Chapitre 2
Suite !
Ce chapitre et le suivant seront particulièrement intéressants aux niveaux des mystères et des découvertes surprenantes. Le doute s'installera, tout comme la peur et enfin l'espoir.
Chapitre 2
Sandor ne s'attendait pas à retrouver l'intérieure de la maison aussi désastreux, comme laisser à l'abandon depuis des mois.
Des ordures jonchaient le sol crasseux, une fine pellicule de poussière s'était installée sur les quelques meubles encore debout dans la pièce principale. C'était une ambiance très particulière. Morbide avec le vent qui soufflait contre le toit en chaume et qui se faufilait en travers quelques petites ouvertures, créant ainsi des sifflements aigus. Evidemment, il fallait qu'il ait raison sur le sort tragique de cette petite famille qui essayait juste de survivre pendant l'hiver.
Il se poussa pour laisser les hommes de Béric passer tout en resserrant sa cape autour de ses épaules quand il ressentit un frisson d'inconfort le long de sa colonne vertébrale, les yeux sur les meubles poussiéreux. Il faisait très froid dans la maison et les quelques babioles qui trainaient par-ci par-là n'étaient pas d'une grande valeur.
«Trouve le garde-manger !» Cria l'un d'eux en arrière-plan.
Le Limier soupira par le nez puis s'avança timidement dans la pièce centrale en soufflant dans ses mains pour se réchauffer, le sentiment de déjà vu de plus en plus grand dans sa poitrine. Il ne s'attendait absolument pas à revenir chez le paysan et sa fille, surtout pas après ce qu'il avait fait ... D'ailleurs, où étaient-ils ?
Ses yeux se posèrent ensuite sur le corps d'Emerys accroupit au-dessus de deux cadavres contre le mur dans le coin gauche de la pièce. Son cœur se serra douloureusement lorsqu'il se rapprocha et comprit qu'il s'agissait en fait de l'homme et de sa fille réduits à de vieux squelettes. Sa femme fixait les deux morts d'une expression durcie, la lèvre inférieure légèrement tremblante soit par le froid soit par l'émotion, Sandor n'était pas sûr.
Béric fut le dernier à enter dans la maison en claquant la porte derrière lui. La première chose qu'il fit était de regarder autour de lui où ils avaient tous atterrit lors de cette nuit glaciale, cherchant tout signe de vie du propriétaire des lieux pour demander asile. Finalement son bon œil se posa sur les deux cadavres emmitouflés dans de pittoresques couvertures remplis de trous. Il s'approcha doucement puis vint se mettre à côté de Sandor, un petit sourire attristé aux lèvres à cette néfaste découverte, la main sur le pommeau de son épée à sa hanche.
«Comment tu crois qu'ils ont finis ?» Questionna-t-il en regardant entre le Chien aigri et les squelettes en passant par Emerys également accroupit.
La femme ne leva pas les yeux sur lui ni même ne prononça un seul mot, elle se contenta de joindre les mains devant elle et de commencer une petite prière.
«Par mourir.» Répondit sèchement le Limier, les yeux fixés sur les morts avec amertume. Il entendit Emerys murmurer des mots incompréhensibles tout en mettant le bout de ses doigts contre ses lèvres, les yeux hermétiquement fermés.
«La gosse est dans les bras de son père. Père et fille sont plein de sang, un couteau à leurs pieds. A mon avis ils mourraient de faim et plutôt que de la voir souffrir, il a préféré la tuer avant de se tuer.» En conclue Béric, examinant minutieusement la scène jusqu'à s'arrêter sur ledit couteau rouillé.
«Elle s'appelait Sally.» S'exclama Emerys en reniflant bruyamment lorsque les larmes décidèrent de déborder de ses yeux noirs.
Elle passa le dos de sa main tremblante sous son nez humide puis se leva et marcha rapidement loin des deux hommes mais surtout loin des morts qu'elle connaissait très peu. Impossible pour elle de rester en présence des autres quand elle montrait l'un de ses moments de faiblesses. C'était ce qu'elle avait appris de son séjour forcé à Port-Réal. Les questions, toujours et encore les questions, elle ne pouvait pas les affronter maintenant.
