Chapitre 5
«Je sais que tu as envie de moi.»
Point de vue d'Abigail.
Je ne savais pas ce qu'il y avait de plus désolant : n'avoir pas pu arrêter d'envoyer des messages au parfait inconnu alors qu'Axel était devenu mon petit ami ou avoir fantasmé sur Justin Bieber toute la nuit. Ce dernier n'avait fait que me reluquer pendant l'heure où il avait été chez moi, je l'avais bien vu. Mais le problème n'était pas là. Le problème était qu'il avait été tellement focalisé sur ma poitrine qu'il n'avait pas remarqué que j'avais fait de même de mon côté.
J'avais été tellement perturbée par son physique que je m'étais arrêtée toutes les deux minutes pour le regarder. Pourquoi fallait-il que je sois enfin en couple pour le trouver attirant ? Je m'inquiétais sérieusement pour la suite de mon couple avec Axel pour être honnête. Je n'avais pas été une bonne petite amie jusqu'à maintenant.
Il fallait que je me reprenne en main. J'avais rêvé d'être la copine d'Axel pendant longtemps et maintenant que je l'étais mon cerveau voulait aller voir ailleurs ? Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez moi.
- Abigail ! cria mon père miraculeusement réveillé à sept heures du matin.
Je me dépêchai de sortir de ma chambre pour le trouver dans la sienne. Il était allongé sur son lit avec une cigarette allumée à la main.
- Vas me chercher une bouteille de bière, m'ordonna-t-il.
Jamais de "bonjour" ni de "comment tu vas ?". On ne communiquait que très rarement. J'hochai la tête et m'exécutai. J'allai dans la cuisine et pris une bouteille dans le frigo avant de revenir dans sa chambre et de la lui donner. La pièce empestait la cigarette et le renfermé. Je m'obligeais à couper ma respiration.
- Allez dépêche toi sinon tu vas être en retard.
Je partis sans broncher finir de me préparer puis j'allais au lycée. Quand je ne protestais pas, il ne levait pas la main sur moi.
Arrivant dans la salle de classe accompagnée de Briana, Monsieur James nous informa que nous avions un contrôle surprise. Ce n'était pas grave, je maîtrisais bien ce chapitre. Après avoir attendu que tous élèves soient présents, y compris Justin, il nous distribua les copies.
Je lançai un regard à Bri qui s'était mise à stresser. Je lui chuchotai un mot gentil puis me concentrai sur ma feuille.
Sortant du devoir, j'étais contente de moi, je ne m'étais pas trop mal débrouillée. Ma meilleure amie, elle, était sûre de ramener une mauvaise note de plus chez elle. Il était vrai qu'elle n'était pas aussi bonne que moi en maths ni dans les autres matières d'ailleurs mais elle n'était pas une mauvaise élève non plus.
Après le cours de Monsieur Beaton, ce dernier vint me prendre à part et me demander comme prévu les prises de notes. Je lui montrai la seule feuille qui avait servi à Justin pour l'instant. Il ne fut pas très content de cela, il pensait qu'on serait plus efficace et rapide. Il voulait vraiment qu'on ait le temps de traiter tous les thèmes avant la fin de l'année mais c'était clairement impossible. Je ne pouvais pas rattraper plus de six mois de cours en quelques semaines.
Il me dit qu'il voulait voir beaucoup plus qu'une simple feuille pour après demain. Après demain. Je lui avais dit qu'on ne se voyait pas tous les soirs et que je ne pouvais pas lui ramener plus que ça dans deux jours mais il avait refusé de m'écouter. J'allais donc devoir passer une heure de plus demain soir seule avec Justin si il était libre. Putain.
Ce n'était pas normal que je passais plus de temps avec lui qu'avec Axel.
Avant de rejoindre le self pour manger, je cherchai Bieber dans les couloirs. Je le trouvai avec ses deux amis. Ces derniers me lancèrent un regard confus. Je regardai Justin avec insistance lui faisant comprendre que nous devions parler. Il fut d'abord hésitant puis laissa ses amis pour me rejoindre. Je savais bien qu'ils n'étaient pas censés savoir que nous parlions mais je ne pouvais pas faire autrement.
Je l'emmenai dans le placard à balais pour parler tranquillement. Mon esprit se troubla quelques secondes quand il fut à seulement quelques centimètres de moi, les cheveux tombants sur son front, son parfum envahissant mes narines, sa veste en cuir lui allant si bien, son t-shirt épousant parfaitement ses pectoraux et son jean couvrant justement ses jambes.
Il fronça ses sourcils posant ses iris sur moi. J'entrouvris ma bouche manquant d'air. Putain.
- Tu es libre demain soir ?
- Quoi ? demanda-t-il confus un sourire en coin.
- Je veux dire, pour un cours de philo. Monsieur Beaton n'a pas aimé ta légère prise de notes et veut une feuille plus garnie pour après demain.
Il contracta sa mâchoire. Je mordis ma lèvre inférieure impromptement. Je commençais à avoir chaud dans cette petite pièce.
