Chapitre 7
«Il n'y a rien entre nous.»
Point de vue d'Abigail.
Du jour au lendemain, je m'étais retrouvée avec une vie sexuelle active. J'étais déconcertée. Je n'arrivais pas à résister à Justin. Il suffisait qu'il pose ses yeux sur moi pour que je sois à sa merci.
Et Axel dans tout ça ? Il n'avait aucune idée de ce que j'avais fait. Je ne savais pas comment j'allais arranger tout ça. Le mal avait été fait. Devais-je le quitter ? Je n'en avais pas envie mais je ne pouvais pas le prendre pour imbécile et agir derrière son dos.
J'avais besoin de conseils mais il était toujours hors de question de dire quoi que ce soit à Briana. J'étais certaine qu'elle se retournerait contre moi si elle apprenait mes mésaventures. Elle dirait que j'étais devenue une fille facile même si tout ce qu'elle attendait était qu'elle puisse me parler de sexe et je la comprendrais. Avoir des rapports sexuels avec quelqu'un qui ne représentait rien pour moi me faisait certainement passer pour une fille facile.
J'avais dit à mon père que j'étais malade et il m'avait autorisé à ne pas aller au lycée aujourd'hui. Une journée d'absence était dure à rattraper en dernière année mais je voulais me reposer et surtout me reprendre. Je ne pouvais pas me laisser distraire par des choses pareilles.
Je gribouillais sur mon cahier. Je n'arrivais pas à me concentrer sur mon analyse de texte en philosophie. J'avais Justin en tête. Le goût de ses lèvres, le son de sa voix, la chaleur de son corps envahissaient mon esprit. Je sentais encore ma main brûlante à cause de mes frottements contre son pénis. C'était horrible. Je voulais ôter tout ça de ma tête.
Je décidai d'envoyer un message à Axel pour prendre de ses nouvelles.
«Tu me manques Axel. Tu vas bien ? Quand est ce qu'on pourra se revoir ?»
Passer plus de temps avec lui pourrait peut être définitivement m'enlever toute envie de rapprochement avec Bieber car si j'étais avec Axel, ce n'était pas pour rien, il me plaisait vraiment.
Il me répondit aussitôt. Nous décidâmes de se voir dès que mon père ne serait plus au repos ce qui voulait dire mercredi. J'appréhendais. Je devais réfléchir à ce que j'allais lui dire. Si je devais tout lui avouer ou me taire. Je ne le connaissais pas encore assez bien pour deviner la manière dont il allait réagir mais je pouvais être sûre que la nouvelle ne lui plairait pas du tout. Il était possible qu'il fasse l'impasse et me pardonne ou bien qu'il s'énerve et décide me quitter. Dans les deux cas, la culpabilité que j'avais en moi resterait présente.
...
Briana m'avait appelée et s'était inquiétée pour moi mais je l'avais rassurée. Elle m'avait demandée si je voulais qu'elle passe me voir mais je lui avais dit que j'allais bien et que je reviendrais demain en cours.
Je ne me sentais pas mieux que ce matin. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais dans cet état. C'était comme si je ne pouvais pas être bien sans les mots vulgaires et l'arrogance de Justin.
- Abigail ! m'appela mon père.
Je sortis de ma chambre et le trouva au salon. Il regardait la télé avec une bouteille de bière à la main.
- Dis moi, tu veux aller où l'année prochaine ? me demanda-t-il. Étant donné que tu n'as pas beaucoup de chances qu'Harvard t'accepte.
C'est gentil. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me pose cette question. Je n'avais eu qu'Harvard en tête. J'avais passé tous les tests nécessaires et avaient fait toutes les démarches demandées pour intégrer cette école en gardant en tête que je n'irais pas autre part. Mes résultats avaient été bons, il était pour moi impossible - même si j'en doutais - qu'on me refuse.
- Je ne sais pas.
- Comment ça tu ne sais pas ? Il faut te décider. Si la bourse n'est pas suffisante, tu devras dire adieu à Harvard.
- Je n'ai pas pensé à autre chose.
- Il faut que tu sois responsable !
Je levai les yeux au ciel. Je voyais très bien à quel jeu il jouait. La bourse n'avait jamais été un problème jusque là. Il n'avait juste plus envie que je quitte la maison.
