Chapitre 1 : Alors, c'est quoi le plan ?



- Alors, c'est quoi notre nouvelle idée à la con ? je demande, curieuse, tout en rangeant la pile de bouquins que Madi à sélectionné dans une valise qui contient déjà quelques paquets de biscuits.
- Quatres appels manqués, me répond Madi. T'as vidé combien de bouteilles ? s'enquiert-elle en penchant tout son corps vers moi, presque prête tomber tellement elle est passionnée, avide de savoir à quel point elle s'est faite attendre.
- Deux, lui répond-je avec un mouvement de tête en direction du bordel qui traîne, qui trône, sur la table basse du salon.
Elle se lève de sa chaise, penche la tête à l'horizontale pour lire l'étiquette d'une bouteille qui a roulé jusqu'au bord de la table, miraculeusement intacte.
- Mmmh, fait elle avec une moue mi envieuse mi déçue. Pas de la piquette en plus.

C'est de moi dont elle est déçu bien sûr. Elle n'aime pas quand je bois. Pourtant, c'est pas la première à se priver, ça tout le monde sait. Mais comme elle aime me le répéter, "je me bourre la gueule avec modération. Toi, ça tourne au récurent." Ce qu'elle déteste le plus c'est quand je m'en rend malade. Et dans ces moments là je m'en veux, dès les premières secondes de lucidité après avoir vomi, parce que c'est minable d'en arriver à cet état, et parce que je vois que ces yeux ne sont plus là quand elle me regarde. Enfin, plus complètement ; elle superpose d'autres images, d'autres scènes. Je déteste me voir dans ses pupilles quand elle y voit sa sœur. Hier, la trentenaire à encore ramener un garçon inconnu dans sa chambre. Tout le monde s'en fout, puisque c'est une perte de temps : on ne connait pas son nom, où elle l'a trouvé, c'est un imbécile de plus tombé dans les bras de Chloé, torché. Seulement ce serait aussi simple si la grande sœur de Madi n'avait pas comme responsabilités de s'occuper de leur mère, malade et complètement tarée.
- Pourquoi t'as bu seule chez toi ? Me demande Madi avec une once d'amertume. T'aurais pu, je sais pas moi, sortir boire un verre, avec un ami au moins.
- Qui d'autre que toi ? Lui répond-je, lasse de ses questions idiotes quand elle ne comprend pas, et parce qu'elle n'a jamais compris et ne comprendras jamais mes contradictions, entre la souffrance que me provoque la solitude et l'indifférence que me provoquent les autres.
- Faudrait...
Ne termine pas cette phrase. Elle va encore me dire ce que je dois faire, que je dois me faire des amis, être indépendante. Nos regards s'accrochent. Mon visage s'est fermé, et je vois son chemin de pensés s'exprimer en émotions que je lis, naturellement. La reflexion se transforme en agacement, elle sait que peu importe la fin de sa phrase ça se finira mal. Une ombre de tristesse passe, peut-être, ou je l'ai rêvé. Puis elle se résigne.
- Et hier, tu faisais quoi ?
Changement de sujet et son visage reprend immédiatement un air passionné.
- J'ai passé la soirée sur des sites de voyage et j'ai acheter des places d'avion pour New York, me résume-t-elle en attrapant un pims.
- Et qu'est-ce que tu comptes foutre à New York ?
- Numéro 1, fuir Chloé et ses abrutis pour la ramener face à ses responsabilités sans solutions pour se replier sur moi car je ne serai plus là pour faire le taf à sa place quand elle sera claquée. Et puis rester loin d'elle pendant quelques temps rajoute une touche de plaisir personnel au projet, je l'avoue...
- D'accord, numéro 2 ?
- Numéro 2, visiter pardi quelle question !
- numéro 3 ?
- numéro 3.
Je l'interroge du regard.
- Et c'est tout ? Tu veux quitter le pays et laisser ta mère seule pour visiter ? je lui demande en reposant le livre que j'ai dans les mains avec un regard qui essaie de decrypter si elle est sérieuse, la mâchoire crispée pour ne pas avoir l'air étonné.
- Globalement, eum... oui, c'est ça.
Cette fille est complètement déconnectée.
Ça me paraît tellement fou et impossible que j'en serai presque prise de l'envie de dire oui. Juste pour rigoler, histoire de rêver de voyages, de destinations de rêves...





J'ai finit par la convaincre d'y réfléchir. Ça été difficile, et elle a toujours les billets, mais on pouvait pas juste partir. Enfin je sais pas, non seulement c'est lâche, dangereux, insensé, mais c'est égoïste.

- Et si Chloé lâchait complètement prise en ton absence ? Lui ai-je fais remarquer. Et si, sans cadre, elle laisait ta mère crever comme un rat au profit de son plaisir ?

C'est là qu'elle a revu ses projets.

J'ai peur pour elle. Plus ça va, plus elle prend des décisions hasardeuses sans y voir aucun des inconvénients qui semblent pourtant évidents.

Primo, on à pas l'argent pour se payer un pareil voyage. Certes elle a achetés les tickets, je ne sais pas avec quel argent, mais je ne veux même pas le savoir, et en tout cas elle n'a certainement plus de sous pour nous payer un toit, de la nourriture, de quoi vivre ! Enfin financièrement, ça me paraît impossible, à moins que je ne tape dans l'argent de mes parents.

- Un trou de 100k € dans leur compte banquaire ne leur ferait ni chaud ni froid, tu le sais très bien ! a essayé de négocier Madi

- Même pas en rêve. Cet argent est sale, ou voué à être salit. Je n'y toucherait pas.

- Trou de balle va.

Secundo, ça ne réglera rien, si ce n'est que ça risque t'empirer le cas de sa mère. Madi est... comment on pourrait dire ça...

Lâche ?

En tout cas c'est le mot que j'emploierai pour qualifier une personne qui essaier de changer de pays pour eviter un problème auquel elle n'a pas de solution.


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