Chapitre 17
Mercii pour vos commentaires !
Chapitre 17
«Vous n'auriez jamais dû me sauver la vie.»
Emerys se tourna vers l'homme qui venait de s'exprimer dans son dos. Thoros de Myr n'avait pas bonne mine. Son visage était d'une pâleur inquiétante, les yeux creux, une légère claudication dans sa démarche néanmoins cela ne l'empêchait pas de sourire apparemment.
«Peut-être. Mais en attendant je suis heureuse d'avoir fait ce choix qui n'appartenait qu'à moi. Que vous le croyez ou non, j'ai fini par vous apprécier. Prêtre adorateur du feu.» La jeune femme cligna de l'œil puis imita le sourire sympathique de son interlocuteur qui marchait dorénavant à côté d'elle.
«Vos forces sont importantes Emerys. Vous avez une tâche à accomplir, R'hllor me l'a montré. Vous ne devez pas gaspiller vos pouvoirs sur un piètre Prêtre tel que moi simple serviteur des Dieux.» Au manque de réaction d'Emerys, Thoros posa une main sur son bras pour qu'elle s'arrête et lui fasse face ; «j'insiste. Ce n'était pas mon destin. Je savais que ma vie prendrait fin dans ces montagnes, je m'y étais préparé. Vous devez apprendre à faire des sacrifices pour le bien du peuple. Apprendre à faire des choix.»
«Votre destin, leur destin à tous.»
La chaleur monta dans ses joues.
«Votre vie a-t-elle si peu de valeur à vos yeux ? Ne voyez-vous donc pas l'opportunité qui s'offre à vous grâce à mon don ? Posez-vous les bonnes questions Thoros de Myr. Qui êtes-vous pour me donner des leçons de moralité ? Nous mourrons tous un jour mais peut-être que votre moment n'était pas celui auquel vous pensiez. La destinée n'est pas écrite sur un bout de parchemin. Elle dépend de vos décisions mais aussi de celles des autres qui vous entourent.» Murmura Emerys d'une pointe d'agacement dans sa voix, les sourcils levés. Elle pencha la tête sur le côté puis retira la main du Prêtre sur son bras pour avancer. Cependant il reprit d'un petit ricanement.
«C'est ça que j'aime chez vous Emerys. Votre spontanéité. Vous avez de la bonté en vous, vos paroles sont sages. Et je ne cesserais de croire que certaines de nos croyances tournent autour de vous. Oh non, ne me regardez pas comme ça, vous avez un rôle important. Je continuerais d'y croire et de croire en vous jusqu'à la fin. Alors même si votre choix était audacieux et allait à l'encontre de mes principes, je tenais quand même à vous remercier de m'avoir épargné.» Rétorqua aussitôt Thoros en déambulant jusqu'à la femme, acceptant volontiers la gourde de rhum qui lui était tendue par Jorah Mormont.
«Et ça ne tenait vraiment qu'à ça ?» Soupira longuement Emerys, claquant ses bras contre ses cuisses de désinvolture. Elle capitulait.
«Exactement. Cependant je n'en pense pas moins sur la valeur de ma vie.» Thoros répéta le clin d'œil de la jeune femme, cachant son sourire grandissant derrière sa gourde.
«Fort bien !» S'exaspéra cette dernière en jetant ses mains en l'air.
«Je pense que vous nous l'avez sacrément énervée. Une femme en colère n'est jamais bon signe.» Remarqua doucement Jorah alors qu'il regardait la femme échauffée en question s'éloignée vers l'avant du cortège.
«Vous verrez que la colère peut être vraiment très utile en cas de pépin. Emerys a un fort caractère quand elle le souhaite.» Renifla le Prêtre d'une autre gorgée de sa boisson pour se réchauffer de l'intérieur, encore endolori par les blessures qui cicatrisaient plus rapidement. Il rendit ensuite la gourde à Jorah tandis que les deux s'égarèrent dans une conversation autour des exploits passés.
Emerys s'arrêta aux côtés de Sandor lorsque Tormund et Jon Snow se précipitèrent en haut de la crête après avoir vu ou entendu quelque chose. Intriguée, elle se déplaça sur la droite jusqu'à se tenir contre un rocher pour voir ce qui avait soudainement attiré leur attention loin du chemin. En contre-bas de leur position, marchant plus ou moins en silence dans la neige, un groupe de morts-vivants suivait la rivière sinueuse. Sa gorge se serra instantanément à la vue de ces créatures terrifiantes. Ils n'étaient pas très nombreux mais suffisants pour faire des dégâts si jamais ils décidaient de s'en prendre à eux.
Enfin, ils en avaient trouvés.
«Où sont les autres ?» Chuchota Jon Snow accroupit.
«On va bientôt le savoir si on attend un peu.» Répondit rapidement Tormund en se tournant vers le Roi du Nord qui acquiesça à sa proposition.
«Combien sont-ils ?» Interrogea le Limier qui venait de les rejoindre sur la crête, s'arrêtant juste à côté de sa femme assise dans la neige à contemplée les morts ici-bas.
«Une dizaine. Mais il va nous falloir un appât.» Déclara nonchalamment le rouquin en passant sa manche sous son nez rougis par le froid. Suivant cette dernière indication, un long silence s'ensuit.
