Chapitre 20

Alors déjà pour commencer je vous souhaite à tous un très bonne année 2020 ! Ça y est, nous sommes repassés dans les années 20 ! J'espère que cette année sera remplie de réussite pour chacun de vous et que le bonheur, la santé et l'amour seront au rendez-vous :)

Ensuite vraiment navrée pour le temps d'attente mais avec toutes les fêtes c'était assez compliquer d'écrire, vous vous en doutez bien. Maintenant j'essaie de retrouver la cadence entre la vie familiale et le travail pour pouvoir poursuivre ^^

Pour finir il y a plusieurs répliques et situations qui proviennent des épisodes de GoT. Tout simplement parce que je les trouve très intéressantes mais aussi parce que je garde le scénario de base de la série. C'est comme ça depuis le début d'ailleurs mais plus dans ce tome je trouve alors je préfère le redire au cas où. Donc ne soyez pas surpris si vous avez une sensation de déjà-vu.

Bonne lecture !

Chapitre 20

Port-Réal était comme dans ses souvenirs. Une capitale où l'odeur de la misère et de la pauvreté empestaient à plein nez. Un lieu où tentait de survivre la surpopulation d'habitants constamment affamés par leurs dirigeants bien à l'abri dans leur Donjon Rouge, loin de cette précarité et de cette adversité sans fin.

Emerys s'arrêta de marcher pour lever les yeux vers la colline au milieu de Port-Réal où se hissait l'imposante demeure des Lannister. Ses boyaux se tordirent douloureusement aux mauvais souvenirs de cet endroit maussade. Elle avait l'impression que c'était à peine hier qu'elle l'avait quitté ... Qu'elle avait échappé au pire, si on pouvait dire cela comme ça. Les odeurs nauséabondes ainsi que les grandes structures de pierres beiges étaient un terrible rappel de son séjour dans cette capitale aux mains de la tristement célèbre Reine Cersei Lannister.

Incapable de décrocher son regard rempli de craintes loin du Donjon Rouge à l'horizon où flottaient au vent les fanions de la maison rouge et or, certains gardes du cortège la bousculèrent alors que ses pieds refusaient de lui obéir. C'était comme un charme ensorcelant qui l'empêchait d'avancer vers l'un de ses plus grands cauchemars, intérieurement terrifiée à l'idée de revoir celle qui lui avait laissée de profondes marques aussi bien mentales que physiques.

«Vient Emerys. Ne restons pas là.» Tyrion posa une main rassurante sur son bras ce qui la sortie de sa transe passagère.

Interloquée, Emerys cligna des yeux puis baissa la tête vers son ami de petite taille qui lui souriait amicalement, ses yeux bleus reflétant une sorte d'inquiétude à son égard. Elle lui rendit son sourire mais il était nerveux et bénin car elle ne pouvait malheureusement masquer l'anxiété qui grandissait en elle à chaque pas plus proches de la capitale. Plus proche de son véritable ennemi.

«Rien ne t'arriveras, je t'en fait le serment.» Poursuivit Tyrion d'un haussement de ses sourcils lorsque la jeune femme ne répondit pas.

Il resserra tendrement sa prise sur sa manche puis reprit la marche pour aller discuter avec Jon Snow, Jorah Mormont, Lord Varys et Missendei à l'avant du groupe. Il avait grandement besoin de leur parler après avoir vogué sur un autre bateau pendant toute la traversée du Détroit. Il ne voulait pas laisser Emerys en arrière parce qu'il avait également énormément de choses à lui dire mais il y avait actuellement plus urgent à traiter. Comme par exemple les négociations avec Cersei s'annonçant des plus délicates. Il trouvera un moment plus opportun pour s'entretenir avec la femme aux cheveux platines.

Emerys observa Tyrion se frayer un chemin vers le Roi du Nord tandis qu'elle reprit la marche derrière Sandor et le Chevalier oignon. Aucun des deux ne s'adressait la parole, ils marchaient juste côte à côte dans le plus grand des calmes. Elle avait désespérément besoin d'un peu de compagnie durant cette épreuve et elle avait eu l'audace d'espérer que le Limier lui en procure sauf qu'il n'avait toujours pas digéré l'information.

D'ailleurs Varys non plus ne lui avait pas encore adressé la parole depuis leurs retrouvailles sur le sol de Port-Réal. Les regards se faisant de même rares, elle commençait à douter que l'homme chauve ne voulait pas montrer aux autres qu'ils entretenaient une relation amicale. Peut-être avait-il peur des répercussions ? Ou peut-être estimait-il qu'elle n'avait plus besoin de lui ni de ses conseils avisés. Dans les deux cas cela l'attristait de ne plus avoir de conversation avec l'araignée toujours au courant de tout.

D'un soupir abattu, elle se contenta de marcher derrière les nombreux Dothraki qui étaient là dans le but d'apporter une protection à la précieuse cargaison mais aussi à ceux qui pénétraient dans la capitale, armés jusqu'aux dents.

Son regard méfiant se posa d'abord sur Jorah Mormont puis ensuite sur Tyrion en train d'expliquer quelque chose à Jon intrigué par cet endroit. Il faisait de grands gestes avec ses mains, ses yeux rivés sur l'arène à l'abandon sur le côté droit du chemin de sable. Une arène où s'entretuaient des dragons à l'époque où ils vivaient encore. Sans doute qu'il racontait leur histoire dramatique au Roi car l'instant d'après, il jeta un petit coup d'œil insistant à Emerys à l'arrière du cortège.

Il le savait, c'était une évidence.

