Chapitre 4
Le moment de faire les adieux ... Non, ce n'est qu'un au revoir.
Les choses s'accélèrent et deviendront particulièrement intéressantes ;)
Bonne lecture !
Chapitre 4
Le lendemain matin, les hommes furent prêts à partir aux aurores. Les chevaux sellés et les quelques provisions récupérés, ils montèrent sur leurs montures et attendirent patiemment les prochains ordres de leur chef Béric Dondarrion.
La seule qui manquait à l'appel fut Emerys.
La femme venait de découvrir la tombe du paysan et de sa fille et elle savait pertinemment qui l'avait creusée pour eux, leur rendant ainsi hommage. Elle leur offrit une dernière petite prière silencieuse, heureuse qu'ils aient enfin trouvée la paix d'une façon ou d'une autre. Reniflant doucement à l'émotion de l'instant, elle passa ses doigts sur ses yeux pour y retirer les larmes puis courut vers les hommes en attente pour partir.
Sandor l'accueillis en lui tendant les rênes de son cheval, une lueur d'incertitude dans ses yeux bruns après l'avoir vu faire. Elle le regarda longuement avec un léger sourire puis hocha respectueusement la tête en espérant lui transmettre le message de sa gratitude éternelle. Ne disant rien en réponse, l'homme se détourna d'elle et alla prendre son propre cheval même s'il était touché intérieurement de la reconnaissance qu'elle lui attribuait pour son geste.
«Nous partons !» S'exclama joyeusement Béric en riant et en retournant son cheval dans la bonne direction, Thoros et Anguy à ses côtés.
Les hommes bavardèrent derrière eux puis se positionnèrent en se préparant mentalement pour la longue et pénible route vers le Mur. Environ une semaine de marche si le temps le permettait. En direction de Château Noir, là où le Maître de la lumière voulait qu'ils aillent pour une raison qui demeurait encore inconnue à ce jour. Pour certains uniquement.
«Tu viens ?» Demanda Sandor lorsqu'il s'assit lourdement sur sa selle et vit qu'Emerys n'avait toujours pas bouger.
La femme aux cheveux platine ne le regardait pas mais tenait fermement les rênes de son cheval dans ses mains gantées, les yeux rivés au vaste horizon vers les immenses montagnes enneigées de l'autre côté de la chaumière endormie. Elle ignora le Limier tandis que ses yeux noirs parcouraient silencieusement le paysage glacial, son cheval quelque peu nerveux à ses côtés.
«Emerys ! Nous partons !» Pressa Sandor en grinçant des dents lorsqu'elle l'ignora une fois de plus.
Il avait horreur de ça quand quelqu'un l'ignorait délibérément. Même si c'était sa femme et qu'elle pouvait se montrer têtue par moment elle n'avait aucune raison de ne pas l'écouter maintenant. Alors il descendit de son cheval puis marcha rapidement vers elle sous les regards interrogateurs de Thoros et de Béric.
«Hey ! Tu m'écoute ? Qu'est-ce qui t'arrives ?» Demanda-t-il d'une touche d'agacement lorsqu'il lui attrapa le bras et la tourna face à lui. Elle semblait perdue dans une rêverie profonde, la bouche légèrement entre ouverte et les yeux face au ciel.
Elle faisait cela régulièrement ces temps-ci ... Comme si elle n'était plus vraiment là.
Emerys continuait de fixer pensivement le ciel et lorsqu'un corbeau passa au-dessus d'elle, elle reprit calmement sa respiration puis baissa les yeux dans le visage troublé de Sandor. Un froncement de sourcil tira ses traits alors qu'elle regardait attentivement l'homme d'aspect féroce mais visiblement inquiet. Elle sentait ses grandes mains resserrer ses avant-bras pour qu'elle le regarde droit dans les yeux mais surtout pour qu'elle l'écoute.
«Je dois partir.» Souffla-t-elle enfin en ravalant sa salive.
Le visage de Sandor se décomposa avec une telle vitesse qu'elle craignait qu'il puisse devenir fou de rage en une fraction de seconde, entraînant ainsi son rythme cardiaque à battre plus vite dans la préoccupation. Il ne comprenait pas.
«Hein ? Qu'est-ce que tu me chante encore ! Nous partons alors tu poses ton cul sur ce cheval et tu viens !» Grogna-t-il, vraisemblablement hébété par ce qu'elle venait de lui dire. Il l'entraîna avec lui mais elle tira ses bras loin de son emprise, adoptant maintenant une expression convaincue.