- Ne sois pas insolente ! éleva-t-il le ton.
Je mordis ma joue. Mon père était vraiment un abruti.
- Laisse tomber alors, dis-je.
- Quoi ? Et qu'est ce que tu vas faire ?
- Je vais travailler au café jusqu'à la fin de mes jours, répondis-je en me retournant.
Je préférais partir au lieu de m'énerver pour de bon mais il m'ordonna de rester. Je lui fis alors face à nouveau.
- Tu sais, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Ça ne sert à rien de faire la tête, dit-il.
- Je ne fais pas la tête, rétorquai-je. J'ai compris ce que tu m'as dit. Je n'irais pas à Harvard.
- Tu iras à Harvard si on en a les moyens.
Quel avait été l'intérêt de payer tous ces tests pour finalement dire adieu à mon seul rêve ? Je ne le comprenais pas. Tous mes efforts, mes nuits blanches à travailler dur pour ne pas aller dans l'école que je voulais. C'était absurde. Je comprenais bien que c'était une école beaucoup trop chère mais c'était une opportunité immense pour moi si j'étais acceptée.
- Ouais. D'accord, dis-je presque sèchement. Je peux partir maintenant ?
- Prépare à manger avant d'aller au travail.
Je me retins de souffler et m'exécutai. Je n'avais pas le choix. C'était mon père qui décidait. Je devais juste me taire et accepter ses décisions.
La seule bonne nouvelle de cette journée était que mon patron m'avait payée - en espèce évidemment - pour mon mois de travail et je pourrais ainsi à mon tour inviter Axel à dîner mercredi. Je partis, exténuée, m'endormir avant que d'autres mauvaises nouvelles me tombent dessus.
...
J'arrivai en cours avec la chair de poule. Je n'aurais peut être pas du mettre un short même avec le temps chaud qu'il faisait. Briana n'était pas là, elle passait la journée avec son copain. Elle le faisait de temps en temps mais je ne lui en voulais pas de me laisser seule. C'était normal de vouloir passer du temps avec son petit ami.
Je me retrouvais donc seule au premier rang. D'habitude, ça ne me dérangeait pas mais aujourd'hui j'avais besoin de quelqu'un pour me détourner de Justin et de toutes ses mauvaises intentions et elle n'était pas là.
- «L'esprit est histoire, l'inconscient est destin.» dit Paul Ricoeur. Il faut être une conscience responsable. Il ne faut pas que la vie soit déterminée par la part pulsionnelle du désir, commença Monsieur Beaton son cours.
La part pulsionnelle du désir. Pourquoi avais-je l'impression que cette leçon me touchait particulièrement ? Je ne connaissais pas cette part en moi jusqu'à ce que je me retrouve seule chez moi avec Justin.
- L'exégèse est le travail de l'interprétation. Le psychanalyste déchiffre l'inconscient. L'inconscient ne peut pas faire sa propre exégèse c'est pour cela qu'il faut se tourner vers l'analyste. On n'est pas totalement conscient de soi immédiatement, on le devient par le déchiffrage de l'inconscient. La psychanalyse est donc une guérison.
Encore une fois, je pensais à Justin comme si tout me ramenait à lui.
Je continuais à noter même si j'avais l'impression de faire tout ça pour rien. J'avais craqué hier soir et pleuré. C'était absurde parce que je m'étais doutée que mon père remettrait en cause mon avenir à Harvard depuis que maman était partie mais j'avais eu encore une lueur d'espoir qu'il avait anéantie.
Cependant, la compétition entre Justin et moi était toujours présente alors je ne me dégonflerais pas pour autant.
Le professeur me demanda les prises de notes de Justin à la fin de l'heure mais je lui dis que nous n'avions pas pu avancer ce week-end. Il se contenta de souffler et de me dire que Justin et moi devions faire des efforts pour se voir. Je commençais sérieusement à ne pas l'apprécier.
...
Je mangeais seule au self. J'avouais que c'était quelque peu gênant surtout quand je sentais le regard, encore une fois, des trois garçons sur moi. Ils devaient sûrement rire de moi mais ça m'était égal. C'était des abrutis.
