Chapitre 9

«Plus tu me détestes, mieux c'est.»

Point de vue d'Abigail.

- Tu veux que j'appelle tes parents ?
- Non ça va aller. Je vais retourner en cours.
- Je ne pense pas que tu sois en état de continuer les cours pour aujourd'hui.
- Ça va aller je vous dis, insistai-je.

Je me levai du lit.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas, me dit l'infirmière.

J'hochai la tête et quittai l'infirmerie. Mes bras et mes hanches me faisaient mal. Mon père m'avait bien mis une raclée hier en apprenant que j'avais eu une heure de colle et pour être rentrée tard le soir d'avant. J'arrivais à peine à respirer. J'avais des bleus partout. Je ne savais pas comment je faisais pour tenir encore debout.

Je retournai en classe. Tous les regards étaient braqués sur moi. Je repris ma place à côté de Briana. Le professeur reprit sa leçon.

- Ça va ? me demanda Briana.
- J'ai juste vomi.
- Pourquoi ?
- J'ai dû mangé un truc toxique.

Elle fronça les sourcils.

- Je ne pense pas qu'il s'agit juste d'un truc toxique, rétorqua-t-elle. C'est ton père qui t'as mis dans cet état ?
- C'est rien Briana.
- Tu ne peux pas continuer comme ça Abigail...
- S'il te plaît Briana, mêle toi de tes affaires.

La sonnerie retentit. Je partis à toute vitesse d'ici les larmes aux yeux pour me réfugier dans les toilettes et pleurer. J'avais besoin d'évacuer tous mes nerfs. Je sortis ensuite des cabinets comme si de rien était. Je tombai sur Justin qui me regarda avec attention. J'évitai son regard et m'éloignai de lui.

Je regagnai le self où Bri m'attendait déjà. Je m'assis en face d'elle et commençai à manger. Je ne voulais pas parler aujourd'hui. Mon portable vibra dans ma poche. Je le pris. C'était Justin. Que me voulait-il encore ?

«Qu'est-ce que tu as ?»

Je posai mes yeux sur lui quelques secondes. Il me fixait, son portable à la main. Il avait les cheveux encore plus décoiffés que d'habitude et les paupières lourdes mais il restait sexy. Putain arrête Abigail ! Je décidai de répondre à son message.

«Ne fais pas comme si tu t'en souciais.»

- Justin était à la soirée où j'étais hier, me dit Briana.
- Ah bon, dis-je en continuant de manger.
- Il s'est tapé encore une autre fille.
- Cool.

Je faisais mine d'être concentrée sur ce qu'il y avait dans mon assiette alors qu'en réalité je me sentais très concernée par ce qu'elle disait.

- Cool ? Depuis quand c'est cool ça ? me reprit-elle.

Mon portable vibra une deuxième fois.

«Je te parle sérieusement Abigail.»

- Abigail ? Tu m'écoutes ?

«Je suis peut être malade.»

- Je peux savoir ce qu'il y a entre lui et toi ?
- Qui ça ? levai-je les yeux sur elle.
- Justin.
- Rien, fronçai-je les sourcils.
- Je ne suis pas aveugle Abby.
- Mais t'es complètement parano Bri. Lui et moi ? C'est absurde, ris-je.
- Et les suçons sur ton cou, ils sont apparus tous seuls ?
- Je crois que tu as oublié que j'avais un petit ami.
- Alors pourquoi tu ne me dis rien ? Je t'ai toujours tout dit à propos de Paul et moi.
- Pardon, soufflai-je. C'est juste que je n'ai pas l'habitude de parler de ça.

Justin venait de me répondre. J'ouvris son message.

«Juste malade ? Je ne suis pas con Waller.»

«Tu t'imagines quoi Bieber ? Que je suis enceinte ?»