Et elle ignorait encore comment se sentir à ce sujet cependant elle appréciait l'idée que Tyrion n'ait pas peur d'elle malgré sa deuxième apparence meurtrière. Au moins une seconde personne qui ne la craignait pas mais qui voyait peut-être en elle un moyen de gagner leur liberté. A une époque, il lui avait dit qu'il aurait voulu voir un dragon pour de vrai et même en posséder un étant plus jeune. Son rêve était donc devenu réalité en quelque sorte avec l'arrivé des trois dragons de Daenerys toutefois aucun de ces trois-là n'entretenaient une relation amicale avec lui.

Emerys se mit à sourire en coin à cette pensée puis elle renifla d'amusement. C'était bien dommage que Tyrion ne fût pas sur le même bateau qu'elle pendant la traversée ... Peut-être que le chemin aurait paru moins long et surtout moins ennuyeux en sa compagnie toujours conviviale ? Il lui avait manqué. Mais pas autant que lui manquait la présence de Sandor.

L'homme en question se refusait à lui parler depuis qu'il avait découvert la vérité. Il préférait mettre de la distance à chaque fois qu'elle essayait d'engager une conversation avec lui ou même établir un simple contact visuel. Néanmoins il restait toujours dans les parages pour lui apporter de la protection mais surtout pour la surveiller et s'assurer qu'elle n'était dans aucun problème. Car après tout, il continuait de l'aimé malgré son aversion passager très douloureuse à encaisser.

«La patience est la plus grande des vertus. Il finira par comprendre. Comment vous sentez-vous ?» Demanda soudainement Thoros de Myr qui venait de se mettre à son flanc gauche, une gourde à la main.

«Mal je suppose. Tous ceux qui connaissent la vérité me boudent ou me regardent comme si j'étais un animal assoiffé de sang tout juste sorti de cage !» Grommela la jeune femme à la mine renfrognée en balançant ses bras en l'air.

«Laissez-leur un peu de temps ! Ils ne vous boudent pas, ils ont peur de vous. Peur de quoi vous êtes capable une fois mise en rogne. Vous savez, vous êtes une créature de R'hllor, le feu en effraie plus d'un.» Thoros regarda significativement Sandor qui s'était retourné pour lui cracher dessus. Il rit puis poursuivit à voix basse ; «Vous connaissez le Limier mieux que quiconque. Il est fort et loyal mais peu intelligent. Il finira par revenir la queue entre les jambes quand il se rendra compte de la chance qu'il a !»

«Ferme ta gueule à merdasse trou du cul parlant de Prêtre qui ne sert à rien ! Ou je t'assure que je vais te faire regretter de ne pas avoir trépassé face à cet enfoiré d'ours crevé !» S'écria subitement Sandor, les dents serrées et l'index pointé au visage de Thoros qui ne pouvait que rire face à ces vulgaires menaces.

«Clegane, pas devant les Dames. C'est grossier.» Réprimanda le Prêtre d'une secousse ironique de sa tête.

«Pourquoi t'es pas rester avec l'autre borgne ?» Questionna ensuite le Chien entre deux grognements de désapprobations, agacé par sa présence invasive.

«J'avais envie de voir la capitale. Le Sud, la mer, Port-Réal, les femmes ... Vois-tu, j'aime découvrir le monde et ses mystères.» Thoros haussa innocemment les épaules, ce qui entraîna un maigre sourire chez Emerys à l'écoute de leur conversation ridicule.

«Tu n'auras aucune chance avec ton toupet sur la caillasse. Les femmes du Sud cherchent de vrais hommes ! Pas des couillons aux belles paroles adorateur du feu.» Ricana allègrement le Limier en passant sa manche sous son nez.

«Mhm. Peut-être bien. Mais j'aurais sans doute plus de chance qu'un vieux chien comme toi qui ne cesse de grogner pour un oui ou pour un non. Surtout en terme de séduction.» Renvoya le Prêtre d'un clin d'œil ludique avant de masquer son sourire penaud derrière une gorgée de sa boisson alcoolisée.

«Va te faire foutre !» Gueula Sandor en s'arrêtant de marcher pour faire face à l'homme détestable. Les poings serrés, il le fusilla du regard puis jeta un bref coup d'œil à sa femme qui venait de perdre son sourire timide pour ensuite arborer une expression soucieuse.

Il se détendit nettement, son visage crispé par la rage tombant pour refléter un semblant de culpabilité. Il n'avait pas voulu crier de la sorte alors qu'elle se tenait juste à côté du Prêtre exaspérant mais son caractère fort revenait toujours dans les pires moments ... De vieilles habitudes. La peur omniprésente le rongeait petit à petit et lui faisait dire ou faire des choses qui lui donnaient souvent des regrets par la suite. Coupable et confus, il secoua brièvement la tête puis se retourna sans un mot pour se fondre dans la masse.

«Sandor !» Emerys ne put finir car le Limier s'éloigna aussitôt. La main toujours tendue vers lui, elle déglutit péniblement à la lourdeur de ses émotions qui se logeaient dans sa gorge.

«Me touche pas !» S'énerva-t-il avant de prendre le large loin de sa femme et de ses angoisses.

«Quelques fois, l'acceptation peut être une tâche difficile à accomplir. Un peu de temps, Emerys. Il finira par revenir et apprendre à vous faire confiance.» Rassura gentiment Thoros à côté d'elle d'une tape amicale sur son épaule, un doux sourire conciliant aux lèvres.

La jeune femme émue prit une profonde inspiration pour apaiser ses nerfs mit à rude épreuve, une douleur sourde dans son cœur avant de lever ses yeux émotifs dans ceux d'un bleu glace du Prêtre rouge. Elle acquiesça malgré sa furieuse envie de courir après le Chien hargneux pour s'excuser auprès de lui. Elle esquissa un sourire maladroit en guise de réponse. Les deux reprirent la marche sous les quelques arbres constituant le long chemin de terre menant à la capitale dans un silence confortable, suivant de près le cortège d'hommes armés.

