Chapitre 15
Nouveau chapitre après plusieurs mois d'absence dans cette fandom. Je suis navrée, mais je suis quelqu'un qui écrit sur plusieurs univers à la fois alors par moment, c'est délicat. Mais rassurez-vous, cette fanfiction n'est pas abandonnée ! Loin de là.
Ce chapitre est relativement calme. Mais c'est le calme avant la tempête, vous vous en doutez bien.
Bonne lecture !
Chapitre 15
Des glaciers, à perte de vue.
D'immenses étendues de glaces où le froid et le silence régnaient sur le paysage hivernal. Succombant à des températures extrêmement basses, la tempête avait enfin cessée après plusieurs heures d'acharnement sans relâche sur la troupe d'hommes en file indienne.
Le ciel finit par s'éclaircir pour dévoiler quelques rares rayons de soleil sur la neige épaisse et scintillante. L'humidité dans l'air se stabilisa à quelque chose de plus supportable malgré le vent froid qui serpentait entre les rochers pointus. Il faisait toujours relativement sombre entre les montagnes, à l'abri des regards. La neige craquait sous le poids des hommes qui avançaient tranquillement en travers ce paysage fait de noir et de blanc.
Le froid autour d'eux engourdissait leurs extrémités et rendait la marche plutôt difficile cependant, en gardant un bon rythme et en discutant, cela rendait la tâche moins pénible à réaliser. Ils étaient un groupe de treize. Jon Snow, Thoros, Mormont, Béric, Gendry, Tormund, Anguy, Sandor, Emerys et des Sauvageons de la garde de nuit qui avaient été recrutés par leur chef pour les escorter entre les glaciers.
Un monde de glace que ce peuple connaissait bien.
La première nuit dehors à dormir à la belle étoile fût difficile, mais moins que la deuxième. Même en réalisant un feu de camp et en se tenant fermement les uns contre les autres, le froid terrible les empêchait constamment de dormir. De plus, il fallait à chaque fois faire des tours de garde afin d'éviter une éventuelle attaque surprise car non seulement ils étaient à découvert, mais aussi à disposition des prédateurs.
Un voyage long et périlleux, pour le bien de la société présente et futur.
Emerys leva les yeux vers la grande montagne qui se présentait face à elle. L'air qu'elle expirait était brumeux, dansait autour des flocons de neige qui tombaient régulièrement du ciel grisonnant. Certains s'accrochant à ses cils noirs, le long de ses joues pâles. Elle resserra sa capuche de fourrure autour de sa tête lorsqu'un vent polaire souffla dans la vallée ensuite elle positionna ses mains gantées contre ses lèvres froides pour chasser les engelures qui menaçaient de se former.
Un silence relaxant stagnait ici. Malgré le climat rigoureux et le peu de nourriture à proximité, cet endroit ruisselait de trésors notamment son panorama de glace et de neige ainsi que ses montagnes impressionnantes. Le vent apportait quelques mélodies lorsqu'il s'infiltrait entre les crevasses, berçant la troupe aux rythmes de leurs pas.
Emerys avait appris de Jon Snow que l'entretien privé de Tyrion Lannister avec son frère s'était plutôt bien passé et que dorénavant, la Reine Cersei souhaitait rencontrer l'un des marcheurs blancs. Il avait finalement réussi à la convaincre ... La jeune femme ne savait pas comment se sentir à ce sujet. Une boule se forma dans son ventre rien qu'à l'idée de revoir Cersei Lannister en personne, face à face. L'image de son petit sourire victorieux pouvait presque la rendre malade mais pas autant que celle de Gregor la Montagne toujours en vie à ses côtés.
Ce monstre ...
Elle déglutit péniblement puis s'empressa de reprendre la marche derrière Anguy. Encore fallait-il d'abord qu'ils réussissent cette mission suicide et ensuite, elle pourrait éventuellement penser à cette maudite rencontre qui se déroulera dans son ancien lieu de captivité, Port-Réal. L'endroit où séjournaient la plupart de ses pires cauchemars.
Emerys frissonna involontairement d'une grimace amère aux lèvres. Elle avait l'impression qu'un serpent s'était faufilé sous ses couches de vêtements et glissait le long de sa colonne vertébrale jusque dans sa nuque. Une soudaine rage envahie son âme, la baignant dans une chaleur provisoire de la tête aux pieds. Non, ce n'était décidément pas le moment adéquat pour laisser apparaître sa haine et sa soif de vengeance, pas en aussi bon chemin.
La jeune femme prit une profonde inspiration puis rouvrit les yeux tandis que son cœur ralentissait dans sa poitrine.