Je me concentrais sur mon repas, la tête baissée quand j'entendis et sentis un plateau se poser sur ma table. Je relevai doucement les yeux et fronçai les sourcils quand je vis Valentin s'asseoir en face de moi. Les cheveux frisés rasés en un dégradé américain, l'émeraude éclatant de ses yeux, la barbe parfaitement entretenue et la peau lisse, il me déstabilisa.
- Ça me fait chier de te voir manger toute seule, dit-il. Du coup je viens te tenir compagnie.
- C'est gentil, dis-je dubitative, mais ce n'est pas la peine.
- Si. Ça me fait plaisir.
Je n'étais pas certaine que c'était la vraie raison de sa venue ici mais je ne dirais rien. C'était toujours mieux que d'être seule au milieu d'un tas de gens que je croisais tous les jours.
- Elle est malade ton amie ? me demanda-t-il.
- Oui, mentis-je.
- Dans ce cas là, viens me voir au lieu de rester seule.
- Non, je ne préfère pas. Tu traînes avec Bieber et tout le monde sait qu'on ne s'apprécie pas.
Je ne voyais vraiment pas pourquoi il me portait soudainement de l'attention. Était-ce prévu depuis le jour où je l'avais surpris en train de me regarder ? Justin était-il dans le coup ? Et si le fait qu'on s'était touché faisait parti de leur blague et dans ce cas Valentin et même Kenneth le savaient ? Je déglutis. Putain. J'espérais que ça ne soit pas ça.
- Je peux me séparer de lui, tu sais ? sourit-il.
Il tourna ses yeux vers ce dernier et je fis alors de même. Il était assis à côté de Kenneth et nous fixait. Son regard trahissait sa méfiance et ainsi je ne comprenais pas pourquoi il se méfierait de son ami si tout ça était prévu.
- Qu'est-ce que vous êtes en train de préparer derrière mon dos ? demandai-je en me tournant vers Valentin.
- De quoi tu parles ?
- Je ne suis pas débile Valentin. Tu ne t'es pas intéressé une seule fois à moi jusqu'à aujourd'hui. Il s'est bien passé un truc dans ta tête pour que ça arrive.
Je me demandais réellement si quelqu'un lui avait dit qu'il me plaisait autrefois. C'était peut être pour ça qu'il s'intéressait désormais à moi. Il devait croire que c'était toujours le cas.
- On est camarade de classe Abigail, j'ai bien le droit de te parler non ?
- S'il te plaît Valentin, ne me fais pas perdre mon temps.
Je pris une gorgée de mon verre d'eau. Il sourit amusé.
- C'est bientôt la fin de l'année, je me dis qu'il serait temps qu'on fasse connaissance, expliqua-t-il.
Mes yeux dérivèrent à nouveau sur Justin. Son regard n'avait pas décroché de nous.
- Pourquoi Bieber nous fixe ?
- Je sais pas. Il est peut être jaloux, rit-il.
- Vous êtes vraiment trop vicieux, dis-je. Je préfère que tu me laisses tranquille.
- Mais non Abigail ! Tu peux me faire confiance !
- J'ai un copain Valentin alors tu peux oublier tous tes plans.
Son visage se ferma.
- Et alors ? Je n'ai pas dit que je voulais qu'il se passe quelque chose entre toi et moi, rétorqua-t-il.
- Donc nous resterons bien juste des camarades de classe, souris-je.
- Oui, bien sûr, sourit-il en retour. Bon je vais te laisser finir toute seule, se leva-t-il.
Je ris et le laissai partir. Je savais très bien ce qu'il cherchait avec moi. Il avait fait le tour des filles du lycée et il ne restait plus grand monde alors il voulait essayer avec moi et comme j'étais une fille qui ne se laissait pas faire, il prenait ça comme un challenge. Avait-il la complicité de Justin ? Je n'en avais aucune idée mais je comptais bien lui en toucher deux mots.
...
J'arrivai au cours de sciences. Je réalisai que j'allais devoir former un binôme avec quelqu'un étant donné que Bri n'était pas là. Je priais pour ne pas tomber sur un des trois garçons. Ces derniers changeaient toujours de groupe puisqu'ils étaient trois et devaient alterner les binômes pour ne pas faire de jaloux et il y en avait donc toujours un qui se retrouvait seul. Comme aujourd'hui j'étais également seule, il était évident que le professeur me mettrait avec celui qui serait seul. Sauf s'il y avait un autre absent. Dans ce cas, je pourrais me mettre seule.