«Que vous inspire cet endroit ? Après tout ce temps loin de Port-Réal ...» S'exprima à nouveau Thoros en examinant soigneusement la femme qui gardait ses yeux rivés sur le Donjon Rouge au milieu de la capitale, les lèvres pincées dans une ligne mince.

«Des idées noires.» Se contenta-t-elle de répondre sans pour autant détourner son regard vide.

Soudainement sans prévenir, Thoros l'agrippa sous le bras pour ensuite l'entraîner sous un arbre à l'abri des regards indiscrets et surtout, loin de la foule. Les deux mains tenant fermement ses avant-bras, il la poussa contre la cime pour avoir un contact visuel rapproché et ainsi l'empêcher de s'éloigner de lui. Il se racla doucement la gorge puis s'assura que personne ne les écoute d'un rapide coup d'œil de droite à gauche avant de se pencher plus près d'elle afin que personne d'autre qu'Emerys n'entende ses prochaines paroles désespérées.

«Ecoutez. Ecoutez-moi attentivement. Ne vous soumettez-pas à vos idées de vengeance. Pas maintenant ! Pas en si bon chemin. Nous avons dorénavant toutes nos chances de notre côté pour repousser l'armée des morts alors ne cédez pas à vos caprices. Nous avons encore besoin des Lannister, j'ai eu d'autres visions les concernant. Un jour ils payeront de leurs actes ignobles, je vous le promets. Mais pas ici ! Pas aujourd'hui.» Thoros secoua frénétiquement ses épaules, plongeant son regard suppliant dans le sien insensible.

«Vous avez un pouvoir incommensurable en vous Emerys. Ne le mettez surtout pas au service de la folie.» Plaida-t-il encore dans un murmure fort, levant ses yeux inquiets au ciel comme s'il s'attendait à ce que la Reine Daenerys ne déparque sur son dragon.

«Me prenez-vous pour une idiote ?» Fût la toute première chose que déclara Emerys, écœurée. Elle fronça lentement les sourcils lorsque le Prêtre ne dit rien mais avala simplement sa salive, l'air coupable d'une certaine manière.

«Jamais. Vous êtes loin d'être stupide. J'ai foi en vous et je continuerais d'avoir foi en vous jusqu'à mon dernier souffle.» Répliqua-t-il en arborant un léger sourire vacillant. Une réponse qui déstabilisa un peu Emerys.

«L'idée d'attaquer la capitale ne m'a même pas encore effleuré l'esprit.» Dénia-t-elle, les yeux écarquillés d'horreur.

«Vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas vrai.» Thoros plissa les yeux. Il l'examinait attentivement allant jusqu'à lire dans son âme obscurcie. Il prit une profonde inspiration puis soupira par la bouche, regardant aux alentours jusqu'à ce qu'Emerys ne s'exprime à nouveau d'une manière hostile.

«Cersei est là, quelque part. Je m'imagine dans quelle circonstance affreuse elle pourrait périr par mes mains une fois la guerre finie. Seulement elle. Les autres ne méritent pas ma fureur dévastatrice. Qui deviendrais-je en attaquant une ville remplie d'innocents ?» Dit-elle dans un souffle éprouvant, cherchant la réponse dans les yeux de Thoros toujours aussi proche de son visage.

Elle avait peur d'y trouver ce qu'elle redoutait tant.

«Une Targaryen.» Grogna-t-il.

Le cœur d'Emerys coula dans sa poitrine tandis que le Prêtre la relâcha enfin de son emprise pour s'éloigner de plusieurs pas en arrière loin d'elle et de l'arbre. Elle comprit vite pourquoi car Sandor se trouvait à quelques mètres à peine et leur offrait un regard scrutateur, la colère et la jalousie émanant simultanément de lui. Il grommela quelque chose dans sa barbe lorsque Thoros de Myr leva sa gourde dans sa direction pour trinquer mais surtout pour l'apaiser avant de rejoindre Tyrion Lannister et Varys pour démarrer une conversation avec ces derniers disponibles.

Emerys ne pouvait que rester là, appuyée contre l'arbre, ses souffles devenus beaucoup plus rapides après cette surprenante déclaration. Elle baissa son regard confus sur la poussière à ses pieds alors qu'elle cherchait un lien entre les Targaryen et sa vengeance personnelle. Thoros avait cherché à lui faire passer un message, mais lequel ? Que voulait-il lui dire exactement ? Que savait-il que elle, ne savait pas ?

Lentement, sa tête se redressa vers le ciel à la recherche d'une silhouette familière.

Impossible. Il devait lourdement se tromper ! Cette femme courageuse allait  enfin les libérer du mal qui ronge ce monde depuis bien trop longtemps, c'était leur destiné à tous. Les délivrer de ce cercle vicieux sans fin. Elle l'avait vue durant ses propres visons avec la corneille à trois yeux mais aussi dans les flammes de R'hllor lors de cette soirée énigmatique auprès des Sans-Bannières.

Daenerys du Typhon, Mère des dragons, briseuse de chaines, deviendra Reine des Sept Couronnes.

D'une secousse de la tête pour revenir à elle-même et sortir de ses soupçons infondées, Emerys se mit à sourire en pensant à quelle genre de substance étrange Thoros de Myr mettait dans son Rhum pour qu'il ait meilleur goût. Sûrement pas quelque chose de très sain, sinon il ne radoterait pas de tels propos absurdes qui risqueraient de lui coûter la vie dans de mauvaises oreilles. Toutefois elle ne put s'empêcher de ressentir du malaise car au fond d'elle, elle savait que rien n'était impossible, surtout pas avec cette famille aux personnalités similaires.

Car rien n'était écrit d'avance.