La journée suivante, le soleil décida enfin de montrer quelques rayons lumineux en travers les épais nuages dans le ciel et ainsi réchauffer les étendues de glaces ici-bas tout comme les marcheurs épuisés. Côtes à côtes et longeant les abords d'une petite rivière sinueuse, ils prirent un instant pour remplir les gourdes vides avec l'eau miraculeusement courante par ces températures mortelles. Bien qu'Emerys ait essayé de remplir la gourde de Sandor, celle-ci laissa rapidement tomber car l'homme têtu, n'ayant aucun engouement pour l'eau, préférait encore boire le rhum de Thoros.
L'ironie.
Un pygargue hurla au-dessus d'eux, brisant le silence de plusieurs heures. Jon leva les yeux vers l'animal dans le ciel puis laissa sortir un soupir tout en contemplant les collines enneigées qu'ils venaient de traversées, un léger sourire aux lèvres aux souvenirs lointains que cela lui apportait. Il se tourna ensuite vers le plus jeune du groupe, Gendry le forgeron qui n'avait pas beaucoup parler depuis leur départ de Château Noir.
«Tu tiens le coup ? Tu es déjà venu dans le Nord ?» Lui demanda-t-il en le regardant sous sa grande capuche.
«Non, j'ai même jamais vu la neige.» Répondit honnêtement Gendry d'une secousse de sa tête.
Aux côtés du Roi du Nord, Tormund Giantsbane gonfla la poitrine puis prit une profonde inspiration en souriant d'une oreille à l'autre. Il avait l'air heureux. Heureux d'être dans son élément fait de glace et de froid, loin des paysages chaleureux et de la verdure.
«C'est beau, hein ? Je respire enfin ! En bas dans le Sud l'air pue la merde de cochon.» S'exclama vivement ce dernier en regardant fixement devant lui, gardant le rythme de la marche.
«Tu n'as jamais été dans le Sud.» Rappela Jon d'un froncement de sourcils, momentanément aveuglé par le soleil qui pointait le bout de son nez.
«J'ai bien été à Winterfell !» Grommela Tormund en retour sans même regarder l'ancien Corbeau.
«Ça c'est le Nord.» Rectifia aussitôt Jon, amusé par la naïveté de son grand ami simple d'esprit. Toutefois ce n'était pas si stupide comme réponse après brève réflexion. Pour lui Winterfell était déjà le Sud comparé à l'au-delà du Mur.
«Comment vous arrivez à vivre ici ? Comment vous faites pour que vos couilles gèles pas ?» Questionna Gendry en claquant des dents, prit par le froid engourdissant. Il passa rapidement ses mains le long de ses bras pour tenter de se réchauffer puis leva les yeux vers le rouquin de la bande.
«Le secret c'est de bouger tout le temps. Marcher c'est bien, ce battre c'est mieux et baiser c'est encore mieux.» Tormund positionna sa hache sur son épaule, adoptant une démarche désinvolte.
«Oui mais on ne trouve pas une femme à moins de cinq cent lieux d'ici ...» A peine les mots quittèrent la bouche de Jon Snow que les trois hommes se tournèrent vers Sandor et Emerys aux côtés de Ser Jorah.
«Sauf elle.» Ricana Gendry d'un haussement de sourcils malicieux, appréciant la jolie vue.
«Non, pas elle.» Anguy donna une secousse de son index tout en claquant sa langue dans sa bouche en désaccord. Il ne valait mieux pas tenter la fureur d'un Limier possessif.
Ayant entendue la plupart de la conversation, les yeux noirs d'Emerys s'écarquillèrent légèrement lorsqu'elle sentit Sandor se raidir contre son flanc gauche. Lui aussi notamment avait tout entendu. Il jeta un regard cinglant aux trois hommes bavards de devant puis posa son bras protecteur autour des épaules de sa femme pour la tirer contre sa hanche, ignorant le rire moqueur de Jorah et de celui d'Anguy.
«Bon ben, on est obligé de faire avec ce qu'on a sous la main !» Poursuivit Tormund en se penchant pour regarder Gendry avec un grand sourire vicieux.
Ce regard significatif sembla suffire au forgeron pour comprendre où il voulait en venir car l'instant d'après, il s'arrêta soudainement de marcher, de grands yeux choqués et la bouche ouverte de stupeur. Tormund se mit immédiatement à rire avec Jon à l'expression complètement dévastée de Gendry qui était sur le point de gémir de dégoût à la proposition rebutante. Prenant tous deux de la distance, ils laissèrent le jeune garçon reprendre ses esprits pour engager une conversation plus sérieuse à l'avant du cortège.