Malheureusement, ce matin, tout le monde avait été là - hormis ma meilleure amie - et ce fut encore le cas pour la première heure de cet après midi. J'espérais alors tomber sur Kenneth qui était le moins abruti des trois.
- Mademoiselle Chambers n'est pas là ? demanda Monsieur Allan. Ça tombe bien ! Je vais pouvoir voir de quoi sont capables les deux têtes de classe ensemble !
Je fermai les yeux et me maudissais de faire partie des meilleurs élèves de la classe encore une fois. Il fallait que ça tombe sur moi. Sur nous. Merde.
- Allez vous asseoir au fond de la salle ! J'ai quelque chose d'autre pour vous ! ajouta-t-il.
J'avalai difficilement ma salive et me dirigeai vers le fond de la salle. Je m'assis sur un des deux grands tabourets après avoir mis mon sac au pied de la table. Je posai mes bras sur cette dernière et j'entendis Justin s'avancer à côté de moi. Je tripotais mes doigts. Je n'étais pas nerveuse - du moins je ne pensais pas l'être - mais plutôt en colère. En colère contre mon professeur pour nous avoir mis ensemble, en colère contre Briana pour avoir provoqué cela, en colère contre Justin pour ne pas avoir protesté comme il l'aurait fait d'habitude et en colère contre moi même pour porter de l'intérêt à tout ça.
Justin s'assit à ma gauche sans dire un mot. Je mordillais maintenant ma lèvre inférieure. Satané vulnérabilité. Le professeur distribua les échantillons de roches avec les fiches nécessaires à tout le monde sauf à notre table. Puis il vint nous voir avec des documents et des échantillons de sang.
- Vous avez aussi une heure, nous dit-il.
Je passai une mèche de cheveux derrière mon oreille et pris certains documents que nous étions censés nous partager pour découvrir de quoi les travaux pratiques d'aujourd'hui s'agissaient.
Justin, lui, pris un des échantillons, le plaça sur le microscope puis se mit a lire les feuilles que je lui avais laissées. Il était vrai que je n'arrivais pas vraiment à me concentrer sur les questions. J'étais beaucoup trop perturbée par sa présence. Des images de hier revenaient en tête : sa mâchoire serrée, ses yeux fermés à cause de la sensation que ma main lui avait procuré puis, lui me suppliant d'aller plus vite. J'étais complètement ailleurs.
Il se redressa et régla le microscope afin de pouvoir voir clairement les cellules qu'il y avait dans l'échantillon de sang. Je le laissais faire. Toujours aucun mot échangé entre nous. C'était très froid. Il y avait de la tension mais ce n'était pas cette tension habituelle de compétition.
- Lymphocytes B et T.
Je notais ce qu'il y avait trouvé sans vérifier sur une feuille. Il fit la même chose. Ensuite ce fut à mon tour d'analyser l'autre échantillon.
- Granulocytes basophiles et mastocytes.
Il ne dit rien et rapporta mes observations sur sa feuille. Le professeur vérifia notre début de travail et nous informa que nous avions pour l'instant trouvé tout ce qu'il fallait trouver au sujet des cellules dans le sang lors d'une réaction inflammatoire. Il nous dit d'attaquer les questions à propos des documents puis partit s'occuper d'un autre groupe.
- Gonflement ? dit Justin.
- Le plasma s'infiltre dans le tissu, dis-je. Rougeur ?
- Les vaisseaux du tissu infecté sont dilatés donc il y a plus de sang. Chaleur ?
- Les deux observations précédentes. Douleur ?
- Le tissu est destructuré et des lésions apparaissent.
C'était impressionnant la facilité que nous avions à réfléchir et à trouver les réponses aux questions de l'exercice.
- Qu'est-ce que Valentin me veut ? brisai-je enfin le silence.
- Tu n'as qu'à lui demander.
- Arrête, tu es tout le temps avec lui, je sais que tu connais ses intentions.
- Pourquoi tu veux savoir ? Un copain ça ne te suffit pas ?
- Pardon ? me sentis-je attaquée. Qu'est ce que tu es en train d'insinuer ?
Il leva la tête de sa feuille et posa ses pupilles sur moi.
- Je ne sais pas. Ton copain, moi et maintenant Valentin. Je...
