Chapitre 21

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Chapitre 21

Quelques longues secondes interminables passèrent sans que rien ne se passe. Aucun son, aucun mouvement, absolument rien.

Daenerys Targaryen jeta un petit coup d'œil à Jorah assis à côté d'elle puis ensuite à Cersei qui trouvait toute cette situation d'une grande absurdité. Comme la plupart des gens ici présent en ce jour particulier. Cependant Jamie fronça calmement les sourcils au moment où leur ancien Chien frappa violemment son pied dans la boite pour la retourner et ainsi déverser son contenu caché aux yeux de tous.

Instantanément, une créature maléfique rampa sur le sol poussiéreux, clairement déboussolé après avoir été aussi brutalement sorti de sa prison sombre et exiguë.

Vêtements en lambeaux, très peu de peau sur les os, la chair noircie à un stade avancé de décomposition, presque plus de cheveux sur le crâne et des yeux d'un bleu glaçant. Le choc était pour ainsi dire à son comble et les souffles bloquer dans les gorges de chacun. Tout à coup, le marcheur blanc se mit à hurler pendant qu'il bondissait à ses pieds pour s'empresser de courir en direction des vivants stupéfiés par son apparence squelettique.

Cersei sursauta violemment dans son siège aux cris terrifiants, Qyburn en perdit subitement les mots de voir une créature mort-vivant de ses propres yeux quant à Jamie il récupéra promptement son épée à sa ceinture même si ses gestes étaient désordonnés et précipités. Mais l'effroi était bien au-delà du réalisme et séjournait dans les cœurs des Sudistes désorientés par cette chose écœurante aux hurlements épouvantables. La créature aurait pu atteindre la Reine incrédule si Sandor n'avait pas récupérer la chaine à temps puis tirer en arrière pour l'empêcher de les atteindre avec l'une de ses griffes acérées.

De son côté, Emerys esquissa un sourire mauvais.

Enervé, le mort se tourna cette fois-ci vers le Limier avant de le charger sans une once de crainte. L'homme se prépara avec son épée puis le trancha en deux morceaux dès l'instant où il l'effleura avec ses doigts osseux, jetant les deux parties de corps dans deux directions opposées. Le marcheur blanc se roula par terre mais sans souffrance, juste de la colère, une terrible colère. Il hurlait encore et encore de rage sous les yeux impuissants des spectateurs d'une abomination pareille de la nature.

Emerys leva les yeux vers Jon et vit qu'il était très tendu, la main sur le pommeau de son épée à sa hanche juste par précaution. Elle aurait tant voulu que cette maudite chaine se brise et que le mort ne se jette brutalement sur Cersei ainsi que sur la Montagne pour le voir les déchirer devant les autres souverains des contrées voisines. Un désir ardent bien égoïste ... Mais pas dénuer de sens. Pas pour elle du moins. Son sourire plaisant ne passa pas inaperçu à Tyrion qui la regardait au loin, une main à sa poitrine, l'air soucieux de la tournure des évènements.

Sandor coupa net le bras du mort lorsque ce dernier essaya de lui attraper la tunique. Le bras atterrit aux pieds de Qyburn qui l'examina sous toutes les coutures, émerveillé par cette créature censée être morte depuis bien longtemps. Ensuite Jon Snow le récupéra rapidement pour faire une démonstration à Cersei et les autres sur comment s'en débarrasser efficacement.

Deux façons distinctes connues à ce jour. La manière par le feu ou alors avec une lame de verredragon qu'il logea directement dans la poitrine du marcheur blanc, ce qui le tua définitivement.

«Il n'y a plus qu'une guerre qui compte. La grande guerre.» Affirma Jon à bout de souffle.

«Je n'y croyais pas avant de les voir. J'ai vue l'armée entière. Ils sont des centaines de milliers.» Expliqua Daenerys immobile sur son siège, bien moins impressionnée par cette chose aujourd'hui. A cette déclaration, les yeux de Jaime s'écarquillèrent.

Après cette démonstration, Euron décida de retourner aux Iles de Fer car manifestement il n'avait jamais rien vu d'aussi effrayant de toute sa vie entière. Chose qu'il conseilla également à Daenerys Targaryen afin qu'au moins une partie des hommes survivent à la guerre qu'il considérait perdue d'avance avec ces créatures horrifiques pour ennemis. Les marcheurs blancs ne sachant pas nager, ils n'atteindront jamais les Iles donc ils étaient potentiellement en sécurité jusqu'à l'hiver.

«Il a raison d'avoir peur. Mais il est lâche de fuir. Il y a malheureusement beaucoup trop de lâches en ce monde.» Accusa Cersei qui ressentait une immense déception de le voir partir de sa capitale. Elle regarda ensuite Emerys de l'autre côté puis lui offrit un sourire effronté, la visant personnellement avec ses paroles vexantes.

La jeune femme en robe noire se contenta de lui plisser les yeux mais ne dit aucun mot en retour, elle n'allait aucunement lui en donner la satisfaction. Cette prise de décision sembla ravir Tyrion mais pas Sandor. Le Limier grommela quelque chose sous son souffle à propos de la Reine mais fort heureusement personne à part lui ne pouvait entendre ce qu'il radotait. Sauf peut-être sa femme, Theon et Thoros qui trouvèrent ses insultes très amusantes en ces circonstances plutôt dramatiques.

Cersei maintenant convaincue qu'ils étaient tous en danger de mort, accepta la trêve à une seule et unique condition, que Jon ne choisisse pas de camp. Qui comme son père jadis donne sa parole qu'il ne prendra le parti d'aucune faction après la guerre. Qu'il ne prendra plus les armes contre sa famille, plus jamais. Cependant tous ceux qui connaissaient le Roi du Nord savaient que cette demande ne pouvait être prise en considération parce que son amour pour Daenerys dépassait toute cette histoire de pouvoir et de jalousie. Alors il refusa poliment, déclarant être voué à sa Reine bien aimée.

Une décision qui ne plut guère à Cersei.

