Chapitre 18
Révélation, cauchemar ou réalité ? Telle est la question.
Chapitre 18
«Qu'on me l'apporte, je veux voir son visage.» Ordonna Cersei Lannister assise sur le grand Trône de Fer, un léger sourire vicieux aux lèvres.
Il se passa quelques secondes dans un lourd silence pesant. La Reine tapota nerveusement ses doigts longs dans un rythme sur l'accoudoir du siège froid puis redressa le menton lorsqu'elle vit enfin la personne qu'elle voulait voir, Emerys Raven. La femme devant elle trébucha sur ses pieds lorsque Meryn Trant la poussa brutalement devant les quelques marches menant au Trône.
«Regarde-moi.» Commanda calmement Cersei en s'enfonçant d'avantage dans son siège.
Emerys déglutit péniblement mais fit exactement ce qu'ordonnait sa Majesté en levant les yeux à son visage, un visage qu'elle ne voulait plus jamais voir aussi souriant et aussi victorieux que maintenant. Cela lui glaçait le sang, cette expression rayonnante dégoulinante de méchanceté gratuite. Elle prit de petites inspirations furieuses par le nez mais ne quitta jamais le regard calculateur de la Reine, allant jusqu'à ignorer Trant quand il lui frappa l'arrière de son dos avec son gant.
En revanche, ce qui rendit Emerys effroyablement confuse ce fut la présence du Limier à droite du Trône de Fer dans son armure de Garde Royale. Il n'avait pas son heaume et donc elle pouvait parfaitement bien voir l'expression glaciale qu'il portait actuellement. Inébranlable, insensible, monstrueusement sombre. Mais lorsque ses yeux descendirent à son visage, ses propres yeux glacials, le cœur d'Emerys se serra violemment.
«Aimes-tu ce que tu vois ? J'ai mis beaucoup de temps à le mettre en œuvre mais nous revoilà face à face et cette fois-ci, personne ne viendra pour toi. Tu ne pourras plus t'échapper, tu es à moi.» Cersei se leva de son siège puis croisa les mains devant elle, le même maudit sourire triomphant.
Emerys fronça doucement les sourcils à l'apparence de la Reine qui n'était pas comme celle dans ses souvenirs à Port-Réal. Elle avait dorénavant les cheveux courts, une robe entièrement recouverte de tissu noire et la Couronne du Roi Tommen sur la tête ... Et en regardant brièvement autour d'elle, elle remarqua que les autres gardes portaient tous une armure noire et argent. Similaire à la couleur de leur nouvelle Reine diabolique.
«Chien ! Occupe-toi de cette traitresse !» Cracha amèrement Cersei, levant la main à la femme à genoux en contre-bas. Immédiatement après cet ordre direct, le Limier se mit en mouvement et descendit les escaliers dans de grandes enjambées.
«Sandor ...» Murmura Emerys dans l'horreur absolue lorsque l'homme la fixa avec une expression vide de sentiment, la bouche dans une grimace constante. Avec cette armure noire et sa cicatrice il avait l'air encore plus sombre et meurtrier.
«Sandor ! Ne fais pas ça je t'en prie !» Hurla désespérément Emerys, les yeux larges et la respiration de plus en plus rapide lorsque le Limier attrapa le devant de sa robe et la tira vers l'avant pour qu'elle se mette à ses pieds, usant de sa force colossale pour en arriver à ses fins sans la moindre lueur de compassion dans son regard.
D'un coup brusque et inattendu, il jeta son poing dans son estomac ce qui l'obligea à se cambrer vers l'avant avec le manque d'air et la douleur intense qui explosa en son intérieur. Elle n'eut pas le temps de rouvrir la bouche qu'un autre violent coup parti dans ses côtes déjà meurtries, la projetant ainsi en arrière de retour sur le sol en marbre impeccable. Pas le temps de gémir ni de reprendre son souffle malgré les larmes qui piquaient aux coins de ses yeux. C'était atroce, la douleur ressemblait à des lames qui transperçaient l'ensemble de son corps.
Le Limier se pencha vers elle puis la redressa à nouveau contre lui en passant grossièrement une main à l'arrière de sa tête pour la maintenir ainsi, les lèvres plissées de dégoût. L'homme grand resserra sa prise dans ses cheveux emmêlés puis la frappa encore et encore dans l'estomac, les cris étouffés d'Emerys ricochant sur tous les murs de la salle du Trône et dans les oreilles de Cersei Lannister qui se réjouissait du spectacle sanglant.
