Chapitre 10
Chapitre 10
Après cette petite conversation avec le Septon Ray, Sandor retourna dans la forêt pour chercher d'autres arbres à couper avec l'aide de deux hommes. Ils n'osaient pas engager la conversation avec l'ancien mercenaire car ils craignaient que s'ils disaient la moindre chose, le Limier allait leur priver de leur langue ou bien pire encore ...
Des histoires sur cet homme, il y en avait un paquet qui circulait dans le village surtout depuis son arrivé avec la femme aux cheveux platine. La plupart des villageois ne comprenaient toujours pas comment un tel couple pouvait exister et surtout aussi bien s'entendre. Cette Emerys était d'une si grande beauté que n'importe quel homme se présenterait à ses pieds et pourtant, elle se retrouvait avec un homme comme le Chien.
«Là, celui-là !» S'écria Sandor en pointant du doigt un grand arbre légèrement courbé.
Les deux hommes derrière lui se précipitèrent vers la cible pointée du doigt puis levèrent leurs haches pour commencer à le couper en deux tandis que le Limier se dirigea vers un autre arbre en contre-bas. Il n'avait besoin d'aucune aide pour couper un arbre, lui.
Une fois mis en deux, il le souleva sans grande difficulté sur son épaule puis l'emmena calmement vers la sortie de la forêt et vers le Septuaire sur la petite colline, grimaçant lorsqu'il ressentit la douleur familière dans sa jambe. Maudite blessure ! Elle ne le laissera jamais en Paix.
Le Limier se décala légèrement sur la droite lorsque d'autres hommes passèrent à côté de lui pour aller aider les deux hommes dans la forêt qui coupaient le bois. Il s'agissait d'un travail de groupe, du moins c'était ce que le Septon Ray aimait leur dire. Sandor rit intérieurement en voyant du coin de l'œil des hommes en difficulté avec une simple souche d'arbre. Ils manquaient tous de force ici et bien qu'ils vivent en autarcie, un jour cela risque fort de leur porter malheur.
Sandor jeta l'arbre sur le sol comme le précédent puis reprit calmement son souffle, s'arrêtant de respirer lorsqu'il entendit un éclat de voix suivit par un claquement semblable à une gifle. Il leva les yeux et vit plus loin qu'il s'agissait de sa femme, Emerys.
La femme regardait méchamment un homme aux cheveux bruns courts qui se frottait la joue endolorie, abasourdi par la claque qu'elle venait de lui mettre. Elle leva son index à son visage et marmonna quelque chose que Sandor ne pouvait entendre à cause de la distance qui les séparait. Elle finit par se détourner de l'homme puis descendit la colline vers le village, laissant dans son sillage un panier qu'elle venait d'apporter.
«Les hommes s'intéressent à elle, c'est normal après tout. C'est une belle femme. Jeune, naïve, curieuse et un peu mystérieuse ... Mais la plupart ignorent qu'elle est déjà prise !» S'exclama soudainement Septon Ray qui apparut comme par enchantement derrière le Limier. Il le faisait régulièrement ces temps-ci ...
«Tu leurs dit, ou il faut que je m'en charge ?!» Menaça le Limier en serrant les poings, ses yeux suivant l'homme qui retournait vers la construction du Septuaire bredouille.
«Pas de violence, Clegane. Quelques mots suffisent généralement.» Réprimanda Ray en posant une main sur l'épaule de l'homme irrité. Il trouvait cela intéressant de voir à quel point il pouvait être jaloux et avait peur qu'Emerys soit prise loin de lui ! Pourtant, c'était évident que cela n'arrivera jamais.
«Lèche-moi le cul avec tes conseils à la mords moi le nœud. Personne ne touche à ma femme à part moi !» Grogna Sandor en se retournant vers le Septon. Fumant par son manque de réaction, ce dernier leva sa hache vers son visage, les dents serrées et le cœur battant de rage.
«Je ne veux pas de meurtre ici. Ce sont de bonnes gens et Emerys est assez grande pour se débrouiller toute seule. Je pense qu'elle a suffisamment appris durant sa vie.» Renchérit Ray en levant les sourcils, les bras croisés tout en défiant du regard le Limier en colère. Il y eu quelques secondes d'un silence intense avant que l'homme plus costaud ne le brise.