Sandor la suivit tranquillement du regard mais ne fit rien pour l'arrêter, il ne savait pas quoi lui dire de toute façon car il était un peu fautif de ce résultat tr agique. Une boule se forma subitement dans sa gorge. Il n'aimait pas la voir en souffrance, surtout quand il en était à l'origine. Même si son esprit se demandait pourquoi il s'inquiétait pour si peu, son cœur lui en disait autrement. Les remords peut-être ? Comme le disait si bien Thoros de Myr il se ramollissait avec l'âge mais surtout à cause d'Emerys.
Béric leva les sourcils à la jeune femme qui prit la fuite puis regarda ensuite le Limier à côté de lui avec cette même expression ahurie sur son visage ridés, quelque peu surpris par ce que venait de dire Emerys. Toutefois il n'était pas réellement choqué par l'attitude désinvolte du Limier malgré que son regard le trahisse.
«Vous les connaissiez, pas vrai ?» Interrogea-t-il lorsqu'il vit Sandor serré la mâchoire, les yeux au sol.
«Ils ont croisés notre route il y a un temps, mais ça n'a plus d'importance.» Répondit-il platement en détournant le regard loin des cadavres, ne supportant plus la vue d'eux.
«Ça n'a plus d'importance.» Répéta lentement Béric qui plissa la lèvre dans un sourire triste, son œil regardant une dernière fois les morts avant de les recouvrir d'un drap qu'il récupéra sur le sol à leurs pieds.
Sandor rechercha Emerys dans la maison mais la femme n'était plus là, sans doute ressortit à l'extérieur pour aller se changer les idées. Dans ce froid glacial ? Dans le noir des plus complets ? Il n'appréciait guère cette idée et cela se voyait à son expression tourmentée. Il soupira puis après avoir jeté un bref regard contrarié à Béric, il se décida à la suivre mais non sans maudire dans sa barbe car le froid était intense dehors et il craignait pour sa femme et sa santé fragile.
Lors de sa sortie, il claqua la porte en bois dans son sillage.
Emerys pleurait en silence, adossé contre le mur de la chaumière loin des regards. Elle posa sa tête en arrière contre la pierre puis expira calmement par la bouche, ravalant sa tristesse d'un déglutissement difficile. De la buée se forma à chaque expiration qu'elle faisait tandis qu'elle cherchait un moyen immédiat de ralentir les battements erratiques de son cœur.
La peur, la colère, le désespoir, un mélange qui ne présageait absolument rien de bon. Elle se concentrait de toutes ses forces pour ne pas craquer. La sueur froide glissait le long de ses omoplates puis sur ses vertèbres, ce qui laissa une sensation poisseuse sur sa peau à cause des nombreuses couches de vêtements.
La concentration, tout n'est qu'une question de concentration Emerys. Faite confiance à vous-même. Vous savez où se trouvent vos propres limites. Gardez cette haine en vous jusqu'au jour de la libération. Votre libération. Notre libération à tous.
Oui. La maîtrise de soi, comme le lui avait si bien enseigné Varys.
Son cœur battait la chamade, elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine d'une minute à l'autre. Cette colère ... Inexpliquée. Ce n'était vraiment pas évident mais Emerys devait à tout prix se ressaisir et ne pas se laisser envahir par cette vague de haine qui la rongeait petit à petit. Les images de son village, les massacres, son viol, la prison, Cersei Lannister, la Montagne, ces deux cadavres ...
Elle frappa à plusieurs reprises sa tête contre le mur, des gémissements s'échappant de ses dents serrées alors qu'elle se forçait à revenir à elle-même avant qu'il ne soit trop tard pour faire marche arrière. Elle voulait crier, hurler. Ses mains tremblaient incrotrolablement sous l'immense pression qui ressurgissait soudainement des recoins les plus sombres de son être, celui qu'elle essayait désespérément de cacher du reste du monde pour des raisons de sécurité.