Le goût du cuivre envahi bientôt sa bouche et hors de ses lèvres pâles jusque sur le sol. Sa tête tournait, son esprit s'embrumait, des côtes se fêlaient sous la force du Chien mais jamais elle n'hurla, pas une seule fois elle ne montra sa faiblesse à la Reine impatiente et désireuse de la voir souffrir. La douleur physique n'égalait pas sa douleur morale. Brisée, elle était brisée. Au bout d'un moment qui semblait être des heures pour Emerys, Sandor s'arrêta de la frapper pour la regarder quelques secondes dans ses yeux noirs a mi-clos.
«Pourquoi ...» Gémit-elle pitoyablement en le regardant en retour, à bout de force mais surtout au bord de l'inconscience. Absolument rien ne pouvait égaler l'horrible sensation de trahison et de tristesse qui se déferlaient en elle.
Tandis qu'elle regardait longuement l'homme insensible qu'elle aimait autrefois, la peau de son visage commença à fondre petit à petit. Ce n'était pas seulement sa cicatrice mais tout le reste de son corps qui fondait à la soudaine forte chaleur dans la pièce. La main autour de sa gorge se desserra petit à petit et libéra doucement Emerys de son supplice qui reprit appuis sur ses jambes tremblantes en regardant le spectacle étrange sans ressentir de dégoût. Mais plutôt une sorte de satisfaction maladive mélangé à de la curiosité.
Elle tourna lentement sur elle-même pour voir que toute la salle du Trône était baignée dans une sorte de lumière orangeâtre et que toutes les personnes présentes prenaient feu, au ralenti. Non. Le monde autour d'elle tournait au ralenti, il n'y avait qu'Emerys qui pouvait se déplacer normalement dans la pièce.
Même le visage de Cersei Lannister se décomposait littéralement avec la soudaine chaleur venue de nulle part. Personne ne bougeait, ils restaient tous là, complètement figés et incapable de crier car le temps venait de ralentir au point où les sons ne pouvaient plus être perçus. Juste ... Ce silence. Le calme ainsi que l'agréable chaleur qui dévorait tout sur son passage tel des flammes invisibles.
Emerys continua de tourner sur elle-même confusément, la bouche béate et la poitrine montant et descendant doucement alors que ses yeux noirs prenaient dans la scène chaotique, dévorés tout doucement par les flammes qui surgissaient enfin du sol craqueler mais également du plafond. Partout, il y en avait partout. Réduisant la moindre impureté en cendre aux pieds de la femme spectatrice et vraisemblablement intouchable par ce drame.
Soudainement, le plafond s'effondra sur elle.
Emerys se redressa subitement en position assise et prit une profonde et bruyante inspiration, les yeux grands ouverts et le cœur battant la chamade dans sa cage thoracique. De la sueur coulait le long de sa nuque ainsi que dans son dos et bien qu'il fasse froid durant les nuits, son corps paraissait être en ébullition.
Elle déglutit plusieurs fois puis posa une main tremblante contre sa gorge en fermant hermétiquement les yeux, les oreilles sifflantes et les horribles images encore gravée dans sa mémoire. A l'intérieur même de ses paupières, l'obligeant à étouffer un gémissement peiné à l'effroi qu'elle ressentait. Qu'est-ce qui avait été le pire dans son cauchemar ? Cersei Lannister, les flammes ou bien Sandor qui était redevenu le Chien Royal ?
Ses yeux noirs s'arrêtèrent finalement sur l'homme en question. Malgré le noir intense de la forêt, elle pouvait distinguer son imposante forme non loin de sa position. Il se trouvait de l'autre côté du petit feu de camp un bras couvrant ses yeux et l'autre sous sa tête comme d'un oreiller, il dormait profondément. Le reste des sans Bannières dormaient eux aussi un peu partout autour d'elle, certains ronflaient tandis que d'autres respiraient normalement. Dans tous les cas personne n'avait rien entendu de sa terreur nocturne. A son plus grand soulagement.
