Goodbye Hachiko

Média : Musique " Goodbye" from Hachiko : A dog's story.

Un arbre centenaire s'élevait parmi la nuit, nimbé de la lumière argentée de la lune qui, dorée et hiératique, transcendait les cieux sombres, couverts de nuages menaçants. Le tronc épais témoignait de son grand âge et ses branches tendues semblaient vouloir embrasser le firmament. Dans l'obscurité, sa silhouette était menaçante et paraissait se balancer dans la nuitée. Une silhouette était agenouillée sous lui, frêle et minuscule. Elle semblait si vulnérable et démunie dans la nuit tellement dangereuse. C'était une jeune fille. Des larmes dévalaient ses joues et ses yeux rouges, à la limite d'être injectés de sang, témoignaient de ses pleurs. Son visage était déformé par la tristesse qui lui saisissait les tripes, et ses traits tremblaient. Son corps convulsait tant son chagrin était immense.

Pour le moment invisible à ses yeux, une ombre se mut derrière elle, aussi blanche qu'un spectre et aussi légère que le vent lui-même. L'âme esquissa un geste de réconfort vers la jeune fille brisée. Mais elle continuait de gémir, de se noyer dans sa peine, car l'animal défunt était indistinct à ses faibles yeux d'humains. Le chien regarda en direction de la forêt au loin, là où une ombre le regardait. La Mort. Tenant sa longue faux, illuminée dans le clair de Lune, elle le fixait avec insistance. Drapée de sa longue cape sombre, celle-ci flottait dans son sillage au rythme du vent glacial.

Non. Tu n'as pas le droit de communiquer avec les mortels. Reviens. Ce n'est pas prudent.

Indifférent aux paroles de la Faucheuse, il se rendit apparent et recouvra, pour le temps qu'il le serait, son corps de mortel, devenant ainsi visible face à la jeune fille. Celle-ci étouffa un cri en le voyant, mi-soulagée, mi-apeurée. Le chien se pressa contre elle, dans l'espoir de lui rendre le sourire. Cette dernière l'entoura de ses bras faibles et maigres, touchés par le froid.
— Reste, Hachiko, reste avec moi, murmura-t-elle en le serrant plus vigoureusement. Je t'en supplie. Je ne suis rien sans toi.
Ne dis pas ça. Relève-toi.
— Je ne peux pas...
J'appartiens au passé, maintenant.
Il lui lécha la joue, avec toute la tendresse et l'amour dont il était capable. Dans le déni, la jeune fille secoua la tête, le visage ruisselant.
— Non ! Tu n'aurais pas dû partir ! Il te restait tant à vivre...
Sa voix se brisa, et les sanglots obstruaient sa gorge. Le chien posa son front contre le sien et voulut lui donner de la force.
Et toi, alors ? Est-ce une vie de se morfondre comme tu le fais ?
Elle tressaillit mais ne relâcha pas son étreinte.
— Tu étais tout ce que j'avais...
Non. Sa voix était sèche mais son regard se montrait compatissant. Je t'en prie. Relève-toi. Essuie tes larmes, et montre-moi qu'il te reste de l'espoir. Partout, il y a des âmes égarées qui ne cherchent qu'un foyer. Le monde ne changera peut-être pas, mais leur monde sera à tout jamais différent.
Fais-le pour elles. Fais-le pour moi.
S'il te plaît.
Ses yeux papillonnèrent, puis elle essuya ses larmes.
— Comment pourrai-je t'oublier ? Te remplacer ?

Je ne t'en voudrais jamais de prendre un autre chien, au contraire. Épanouis-toi. Ce n'est pas une vie que d'être brisé. Les autres animaux sauront te rendre heureuse, tout comme je l'ai fait. Et tu ne m'oublies pas, je suis et je resterai dans ton cœur à tout jamais.

L'adolescente caressa son pelage, le regard nostalgique. Il remarqua que ses pattes commençaient à devenir translucides et sentit que la Mort le rappelait.

Pars. Et ne reviens jamais ici. Je t'en prie. Tant que mon âme te sera prisonnière, je ne pourrai jamais partir pleinement.
D'abord réticente à l'idée de le laisser, elle finit par opiner. Elle se leva et le regarda une dernière fois avec tendresse et une profonde tristesse. Hachiko la remerciera et commença à s'éloigner.

Merci.

— Désolée d'avoir mis autant de temps. Je ne referai plus la même erreur, promit-elle dans un souffle, alors que ses paroles se noyaient dans le vent.

La jeune fille se montra compatissante et, en partant simplement, libéra les chaînes qui obstruaient l'animal. Les liens qui les unissaient dans la réalité se brisèrent, et furent uniquement liés par le cœur. Hachiko avait l'impression qu'on arrachait une partie du cœur qu'il n'avait plus. Son âme quitta son apparence de mortel et il se réjouit de retrouver la légèreté qu'il n'avait pas dans son enveloppe charnelle. Malgré tout, une dernière pensée pleine de tendresse, l'ultime qu'ils partageraient avant de s'effacer tout à fait, vive et transperçante résonna dans son esprit.

« Au-revoir, Hachiko. »

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