- C'est lui ? me demanda Briana.
- Mon père, mentis-je.
- Alors ? Dis moi tout avec Axel.
- Oh... Euh... On est presque passé à l'acte. Il a dû partir au dernier moment, inventai-je une histoire.
- Ça c'est cool, sourit-elle. Enfin, presque.
- Ouais.

«Ne me dis pas que c'est vrai

«Pourquoi ? Ce n'est pas ton problème.»

- Je veux être la première à le savoir quand ça sera fait !
- Tu le seras, souris-je.

«Si tu es vraiment enceinte, tu vas quitter l'école et je n'aurais plus de rivale.»

«Je pensais qu'on parlait sérieusement.»

- N'oubliez pas de vous protéger, souligna-t-elle.
- Pardon ?
- Axel et toi.
- Ah, oui, ne t'inquiète pas.

«Je te parle sérieusement. Tu n'as pas le droit de tomber enceinte de lui.»

«Tu te prends pour mon père

«Babe, me fais pas encore plus détester la personne que tu es.»

«Plus tu me détestes, mieux c'est

Je lui jetai un rapide coup d'oeil et il me sourit avec un air moqueur sur son visage. Il fallait qu'il arrête avec ce genre de sourire ou j'allais me jeter sur lui. Violemment.

...

Mon corps avait atteint ses limites en cours de sport. J'avais été emmenée à l'infirmerie une nouvelle fois et mon père était venu me chercher. L'infirmière avait vu mes bleus sur mes bras et mes hanches et mon père avait répondu que c'était parce que j'étais tombée des escaliers de chez nous. Évidemment, c'était complètement faux parce que, de une, je n'avais pas d'escaliers chez moi et de deux, c'était lui la cause de ces bleus.

Mon père m'avait ordonné de terminer la journée au lit et de ne sortir de ma chambre que pour dîner. Pour une fois, c'était lui qui cuisinerait et moi qui resterais au lit. Il avait prévenu mon patron qui avait bien accepté que je ne vienne pas travailler ce soir.

Justin s'était étonnement beaucoup inquiété pour moi. Il était certain que je n'étais pas juste malade ni enceinte et que je cachais quelque chose. Je ne voulais pas lui dire que mon père levait parfois la main sur moi, il connaissait déjà assez de choses à mon sujet. Même Axel ne le savait pas alors je ne voyais pas pourquoi je le lui dirais. Surtout à lui.

Je m'efforçais à travailler sur ma dissertation de philosophie, je n'aimais pas rester sans rien faire, du moins je n'en avais plus l'habitude. J'avais pris trop de comprimés et ma tête tournait. Mes yeux piquaient, mes hanches me faisaient mal, j'avais mes règles, je voulais juste dormir mais ce n'était pas la meilleure chose à faire. Je ne pouvais pas me relâcher sous prétexte qu'Harvard ne faisait presque plus partie de mes plans. Je devais continuer à travailler dur.

...

Nous étions dimanche et j'étais en route pour aller sur la tombe de ma mère. J'allais beaucoup mieux mais mes marques étaient encore présentes sur ma peau.

Justin viendrait chez moi cet après midi pour continuer les cours de philosophie. Nous avions déjà pris assez de retard comme ça. Je n'avais pas hâte de le revoir. Il avait pris trop de place dans ma vie en si peu de temps. C'était ingérable pour moi. Je savais qu'il allait encore essayer de me faire céder par tous les moyens - même s'il ne devait pas trop forcer pour que je cède - et je voulais pour une fois résister. C'était quand même possible non ?

J'arrivai au cimetière puis devant la pierre tombale de ma mère. J'arrosai les fleurs et jetai celles qui étaient fanées puis m'assis à côté de la pierre. J'ouvris mon carnet, pris mon stylo et commençai à écrire.