Emerys retira rapidement sa main autour de sa gorge lorsqu'elle sentit son pouls sous la peau tambouriner furieusement contre ses doigts. Des larmes involontaires s'étaient formées dans ses yeux à la douleur imaginaire mais elle les effaça sans plus tarder. Un horrible rêve, rien de plus ni de moins. Cela ne révélait rien du tout. Elle grimaça à la soudaine douleur sourde dans son poignet et remercia silencieusement le ciel de ne pas avoir réveillé les hommes qui avaient besoin de sommeil avec ses gémissements.
Ce genre de rêve venait fréquemment la tourmenter. Certains plus que d'autres ...
Prenant ses souffles frénétiques par le nez et expirant doucement par la bouche, Emerys se leva pour se rendre aux côtés de Sandor, l'homme profondément endormi contre un arbre. Ses muscles avaient besoin d'être détendus tout comme son esprit conflictuel qui demandait une explication rationnelle à tout ça. Proche de lui, le sentant bien vivant contre elle en chassant les séquelles du rêve. Son esprit fiévreux lui avait encore joué de mauvais tours car jamais le Limier lui ferait une chose pareille. Du moins plus maintenant.
Emerys se glissa calmement contre lui puis examina attentivement le côté non brûlé de son visage lorsqu'il retira son bras et qu'il ouvrit les yeux pour la regarder confusément, ayant une soudaine crainte à l'estomac qu'il ne réagisse pas bien du tout à ce réveil brusque. Sa bouche s'assécha à nouveau alors qu'elle pensait l'avoir énervé par sa présence mais sa réaction ne fût pas mauvaise. Au contraire.
Sandor cligna des yeux puis redressa la tête pour regarder autour de lui s'il y avait un éventuel danger qui aurait poussé sa femme à venir le réveiller en pleine nuit mais ne voyant rien d'anormal, il se recoucha dans un léger soupir épuisé.
Enroulant un bras protecteur autour de la femme silencieuse à ses côtés il la tira contre lui jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace entre les deux. La chaleur traversa rapidement les couches de vêtements jusqu'à atteindre sa peau, quelque chose qui le rassurait toujours en quelque sorte. Lui faisait savoir qu'elle était bien réelle mais surtout vivante et à lui. Etrangement, le corps d'Emerys était toujours très chaud, un excellent moyen de lutter contre le froid mordant du Nord !
Il sourit faiblement à cette dernière pensée cocasse puis se réajusta plus confortablement pour trouver une bonne place sur le sol avec la jeune femme dorénavant nichée contre sa poitrine. Quelque part il se sentait soulagé qu'elle soit de retour après les reproches de tout à l'heure qu'il devait bien admettre lui avait fait du mal. Ce n'était pourtant rien de grave, ils avaient endurés déjà bien pire ! Mais c'était cette façon de le regarder ... un rappel cruel de ce qu'il était autrefois. Un meurtrier sans honneur constamment rongé par la haine qui ne vivait que pour obéir aux ordres.
Mais tout cela était du passé maintenant. Ce fut difficile à admettre, le chemin était long et rude pour le comprendre, mais cette femme courageuse lui avait appris ce qu'était l'amour et la confiance au-delà de la répugnance de soi.
Emerys posa sa tête sous son menton ainsi que sa main juste au-dessus de son cœur, le regard perdu dans les flammes du petit feu qui tenait les hommes au chaud. Elle écoutait la respiration apaisante du Limier puis sourit doucement en sentant son souffle légèrement alcoolisé dans ses cheveux humides. Il était une bonne source de réconfort, cela lui rappelait toujours d'agréables souvenirs.
Toujours souriante à ses pensées secrètes, elle referma les yeux et se résolue à ne plus penser à son rêve idiot.
Mais Emerys ignorait que quelqu'un la regardait silencieusement, assis contre la cime d'un arbre un peu en retrait du groupe endormi. Béric plissa son bon œil à la femme maintenant sereine contre Clegane, un genou replié et son bras posé dessus.
Il avait tout vu.
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Au petit matin le groupe reprit très vite le chemin menant au Nord. Toujours plus proche de Château noir, toujours plus proche du mur.
Anguy, l'archer du groupe, leva son arc face au ciel encore sombre puis visa un corbeau qui passait au-dessus de leurs têtes, presque furtivement. D'un œil aiguisé et d'une rapidité hors norme, il tira une flèche qui transperça l'oiseau en plein vol qui finit par s'écraser à quelques mètres devant Béric Dondarrion.