«Je trouve que vous vous dites beaucoup de choses.» Siffla le Limier sur le ton du reproche en rabaissant sa hache mais en gardant une expression renfrognée sur son visage meurtri.
«Effectivement, je lui fais confiance et elle me fais suffisamment confiance pour me dire certaines choses. Je ne crois pas au destin mais je pense que nos routes devaient un jour se croisées, avec ou sans toi !» Ricana de bon cœur Ray mais Sandor ne trouva pas cela aussi drôle que lui.
«Ah oui ? Et qu'est-ce que vous vous dites exactement ? Qu'est-ce qu'elle me cache que toi, tu sais ? Septon de médeux !» Insulta le Limier en levant le menton, la bouche tordue dans une grimace de dégout.
Ray se mit soudainement à sourire puis à rire, trouvant la situation vraiment amusante au plus grand damne du Limier qui ne comprenait pas le sens de tout cela. Bien-sûr qu'il savait des choses, mais il avait promis à Emerys qu'il ne dirait rien sans son consentement. Alors il croisa les bras derrière son dos puis contourna calmement le Chien, les yeux parcourant pensivement le Septuaire en construction.
«Emerys est quelqu'un de tout à fait remarquable. Mais certains secrets doivent être dits par la personne qui les cache. Un jour tu verras et tu comprendras l'ampleur de la situation. Pour le moment, profite donc de cette magnifique vue que nous avons là ! N'est-ce pas génial ? Vivre dans une parfaite harmonie loin des gens qui veulent faire la guerre et le chaos.» S'écria Septon Ray en désignant le paysage autour de lui avec ses mains.
Sandor serra la mâchoire puis reprit une profonde inspiration pour calmer ses nerfs mis à rudes épreuves. Il voulait savoir, il voulait comprendre pourquoi tant de personnes voulaient aider Emerys et lui disaient toutes ses choses absurdes en laissant planer un grand mystère. Il repensa soudainement à ce vieillard qui l'avait sauvé des mains de Barry Mallister ... D'ailleurs, il fallait encore qu'il en parle à sa femme de cette étrange histoire.
Le Septon Ray l'ignorait délibérément, ce qui accentua d'avantage sa mauvaise humeur. Sandor Clegane n'était pas un homme patient, pas du tout même ! Il haïssait lorsque les gens parlaient avec des mots compliqués et il haïssait encore plus lorsqu'il devait faire preuve de patience et de sagesse. Ce n'était pas lui, l'homme qu'il devenait ne lui correspondait pas.
Il était un tueur né. Il aimait cela et faisait ce qu'il pensait être juste même s'il fallait faire le mal car dans ce monde rempli de cruauté, la pitié n'existait pas. Ce battre ou alors se laisser mettre sous terre. Comme la plupart des Stark, qui croyaient en une sorte de Paix entre les maisons juste avec des bonnes paroles et quelques pots de vin. Juste des gens stupides qui sont morts à cause de cette façon de voir le monde.
Grommelant d'agacement, Sandor reprit une bonne prise sur sa hache puis s'éloigna du Septon avant qu'il ne commette une grave erreur.
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Un bon bain dans la rivière, voilà tout ce qu'il fallait à Emerys pour se sentir mieux !
Elle retira rapidement ses vêtements avec trois autres femmes du village, riant entre elles lorsque la froideur de l'eau rampa sur leurs peaux chaudes et en sueurs. Noreen, Farah et Erega, les trois femmes qu'elle appréciait le plus dans le village et sans doute les seules amies qu'elle avait. Les quatre entrèrent lentement dans la rivière jusqu'à ce qu'il ne reste plus que leurs têtes visibles hors de l'eau. Elle était profonde et très fraîche, mais suffisante pour une bonne baignade au soleil.
Noreen se mit à éclabousser Erega qui elle, en retour, lui aboya d'arrêter ses sottises, manquant de peu de se noyer parce qu'elle glissait sur le sol sableux. Emerys sourit puis ferma les yeux en écoutant attentivement les conversations des autres femmes, nageant calmement sur place.
Elle aimait l'eau, c'était certainement l'élément le plus important pour elle. L'eau calmait les douleurs et apaisait les muscles endoloris, elle était nécessaire à la survie de chaque être vivant et pouvait éteindre les flammes ... Emerys se redressa dans l'eau lorsque Farah trébucha sur la berge en essorant ses cheveux noirs dans ses mains.