Jon Snow abandonna Jorah et Missendei en ralentissant sa marche jusqu'à se tenir auprès d'Emerys qui traînait à l'arrière toute seule, l'air perdue dans ses pensées. Il l'observa du coin de l'œil pendant quelques instants tout en essayant de déterminer à quoi pouvait-elle bien réfléchir pour paraitre aussi distraite et soucieuse à la fois. Il haussa un sourcil puis se mit à sourire calmement tandis qu'il se racla la gorge pour prendre la parole et ainsi attirer l'attention de la jeune femme méditative sur lui.

«Vous êtes vraiment très particulière. Une femme étonnante. Je vous dois une fière chandelle Emerys Raven. Vous avez risqué votre vie pour sauver la mienne alors que nous faisions face à la mort elle-même.» S'exprima-t-il avec gratitude, le regard évasif sur le chemin qui s'étendait devant eux, sa cape en peau d'ours noir recouvrant la totalité de son corps tonique.

«Je vous avais dit que je le moment venu, je vous sauverais la vie.» Répondit mystérieusement Emerys d'une touche de malice dans sa voix.

Elle mima un grand sourire au Roi du Nord abasourdi par sa réplique véridique puis le laissa pour se tenir proche de Theon et de Sandor lorsqu'au loin, des soldats Lannister ainsi qu'un homme qu'elle ne reconnut pas s'avancèrent à leur rencontre. Mal à l'aise face à autant de gardes de cette maison abjecte, Emerys déglutit silencieusement tandis que le Chevalier oignon se mit à marmonner quelque chose sous son souffle, clairement pas heureux de voir cet accueil en particulier.

«Bienvenus, mes Seigneurs. Vous avez été devancés par vos amis.» S'exclama Bronn avec désinvolture en tendant le bras pour désigner Podrick et Brienne de Tarth dans son dos.

Emerys pinça les lèvres pour ne pas émettre un éclat de rire involontaire quand elle posa d'abord les yeux sur la grande femme chevalière aux cheveux blonds courts puis ensuite sur son mari devenu rigide à cause de la présence de cette dernière. Tous deux se lançant des regards haineux à tour de rôle, le Limier râla pendant que Bronn continua de parler sans être perturber par eux.

«Je vais vous escorter jusqu'à la réunion.» Déclara-t-il d'un léger rebond.

Au même moment, les soldats Lannister divisèrent leurs rangs pour permettre aux nouveaux venus de traverser suite à l'invitation de Bronn. Emerys se décala d'une jambe à l'autre tandis qu'elle attendait impatiemment que quelqu'un, n'importe qui, ne fasse le premier pas. Elle pouvait voir que Tyrion hésitait longuement à avancer et qu'il fusillait littéralement du regard l'homme dédaigneux aux cheveux longs se présentant sous le nom de Bronn. Finalement, après un court lapsus de temps et de silence, il acquiesça et permis donc aux Dothraki d'avancer.

La méfiance était à son comble alors qu'ils se faisaient tous encercler par les soldats en armure noire luisante et cape rouge au lion d'or cousu. Ils ne risquaient pas grand-chose à vrai dire mais cela n'empêchait pas de créer une affreuse tension entre les maisons rivales. La précieuse cargaison protégée par Sandor au milieu du cortège d'hommes, les Dothraki faisaient en sorte qu'il n'arrive rien à personne pendant le trajet jusqu'au lieu de réunion.

Emerys resta proche de l'âne qui tirait la charrette avec la cargaison, un sentiment de sécurité en présence de son mari qui ne cessait de toiser sévèrement la grande femme blonde inébranlable. Nul doute qu'il l'insultait intérieurement d'après son expression faciale ennuyée. Après tout, il avait perdu un combat contre elle ou presque ! Mais il aurait très certainement dû encaisser un échec cuisant si Arya Stark ne s'était pas interposer entre ces deux puissants combattants à temps.

D'après les dires.

Sandor plissa les yeux à sa femme de l'autre côté de l'âne avant de revenir sur cette Brienne de Tarth qui lui titillait les nerfs, furieux qu'elle soit là. De son côté Emerys hésitait longuement à le toucher pour lui apporter du réconfort. Elle savait qu'il haïssait plus que tout de perdre face à quelqu'un de potentiellement plus fort que lui et de revoir la personne qui lui avait donné des cauchemars ne devait pas être une mince affaire ... Cependant elle se ravisa de tendre la main avant qu'il ne lui grogne dessus de s'éloigner. Ce n'était ni le lieu ni le moment adéquat.

«Je vous croyais mort.» Brienne vint se mettre aux côtés du Limier mais ne lui accorda aucun regard.

«Pas encore. T'as bien failli m'avoir mais je suis plus coriace que tu ne le crois.» Rétorqua sans haine l'ancien Chien digne, marchant droit devant lui la tête haute.

«Je ne cherchais qu'à protéger la gosse. Vous avez un bon protecteur.» Rétorqua la grande femme en jetant cette fois-ci un petit coup d'œil à Emerys silencieuse de l'autre côté de la charrette.

«C'est ce qu'on faisait tous les deux. Et je n'ai besoin d'aucune protection !» Gronda soudainement Sandor entre ses dents, piqué à vif dans l'orgueil.

«Nous avons tous besoin de protection au moins une fois dans notre vie. Combattant, ou non. Elle est vivante. Arya est en vie.» Brienne ignora l'éclat du Limier. Néanmoins les coins de ses lèvres se levèrent brièvement lorsqu'elle vit le regard de la jeune femme aux cheveux d'argent se remplir d'espoir.

«Où elle est ?» Interrogea doucement Sandor, désireux de revoir un jour la petite louve.

«A Winterfell.» Répondit Emerys d'un sourire conquis avant que Brienne ne reprenne la parole. Les deux femmes se regardèrent avec complicité avant que la voix grave du Chien ne résonne à nouveau.