Puis toutes les têtes se tournèrent automatiquement vers la seule femme du groupe.
Emerys avala nerveusement sous leurs regards inquisiteurs et leurs sourires complices. Evidemment.
Ils erraient dans cette neige dans un seul et unique but. Des corps pour la plupart au stade de décomposition, il s'agissait d'hommes morts au combat ramenés à la vie d'une certaine façon grâce aux pharamineux pouvoirs du grand Maître. Pas de cœur pour les animés, juste par la pensée. Les cadavres boitant suivaient dans le plus grand des silences leur chef aux cheveux d'argents qui se frayait un chemin entre les montagnes, sachant parfaitement vers où se diriger pour rejoindre l'armée des morts.
Ses yeux bleus brillants sans vie se posèrent soudainement sur une silhouette assise aux bords d'un petit feu de camp près de la rivière. Il leva sa main grisâtre pour stopper le reste du groupe avant de pencher la tête sur le côté, inspectant la scène. Une femme frissonnait au coin de ce petit feu, frottant activement ses mains le long de ses bras pour essayer de se réchauffer. Que faisait un humain seul au beau milieu des montagnes verglaçantes ?
Le chef émit un léger grognement tandis que la femme en manteau noir leva les yeux dans les siens pour se figer de terreur. Elle se leva d'un bond sur ses jambes puis sans attendre, elle courut dans la direction opposée à la leur mais avant même qu'il ne puisse donner l'ordre à ses subordonnés d'attaquer, plusieurs autres humains bien en vie s'élancèrent hors de leur cachette d'un grand cri de guerre.
Ils avaient été pris en tenaille, un vulgaire piège !
Jon Snow se jeta immédiatement sur le chef des morts-vivants mais ce dernier contra facilement son coup d'épée à l'aide de son pique de glace. Tous les hommes se jetèrent sans relâche sur les cadavres qui portaient tous des armes sans exception. Ils devaient impérativement les désarmés pour espérer une victoire. Les lames s'entre choquèrent violemment, les coups s'échangèrent, les deux camps révoltés s'opposaient.
Emerys se dépêcha de s'éloigner loin de la bataille qui faisait fureur à seulement quelques pas d'elle. Son cœur menaçait d'imploser dans sa poitrine à l'excès d'euphorie. Elle avait servi d'appât pour ces monstres inhumains assoiffés de pouvoirs ! De plus, ils se battaient sans même ressentir la moindre fatigue, c'était d'une très grande injustice et vouait les batailles à l'échec. N'avaient-ils donc aucun point faible mise à part le verredragon et le feu ?
Le feu ...
Emerys déglutit tandis que son regard se déporta sur Gendry et Tormund en train d'étêter des morts à l'aide de leurs massues. Béric et Thoros utilisèrent une fois de plus leurs épées incendiaires pour se mêler à la bataille qui faisait rage. A chaque mort tranché en deux il n'y avait pas de sang, simplement des grognements ainsi que des bruits d'étouffements caractéristiques. Il n'y avait absolument aucune étincelle de vie en eux, pas même infime, juste des marionnettes qui obéissaient bien sagement à leur Maître suprême.
Jon poussa le chef des marcheurs blancs avec son coude puis balança ensuite son épée dans le corps de celui-ci déstabilisé pendant un court instant qui ne put s'éloigner à temps. D'un cri étranglé, il se désintégra en morceaux de glaces à ses pieds. Ce qui eut pour effet une réaction en chaîne. Jorah fût enfin libéré de l'emprise du mort qui le tenait par la gorge lorsqu'il s'écroula sur la neige dans un tas d'ossements inertes en même temps que tous les autres autour d'eux.
Sauf un.
Le dernier des morts qui avaient miraculeusement «survécu» tournait sur lui-même à la recherche d'une échappatoire. Ses yeux opaques cherchaient frénétiquement un moyen de fuir mais les hommes l'entourèrent calmement, à bout de souffle après tous ces efforts pour liquider ses semblables.
«C'est la dernière fois que je sers d'appât !» S'irrita Emerys une fois sortie de sa cachette pour rejoindre les autres au centre. Elle croisa les bras sur sa poitrine puis regarda comme Tormund poinçonna son poing dans le visage du cadavre pour qu'il s'écroule et que Sandor se jette sur lui.
«C'est la dernière fois.» Accorda le Roi du Nord d'un sourire fantomatique. Toutefois il revint rapidement sur le mort sous le Limier quand ce dernier laissa sortir un cri aigu assourdissant.
Abasourdis mais surtout torturés par ce hurlement terrible, Sandor s'empressa de coller son gant contre la bouche du cadavre pour qu'il cesse de crier de la sorte sauf que sa mâchoire se décrocha sous sa forte poigne. Dorénavant écœuré de découvrir une substance collante sur ses doigts heureusement couverts, il jeta d'abord un petit coup d'œil à Jon puis ensuite à Emerys avant de fourrer son gant dans la bouche tordue du mort pleurnichard. Cessant enfin son cri assommant pour se rendre compte que d'autres hurlements lointains s'élevaient dans les airs, répondant aux appels de détresse de l'un des leurs.