Vous savez où se trouvent vos propres limites.
Bientôt, ses larmes s'asséchèrent pour ne devenir que de simples petits reniflements. Elle bloqua sa respiration. Le froid engourdissait lentement ses joues rougies puis ses dents se mirent à claquer lorsque le vent hivernal souffla dans ses cheveux ainsi que sur le peu de peau exposé. Le coup de chaud étant passé, elle avait terriblement froid maintenant. Emerys glissa ses mains le long de ses bras couverts puis marcha un peu autour du terrain tout en tentant de se réchauffer par friction.
Tout était silencieux, mort. Pas un bruit d'animal mais juste le vent et le bruit des flocons qui s'écrasaient doucement contre ses vêtements sombres. La peine dans son cœur était immense et inconfortable sans compter la culpabilité qui frappait continuellement son cœur déjà bien pesant. Cet homme et sa gentille petite fille ne méritaient certainement pas une mort aussi affreuse ...
Emerys soupira faiblement puis s'aventura à l'arrière de la maison où elle, Sandor et Arya avaient dormis à l'époque. Il n'y avait plus de paille dans la grange ni même la petite table sur le côté, ils avaient sans doute été pilier. Cet endroit entraînait bien des souvenirs, pas tous mauvais en fin de compte.
Après un petit moment de contemplation et un sourire mélancolique, elle ressortit de la grange à l'abandon pour aller se promener dans la petite cour qui menait autrefois à un potager. Evidemment avec la neige et le froid, ce n'était plus qu'un désert de glace.
Des bruits de pas lourds derrière elle l'alerta qu'elle n'était plus seule dorénavant. Emerys resserra sa prise sur son grand manteau puis se tourna pour être accueillis par Sandor Clegane. Il avait l'air agacé et grincheux comme la plupart du temps mais ses yeux reflétaient de l'inquiétude à son égard. Subtile mais bel et bien présent. Il s'arrêta devant elle d'un hochement de tête en scrutant les environs avant de finalement baisser les yeux dans ceux d'Emerys.
«Ils sont en train de préparer un feu à l'intérieur. Tu devrais aller te réchauffer, il fait trop froid dehors.» Déclara-t-il en se raclant nerveusement la gorge. Il ne supportait pas l'émotion qui luisait dans les yeux sombres d'Emerys.
Il y eu un moment silencieux entre eux suite à cette déclaration. Sandor ne décollait pas son regard du visage de sa femme qui elle regardait aux alentours, apparemment nostalgique. Elle avait froid, il le voyait bien, mais quelque chose d'autre l'interpela.
Ses sourcils se creusèrent alors qu'il prit en compte la sueur sur son front ainsi que ses joues rougies. Etait-elle malade ? Avait-elle de la fièvre ? Il sera son poing à ses côtés, tenté de lever la main pour toucher son front et voir si effectivement elle avait de la fièvre mais il se ravisa. Elle agissait étrangement maintenant qu'il y pensait, son regard constamment perdu dans le lointain. Mais avant même qu'il ne puisse lui poser la question, elle rouvrit la bouche.
«Penses-tu que les choses auraient pu être différentes ?» Emerys reprit la parole pour changer radicalement de sujet. Elle leva les yeux lorsqu'il soupira fortement, son souffle chatouillant son visage.
«Ils ne méritaient pas de mourir, pas comme ça.» Sandor cligna des yeux puis sentit un pincement au cœur quand il vit de nouvelles larmes dans les yeux de sa femme.
«Je crois toujours au destin Sandor. Toujours. Même si certains choix semblent cruels ou inutiles, ils nous mènent quand même vers de nouveaux horizons. Mais je m'en veux terriblement Sandor, je crain de n'avoir rien fait de bon et j'ai peur de faire les mauvaises décisions maintenant. Tu avais raison depuis le début.» Murmura-t-elle, la gorge douloureusement compressée sous le poids de l'émotion.