«Qui la protège si toi t'es là ?» S'alarma-t-il, une pointe douloureuse dans la poitrine ressemblant à de l'inquiétude.

«Le seul qui doit être protégé c'est celui qui croise son chemin.» Rassura aussitôt la grande femme confiante, ce qui entraîna un petit sourire sur les lèvres du Limier enchanté par cette nouvelle.

«Ce sera pas moi.» Plaisanta vainement ce dernier qui venait d'enterrer la hache de guerre avec l'un de ses pires ennemis, Brienne de Tarth. Au moins pour cette journée dans la tanière des Lannister. Il tapota doucement l'encolure de l'âne puis fit vœu de silence le restant de la marche.

«Brave petite.» Chuchota Emerys pour elle-même, ravie d'apprendre qu'elle retrouvera bientôt la plus jeune des Stark.

Leur balade commençait à devenir longue à cause du stress et de l'anxiété augmentant à chaque pas plus près de leur destin. Plus proche de Cersei et des négociations dangereuses. Epuisés après des jours de cavale dans le grand Nord mais aussi en mer, la plupart des hommes cessèrent toutes discussions mise à part Tyrion Lannister qui avait toujours quelque chose à raconter dans n'importe quelle circonstance, même les plus difficiles comme celle-ci.

«Et nous voilà. Les héros de la bataille de la Néra. Drôle d'endroit pour une réunion.» Dit-il d'un reniflement faussement amusé lorsqu'il aperçût les tentes rouges et or au loin entre les décombres.

Emerys se sentit soudainement toute petite face à cette immense construction qui se dressait dorénavant devant eux au milieu des palmiers et des plantes verdoyantes du Sud. Elle entendit vaguement Bronn, Podrick et Tyrion discuter de cette fameuse bataille de la Néra avec humour mais elle n'avait d'yeux que pour les soldats qui gardaient cet endroit colossal de tout intrus à la maison Lannister. Elle suivit tranquillement Sandor et la charrette sur le côté tandis que son regard fasciné traînait sur la vieille pierre noircie de cette arène en ruine.

«Si quelqu'un touche à ça, je te tue en premier. C'est clair ?» Menaça le Limier en jetant un regard noir au jeune soldat Lannister qui devait garder un œil sur la cargaison sacrée.

«Il ne plaisante pas. Fait attention.» Assura Emerys d'un haussement de ses sourcils au garçon effrayé.

Sa longue cape noire traînait derrière elle alors qu'elle se rapprochait lentement des trois grandes tentes au milieu de l'arène à l'abandon, sachant pertinemment qui se tenait sous la plus grande d'entre elles. Malgré qu'elle montre une image forte et impassible d'elle intérieurement Emerys appréhendait énormément cette nouvelle rencontre qui pourrait vite tourner au drame. Ses yeux parcoururent le vaste endroit vide pendant que ses pieds la conduisirent derrière Brienne et Sandor, les mains cachées à l'intérieure de ses manches amples.

Devant le piédestal s'enfonçait un escalier qui menait directement sous l'arène et ainsi à l'entrée. Rapidement, les Conseillers de Daenerys prirent place sous les tentes à l'abri du soleil de plomb, prenant chacun un siège en attendant l'arrivée de leur souveraine en retard. Aucun ne prit la parole durant ce précieux temps. Ils étaient trop occuper à scruter l'autre pour voir qui était le véritable ennemi en ces lieux renfermant des souvenirs d'un passé peu scrupuleux.

Et il ne fallut qu'un bref instant à Emerys pour trouver celle qui hantait son esprit depuis des mois.

Cersei était tranquillement assise sur le siège du milieu, celui qui était le plus imposant et le plus garder de tous. La femme dominatrice observait les nouveaux venus pénétrant son sanctuaire d'un petit sourire victorieux qu'elle connaissait que trop bien malheureusement. Celui que tout le monde désirait retirer de son visage fin reflétant l'ingratitude, la cruauté et la soif de pouvoir. Ses cheveux blonds courts, sa robe grise et noire, la couronne argent sur le haut de sa tête, la Reine intimidante immobile sur sa chaise aspirait la confiance en soi.

Les battements de son cœur pulsaient farouchement dans ses oreilles alors que son regard s'attardait sur Cersei Lannister à seulement quelques pas de là. Elle pouvait sentir son sang courir dans ses veines, la haine et la peur la balayer de haut en bas par vagues sans fin. Juste là, à porter de main ... Il suffirait d'un seul choix pour réduire à néant la cause de tous ses soucis mais aussi de la douleur d'un peuple tout entier.

Puis leurs regards se croisèrent enfin.

C'était comme une décharge d'émotions. Le petit sourire méprisable de Cersei mourut instantanément tandis qu'elle fixait ses yeux verts perplexes sur Emerys entre le Sans-Bannière Thoros de Myr et Theon Greyjoy dans la tente à sa droite. Son frère Jamie assis à sa gauche remarqua également la présence de la femme aux cheveux platines car l'instant d'après, il concentra toute son attention sur elle au lieu de leur abominable petit frère balafré qui osait se présenter ici après toutes ses conspirations et ses meurtres.

Cersei ne pouvait décrocher son regard dérisoire de cette femme qui était autrefois prisonnière de Port-Réal. Prisonnière des Lannister. Malgré les quelques chuchotements de Jamie pour la faire revenir à l'instant présent ses yeux restaient poser sur elle, se remémorant les derniers évènements mais surtout pourquoi elle haïssait tellement cette Targaryen. Une femme qui avait comploté avec son ennemi et qui s'était joué d'elle à plusieurs reprises lors de sa captivité. Elle libéra silencieusement sa gorge oppressée avant qu'un petit rictus ne tire les traits de son visage presque sans imperfection.

«Et vous oser présenter ça à mon visage.» Constata-t-elle avec dégoût à peine dissimulé.

