges qu'il n'y avait que quelques arbres de ce genre dans le monde entier et que lorsque les Dieux étaient tristes, ces visages étranges se mettaient à pleurer du sang.

«Oui. J'aime venir ici de temps en temps. Cela me rappelle qui je suis aujourd'hui et tout ce que j'ai endurée pour en arriver là. Ma mère et moi avions l'habitude de venir prier ici. Elle me disait que les Dieux nous entendaient et qu'ils réalisaient les prières les plus sincères. Je n'étais qu'une idiote à l'époque.» Sansa Stark esquissa un sourire amer, ses longs cheveux roux s'étendant dans son dos et sur ses épaules.

Emerys prit un pas de plus vers la jeune fille en pleine méditation, ses yeux bleus dans ceux du visage incrusté dans le bois de l'arbre. Pas besoin d'être un devin pour voir que Sansa avait vécue des choses tout aussi horribles que le reste des membres de sa famille. A croire qu'Arya avait raison à l'époque où elle voyageait avec elle, ils étaient tous maudits jusqu'au dernier d'une certaine façon.

«Je me souviens des nombreuses fois où je suis allée prier à Port-Réal près de la mer. Cherchant désespérément de l'aide. Mais qu'aucune d'entre elles n'avaient étés entendues. Je haïssais Cersei, je haïssais Joffrey, tous autant qu'ils étaient.» Continua nostalgiquement Sansa sans faire face à la femme en noir derrière elle. Elle poursuivit sur le même ton incertain.

«Je sais ce que vous avez vécus aux mains de cette affreuse femme. J'en suis navrée. J'espère que votre âme sera un jour apaisée et qu'elle payera pour tout ce qu'elle a fait.» La voix de la Dame de Winterfell trembla soudainement à cause de la haine contenue dans sa voix.

«Je m'en assurerais lady Sansa. Les monstres mourront tous un jour. Si cela peut atténuer votre chagrin, sachez que j'ai rencontré votre sœur, Arya. Elle est en vie. Une jeune enfant si têtue et bornée mais avec un cœur noble qui n'hésite pas à se jeter sur le danger.» Rit doucement Emerys en entraînant celui de Sansa.

«C'est bien elle, notre père l'aimait pour ça. J'espère qu'elle va bien à ce jour et que nous nous reverrons bientôt. A nouveau tous réunis, chez nous dans le Nord.» La jeune fille reprit son souffle puis adopta une expression plus sévère alors qu'elle fit face à Emerys, les mains croisées devant elle.

«J'ignore où elle se trouve exactement mais c'est une fille forte. Je suis certaine qu'elle fait déjà route vers Winterfell à l'heure où nous discutons. Bientôt les choses s'arrangeront.» Assura Emerys d'un petit hochement de tête ferme, légèrement déboussolée par le regard endurci de Sansa.

«Elle était avec le Limier n'est-ce pas ? Durant tout ce temps. Je sais ce qu'il a fait pour vous et pour vous libérer de la capitale, c'est un homme bien. Je le sais maintenant.» Poursuivit Sansa en abaissant son regard à ses pieds, la mâchoire serrée aux souvenirs de son séjour à Port-Réal. De lointains souvenirs dorénavant.

La mention de Sandor compressa douloureusement le cœur d'Emerys dans sa poitrine. Sa présence et son comportement rustre lui manquait beaucoup. Il y avait une touche de remords dans la voix de la grande jeune fille, peut-être dû à des choix qu'elle n'avait pas pris au bon moment. Eventuellement la fois où le Chien lui avait proposé de partir avec lui. Mais derrière cette tristesse et se masque impassible se cachait une véritable détermination.

«Il l'est. Sans lui je ne serais plus de ce monde, et vous non plus en quelque sorte.» Répondit Emerys qui fronça les sourcils lorsque Sansa se racla nerveusement la gorge et qu'elle leva les yeux vers elle.

«Tout cela est du passé maintenant. Nos derniers ennemis tomberont bientôt et le Nord sera enfin libéré de la tyrannie. Les créatures de l'autre côté du Mur vaincues à jamais grâce à nos hommes et à ceux qui nous font allégeances.» S'exclama la Dame de Winterfell en redressant le menton, ses cheveux flottant au vent.

«La Reine Daenerys du Typhon et son armée nous seraient un précieux atout ! Elle nous guidera tous vers un monde meilleur loin des chaines et de la terreur. J'en suis persuadée.» Renchérit rapidement Emerys un peu surprise par cette nouvelle attitude orgueilleuse. Mais la suite fût des plus inattendues.

«Vous êtes une Targaryen.» Accusa brusquement Sansa en arquant un sourcil.