«Sandor, je dois partir. Ma mission n'est pas encore terminée.» Dit-elle avec conviction en reculant lorsque le Chien se tourna brusquement vers elle.
«Qu'est-ce que ça veut dire ... La leçon de la dernière fois ne t'a pas suffi ? C'est ça ? Tu crois que j'ai envie de te courir après à chaque fois pour sauver ta peau ? Hors de question Emerys !» Rugit-il, les poings serrés à ses côtés. Sa voix était menaçante mais ses yeux le trahissaient une fois encore car ils reflétaient de la douleur.
«Clegane ! Calme-toi ! Elle a raison, elle doit partir. Son chemin avec nous s'arrête ici.» Renchérit rapidement Thoros de Myr qui descendit de son cheval pour venir aux côtés du Limier instable.
«Oh toi le Prêtre, tu fermes ta grande gueule ! Tu ne sais pas ce que ça fait de perdre quelqu'un de cher, je ne suis pas prêt à revivre ça. Elle n'ira nulle part !» S'écria malheureusement Sandor, l'anxiété remplaçant vite la colère. Ses émotions lui faisaient défauts à son plus grand désarroi.
«C'est sa destinée depuis le début ! Tu ne peux pas lui enlever ça, Clegane ! Le Maître de la Lumière à un but précis pour elle. Comme pour toi et moi ! Pour chacun de nous. Nous avons une mission à accomplir avant la fin.» Persista Thoros mais il sentit son souffle se prendre dans sa gorge lorsque le Limier lui empoigna violemment le devant du manteau et le souleva du sol.
«Tout ça c'est à cause de toi et de tes saletés de Dieux ! Tu lui as bourré le crâne avec tes histoires à dormir debout, petit salopard !» Hurla Sandor en collant son visage livide proche du sien, satisfait lorsqu'il entendit un bruit de déglutition sous sa forte poigne.
«Sandor ! Arrête !» Cria désespérément Emerys, les yeux écarquillés.
«Clegane, repose-le tout de suite ! La violence ne sert strictement à rien. Emerys sera saine et sauve.» Ordonna Béric Dondarrion. A côté de lui, Anguy attrapa son arc pour le pointer en direction du Limier furieux au cas où la situation dégénèrerait d'avantage.
«Tu l'as vu toi aussi !» S'égosilla Thoros en attrapant les poignets du Chien pour tenter de lui faire desserrer sa prise sur son cou. En vain. Il semblait être sur le point de le faire trépasser une bonne fois pour toute.
Finalement, Emerys sortit de son état second. Elle bondit à côté de l'homme nettement plus grand et en rage puis lui attrapa fermement le bras pour qu'il reprenne ses esprits, horrifiée par cette violente colère qu'elle n'avait plus vue depuis bien longtemps. La dernière fois c'était en face de la terrible Montagne lors de sa libération. Où était-ce la peur qui le faisait réagir aussi brutalement ? Dans les deux cas, elle en était à l'origine.
«Ecoute-moi s'il te plaît ! Tu as confiance en moi n'est-ce pas ? Alors regarde-moi ...» Plaida Emerys tout en agrippant l'avant-bras de Sandor pour qu'il relâche Thoros, le cœur douloureusement compressée au regard qu'il lui donnait.
Elle pouvait y voir de la trahison, la peur, le doute.
Heureusement grâce à son intervention, Thoros fut relâché sur le sol sans encombre. Immédiatement ses mains volèrent à son cou endolori, soulagé qu'il puisse enfin reprendre des respirations normales après tout ce temps dans l'emprise du mercenaire impitoyable. Il toussa rudement dans son poing puis se précipita loin de l'homme furieux et vers Béric qui lui tendit une gourde d'eau.
«Je ne te laisserais pas partir ! Pas sans moi.» Sandor secoua la tête dans la négation, refusant catégoriquement la demande de sa femme.
«Non, tu dois aller au Mur avec eux. Il ne m'arrivera rien je te le promets. La Khaleesi sera bientôt là, je dois absolument la voir. Jon Snow est à Winterfell il pourra peut-être m'aider avant qu'il ne soit trop tard. Il est le seul qui pourra nous venir en aide et me conduire jusqu'à elle. C'est l'unique moyen. Tu dois me faire confiance cette fois-ci, Sandor !» Emerys se pressa pour finir lorsque l'homme l'interpela.