Tout en offrant un regard irrité à Sandor qui maudit sous son souffle après son geste précis, il récupéra l'oiseau mort dans ses mains pour y retirer délicatement le parchemin enroulé autour de l'une de ses pattes noires. Un message de la plus haute importance sans aucun doute. Mais ne sachant malheureusement pas lire correctement, il le tendit aussitôt à Thoros de Myr lorsque celui-ci s'approcha avec Béric et un autre sans Bannières. La lecture fut rapide et le visage du Prêtre devint soudainement plus sombre au fur et à mesure qu'il apprenait les nouvelles.
«Qu'est-ce que t'as ?» Requit le Limier en fronçant les sourcils aux deux hommes, Emerys à ses côtés.
«Les nouvelles ne sont pas bonnes. Comme tu t'en doutes mon cher ami.» Expliqua calmement Thoros d'une touche d'humour dans sa voix tout en enroulant soigneusement le parchemin et en le tendant à Béric Dondarrion pour qu'il le lise à son tour.
«En voyant ta tronche dépitée on s'en doutait ! T'es toujours aussi éloquent, Prêtre inutile ?!» Maugréât sarcastiquement le Chien en croisant ses bras sur sa large poitrine et en levant un sourcil amusé.
«Et toi Clegane, toujours ce manque cruel d'intelligence !» Renvoya Thoros en suivant Béric vers leurs montures en attente pour eux de revenir en selle.
Sandor grommela dans sa barbe, prêt à envoyer une nouvelle insulte mais se calme subitement lorsqu'il sentit la main réconfortante d'Emerys sur son bras. Il baissa les yeux sur cette dernière puis enfin dans son expression inquiète mais souriante avant de laisser sortir un soupir par le nez, resserrant sa prise sur les rênes de son cheval. Il essayait de faire des efforts, vraiment, mais il ne pouvait se résoudre à faire confiance aux sans Bannières.
Il pressa le pas de son cheval en abandonnant quelques instants sa femme en arrière et vint se mettre à côté des deux hommes qui parlaient entre eux à voix basse. Il voulait connaître ce que le message contenait et surtout comprendre pourquoi le Prêtre semblait aussi nerveux tout à coup.
«Le Roi Tommen est mort. L'enfant s'est suicidé suite à l'explosion du Septuaire de Baylor. Une grande partie de la population de Port-Réal n'a pas survécu suite à ce drame. La nouvelle Reine est Cersei Lannister.» Expliqua finalement Béric quand il aperçut Sandor, la curiosité gravée sur son visage aigri.
«C-comment ? Et les Tyrell ?» S'écria soudainement une voix féminine inquiète derrière eux. Emerys sentit son cœur manquer un douloureux battement lorsque Béric se tourna vers elle et secoua la tête dans la négation, une expression sombre sur son visage.
A cette constatation sa vision se troubla par les larmes de désespoir puis sa respiration devint plus faible au fur et à mesure que son cœur martelait dans sa poitrine affreusement compressée aux terribles nouvelles. Emerys avait énormément apprécié les Tyrell lors de sa détention et plus particulièrement la jolie Margeary. C'était une femme douce et compatissante qui savait exactement comment rendre le sourire même dans les moments les plus difficiles à gérer. Les moments d'angoisses, de peurs et de douleurs. Sans elle, elle ne serait peut-être même plus de ce monde.
Encore une amie disparue par la faute de Cersei. Même si cette information n'était pas mentionner dans le message, il n'y avait aucun doute que la terrible Reine mère était derrière toute cette histoire sordide. Elle savait qu'elle haïssait les Tyrell avec passion non seulement parce qu'ils avaient un certain pouvoir mais aussi à cause de la beauté de Lady Margeary et de l'importance que lui accordait son jeune fils Tommen. Le garçon décédé par amour sans doute.
Une rage aveuglante se déversa soudainement en Emerys, l'obligeant à tenir les rênes de son cheval dans une prise si serrée que les jointures de ses doigts devinrent blanches de colère. Elle leva ses yeux noirs livides face à elle vers les arbres, s'imaginant voir Cersei Lannister en personne et les multiples façons de se venger pour ses actes immorales. Elle sera fortement les dents puis tenta de calmer sa respiration laborieuse afin de retrouver un certain calme, en vain.