- Ouais, lâcha-t-il. OK. À quelle heure ?
- Comme hier.
- Je t'enverrais un message pour te dire à quelle heure je viendrais. Je ne sais pas encore si j'ai quelque chose de prévu avant ou après.
- Je pense que la fille avec qui tu comptes baiser pourra largement attendre un soir de plus, dis-je un rictus aux lèvres.
Il rit.
- Le sexe ne peut pas attendre Waller, dit-il d'une voix rauque qui lança des vibrations le long de ma colonne vertébrale.
- Ton sexe, le rectifiai-je.
Il sourit amusé puis passa sa langue entre ses lèvres. Mon coeur manqua un battement. Merde.
- Pourquoi ça te dérange que je couche avec autant de filles ? sourit-il.
- Ça ne me dérange pas Justin. C'est ton pénis, tu fais ce que tu veux avec.
Il se pencha vers moi et approcha sa bouche de mon oreille. Je coupai ma respiration quelques secondes. Il était beaucoup trop près de moi.
- Tu es sûre Waller ? murmura-t-il contre mon oreille.
Ma chair frémissa et le temps de reprendre mes esprits, il était déjà parti. Merde merde merde ! Je ne pouvais pas rester comme ça, je ne pouvais pas le laisser me déstabiliser. Ce n'était pas bien. Et si cela faisait parti de sa blague ? Je ne savais toujours pas pourquoi il avait finalement voulu prendre des cours avec moi et je n'étais toujours pas convaincue que c'était pour avoir un A.
Peut être qu'il essayait de me faire perdre mes moyens pour que je sois trop déstabilisée pour rester concentrée sur les cours comme ça la première place lui reviendrait. Je ne tomberais pas dans son jeu. J'étais beaucoup plus maligne que ça.
Je rejoignis Briana dans le self après avoir pris mon plateau avec le repas du jour dessus et elle ne perdit pas de temps pour me questionner.
- Alors ?
- C'est bon pour demain mais ça me fait clairement chier de passer du temps avec lui alors que je pourrais le passer avec Axel par exemple, dis-je. Il arrête pas de me demander quand est-ce qu'on pourra se revoir et je n'arrête pas de lui dire que je n'ai pas le temps. Il va finir par me quitter si ça continue comme ça.
- Ce soir, ton père travaille encore, profites en pour aller le voir, me suggéra-t-elle.
Je réfléchis. Si j'acceptais de le revoir ce soir, j'allais encore accumuler du retard sur mes révisions et étant donné que demain soir je voyais Justin, ça commencerait à faire beaucoup. Mais j'avais vraiment envie de le revoir alors je ne pouvais pas refuser.
- Oui, tu as raison, dis-je.
- Cool ! s'écria Briana.
J'envoyai tout de suite un message à Axel pour lui demander s'il était libre ce soir. Puis je commençais à manger.
- Comment ça se passe avec Justin ? Il ne te soûle pas trop ?
- Bizarrement il n'est pas aussi désagréable qu'en cours.
- Il n'essaye pas de coucher avec toi ?
- Non. Du moins, il n'a pas encore essayé pour le moment.
- Attention, ce n'est pas impossible qu'il essaye un jour.
- Peut être mais on se déteste, ça n'arrivera pas, ris-je nerveusement. Il n'y a aucune attirance entre nous, mentis-je.
Pourquoi parler de ça me rendait soudain nerveuse ? Je dérivai mes yeux sur Justin qui posa les siens sur moi en sentant mon regard sur lui. Il était toujours le même. Le beau salaud avec l'arrogance et la non chalance coulant dans ses veines. Je devais garder ça en tête.
- Tu ne peux pas nier qu'il est beau, me dit-elle.
- Eh Bri, qu'est ce que tu es en train de faire ? rétorquai-je en reposant mes yeux sur elle.
- J'ai appris que rares sont les filles qui n'ont pas couché avec lui après s'être retrouvées seules en sa présence.
- Tu insinues que je ne peux pas me tenir quand je suis avec lui ? me sentis-je offensée. Je suis vierge Briana et tu sais bien que ce n'est pas à lui que j'offrirais ma virginité.
- Ne t'énerves pas Abby. C'est juste que ce mec est vicieux et il a toujours tout ce qu'il veut.
- Sauf qu'il ne me veut pas. Et moi non plus. Donc le problème est réglé.
Je n'arrivais pas à croire que Briana pouvait penser que je serais capable de faire quoi que ce soit avec Justin. Il était mon rival putain. C'était stupide de penser une chose pareille.
...
Je terminais d'enfiler mes chaussures et j'étais enfin prête pour ce soir. J'avais très hâte de revoir Axel, de le prendre dans mes bras et de l'assaillir de baisers même si après le travail j'étais toujours un peu fatiguée. Je pris ma veste en jean puis quittai ma demeure. J'avais rendez vous avec lui devant le cinéma à vingt deux heures.
