Troisième année
Alors que le quai de la gare grouillant d'étudiants tel une colonie de fourmi, Aziraphale peinait à y tracer son chemin avec ses valises et sa nouvelle chouette que sa mère lui avait offerte cet été.
Au loin, le regard bleu clair du jeune Poufsouffle remarqua aisément la chevelure flamboyante de Rampa. Ce dernier avait la tête basse et essuyait visiblement une réprimande sévère de la part de son paternel. Sans se faire remarquer dans la mélasse d'étudiants, Aziraphale approcha doucement.
- Tu m'as encore déçu, disait-il avec sévérité.
- Oui papa, dit Rampa avec la tête baissée, la joue rougie témoignait d'une baffe récente.
- Je te donne encore un an, siffla t-il en prenant fermement le bras de son fils. À toi de t'appliquer sinon tu sais ce qui va se passer.
- Je te décevrai pas cette fois, dit Anthony en relevant la tête.
- Tu l'as déjà fait, rétorqua l'adulte. Essaye plutôt d'être moins inutile.
Tout en frottant son bras douloureux, Rampa déglutit nerveusement et le regarda partir. Il resta silencieux et immobile, comme si son père allait réapparaitre dans son dos. Aziraphale s'approcha alors, grandement confus par les paroles prononcées plus tôt.
- Rampa ? Dit-il en faisant sursauter son ami qui, d'un geste vif, sembla essuyer une larme.
- L'angelot ? Sourit-il. Je t'ai pas entendu venir.
- J'étais pas loin. Est-ce que ça allait avec...
- Oui, mentit Rampa, ne souhaitant pas parler de son paternel. Ca va très bien.
- T'es sûr parce que j'ai entendu...
- C'était rien. Viens, faut aller dans le train.
Aziraphale eut du mal à ne pas montrer qu'il était inquiet. Il pouvait compter sur les doigts les fois où son serpent préféré était mal, avait peur où s'était blessé. C'était évident aujourd'hui, Rampa avait peur de son père et il s'était certainement passé quelque chose de mauvais pendant les vacances ou avant. Par respect pour son ami, Azi n'en parla plus et lui changea les idées en racontant des blagues et d'autres histoires drôles. Cela eu le mérite de faire rire l'irlandais qui retrouva sa bonne humeur.
- Est-ce que tu te mettrais dans l'équipe de quidditch ? Demanda Rampa.
- Oh non, s'écria le Poufsouffle en riant. Je serais bien mauvais.
- Ne dis pas ça, lui sourit son ami. Je suis sûr que tu serai super.
- C'est gentil mais je ne suis jamais vraiment à l'aise sur un balai d'ailleurs. J'ai un bien mauvais sens de l'équilibre. Mais je serai là pour t'encourager si tu joues dans l'équipe de Serpentard.
- Comme si j'allais me mettre chez les Gryffondor mon ange, se moqua t-il en se couchant sur la banquette.
Levant les yeux au ciel devant la remarque très utile du serpent paresseux qui commençait à dormir devant lui, Aziraphale plongea son attention dans un livre. Beaucoup d'élèves prendraient le temps du trajet pour jouer, discuter mais pas eux. Étonnamment, cela leur plaisait d'être simplement l'un à côté de l'autre. Ils n'avaient pas pour habitude, aucun d'entre eux et surtout Rampa, de discuter de leur sentiments et histoires personnelles.
Malheureusement pour le Serpentard, il se retrouva exposé à sa plus grande crainte lors d'un cours de défense contre les forces du mal. Il adorait ce cours mais quand Albus Dumbeldore leur avait expliqué en quoi consistait un épouvantard, il avait blêmit à l'idée que les autres voient sa peur. Étant en retrait, il put voir celles des autres et eut un regard curieux en voyant Aziraphale avancer.
L'épouvantard, qui avait pris la forme d'un bureau empli de livres, prit soudainement feu. Le jeune Poufsouffle eut un véritable sursaut de terreur, les flammes lui ramenant des affreux souvenirs en mémoire. Motivé par le professeur, il lança le sort Ridikulus et transforma le bureau en feu en une boule à neige géante.
- Donc monsieur Fell craint par dessus tout... commença Dumbeldore d'une voix calme.
- Le feu, dit-il à voix basse. C'est... violent et...
- Vous n'avez pas à vous justifier devant qui que ce soit, lui sourit Albus. Et surtout pas devant moi.
Avec un air un peu plus calme sur le visage, Aziraphale rejoignit le fond de la classe. Sur le chemin, il eu droit à un sourire rassurant de son serpent.
- Ça va ?
- Oui ne t'inquiète pas. C'est à toi d'ailleurs.
- Ha...