«Alors c'est ça que tu veux ?! Faire route seule à l'aveuglette pour retrouver cette foutue gamine qui pense être une Reine ? Et tout ça pour quoi, pour découvrir qui tu es vraiment ? C'est des foutaises. Qu'est-ce que tu crois qu'il va t'arriver une fois sur la route de Winterfell ?! Tu ne tiendras pas un jour sans moi et je ne veux pas risquer de te perdre encore une fois ! Bordel de merde, oublie toute cette histoire de Maître de la Lumière, ça n'existe pas !» S'écria désespérément Sandor en attrapant les épaules d'Emerys et en la secouant rudement pour qu'elle comprenne.
Tranquillement, la femme devant lui leva ses mains nues à ses joues et le força à la regarder droit dans les yeux, à quelques centimètres l'un de l'autre. Leurs souffles brumeux glissaient sur leurs peaux chaudes et la tension entre eux était si intense qu'elle pouvait devenir tangible d'une seconde à l'autre. Mais Emerys passa outre ce petit détail en restant droite et digne face à l'homme désemparé.
«Tu l'as vu dans les flammes cette nuit-là, tu m'as vu ... N'est-ce pas ? Et je suis revenue vers toi. Tu sais parfaitement bien que je ne risque rien cette fois-ci et que nous nous retrouverons au Mur. Les choses qui nous attendent représentent un danger pour nous tous. Je dois partir pour Winterfell, tant qu'il en est encore temps. C'est la seule solution.» Emerys déglutit mais soutint son regard dans celui brisé de Sandor.
Ce dernier ne répondit rien mais la fixait intensément. Il débattait intérieurement s'il pouvait vraiment faire confiance à ses paroles car la dernière fois qu'ils se séparaient, Emerys avait été apporté à Port-Réal sur un plateau d'argent. Il n'était pas prêt à revivre cet enfer mais elle avait raison, il l'avait vu de l'autre côté du Mur avec eux.
Sa respiration se calma lentement à un rythme normal et son cœur arrêta sa course folle dans sa poitrine lorsqu'il sentit les pouces d'Emerys frotter ses joues meurtris par le froid.
«Et si ce n'était qu'une illusion ?» Marmonna-t-il en baissant les yeux au sol, défaitiste.
Emerys déglutit puis se mit à réfléchir un instant à cette supposition. Cela pourrait être le cas mais elle avait l'intuition que toutes ces visions dans les flammes étaient justes, même les plus terribles d'entre elles.
Thoros avait bien raison. Elle devait se faire confiance à présent et sortir une bonne fois pour toute de l'ombre pour prêter main forte à la Reine légitime. Le plus difficile étant derrière elle, du moins elle l'espérait. Ses pouces traçaient amoureusement les pommettes du Limier tandis qu'elle reprit d'une voix rassurante, un léger sourire aux lèvres.
«Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.» Emerys se penchant en avant et donna un doux baiser à Sandor qu'il ne retourna pas. Alors elle se détacha pour y voir cette même lueur d'incertitude dans ses yeux de chien battu, son cœur manquant un battement douloureux à cette expression affligeante.
«Elle ne sera pas seule, Clegane. Elle aura une escorte qui saura la protéger durant son voyage.» Rassura Béric sur son cheval au loin.
Pour soutenir les propos de son chef, Anguy rangea son arc sur son épaule puis ordonna à deux autres hommes de l'accompagner pour le voyage vers Winterfell. Ils allaient faire l'escorte à Emerys afin de la tenir en sécurité jusqu'à ce qu'ils se retrouvent tous au Mur.
Sandor pinça les lèvres tout en regardant fixement la femme qui le tenait avec douceur, ses yeux noirs reflétant l'inquiétude mais aussi la tristesse. Ses mains rejoignirent les siennes plus petites sur ses joues. Il craignait que ce fût la dernière fois qu'il la voyait en chair et en os. Cette dernière pensée l'effrayait bien plus qu'il ne l'imaginait en réalité. Etre en sa présence était devenue une habitude pour lui alors de se retrouver à nouveau seul comme avant ...
Même s'il la reverra, c'était comme un cauchemar qui recommençait.