Elle détourna rapidement le regard embrumé de larme loin de son mari incertain, n'acceptant pas la vérité que peut-être elle devenait mauvaise.
Il avait raison depuis le début. Même si par moment ses choix ne semblaient pas judicieux ou correctes ils s'avéraient toujours vrais, quel qu'en soit le prix. Il savait que le paysan et sa fille ne survivraient pas à l'hiver et donc d'une certaine façon l'argent ne leur servait plus à rien ... Elle regrettait de lui avoir dit toutes ces choses horribles et de lui avoir crié au visage alors qu'il ne cherchait qu'à survivre dans ce monde sans valeur.
Sandor ne savait que dire. Sa bouche s'ouvrait et se refermait mais il était à une perte de mot face aux aveux d'Emerys. Elle regrettait ce qu'elle lui avait dit il y a plus d'un an alors qu'ils vadrouillaient dans les Eyrié avec Arya Stark ? La première chose qui lui vint à l'esprit était de rire de la situation. A vrai dire il ne savait même plus quelles insultes elle avait utilisé et de plus il s'en fichait royalement.
Oui c'était ignoble de frapper le pauvre paysan, oui le vol et le mensonge étaient impardonnables, mais c'était du passé maintenant. Même s'il regrettait amèrement ses actes aujourd'hui. Merde, pourquoi avait-il toujours raison ?
Ne supportant plus la vue de la femme en émoi, Sandor baissa momentanément sa garde pour entourer ses bras autour d'Emerys et la plaquer contre sa poitrine. Une accolade plutôt maladroite, mais il s'améliorait de jour en jour avec le temps passé en sa présence. Il voyait bien son combat interne et sa culpabilité mais elle n'avait pas à ressentir toutes ces choses car il n'était pas quelqu'un de bien, il ne l'avait jamais été malgré qu'elle refuse de l'admettre.
Doucement, le Limier passa sa main dans le dos d'Emerys puis posa son menton sur sa tête d'un autre soupir de contentement, véritablement affecté par ses émotions. Il essayait tant bien que mal de lui apporter un peu de réconfort dans cette chaleureuse accolade. N'ayant jamais été très doué avec les mots, il préférait donner le contact physique qui suffisait généralement à sa femme pour se sentir mieux. Il prit soigneusement son menton entre son index et son pouce puis la força à lever les yeux vers les siens.
«Tes choix n'ont rien à voir là dedans. Tu n'es pas fautive, tu n'aurais rien pu faire pour eux. Ils étaient condamnés de toute manière. Si ce n'était pas à cause de l'hiver, c'était les voleurs.» Expliqua-t-il calmement dans sa voix grave et rassurante tout en passant affectueusement son pouce sur le menton d'Emerys. Il sourit fébrilement puis se pencha en avant pour planter un petit baiser sur ses lèvres froides, goûtant à ses larmes salées.
Emerys hocha la tête et lui rendit son petit sourire, acceptant silencieusement ses paroles. L'injustice avait toujours régné dans cet univers et ce n'était pas prêt de changer malheureusement. La loi du plus fort, elle l'avait bien compris avec le temps.
Le Chien l'entraîna ensuite avec lui de retour vers la petite maison où la cheminée en pierre laissait échapper de la fumer provenant du feu à l'intérieur. Il était congelé et ne sentait presque plus ses extrémités ! Un frisson lui parcourut l'échine lorsque le vent souffla plus fort et qu'il apporta une nouvelle vague de flocon avec lui. Il sentit Emerys trembler contre lui alors il la colla plus fermement contre sa hanche, un bras autour de ses épaules jusque dans la maison.
L'intérieur était tout de suite beaucoup plus chaud et chaleureux avec le feu crépitant dans la cheminée. Les hommes de Béric avaient trouvés le garde-manger miraculeusement épargné par les voleurs. Pas grand-chose ne restait mais c'était amplement suffisant pour faire une petite fête improvisée. Les éclats de rires moururent au moment où Sandor et Emerys passèrent le seuil de la porte, des cristaux de glaces dans leurs cheveux.