- Valentin ne m'intéresse pas, le coupai-je. Et toi...
Je ne finis pas ma phrase. Je me tournai sur ma copie, blessée. Les larmes bordèrent mes yeux. Je savais qu'il n'avait pas tort mais cela me faisait mal de l'entendre. Ce n'était pas moi. Je n'étais pas une fille qui jouait avec les garçons.
Je levai ma main pour appeler le professeur. Il fallait que je prenne l'air. Monsieur Allan vint me voir et je lui demandai d'aller à l'infirmerie. Il accepta et je partis rapidement de la salle.
J'essuyai le coin de mes yeux pour éviter de pleurer et traversais les couloirs vides. Je n'arrivais pas à croire que Justin pouvait penser que j'étais une fille facile alors que c'était lui qui avait engendré tout ça.
J'entendis des pas précipités derrière moi. Je ne me retournai pas sachant très bien que c'était lui.
- Fous moi la paix ! criai-je.
Je continuais à marcher pour regagner les toilettes le plus vite possible mais je me sentis soulevée soudainement puis emmenée jusqu'au placard à balais. Justin me posa à terre puis claqua la porte derrière lui avant de se mettre devant pour m'empêcher de sortir. J'avais plus qu'envie de foutre mon poing dans sa belle gueule.
- Et moi ? J'aimerais bien que tu finisses ta phrase, dit-il.
- Et toi t'es un pauvre con ! Ça te va ? haussai-je le ton. Maintenant laisse moi passer.
Je fis un pas en avant mais il ne bougea pas. Il attrapa violemment ma taille et me tira contre lui. Mes mains se posèrent par réflexe sur son torse. J'expirai. Ses iris noisettes me transperçaient mais je ne pouvais ôter mon regard de ces derniers.
- Tu peux dire tout ce que tu veux mais tu sais très bien que ton mec ne pourra jamais te donner autant de plaisir que je t'en aie donné Waller, murmura-t-il à seulement quelques millimètres de mes lèvres.
Je voulais lui dire qu'il avait tort, qu'il ne savait pas de quoi il parlait et que ça ne lui regardait pas mais aucun mot ne sortait de ma bouche. Je le regardais longuement avant de reprendre mes esprits et de me dégager de son étreinte.
Je le poussai de la porte - il se laissa étrangement faire - et je partis. Je passai ainsi aux toilettes pour me rafraîchir le visage. Tu sais très bien que ton mec ne pourra jamais te donner autant de plaisir que je t'en aie donné. Je fixais le grand miroir pendant que ses mots se répétaient dans ma tête.
- Putain, murmurai-je.
Il avait dit exactement ce qu'il fallait dire pour me faire douter. Douter de mon attirance envers Axel, des sentiments que j'avais pour lui et surtout de mon envie d'être avec lui.
- Je le déteste, dis-je.
Je sortis d'ici avant de finir paranoïaque et retournai dans la salle de classe. Justin était déjà revenu. Il ne m'adressait aucun regard. Nous terminâmes l'heure sans nous dire un mot.
...
Je terminai mon service au café. Il y avait des soirs comme celui-ci où j'étais bien contente de travailler car ça me permettait d'oublier le temps de quelques heures mes problèmes. Je récupérai mon sac puis souhaitai une bonne soirée à tout le monde avant de quitter la petite enseigne.
- Abigail, m'interpella-t-on.
Je me retournai le sourire aux lèvres reconnaissant la voix. C'était Axel. Il se tenait debout à quelques mètres de moi, les mains dans les poches. Je m'avançai vers lui et l'enlaçai. Il posa ses lèvres sur les miennes et y déposa un doux baiser.
- Comment tu vas ? me demanda-t-il.
- Très bien et toi ?
- Je vais bien aussi.
- Qu'est-ce que tu fais là ? lui demandai-je en lui prenant la main.
Nous commençâmes à marcher ensemble.
- Je t'emmène dîner au restaurant, m'annonça-t-il.
- Maintenant ? On avait dit demain, dis-je surprise.
- Je sais mais je voulais te faire une surprise et puis, je ne peux plus finalement demain, expliqua-t-il.
Je le regardais sans savoir quoi dire. Je n'avais pas prévu cela surtout qu'il fallait que je révise pour le contrôle d'histoire de demain mais je devais lui parler et mettre les choses au clair. Je n'avais pas le droit d'attendre plus longtemps.