«Maman,
J'espère que tu vas bien. Plus les jours passent, plus je me sens perdue. Je ne peux plus aller à Harvard (en réalité il me reste une infime chance) et il n'y a rien d'autre qui m'intéresse que d'aller dans cette école. La fin des inscriptions arrive à grands pas et je doute de trouver une solution à ce problème.
Pire, je suis devenue la personne que je n'ai jamais voulu être. Je multiplie les écarts et je n'ai toujours rien dit à Axel. Je le trompe maman. T'imagines ? Moi, la personne la plus loyale sur Terre. Et je le trompe avec la personne la plus détestable du monde. Je m'en veux de ne rien faire alors que je pourrais tout arrêter. Je sais, ce n'est pas ce que tu m'as appris. Je m'excuse de te décevoir.
Je pense fort à toi, je t'aime.»

Je refermai mon carnet puis rangeai mes affaires avant de quitter le cimetière. Je retournai chez moi et me dépêchai de préparer à manger pour mon père avant qu'il ne parte au travail. Quand il ne fut plus là, je me mise à l'aise en jogging, chaussettes et attachai mes cheveux en chignon. Je retirai mes lentilles pour mettre mes lunettes et me posai sur le fauteuil en attendant l'arrivée de Justin.

Il toqua à ma porte une heure plus tard quand j'allais m'endormir. Je traînais des pieds pour l'accueillir. Un sourire naquit sur ses lèvres en me voyant.

- Content de me voir on dirait, dis-je en le laissant entrer.
- Jamais.

Je ris et fermai la porte après lui. Il s'assit à table de façon non chalante et me fixait. Je croisais les bras sous ma poitrine et le fixais à mon tour.

- T'es sexy Waller, lâcha-t-il.
- Pardon ? fronçai-je les sourcils.
- Oublie, rit-il.
- Je vais chercher mes affaires. Je reviens.

J'allai rapidement dans ma chambre puis revins avec le nécessaire pour travailler. Je posai le tout sur la table et enlevai de ses mains le cadre photo qu'il avait trouvé.

- Ne touche pas à ça, dis-je en le replaçant.
- Tu étais mignonne avant.
- Est-ce que je dois te remercier ? m'assis-je en face de lui.
- Je vais t'épargner cet effort.
- Bien.

Je lui rendis sa feuille puis ouvris mon cahier.

- Tu es prêt ? lui demandai-je.
- Ouais.
- On va voir les vertus du bonheur. Tout d'abord, nous avons vu que le bonheur ne relève pas de la chance, il relève d'un travail sur soi et de la rationalité. La vertu est la force de l'âme, la force d'intérieur capable de résister aux tentations du corps.

Je fus soudainement mal à l'aise. Je n'avais pas réalisé que ça pouvait nous concerner. J'entendis Justin émir un petit rire. Je sentais mes joues rougir. Je préférais continuer la leçon pour ne pas trahir ma gêne.

- Pour Spinoza, la vertu est une affirmation active du désir sous le commandement de la raison. Il dit «On ne sait pas tout ce dont le corps est capable.» Sa vertu est plus accessible.

Je continuais à dicter le cours et à peine une demi-heure plus tard, nous avions enfin fini le premier chapitre. J'étais soulagée de voir que nous avancions enfin et que je n'avais pas sacrifier mon temps libre pour rien.

- Je peux fumer ? me demanda Justin.
- Près de la fenêtre. Mon père me tuerait si il apprenait que quelqu'un d'autre que lui ait fumé à la maison.

Il se leva et se dirigea vers la fenêtre la plus proche.

- Il te tuerait sérieusement ou c'est une expression ?

Il sortit son paquet de cigarettes et en prit une. Il l'alluma et commença à fumer. Pourquoi l'avais-je autorisé à faire ça ? Il était encore plus sexy.

- C'est une expression Justin. Mon père ne serait jamais capable de me tuer.
- J'espère sinon il ne serait pas vraiment ton père.

Je le regardais intriguée. Il n'avait quand même pas deviné ce qu'il se passait chez moi. J'avais pourtant laissé rien paraître.