«Il n'y a donc plus rien à discuter ! Ces choses vont commencer par le Nord, amusez-vous bien ! On s'occupera du peu qui restera de vous. A commencer par les traitres.» Fulmina-t-elle d'un rictus agacé, n'acceptant point le refus.

Elle descendit du piédestal puis donna au passage un regard haineux à Emerys en qui elle portait encore une sévère rancune avant de disparaître de l'arène avec son escorte conséquente de garde. Ainsi que la Montagne. Elle pouvait sentir tous les regards déçus sur elle et les nombreux doutes mais elle s'en fichait, elle n'avait pas eu ce qu'elle voulait. La seule condition imposée pour cette stupide trêve avec les Stark et cette gourgandine de Targaryen. Néanmoins avant de partir pour de bon, une dernière idée mesquine lui vint à l'esprit.

«Oh, j'oubliais. Lady Margaery vous salue.» Dit-elle effrontément à Emerys d'un sourire en coin qu'elle espérait outrageant.

Cette dernière fronça les sourcils à la montée de chaleur qui serpenta jusque dans sa nuque puis sur ses joues tandis que la rage la submergea de plein fouet au rappel cruel de Cersei sur le sort de sa seule amie durant sa captivité. Elle était vraiment sadique. La torture mentale était l'une de ses plus grandes spécialités, il fallait bien l'admettre. La pauvre Margaery mais aussi sa grand-mère Olenna Tyrell avaient connues de bien tristes fins ... Tout cela à cause d'une histoire de soi-disant conspiration envers la couronne.

Ce qui n'était pas totalement faux non plus.

«Grosse salope.» Grogna Sandor sous son souffle au moment où la Reine passa à côté de lui. Il frappa ensuite son épaule dans celle de la Montagne puis se rapprocha d'Emerys en attendant les délibérations. Il fut surpris lorsque sa femme commença à arpenter le sol de gauche à droite.

«Je veux voir la couleur de son sang. Elle mérite de mourir dans d'atroces souffrances comme cette chose qui l'accompagne comme un bon chien de garde. Elle ne sait pas ce qui l'attend ! Il faut lui faire changer d'avis ou nous n'aurons plus aucune chance de survivre à ça. Avons-nous vraiment fait tout ce chemin pour nous prendre ce non ? Pour rien ?» S'écria-t-elle furieusement en jetant ses mains en l'air. Elle leva la tête vers Sandor qui se contenta d'hausser les épaules, incapable de lui répondre.

«Nous n'avons rien sans rien.» Rappela Thoros d'un haussement de ses sourcils. Il désigna ensuite la mère des Dragons avec son menton qui venait de rejoindre Jon Snow pour avoir une rapide discussion avec lui.

«Je vous en suis reconnaissante de votre loyauté, mais mon dragon est mort pour que nous puissions être ici. Si nous sommes venus pour rien, Viserion est mort aussi pour rien. Elle aurait risqué sa vie, pour rien !» S'exténua celle-ci en pointant du doigt Emerys sous la tente, aux bords des larmes.

Tant de choses étaient en jeu.

«Je sais !» Soupira Jon, découragé.

«Dommage que vous ayez fait ça.» Jorah secoua tristement la tête. Le nain de la bande s'exprima ensuite.

«Je suis heureux de votre allégeance à votre Reine. Mais avez-vous déjà envisagé de mentir ? Juste de temps en temps ? Juste un peu ? Au moins une fois dans votre vie ?» Déclara sèchement Tyrion qui tournait le dos aux deux tourtereaux, une oreille attentive à leurs échanges.

«Je ne prononcerais jamais un serment que je ne peux honorer !» S'irrita le Roi du Nord en plissant les yeux au demi-homme refusant catégoriquement de le regarder.

«Le mensonge peut être dramatique je vous l'accorde, mais il est parfois nécessaire dans des situations qui nous dépassent tous !» Emerys rejoignit Daenerys et Jon, ne pouvant accepter l'abstinence de parler un instant de plus. S'en était de trop.

«Et est-ce que le mensonge vous a réussi ? Où vous a-t-il mené aujourd'hui ?» Rétorqua inopinément Jon en levant une main gantée vers elle, les sourcils levés car il savait qu'il venait de toucher un point sensible.

Emerys ouvrit puis referma aussitôt la bouche en désespoir de cause. C'était un sujet délicat mais il avait raison, les mensonges ne menaient jamais à rien mise à part à la souffrance et au déshonneur. Elle secoua la tête tout en fermant les yeux à la piqure familière dans son cœur qui se manifestait régulièrement ces derniers temps. Les remords. Varys s'approcha lentement de la femme en détresse mais resta dans son dos lorsque Jon reprit dans un ton de reproche.

«Parlez-moi de mon père si vous voulez, dites-moi que cette attitude a fini par le tuer ! Lorsque des gens n'hésitent pas à faire de fausses promesses, les mots n'ont plus aucun sens ! Alors la seule solution c'est mentir, toujours mieux mentir.» S'accabla-t-il avec sarcasme. Il continua quand le petit Lannister se tourna vers lui ; «mais mentir ne nous aidera pas dans ce combat !»

«C'est en effet un problème. Et le plus immédiat des problèmes, c'est qu'on est dans la merde !» Tyrion grimaça affreusement, tentant de faire comprendre l'étendue du problème au Roi trop naïf.

«Avez-vous une idée pour remédier à ce problème ?» Demanda calmement le chevalier oignon en gardant les bras croisés dans son dos.

«Je n'en vois qu'un.» Renifla Tyrion en tournant cette fois-ci la tête vers la sortie de l'arène.

«N'y pense même pas !» Siffla rudement Emerys d'une secousse de sa tête, les sourcils se creusant à l'idée absurde qui fleurissait dans la tête de ce petit homme obstiné.

«Tu restes ici. Vous restez tous ici. Je vais aller parler à ma sœur.» Tyrion prit sa décision malgré le regard de chien battu de son amie très inquiète. Il vit qu'elle voulait encore dire quelque chose pour le faire changer d'avis mais la main de Varys sur son épaule réussit à l'en dissuader d'une manière ou d'une autre, à son plus grand réconfort.