- Bon, d'accord, souris-je.
Il m'embrassa la joue comme remerciement puis appela un taxi. Nous entrâmes dans le véhicule et ce dernier nous emmena au lieu qu'Axel avait prévu pour nous deux. Mon père ne travaillait pas ce soir alors je lui dirais que j'avais fait des heures supplémentaires pour excuser mon retard en espérant qu'il me croit.
- Ça te dirait de passer les vacances avec moi ? me proposa-t-il.
Je regardais ses yeux verts qui me suppliaient presque de dire oui.
- Je ne sais pas si mon père va accepter, dis-je honnêtement.
- On pourra quand même se voir plus souvent ?
- Oui, bien sûr.
Je l'embrassai tendrement mais il prolongea l'échange. Il posa ses mains ses mes joues et rendu notre échange plus sensuel. Toutes mes mauvaises actions refirent surface. J'accentuais les mouvements de mes lèvres contre les siennes comme si ça m'aiderait à penser à autre chose mais ce que j'avais en tête était le goût des lèvres de Justin et non celles de mon copain.
Je mis alors fin au baiser me sentant très mal par rapport à lui. Je m'en voulais énormément. Je détournai les yeux et les posai sur la vitre.
Nous arrivâmes rapidement devant le restaurant. Nous sortîmes du taxi après que j'ai insisté pour payer puis nous pénétrâmes dans la grande salle. Cette dernière était presque vide. Un jeune homme nous installa dans un coin.
Axel me tira la chaise afin que je puisse m'asseoir puis prit place en face de moi. Je le contemplais. Il avait relevé ses cheveux bouclés d'un côté, ses émeraudes ressortaient grâce à son blouson vert kaki et ses lèvres n'avaient jamais semblé aussi douces. Il n'avait pas de barbe, ni même de duvet. Il avait une peau de bébé mais ça restait très attirant.
Il était tellement différent de Justin, je me demandais comme cela se faisait que je me sois retrouvée entre les deux.
Cette pensée me rappela que je devais avouer mes écarts à Axel risquant de voir le dîner qu'il avait planifié pour nous se transformer en un fiasco. Mais je n'en avais pas le courage, je le savais. J'avais l'habitude de toujours fuir les problèmes et ça n'allait pas changer ce soir. Je laissais alors le dîner se dérouler comme si de rien était.
Tout se passait très bien jusqu'à ce qu'une ombre recouvrit la table et que sa voix me parvint aux oreilles. Pourquoi fallait-il qu'il soit là au plus mauvais moment ?
- Oh... Waller..., lâcha Justin avec un ton narquois, et son fameux copain.
Je déglutis et levai lentement les yeux jusqu'à croiser les siens. J'étais foutue. Il allait se charger de me dénoncer. Il fixait Axel qui me lança un regard confus.
- C'est...
Je raclai ma gorge.
- C'est Justin, un camarade de classe, peinai-je à dire.
- Elle me parle souvent de toi, ajouta Justin à Axel avant de me regarder.
Je lui lançai mon regard le plus noir. Un sourire naquit aux coins de ses lèvres. Que cherchait-il à faire ? Il n'avait pas besoin de jouer le "bon ami" sachant qu'il allait briser mon couple juste après.
- D'accord, fronça Axel les sourcils.
- Accent italien ? Je comprends pourquoi elle t'apprécie autant, continua-t-il.
La colère commençait à s'éveiller en moi. Si j'avais pu, je l'aurais tiré par les cheveux jusqu'à la sortie.
- Justin, qu'est-ce que tu veux ? essayai-je de ne pas paraître énervée.
- C'est pour la philo. Ça serait bien qu'on se voit demain puisque tu as l'air occupée ce soir.
- Tu aurais pu m'envoyer un message, ça aurait été beaucoup plus rapide.
Il posa ses mains sur la table et se pencha vers moi. Je retins mon souffle.
- Ça serait bête que tu me provoques assez pour que je révèle tout à ton cher ami, me chuchota-t-il.
- Je peux savoir c'est quoi le problème ? intervint Axel.
- Abigail me donne des cours de philo, répondit Justin en se tournant vers mon copain.
- Vous deviez vous voir ce soir ?