«Et voici le retour des amoureux !» S'écria joyeusement Thoros en brandissant sa chope de bière en l'air, un clin d'œil ludique au Limier.
En face de lui, Béric rit tranquillement à l'expression endurcie de Sandor suite à cette petite moquerie pas bien méchante car elle s'avérait véridique. Il suivit du regard le couple passant devant la table rempli d'hommes puis vers la cheminée pour se réchauffer.
Sandor murmura quelque chose à l'oreille de la femme platine devant les flammes puis après lui avoir embrassé le front, il s'éloigna d'elle et alla s'assoir en face de Béric dans un grand soupir las, toisant froidement chacun des hommes qui le dévisageaient.
Sans un mot il récupéra la cruche sur la table, un verre ainsi qu'un vieux bout de pain, sentant sur lui le regard pesant de Béric et de ce fichu Prêtre rouge qui le scrutait sous toutes les coutures. Il s'attendait à une sorte de réflexion ou une plaisanterie de leur part suite à ses gestes affectifs mais rien ne vint, jusqu'à ce qu'il croisa l'œil de Béric sans vraiment le vouloir et à ce moment-là il maudit intérieurement.
«Ça fait vraiment longtemps que je te connais Dondarrion. Je connais ce regard.» Commença-t-il en croquant dans son morceau de pain rassit. Il voyait bien que l'homme se retenait de lui dire quelque chose alors autant en finir tout de suite.
«Ouais. Je t'ai rencontré la première fois à un tournois je crois bien ...» Répondit l'homme avec le bandeau, un sourire amusé aux lèvres.
«Je pensais que tu étais un véritable casse couille. C'est pas que t'es un mauvais bougre, j'ai pas de haine pour toi. Mais je t'aime pas, mais tu n'es pas un mauvais gars.» Continua Sandor sur sa lancée, pas le moins du monde perturbé par les rires de Thoros, d'Emerys et de Béric. Pour une fois qu'il essayait d'être gentil.
«L'éloquence lui fera toujours défaut.» Baragouina le Prêtre à l'un des hommes à côté de lui, mais le Limier l'ignora délibérément.
«Merci Clegane, ça me réchauffe le cœur !» S'enthousiasma faussement Béric en hochant respectueusement la tête à sa déclaration.
Emerys sourit puis leva les yeux dans ceux de Thoros, lui aussi amusé par la petite conversation entre son chef et l'ancien mercenaire. Les hommes autour d'eux riaient mais pas seulement à cause de la petite taquinerie du soir mais aussi à cause de l'alcool qui circulait dans leur sang. Bientôt la plupart roupillait sur le sol tandis que d'autre sortait prendre l'air, laissant le quatuor à leur petite querelle.
«Mais ce qui es sûr, c'est que tu n'as vraiment rien de spécial.» Poursuivit tranquillement Sandor en secouant la tête, une grimace aux lèvres alors qu'il mâchait grossièrement son bout de pain.
«Tu crois pas si bien dire.» Se défendit rapidement Béric, son pied jouant dans la saleté sur sol.
«Alors pourquoi ton Maître de la lumière te ramène d'entre les morts ? J'ai rencontré des hommes meilleurs que toi et qui ont finis pendus à une poutre.» Questionna le Limier en levant les sourcils, vraiment désireux de connaître la réponse.
Thoros s'arrêta immédiatement de sourire puis passa son regard de Béric à Sandor puis finalement sur Emerys assise au coin du feu, emmitouflé dans son manteau. La femme platine détourna le regard des hommes à la table pour regarder uniquement dans les flammes du feu. Elle déglutit difficilement au rappel cruel, n'aimant pas où s'aventurait la conversation mais Sandor continua.