«Je n'ai pas fait tout ce chemin pour voir ma Main se faire tuer.» Objecta rapidement Daenerys avec émotion, les mains en poings, partageant le point de vue d'Emerys sur la question.

«Je n'ai pas envie de mourir ma Reine. Ni aujourd'hui, ni demain. J'aurais pu rester dans ma cellule et vous épargnez bien des troubles. Mais alors, je n'aurais pas retrouvé mon amie qui m'est si chère à mes yeux ni même apporter mon allégeance à la seule et unique Daenerys Targaryen.» Tyrion esquissa un faible sourire aux deux femmes qui occupaient une place importante dans son cœur.

«Bordel, laissez-le partir qu'on en parle plus ! De toute façon nous allons tous crever bientôt alors autant qu'il y aille tout de suite comme ça c'est régler.» S'agaça le Limier en arrière-plan assis sur une chaise dorénavant libre. Ce qui fit d'ailleurs rire Thoros.

«Merci, Chien.» Remercia sarcastiquement Tyrion avec un sourire forcé.

«Ne l'écoute pas.» Emerys leva les yeux au commentaire de Sandor puis s'agenouilla devant lui pour lui prendre les épaules dans ses mains ; «si tu y vas, elle ne se gênera pas pour te remettre dans cette cellule immonde. Sans doute même pire. Cette femme est vile, tu ne peux pas y aller seule. Je viendrais avec toi.»

«Emerys.» Prévint Daenerys, pas convaincue du tout que ce soit la meilleure des idées avec son identité dévoilée au grand jour. Toutefois le mercenaire balafré s'occupa d'éclaircir le fond de sa pensée.

«Ça va pas non ?! Tu veux aller lui torcher le cul aussi pendant que tu y es ? T'as déjà oublié à qui t'as à faire ? Cette catin incestueuse n'hésitera pas à te faire faire égorger par la main de mon frère pour oser pénétrer dans sa demeure. Et ensuite elle t'offrira à ce salopard en guise de récompense !» Vociféra le Limier dans son dos en bondissant de sa chaise, ignorant les regards importunés de Jon et de Daenerys face à son langage grossier.

«Il lui faut une escorte-» Se défendit vainement Emerys, incertaine, mais le Roi du Nord la coupa brusquement.

«C'est moi le fautif, je vais la voir.» Dit-il d'un hochement de tête déterminé. Cependant le nain n'était pas du même avis.

«C'est incontestablement vrai. Mais elle vous tuera sans le moindre doute. Même si j'apprécie grandement votre offre, je vais voir ma sœur tout seul. Ou on rentre chez nous et on revient au point de départ.» Tyrion regarda Emerys droit dans les yeux quand il déclara vouloir y aller seul, au cas où elle essayerait encore de négocier avec lui. Néanmoins il restait très touché qu'elle s'inquiète à ce point-là pour son sort mais jamais il ne l'autoriserait à se mettre inutilement en danger.

Même si elle pouvait devenir un dragon féroce.

«Elle ne t'accordera aucune miséricorde ...» Chuchota-t-elle tristement, le cœur lourd.

«Fais-moi confiance.» Tyrion sourit malgré la grande pression qui reposait dorénavant sur ses épaules.

Vaincue, Emerys déglutit avant de fermer les yeux quand le demi-homme posa ses petites mains sur les siennes et qu'il les tapota pour la rassurer du mieux qu'il le pouvait en dépit de sa peur de devoir faire face à sa sœur sans protection autre que Jaime. Il voyait bien qu'elle aussi était en conflit interne et qu'elle ne savait pas ce qu'elle disait, qu'elle agissait purement par instinct. Elle avait tout aussi peur que lui. Après tout, qui ne le serait pas dans une condition pareille ?

Il lui offrit un sourire nerveux qu'elle retourna difficilement avant de s'éloigner pour prendre le chemin menant au Donjon Rouge une fois qu'il reçut l'accord de sa Reine. A chaque pas, son hésitation grandissait. Et s'il se trompait lourdement ? Si sa sœur refusait même de le voir ? L'angoisse dans son estomac, Tyrion regarda par-dessus son épaule pour voir qu'Emerys était toujours dans la même position qu'auparavant. Agenouillée sur le sol devant Jon et Daenerys, tous les trois le fixant avec appréhension alors qu'il s'éloignait toujours plus.

Le destin de tout un monde reposait maintenant sur ses épaules.

Environ une heure plus tard, Tyrion revint en un seul morceau au plus grand bonheur de Daenerys, Jon et Emerys soulagés de le voir en vie. Et derrière lui, Cersei Lannister ainsi que plusieurs membres de sa garde notamment la Montagne suivirent de près pour venir à leur rencontre. Assurément moins énervés que précédemment.

Les yeux d'Emerys s'élargirent à ce constat déroutant mais terriblement satisfaisant. Elle se leva rapidement de son siège entre Sandor et Jorah Mormont pour se tenir auprès du Roi et de la Reine des Dragons, en attente d'une explication concrète sur la situation actuelle. Tyrion semblait vraisemblablement content de lui. Le demi-homme marchait avec une légèreté nouvellement retrouvé tandis qu'il se positionnait sur le côté et laissait la place à sa sœur, Qyburn, la Montagne puis à Jamie. Cersei s'exprima en première, les mains soigneusement croisées devant elle.

«Mes armées resteront là où elles sont. Je ne les ramène pas sur la capitale.» Elle marqua un temps de pause lorsque les visages de Jon et de Daenerys tombèrent à cette nouvelle. Finalement elle poursuivit une fois le ton donné ; «elles marcheront au Nord pour combattre dans la grande guerre avec vous.»

Le Roi du Nord, abasourdi par ces dires, tourna la tête en direction de Tyrion pour s'apercevoir que le nain arborait une expression sereine sur son visage balafré. Sentant le regard insistant sur lui, il leva les yeux vers Jon ensuite sur Daenerys surprise puis vers Emerys qui semblait ravie de cette prise de décision malgré sa rancune personnelle envers sa sœur. Cependant son sourire fini par s'estomper et son visage se lissa de toutes expressions positives, paraissant tout à coup dans la réflexion intense ce qui lui donnait un regard des plus effrayants.