- N...
- Oui, me coupa Justin.
Je déglutis une fois de plus. J'allais vraiment finir par le tuer.
- Tu aurais dû me le dire, je ne t'en aurais pas voulu, me dit Axel.
- Je...
- Mais ce n'est pas grave, je vais vous laisser finir dîner, me coupa une nouvelle fois Justin.
- Non, je vais y aller, se leva Axel. Le travail passe avant tout.
Les battements de mon coeur s'agitèrent. Il ne pouvait pas me laisser seule avec lui ! La soirée commençait tellement bien !
- Axel, reste, dis-je.
Il s'avança vers moi et je me levai.
- Je paye ou tu veux payer ? me demanda-t-il dans l'oreille.
- Je paye mais tu n'es pas obligé pas de partir Axel.
- Ce n'est pas grave, le dîner était quand même bien. Il faudra qu'on parle par message quand tu auras terminé avec lui.
J'hochai la tête. Nous nous embrassâmes, non sans gêne pour ma part, puis Axel nous quitta. Justin me regardait avec un air moqueur.
- T'en perds pas une pour me faire chier, crachai-je.
Il rit.
- J'avoue que tu as bon goût, il est pas mal ton mec, se moqua-t-il. Italien, élégant, vraiment pas mal.
Il prit la place d'Axel et s'assit de manière avachie - comme toujours - sur la chaise. Je ne le quittais pas du regard.
- Dommage qu'il ne sache pas te faire jouir.
- Je m'en vais, dis-je en attrapant ma veste.
- Non, refusa-t-il fermement. Tu restes ici.
- Tu es qui pour décider de ce que je dois faire ?
- Abigail, prit-il un ton menaçant. Ne me cherche pas.
Je secouai la tête et enfilai ma veste. Je me dirigeai vers la sortie mais je pus à peine faire deux pas avant de sentir la main de Justin attraper mon bras et ainsi m'empêcher de continuer à avancer.
- Fais un pas de plus Waller et tu peux dire adieu à ton A en sport.
- Et toi tu peux oublier le tien en philo.
- Donc ça te dérange pas d'avoir un D avec Beaton ?
Je mordis ma joue. Merde. Il avait un argument infaillible contre moi. Je fis marche arrière contre mon gré. Il me fit signe de la tête de retourner à ma place et je m'exécutai n'ayant pas d'autre choix.
- Dis moi ce que tu veux, dis-je.
- Pas si vite Waller, sourit-il, on parlera de ça plus tard.
- T'es vraiment un pauvre con.
- Tu comptes lui dire un jour pour nous deux ?
Il se redressa et posa ses bras de part et d'autre de l'assiette qui se trouvait devant lui.
- Il n'y a rien entre nous, essayai-je de me défendre.
Il sourit amusé et inclina sa tête sur le côté avant de passer sa langue entre ses lèvres. Sa pomme d'Adam n'avait jamais été aussi visible et maintenant j'avais envie qu'il me contredise en plaquant ses lèvres contre les miennes.
- Je crois que tu as envie que je te rappelle l'effet que je te fais babe, murmura-t-il presque.
Mon coeur manqua un battement. J'avalai difficilement ma salive. Mon petit ami était parti il y avait à peine cinq minutes et me voilà en passe de céder aux provocations d'un autre garçon.
Je posai mes bras de la même manière que Justin sur la table. J'affichais un sourire narquois et le défiais du regard.
- Non merci, souris-je.
Je me levai sans plus attendre. Justin posa à toute vitesse le liquide suffisant pour payer le dîner tandis que je m'éloignais de la table. Je dis au revoir aux serveurs et quittai le restaurant. J'entendais les pas de Bieber derrière moi pendant que je marchais le long de la rue pour rentrer chez moi. J'essayais de n'y prêter aucune attention mais un sourire ne put s'empêcher de naître sur mes lèvres pendant que nous continuions à marcher l'un devant l'autre.
Je savais qu'à un moment il arrêterait mes pas et ferait ce qu'il avait prévu de faire.
Mes pensées étaient tellement contradictoires à ce que j'avais eu en tête il y avait quelques minutes quand Axel était encore là pour me contrôler. Désormais, mon cerveau n'était plus en mesure de gérer le désir qui montait dans mon corps.