«Où décapiter ... Où qui sont morts en se chiant dessus sur le champ de bataille. Ils n'ont jamais réapparus eux.» Poursuivit-il doucement en regardant ses mains jointes sur la table, quelque peu attristé par cette constatation. Béric leva la tête puis plissa son œil lorsque le Chien soupira ; «alors pourquoi toi ?»
«Tu crois que je ne me le demande pas ? Chaque jour que le Maître fait, pourquoi je suis là ? Je suis supposé faire quoi ? Qu'est-ce que le Maître attend de moi ? Pourquoi est-elle là, avec nous aujourd'hui ?» Cita-t-il comme s'il s'attendait à recevoir une réponse de nulle part en pointant du doigt Emerys à la fin de sa phrase.
«Et ?» Insista Sandor en levant les sourcils.
«J'en sais rien du tout. Je ne comprends pas notre Maître.» Conclut Béric en regardant à nouveau le Limier dans les yeux, la confusion lisible.
«Ton, Maître !» Sandor mit l'accentuation sur le «ton» car il n'aimait pas être inclus dans leur petit délire de Maître de la lumière.
«Je ne sais pas ce qu'il attends de moi. De nous tous. Je sais seulement qu'il veut me garder en vie pour une raison.» Renchérit Béric en hochant pensivement la tête.
«Si ton Maître est tellement puissant, pourquoi est-ce qu'il me dit pas ce qu'il veut, bordel à queue !» Grogna le Chien entre ses dents, de plus en plus agacé par la conversation stupide.
«Peut-être qu'il te l'a déjà dit.» Coupa subitement Thoros en baissant les yeux sur Emerys près du feu, un autre de ses sourires malicieux aux lèvres. Les deux hommes en conflits suivirent du regard la personne qu'il désignait puis fixèrent la femme platine déconcertée par cette soudaine attention.
«Mais laisse-là en dehors de ça, tête de nœud de Prêtre.» S'impatienta Sandor en soupirant exagérément, claquant une main contre la surface lisse de la table.
A chaque fois il fallait que Thoros de Myr inclus Emerys dans des conversations qui ne lui était pas destinée à la base ! Elle n'avait pas besoin d'avoir encore plus de soucis à se faire, ni de questions à se poser, elle avait déjà assez souffert comme ça. Il savait à quel point cela la stressait d'être le centre de l'attention.
Thoros ricana à cette réponse digne du Chien. Il ne manquait pas de mordant et n'en loupait pas une seule ! Il commençait sérieusement à l'apprécier ce gars-là. Gardant son petit sourire niais en coin il se leva du banc pour aller s'accroupir à côté d'Emerys, les yeux bleus rivés dans les flammes. Il sentait le regard intense de la femme à côté de lui mais il ne dit rien, il continua de fixer les flammes ardentes contenues dans la cheminée.
«Clegane, vient par ici.» Dit-il soudainement sans se retourner vers l'homme en question. Lorsqu'il ne vit aucun mouvement de sa part, il tourna la tête vers lui puis leva les yeux au plafond ; «ne craint rien, le feu ne vas pas te mordre.»
Emerys serra la mâchoire au commentaire déplacé de ce dernier qui lui laissa un goût amer en bouche. Certes Sandor était assez grand pour se défendre mais elle n'avait jamais apprécié les moqueries des gens à son égard. Que ce soit sur la cicatrice à son visage, son caractère, ou sa phobie du feu. Alors elle ne pouvait s'en empêcher.
Elle fusilla littéralement Thoros du regard, plissant ses yeux accusateurs à l'homme désinvolte. Il ne fallut pas longtemps pour qu'il devienne mal à l'aise sous son regard glacial, préférant garder ses yeux sur son chef et le Chien toujours assis plutôt qu'elle.
Toutefois le Limier soupira puis se leva mais il ne s'approcha pas pour autant du feu crépitant dans la cheminée. Hors de question qu'il rejoigne le Prêtre près de son pire ennemi depuis toujours, le feu ravageur.
«J'ai quelque chose à te montrer.» Insista Thoros en indiquant avec sa tête les flammes.