Emerys leva subitement les yeux vers Jon quand elle sentit le sol trembler sous ses pieds. Perplexe, elle retint son souffle dans sa poitrine, la tension augmentant d'un cran. Elle remarqua le regard alarmé du Roi qui se concentrait sur quelque chose derrière elle, de l'autre côté des montagnes là où leurs pieds se rencontraient. Elle n'osa pas se retourner pour voir de quoi il s'agissait exactement, les visages graves des hommes lui suffisait amplement pour se faire une idée.
L'armée des morts.
Complètement paniqués, Tormund, Béric et Sandor se pressèrent pour ligoter le mort prisonnier ensuite Jorah glissa rapidement un sac sur sa tête dépourvu de cheveux. Jon s'adressa à Gendry, lui implorant de repartir pour Fort-Levant afin qu'il envoie d'urgence un corbeau à Daenerys pour qu'elle sache ce qui venait de leur arriver. Refusant d'abord de les abandonner, Gendry finit par accepter après avoir confié sa massue à Tormund pour qu'il puisse courir beaucoup plus vite dans la neige.
«Et maintenant ?» S'alarma Emerys, la respiration erratique tandis qu'elle fixait l'immense cumulus sombre à l'horizon. Ils s'approchaient très vite.
«On court !» Hurla Tormund d'un geste de sa main vers le lac gelé, le seul endroit facile d'accès entre ces dangereuses montagnes.
Sandor s'empara hâtivement du mort qu'il balança sans douceur sur son épaule gauche puis ferma la marche avec Béric et Thoros. Malheureusement le Prêtre rencontrait des difficultés pour courir donc Emerys le rejoignit sans hésitation pour lui venir en aide, ignorant les réprimandes sévères de ce dernier qui lui sommait de ne pas se laisser ralentir. Elle l'épaula avec Béric juste derrière Sandor et Anguy jusqu'à ce qu'ils atteignent tous le bord du fameux lac.
«Stop !» Jorah s'arrêta de justesse cependant certains n'eurent pas le bon réflexe à temps.
Sandor et Tormund glissèrent sur la glace qui venait tout juste de se fendre sous leurs poids conséquents, des sillons blancs se formant sous leurs bottes. D'un rapide coup d'œil panoramique autour d'eux, ils constatèrent qu'ils étaient dans un énorme cul de sac et qu'il n'y avait plus aucune chance de rebrousser chemin.
Jon Snow se retourna vers les morts en nombre incalculables qui couraient précipitamment dans leur direction. Un nuage noir de marcheurs blancs rugissants de colère, prêts à les mettre en pièces les uns après les autres. Ils étaient coincés sans aucune chance de repousser la menace !
Sans attendre une seconde de plus, Jon et les autres traversèrent le lac gelé pour tenter de rejoindre le rocher au centre de celui-ci. Peut-être leur seul moyen d'éviter la mort. La glace craquait affreusement à chacun de leur pas mais ne céda pas, leur permettant ainsi de poursuivre leur chemin tout en priant les Dieux pour qu'ils atteignent ce maudit roc avant que les morts ne les rattrapent sur la glace.
Ils escaladèrent le rocher puis se réfugièrent tous sur le point le plus haut. Enfin presque tous. Emerys eut juste le temps de voir qu'un Sauvageon avait été violemment happé par les cadavres ambulants et qu'ils sombraient sous la glace qui venait de se fendre sous les poids supplémentaires. Stoppant la totalité des morts-vivants dans leur course effrénée pour les rattraper.
A la place, ils se dispersèrent tout autour du lac dorénavant devenu très instable pour être franchi. Des blocs de glaces s'étaient brisés et avaient entraînés de nombreux marcheurs blancs dans les profondeurs abyssales, exposant les risques aux autres créatures démoniaques. Les hommes angoissés formèrent un cercle avec Thoros, Emerys et leur prisonnier au centre pour d'avantage de protection. Leurs armes menaçantes tendues vers les morts maintenant immobiles, ils étudièrent le terrain vague ainsi que les possibilités qui s'offraient à eux.
Et il n'y avait pas grand-chose à vrai dire.
Mise à part attendre un miracle, ils ne pouvaient rien faire d'autre que de patienter sagement que la glace ne se reforme pour pouvoir espérer s'enfuir par les montagnes. Mais comment prendre la fuite avec tous ces morts qui attendaient justement le moment opportun pour charger ?
«Et maintenant, que faisons-nous ?» Une question qui demeura sans réponse.
Jon Snow déglutit péniblement. Ils étaient tous pris au piège ici. Il ne s'agissait que d'une question d'heures avant que la glace ne se reforme pour ouvrir un passage aux marcheurs blancs. En tout cas il espérait de tout son être que Gendry arriverait à temps pour prévenir la Reine Daenerys et que cette dernière décidera en leur faveur. La confiance avait été créée mais suffira-t-elle pour leur porter secours aujourd'hui ? Un soupir accablé se glissa de son nez tandis que son regard inquiet examinait avec attention la multitude de cadavres autour du lac.