Le Chien soupira puis hocha calmement la tête en détournant le regard du visage de sa femme. Il capitulait, c'était une nouveauté et il n'aimait pas cette sensation de perdre un combat. Quelque chose qu'il n'aurait jamais cru possible autrefois, du moins pas avec son ancien caractère de Chien aigri solitaire et détesté de tous. Au moins à cet époque-là il savait où il en était avec ses émotions.
Emerys sentit son souffle se bloquer alors qu'elle sauta dans ses bras en le serrant le plus fort possible contre elle, les mains à plats dans son dos et une expression terrifiée.
Elle priait pour que tout cela soit vrai et qu'elle reviendra effectivement sans blessure comme elle lui promettait. La simple idée de retomber entre de mauvaises mains l'horrifiait au plus haut point ... Mais il fallait qu'elle suive le chemin qui avait été depuis longtemps tracé pour elle, même s'il comportait des risques plus ou moins grands.
Cette situation lui rappelait la fois où elle partait pour faire route avec Barry Mallister et inconsciemment, son cœur commença à battre plus rapidement dans la peur. Les souvenirs de son départ n'étaient pas très agréables non plus surtout lorsqu'elle donna l'accolade au Limier et qu'il la rejeta après s'être offerte à lui ... Ou encore le visage sombre d'Arya Stark qui lui en voulait énormément pour son choix peu judicieux.
Sandor encercla rapidement ses bras autour d'elle et la serra en veillant à ne pas lui faire de mal avec sa force. Elle était si frêle par rapport à lui qu'il craignait toujours de la briser en deux même après presque deux ans de vie commune. Il enterra son visage dans son cou, les yeux fermés, profitant de sa présence et sa chaleur en ignorant les regards des autres ainsi que leurs jugements.
Il n'était pas prêt du tout à la laisser partir et rien que l'idée de ne pas savoir ce qui lui arrivait en son absence lui donnait une douloureuse crampe à l'estomac. Malgré lui il s'imaginait des scénarios avec des hommes mal intentionnés, même avec son affreux frère ! C'était instinctif. Il avait l'impression de perdre une partie de lui-même, celle qui lui procurait de la joie et de l'amour dans sa vie misérable.
Et maintenant qu'il l'avait, elle repartait ... C'était injuste.
«Je reviendrais.» Lui chuchota Emerys en brossant ses lèvres tièdes à son oreille. Une dernière tentative de le convaincre.
Après ce qui semblait être des heures, ils se séparèrent. Sandor embrassa une dernière fois tendrement le front d'Emerys puis il se détourna et chuchota quelque chose à l'archer qui attendait patiemment aux côtés de deux autres hommes. Quelque chose qui ressemblait à un avertissement d'après la grimace d'Anguy avant qu'il ne remonte sur son propre cheval.
Thoros marcha vers Emerys et lui prit le bras juste avant qu'elle ne mette le pied dans l'étrier. Il se pencha vers elle comme pour lui dire un secret et après s'être assuré que personne à part elle ne puisse entendre ce qu'il avait à dire, il parla doucement dans son oreille droite.
«Tu lui dois la vérité, il a le droit de savoir. Lui plus que quiconque.» Murmura Thoros en resserrant sa prise sur son bras pour faire passer son message.
La respiration d'Emerys devint instable au regard suppliant qu'il lui donnait. Effectivement il le méritait, mais elle n'était pas encore prête à le dire parce qu'elle avait peur. Bien trop peur du regard qu'il aurait d'elle, ne supportant pas l'idée qu'il la haïsse pour ce qu'elle était en réalité. Et s'il la repoussait ? Emerys ne le supporterait jamais, cela la détruirait.
Et il y avait bien trop d'enjeu pour ce risque.
Déglutissant à l'image qu'elle venait de se faire dans son esprit, elle leva les yeux à Thoros et fut surprise d'y trouver un léger sourire qui contrastait avec son expression sombre et douteuse.
«Je te souhaites bonne chance, nous nous retrouverons au Mur !» S'écria-t-il soudainement en s'éloignant d'Emerys comme si de rien était.
Emerys laissa sortir le souffle qu'elle tenait puis accorda un dernier coup d'œil à l'homme au bandeau qui demeurait silencieux et qui la scrutait depuis son cheval. Béric paraissait en transe. Il l'examinait minutieusement tandis que ses hommes prenaient place pour reprendre la route plus haut vers le Nord. Elle sourit faiblement à lui, son sourire s'élargissant lorsqu'il lui hocha gentiment la tête dans un bref salut, sortant de sa longue rêverie.