«Elle fait partie des plus proches Conseillers de Daenerys Targaryen. Elle a sa place parmi cette réunion.» Tyrion prit la parole avant que la situation ne dégénère, plissant les yeux de défiance pour que sa terrible sœur ne commence pas avec les vieilles rancunes.

«Peu importe qui elle est. Je me fiche de savoir de quoi elle est capable. Ce n'est rien d'autre qu'une petite chienne et elle le restera. Il en est de même pour ce lâche de Clegane. Ils n'ont pas leur place sur nos terres.» Fulmina cette dernière avant qu'un nouveau petit sourire vicieux n'étire ses lèvres lorsqu'elle vit de l'effroi se refléter sur le visage d'Emerys.

La Montagne.

L'homme de plus de deux mètres de hauts, en vie si on pouvait le dire comme ça, se tenait derrière le siège de Cersei. Vêtu d'une armure noire et argent de la tête aux pieds, le géant et l'ainé des Clegane venait de prendre un pas en avant pour rencontrer son jeune frère Sandor qui avait deux trois mots à lui dire en face à face. Depuis ce terrible combat sanglant ... Emerys avait la sensation que ses membres s'étaient figés dans de la glace. La terreur s'empara brutalement de son estomac tandis que son mari marchait sans crainte vers cette chose miraculeusement ressuscité.

Cela semblait grandement satisfaire Cersei qui ne se priva pas de montrer sa réjouissance de la voir en si mauvaise posture devant son garde du corps massif. Toutefois Emerys s'en fichait car la seule chose qui la préoccupait dorénavant c'était la Montagne et le Limier. A cette distance, elle ne pouvait pas entendre ce que Sandor lui disait mais d'après ses expressions du visage ce n'était pas pour de charmantes retrouvailles fraternelles. De temps à autre il tournait la tête dans sa direction puis la désignait à l'aide de son index avant de grogner au visage de Gregor imperturbable par ses insultes et demeurant silencieux comme d'habitude.

Sa tête tournait, sa peau transpirait abondamment sous le tissu de sa robe. Emerys sentait le sol se dérober sous ses pieds mais à aucun moment elle ne flancha sous son poids. Elle pensait que sa terreur allait finir par la rendre folle jusqu'à ce qu'elle ne trouve les yeux de l'eunuque assis sagement sur la chaise à côté de Tyrion et de Missendei. Il lui donna un bref signe négatif de sa tête, cherchant à lui faire comprendre qu'il ne fallait pas faiblir maintenant, pas si proche du but. Ce qu'elle comprit assez aisément.

«T'avises même pas de la regarder !» Hurla soudainement Sandor en poussant la poitrine de Gregor.

Ce cri inattendu effraya Emerys mais aussi Jamie qui se leva d'un bond pour venir s'interposer entre les deux mercenaires à deux doigts d'engager un combat non désiré. Jon en fit de même en séparant Sandor puis en lui ordonnant subitement d'aller récupérer la fameuse cargaison sous l'arène à l'abri des regards, le plaidant de ne pas faire d'actes irréfléchis faisant obstacle à leurs précieuses négociations.

Le Limier obéit mais non sans offrir un dernier regard noir à son horrible frère zombie impassible devant ses menaces pourtant bien réelles qu'il n'hésitera pas à appliquer s'il osait encore une fois poser ses yeux rouges sang sur Emerys. Sur le point d'exploser, il se dépêcha de rejoindre l'escalier tout en évitant de regarder sa femme qui se tenait impuissante sous la tente. Elle ne craignait rien avec tout ce monde autour, assez de gens se souciaient suffisamment d'elle pour la protéger de Cersei et de la Montagne.

D'un grognement agacé, Sandor disparu sous l'arène.

De son côté Emerys se trouvait dans un état second. Entre le cauchemar et la réalité, elle essayait de se frayer un chemin vers sa santé mentale fragile. Ses mains refusaient de s'arrêter de trembler contre ses cuisses alors qu'elle regardait de sous ses cils l'homme brutal hideux beaucoup trop proche pour être à l'aise. Elle ignorait ce qu'était le pire dans cette situation. De revoir celui qui se faisait couramment appeler la Montagne ou de devoir refaire face à Cersei et à son sourire prétentieux inoubliable. Dans les deux cas c'était un traumatisme tout entier.

Perturbée à bien des égards, elle faillit ne pas remarquer l'arrivée fracassante de sa Reine si Drogon n'avait pas soulevé des quantités astronomiques de poussière dans l'arène pendant qu'il entamait une descente vers le sol. Ses puissantes ailes battirent les airs tandis que ses rugissements assourdissants faisaient échos sur les dernières ruines encore debout. Ceux qui n'étaient pas angoissés étaient étrangement hypnotisés par la créature mythique. Absolument tous les regards étaient portés sur le dragon immense et sur la petite silhouette accrochée à son cou trapu.

Pour certains réjouis et pour d'autres effrayés.

Enfin rassurée maintenant que la Mère des dragons était là, Emerys jeta un coup d'œil à Cersei pour voir qu'une fois encore elle avait perdu son éternel petit sourire mesquin pour le troquer contre une expression qui avoisinait la stupéfaction. Cette fois-ci ce fût à elle de sourire de victoire alors que la respectable Daenerys Targaryen descendait tranquillement de son perchoir pour venir s'assoir sur la seule chaise libre sous la tente principale, à quelques mètres à peine de Cersei Lannister indifférente devant sa noblesse.

Une telle prestance que personne ne pouvait nier.