Déglutissant nerveusement face à ce changement radical de personnalité, Tyrion revint à la voix de sa sœur intransigeante.

«Les ténèbres viennent tous nous recouvrir. Faisons face, ensemble. Une fois la grande guerre achevée, puissiez-vous ne pas oublier que je vous ai aidé. Sans aucune promesse ni assurance de la part de qui que ce soit. Plus de tentatives de meurtre.» Déclara-t-elle solennellement en se concentrant cette fois-ci sur Emerys. D'un sourire sévère, elle revint au Roi du Nord et à la Reine Targaryen.

«Je ne m'attend à rien.» Cersei clôtura cette brève conversation.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

La neige tombait doucement sur le décor grisonnant, recouvrant la pierre noircie de son manteau blanc. Un grand silence résidait. La vie avait complètement disparue de ce lieu spécifique.

Emerys déambulait tranquillement dans cet endroit aux échos étouffés par le tapis de neige sous ses pieds. Ses yeux parcouraient les murs fissurés et en ruines qui constituaient cette salle apparemment à l'abandon depuis un bout de temps. Immensément grande, des poteaux s'élevaient pour maintenir un plafond qui n'existait quasiment plus, des blocs de pierre immobiles sur le sol après son effondrement brutal. Des flocons de neige tombaient lentement dans la salle vide, s'accrochait à son manteau noir, à sa cape qui traînait derrière elle, à ses longs cheveux platines coulant en cascade sur ses épaules ...

Les flammes ardentes brûleront vos âmes !

Brûler ...

Brûler les tous !

Des murmures récurrents ricochaient sur les murs encore debout. Des voix familières ... Plus particulièrement une. Une malédiction qu'elle avait profanée il y a longtemps sur Port-Réal, alors qu'elle s'enfuyait avec Sandor à cheval une fois le combat par ordalie achevé. Elle ignorait ce que cela signifiait mais elle avait la mauvaise impression que ce triste paysage lui correspondait en quelque sorte. Qu'elle en était la cause de ce chaos ou du moins qu'elle y avait activement participée.

Puis enfin, son regard se posa sur l'objet des convoitises.

Le Trône de Fer figurait au-dessus d'un escalier également fissuré de part et d'autre après la chute involontaire de roches. Derrière lui s'étendait un très grand vitrail représentant l'Etoile à Sept Branches, lui aussi brisé par ce qui semblerait être une attaque surprise d'une rare violence. Une lumière blafarde pénétrait dans la salle du trône. Une lumière bleutée, morte qui reflétait la neige un peu partout sur les surfaces.

«C'est une vision de l'avenir.»

Sans se retourner au son de la voix masculine qui venait de s'exprimée, Emerys poursuivit son exploration visuel avec intérêt, pas le moins du monde perturbée par cette fameuse vision. Elle plaça ses mains dans ses manches amples puis continua d'avancer au milieu de la salle, son regard vers le ciel gris où tombaient toujours plus de flocons blancs. Des bruits de pas résonnèrent derrière elle, lents et rythmiques. Elle avala calmement sa salive pour prendre la parole à son tour.

«Je sais. J'ai déjà eu une vision similaire il y a longtemps. Sauf ... Sauf que ce n'était pas exactement pareille. Le Trône était occupé, la salle remplie de vie. Puis le feu s'est abattu, remplissant cet endroit de flammes ardentes. J'ai vu le monde brûler.» Expliqua-t-elle en s'arrêtant subitement lorsque sa gorge se serra douloureusement. Une main autour de son cou, elle baissa les yeux presque avec honte.

Derrière elle la personne ne s'exclama pas en retour.

Au contraire elle se dirigea sur sa droite jusqu'à ce qu'elle apparaisse dans son champ de vision. Bran Stark regardait pensivement l'endroit comme s'il était déjà venu ici à de maintes reprises, les bras croisés derrière son dos, le menton levé au Trône de Fer vide de plus en plus recouvert par cette neige étonnante. Elle n'était pas surprise de le voir debout car tout était possible dans les sentiers des visions. Silencieusement, il pencha la tête sur le côté alors qu'il examinait quelque chose qui venait subitement d'apparaître dans cette vision d'un proche avenir.

«Il y a malheureusement des choix qui ne peuvent plus être changés.» Rétorqua-t-il sans détourner le regard de ce qui attirait son attention. Il poursuivit son chemin dans la salle du Trône pour disparaître derrière un poteau.

Emerys, perplexe par ses mystérieuses paroles, décida de lever les yeux vers le Trône pour s'apercevoir qu'il n'était plus vide mais que quelqu'un résidait dessus. De longs cheveux ondulés platines, une robe noire de velours, des yeux bleus vides de vie ... Aucun doute sur l'identité de Daenerys Targaryen alias la Reine et la mère des Dragons.

Son regard était fixe, le sourire à ses lèvres terrifiant. La Reine qu'elle avait appris à aimer et respecter se tenait bien droite et immobile sur le Trône qu'elle convoitait depuis de nombreuses années. En s'approchant un peu plus près d'elle, Emerys ne pouvait retirer le sentiment oppressant qui grandissait dans son estomac au manque d'émotions chez Daenerys. Ce visage ... Il n'y avait aucune bonté, aucune sympathie, aucune clémence.

C'était comme si cette vision était une affreuse représentation de ce que cette femme voyait de l'avenir sous son couronnement. Elle ignorait ce qui était le plus cauchemardesque. Son indifférence ou cette vision absolue de l'horreur. Elle n'avait encore jamais vu ce regard dépourvu d'amour et de sensibilité chez Daenerys Targaryen, la Reine en qui elle voyait un moyen certain d'avoir un avenir meilleur. Loin du chaos de ses ancêtres, loin de l'anarchie des Lannister.