- J'ai pas l'impression que t'essaies vraiment de fuir Waller.
- Ta gueule, soufflai-je.
À peine j'eus fini de parler, Justin me poussa dans la ruelle perpendiculaire à la rue où on se trouvait et me plaqua contre un mur de brics ce qui me fit manquer de souffle. Il posa ses deux mains sur le mur, à quelques centimètres de ma tête et se pencha vers moi.
Il replaça une mèche qui avait glissé sur mon visage. Je frissonai quand son index toucha ma peau. Ma poitrine rebondissait déjà. J'étais en position de faiblesse.
- Je sais que t'attendais que je te sauve de ton dîner avec l'autre, lâcha-t-il d'une voix si suave et rauque.
- Tu n'es pas le centre du monde Justin.
- Tu es sûre ?
Avant que je ne comprenne son intention, il m'embrassa sauvagement. Mon coeur se gonfla. Je fermai les yeux. Il attrapa ma nuque et se colla à moi. J'étais submergée par plein d'émotions à la fois.
Il dériva le long de ma mâchoire puis descendit sur mon cou. Je basculai ma tête en arrière. Il me rendait folle. Il s'apprêta à y déposer un suçon mais je l'arrêtai.
- J'en ai déjà deux Justin. C'est assez difficile de les cacher comme ça.
Il rit et remonta alors à mes lèvres. Il glissa ses mains sous les deux tissus qui recouvraient ma partie supérieure et m'électrisa. La chaleur de ses mains se répandait dans tout mon corps.
Ses doigts sillonnèrent mon ventre avant de s'introduire dans mon soutien gorge. Je sursautai. Il se mit à palper ma poitrine. Je poussai un soupir. Il appuyait fort contre mes seins et normalement je lui aurais certainement mis une baffe mais étrangement, il me faisait du bien.
- Ton mec ne sait pas ce qu'il rate, murmura-t-il sur mes lèvres.
- Arrête de parler de lui.
Je le sentis sourire pendant que je l'embrassais à nouveau. Il mordit ma lèvre inférieure. Je m'accrochais à son cou. Il retira ses mains de mon soutien gorge et les glissa en bas de mon dos. Il me tira à lui. Je le sentais dur contre moi. Je ne pouvais pas laisser cette situation s'evenimer encore plus.
- Je dois y aller, interrompis-je notre baiser. Mon père m'attend.
Il fronça les sourcils. Je me détachais lentement de lui, mes jambes pouvaient à peine me soutenir.
- Tu te fous de moi Waller ?
- T'as eu ce que tu voulais non ? rétorquai-je en m'éloignant, lui tournant le dos.
- T'es vraiment une salope Waller. On se retrouve demain pour régler tout ça.
J'ignorai ses paroles et m'en allai. Il avait l'air d'oublier que je n'étais pas son amie et que je ne serais jamais à ses pieds. Je passai mes mains dans mes cheveux et respirai un grand coup. Tu es faible Abigail Waller. Tu n'es rien d'autre qu'une faible. Le laisser en plan dans la ruelle n'avait pas été un acte de courage. La seule raison pour laquelle je l'avais fait était que mon père allait sérieusement me massacrer si je ne rentrais pas tout de suite.
Pourquoi était-il impossible pour moi de lui dire non et de le penser réellement ? Toutes ces provocations, ces rétorques étaient simplement pour le pousser à venir vers moi. Je ne savais pas ce que je voulais.
Je pris mon téléphone pour regarder l'heure et trouvai un message d'Axel.
«Ce Justin est vraiment juste un mec de ta classe ou tu t'es foutu de moi ?»
...
Petites clarifications sur certaines choses : un psychanalyste n'est pas censé porter un jugement sur ce que dit son client et encore moins de lui donner des conseils. C'est tout à fait normalement qu'il ne fait que lui poser des questions. Le but est que Justin prenne conscience de lui par lui même. Alors oui, le psychanalyste fait bien son travail avec Justin.
Et la note A n'est pas l'équivalent de 20 sur 20. Selon les établissements et pays, c'est entre 15-16 et 19 sur 20. Donc ce n'est pas impossible pour Abigail et Justin d'obtenir dans toutes les matières entre 16 et 19 de moyenne.
Voilà :) j'espère que c'est plus clair maintenant.
Christel ♡
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