Drogon s'envola pour rejoindre son frère Rhaegal dans les airs et disparaître derrière les nuages épais après avoir instaurer la crainte dans les cœurs adverses. Le vent souffla brutalement pendant un court moment avant de revenir à la légère petite brise tiède du Sud. Emerys observa attentivement les échanges de regards que se faisaient les deux Reines refusant de communiquer ou même de se saluer convenablement. Cependant Cersei n'avait aucunement peur de Daenerys et donc elle ne se priva guère de lui faire une réflexion sur le temps d'attente jusqu'à sa venue.

«Toutes mes excuses.» S'excusa poliment la Reine aux cheveux argentés.

Emerys prit un profond souffle qu'elle expira lentement par le nez. La tension étant à son apogée, les gardes Lannister en armure noire et argent paraissaient beaucoup plus menaçants à présent. Ses yeux sombres parcoururent pensivement le ciel grisâtre ainsi que les décombres de cette arène qui lui était inconnu. Elle n'avait jamais aperçût ce vestige de guerre durant son emprisonnement dans la capitale, comme quoi Port-Réal ruisselait de trésors anciens auxquels elle n'avait jamais eu droit d'approcher.

«V-vous pensez qu'ils parlent de quoi ?» Interrompit la petite voix timide de Theon Greyjoy à sa gauche.

Emerys baissa les yeux pour voir que Cersei et Jamie discutaient à voix basse tout en regardant fixement Daenerys et Jorah Mormont. Ils s'interrogeaient sans doute sur la fiabilité de cette Reine. Ils étaient assez discrets pour ne pas attirer l'attention toute entière sur eux néanmoins Jon finit par s'en rendre compte et donc il acquiesça rapidement à Tyrion pour qu'il prenne la parole et ne commence cette maudite réunion.

«Je l'ignore. C'est dans ces moments-là où je préfère être ailleurs. Loin de cet endroit infernal.» Répondit Emerys en suivant du regard le demi-homme engagé se positionner devant Cersei et Jaime.

«Moi aussi.» Murmura l'homme à ses côtés qui baissa immédiatement les yeux au sol en signe de soumission. Puis il tendit l'oreille aux prochains mots étranges de la femme intrigante.

«Tout flivoreux allaient les borogoves. Les verchons fourgus bourniflaient. Prends garde au Jabberwocky, mon fils. A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent. Le jeune homme, ayant pris sa vorpaline épée, cherchait longtemps l'ennemi manziquais...*» Récita paisiblement Emerys sans décrocher ses yeux pénétrant de la Montagne.

«Qu'est-ce que ça signifie ?» Chuchota Theon hébété par ce drôle de langage.

«Un poème sur le courage. Il détermine la grandeur de l'âme.» Lui répondit-elle pour finalement s'intéresser au sol plutôt qu'à Gregor Clegane, brisant ainsi le charme dans lequel elle se trouvait.

«J'en aurais bien besoin.» Soupira l'homme martyrisé au regard fuyant.

La jeune femme sourit tristement à cette réplique. Le pauvre avait suffisamment souffert dans sa vie mais il tenait désespérément à gagner sa rédemption auprès de son frère Jon, un acte de courage inégalable. Cependant ses sourcils se froncèrent lorsqu'un homme qu'elle n'avait même pas encore remarqué assis de l'autre côté de Cersei interpela Theon en ignorant délibérément Tyrion qui avait pris la parole. Ce type odieux lui rappela qu'il détenait encore sa sœur et qu'il n'hésitera pas à la tuer s'il ne se soumettait pas à ses désirs, une demande complètement hors de propos.

«Commençons peut-être par des soucis plus graves.» Raisonna Tyrion, perplexe. Il jeta un rapide coup d'œil à Jamie qui se contenta de lui donner une secousse de la tête.

«Alors pourquoi tu causes ? Tu es le plus petit de nos soucis !» Ridiculisa Euron en se levant de son siège avec paresse, un sourire narquois sur son visage grossier. Il vit le nain regarder Jon puis Varys avant de s'arrêter sur la femme en noir proche de Theon. Il poursuivit.

«Ta petite copine ici présente ne me fait pas peur. Elle peut devenir ce qu'elle veut, je m'empresserais de la clouer définitivement au sol. Dragon ou pas, ça ne change rien du tout.» Menaça-t-il tranquillement, les yeux parcourant le corps sinueux d'Emerys avant de revenir sur le petit homme à ses pieds.

«Vous vous souvenez quand on évoquait les plaisanteries sur les nains ? Il explicite la blague, ça ne se fait pas, ça ruine la chute.» Tyrion leva les bras puis se tourna vers les autres à la recherche d'un peu d'aide pour revenir sur le vif du sujet et éviter de se concentrer sur Emerys.

«Il n'a pas d'humour.» S'empressa de dire Theon, les yeux plissés à l'ordure qui se faisait appeler Euron Greyjoy.

«Les choses comme toi on s'en débarrasse aux Iles de Fer. On t'aurait éliminé à la naissance. Un acte de pitié pour les parents.» Poursuivit vicieusement Euron en se penchant d'avantage vers Tyrion, satisfait de voir une forme de douleur se former dans son regard.

«Ça suffit ! Laissez-le !» Clama vivement Emerys qui prit un pas en avant, déterminée à le défendre malgré les risques évidents.

Elle en avait plus qu'assez des moqueries et de la méchanceté gratuite envers un homme qui n'en méritait aucunement. Assez de devoir écouter ces horreurs sans avoir le droit de répliquer. Il était temps de se lever pour les plus faibles. Elle reçût un regard reconnaissant de la part de Daenerys et de Tyrion mais pas de Jon ni de Varys trop soucieux pour la suite. L'instant d'après, Euron se tourna brusquement vers elle pour la pointer du doigt.

«Toi, oui toi. Tu dois être cette fameuse Emerys Raven don tout le monde parle. L'abomination, la traitresse. Tu as juste la chance d'être là ! Mais si tu continues à l'ouvrir, je peux te garantir que tu n'en auras plus pour bien longtemps.» Siffla-t-il entre ses dents, ses yeux bleus glaces promettant qu'il tenait toujours parole.