Emerys cligna des yeux, effarée et soudainement à court de mot. Elle sentait sa confiance s'amenuiser, glisser loin d'elle alors que les yeux bleus glacials soupçonneux de la jeune Stark se rétrécissaient peu à peu à son silence. Elle venait de toucher une corde sensible et c'était exactement ce qu'elle avait cherché à faire.

Il y avait une certaine haine derrière cette phrase qui serrait son cœur, comme un reproche à cause de son apparence familière à la famille des Targaryen. Pourtant elle n'en était pas une ! Néanmoins elle regagna un peu de sa dignité d'un raclement de gorge et d'un léger froncement de sourcil perplexe.

«J'ignorais que la couleur des cheveux, de la peau ou des yeux déterminait l'origine d'une personne-» S'expliqua-t-elle mais elle ne put finir car Sansa s'avança de deux pas et reprit dans ce même ton de mépris.

«Je ne vous fais nullement confiance. Je sais que vous voulez utiliser Jon à vos fins personnelles.» Dénonça la Stark qui marcha tranquillement dans la neige jusqu'à ce qu'elle se tienne devant Emerys pour pouvoir poursuivre d'une voix plus calme, ses yeux dans les noirs de la femme hésitante.

«Et je sais aussi que ce n'est pas cette guerre qui vous intéresse mais uniquement la vengeance. Pourquoi voulez-vous atteindre cette Reine don le seul but est le Trône de Fer ? Que cherchez vous à accomplir ? Le Nord ne ploiera pas le genou devant un autre tyran. Le peuple à bien trop souffert durant de nombreuses décennies, cette Mère des Dragons n'aura pas sa place ici.» Sansa resserra la mâchoire puis croisa à nouveau les mains devant elle, attendant la réponse qui ne tarda pas à venir.

«Vous avez raison, il n'y a plus que le goût amer de la vengeance qui m'anime.» Accorda Emerys d'un sourire forcé voir aigri en soutenant son regard défiant dans celui de la jeune fille légèrement plus grande qu'elle.

Bien qu'elle ait appris à aimer au cours de son voyage, elle gardait toujours une profonde rancœur contre ceux qui lui avaient fait du mal. Sur cela, Sansa avait entièrement raison et elle ne le cachera jamais. Mais en revanche ce qu'elle n'approuvait pas fut cette méprise à son égard juste à cause de son apparence et de son allégeance pour la Reine légitime des Sept Couronnes. Peut-être une sorte de jalousie ? Elle avait encore beaucoup à apprendre cette nouvelle jeune Dame de Winterfell.

Sauf que pour le moment, il y avait des problèmes bien plus importants qu'elle semblait oublier. Emerys ne s'arrêta pas là. Elle passa sa langue sur ses lèvres puis se pencha vers Sansa pour que ses prochains mots ne soient entendus que par elle, cherchant à la déstabiliser un petit peu pour lui faire prendre conscience qu'il y avait un véritable enjeu derrière ses actions.

«Cette guerre qui se prépare, dépasse tout ce que nous avons connu jusqu'ici. Elle nous concerne tous et il n'y aura peut-être pas de lendemain pour en discuter. Alors il va falloir trouver un terrain d'entente et s'entre aider si nous voulons survivre à cette catastrophe. Le temps pour les représailles viendra par la suite.» Sa voix était sombre et quelque peu intimidante mais rempli de sincérité. Elle plissa les yeux et poursuivit lentement.

«Mais en attendant, la Reine possède du Verredragon, le seul bouclier contre ces choses. Vous ne me faites pas confiance, mais vous faites confiance à Jon Snow. C'est le plus important à ce jour.» Emerys donna un hochement de tête vague puis s'éloigna de Sansa pour récupérer son espace personnel.

Il y eut un long moment silencieux où la Stark regardait pensivement la femme platine qui venait de lui faire la morale en quelque sorte. Etrangement elle n'était pas énervée. Elle se méfiait juste d'elle comme de la peste mais peut-être avait-elle raison sur ce point. Ce qui se préparait pourrait être leur toute dernière guerre s'ils ne font pas tous des efforts pour s'entendre.

Sansa avait appris au cours de sa vie difficile qu'il ne fallait pas faire aveuglément confiance à n'importe qui. De Joffrey à Petyr Baellish en passant par Ramsay Bolton bien entendu. Toutes ces personnes aussi nocives soient-elles ont fait d'elle ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Une femme forte qui ne se laissera plus jamais marcher sur les pieds comme avant.