Trop de douloureux souvenirs accompagnaient ce message. Des souvenirs de son emprisonnement, de cette vile femme manipulatrice mais plus que tout de la terrible Montagne alias Gregor Clegane. Heureusement que ce dernier était mort. Du moins elle priait pour que ce soit le cas.
Emerys était tellement plongée dans son propre petit monde de vengeance qu'elle ne se rendit même pas compte que Sandor s'était mis à côté d'elle et l'appelait. Elle leva les yeux vers lui mais n'entendit pas ce qu'il lui disait mais d'après son expression elle pouvait en déduire qu'il était très inquiet pour elle. Il lui fallut quelques secondes de plus pour retrouver son calme, les mains tremblantes spasmodiquement. L'homme à la voix grave mais soucieuse posa une main ferme sur son épaule puis la secoua un peu pour la faire revenir au présent.
«Hey, hey ! Est-ce que ça va ? Où est-ce que tu étais ?» Demanda précipitamment Sandor en se penchant vers la femme déboussolée, leurs chevaux marchant très proche l'un de l'autre au point ou leurs genoux se touchaient. Emerys déglutit mais hocha faiblement la tête en esquissant un petit sourire mal à l'aise, desserrant finalement sa prise sur les rênes.
«Oui ... Je vais bien.» Souffla-t-elle en le regardant droit dans les yeux.
Le Limier serra la mâchoire, pas convaincu par ses affirmations mais relâcha tout de même son épaule en glissant sa main sur la sienne beaucoup plus petite et moite. Il lui donna une légère pression rassurante, la regardant fixement sans rien dire juste pour l'examiner. Le sentiment en lui ressemblait à de l'empathie mélangé à de la perplexité en voyant ce regard si désespéré au lieu du confiant qu'il avait pris pour habitude de voir sur elle.
Sandor savait à propos de Margeary Tyrell et d'Emerys et il savait que cette nouvelle l'accablait ... C'était injuste, il voulait l'aider à se sentir un peu mieux. Elle ne méritait plus de souffrir, sa belle femme avait déjà assez vécue dans cette vie et de ne pas avoir le contrôle sur la situation délicate l'énervait au plus haut point.
«La Reine Cersei ... J'ai jamais entendu une aussi grande connerie ! Cette salope aux cheveux jaunes ne mérite pas d'avoir son cul sur le Trône de Fer, ni aucun de ces foutus Lannister d'ailleurs ! Qu'ils crèvent tous jusqu'au dernier et qu'on en parle plus de cette vermine.» Grogna Sandor pour couper le silence gênant qui pesait entre Béric et Thoros.
«La haine Clegane, toujours et encore la haine. Vous comprendrez un jour qu'il n'y a pas que ça dans la vie. Je ne suis pas certain que cette Reine restera longtemps sur le Trône de Fer avec ce qui arrive de l'autre côté du Détroit.» Répondit sincèrement Béric en regardant pensivement le ciel éclaircit par l'arrivé du soleil à l'horizon.
«La gamine avec ses trois dragons ? Qu'est-ce que ça peut faire ! Ils ont étés décimés par les hommes et ils se feront à nouveau tués comme de vulgaires rats. Ça ne changera rien du tout, tu peux me croire sur parole. Cersei est coriace, elle a finalement eu ce qu'elle voulait.» Sandor leva les yeux au ciel puis soupira exagérément suivit d'un léger rire sans humour.
«Quatre dragons.» Coupa brusquement Thoros en penchant la tête vers le Limier, ses yeux bleus glaces dans son visage dorénavant incrédule. Le plus jeune Clegane ouvrit la bouche mais le chef des sans Bannières poursuivit.
«Un dragon a été aperçut à Port-Réal et dans certaines contrées de Westeros, d'après les dires. Une créature noire d'écaille à quatre pattes qui ne ressemble pas aux dragons qui ont éclos dans les bras de la Mère des Dragons.» Béric pencha la tête sur le côté.
A ces mots, Emerys leva les yeux vers les hommes plus loin devant elle.