«Vous devriez vous assoir.» Sollicita Jamie agacé par cet homme rebutant.

«Même si je partage votre avis allez vous assoir ou allez-vous en. Le sujet des traîtres ne concerne pas cette réunion.» Soutint Cersei d'un petit sourire hautain quand les yeux de la Mère des dragons s'écarquillèrent légèrement à cette déclaration.

Emerys devint vite mal à l'aise sous le regard insistant de Daenerys mais aussi de celui de Jon, Varys et de Jorah, tous nerveux. Alors elle revint sous sa tente pour laisser la chance au demi-homme de parler affaire sans que personne n'intervienne. Invraisemblablement heureux d'avoir mis son grain de sel, Euron retourna s'assoir auprès de sa Reine mais ne détourna jamais son regard rempli de convoitise de celui défiant de la femme aux cheveux d'argent. Jusqu'à ce que la Montagne derrière leurs sièges ne prenne un pas en avant pour rappeler qu'il était là.

La gorge d'Emerys se serra atrocement à la vue de cette chose terrifiante qui s'amusait injustement avec elle. Aucun état d'âme. Il savait qu'il la terrorisait, elle pouvait sentir son regard froid sur elle depuis tout à l'heure. Elle voulait lui arracher les yeux et la peau, lui faire regretter amèrement tous ses affreux coups porter à son corps. Les heures d'agonie ... Mais aussi les nombreux viols sur des femmes incapables de se défendre, les terribles blessures par le feu infligé à son jeune frère, les massacres d'innocents, les mutineries, les tortures ... La mort n'était même plus un châtiment pour lui.

Elle revint rapidement au présent lorsqu'une main vint se poser sur son bras frissonnant au contact. Une main appartenant à Thoros de Myr. Le Prêtre ne la regardait pas mais avait sans doute sentit son épouvante et son envie de meurtre grâce à son aura surdéveloppé. Il lui donna une pression significative sur le bras puis s'intéressa à nouveau sur la conversation animé entre Tyrion, Cersei et Jon, tous cherchant à avoir le dernier mot sur leurs opinions personnelles concernant les Royaumes mais surtout la guerre imminente.

Jusqu'à ce que la Reine du Sud ne se moque des gens pauvres et de leur vulnérabilité.

Emerys ferma tristement les yeux en entendant cela, intérieurement soulagée que Jon ne laisse pas passer cette moquerie subtile aussi facilement malgré sa position compromettante. Cersei ne désirait strictement rien entendre de toute cette histoire saugrenue sur les marcheurs blancs. Elle n'y croyait absolument pas, pensant qu'il ne s'agissait que d'une vulgaire stratégie pour approcher la capitale et elle en l'occurrence.

«Une question de survie ... Vous voulez me demander une trêve le temps de repousser la menace ? C'est tout ?» Ricana sèchement Cersei en se tournant vers Daenerys, ignorant le Roi du Nord et ses plaidoiries inutiles.

«Oui, c'est tout.» Acquiesça-t-elle lentement.

«C'est très sérieux. Si ça ne l'était pas je ne serais pas venu.» Poursuivit Jon en prenant un pas en avant pour montrer qu'il n'était pas sur le point d'abandonner.

«Je crois que tout cela est une mauvaise plaisanterie. Difficile d'évaluer la situation avec mes armées rappelées à Port-Réal, comme vous le solliciter si gentiment. Vous pensez pouvoir marcher sur le sol de la capitale comme si de rien était avec d'anciens ennemis à la Couronne et venir me demander une trêve ? Comment suis-je censée faire confiance avec ça ?» Cersei leva pensivement le menton puis regarda Emerys au loin, un sourire aigre.

«Vous avez ma parole que la capitale ne sera pas touchée tant que la menace au Nord persiste.» Riposta Daenerys sans faiblir devant le ton hostile de l'autre Reine suspicieuse.

«La parole d'une aspirante usurpatrice !» Renvoya aussitôt Cersei.

«Aucune conversation ne saurait effacer les cinquante dernières années. Ou les méfaits passés.» Tyrion marcha jusque devant les deux Reines pour clôturer les échanges d'animosité. Les bras croisés dans le dos, il leva les yeux vers Emerys pour voir qu'elle était accablée devant les accusations à tords de Cersei. Il se racla la gorge puis revint à sa sœur méfiante.

«Il faut qu'on te montre quelque chose.» Et avec cela dit, Sandor refit surface avec la cargaison sur son dos.

Extrêmement lourd et encombrant, il rencontra quelques difficultés à enjamber l'escalier toutefois il atteint sa destination en posant la grande boite à une distance de sécurité des tentes. La curiosité remplaça soudainement l'agressivité verbale de l'ensemble des personnes présentes. Les yeux suivirent chacun des mouvements du Limier jusqu'à ce que le verrou ne glisse pour ouvrir le couvercle de la boite.

Un grand suspens s'installa sur l'ensemble de l'arène.

A suivre ...

Je suis désolée d'avoir coupé le chapitre à ce moment-là, je sais que ce n'est pas très logique mais mon chapitre devenait beaucoup trop long QwQ (pourtant j'ai écourtée ...) Et je préfère le faire en deux parties car il me prend énormément de temps à concevoir et je ne pense pas que vous aimez attendre.

Donc je vous dis à bientôt pour la suite et sans doute le dernier chapitre de ce tome ! Que du suspense même si vous vous en doutez de la suite lol Mais comment réagira Emerys ? Tiendra-t-elle sa langue ? Ou son identité ?

*Le poème est celui du Jabberwocky écrit par Lewis Carroll pour AIW. Petit Easter Egg !

++ VP

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top