- Pourquoi tu fumes ? changeai-je de sujet.
- Parce que j'ai pris l'habitude de le faire.
- C'est la première fois que j'entends ça. Normalement, les gens fument parce qu'ils en sont accro ou parce qu'ils pensent que ça les rend populaire, pas parce qu'ils en ont l'habitude.
- Je ne suis pas comme les autres alors.
- Alors tu as l'habitude de t'abîmer les poumons ?

Il rit.

- On va tous mourir un jour Waller.
- Tu serais capable de laisser ta mère et ta soeur toutes seules ? Je suis sûre que tu n'es pas si égoïste que ça.

Il tira longuement sur sa cigarette en me regardant. Il savait que ça me déstabilisait. Il savait que ça le rendait irrésistible. Il avait les cheveux qui tombaient sur le côté, la mâchoire saillante, les veines apparentes sur ses mains. C'était injuste d'être aussi beau.

- Je ne les laisserai jamais seules.

Mon portable sonna sur la table. C'était Axel qui m'appelait. J'hésitai avant de décrocher. Il m'avait demandé des explications après le dîner et je lui en avais donné - en étant obligée de lui mentir un peu - et cela l'avait suffit jusque là. Je ne savais pas si c'était encore suffisant à cette heure ci.

Je me levai et partis à l'autre coin de la pièce pour que Justin ne vienne pas me déranger.

- Abigail ?
- Oui.
- Comment tu vas ?
- Bien et toi ?
- Je vais bien. Tu es libre ce soir ?

Je regardai du coin de l'oeil Justin qui continuait à fumer. Pourquoi ma réponse dépendrait de lui ?

- Non je suis désolée mais mon père travaille demain soir si tu es disponible.
- C'est cool, ma tante ne sera pas chez elle. Tu pourras venir ?
- Oui normalement.
- Je te chercherai en taxi au café après ton service.
- C'est d'accord.
- Je suis impatient.
- Moi aussi. Je vais te laisser Axel. On se dit à demain.
- À demain.

Je raccrochai puis me retournai. Justin avait terminé sa cigarette et était revenu sur sa chaise.

- C'est beau l'amour, se moqua-t-il, mais je ne suis pas certain que c'est ce qu'il y a entre ton copain et toi.
- Je ne te donne pas le droit de parler de ma relation.
- Il n'y a que la vérité qui blesse, n'est ce pas ?
- Tu devrais te trouver une copine au lieu de faire chier le monde, rétorquai-je en reprenant ma place.
- Je t'ai déjà dit que je n'en voulais pas. Je suis très bien comme ça.
- Je vois ça, dis-je en posant mes yeux sur son cou.

Il avait des griffures et ce n'était certainement pas les miennes. Je devinais que c'était la fille qui était à la soirée dont Briana m'avait parlée qui lui avait fait ça.

- Si tu veux savoir, elle ne branlait pas aussi bien que toi, dit-il en voyant mes yeux rivés sur ses marques.
- S'il te plaît, ferme la, crachai-je.

Il rit. Je lui lançai un stylo à la figure qu'il esquiva.

- Alors tu vas le voir demain ? reprit-il son sérieux.
- Axel ?

Il hocha la tête.

- Oui, répondis-je.
- Chez lui ?
- Pourquoi tu t'intéresses à ça ?
- Je m'intéresse pas, je fais la discussion.
- Oui, chez lui.
- Ça fait longtemps que vous couchez ensemble ?

Je restai sans voix à cette question. Je ne pensais pas qu'il s'imaginait que je couchais déjà avec Axel. Je pensais au contraire qu'il avait compris que j'étais encore vierge après avoir introduit ses doigts en moi la première fois.

- Ça ne te regarde pas, répondis-je.
- Vous ne l'avez pas encore fait, supposa-t-il.

Je ne savais vraiment pas quoi dire. Ce genre de question était déstabilisant.