Finalement ils abaissèrent les armes après la première demi-heure sans attaque. Toutefois cela ne les empêcha pas d'être constamment sur leurs gardes, la peur et l'incertitude retournant leurs estomacs vides. Le silence s'installa rapidement dans la vallée. Le soleil caché par les épais nuages de neige disparaissait lentement pour faire apparaître les premiers signes d'une nuit mouvementée.
Emerys encercla ses bras autour de ses genoux puis les serrèrent fermement contre sa poitrine, le regard perdu sur la glace fragile. Elle n'entendait que quelques petits grognements par-ci par-là, ce qui était assez surprenant car les marcheurs blancs devaient être des milliers actuellement. D'un coup d'œil méfiant, elle vit qu'ils ne bougeaient pas, ils attendaient patiemment aux bords, leurs yeux bleus brillants dans la pénombre oppressante.
«Qu'attendent-ils ? A quoi peuvent-ils bien penser en ce moment en nous regardant ? Coincés sur ce rocher, au milieu d'un lac gelé à attendre la mort par le froid.» Déclara-t-elle solennellement en serrant la mâchoire à ses propres questions. Elle ne parlait à personne en particulier cependant ce fût Jorah qui répondit.
«C'était un piège depuis le début. C'est pour cette raison que notre prisonnier est toujours là. Ils voulaient que nous l'attrapions pour pouvoir nous localiser. Ils sont malins.» En disant cela, il leva les yeux vers les morts vivants, tiquant ses doigts contre ses genoux également repliés.
«Il est malin.» Corrigea subitement le Roi du Nord en s'asseyant à côté d'Emerys. Il offrit un faible sourire puis reprit d'une voix plus calme ; «j'ai vu leur Maître. Le Roi de la Nuit. Il les contrôle tous.»
«Il n'y a qu'un enfoiré dans l'histoire. Lui et ses p'tits copains aux cheveux blancs.» S'enquit Tormund derrière eux, utilisant sa massue comme d'une canne pour pouvoir se tenir debout aussi longtemps dans la même position.
«Alors qu'est-ce qu'on attend pour le fumer, ce fumier ?! Si tout ça est de sa faute, toute cette saloperie, pourquoi on ne le crève pas à coups de massues ? Ferme ta gueule !» S'agaça le Limier en frappant son coude dans le cadavre ligoté qui se tortillait furieusement à côté de lui.
«Bien-sûr Clegane. Après-toi, je t'en prie ! Je te fais le serment que personne ne te regrettera.» Ricana allègrement Thoros de Myr tout en désignant le paysage chaotique notamment les morts qui les encerclaient. Suite à sa moquerie subtile, il reçut un regard noir du Chien en question mais également de sa femme aux cheveux platines.
«Si tout était aussi facile dans la vie, nous ne serions pas là aujourd'hui. Le destin nous joue parfois des tours.» Raisonna Béric d'un sourire aigre.
«Je pourrais être tranquille dans mon plumard, accompagné de deux jolies filles de joie. Dans une taverne bien au chaud avec un grand verre de vin. Mais je suis ici avec vous dans la misère et la peur à attendre des secours qui n'arriveront jamais. C'est malheureux la vie.» Soupira Anguy dans une piètre tentative d'alléger l'atmosphère et le moral général.
Ce qui n'eut bien évidemment pas l'effet escompté.
Sauf pour Emerys qui s'autorisa un véritable sourire à sa déclaration. C'était d'une simplicité son rêve, un rêve que bons nombres d'hommes partageaient d'ailleurs. Ses yeux se décalèrent automatiquement sur Sandor assis à côté de leur prisonnier nerveux. Son expression du visage montrait qu'il était exaspéré par la situation désavantageuse mais en réalité il essayait de cacher son inquiétude et sa peur derrière cette facette de gros dur à cuire. Tout en continuant de le regarder pensivement, elle s'exprima.
«J'ai un message pour vous Jon Snow. Vous êtes attendu à Winterfell.» Se rappela-t-elle en avalant sa salive au souvenir de sa vision avec Bran. Elle décala ensuite ses yeux sur le visage parsemés de flocons du Roi souriant avec sincérité.
«Je n'en doute pas.» Dit-il ensuite, sachant exactement de quoi Emerys voulait parler.
A la nuit tombée, les hommes se blottirent les uns contre les autres pour s'apporter mutuellement de la chaleur, bravant le froid du mieux qu'ils pouvaient pour survivre jusqu'au lendemain. Combien de temps encore ? Les morts ne partiront jamais de leur plein gré, c'était certain. Néanmoins ils pouvaient continuer d'espérer de l'aide de la part de la Mère des Dragons si Gendry avait fini par atteindre sa destination pour envoyer le fameux corbeau messager.
Sandor s'appuyait actuellement contre Jon Snow et Emerys. Ils tremblaient tous. Le froid ne les épargnait pas ni ce vent terriblement glacial qui soufflait continuellement sur chacun d'eux malgré le cercle restreint. Il resserra doucement son emprise sur la femme niché contre son flanc droit alors qu'il fusillait littéralement du regard les nombreux cadavres immobiles.
La fatigue prenait rapidement le dessus jusqu'à ce qu'il ne tombe dans un sommeil agité. Ils se réveillaient tous automatiquement à chaque bruit et à chaque grognement suspect, prêts à bondir en cas d'attaque. Le pire restait leur prisonnier. Il ne cessait de geindre et de gigoter pour tenter de se libérer de ses liens, ce qui empêchait les hommes de prendre un peu de repos durant cette nuit insupportable.