Emerys accorda un sourire compatissant à Gendry devenu silencieux ensuite elle leva les yeux vers Tormund et Jon qui discutaient désormais de la Reine des Dragons. Ils énoncèrent le fait que Jon Snow, Roi du Nord, ait été forcé de ployer le genou devant un souverain orgueilleux et que Mans Rider avait eu exactement le même problème que Daenerys à cause de sa fierté démesurée.
«Combien il y a eu de morts parce qu'il était trop fier ?» Révoqua Tormund en se penchant vers son ami de longue date.
Jon ne saurait le dire avec exactitude mais ce qu'il disait était malheureusement vrai. Une approche très intéressante sur la question du pouvoir en effet.
Après cette petite conversation jugée bien nécessaire, le groupe retomba dans un silence apaisant agrémenté par les bruits de pas dans la neige profonde. Ils traversèrent des petites collines enneigées jusqu'à finalement arriver à une grande et vaste vallée de glace sillonnée par de petites rivières et cratères difformes.
Emerys s'arrêta un instant près d'un rocher pour reprendre son souffle, les poumons criant au froid glaçant. Elle posa sa botte dessus puis mit ses mains sur ses hanches après avoir retiré sa capuche de ses longs cheveux platines. Elle commençait à avoir trop chaud et la sueur s'emmêlait à ses cheveux, suintait sur sa peau, ce qui créait beaucoup d'inconfort sous les nombreuses couches de vêtements. Elle prit plusieurs inspirations profondes pour calmer son cœur battant à cause de l'exercice tandis que son regard s'égara une fois encore sur le décor d'un épais manteau de blanc.
«Est-ce que ça va ?» Demanda Ser Jorah Mormont en s'arrêtant à côté d'elle, visiblement inquiet.
«Oui, j'ai juste besoin d'une minute. Une petite minute.» Répondit Emerys d'un gros soupir. Elle rabaissa le menton contre sa poitrine puis agita ses mains dans ses cheveux humides, sachant que ce n'était pas une très bonne idée de les laisser à l'air libre parce qu'elle pourrait tomber malade.
«Vous ne devriez pas vous découvrir, vous risquez de vous refroidir.» Jorah se pencha en avant pour voir son visage et pouvoir établir un contact visuel avec elle en l'occurrence.
Emerys prit donc cet instant pour l'examiner plus attentivement maintenant qu'elle en avait vraiment l'occasion. L'homme grand était déjà assez avancé dans l'âge mais gardait un bon physique et un agréable visage. Une voix bien grave, des yeux bleus bienveillants, des cheveux blonds courts, il regardait toujours les gens avec une certaine sévérité qui s'adoucissait par ses rares sourires. Un homme d'aspect réservé mais loyal, courageux et indubitablement dévoué à sa Khaleesi.
Prêt à risquer sa vie pour elle.
Son regard se décala ensuite sur Sandor qui marchait rapidement dans leur direction, les poings serrés à ses côtés et ses yeux furieusement plissés à Ser Jorah Mormont. Elle savait d'ores et déjà rien que par son regard irrité qu'il soupçonnait cet homme de lui avoir créé un quelconque inconfort. Ce qui n'était bien évidemment pas le cas. Alors Emerys était partagée entre l'adoration et l'agacement face à son comportement puéril. Finalement le Chien ignora délibérément Mormont pour venir se positionner devant sa femme, une expression concernée sur son visage balafré.
«Quelque chose ne vas pas ?» Lui demanda-t-il en retirant l'un de ses gants pour toucher ses cheveux platines auxquels s'attachaient des flocons. Il plissa le nez puis après avoir offert un dernier regard d'avertissement à l'homme dans son dos il remit la capuche sur la tête d'Emerys.
«J'avais juste besoin de reprendre mon souffle ! Je ne suis pas faite de porcelaine !» Se défendit-elle vaillamment d'un soupir las, les mains de retour à ses hanches.
«Ce n'était pas une bonne idée de venir avec nous, tu aurais dû rester au Mur et nous attendre bien sagement comme l'avait proposé l'autre imbécile de vieillard.» Gronda Sandor en remettant sauvagement son gant.
Jorah décida qu'il était temps pour lui de s'éclipser discrètement. Ne désirant entendre les simagrées du couple étrange.
«Et pourquoi cela ? Parce que ce n'est pas la place d'une femme ? Parce que je ralenti les autres ? Tu penses que je suis trop faible pour une mission comme celle-ci, c'est ça ?» S'énerva Emerys en arquant un sourcil. Elle savait qu'à un moment ou à un autre il allait lui faire la remarque comme quoi ce n'était pas une bonne idée.