Enfin ses yeux tombèrent sur Sandor à côté de Béric mais le Limier obstiné refusait d'établir tout contact visuel avec elle. Il préférait cacher ses émotions comme la plupart du temps pour ne pas paraître faible face aux autres. L'expérience. Elle sourit tristement puis fit une petite prière silencieuse pour qu'ils ne leurs arrivent rien durant leur voyage mais en particulier à l'homme qu'elle aimait.
Béric s'éloigna avec le reste de ses hommes dans une autre direction tandis qu'Emerys prit le chemin vers Winterfell avec son escorte, plus sûre d'elle que jamais.
oOoOoOoOoOoOoOoOoOo
Ils n'étaient pas très loin du château, à peine deux jours et demi de marche dans un vent glacial et quasiment constant.
Les hommes restèrent silencieux durant la plupart du chemin. Seul Anguy parlait de temps à autre pour combler le vide mais surtout pour apporter un peu de réconfort à la jeune femme méditative qui semblait bien loin dans ses pensées.
Puis enfin, les portes de Winterfell se présentèrent à eux.
D'immenses portes en bois armées de piques sur la devanture pour repousser tout éventuel intrus maintenant que ce château avait été libéré du mal qui le rongeait depuis des mois. Ils avaient réussis à traverser la dense neige en un seul morceau et maintenant ils se tenaient là les quatre à se demander s'ils se feront accueillir comme l'espérait Emerys Raven. Le doute régnait.
La jeune femme en question frissonna puis resserra sa prise sur sa lourde veste sombre, ses yeux noirs parcourant lentement les remparts affaiblis de Winterfell. Le château n'avait pas fière allure et de loin elle pouvait apercevoir des bannières rouges coucher les longs des murs de pierres. Peut-être les Bolton ? Emerys ne connaissait pas d'autres maisons portant cette couleur de Bannière mais elle espérait du plus profond de son cœur qu'il ne s'agissait pas de ces hommes cruels ...
Pourtant, elle connaissait d'ores et déjà la vérité.
Elle claqua les rênes de son cheval puis s'avança calmement dans la neige en direction de l'entrée principale de cette incroyable infrastructure. Son observation se poursuivit de gardes en gardes sur la muraille pour finir sur les archers qui tendirent leurs arcs à eux en signe d'avertissement, le bout de leurs flèches saillantes et menaçantes.
Emerys leva la main aux hommes derrière elle pour qu'ils s'arrêtent avant qu'ils ne commettent une erreur qui leur serait fatale. Winterfell était sur ses gardes, bien plus qu'avant après l'épisode funeste avec les Bolton. Etre prudente avant tout. Calmement, elle s'éclaircit la gorge lorsque l'un des hommes sur le rempart lui ordonna de se présenter.
«Je me nomme Emerys de la maison Raven et ces hommes ici présent sont mes protecteurs. Je souhaite parler au Roi du Nord, Jon Snow ! Nous venons en paix.» S'écria Emerys en plissant les yeux lorsque les archers devinrent de plus en plus nerveux, attendant impatiemment les prochains ordres.
«Dégage de là avec tes hommes ! Nous ne faisons entrer personne !» Somma sévèrement le garde en pointant son épée vers eux.
Mais alors qu'Emerys rouvrit la bouche pour débattre, l'homme en armure noire se retourna soudainement pour regarder quelqu'un en contre bas qui visiblement venait de lui ordonner quelque chose en contradiction avec ce qu'il venait d'annoncer. Sans doute une remarque déplaisante d'après les expressions sceptiques des archers qui abaissèrent immédiatement leurs arcs.
Le garde hocha furieusement la tête puis d'un geste vaste de la main, il ordonna aux gardes d'ouvrir les grandes portes pour les laisser passer.
Ces dernières grincèrent atrocement pour laisser un passage dans la neige et ainsi donner accès à la grande cour principale de Winterfell. Animée par les paysans et marchands de tous genres vêtus de lourds manteaux de bêtes. Emerys jeta un petit coup d'œil à Anguy et ses hommes puis d'un hochement de tête encourageant, ils pénétrèrent dans la cité sous haute surveillance.