Emerys était la seule à ne pas dormir. Elle fermait les yeux puis se concentrait sur la chaleur que dégageait le Limier, ne pouvant s'empêcher de sourire à ce doux constat vivifiant. Il avait toujours été très chaud, une source de chaleur à lui tout seul. C'était ce qu'elle se plaisait à lui dire quand ils vivaient autrefois dans ce village paisible dans les Eyrié alors que toute cette problématique sur les morts n'existait pas encore chez eux. Claquant des dents à la brise fraîche, elle s'enfonça d'avantage dans les bras de l'homme costaud tandis que Tormund décida de prendre place à côté d'elle avec Béric.
Le cadavre vivant n'était pas le seul à gémir durant la nuit. Les blessures de Thoros étant toujours présentes sur son corps, le Prêtre ne pouvait s'empêcher d'avoir des souffles laborieux à la douleur constante. Bien sûr que c'était moins grave mais elles restaient tout de même très contraignantes surtout avec ce froid mordant et cette anxiété qui stagnait sur eux. Donc il utilisa le rhum comme d'un réconfort le temps que la lumière ne réapparaisse enfin à l'horizon.
Aux premières lueurs matinales du soleil, la glace du lac scintilla dans les yeux de ceux qui étaient conscients. Le froid n'avait eu raison d'aucun des hommes cette nuit-là. Jorah Mormont frissonna contre le Roi du Nord à moitié endormi puis ouvrit difficilement les yeux pour regarder l'étendu de morts toujours immobiles aux bords du lac.
«Combien de temps devrons-nous encore attendre ici ?» Maugréât la seule femme du groupe entre ses dents claquantes, frictionnant ses mains le longs de ses bras couverts. A côté d'elle, Sandor se redressa d'un soupir las.
«Le temps qu'il faudra.» Répondit Thoros d'un coup d'œil suggestif à Emerys, ce qui ne passa pas inaperçu à Béric Dondarrion également éveillé.
L'homme en question échangea un drôle de regard avec son acolyte mais avant de pouvoir ouvrir la bouche pour approfondir le fond de sa pensée à la femme dubitative, le Limier se leva brusquement pour aller jeter son pied dans les côtes du cadavre prisonnier qui ne cessait de gesticuler dans tous les sens. Il émit un son plaintif, ce qui entraina une réaction en chaîne de la part de tous les marcheurs blancs aux alentours à la surprise générale.
Jon Snow ouvrit les yeux à son tour, quelque peu surpris. Il laissa sortir le souffle qu'il retenait dans sa poitrine tandis que son regard se perdit une fois de plus sur l'ennemi menaçant. Ils ne tiendront plus très longtemps à attendre comme ça dans le froid. Il était d'ailleurs étonnant que personne n'avait succombé à ces températures mortelles sans feu ni réelle source de chaleur !
Après avoir dévisagé les centaines de morts, Sandor se pencha vers Thoros pour lui prendre la gourde des mains et boire une gorgée de sa pisse de chat alias la boisson qu'il osait appeler du rhum. Le Prêtre leva les yeux au ciel à ce geste. Il ne changera jamais malgré l'intervention quotidienne de sa charmante femme aux manières délicates. En pensant à elle, il se tourna vers cette dernière qui n'avait d'yeux que pour le Roi du Nord extrêmement inquiet tout à coup. Il fût rejoint par Jorah pour pouvoir entretenir une conversation discrètement.
«Maître de la lumière, viens à nous dans les ténèbres. Car la nuit est sombre et pleine de terreur.» Récita calmement Béric, les yeux clos.
«Ton Maître ne peut pas nous donner un peu de feu ?» Soupira Tormund d'une secousse désespérée de sa tête.
Sandor grimaça à la suggestion, nerveux à l'idée d'être trop proche d'un feu. Le rocher était à peine suffisant pour contenir tous les hommes alors si en plus ils ajoutaient un feu ... D'un léger grognement de désaccord, le Chien se dirigea vers le bord de la roche jusqu'à ce que le bout de ses bottes ne touche la glace du lac gelé. Il sentit Emerys venir se mettre à côté de lui mais ne baissa pas les yeux pour autant, trop occupé à contempler la mort en face qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs.
«Il faut qu'on ramène cette chose.» S'exclama Jon en désignant le prisonnier aux pieds de Thoros de Myr. Il ajouta ; «un corbeau vole vers Peyredragon à l'instant où nous parlons. Daenerys est notre seule chance.»
«Non. Nous avons une autre chance.» Rétorqua rapidement Béric.
Les visages se tournèrent vers le borgne qui arborait un petit sourire conquis sur son visage. Une fois certain d'avoir l'attention de tout le monde sur lui, il se tourna ensuite vers Emerys à côté de Clegane. Perplexe et mal à l'aise d'être le centre d'attention, la jeune femme se décala d'une jambe à l'autre alors qu'elle regardait hâtivement entre Jon, Thoros, Jorah ainsi que Béric. Ses souffles prirent de la vitesse, son rythme cardiaque augmenta considérablement. Sur le point d'exprimer sa confusion et son mal-être, le Prêtre la devança.