«Pourquoi.» Fût la seule question d'Emerys à côté du Trône occupé par un fantôme. Elle déglutit puis sentit la piqure familière des larmes derrière ses yeux au fur et à mesure qu'elle regardait sa souveraine lugubre.

«Certains choix ne peuvent plus être changés.» Répéta Bran derrière le Trône de Fer.

«Non. Pourquoi vous me montrer cette vision à moi et pas à la principale concernée ! Ceci, tout cela, ce n'est pas Daenerys. J'ai vue en elle, elle n'est pas comme ses ancêtres avant elle ! Elle libérera les peuples mais pas sous l'emprise de la folie ! Je refuse d'y croire.» Emerys secoua la tête avec vigueur avant de se redressée et de prendre quelques pas loin du Trône, écartant rapidement cette hypothèse saugrenue. Cependant Bran fit le tour pour se tenir de l'autre côté de Daenerys immobile, la regardant presque avec pitié.

«Cette vision lui a déjà été offerte lors d'une prise de décision importante. Sa conscience sait ce qui l'attend. Mais il n'a jamais été question de Daenerys Targaryen. Cette vision vous concerne personnellement. Car vous marcherez à ses côtés Emerys.» En disant cela, la neige aux pieds de la jeune femme se tâcha de rouge.

Horrifiée, Emerys s'éloigna pour voir que son propre fantôme se tenait dorénavant aux côtés de Daenerys, arborant la même expression sinistre que cette dernière. Le sang se déversait en grande quantité sur les marches menant au Trône, se mélangeant à la neige. Il en coulait de partout, même le long des poteaux jusque sur le sol. Ce fût d'ailleurs à cet instant précis qu'elle remarqua quelque chose qu'elle n'avait pas vue la première fois qu'elle avait regardé la Reine. Les flocons de neige s'accrochaient à ses longs cils et certains se posaient sur ses joues porcelaines sans jamais fondre au contact de la chaleur.

Des cendres.

Emerys prit une profonde inspiration puis ferma les yeux, le cœur pulsant fortement contre sa cage thoracique à ces révélations choquantes. A vrai dire elle n'était pas surprise car son âme était bel et bien noircie, Varys faisait en sorte qu'elle ne l'oublie jamais. Sous l'emprise de la colère et de la haine, elle était capable du pire allant jusqu'à massacrer des armées entières qui ne faisaient qu'obéir aux ordres de leurs souverains.

Elle était un assassin, tout comme cette Reine qui pensait être une libératrice.

«J'ai toujours aimé voir le sang, il me fascine. C'est dans ma nature. Et on ne peut lutter contre sa nature ...» Emerys tendit deux doigts pour récolter du sang sur le poteau derrière elle. Elle le considéra un instant avant de sourire tristement.

«Je voulais me débarrasser de cette culpabilité qui me rongeait à chaque fois que je devenais cette créature écailleuse. Pour moi, il n'y avait rien de plus satisfaisant que de déverser ma haine par les flammes. Jusqu'à Varys. Mais mes idées noires ... Elles sont toujours là malgré mes efforts à devenir quelqu'un de meilleur. Cela fait de moi un monstre. J'ai toujours été un monstre aussi loin que je m'en souvienne. Je devrais arrêter de penser le contraire et accepter la triste vérité.» Affirma Emerys d'un reniflement mélancolique suivit d'un hochement de tête défaitiste. L'acceptation avait toujours été une tâche extrêmement difficile.

«Les monstres sont créés à partir des mauvaises décisions prises. Il faut savoir faire la paix avec nos erreurs passées pour pouvoir devenir une meilleure version de nous-même. Quand je vous regarde Emerys, je ne vois pas un monstre. Juste une personne qui ignore.» Répondit Bran avec sincérité, osant sourire lorsque la femme en émoi leva les yeux vers lui.

«Qui ignore quoi ?» Interrogea Emerys.

Bran se contenta d'élargir son petit sourire avant de descendre les marches ensanglantées jusqu'à se tenir face au Trône. Les bras toujours croisés dans son dos, il contempla Daenerys d'un œil critique avant de s'intéresser à nouveau à Emerys dubitative par ses mystérieuses explications comportant plusieurs secrets. Son sourire infime mourut lentement pour revenir à son expression platonique habituelle, comme à chaque fin de conversation.

«Vous comprendrez lorsque le temps viendra. N'oubliez pas qui sont vos véritables alliés. Ceux qui vous aiment pour qui vous êtes. Pas pour ce que vous êtes.» Expliqua-t-il avant de faire une légère révérence puis de tourner les talons pour quitter cet endroit horrifique. A sa disparition, un chuchotement résonna.

«Nous nous retrouverons bientôt.»

«La décision vous reviens votre Majesté. Mais si nous sommes des alliés au cours de cette guerre, il est important que les Nordiens le constatent.»

Elle revenait doucement à elle. Au présent.

«Si nous rejoignons Port-Blanc sur le même navire, je crois que nous en apporterons la preuve.»

«Les conseils de guerre vous ennuient-ils tant ?» S'agaça la voix de Jorah Mormont quelque part sur sa gauche.

Emerys rouvrit lentement les yeux pour d'abord se retrouver dans un monde complètement flou avant de récupérer pleinement ses capacités visuelles. Elle se tenait devant une grande table noire qui représentait les différentes contrées avec des pions en guise de maisons. Autour, les plus proches conseillers de Daenerys ainsi que le chevalier oignon et le Roi du Nord, tous la regardait étrangement après la demande de Jorah quelque peu irritée sur les bords. Sans pression, elle se mit à sourire.

«Vous avez un sens de l'observation irréprochable.» Dit-elle d'une touche d'humour, ce qui donna le sourire à Tyrion, Theon, Jon mais pas Daenerys ni Ver Gris et encore moins Jorah. Elle haussa les sourcils puis reprit sans tarder ; «Ma conscience n'était, certes, pas ici mais ma présence physique l'était. Vous parliez de rabattre les Immaculées pour qu'ils rejoignent les Dothraki sur la route Royale. Ensuite faire route ensemble vers Winterfell. Il serait plus conseiller d'y aller par les airs comme vient de vous le suggérer Ser Jorah. Ce que le Roi ici présent, vient de contester.»