- Tu ne l'as jamais fait ? se redressa-t-il et prit un air étonné. Ne me dis pas que tu es vierge Abigail.
- Non. Bien sûr que non, mentis-je.

Il accentua son regard sur moi. J'étais au bord de la panique.

- Non Justin. Je ne suis plus vierge, insistai-je.

Il soupira.

- Tu m'as fais peur, dit-il.
- Pourquoi ? Ça aurait changé quoi ?
- Je ne veux pas être le premier avec qui tu as eu des rapports sexuels.
- Je ne t'aurais jamais laissé l'être.

Il sourit puis se leva. Il commença à marcher autour de la pièce, les mains dans les poches. Merde. Qu'allait-il dire quand il apprendrait que je lui avais menti ? Et pourquoi lui avais-je laissé ce privilège ? Il était mon ennemi !

- Donc ça fait trois ans que tu vis ici sans ta mère. Tu pleures son absence parfois ?
- Et toi tu pleures celle de ton père ?
- Je t'ai posé la question en premier Waller.
- Je n'ai pas envie de te répondre, dis-je en me levant.

Je me tournai vers lui, il était dos à moi. Il me fit donc face.

- Pourquoi ?
- Parce que ça ne te concerne pas.
- Je crois plutôt que tu ne veux rien me dire parce que tu as peur de te retrouver en position de faiblesse, dit-il en faisant un pas vers moi. Mais je ne plaisanterai jamais sur ta situation parce que tu sais que j'ai une vie aussi merdique que la tienne.

Il me contourna et je restai bête quelques instants à regarder le mur devant moi. Puis, je me retournai et le vit récupérer ses affaires.

- J'y vais, ma mère doit m'attendre.

Il prit son sac puis se dirigea vers la porte. Je le suivis. Enfin, il partit sans dire un mot de plus. Je refermai la porte derrière lui et soupirai. J'avais résisté pour une fois. Ou c'était plutôt Justin qui n'avait rien essayé pour une fois. Alors nous étions bien capable de rester seuls quelque part sans que ça finisse bizarrement ? J'avouais avoir du mal à y croire pourtant je venais d'en avoir la preuve.

...

Un C en histoire ; voilà ce que je venais d'obtenir. C'était ma dignité qui en prenait un coup, plus que mon futur dans une possible grande école. J'entendais Justin se moquait de moi au fond de la classe parce qu'il avait obtenu un A sans même réviser une seule seconde.

Je ne pouvais vraiment plus continuer comme ça. J'allais devoir faire des concessions ou plutôt un choix : c'était ma relation avec Axel ou mes cours de philosophie avec Justin. Les deux à la fois ce n'était plus possible sinon je n'avais pratiquement jamais le temps de réviser. Mon A en sport ne me servirait à un rien si je ne réagissais pas.

La sonnerie sonna la fin du cours et Briana et moi partîmes en direction du self.

- Comment ça se fait que tu aies eu une aussi mauvaise note ?
- Je ne sais pas. Je n'arrive pas à réviser et accorder du temps à Axel en même temps.

Sans être méchante, je comprenais désormais pourquoi Briana n'excellait dans aucune matière ; elle passait beaucoup trop de temps avec son copain.

- Et en plus tu travailles, c'est vrai que ça doit être dur.
- Je ne sais pas ce que je dois faire.
- Tu envisages de le quitter ? prit-elle un air surprise.
- Si c'est la bonne solution, peut être que oui.

Je ne voulais pas paraître lâche et utiliser l'excuse des cours pour quitter Axel parce qu'il y avait d'autres raisons beaucoup plus valables qui auraient dû me pousser à le faire depuis plusieurs jours maintenant mais si c'était une alternative pour mettre fin à cette mascarade, je le ferais parce que je ne le méritais pas.

- Je pensais que ça aurait duré plus longtemps entre vous, dit-elle déçue.
- Je n'ai pas dit que je le quittais vraiment Bri. Je vais le voir ce soir, on en discutera.
- J'espère que ça s'arrangera.