«Ou alors le tuer.» Proposa-t-il en tendant le bout de son épée vers la petite colline qui surplombait le lac, là où cinq cavaliers observaient attentivement dans le plus grands des calmes. Du coin de l'œil il put voir qu'Emerys était reconnaissante de son intervention.
«Vous n'avez pas compris.» Jon secoua négativement la tête, vaincu. Le fameux chef des marcheurs blancs était présent dans le lot.
«Le Maître nous a ramené, moi aussi il m'a ramené. Emerys est là pour une seule et unique raison. Nous sommes tous ici pour accomplir notre devoir. Personne d'autres que nous. L'a-t-il fait pour nous voir mourir de froid ?» S'agaça Béric.
Emerys fronça doucement les sourcils aux mots de l'homme sage tout en resserrant ses bras autour d'elle, ses expirations formant de la condensation dans l'air glacial. Elle pouvait sentir la tension que dégageait son mari agacé qui ne se priva pas pour donner un bout de son esprit au reste de la bande.
«Les Dieux que j'ai connu étaient tous des connards. Je vois pas pourquoi le Maitre de la lumière n'en serait pas un.» Dit-il amèrement, imitant la posture rigide de sa femme au sourire grandissant suite à sa réflexion acerbe.
Elle ferma les yeux pour se concentrer sur le vent soufflant dans les montagnes. Le vent apportait toujours des nouvelles du monde. Peu importe la distance, peu importe les croyances, il suffisait d'être ouvert dans l'âme pour percevoir les vibrations environnantes. Sa respiration s'aplanit alors qu'elle se consacrait entièrement au rythme régulier et lent de son cœur logé au fond de sa poitrine. Les bruits autour d'elle s'estompèrent, des formes élémentaires se dessinèrent à l'intérieur de ses paupières.
Trois dragons. Une Reine.
Emerys ouvrit instantanément les yeux lorsque Sandor baragouina quelque chose d'incompréhensible sous son souffle. Légèrement troublée par ce qu'elle pensait avoir vu, elle s'intéressa à son mari grognon qui venait tout juste de balancer une pierre dans la mâchoire d'un mort vivant de l'autre côté du lac.
«Enfoirés de sacs d'os !» Fulmina le Limer en voyant que celui qu'il venait de percuter n'avait même pas bronché. Sous les regards attentifs de Jon et les autres silencieux, il récupéra une autre pierre dans sa main et avant même que l'un d'eux ne puisse l'en empêcher, il la jeta.
Sur la glace.
Le caillou glissa sur toute la surface lisse et reformée jusqu'aux pieds des marcheurs blancs patients. Le mort qui avait perdu sa mâchoire suite au premier projectile baissa ses yeux bleus brillants sur la pierre au plus grand désarroi des vivants incapables de sortir de leur stupéfaction. Les yeux de Jon s'écarquillèrent, Tormund récupéra sa massue dans ses mains, Jorah ouvrit la bouche mais ne dit rien. Un long silence maladroit s'installa sur eux et sur les morts.
«Oh ... Merde !» Maudit le Limier, se rendant compte de sa grosse boulette.
«Idiot !» Siffla Emerys d'une tape sur le bras de Sandor.
Immédiatement après cela, les cadavres franchirent le pas. Il ne fallut que quelques secondes pour que les hommes se mettent au pas de combat. Les lames glissèrent hors de leurs fourreaux, les poignards en verredragon scintillèrent à la lumière, les masses se dressèrent, le feu engloba les lames de Thoros et de Béric ...
Emerys sentit l'intense peur la pétrifier sur place. Les marcheurs blancs s'avancèrent un par un sur la glace fine dans leur direction afin de débuter le combat qui s'annonçait rude pour les quelques vivants. Terrifiée, elle leva les yeux vers le ciel nuageux duquel tombaient des flocons de neige. Pas un bruit, pas un signe de la Reine des dragons qui pourtant était en chemin. Sandor fût le premier à échanger des coups avec le mort qui venait d'atteindre le rocher d'une tranquillité alarmante. Les os craquèrent, les têtes volèrent, les lames glissèrent dans les corps en décomposition.
La bataille venait de commencer.
La seule femme du groupe, dans l'incapacité de se défendre au corps à corps, se retira rapidement au centre du rocher au milieu des hommes qui formaient un cercle pour repousser la menace de plus en plus grande. Elle se tint aux côtés du prisonnier allongé tandis que les armes se fracassèrent bruyamment dans les marcheurs blancs impassibles. Son souffle prenait de l'envergure au fur et à mesure que les morts les entouraient sur la glace.
Les hommes se battaient d'une rare violence. Ils mettaient absolument tout le reste de leur énergie dans ce combat même s'ils savaient d'avance qu'il était perdu sans une aide aérienne. Beaucoup trop nombreux. Emerys trébucha sur la roche lorsqu'un mort faillit mettre la main sur elle sans l'intervention furtive de Sandor. Il l'empoigna par le manteau puis la bascula prestement dans son dos, fracassant sa massue dans la glace pour la fendre au même moment où un mort passa.