Cette fois-ci quelques rires s'élevèrent notamment ceux du chevalier oignon, de Varys et de Tyrion, amusés par la mauvaise posture de Jorah qui pensait réellement que la jeune femme n'avait rien suivit depuis le début des débats. Pourtant elle venait d'énoncer chacun des points importants qui venaient d'être aborder autour de cette table, et dans un ordre précis ! Ce qui amusait la plupart des conseillers de la Reine après tant de tension accumulée aux cours des derniers jours.

«Elle pourrait nous apporter un soutien aérien pendant le trajet par le Detroit.» Reprit Jorah en s'adressant directement à Daenerys, exposant son idée d'exploiter Emerys à sa Reine. Missendei s'opposa rapidement.

«C'est trop de risques. Comme vous l'avez dit, les ennemis sont nombreux et ils ne feront pas la différence. Un dragon est un dragon. Qu'importe son allégeance. Ils feront tout pour baisser la puissance de feu de sa Majesté si l'occasion se présente.» Objecta-t-elle, ce que Tyrion approuva d'un hochement de tête.

«Elle a raison. Le mieux serait de renforcer la protection sur le terrain. Ne nous séparons pas. Considérons les potentielles pertes avec grand intérêt. Nous pouvons déjà écarter ma sœur et ses armées de notre liste d'ennemi. Ce qui, de mon point de vu, est un grand soulagement.» S'exprima-t-il avec fierté, le torse gonflé et les bras croisés dans son dos.

«Cersei représentera toujours un danger pour nous tous.» Réfuta immédiatement Jon Snow en posant ses deux mains sur la surface froide de la table. Il n'avait pas confiance en cette femme et ne l'aura sans doute jamais.

«Elle tiendra sa promesse.» Rétorqua Tyrion avec conviction, fixant son regard déterminé dans celui incertain du Roi du Nord.

«Et si on demandait l'avis d'Emerys sur la question ?» Varys prit la parole pour la toute première fois depuis le début du débat. Les mains dans ses grandes manches, l'eunuque gardait toujours un œil discret sur la jeune femme un peu en retrait, examinant chacune de ses expressions faciales. Il avait bien vu qu'elle se retenait de commenter au sujet de Cersei Lannister.

Prise de court, Emerys se balança d'une jambe à l'autre alors qu'elle regardait confusément chaque membre présent autour de la table en verredragon. Elle n'aimait guère avoir toute l'attention, cela la rendait mal à l'aise à chaque fois. Tous les regards portés sur elle en attendant une réponse, elle s'avança jusqu'au bord de la table puis se pencha pour l'observer plus en détails. Elle se concentra sur chaque pion, chaque navire représenté sur la carte du monde. Elle s'arrêta sur Port-Réal.

«Cersei n'est pas quelqu'un de confiance mais je pense qu'elle n'est pas stupide. Ses mots n'ont que très peu de valeurs pour moi cependant elle s'est rendue compte de l'urgence et si elle est un tantinet maligne, alors elle renforcera ses rangs à nos côtés pour assurer un avenir à sa capitale après la guerre.» Dit-elle en déplaçant un pion Lannister près du grand Mur, aux côtés des Stark et des Targaryen.

«Si l'on connaîtra un après-guerre.» Soupira le chevalier oignon.

«Ma présence dans les airs ne sera pas nécessaire. Ne nous montrons pas trop sur nos gardes ou la confiance risque d'être brisée bien avant l'heure.» Poursuivit Emerys en regardant cette fois-ci Jorah puis Jon Snow. Daenerys avala avant de se rapprocher de la table tout en fixant la femme confiante face à elle.

«Vous voguerez avec nous. Nous resterons ensemble durant la traversée. Si nous sommes attaqués, vous vous déploierez avec mes dragons pour nous assurer une protection.» Affirma la Reine d'un léger sourire convaincu.

«Mon pouvoir ne se commande pas. J'apporterais mon soutien aérien durant la guerre si les Dieux le décident. Je continuerais de vous suivre votre Majesté, jusqu'à ce que vous repreniez votre place légitime sur le Trône de Fer. Je vous jure protection et fidélité mais accordez-moi une seule faveur.» Emerys attendit patiemment que Daenerys lui donne son accord pour qu'elle poursuive. 

«Une fois la grande guerre terminée, je veux que vous me laissiez finir ce que j'ai entamée depuis ce jour dans mon ancien village. Seule et sans l'aide de personne. Ma vengeance personnelle doit connaître une fin. Même si je dois en périr.» Exposa Emerys d'une détermination farouche à en faire pâlir plus d'un. Elle regarda chaque personne autour d'elle avant de s'arrêter sur Daenerys à l'écoute de sa requête.

«Cersei doit mourir par ma main.» Finit-elle d'un rictus amer, le venin s'écoulant dans sa voix douce. Elle croisa le regard de Varys qui était actuellement indéchiffrable. Serait-ce des regrets ou du respect ?

«Emerys-» Tyrion s'avança mais sa Reine prit la parole.

«C'est votre droit. Vous avez ma parole que je n'interviendrais pas dans l'exécution de Cersei Lannister. Vous êtes libre dans vos choix.» Accepta cette dernière d'un hochement de tête ferme, ne laissant pas la place aux arguments.

«Majesté, je ne crois que pas cela soit une bonne idée. Maintenant que nous avons les Lannister de notre côté, peut-être que nous pourrions enfin trouver un terrain d'entente !» S'empressa de dire Tyrion, alarmé par cette décision hâtive toutefois le Roi partagea son propre avis sur la question.

«Cersei devra payer de ses actes mais en bonne et due forme. Si elle ne tient pas sa promesse, alors nous pourrons considérer un châtiment approprié. Mais aujourd'hui n'est pas la question. Nous sommes aux portes d'une guerre sans merci qui ne connaîtra peut-être pas de lendemain ! Alors toute cette discussion n'aura servie à rien.» Jon laissa sortir un grand soupir tendu, inquiet pour la survie des peuples Nordiques.