«Non. Parce que je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.» Répondit sèchement Sandor. D'un claquement de sa mâchoire, il se détourna sans attendre de réponse, décidant d'aller fulminer ailleurs avant que ses émotions ne prennent la relève.
Emerys sentit toute sa colère impulsive s'évaporer d'elle à l'instant même où son mari lui tourna résolument le dos. A la place, la honte et la culpabilité la balaya tandis que son air sévère fût remplacer par de la mélancolie à la stupidité de sa réaction. Evidemment qu'il s'inquiétait pour elle et non pas de sa place dans ce groupe ... Sandor l'aimait profondément, il craignait à chaque instant pour sa sécurité.
Pourquoi avait-elle sur réagit ainsi ? L'épuisement avait sans doute une place importance dans son humeur cependant elle n'aimait guère paraître faible.
Déglutissant péniblement sous la soudaine pression de ses émotions, la femme bondit de son petit rocher puis courut dans la neige pour rattraper les autres ainsi que Sandor. Elle devait se faire pardonner. Elle s'arrêta à côté de lui et d'un geste brusque mais tendre, elle encercla ses bras autour de son biceps en posant sa tête sur son épaule, un doux sourire aux lèvres. Toutefois il ne lui rendit pas l'étreinte mais elle vit du coin de l'œil qu'il souriait faiblement, allant jusqu'à ralentir son rythme de marche pour s'adapter au sien.
Pas besoin de mots, le geste suffisait.
Gendry avait rejoint ceux qui marchaient à l'arrière du cortège d'hommes. Thoros de Myr et Béric Dondarrion en faisaient partie, les deux hommes qu'il haïssait le plus au monde. Et bien entendu ils n'avaient pas leurs langues dans leur poche donc presqu'immédiatement ils commencèrent à le charrier sous les regards amusés d'Emerys, Sandor et d'Anguy.
«Tu nous en veux encore mon gars ?» Thoros lui tendit sa gourde de rhum mais le jeune homme refusa d'un geste de la main pour ensuite laisser sortir sa colère.
«Vous m'avez vendu à une sorcière !» S'indigna Gendry en se tournant vers le Prêtre.
«A une Prêtresse.» Corrigea soigneusement Thoros en buvant un peu de son délicieux breuvage. Il en proposa aussi à Emerys mais cette dernière rejeta l'offre d'un gloussement.
«Tu me diras que la différence est subtile. On prend part à une grande guerre, ça coûte cher une guerre !» Rétorqua Béric, les sourcils levés au garçon, la main sur le pommeau de son épée à sa hanche.
«Je voulais être avec vous ! Je voulais rejoindre la Fraternité mais vous m'avez vendu ! Comme un esclave.» Accusa soudainement Gendry en jetant ses mains vers le sol d'énervement.
«En voilà une mauvaise idée !» Rigola Emerys à l'arrière. Sandor fit un drôle de bruit à côté d'elle tandis que Thoros se retourna pour lui lever la gourde en signe de respect, un sourire narquois aux lèvres.
«Ecoute la jolie dame.» Roucoula ce dernier qui reçut immédiatement un regard menaçant de la part du Chien grognon surprotecteur. Ce qui le poussait à l'agacer d'avantage car il trouvait ses réactions vraiment très amusantes.
«Vous savez ce qu'elle m'a fait ?! Elle m'a attaché sur un lit et elle m'a retiré mes habits !» Se plaignit Gendry, de plus en plus frénétique dans ses explications. Il frissonna involontairement lorsque l'affreux souvenir lui revint à l'esprit.
«Jusque-là ça n'a pas l'air si mal.» Commenta Sandor d'un air penaud. Emerys tiqua sa langue dans sa bouche puis donna une petite tape au bras du Limier tout en gardant son sourire malicieux.
Effectivement, pauvre garçon.
«Ensuite elle m'a mis des sangsues !» S'affola le forgeron à bout de souffle et désespéré.
«Elle était toute nue aussi ?» Poursuivit le Chien vraiment intéressé par la tournure de la conversation. A ce dernier commentaire, Thoros se mit à rire et se tourna vers Emerys pour lui hausser coquinement les sourcils.
«Sandor, laisse ce pauvre garçon ! Ne vois-tu pas qu'il a terriblement souffert ? C'est une tragédie pour lui.» Se moqua gentiment Emerys et même si sa voix sonnait un tantinet reprochante, son sourire la trahissait. Sandor en revanche rit de bon cœur et se fichait bien si le garçon l'entendait ou non.