Et Emerys l'admirait énormément pour ça. Pour ce caractère digne d'un véritable Stark, cette prestance digne d'une Reine, la Reine du Nord. Elle n'avait pas de mal à s'imaginer Sansa dirigeante du Nord un jour, peut-être à la place de Jon Snow ? L'homme en question ne semblait pas très enclin à régner de toute manière alors pourquoi pas la Dame de Winterfell et son fort caractère ?

Un petit sourire timide joua sur ses lèvres à ses dernières pensées. Mettant un terme à cette discussion par le silence, Emerys se retourna pour rejoindre Winterfell car la nuit commençait à tomber sur le territoire et le froid engourdissait de plus en plus ses membres. D'un dernier regard à l'arbre des Dieux ainsi qu'à ses magnifiques feuilles rouges, Emerys laissa Sansa Stark à ses prières solitaires, la neige craquante sous chacun de ses pas.

«Le Nord demeurera indépendant.»

Elle s'arrêta de marcher à la voix mélancolique qui résonna derrière elle. Il n'y avait rien d'arrogant dans ces mots mais simplement de l'espérance. L'espoir de tout un peuple. Sansa souhaitait de tout son cœur que le Nord reste telle qu'il était, un royaume libre. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir que la Stark parlait pour elle-même, se donnait du courage et de la détermination.

Alors sur ces dernières paroles débordantes de sens, Emerys rentra dans le château.

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La nuit venue, Emerys se glissa dans sa chambre d'hôte pour trouver un peu de sommeil avant l'aube. Pour tenter de faire le vide dans son esprit, éloigner les tensions dans son corps.

Mais ses souvenirs en décidèrent autrement malheureusement.

Emerys regardait pensivement le plafond de pierres anthracite au-dessus d'elle, le cœur lourd à cause des évènements récents. Cette chambre lui avait été gracieusement offerte par les Stark pour la nuit et elle leur en sera à jamais reconnaissante. Tout comme ses accompagnateurs qui dormaient dans les chambres voisines. Elle se sentait heureuse mais surtout soulagée d'avoir pu trouver un arrangement avec le Roi du Nord et de pouvoir partir avec lui comme elle l'avait prévue.

Pourtant, quelque chose la chagrinait. Le rejet de Sansa Stark. Elle voulait vraiment lui venir en aide car la jeune fille était quelqu'un de bien et de sincère, si pure mais blessée. Profondément blessée, entourée d'une carapace impénétrable pour ne pas montrer sa faiblesse au reste du monde.

Emerys soupira longuement par le nez en fermant un instant les yeux pour les rouvrir sur le plafond pierreux éclairé par les flammes de la petite bougie dans le coin de la pièce, assis sur une table. Elle avait les bras et les jambes paresseusement écartées sur son lit, les couvertures abandonnées sur le sol au pied du lit à baldaquin. Elle essayait de dormir mais sa nervosité qui se transformait en angoisse l'en empêchait.

Culpabilité, haine, colère ... Un mélange qui n'aidait en rien le sommeil.

Son cœur battait douloureusement dans sa poitrine et laissait une pression dérangeante au sein de son estomac creux. Elle n'avait pas eu d'appétit car son esprit voyageait beaucoup trop depuis quelques temps. Emerys passa une main lasse sur son ventre plat où séjournait la longue cicatrice de son passé, caressant le tissu brun à cet endroit-là alors que des images involontaires revenaient à son esprit. Ces images atroces et sans fin qui menaçaient de la rendre folle, un monstre. Meurtrie à jamais.

La Montagne au-dessus d'elle, brutale et cruelle. Ses mains resserrant leur prise sur son cou pâle pour empêcher l'air de passer. Sa tête tournait, sa poitrine criait pour de l'air, ses yeux se révulsaient à l'intérieur de sa tête.

La douleur explosa quand la lame du poignard déchira le tissu de sa robe bleue nuit pour atteindre la peau sensible de son ventre. La panique, si intense. Des étoiles flashaient derrière ses paupières et le goût cuivré du sang envahi sa bouche, dévalant les coins de ses lèvres gercées.

Il n'y avait plus que le son de la respiration bruyante de la Montagne ainsi que les pulsations erratiques de son cœur dans ses oreilles sifflantes. Elle grinçait des dents, si fort qu'elle se coupa l'intérieur des joues. Le poing entra violemment en contact avec sa pommette droite, une fissure retentie, sa vision s'assombrie.

Pourquoi fallait-il qu'elle possède un pouvoir de guérison ?! Pourquoi n'avait-elle pas périt ce soir-là ...

Son cauchemar ne faisait que commencer.

Culpabilité, haine, colère ...