«Une créature silencieuse et furtive, pas comme les trois autres plus grands et plus agressifs aussi. Pourquoi Daenerys Targaryen aurait-elle cachée son existence si elle n'avait pas une bonne raison de le faire ?» Renchérit Thoros de Myr en levant les sourcils puis en se remettant correctement sur son cheval, les yeux fixés sur le chemin sinueux devant lui.
Ne recevant aucune réponse de la part du Limier, Béric le regarda et vit qu'il se battait intérieurement d'après son expression renfrognée. L'homme costaud évitait leurs regards, préférant regarder devant lui plutôt que de faire un autre de ses commentaires acerbes et inutiles. Ce qui interpela autant Béric fût ce manque cruel de réaction face à cette nouvelle plutôt déconcertante. Il savait délibérément quelque chose de plus qu'eux.
«Vous l'avez vu, n'est-ce pas ?» Affirma-t-il enfin, le ton de sa voix poussant le Limier à réagir.
Sandor baissa les yeux sur l'encolure de son cheval puis récupéra ensuite sa gourde à sa ceinture pour prendre une grande gorgée de vin. Il plissa les yeux lorsque l'alcool descendit généreusement dans sa gorge déshydratée, cherchant un moyen de contourner la question futile.
«Dites-moi si je me trompe. Vous avez croisez cette chose ?» Pressa Béric d'un chuchotement en jetant un petit coup d'œil nerveux à Thoros qui semblait aussi tendu que lui soudainement, passant ses yeux méfiants de son ami de longue date au Limier.
Ils faisaient en sorte que cette petite discussion ne soit pas entendue par les autres hommes qui suivaient à l'arrière, désireux de garder les informations susceptibles de causer le chaos dans les rangs. Sandor rabaissa sa gourde puis s'essuya grossièrement la bouche avec le dos de sa main en repositionnant sa précieuse boisson à sa ceinture. D'une poignée ferme, il reprit ses rênes mais ne regarda toujours pas l'un des deux hommes marchant tranquillement à côté de lui qui le suppliait du regard pour qu'il avoue.
«Elle existe.» Finit-il par dire dans sa voix grave habituelle en levant les yeux vers l'expression assombrie de Béric Dondarrion. Les deux hommes se fixèrent longuement sans émettre de son jusqu'à ce que finalement Thoros se mette à rire d'une claque amusée contre sa jambe.
«Tout comme le Maître de la Lumière et les créatures derrière le Mur !» S'esclaffa-t-il dans un grand sourire malicieux.
«Je ne crois pas à toute cette merde ! Ce ne sont que des contes de bonnes femmes.» S'agaça le Limier qui s'empressa de râler quand le Prêtre bavard se mit à lui expliquer les nombreuses visions qu'il avait eues et à quel point son Dieu de la Lumière était puissant mais il n'en avait clairement rien à faire de ce qu'il lui racontait.
«Les choses n'arrivent pas par hasard Clegane. Il y a toujours une signification. La perte de votre village paisible et de ses habitants, votre brûlure par la main de votre frère et votre rencontre avec Emerys ... La mort de votre enfant-» Béric fut brusquement couper dans son monologue par Sandor qui l'attrapa à l'avant de la chemise et le tira proche de son visage enragé.
«Putain pas un mot de plus Béric, ou je te tue et je ferais en sorte que cette fois-ci ton petit Prêtre adoré ne puisse pas te ramener chez les vivants ! Crois-moi je m'en assurerais. J'en ai assez de vos conneries.» Siffla-t-il avec colère en le secouant rudement.
«Sandor ! Arrête !» Cria Emerys une fois à côté des deux hommes en conflit, les yeux écarquillés à la scène qui se déroulait devant elle. En retrait, elle entendit avec horreur l'archer armer son arc et visé la tête du Limier tandis que les autres hommes prirent leurs épées en cas de combat.
«J'ignore comment tu sais toutes ces choses, mais ce qui se passe entre ma femme et moi ne te concerne pas ! Ce ne sont pas vos affaires, ça ne regarde personne. Vous vous croyez supérieur, alors que vous n'êtes qu'une bande de petits rigolos qui croit dur comme fer en un Dieu imaginaire. La vie, toute cette merde, c'est pas une partie de plaisir et aucune croyance ne changera ça.» Sandor relâcha subitement Béric après lui avoir jeté un regard noir luisant de remords.