Avec une boule au ventre, Rampa s'avança, sachant pertinemment ce qui allait apparaître. Le seul qui semblait savoir de qui il s'agissait était leur professeur. Albus plissa les yeux en voyant l'épouvantard prendre la forme du père d'Anthony. Ce dernier voulut lever sa baguette mais préféra tourner les talons et quitter la classe au plus vite, le cœur battant.
Albus préféra annuler le cours et s'inquiéter de son élève. Il entendit Aziraphale dire qu'il allait le chercher.
- Dès que vous aurez mis la main sur lui, venez me voir avec lui dans mon bureau.
- Oui monsieur.
Cela prit plus d'une heure au jeune Poufsouffle pour trouver son ami. Ce dernier avait couru jusqu'au lac pour s'asseoir sur la berge. En le voyant avec ses bras autour de ses jambes, Aziraphale s'arrêta, ne sachant pas s'il accepterait de la compagnie.
Prudemment, il avança tout en maudissant les galets crissant sous ses chaussures. Jusqu'à ce qu'il arrive à côté du Serpentard, il remarqua que ce dernier n'avait pas bougé un muscle, le regard dérivant sur le lac.
- Rampa ? Dit-il doucement. Dis moi la vérité, qu'est-ce que cet homme t'as fait pour que tu sois ainsi ?
- Rien, mentit il en cachant ses yeux.
- Arrête de me mentir, s'écria son ami en venant devant lui et le forçant à le regarder. Je suis inquiet pour toi.
- Je... je sais mais tu saura rien faire pour ça Azi.
- Peut-être que les profs pourront. Allez viens, Dumbeldore peut t'aider.
- Non il peut pas. Si je le lui dis, mon père me tuera.
- Quoi ?! Arrête de dire n'importe quoi Rampa. Un père... ça tue pas son fils.
- C'est pas ça qui l'empêchait de me lancer le sort Doloris, et le sort de l'Imperium aussi.
Aziraphale resta muet, la bouche grand ouverte, devant l'aveu de son ami. Deux des sorts impardonnables... deux que son ami recevait et dieu seul sait depuis quand.
- Il faut t'éloigner de lui et vite ! Reprit le Poufsouffle avec force en faisait sursauter son serpent.
- Comment tu veux faire ça ?
- On trouvera un truc, mais je te laisserai pas seul. Les gens méchants, ça doit aller en prison.
Frappé par la franchise et la peur à son égard dans la voix de son angelot, Rampa céda et accepta d'aller parler avec Dumbeldore. Ce dernier les retrouva à son bureau et laissa Aziraphale venir avec eux.
- C'était ton père. C'est bien ça ?
- Oui professeur. Il...
- N'aie pas peur de parler, je n'irais rien répéter, lui assura Albus. Ni moi ni Aziraphale ne te jugerons.
- Ça date de sept ans maintenant, commença t-il. J'avais un grand frère plus vieux qui était déjà auror. C'était un animagus lion et il s'appelait Judes. J'avais enfin pût aller jouer avec lui dans la forêt. Et puis... je sais pas si c'était des mages noirs ou des trafiquants d'animaux mais on a été attaqués.
- Judes, souffla Albus. Judes Rampa, j'ai entendu parler de cette tragédie. J'ignorais que c'était ton grand frère. Je n'ai même pas fait le lien avec toi.
- Il m'avait poussé dans un arbre pour me cacher. J'ai dû y rester plusieurs heures et j'étais terrorisé. J'attendais qu'il vienne mais rien. J'ai descendu de l'arbre et je l'ai trouvé mort.
- C'est horrible, souffla Aziraphale, ayant du mal à cacher son air choqué.
- Mon père adorait Judes par dessus tout. Il avait toujours été son préféré. Il m'as hurlé que c'était ma faute, que j'aurais dû l'aider ou plutôt, mourir à sa place, reprit le Serpentard en hochant la tête. Que cela n'aurait pas été une perte si c'était moi.
- Est-ce que c'est après ça que tu es venu en Irlande ? Demanda son professeur avec une voix calme.
- Non, il m'as fait quitter Illvermony pour Poudlard mais j'ai jamais compris pourquoi, répondit l'élève. J'crois qu'il ne voulait plus vivre près de la forêt ou Jude était mort.
- Tu ne nous dis pas tout, lança Albus en baissant légèrement les yeux. Qu'est-ce qui te fait vraiment peur ?
- Ses menaces, répondit-il.
- C'est-à-dire ? Insista Dumbeldore. Qu'est-ce qu'il te dit exactement ?
- A chaque fois qu'il s'énerve, sobre ou pas, il me lance le sort Doloris ou l'Imperium pour ne pas que les blessures ne pointent vers lui.