Sa respiration devint de plus en plus profonde à chaque seconde qui passait avec cette combinaison malsaine en elle. Pourquoi ? Cette question revenait sans cesse, encore et encore depuis le jour où les Lannister avaient envahis son village. Depuis que l'un d'eux avait détruit à jamais sa barrière entre la raison et la folie, la seule barrière qui la contrôlait.

Emerys ferma hermétiquement les yeux puis grinça des dents, sortant quelques gémissements à la douleur morale mais aussi à la douleur physique fantôme. Elle cherchait toutes les choses positives, vraiment n'importe quoi pour la ramener à la réalité le plus rapidement possible. Cette tâche s'avérait de plus en plus difficile à réaliser, la peur pulsant atrocement dans ses veines gonflées. La peur et l'incertitude.

Un coup deux coups trois coups. Son poing entra en contact avec son sternum dans un rythme régulier. Une astuce que lui avait apprise Lord Varys pour reprendre le contrôle sur elle-même mais qui cette fois-ci ne semblait pas porter ses fruits. A son plus grand malheur. Les ténèbres semblaient bondir de chaque recoin de la pièce pour l'engloutir.

Vous êtes quelqu'un de merveilleux mon enfant. Ne laissez personne vous dire le contraire.

Empêchez cette ombre de vous ensevelir, ne laissez pas votre cœur se noircir de rancune. Cela vous nuirait et nuirait aux innocents.

Votre pouvoir dépasse tout ce que l'homme est capable d'imaginer. Je sais que c'est difficile Emerys, j'en ai bien conscience, mais je fais ça pour vous protéger, pour votre bien. Pour le moment vous devez rester cacher, mais un jour viendra où vous prendrez votre véritable place !

Emerys roula sa tête pour essayer de détendre les muscles de sa nuque et grimaça lorsque celle-ci craqua au mouvement lent. Sa peur se transforma en terreur au moment où sa vision s'obscurcissait et que son rythme cardiaque augmenta d'une façon spectaculaire, lui donnant ainsi des vertiges. Tout sauf ça ... Pitié.

Ce n'est qu'une question de temps. Restez concentrer, gardez le silence. Gardez le contrôle sur vous-même pour le bien de tous. Vous n'êtes pas un monstre et vous ne le serez jamais.

Non, non. C'était trop difficile. Son esprit et son corps ne l'acceptaient plus. Emerys avait chaud, terriblement chaud dans cette pièce froide et humide. Sans plus tarder elle retira une couche de vêtement, cherchant désespérément de l'air et de la fraîcheur hivernale sur sa peau en ébullition. De la sueur perlait dans son dos et sur son front en grande quantité.

Gardez le silence ...

Culpabilité, haine, colère, rage ...

La main tremblante d'Emerys vola à la tête du lit et elle se redressa avec un gémissement fort. Ses oreilles sifflaient inconfortablement, sa bouche s'assécha au fur et à mesure que sa température interne augmenta. Elle avait chaud, tellement chaud, chaque mauvais souvenir augmentant d'avantage cette haine intarissable malgré ses efforts pour garder le contrôle sur son esprit conflictuel.

Un autre gémissement maladroit s'échappa de ses dents serrées, un petit son de détresse à peine perceptible pour ne pas alerter les autres. Il fallait qu'elle éclaircisse son esprit rapidement, cela devenait très urgent. Elle secoua vivement la tête en clignant des yeux puis se mit à penser à autre chose, chassant la frustration loin d'elle.

Sandor. Septon Ray. Tyrion. Jaime. Varys. Sansa. Jon. Arya. Béric. Thoros. Cersei. La Montagne. Cersei ... La Montagne ...

Que faisait-elle ? Qui était ces personnages sur sa liste exactement ? Quelle liste ? Pourquoi récitait-elle ces noms en boucle dans sa tête ? Elle perdait la mémoire, tout était flou à présent.

Emerys pouvait sentir la chaleur flamboyante sur ses joues, la confusion évidente sur son visage. A deux mains, elle tint fermement le bois de la tête du lit puis prit plusieurs inspirations, son seul support avec la réalité. Le bois se brisa soudainement sous sa force. Son support était brisé. Elle hoqueta de surprise en regardant ses mains tremblantes paume face au plafond.

Emerys ! Venez à moi. Pendant qu'il en est encore temps.

Elle rouvrit subitement les yeux. Cette voix, elle la connaissait. Quelqu'un l'appelait au fin fond de son esprit. Comme une petite lueur derrière de gros nuages noirs, un écho dans sa tête qui essayait de se frayer un chemin en travers cette détresse émotionnelle. Bran Stark l'appelait, mais où était-il ?

Culpabilité, haine, mépris, colère, rage ...