«Bande de garce !» S'écria-t-elle humoristiquement. Elle reprit sa robe abandonnée sur le côté puis la plongea dans l'eau pour la nettoyer, jetant quelques petits coups d'œil faussement agacés vers Noreen et Erega qui lui tiraient toutes deux la langue.
Emerys cracha l'eau contenu dans sa bouche puis nagea tranquillement vers la berge et vers Farah qui trempait furieusement sa robe dans l'eau claire. Elle entendit les rires des deux autres filles derrière elle et ne put s'empêcher de rire elle aussi lorsque l'une d'elle hurla sur l'autre pour une raison inconnue.
Heureusement que la rivière passait dans les arbres et qu'elle était assez éloignée du village au risque d'être vues par des villageois et plus particulièrement par des voyeurs ... Même si cela ne semblait pas déranger les femmes, bien au contraire. Elles avaient confiance en tout le monde et cela grâce au Septon Ray. Ce qu'admirait particulièrement Emerys.
Elle se hissa hors de l'eau à l'aide de ses mains mais glapit de douleur lorsqu'elle glissa sur un rocher coupant, s'ouvrant la paume de la main droite. Elle siffla entre ses dents puis leva sa main à son visage pour voir l'étendu des dégâts. Une fine coupure qui traversait presque toute sa paume et qui laissait couler le sang dans l'eau, goutte par goutte. Mais rien de bien grave, ce n'était qu'une blessure superficielle.
Emerys devint fascinée par cette blessure ainsi que la couleur cramoisie de son sang qui glissait lentement le long de son coude. Elle semblait perdue dans ses pensées, un léger froncement de sourcils déformant son visage au fur et à mesure que son sang apparaissait. Elle ne pouvait détacher ses yeux noirs inexpressifs de cette blessure. Des souvenirs lui revinrent à l'esprit, la déconnectant du monde réel. Des souvenirs tous plus atroces que les autres, ce qui entraîna une hausse de son rythme cardiaque et donc de l'écoulement de son sang.
«Qu'est-ce que tu as ?» Demanda Farah, l'air inquiète pour son amie après avoir entendu son cri. Elle laissa sa robe de côté puis s'avança vers elle en lui prenant de force la main pour l'inspecter minutieusement.
Ce geste permis à Emerys de revenir au présent. Elle cligna rapidement des yeux, voulant d'abord s'écarter de Farah après son geste brusque mais la femme à la peau foncée la tenait fermement. Sa peur fut bientôt remplacée par un sentiment indescriptible, un air penaud tandis qu'elle colla un sourire forcée.
«Ce n'est pas trop grave, j'ai juste glissée c'est tout.» Dit rapidement Emerys avec un petit haussement d'épaules, la lèvre inférieure ressortis. Elle se racla la gorge quand elle sentit un nœud s'y former, de plus en plus nerveuse par ses récentes pensées destructrices.
«Rien de grave ?! Emerys, il faut soigner ça ou tu risques d'avoir une infection.» Réprimanda sévèrement Farah en plissant les yeux à la femme qui tentait de relativiser les choses. Son insouciance allait lui être fatale un jour ou l'autre si elle continuait comme ça ! Farah se pencha puis récupéra sa robe en arrachant un bout de tissu.
«Farah ... Ce n'est pas la peine, vraiment.» Emerys soupira lorsque la femme l'ignora délibérément puis banda sa main avec le tissu qu'elle venait d'arracher.
«Va voir le Septon Ray. Montre-lui ta blessure avant qu'elle ne s'infecte et devienne putride.» Commanda durement Farah en levant les sourcils et en mettant son index au visage de son amie. Elle rabaissa ses yeux sur sa main blessée puis serra un nœud pour que le bandage tienne assez longtemps jusque-là.
Emerys resta sans voix, les yeux au sol alors qu'un nouveau souvenir lui revint à l'esprit. Elle se souvenait de ce qu'avait dit Arya au Limier lorsqu'il avait été mordu par un homme dans les bois.
Elle risque de s'infecter et devenir putride ! Lui avait-elle dit en voulant brûler sa blessure au cou. L'homme ne lui avait pas laissé l'opportunité de l'atteindre avec le feu, trop peur de la douleur que cela lui infligerait.