L'état de Winterfell n'était vraiment pas très beau à voir. Du sang jonchait le sol aux côtés de cadavres mutilés appartenant aux deux maisons, des pleurs résonnant dans les ruelles. Le mur qui protégeait ces habitations avait été affaibli à certains endroits mais notamment la grande entrée. Malheureusement la guerre avait été le seul moyen de reprendre le contrôle mais à quel prix, une fois de plus ?
Emerys vit sur sa gauche des bannières de la maison Bolton en train de brûler sur un bucher avec des corps de soldats morts au combat. Son rêve ne l'avait donc pas trompé, les Bolton avaient bel et bien attaqués la ville du Nord.
Un peu plus loin dans la cour, de jeunes garçons s'entraînaient au tir à l'arc sous les consignes d'un archer expérimenté. Dans le coin d'une grange, un homme amassait des bouts de bois pour l'hiver avec l'aide de sa femme. Des marchands proposaient la chasse du jour aux passants. La ville était assez animée mais lorsqu'Emerys et ses compagnons arrivèrent au centre, les paysans se tournèrent vers eux d'un œil critique.
Les gens la dévisageaient. Ce n'était rien de nouveau après tout, une question d'habitude. Elle n'avait aucune difficulté à s'imaginer que cela venait de sa couleur de chevelure peu commune dans cette partie de Westeros. Les gens ici en avaient vu de toutes les couleurs depuis que Ned Stark était parti donc ce n'était pas si surprenant au final. Mais cette méfiance la mettait quelque peu mal à l'aise.
Inconsciemment, Emerys se laissa sourire tristement aux gens sceptiques puis d'un geste élégant elle descendit de son cheval en tenant les rênes dans ses mains. De la buée se formait à chacune de ses expirations à cause du froid mordant alors qu'elle examinait avec une certaine fascination les environs, impressionnée par la grandeur du château de Winterfell mais surtout de la beauté des lieux sous un manteau de neige.
«Voici donc Emerys Raven, la femme aux cheveux d'argent.» Dit soudainement une voix masculine rauque derrière elle.
Emerys se retourna brusquement pour se retrouver face à face avec l'homme qu'elle était venue rencontrer en personne, Jon Snow le Roi du Nord. Elle prit quelques secondes pour le regarder plus amplement. Des cheveux noirs de jais bouclés, des yeux sombres mais conciliants, une jeune barbe et un petit sourire en coin qu'elle pouvait traduite par de la sympathie. Il portait également une cicatrice à son œil droit, fine et droite. Un très bel homme. Mais derrière cette apparence bienveillante se cachait un homme malheureux qui avait vécu bien des horreurs et des trahisons au cours de sa vie mouvementée.
Et Emerys avait la sensation que son calvaire était loin d'être terminé.
«Je suis heureuse d'enfin pouvoir vous rencontrer, votre Grâce. Le chemin a été long et difficile mais j'ai finalement réussie. Sachez que c'est un honneur pour moi.» Répondit calmement Emerys en lui rendant son léger sourire. Enfin elle remarqua la femme qui était à ses côtés. Aucun doute la dessus, il s'agissait de Sansa Stark.
D'une grande beauté, les yeux bleus saisissant des Tully et la couleur feu de ses cheveux longs, Sansa était bien vivante et semblait être devenu quelqu'un fort d'esprit. Rien à voir avec l'ancien petit oiseau fragile comme aimait si bien le dire Sandor. Son regard quelque peu arrogant et surestimer ne découragea pas Emerys de la regarder droit dans les yeux avec une certaine fierté mais surtout du soulagement.
«Je suis Sansa Stark, Dame de Winterfell et héritière légitime. Que nous vaut votre présence en ces lieux ?» Se présenta Sansa en croisant les mains devant elle, arquant un sourcil curieux.
«Ravie de vous rencontrer. Je suis soulagée de vous voir en vie lady Sansa, j'ai beaucoup entendue parler de vous à Port-Réal. Lady Margaery était une bonne amie à moi.» Expliqua hâtivement Emerys en baissant la tête en signe de respect. Même si cela était assez douloureux d'en parler ouvertement elle sentait le besoin de lui en faire part.
«Je suis désolée pour ce qui vous est arrivée à la capitale. C'est un endroit ... Où règne la cruauté. Personne ne mérite un tel traitement.» Sansa déglutit à ses mots, cherchant l'approbation chez l'autre femme.