Nous prîmes des plateaux et on nous servit à manger.

...

Le taxi arriva devant le café à l'heure convenue. J'ôtai mon tablier et récupérai mes affaires puis embrassai tout le monde avant d'entrer dans le véhicule. Axel était déjà à l'intérieur. Il m'embrassa puis comme d'habitude me demanda comment j'allais. Je lui répondis positivement et la voiture démarra.

J'étais fatiguée alors je n'ouvris pas la bouche du trajet. La route se fit alors en silence. Nous arrivâmes chez sa tante quelques minutes plus tard. Je n'étais jamais venue ici auparavant. Il vivait dans une petite maison traditionnelle de Boston. J'entrai après lui. Je me sentais bizarrement mal à l'aise. Je n'avais pas ma place ici. Je n'étais pas la petite amie digne d'être emmenée chez son copain.

Axel me dit de poser mon sac sur le canapé ce que je fis puis me demanda si j'avais besoin de quoi que ce soit. Je lui répondis négativement. Il m'emmena alors à l'étage dans sa chambre. J'étais nerveuse. Même si je le connaissais bien et que je savais qu'il n'était pas le genre à précipiter les choses dans une relation - d'après ce qu'il m'avait dit - j'imaginais bien qu'il s'attendait qu'on fasse plus que s'embrasser ce soir.

Je ne savais pas quoi faire. Devais-je lui dire franchement les choses ou voir comment la soirée se déroulerait ? J'étais indécise.

Je me plaçai devant la fenêtre n'osant pas trop m'asseoir et croisai les bras. Axel referma la porte puis retira sa veste. Il la jeta sur son lit. Il était désormais en t-shirt et je ne pus m'empêcher de sourire ayant devant moi ses biceps bien formés.

Il dégagea quelques mèches de cheveux bouclés de son visage puis s'avança vers moi. Je déglutis. Je n'avais vraiment pas envie d'aller plus loin ce soir.

Il posa ses mains sur mes hanches et blottit sa tête dans mon cou caché par une écharpe.

- Axel, je t'avoue que je n'ai pas trop envie, déclarai-je.

Il fit un pas en arrière et me regarda confus.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il faut que je te dise quelque chose.

Il s'assit au coin de son lit.

- Je t'écoute.

Mon coeur tapait fort contre ma poitrine. Je cherchais mes mots. Je plaçai des mèches de cheveux derrière mes oreilles et pris une grande inspiration.

- Je ne peux plus t'accorder de temps, mes notes sont en train de chuter, dis-je. Je... Je ne veux pas t'enfermer dans une relation comme ça où on ne peut jamais se voir alors je comprendrais si tu préférais qu'on s'arrête là.

Je fuyais son regard. Je n'étais pas sincère avec lui et je me sentais honteuse.

- C'est Justin c'est ça ? C'est plus qu'un camarade de classe ?
- Non ! Il n'a rien à voir là dedans. Ça ne concerne que toi et moi.
- Je peux t'attendre Abigail, dit-il en se levant. Ce n'est pas un problème.
- Tu es en vacances ici. Je n'ai pas envie que tu finisses ton année sabbatique à essayer de mener à bien une relation amoureuse.

Il prit mon visage entre ses mains et planta ses yeux dans les miens.

- Tu comptes beaucoup pour moi. Je ne veux pas t'abandonner aussi facilement. - Tu n'es pas obligé de te donner autant de mal pour moi.
- J'en ai envie.

Il posa ses lèvres sur les miennes et ferma les yeux. Je ne fis pas de même. Je ne pouvais plus prendre de plaisir.

- Je vais y aller, mis-je fin au baiser.
- Maintenant ?
- Je dois travailler.

Il grimaça et j'affichai un sourire désolé. Je ne perdis pas de temps pour partir. Je n'avais pas réussi à tout lui avouer. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas décevoir un garçon aussi bien que lui.

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