Le sang coulait vite hors du bandage blanc et dans l'eau de la rivière à ses pieds. Farah ne lui dit plus rien comme elle se retourna pour reprendre sa robe maintenant déchirée en continuant de la laver comme si de rien était.
Emerys couvrit sa nudité avec sa propre robe puis après avoir donné un bref signe d'adieu à ses amies, elle courut de retour dans le village un peu plus haut, tenant fermement sa main bander contre sa poitrine. Elle n'avait déjà plus mal et voir le Septon Ray pour une idiotie pareille ne faisait pas partie de ses plans, malgré les conseils avisés de Farah.
Elle courut vers la petite maison un peu en retrait du village puis contourna l'enclos de son poulailler pour aller voir le cheval noir à l'arrière qui broutait tranquillement. Stranger redressa la tête puis colla ses oreilles dans sa direction en grattant son sabot sur le sol en signe d'avertissement pour ne pas qu'elle se rapproche trop rapidement.
Emerys leva les mains devant elle pour le calmer et lorsque l'animal ne fit rien pour la mordre, elle sourit et s'approcha doucement de lui en mettant ses mains à plats sur son encolure. Elle aimait ce cheval, elle s'y était beaucoup attachée depuis qu'elle voyageait avec Sandor et Arya.
Elle le caressa lentement et pensivement, les yeux sur la peau noire et un peu sale de l'animal immense. Aussi grand et robuste que son Maître. Le parfait cheval de guerre pour un Clegane digne de ce nom.
Son sourire disparu au fur et à mesure qu'elle glissait sa main le long du cou du cheval noir. Son regard se perdit sur les arbres un peu plus loin, un sentiment étrange en elle. Quelque chose la tourmentait, lui disait que quelque chose de grave allait se produire. Ce sentiment d'impuissance la terrorisait, mais quelque part dans un coin de son esprit, elle savait qu'elle détenait la force nécessaire pour repousser n'importe quelle menace.
Mais pour quel prix ...
Ma chère enfant. Un jour, le monde saura qui vous êtes réellement et de quoi vous êtes capable. Ce n'est plus qu'une question de temps avant de faire votre choix. Pour qui vous battrez-vous, Emerys ? Un souverain, ou vous-même ? Ne laissez personne vous influencez.
Les douces paroles de Varys détendirent Emerys. Elle devait admettre que l'homme qui avait été un mentor pour elle, lui manquait beaucoup. Même s'il était un lâche, il restait une figure de confiance et sans doute l'une des rares personnes à savoir qui elle était vraiment, en dehors d'Emerys Raven.
Ne laissez pas ses pensées négatives choisirent à votre place.
Elle se pinça les lèvres lorsqu'elle sentit ses yeux devenir humides. Stranger souffla bruyamment et le muscle sous sa main se tendit, obligeant Emerys à recentrer son attention sur l'animal qu'elle caressait tendrement.
Une ombre plana soudainement derrière elle et pendant un instant, elle se figea. Mais Stranger ne remua pas de colère, alors il ne pouvait s'agir que d'une seule personne et donc elle se détendit puis sourit en continuant de caresser le cheval. Il n'y avait que Sandor, elle et Arya que Stranger laissait approché.
Une grande main se déplaça à côté de son visage et attrapa soudainement son bras droit dans une poigne ferme en la forçant à faire face à l'homme derrière elle qui semblait furieux. Sandor l'approcha de son torse tout en regardant sa main bandée avec un soupçon de curiosité sur ses traits de visages colériques.
«Qui est-ce qui t'as fait ça ?» Demanda-t-il d'une voix mortellement basse après un long moment silencieux, les dents serrées. Il garda une bonne prise sur son poignet puis leva sa main vers son visage tout en étudiant attentivement les yeux noirs de la femme.
«Personne. Je me suis fait mal toute seule comme une grande en me baignant dans la rivière.» Répondit sarcastiquement Emerys en levant les yeux au ciel, agacée que tout le monde la traite comme un enfant en bas âge.
Sandor renifla de dédain puis alla s'assoir sur un rocher en l'entraînant avec lui sur ses genoux, un petit sourire narquois aux lèvres. Il s'inquiétait beaucoup trop, surtout depuis ce qu'il avait vu plus tôt avec le Septon Ray près de la construction du Septuaire.