«Elle voulait te prendre du sang.» Thoros donna un petit coup de coude au jeune forgeron suivit d'un clin d'œil ludique.
«Ouais, merci ça j'avais compris !» S'agaça Gendry avec sarcasme en s'arrêtant de marcher pour claquer ses mains contre ses cuisses. Il commençait à en avoir assez d'être moquer alors qu'il avait vraisemblablement frôlé la mort !
«Ça aurait pu être pire.» Renifla Sandor qui s'arrêta juste à côté du garçon en panique. Les autres en firent de même.
«Elle voulait me tuer ! Ils m'auraient tué si Ser Davos n'avait pas été là !» Vociféra Gendry au visage impassible du Chien plus grand et plus robuste, une soudaine montée d'adrénaline en lui mais le Limier le couper brusquement, exaspéré.
«Mais tu es encore là ... Alors ça va ! Pourquoi tu pleurniche comme ça !» Grogna ce dernier entre ses dents serrées de colère. Sa patience avait des limites.
«Je pleurniche pas.» Nia Gendry d'un froncement de sourcils perplexe lorsque le Chien pointa un doigt grossier à son visage.
«Tu bouges tes lèvres et tu te plains de quelque chose, ça s'appelle pleurnicher ! Même ma femme ne pleurniche pas autant que toi !» Rabaissa Sandor à l'horreur absolue du jeune garçon horrifié par cette nouvelle.
Emerys croisa les bras sur sa poitrine puis leva un sourcil au commentaire déplacé de son très cher mari ainsi qu'à son tact légendaire, au plus grand bonheur de Thoros qui se mit à rire bêtement à cette scène des plus comiques. La femme haussa nonchalamment les épaules à Gendry lorsqu'il la fixa avec de grands yeux choqués ensuite elle tira la langue à Sandor afin de lui faire comprendre son point de vue personnel sur la question.
«C-c'est votre femme ?!» S'égosilla le jeune forgeron en pointant un doigt indécis en direction d'Emerys. Il la suivit du regard quand elle passa devant lui pour continuer de marcher comme si de rien était, resserrant sa prise sur son manteau noir.
«Tu crois qu'elle était quoi ? Ma servante ? Une putain de service ?» Plaisanta grossièrement Sandor, le visage renfrogné à ces idées déplaisantes. Les voix se turent, les regards incertains se croisèrent.
«Bah ... C'est vrai que c'est difficile à croire.» Thoros brisa le silence maladroit entre eux d'un sourire faussé.
A sa droite, Béric secoua la tête aux pitreries des trois hommes mais ne put s'empêcher d'émettre un petit ricanement à la situation humiliante pour Clegane et heureusement qu'Emerys n'était plus là pour écouter toutes ces sottises. Cependant le Limier avait visiblement l'air d'avoir été touché par leurs plaisanteries de mauvais goûts. Mais après tout, qui aurait pu croire qu'un mercenaire comme lui avait trouvé l'amour de sa vie en une si jolie jeune femme telle qu'Emerys ?
«C'est pas croyable. Oh, tête de nœud rasé, je t'interdis de poser les yeux sur elle ! N'essaye même pas d'avoir de mauvaises pensées sinon je t'étripe tout entier en commençant par les noisettes qui te servent de couilles. T'as compris l'idée ?» Râla le Limier en poussant Gendry et Thoros hors de son chemin d'un coup d'épaule pour rejoindre Emerys.
Il en avait assez d'être avec cette bande de couillon sans cervelle.
«Euh ouais ... Oui, j'ai compris l'idée.» Gendry fronça les sourcils au grand homme rustre qui venait de le menacer ouvertement devant tout le monde.
«Toujours d'une grande élégance, Clegane.» Rit Béric d'une rapide secousse de sa tête. Il rit d'autant plus fort lorsqu'il entendit vaguement une réponse acerbe de l'homme intimidant qu'il ne fallait surtout pas chatouiller. Quelque chose comme ; «va te faire enculé.»
En fin de journée, le groupe passa devant un immense lac gelé logé entre deux impressionnantes montagnes de pierres noires comme de l'encre saupoudrées de blanc. Ils avaient marchés de longues heures sans prendre de repos et la fatigue commençait sérieusement à se faire ressentir dans les rangs. Même chez les Sauvageons pourtant habitués à ce genre de déplacement sur de longues distances.