Béric toussota inconfortablement puis passa une main autour de sa gorge en feu avant de lever son autre main pour faire signe à ses hommes qu'il n'y avait plus aucun danger dorénavant. Anguy retira sa flèche de son arc afin de le ranger à nouveau de retour sur son épaule, les yeux méfiant sur le Chien instable émotionnellement. L'ironie, qui l'aurait cru ? Tous, autant qu'ils étaient dans cette immense forêt demeurante silencieuse se regardaient avec scepticisme, la tension à son apogée. Un véritable combat du regard qui pourrait vite mal finir.
Contre toute attente, personne ne reprit la parole pas même le Prêtre qui semblait pourtant être sur le point d'en découdre mais qui se ravisa après avoir reçu un signe d'avertissement de son chef désireux d'atténuer la tension. Ils reprirent tous la route sans un autre mot, le bruit des sabots des chevaux résonnant sur la terre sèche du sol de la forêt. Emerys n'avait pas tout entendu de la petite conversation entre Béric et Sandor mais avec ce qu'il venait de se passer elle savait que l'homme aux multiples morts avait touché une corde sensible chez le Limier. Restait à savoir laquelle.
Souriant sciemment à l'homme au visage brûlé à la fois énervé et triste à côté d'elle, Emerys posa une main chaleureuse sur son genou puis le tapota calmement, espérant avoir une petite reconnaissance même infime dans ses yeux bruns de chien battu.
Mais Sandor ne réagit pas à la grande déception d'Emerys qui ne voulait plus le voir dans cet état-là. Jamais, c'était un spectacle déchirant. Elle soupira doucement par la bouche puis releva son regard accusateur vers les chevaux de Thoros de Myr et de Béric Dondarrion qui marchaient à l'avant du cortège des sans Bannières, tous deux silencieux à présent. Quelque chose d'inhabituel en effet.
Le Prêtre rouge s'était retourné plusieurs fois pour la regarder fixement dans les yeux comme s'il s'attendait à recevoir des réponses qui ne vinrent jamais. Son visage était froid et son regard calculateur, ce qui la rendit quelque peu mal à l'aise. A chaque fois qu'il la regardait intensément de cette façon elle avait l'impression qu'il tentait de voir à travers son âme pour y dénicher ses plus sombres secrets. Emerys n'appréciait guère cette façon qu'utilisait Thoros pour la mettre dans l'embarras. Volontairement ou non.
Et il y avait encore tant de chemin à parcourir jusque dans le Nord et finalement vers Winterfell. Pour quel but ? Elle l'ignorait encore. Les sans Bannières n'avaient pas réellement de destination précise en tête mais ils voulaient se rapprocher le plus possible du grand Mur. Thoros disait que le Maître de la Lumière voulait qu'ils aillent là-bas pour une raison inconnue mais sans doute très importante.
Qu'allaient-ils trouver au bout du voyage ?
Emerys retint sa respiration puis se redressa sur la selle de son cheval, le dos droit et les yeux regardant fixement l'avant du groupe. Tant de questions sans réponses aujourd'hui ... Trop d'incertitudes à l'horizon. De nombreux secrets restaient à être découverts mais plus elle rapprochait du but, plus son esprit s'éclaircissait après toutes ces années maintenu dans l'ombre. Loin de la vérité, loin de son origine véritable. Grâce à un seul homme qui lui avait appris ce qu'était le contrôle de soi-même, Varys.
Sandor restait très silencieux à côté de la jeune femme en profonde réflexion, s'autorisant quelques coups d'œil pour voir si elle allait bien. Il se racla la gorge plusieurs fois mais ne pouvait se résoudre à parler car il n'avait jamais été très à l'aise avec les mots.
En temps voulu ... Emerys le regarda du coin de l'œil puis sourit tristement.
Un frisson lui parcourut l'échine lorsqu'un vent froid venu de nulle part souffla sur le groupe silencieux, amenant avec lui quelques flocons de neiges cristallins.
L'hiver arrivait.
A suivre ...
Fin de cette troisième partie. J'espère que vous l'avez appréciée et que vous serez au rendez-vous pour la suivante qui s'avère particulièrement intéressante en termes de surprises et de nouvelles rencontres très importantes ;)
En tout cas je vous remercie sincèrement pour la lecture, fidèles lecteurs !
A la prochaine, VP
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