«Je ne te mens pas ...» Tenta Emerys en se mordant nerveusement la lèvre inférieure, ayant peur qu'il s'énerve comme la dernière fois.
«Je sais.» Répondit-il rapidement en encerclant ses bras autour des hanches d'Emerys pour pas qu'elle ne tombe de ses genoux. Il voulait simplement s'assoir ici et la regarder, observer ses traits de visage et sa beauté alors que sa crainte s'estompait.
«Je vais bien, je t'assure ! Regarde.» Pressa Emerys en levant sa main droite et en déliant délicatement le bandage souillé pour dévoiler une plaie presque complètement cicatrisée. Juste une ligne mince qui traversait sa main en diagonal, rien de plus ni de moins. Elle rit puis se pencha en avant pour planta un doux baiser sur le côté de son visage marqué, juste au-dessus de son sourcil manquant.
Sandor resta là à regarder la plaie tendue à son visage, à la fois perplexe et à la fois impressionné. A chaque fois qu'Emerys faisait cette espèce de magie, il perdait presque sa voix et pensait qu'il rêvait mais non, elle pouvait faire de la guérison et elle le lui avait prouvé à plusieurs reprises. Cette femme était incroyable et très spéciale, il l'admirait de plus en plus au fil des jours qui passaient.
Il leva les yeux loin de sa main puis regarda longuement son visage, les mains tenant fermement ses hanches. Ses yeux prenaient dans sa beauté naturelle, voulant se souvenir de chaque détail qui faisait d'elle la femme parfaite à ses yeux. La couleur de sa peau crémeuse, son petit sourire qui jouait sur ses lèvres à chaque fois qu'il la regardait de cette façon, ses longs cheveux platine légèrement ondulés qui couvraient ses seins ...
Elle lui disait tout, mais elle ne lui disait rien ... Cette femme lui avait racontée bien des horreurs qui l'avait mis hors de lui mais Sandor savait parfaitement qu'elle lui cachait encore bien des choses.
Ce que Cersei lui avait fait, ce que son frère la Montagne lui avait fait et Meryn Trant ... Il connaissait son histoire ou du moins une partie de celle-ci, celle qu'elle voulait qu'il sache. Cette ignorance le mettait en colère et le frustrait mais ce fut le choix d'Emerys et il ne la brusquera pas pour ça. Lui non plus ne lui avait pas tout dit car il préférait lui épargner les horribles choses qu'il avait fait au cours de sa misérable vie.
Mais maintenant en y réfléchissant, une question lui brûlait les lèvres depuis un long moment. Il prit une profonde inspiration puis leva un peu le menton pour être au même niveau avec Emerys. La femme le regardait fixement tandis que ses cheveux platine lui chatouillaient le cou avec la légère brise qui soufflait. Il resserra un peu sa prise sur ses hanches puis jeta un petit coup d'œil à Stranger qui broutait pas loin avant de revenir à elle.
«Comment sommes-nous arriver ici ?» Ce n'était pas une question mais plutôt une commande. Il voulait comprendre car de Port-Réal aux Eyrié, il y avait plus d'une semaine à cheval. Emerys parut soudainement nerveuse car elle se redressa sur ses genoux en ouvrant la bouche puis finit par détourner les yeux.
«A cheval.» Dit-elle comme s'il s'agissait de la question la plus stupide du monde.
«Ne me prends pas pour un couillon ! J'ai fait le trajet et j'aurais dû crever avec autant de chemin jusqu'ici. Alors réponds-moi et ne t'avise plus de me mentir, femme !» Grogna Sandor en récupérant rapidement Emerys lorsqu'elle voulut se lever de ses genoux.
«Sandor, arrête ! Je ne suis pas prête et tu ne l'est pas non plus. Ce qui importe, c'est que l'on soit en vie, le reste n'a pas d'importance. Je suis heureuse que tu es vivant, que tu respires et que tu es là, avec moi ...» Débita Emerys en pinçant les lèvres lorsque les larmes lui montèrent aux yeux. Elle leva les mains au visage du Limier puis les posèrent sur ses joues en traçant ses pouces sur les pommettes, plongeant son regard désespéré dans le sien.