Jon Snow quant à lui gardait toujours le rythme à l'avant avec Tormund et Ser Jorah Mormont. Les trois hommes dans toute leur splendeur étaient les meneurs de cette expédition et ne semblaient pas le moins du monde épuiser par le voyage. Ceci dit, peut-être qu'ils ne le montraient pas aux autres afin de ne pas leurs offrir de faux espoirs sur un éventuel arrêt. Dans tous les cas leur motivation était sans faille, défiant fièrement les lois de la nature alimentée par la rage de vaincre.
Sandor s'arrêta un instant pour refaire les lacets de sa botte gauche mais sa tranquillité passagère fût malheureusement écourtée par l'approche furtive de Tormund Giantsbane, l'homme qui souriait stupidement à chaque occasion. Il leva un instant les yeux vers Emerys un peu plus loin qui parlait avec Anguy et un autre homme qu'il ne connaissait pas avant de revenir à sa chaussure dérangeante d'un léger grognement excédé.
«C'est toi celui qui s'appelle le Limier ?» Demanda subitement Tormund dans une tentative d'engager une conversation avec lui.
«Va te faire foutre.» Remballa aussitôt le Chien sans lever le regard de ses lacets. A ses côtés, le grand rouquin borné se mit à rire joyeusement puis il frappa dans ses gros moufles.
«On m'a dit que tu étais mauvais. Tu es né mauvais ou c'est parce que tu n'aimes pas les Sauvageons ?» Poursuivit-il en levant les sourcils, son sourire narquois grandissant lorsque le Limier tourna la tête dans sa direction.
«Les Sauvageons j'en ai rien à foutre. C'est les rouquins que je déteste !» S'écria ce dernier dans l'agressivité la plus totale.
Décidément, cet homme en avait rien à foutre de personne !
«Pourtant, c'est beau les rouquins. On est baisé par le feu ! Comme toi, tu vois ?» Tormund se pencha en avant pour pointer son doigt vers l'horrible brûlure cependant la réaction de Sandor était deux fois plus rapide. D'un violent coup de bras, il repoussa la main qui venait d'envahir son espace personnel.
«Pointe pas ton putain de doigt vers moi !» Grogna-t-il furieusement entre ses dents, énervé par l'audace de l'homme trop curieux. Il lui jeta un regard noir puis continua son chemin sauf que Tormund voyait en lui un excellent moyen pour se distraire, alors il le suivit, l'appréciant pour sa férocité et son langage de bourrin.
«Tu es tombé dans le feu quand t'était petit ?» Questionna-t-il ensuite tandis qu'il le suivait à la trace, vraiment désireux d'en savoir plus sur ce mercenaire tant craint dans le monde.
«Je suis pas tombé, on m'a poussé !» Corrigea hâtivement le Limier en positionnant ses mains autour des bretelles de son sac à dos.
«Et depuis ce temps-là, tu es mauvais ! Avec ta femme aussi tu te comportes comme ça ? Comme un vieux chien enragé ?» En conclut son nouveau pire cauchemar, le rouquin aux yeux bleus.
Dorénavant il haïssait les roux encore plus qu'avant !
«Mais va te faire enculer !» Soupira Sandor d'exaspération alors qu'il essayait de mettre beaucoup plus de distance entre lui et cet homme collant. Mais rien à y faire hélas car apparemment, il aimait se frotter au danger.
«Je crois pas que tu sois vraiment mauvais ... Sinon tu n'aurais pas une si jolie femelle ! Même si je la trouve un peu minuscule pour quelqu'un comme toi. Et en plus t'as des yeux tristes.» Termina Tormund en hochant pensivement la tête, faisant mine d'y réfléchir.
Après cette dernière remarque ahurissante, le Limier s'arrêta brusquement de marcher pour se tourner vers lui, les sourcils froncés d'inquiétudes à l'idée qui venait d'émergée dans son esprit. Il le toisa sévèrement de la tête aux pieds quand il s'arrêta à côté de lui avec confusion, une grimace aux lèvres.
«T'as envie de me sucer le dard, c'est ça ?!» S'exclama-t-il tout à coup, répugné.
«Le dard ?» Répéta Tormund un peu perplexe.
«La bite.» Rectifia le Limier d'une touche d'agacement qu'un gars comme lui ne sache même pas ce que voulait dire le dard chez un homme.
«Ohhhh ... Le dard. Ça me plaît !» Chuchota le rouquin en souriant à l'image qu'il se faisait d'ores et déjà dans sa tête recouverte de cheveux roux hirsutes, au plus grand dégout du Chien.
«Tu m'étonnes.» Sandor grimaça puis se détourna pour continuer son chemin avant que les autres ne mettent trop de distance avec lui.