«J'ai pas de veine à finir avec une bande d'adorateur du feu de médeux.» Grommela Sandor en fixant le cyclope en face de lui.
«Ouais, à se demander si ce n'est pas la justice divine.» Renchérit Béric, un sourire ridicule.
«Y a pas de justice divine grosse merde de rat, sinon t'aurais trépassé depuis longtemps !» Sandor grimaça de colère puis baissa les yeux sur Thoros et Emerys toujours assis devant le feu. Il vit sa femme se retenir de rire en détournant la tête mais il pouvait voir qu'elle serrait les lèvres pour ne pas commenter cette réponse hilarante pour certains, blessante pour d'autres. Grâce à ça il reprit un peu plus confiance en lui pour dire la chose suivante.
«Et cette gosse aurais pas été tué.» Poursuivit-il en se levant du banc et en jetant un rapide coup d'œil aux deux squelettes couverts sur le côté.
Emerys baissa les yeux dans les flammes avec une petite pointe de douleur dans son cœur. Elle resserra timidement sa prise sur son manteau, frissonnante légèrement lorsqu'elle sentit une brise froide dans la maison. Il n'y avait rien dans le monde pour faire partir sa tristesse et sa colère dorénavant, son envie de vengeance encore plus grande que lorsqu'elle était dans les griffes de Cersei.
Sandor vint se placer contre le mur derrière elle assez loin du feu mais il pouvait néanmoins voir les flammes de la où il se tenait à présent. Suffisamment proche pour voir le monstre de ses pires cauchemars en personne. Il regarda un instant la femme accroupit puis posa ensuite ses yeux bruns craintifs sur Thoros de Myr qui lui tournait le dos.
«Qu'est-ce que tu veux !» Pressa le Limier en jetant son menton dans sa direction.
«Regarde dans les flammes.» Encouragea Thoros en donnant un second signe de tête vers le feu, son coude sur son genou.
«Je ne veux pas regarder dans tes maudites flammes !» Sandor déglutit difficilement en disant cela puis serra la mâchoire lorsqu'il vit qu'Emerys le regardait avec peine.
Maudite femme ! Il haïssait recevoir ce genre de regard et elle le savait. Pourtant elle voulait lui dire quelque chose, il le voyait bien à sa façon de le regarder mais curieusement elle ne dit rien et continua plutôt de le fixer avec cette même expression pénible pour lui.
«Tu as vus comment je suis revenu d'entre les morts après que tu m'as tué, tu ne veux pas savoir ce qui me donne ce pouvoir ?» Renchérit Thoros.
«Je le demande sans arrêt et personne ne veux me répondre.» Rétorqua sarcastiquement le Limier en observant la réaction de Béric qui restait silencieux à la table.
«On ne peut pas te répondre, seul le feu peut le faire.» Objecta Thoros qui jeta un rapide coup d'œil à Emerys, cherchant une certaine reconnaissance faciale.
La femme en question leva les yeux vers lui puis fronça légèrement les sourcils, essayant de comprendre où il voulait exactement en venir avec ces propos douteux. Il y avait quelque chose en cet homme qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer encore, quelque chose de puissant et d'inexplicable. Cela l'effrayait plus qu'elle ne voudrait l'admettre.
Soudainement et après quelques hésitations de plus, Sandor se rapprocha jusqu'à se tenir juste derrière Emerys, une main soutenant son poids contre le mur de pierre de la cheminée et les yeux rives dans le feu crépitant. Il le contempla non sans réticence mais comme il s'y attendait, il ne vit rien d'autre que des flammes.
«Qu'est-ce que tu vois ?» Interrogea Thoros à voix basse.
«Des buches qui brûlent.» Se moqua le Chien en faisant part de l'évidence même, ne jouant pas le jeu ridicule.
«Regarde bien.» Chuchota ensuite le Prêtre.
Sandor Clegane perdait vraiment patience avec lui mais tout à coup, il devint plus calme alors que ses yeux se perdaient dans les flammes ardentes du feu rougeoyant. Tous les muscles de son visage se détendirent et son expression changea en quelque chose de bien plus sombre, perdant son attitude flegmatique.