Ils se regardèrent droit dans les yeux sans rien dire, la respiration profonde et la tension dans l'air se faisant ressentir. Sandor ne voulait pas s'arrêter là mais il vit la peur et l'angoisse dans ses yeux noirs alors il se ravisa et avala sa salive, prenant son mal en patience pour le moment.
Sa femme avait suffisamment souffert, il attendra le moment venu même si cela lui demandait un effort considérable. Il soupira puis ferma les yeux en profitant des mains douces sur son visage, resserrant sa prise sur les cuisses d'Emerys comme pour s'assurer qu'elle était bien là. Il rouvrit les yeux pour la regarder à nouveau puis leva sa main droite sur les côtes couvertes par la robe, là où il y avait l'ancienne blessure.
Il lui avait fait cette brûlure, pour la sauver. A chaque fois qu'il y repensait, un énorme sentiment de culpabilité le frappait et l'écœurait. Même si cela était la seule et unique façon pour la garder en vie, Sandor en faisait encore régulièrement des cauchemars. Car cette douleur, cette terrible odeur, il les connaissait que trop bien pour le confort.
«Ça va, je ne ressens plus rien.» Murmura Emerys en mettant sa propre main sur celle de Sandor contre ses côtes. Elle savait ce qu'il ressentait et le combat interne qu'il subissait rien que par ses yeux expressifs. Un visage renfrogné mais des yeux qui reflétaient la nature même de son âme ... Un peu comme un livre ouvert, exactement lui.
Elle abaissa sa tête pour reposer amoureusement son front contre le sien en fermant les yeux, les mains de retour à ses joues alors qu'ils profitaient de la proximité de l'autre. Ce genre d'instants, ils les chérissaient plus que tout au monde. Loin de la douleur, proche du cœur. Il pouvait presque sentir son cœur battre au même rythme que le sien, son parfum enivrant l'embaumant agréablement.
Sandor se sentit déçu lorsqu'elle s'éloigna puis se leva de ses genoux en dépoussiérant sa robe, souriant adorablement. Dieux qu'il l'aimait quand elle le regardait de cette façon. Il se sentait vraiment aimer.
«Avant que j'oublie ... Il y avait ce vieillard lorsque j'étais chez ce petit trou du cul de Barry.» S'exprima-t-il rapidement en se levant également et en grimaçant lorsque sa jambe lui causa de l'inconfort.
Cela ne passa pas inaperçu à Emerys qui fronça les sourcils, l'inquiétude luisant dans ses yeux noirs. Elle se rapprocha de lui pour l'aider mais il l'éloigna avec son bras avant même qu'elle ne puisse le toucher pour l'aider à marcher. Il n'avait pas besoin d'aide pour se déplacer, plus pour le moment en tout cas. Il manqua malheureusement son regard blessé car il réfléchissait profondément.
Merde, comment il s'appelait déjà ?! Sandor fouilla dans sa tête pour retrouver le nom de cet homme mystérieux qui l'avait aidé à s'échapper des Mallister. Il connaissait bien Emerys et voulait qu'elle sache qu'il avait été là ... Il leva les yeux vers elle et vit qu'elle le regardait confusément, la bouche légèrement entre ouverte. Enfin, il se souvint !
«Edmound Burton te salue.» Déclara-t-il en levant le sourcil lorsque le visage d'Emerys se décomposa à ses mots. Il ouvrit la bouche pour lui demander la raison de ce choc mais soudainement et contre toute attente, la femme se mit à rire.
Emerys ne pouvait pas se retenir et elle riait si fort que certains habitants s'approchèrent pour voir ce qui provoquait le rire de la femme aux cheveux platine. Sandor se tenait là, incertain sur quoi faire ou dire et un peu embarrassé par son fou rire. Il était sincère et fort, un rire qu'il n'avait jamais entendu d'elle et qu'il aimerait entendre un peu plus souvent.
Elle se tenait les côtes et des larmes coulaient maintenant sur ses joues, un peu comme la fois où Arya avait découvert que sa tante était morte mais ce rire n'avait rien à voir avec le sarcasme, il était heureux.
Sandor croisa les bras et s'autorisa un petit sourire parce que sa femme était heureuse, même s'il n'en connaissait pas la raison et ne la connaitra sans doute jamais.
A suivre ...
J'aime cette relation, j'adore écrire sur GoT ^^
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