«Nous sommes pris au piège.» Chuchota-t-elle misérablement pour elle-même. Elle garda une emprise sur le Limier pendant que son regard dévasté circulait sur le champ de bataille réduit.
Sandor la repoussa au centre du rocher pour ensuite sortir une hache de son manteau, abandonnant sa massue trop lourde à manier. Ces créatures étant bien trop nombreuses, il fallait se libérer du poids inutile pour pouvoir les contrer plus aisément. D'un cri, Tormund jeta un mort hors de son dos juste à côté d'Emerys pour pouvoir l'écraser à l'aide de sa masse avec frénésie. Il jeta un rapide petit coup d'œil à cette dernière effrayée avant de se tourner à temps pour contre-attaquer.
La femme sur le sol déglutit péniblement. Elle ne pouvait qu'assistée, impuissante, au massacre et à l'affaiblissement des hommes. Si seulement cette peur et cette incertitude ne l'animait pas constamment ... Elle pourrait leur venir en aide. A cette dernière pensée ses sourcils sombres se froncèrent tandis que ses yeux se levèrent lentement vers le Roi des marcheurs blancs assis sur son cheval mort sur la petite colline les surplombant.
Il restait là, imperturbable. La créature à la peau bleuâtre admirait le combat qui se déroulait juste sous son regard indifférent. Des longues lances de glace tenues dans leurs mains, ils attendaient quelque chose, mais quoi ?
Emerys revint au combat actuel lorsqu'un mort se jeta sur elle dans plusieurs cris de rage. Il entoura ses mains glaciales autour de son cou tandis que sa mâchoire à moitié tombante claquait près de son visage dans la ferme intention de lui arracher la peau. Sa force était monumentale. Prise de court, elle laissa sortir un gémissement éprouvant alors qu'elle essayait de repousser cette chose hors de ses hanches, voyant des étoiles apparaître devant ses yeux au manque d'air dans ses poumons.
Soudainement sa force se décupla avec sa fureur de vaincre. Sa jambe se leva pour venir enfoncer son pied dans l'estomac du marcheur blanc et ainsi le repousser loin en arrière dans deux autres de son espèce sur le point de l'attaquer. Elle reprit sa respiration momentanément perdue avant de bondir à ses pieds pour faire face à la menace, son regard haineux remplaçant les lignes de terreur. Elle en avait assez. Ils avaient besoin de son aide ! Il était temps de montrer son véritable pouvoir.
«Laissez la chaleur de la colère remplacer la froideur de la peur. Sur votre peau, dans votre esprit. Laissez-la vous engloutir, Emerys. Ne luttez pas.»
Ne luttez plus.
Emerys rugit puis bondit dans le dos d'un mort vivant qui tentait d'atteindre Jon Snow par derrière. Elle empoigna férocement son vêtement en lambeau et le jeta sur le côté grâce à la force récupérée dans la haine qui pulsait dans ses veines. Le Roi du Nord, perplexe, se tourna vers elle pour lui souffler un rapide remerciement avant de lui prendre le bras et de la déplacer sur le côté pour pouvoir enfoncer son épée dans un squelette ambulant.
L'un d'eux avait réussi à atteindre le prisonnier et essayait de le délivrer. La femme s'empressa de les rejoindre avant qu'il ne soit trop tard et qu'ils perdent leur unique chance de persuasion. Les dents serrées, elle arracha le bras du mort puis s'en servit ensuite pour le fracasser dans sa tête qui roula à plusieurs mètres plus loin. Des bras forts l'entraînèrent à nouveau vers le centre du rocher, des bras appartenant à Sandor Clegane.
«A quoi tu joues ?!» Vociféra-t-il, son regard furieux sur le danger croissant.
«Je ne reste pas les bras croisés à ne rien faire !» Rétorqua abruptement Emerys mais elle ne put terminer sa phrase car ses yeux se posèrent sur Anguy.
L'archer venait d'être empaler devant elle par une lance de glace appartenant à l'un des chefs positionnés en hauteur. Le sang gicla hors de sa bouche alors qu'il tombait à genoux devant Emerys, son regard rempli de douleur et d'excuses dans le sien horrifié. Il s'étouffa avec son propre sang, s'étalant de tout son long face contre terre dans la neige colorée de rouge cramoisie. Il venait de lui sauver la vie en prenant cette lance à sa place.
Il s'était volontairement sacrifié pour elle. Pourquoi ?
Mortifiée et choquée, Emerys plaqua rapidement ses mains contre sa bouche pour étouffer un sanglot, à genoux devant le corps sans vie d'Anguy. Il avait été un bon ami pour elle. Il ne méritait pas de mourir de la sorte, aucun d'eux ne le méritait. Quelque part derrière elle, elle pouvait entendre les appels en détresses de son mari qui cherchait à communiquer avec elle tout en se battant férocement avec les morts vivants mais ses paroles mourraient avant même de l'atteindre.
Une larme froide roula sur la joue lisse d'Emerys. Son regard morose restait longuement sur ce qu'était autrefois le meilleur archer des Sans-Bannières, mort au combat. Ses mains tombèrent à ses côtés, les yeux sur la lance plantée, un sentiment de perte la submergeant accompagné par de la culpabilité. Le temps semblait ralentir autour d'elle. Les hurlements de rage devenaient des sons indescriptibles dans le lointain, les formes des formes floues et insensées.