Emerys laissa un autre agonisant gémissement sortir alors que des larmes de terreur brouillèrent sa vision. De ses doigts défaillants, elle retira la totalité de sa robe de nuit en la déchirant car elle ne contrôlait même plus ses mouvements. Sa respiration prenant de l'ampleur, les spasmes dans son corps devint plus violents.

Emerys !

Ne cherchez pas la vengeance, cela ne mènera qu'au chaos !

Tu n'es qu'une petite putain.

Un si beau visage, pour si peu de valeur ...

Les gardes de Winterfell se précipitèrent dans les couloirs, leurs torches en main tandis qu'ils couraient vers la source des cris. Jon Snow les guidait, l'épée tenue fermement dans sa main droite, une lueur d'appréhension dans ses yeux sombres.

Emerys !

Le Maître de la Lumière à un destin pour nous tous.

Je ne vous fais nullement confiance.

Tôt ou tard, les monstres finissent par goûter à ma colère.

Emerys jeta sa tête en arrière et laissa cette fois-ci sortir un cri de douleur. Ses cheveux platine coulaient en cascade dans son dos, recouvrant une partie des muscles saillants qui ressortaient de plus en plus tout comme les veines à ses bras ainsi qu'à ses jambes. Palpitantes, le sang circulait deux fois plus vite dans son système alimenté par une fureur inexplicable.

Sandor ... Elle devait penser à lui, il était le seul qui arrivait encore à la maintenir. Celui qui ne mâchait jamais ses mots avec elle, celui qui lui disait toujours la vérité même si elle était des fois difficile à entendre. Où était-il ... Où était-elle ? Pourquoi ne pouvait-elle pas s'arrêter !

Emerys serra les dents et le drap dans une poigne de fer, se tordant de douleur et respirant furieusement par le nez. La sueur coulait dans ses yeux, brouillant d'avantage sa vision. A chaque inspiration bruyante les muscles de son corps bougeaient nerveusement sous sa peau luisante. Elle n'avait plus ressenti pareilles émotions corrompues en un temps très long.

Une telle injustice, une envie furieuse de se venger et de mettre un terme à cette douleur insupportable. Les véritables monstres doivent payer.

«NON !» Grogna-t-elle d'une voix inhumaine, griffant le mur de pierre en face d'elle dans une dernière tentative de reprendre ses esprits.

Vous ... N'êtes ... Pas ... SEULE !

Cria en retour la voix déformée de Varys dans ses oreilles.

Des voix dans le couloir l'alerta soudainement qu'elle ne sera bientôt plus seule. Les soldats patrouilleurs se dirigeaient vers sa chambre, il ne lui restait que très peu de temps pour agir si elle voulait éviter le drame. Elle jeta sa tête en direction de la porte, les cheveux emmêler cachant ses yeux noirs fiévreux.

Pourquoi ... Pourquoi maintenant, pourquoi ici ?

Un long cri cauchemardesque et graveleux résonna dans tout le château de Winterfell.

La porte de la chambre d'Emerys s'ouvrit avec vacarme et deux soldats pointèrent leurs épées à ce qu'ils s'attendaient être un intrus d'après les hurlements effrayants. Mais il n'y avait plus personne. La bougie dans le coin droit de la pièce avait été renversée. La cire coulait en goutte à goutte sur le sol de pierre, la fenêtre à côté d'elle grande ouverte et donnant sur la forêt.

Cette chambre était dans un état déplorable. Le couvre lit déchiré, un tissu brun qui ressemblait autrefois à une robe laissé à l'abandon sur le sol ... Le bois de chêne rompu. On aurait dit qu'un ours était passé par là.

Ils entrèrent avec méfiance puis regardèrent autour d'eux, confus qu'il n'y ait personne alors qu'ils avaient entendus une voix à peine quelques instants auparavant. L'un deux retira son casque et le positionna sous son bras alors qu'il se pencha vers la fenêtre pour regarder l'extérieur sombre. Ensuite il ordonna à ses trois autres gardes d'aller chercher du renfort.

Jon Snow se tenait à l'embrasure de la porte, silencieux. Spectateur de ce drame.

Quelque chose de grave était arrivée.

A suivre ...

Eh bien eh bien, si ce n'était pas quelque chose de terrifiant. J'espère en tout cas que vous avez ressenti l'intensité de cette dernière scène délicate à écrire. Je voulais que vous ressentiez la détresse d'Emerys mais aussi la violence de cette partie.

A votre avis, que s'est-il passé ? Dites-moi ce que vous en pensez s'il vous plaît, j'ai besoin d'encouragement pour cette histoire complexe.

VP


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