A ses côtés, Jon l'observa tranquillement sans rien dire, ne voulant pas interrompre les deux femmes qui en avaient beaucoup en commun. Il voyait que sa jeune sœur gardait des réserves avec cette inconnue mais ce qui l'étonnait ce fût cette aisance à parler de son passé avec elle. Habituellement, Sansa ne faisait confiance à personne sauf aux membres restreints de sa famille. Du moins plus depuis le passage des Bolton.
«Vous non plus Madame. Nous avons tous un passé difficile mais je vous promets que les crimes de Cersei Lannister ne resteront pas impunis. Pas tant que je n'aurais pas rendu mon dernier souffle.» Assura vivement Emerys, pas vraiment surprise que le reste du pays soit au courant de son emprisonnement.
«Qu'est-ce qui vous amène ?» Coupa brusquement Jon en regardant les trois hommes derrière la femme platine, les yeux légèrement plissés. Bien qu'ils n'aient pas l'air véritablement méchant il restait méfiant. Surtout après les nombreux coups de couteaux qu'il avait reçus ...
«Si nous pouvions en parler en privé je vous en serais reconnaissante, Majesté.» Insista Emerys en regardant nerveusement autour d'elle aux hommes et femmes qui les étudiaient avec insistance.
«Bien-sûr.» Répondit Jon après avoir échangé un regard incertain avec Sansa.
Les deux communiquaient silencieusement, débattant s'ils pouvaient faire confiance ou non à ces étrangers. La grande rousse accorda un hochement de tête sec même si elle paraissait hésitante derrière cette facette impénétrable de Dame de Winterfell. Elle offrit un petit sourire timide à Jon quand il pointa la nouvelle direction à prendre puis leva ses yeux bleus glaces dans ceux sombres d'Emerys en face d'elle, haussant les sourcils quand elle reprit son air strict.
«Madame.» Salua poliment une grande femme en armure noire qui venait de se positionner derrière lady Sansa.
Emerys ne pouvait tout simplement plus détacher son regard de cette femme imposante. Elle avait les cheveux courts et blonds, des yeux bleus clairs et un rictus sur son visage qui approfondissait son air inflexible. Elle portait une épée à sa hanche gauche qui prouvait sa fonction comme étant garde du corps personnel. Au bout d'un moment sous son regard insistant, elle passa son poids d'une jambe à l'autre, mal à l'aise et quelque peu perturbée.
«Un problème ? Puis-je vous aider ?» Rétorqua la grande femme, les sourcils froncés.
«Je suis désolée, il n'y en a aucun. Pardonnez ma grossièreté mais pourrais-je connaître votre nom ? Vous me sembler ... Familière.» Questionna Emerys d'un sourire goguenard en haussant les épaules.
Jon Snow leva les sourcils d'amusement à cette soudaine question inattendue puis sourit tranquillement tandis que Sansa avala sa salive en regardant le sol à ses pieds. Elle masqua son propre sourire du mieux qu'elle pouvait alors que son garde du corps répondit d'une voix légèrement confuse.
«Je suis Brienne de Tarth. Protectrice en titre de lady Sansa Stark et de la maison Stark.» Se présenta uniformément Brienne en levant fièrement le menton, une main sur le cœur et l'autre sur le pommeau de son épée à sa hanche.
«C'est un réel plaisir de faire votre connaissance, Brienne de Tarth.» Emerys pinça les lèvres pour ne pas rire puis donna une courte révérence respectueuse à la grande femme encore plus perplexe qui approfondie son froncement de sourcil suite à cette réponse.
Elle voulait rire à gorge déployée mais elle ne pouvait se le permettre, pas dans cette condition. Ce n'était absolument pas une moquerie mais ils ne comprendraient sans doute pas d'où venait son amusement alors elle se résigna puis fit signe à Anguy et les deux autres hommes de suivre Jon vers la grande salle pour une conférence privée, soulagée d'avoir obtenu ce privilège.
Maintenant, Emerys savait qui était la fameuse Brienne de Tarth.
A suivre ...
XD Maintenant elle sait qui est celle qui avait donné du fil à retordre à Sandor. Et celle qu'il voyait dans ses cauchemars ... Mdr.
Dans le prochain chapitre, c'est la négociation avec le Roi du Nord !
VP
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top