Elle leva ses yeux larmoyants de haine sur le groupe perché sur la colline qui n'avait toujours pas prit part au massacre. Le Roi de la Nuit semblait arborer un infime petit sourire mais Emerys n'en était pas certaine à cette distance cependant son regard était rivé sur elle. Une certitude. Un regard inhumain et froid, rempli de convoitise. Ce n'était pas lui qui avait jeté la lance sur elle mais l'un des chefs sur sa droite dorénavant à côté de son destrier macabre.
La jeune femme pinça furieusement les lèvres tandis que sa respiration prit de l'ampleur, ne rabaissant jamais son regard loin de la chose morte portant une couronne de glace. Apparemment Jon Snow avait aussi remarqué la soudaine tension dans l'air car il regardait maintenant le Roi de la Nuit avec cette même haine intarissable.
«Emerys !»
Quelqu'un l'appelait, mais elle ne pouvait sortir de sa transe. Des mains fortes se posèrent sur ses épaules. Béric Dondarrion tentait de la faire revenir au présent et l'éloigner du cadavre d'Anguy. Emerys se débattit violemment dans sa prise mais l'homme l'entraîna avec lui loin du bord du rocher, ignorant ses hurlements d'indignations et ses coups de pieds dans les airs. Elle vit le Chien s'approcher d'elle pour lui servir de protection alors que Béric se fondait à nouveau dans la masse pour venir en aide à Thoros de Myr et à Tormund, tous deux en difficultés.
«On se replis !» Ordonna Jon, criant une deuxième fois lorsque les hommes n'entendirent pas au milieu du vacarme.
Tormund sentait le sang de sa nouvelle blessure couler dans ses yeux, bloquant sa vision. Il venait de se prendre un violent coup dans la tête par un marcheur blanc armé d'un rocher. Il cligna des yeux, confus néanmoins il obéit aux ordres du Roi du Nord sauf que plusieurs morts profitèrent de son moment d'égarement pour lui bondir dessus et l'empêcher de rejoindre le centre du rocher. Sandor lui vint rapidement en aide pour le sortir de là avant qu'il ne se fasse entraîner dans les profondeurs glaciales du lac.
«Rejoignez Emerys et le prisonnier !» Hurla une nouvelle fois Jon en pointant son épée vers Emerys sur le plus haut point du rocher.
Cependant la femme en question n'avait d'yeux que pour le Roi de la Nuit. Son esprit voyageant loin de la scène de combat, elle tentait de communiquer avec la sombre créature qui l'avait volontairement attaqué. Une seule question, pourquoi ? Que voulait-il ? Mais elle savait d'ores et déjà la réponse ce qui était d'autant plus enrageant. Sauf que le marcheur blanc avait toute son attention focalisée sur Jon Snow en train de se frayer un chemin parmi ses disciples obéissants pour rejoindre le rocher et les autres.
Il abandonnait. C'était perdu d'avance. Il venait de voir le dernier Sauvageon accompagnateur se faire dévorer juste sous ses yeux par ces barbares sans scrupule. Son épée s'abaissa près du sol, ne voulant plus se battre pour une cause perdue. La fatigue serpenta autour de ses membres endoloris après plusieurs longues minutes interminables de combat intense, manquant cruellement de repos et de force.
A quoi bon ... Cela ne servait à rien, ils étaient tous condamnés.
Emerys vit l'hésitation du grand Roi en qui elle avait vu un véritable héros. Non, ce n'était pas encore fini. Tant qu'il y avait de la vie, il y avait de l'espoir. Les hommes continuaient de se battre vaillamment au travers de ce paysage chaotique en repoussant les morts de plus en plus nombreux sans même faiblir une seule fois. Ils étaient tous d'un grand courage et le faisait pour le Roi du Nord mais surtout, pour survivre.
Sandor se plaqua rapidement dos contre sa femme immobile et impuissante, lui promettant une protection jusqu'à la fin. Béric et Thoros en firent de même, suivit par Tormund, Jon et Jorah. S'ils devaient mourir aujourd'hui alors ils le feraient tous ensemble.
Les morts gémissants s'agglutinaient autour d'eux, les pressant d'avantage l'un contre l'autre au centre du rocher devenu minuscule. Ils escaladaient la roche sans effort. Jon leva une dernière fois son épée pour donner son coup de grâce mais quelque chose d'improbable se produisit au même instant, baignant les hommes dans une toute nouvelle vague d'espoir et de détermination.
Ne luttez plus.
Emerys sourit aux dernières paroles de Varys qui résonnaient dans son esprit conflictuel. La chaleur l'envahie de la tête aux pieds.
Puis le feu du dragon s'abattit sur les morts.
A suivre ...
Je pense que ce passage dans GoT restera l'un de mes favoris avec la bataille contre les Lannister. C'est tellement épique et beau ! Les dragons sont vraiment magnifiques et d'une telle puissance ... J'en frissonne à chaque fois.
Prochain chapitre ... Mhmmmmm, j'ai hâte de vous le faire découvrir mais avec une petite touche d'appréhension ;)
VP
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top