Il leva les yeux vers Emerys qui discutait toujours avec les deux hommes de tout à l'heure au milieu du cortège, maintenant rejoint par ce foutu forgeron qui avait sans doute prit sa menace de tout à l'heure à la légère. Un profond soupir s'échappa de sa poitrine lorsqu'il sentit que Tormund le suivait une fois de plus comme un petit chien, marchant carrément dans ses traces qu'il laissait dans la neige. Du coin de l'œil, il remarqua que sa femme avait toute son attention tournée vers eux désormais.
«Nan, moi c'est les chattes qui me plaisent. Il y a une jeune beauté qui m'attend à Winterfell, si jamais j'y retourne. Les cheveux jaunes, les yeux bleus, j'en ai jamais vue d'aussi grande ! Presque aussi grande que toi !» Expliqua Tormund d'un soupir rêveur.
Sandor s'arrêta de marcher en même temps qu'Emerys et tous les deux se tournèrent vers le rouquin surpris par leurs regards déconcertés. Le Limier semblait sur le point de vomir tandis qu'Emerys ressentit une envie irrésistible de rire de la situation.
«Brienne de Tarth ?!» S'alarma le Chien en le regardant de haut en bas, rempli de dégoût profond.
«Tu la connais ?» Souffla Tormund avec une petite pointe de crainte au fond de son estomac. Avait-il deux femelles ?! Cette grande femme aux cheveux jaunes en plus de celle aux cheveux blancs ?
«Tu es avec Brienne de Tarth de mes deux ?!» Répéta impatiemment Sandor.
Ne pouvant se contrôlée un instant de plus comme elle le désirait, Emerys fondit dans un fou rire dès que les mots glissèrent de leurs bouches. Non seulement leurs regards choqués étaient des plus hilarants mais de plus, chacun pensait complètement différemment de cette grande femme charismatique du nom de Brienne de Tarth. L'un semblait être amoureux tandis que l'autre la haïssait pour une raison demeurante inconnue à ce jour.
Quel quiproquo.
«Brienne de Tarth ...» Roucoula doucement Emerys en se penchant vers le Limier immobile d'un haussement de ses sourcils noirs. Ce qu'elle reçut en retour fût l'un de ses regards les plus meurtriers ainsi qu'un grognement profond, ce qui entraîna une autre vague de rires.
«Toi aussi tu la connais ?!» S'étouffa à moitié Tormund avec de grands yeux ronds. Au lieu de lui répondre, Emerys pinça les lèvres puis passa à l'arrière du groupe pour rejoindre Béric et Thoros, imperturbable devant les regards interrogateurs des autres.
«Enfin je ne suis pas avec elle pour l'instant. Mais je vois bien comment elle me regarde !» S'enchanta ensuite le demi-géant roux en revenant sur la conversation initiale, balançant sa hache sur son épaule.
«Comment elle te regarde ? Comme si elle voulait te couper en tranche et te bouffer le foie ?!» Récita Sandor d'un plissement d'yeux. Il se souvint du combat qu'il avait eu avec elle dans les Eyrié et aussi la raclée qu'elle lui avait flanquée ce jour-là devant Arya Stark ! L'humiliation pour un combattant comme lui.
Même si grâce à cette femme, il avait découvert le destin dramatique d'Emerys. Finalement il lui devait le respect en quelque sorte.
«Ouais, c'est vrai que tu la connais alors ...» Tormund hocha calmement la tête, un regard compréhensif.
«On s'est croisé.» Sandor reprit la marche et une fois de plus il était suivit.
«Je veux faire des bébés avec elle. T'imagine ? D'énormes monstres ! Ils pourraient conquérir le monde ! Tu devrais faire des bébés à ta femme, avec ta force et ta taille ils seraient invincibles ! D'ailleurs pourquoi tu ne lui en a pas encore fait ? Je suis sûr qu'elle n'attend que ça ! Je le vois, dans son regard de biche. Moi, j'aurais même pas perdu de temps tu vois. Elle me plaît bien.» Dit pensivement Tormund en regardant autour de lui les montagnes, cherchant une certaine femme aux cheveux platines.
«Mais ferme ta putain de grande gueule ! En quoi ça te regarde ?! J'en ai rien à faire qu'elle te plaise ou pas. C'est ma femme, alors ne m'oblige pas à te fourrer ta hache dans le cul. Sérieusement, je me demande comment un fou furieux comme toi a réussi à survivre aussi longtemps.» S'exclama le Limier d'un soupir de lassitude, une migraine sur le point d'éclore dans sa tête avec toutes ces conneries.