Emerys n'avait jamais vu cette expression chez lui et elle commençait sérieusement à avoir peur de ce qu'il voyait réellement. Elle examina attentivement Thoros mais il n'avait d'yeux que pour les flammes et sans doute son Maître de la lumière, inconscient du changement brutal du Limier. Sandor déglutit à nouveau puis sa prise sur la pierre devint plus forte alors qu'il se penchait lentement vers l'avant comme s'il ne craignait plus son ennemi le feu.
«Qu'est-ce que tu vois ...» Chuchota une nouvelle fois le Prêtre.
Ses sourcils se creusèrent d'avantage aux paroles de l'homme mais le Chien recula lentement tout en donnant une secousse de la tête, stupéfié par ce qu'il voyait.
«De la glace, un mur de glace ... Le Mur.» Expliqua-t-il sans sourciller, devenant de plus en plus nerveux à chaque nouvelle image terrifiante qui défilait dans les flammes.
Béric se tourna vers le Limier concentré et perdit immédiatement son sourire suite à ses mots tout comme Thoros de Myr. Les deux hommes ne pensaient pas que le Maître de la lumière allait offrir des visions à Sandor Clegane, du moins pas aussi facilement. C'était sans doute parce qu'il avait une excellente raison de le faire. Emerys quant à elle sentit son cœur manquer un battement, ses yeux noirs s'humidifiant face à l'étrangeté de la situation.
«Et quoi d'autre ?» Pressa Thoros en baissant d'une octave car il craignait de rompre le charme avec le Dieu du feu.
«Je vois le Mur, je vois l'endroit où le Mur rencontre la mer ! Il y a un Château ...» Sandor s'arrêta car des braises s'envolèrent soudainement hors des flammes, l'effrayant hors de sa rêverie passagère. Il recula instinctivement mais ne détourna pas pour autant le regard du feu qu'il trouvait attractif, il poursuivit.
«Il y a une montagne, pointue comme une tête de flèche. Je vois les morts qui passent, des milliers de morts qui marchent. Je vois une ombre immense planer au-dessus des morts. C'est sombre, rapide et silencieux. Le feu qui ravage tout sur son passage et ...» Il s'arrêta brusquement lorsque Béric se leva du banc et vint se mettre à ses côtés.
«Et maintenant tu me crois Clegane ?» Demanda-t-il en fixant le Limier perturbé encore perdu dans ses hallucinations.
Le visage inquiet d'Emerys se tourna vers Thoros qui lui continuait de fixer victorieusement Sandor après ce qu'il venait de vivre grâce aux pouvoirs phénoménaux de son Dieu. L'homme au visage marqué n'avait pas fini. Il avait vu d'autres choses dans le feu qu'il, pour une raison étrange, ne souhaitait pas divulguer. Mais cet air horrifié restait sur son visage habituellement renfrogné. Ce qui pouvait être extrêmement déroutant étant donné que l'homme Clegane ne craignait presque rien en ce monde.
Sandor secoua lentement la tête dans la négation, incapable de retirer ses yeux du feu où il avait vu des choses atroces et inexplicables. Il ne comprenait pas exactement ce qu'il avait vu mais une chose était sûre dès à présent, ils n'étaient nulle part en sécurité. Que ce soit dans le Nord ou dans le Sud. Il y avait une menace bien réelle au-delà des murs.
Mais ce n'était pas cette découverte qui le rendait aussi alarmer.
La femme platine à côté de lui avala rapidement sa salive, le cœur battant douloureusement dans sa poitrine car la tension entre eux était de plus en plus difficile à supporter, presque palpable. Elle renifla dans une piètre tentative d'effacer sa peur se manifestant par des larmes puis décida de se lever pour partir de la pièce.
Mais la main du Prêtre vola à son bras, l'arrêtant net dans son mouvement.
A suivre ...
Merci pour la lecture !
VP
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