Pour confirmer cela, Rampa retroussa ses manches pour montrer à son angelot et à son prof préféré des marques de rasoirs à peine cicatricer sur ses deux poignets. Le jeune homme était étonnamment calme en montrant cela et respirait profondément. Si Azi ne savait pas cacher la peur et l'effroi qui lui nouaient les entrailles, Albus resta maître de ses émotions même s'il ressentait la même chose
- Il a dit qu'il n'aurait pas de remords à me tuer si je devenais pas un animagus et auror comme Jude, reprit Anthony en remettant ses manches convenablement. Pour lui, c'est la seule façon de me rendre utile. C'est ma dernière année pour le devenir sinon...
- Tu peux pas devenir un animagus comme ça, rétorqua Aziraphale.
- Si, en faisant la bonne formule et potion, c'est bon.
- Anthony, le coupa Albus avec une voix aussi autoritaire que compatissante. Ce qui est arrivé n'est en aucun cas ta faute.
- Je sais bien, soupira t-il. Je sais bien que j'aurais rien pu faire de toute façon mais je culpabilise toujours un peu de n'avoir rien su faire.
- Et avec son père ? Reprit Aziraphale. Il peut pas y retourner.
- Je vais m'occuper de ça, leur dit l'adulte. Retournez dans vos dortoirs les garçons.
- Mais monsieur, reprit Rampa en faisant un pas avant que la main de Dumbeldore ne le fasse taire.
- Je peux t'aider et faire en sorte que ce homme ne t'approche plus, dit-il en croisant les bras. Tu es sécurité à Poudlard et seuls les escaliers continueront à te faire du mal si tu fais pas tes lacets correctement.
Rampa plissa les yeux et baissa la tête pour voir en effet ses lacets encore défait. La plaisanterie d'Albus eut au moins le mérite de lui rendre le sourire, à lui mais aussi à Aziraphale.
- Ne t'occupe pas de ça d'accord ? Continue les cours et je m'occuperai de ça pour toi, fais-moi confiance. Je crois être plus à même de t'aider alors reste tranquille.
- Je vous dois beaucoup, reprit le Serpentard avec un peu de gêne dans la voix.
- Tu ne me dois rien, surtout que je n'ai encore rien fait.
Avec un regard peiné adressé au jeune Serpentard quittant la pièce, Albus les regarda partir et remarqua immédiatement que le Poufsouffle n'allait pas laisser son ami seul. Cela le rassura. Rampa était peut-être battu chez lui mais ici, il était évident qu'il comptait pour Aziraphale.
A l'extérieur, Aziraphale posa milles et une question à Rampa qui n'eut même pas le temps de répondre à la première.
- Mais pourquoi tu m'as jamais parlé de ça ?
- Parce que...
- C'est super grave Rampa. Tu... souffre et je...
- Aziraphale ! Tu vas la boucler lui ?! Lâcha Rampa avec force.
Sous la voix forte et surprenante de son ami, Aziraphale se tut subitement et se dit qu'il le gênait. Il baissa la tête tristement.
- Pardon mon ange, je voulais... pas te crier dessus mais tu pose trop de questions en même temps, soupira l'irlandais.
- Pardon mais je suis...
- Inquiet ? Compléta Rampa avec un sourire à la fois exaspéré et attendri.
- Oui, reprit son ami qui jouait avec ses doigts.
-Si je t'ai jamais parlé de ça, c'est pour que tu t'inquiètes pas justement. Que tu le sache ou pas ne changerai rien.
- Mais maintenant que tu l'as dit au professeur, ça ira mieux.
- Je... je sais pas, souffla son ami, toujours avec crainte.
- Mais si, je suis sûr que ça va aller mieux maintenant, lui sourit Aziraphale. Aie confiance.
Le sourire éclatant de son meilleur ami eut rapidement fait de rendre le sourire au serpent. Peut-être que son ange allait réellement exaucer un miracle en l'éloignant de son père. L'angelot sembla se rappeler d'un devoir en faisant de grand yeux.
- Le devoir de botanique !! Je l'ai complètement oublié.
- Oh ça va, c'est super facile ça, répondit Rampa avec un haussement d'épaules.
- Ça dépend pour qui, t'as toujours des excellente notes dans ce cours.
- Parce que j'aime les plantes mon ange et tu le sais bien, tu veux un coup de main ?
- Oh... rougit il. Ce serait très gentil à toi. Mais c'est pour lundi prochain, on aura pas le temps.
- T'inquiète pas pour ça.
Avec Rampa lui expliquant chaque terme des plantes, leurs propriétés et caractéristiques, Aziraphale obtient une note presque parfaite. Il récompensa son serpent adoré d'un gros câlin suivit d'un bisou dans le cou. Si c'était sa récompense, Rampa pensa qu'il l'aidera aussi souvent que possible. La récompense en valait la peine.
-Sir-Galahad
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