«Alors faisons en sorte de ne pas nous retrouver condamnés pour pouvoir aborder le sujet de la couronne plus tard.» Sourit Jorah, passant son regard complice d'un conseiller à l'autre qui rendit aisément son sourire contagieux.

Sauf un.

A la fin des longs débats de guerre, Emerys emprunta l'un des longs couloirs sombres de Peyredragon jusqu'à se retrouver dans la salle du trône vide à l'heure actuelle. De ses pas précipités, sa longue cape traînait derrière elle, gonflée telle des ailes noires sinistres de corbeau.

«Emerys ! Attend ! Il faut que l'on parle.»

Sans se retourner, la jeune femme s'arrêta pour laisser la possibilité à son suiveur de la rattraper dans la salle du trône. Mâchouillant sa lèvre inférieure en signe de nervosité mais aussi par agacement, elle fronça les sourcils lorsque le demi-homme essoufflé d'avoir couru après elle s'arrêta aux pieds des marches. Tyrion prit de profondes inspirations tandis qu'il tentait de retrouver son souffle, ses yeux parcourant le dos et les cheveux argents de la femme qui lui tournait délibérément le dos.

«Je sais que ma sœur mérite la mort, qu'elle n'est rien d'autre qu'un monstre cruel, qu'une femme arrogante et égoïste. Mais je sais aussi qu'elle a un cœur sous cette carapace sans scrupule. Elle peut changer Emerys. C'est difficile à croire je te l'accorde, mais j'ai vu qu'elle en était capable sous certaines conditions. Je le sais au fond de moi.» Défendit-il, la main sur le cœur, plaidant du regard même si son amie ne pouvait pas le voir.

«Qu'elle peut changer ... Comment peux-tu encore dire de telles choses.» Grogna soudainement Emerys. Finalement, elle se retourna pour croiser le regard angoissé du nain aux pieds de l'escalier. Les yeux plissés et les mains en poings, elle siffla entre ses dents les choses suivantes.

«As-tu oublié ce qu'elle m'a fait subir ? Ce qu'elle t'a fait subir à toi ? A Sansa Stark avec son ignoble fils né de sa relation incestueuse ? A tout ce peuple de Port-Réal, affamé et dévalorisé à chaque putain d'occasion qui se présente ! Elle ne se préoccupe de personne d'autre que de sa propre petite personne !» A la fin de sa phrase, sa voix s'éleva d'une octave. Son sang bouillonnait dans ses veines à la colère qui se déversait dans chaque fibre de son être, ne comprenant pas pourquoi cet homme la défendait encore après tout ce temps.

«Non, je ne l'ai pas oublié. Je ne l'oublierais jamais. Lors de mon entrevue avec ma sœur, je lui ai posé un dilemme qu'elle aurait facilement pu accepter mais elle ne l'a pas fait-» Tyrion grimaça quand Emerys lui coupa la parole.

«Elle n'est qu'infamie ! Elle aspire à la méchanceté et à l'intolérance ! Combien de fois as-tu risqué ta vie pour ta famille ? Une famille qui ne te respecte même pas ! Une sœur qui a planifié ton assassinat à deux reprises ! Une sœur qui a fait en sorte que tu deviennes le bouffon du Roi, l'abomination de la famille des Lannister. Un père qui refusait de t'accepter comme fils. Et malgré tout, tu continues de les aimer sans espérer un retour. Je t'admire pour ça, Tyrion Lannister. Mais tu es stupide de croire à un changement ...» Le menton d'Emerys tremblait au fur et à mesure que les larmes dévalaient librement ses joues. Désespérée elle secoua lentement la tête, regrettant chacun de ses mots qui, elle espérait, allait lui donner un déclic avant que le destin ne s'en prenne à lui.

L'idée de perdre son ami de petite taille à cause de Cersei la terrifiait.

«Je lui ai donné l'occasion de me tuer mais elle ne l'a pas fait !» Cria subitement Tyrion.

Emerys se calma instantanément face à ces aveux. Son front se lissa de consternation, sa respiration haletante ralenti considérablement pour écouter les prochaines paroles du demi-homme en colère qui la regardait avec douleur. Elle savait qu'elle l'avait touché en plein cœur avec ses mots toutefois il ne se laissa pas abattre par la cruelle vérité.

«Elle aurait pu le faire, mais elle n'a pas pu. Pendant ce court instant où j'ai vu ma vie défiler devant moi, j'ai senti autre chose que de la haine chez Cersei. De la peur, l'incapacité de me mettre à mort. J'ai envisagé tellement de fois comment je pourrais la tuer que je ne saurais les compter. La lame de la Montagne était à mon cou mais ma sœur ne lui a jamais donné l'ordre de m'exécuter. Pourquoi ?» Questionna Tyrion sans vraiment attendre de réponse. Les lèvres pincées, il prit un pas de plus vers Emerys, la considérant.

«Elle est enceinte, pas vrai ?» Emerys serra la mâchoire.

«Oui.» Révéla-t-il après un temps d'hésitation, craignant sa réaction à cette nouvelle. Le visage de la femme plus grande se crispa un instant pour refléter de l'incertitude avant de revenir à cette lividité. Elle déglutit puis se pencha vers lui.

«Je lui prendrais tout ce qu'elle m'a pris. Je rependrais la justice aux côtés de Daenerys Targaryen. De gré ou de force.» Chuchota-t-elle froidement entre ses dents, son regard devenant encore plus menaçant qu'auparavant.

«Et ton mari dans tout ça ? Qu'en est-il de Sandor Clegane ? En prenant ce chemin tu l'abandonnes ! Comme tu abandonnes tous ceux qui te tiennent à cœur.» S'exténua le demi-homme en claquant ses mains à ses hanches. Il se sentait désolé mais surtout, il n'avait jamais ressenti une aussi grande peur.