«Je sais m'y prendre pour tuer les gens.» Répondit tout naturellement Tormund en haussant les épaules. Cependant il n'abandonna pas en si bon chemin.
«Tu sais, faut apprendre à partager dans la vie. Sinon tu te fais bouffer. Elle est toute petite ta femme pour un grand gaillard costaud comme toi. Une brindille et un tronc d'arbre.» Remarqua-t-il d'un reniflement dédaigneux. Soudain, il voulut savoir quelque chose qui lui trottait à l'esprit depuis qu'il avait su qu'Emerys était avec le Limier. Il sourit sournoisement avant de chuchoter ; «quand tu lui fais l'amour, est-ce qu'elle cri ?»
Avant même que Sandor ne puisse lui rétorquer quelque chose de cinglant au visage, une voix féminine le devança.
«C'est Sandor qui cri.» Emerys laissa glisser un sourire enjôleur sur ses lèvres quand elle passa entre les deux grands hommes prit au dépourvu par son intrusion dans la conversation. Ils se regardèrent, abasourdis.
«Hey !» S'indigna aussitôt son mari mais elle l'ignora d'un ricanement alors qu'elle se dirigeait dorénavant vers le Roi du Nord.
Ce n'était même pas vrai pour commencer ! Elle inventait de toutes pièces. Sandor sentit ses joues se réchauffer aux rires insultants de l'affreux rouquin qui le tourmentait depuis tout à l'heure. S'il pointait encore son putain de doigt à son visage, il veillera personnellement à le lui arracher avec les dents. Il réprima un grognement de désapprobation malgré qu'il veuille soudainement faire regretter ses mots à Emerys de la plus plaisante des façons, afin de voir qui criait véritablement lors de l'acte. Maintenant amusé, le Limier secoua la tête puis reprit la marche derrière les Sauvageons silencieux.
«Wow. D'où elle sort toute cette énergie ? C'est dingue, elle ne s'enfonce même pas dans la neige.» Commenta Tormund à sa droite en train de pointer du doigt la seule femme du groupe qui effectivement marchait sur la neige sans s'enfoncer comme les hommes.
Mais après tout, ils étaient deux fois plus chargés aussi. Sandor décida de ne rien dire même si le regard étonné du géant à ses côtés le rendait un peu perplexe, à croire qu'il était vraiment stupide ou juste trop naïf pour certaines choses pourtant évidentes pour d'autres.
Du côté d'Emerys, elle marchait juste derrière Béric Dondarrion et Jon Snow. Les deux hommes entamèrent une discussion sur le défunt père de Jon, Eddard Stark. Béric lui expliqua à la hâte qu'il n'avait aucune ressemblance physique avec lui et que cet homme était un homme bon, respectable et honorable. Certes il disait vrai, mais il n'avait pas été très malin non plus. Surtout lorsqu'il était la main du Roi Barathéon.
Puis ils parlèrent ensuite du fameux Maître de la Lumière, de la mort, des sacrifices à faire, de la Montagne ... Un sujet fâcheux. Rien qu'au nom détestable, cela donna la nausée à Emerys ainsi qu'une envie folle de se laver le corps et de se vider l'esprit de toutes les horreurs qu'accompagnait l'image de cette chose ignoble sans aucun scrupule. Tous ces souvenirs qui refaisaient surface rien qu'à la mention de cet homme ... De la pure torture.
Le groupe monta sur une colline et malgré le manque de luminosité à cette heure tardive, Sandor aperçut quelque chose au loin qui le laissa planter là dans la neige, incrédule. Une montagne, grande et menaçante se dressait juste devant eux à environ un jour de marche.
«Voilà ce que j'avais vu dans le feu. Une montagne, comme une pointe de flèche.» Déclara-t-il et après quelques secondes à contempler cette dernière, il leva son index vers elle.
Thoros et Béric s'échangèrent des regards complices tandis qu'Emerys déglutit silencieusement à côté de son mari sûr de ses paroles, une soudaine crainte grimpante en elle. Jon, Jorah et Gendry se tournèrent vers la fameuse montagne au loin avec un mauvais pressentiment mais également de nouvelles questions sur le Dieu du Feu et sur ses pouvoirs mystiques qui jusque-là, avaient été ignorés par la plupart.
«Tu es sûr ?» Thoros leva les yeux vers le Limier pour avoir une confirmation. Il se contenta d'hocher la tête avec confiance.
«On se rapproche.»
A suivre ...
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Normalement dans le suivant, nous entrerons dans le vif de l'action.
VP
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