«J'en prend le risque.» Emerys plissa les yeux, le défiant silencieusement. Certes elle pensait à Sandor mais il avait lui-aussi une vendetta à réaliser qui se finissait par la mort. Elle le savait, elle l'avait vu à son plus grand regret. C'était sa propre décision et malgré sa douleur, malgré son accablement et son refus de l'accepter, elle la respectait.

Parce qu'elle l'aimait.

«C'est le mauvais choix et tu le sais. Notre Reine doit apprendre à devenir clémente ou son sort pourrait se montrer funeste ! Le chaos est la solution de facilité. La diplomatie le chemin à prendre pour s'assurer l'obtention des avis favorables des différents peuples d'Essos comme de Westeros. Il faut l'aider à contrôler ses pulsions meurtrières, pas les alimenter ! Nous sommes là pour ce but précis Emerys !» Gronda le nain contrarié mais surtout chagriné pour son amie qui empruntait le chemin obscur. Il gémit sous son souffle quand la femme têtue s'éloigna sans l'ombre d'une émotion.

«Tu as choisi ton camp, j'ai choisi le mien.» Emerys le dévisagea longuement puis leva les yeux lorsque des bruits de pas résonnèrent.

Jon Snow et le chevalier oignon débouchèrent dans la salle du trône pour s'arrêter au moment où ils virent Emerys et Tyrion aux pieds des marches. Ils s'en retrouvèrent très confus. Tous les deux avaient l'air d'être en pleine discussion autour d'un argument assez violent d'après leurs visages décomposés, leurs respirations irrégulières et leurs postures rigides. Cependant Emerys arborait quelques traces de larmes sur ses joues tandis que Tyrion se retenait d'en déverser derrière cette facette colérique instable.

Emerys prit cette occasion pour s'éclipser de la salle et abandonner son ami affligé. Néanmoins elle n'avait pas manqué la main qu'il gardait toujours au-dessus de son cœur durant toute la conversation échauffée.

Sachant pourquoi, une autre larme de chagrin glissa sur sa joue après avoir tourné dans un couloir menant aux embarcations.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

High in the halls of the kings who are gone
Jenny would dance with her ghosts
The ones she had lost and the ones she had found
And the ones who had loved her the most

Theon Greyjoy avait reçu la bénédiction du Roi du Nord pour aller sauver sa sœur des griffes d'Euron et par la même occasion, trouver sa rédemption.

Jamie Lannister, n'acceptant plus les mensonges de sa sœur concernant son aide pour cette grande guerre, décida de la quitter pour rejoindre les armées de Daenerys Targaryen et de Jon Snow dans le Nord. Elle lui avait menti comme elle leur avait menti. Un lourd mensonge qui pourrait coûter la vie à des centaines de milliers de personnes.

The ones who'd been gone for so very long
She couldn't remember their names
They spun her around on the damp old stones
Spun away all her sorrow and pain

Bran Stark expliqua la vérité sur son frère à Samuel Tarly. Son histoire, l'histoire de son père Eddard Stark et l'histoire de Lyanna Stark. Ainsi que l'origine d'Emerys Raven. Des révélations toutes plus surprenantes les unes que les autres mais qui pourraient avoir un véritable impact sur l'avenir de leur monde.

«Emerys Raven est le guide.»

And she never wanted to leave, never wanted to leave

Jon Snow frappa à la porte de Daenerys.

Tyrion était là quand elle l'ouvrit pour accueillir le Roi du Nord dans sa chambre sur ce navire voguant vers Port-Blanc. Il se tenait tapis dans l'ombre, observant les échanges de regards rempli d'amour et de désirs des deux âmes-sœurs. Il ne fallut que quelques secondes pour faire ce choix. Le choix de laisser entrer ce Roi du Nord pour une nuit passionnelle.

They danced through the day
And into the night through the snow that swept through the hall
From winter to summer then winter again
'Til the walls did crumble and fall

Le nain dévisagea la porte fermée sous l'ombre de l'escalier menant au pont. Aucune jalousie, simplement de la crainte pour la suite des évènements si sa Reine entrait dans une relation sérieuse avec cet homme.

Cependant il ne put s'empêcher de s'imaginer comment sa relation avec Emerys aurait évolué sans ...

Sans certaines décisions.

And she never wanted to leave, never wanted to leave

Sur le pont du bateau, Emerys anciennement Raven regardait l'étendu de noirceur qui se rependait devant elle. La mer étant relativement calme, le navire ne se balançait que rarement. Le vent froid soufflait dans ses cheveux et sur son visage glacial tandis que ses yeux noirs parcouraient pensivement l'horizon obscurci par la nuit. Des idéologies pleins la tête, elle ferma lentement les yeux puis écouta le bruit occasionnel du vent.

«Le vent apporte toujours des nouvelles du monde.»

C'était exactement ce que pensait Sandor en retrait, observant silencieusement sa femme dos à lui au bord du bateau. Croyant à sa magie même s'il ne l'admettrait pas, il savait qu'elle écoutait le monde et cherchait des réponses à ses nombreuses questions. Il voulait la toucher, l'embrasser, sentir à nouveau sa chaleur contre lui. Toutefois il n'osait pas s'approcher d'elle car il gardait une crainte intarissable au fond de lui rien qu'à l'image du feu dans son esprit.

Sa femme et le feu, ne faisant qu'un.

The ones she had lost and the ones she had found
And the ones
Who had loved her the most

Emerys rouvrit subitement les yeux et aspira une grande quantité d'air dans ses poumons. Le cœur battant, ses yeux s'élargirent d'effroi au prochain murmure qui s'échappa de ses lèvres.

«Il est tombé.»

Elle leva la tête lorsque des flocons de neige descendirent du ciel.

L'hiver était là.

Fin du TOME 4

Qu'en avez-vous pensé de ces retournements de situations ? Prévisibles ou non ? ;) Est-ce que Sandor réussira à combattre sa phobie pour retrouver Emerys ? Comment se passera les retrouvailles à Winterfell ? Est-ce la fin d'une belle amitié entre Emerys et Tyrion ? Les choix peuvent malheureusement séparer.

Allez voir la note d'auteur !

VP

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