Je marchais d'un pas frénétique vers le centre ville. Il faisait bon dehors, ni trop froid ni trop chaud. Je comptais passer mes vacances de printemps avec lui s'il le voulait bien.
Quand j'arrivai au bon endroit, je le trouvai déjà là. Il m'attendait les mains dans les poches de son jean serré. Nous échangeâmes un sourire avant de nous embrasser tendrement sur les lèvres. Ces dernières m'avaient manquée.
- Ça va ? me demanda-t-il.
- Oui et toi ?
- Oui.
Nous achêtâmes nos places à l'entrée puis nous entrâmes dans le cinéma. Nous avions choisi le film le plus court à l'affiche étant donné que je devais rentrer avant mon père chez moi. Nous prîmes place au milieu de la salle, il n'y avait pas grand monde.
Axel passa un bras autour de mes épaules et je souris à ce geste. Le film commença quelques minutes plus tard. Pendant la projection, je reçus un message. Je jetai un rapide coup d'oeil sur mon téléphone et le rangeai aussitôt voyant qu'il s'agissait de l'inconnu.
- C'est qui ? me demanda Axel.
- Briana, mentis-je.
- Tu peux répondre si tu veux.
- Non c'est bon, je répondrais après, souris-je.
Le film passa très vite car nous avions discuté tout le long à la place. Je préférais écouter le bel accent italien de mon copain plutôt que regarder le film qu'on avait choisi par défaut.
Il me raccompagna chez moi. Nous marchions main dans la main. Il me parlait de sa famille qui lui manquait, de son envie de visiter Paris avec moi, de l'Université qu'il rejoindrait quand son année serait terminée. J'étais vraiment admirative de ses ambitions. Il avait déjà planifié tout son avenir.
Nous arrivâmes devant chez moi. Nous nous dîmes au revoir avant d'échanger un long baiser. Je ne voulais pas le quitter maintenant.
- Je t'aime vraiment bien Abigail, me murmura-t-il.
- Moi aussi Axel.
Nos sentiments commençaient à se développer. Je me sentais encore plus mal d'avoir eu ne serait-ce qu'un regard ou une pensée déplacée envers Justin parce que je savais qu'Axel ne se permettrait jamais d'aller voir ailleurs maintenant qu'il était avec moi.
Nous nous quittâmes et je me dépêchai de monter les escaliers pour rentrer à l'heure.
Je poussai la porte de chez moi et mon corps se figea en découvrant mon père assis sur le fauteuil m'attendant de pied ferme. Merde. Il ne devait pas rentrer dans une demi-heure ?
- Abigail, dit-il sèchement en se levant.
Je déglutis. Je savais qu'il ne m'épargnerait pas.
- Tu peux m'expliquer comment ça se fait que tu ne rentres qu'à cette heure ci ? me demanda-t-il en s'approchant de moi.
Mon coeur commença à battre frénétiquement. Mes poumons se comprimaient petit à petit. Je ne voulais même pas essayer de mentir. Je n'attendais plus que la punition se termine alors qu'elle n'avait pas encore commencée.
- Viens ici, ordonna-t-il en arrêtant ses pas.
Je m'exécutai le pas fébrile avant de recevoir une claque sur le visage qui me fit perdre quelques instants tout sens de l'orientation. Mes yeux se bordèrent de larmes. Il attrapa fermement mes poignets et raviva la douleur des marques qu'il y avait laissées auparavant. Il les serra très fort faisant couler les larmes sur mes joues. Je criais de douleur et le suppliais d'arrêter.
- J'ai horreur qu'on me manque de respect, dit-il les dents serrés en renforçant son étreinte.
Il m'affligea une claque à nouveau, me tira les cheveux violemment. Mon corps ne répondait plus. Puis il me lâcha enfin et observa les dégâts. Ma vue était troublée par mes larmes. Je ne voyais plus correctement mais je pouvais sentir son regard lourd sur moi.
- La prochaine fois je te coupe les pieds et tu ne pourras plus marcher, me menaça-t-il comme à chaque fois.
Je partis en courant dans ma chambre et me forçais à arrêter mes pleurs. Je détestais pleurer à cause de lui. Le premier réflexe qui me vint fut de prendre mon téléphone et d'ouvrir le message que l'inconnu m'avait envoyé. Ce n'était pas Axel qui était venu dans mon esprit mais lui. J'essuyai mes joues et m'assis sur mon lit.
Mon coeur manqua un battement quand je lis ce qu'il m'avait écrit.
«Abigail ?»
Quoi ? Comment ça ? Il ne pouvait pas connaître mon prénom. Comment l'avait-il trouvé ? Me connaissait-il en réalité depuis tout ce temps ? M'avait-il menti ? Je m'étais alors confiée à quelqu'un qui me connaissait déjà ? Putain non !
«Comment tu as trouvé mon nom ?»
Je décidai de prendre une douche pour reprendre mes esprits. Je ne pus m'empêcher de verser une larme sous la trombe d'eau. C'était le poids de tous les coups que je recevais, toute la haine que j'avais qui refaisait surface, toute la tristesse que je ressentais à la fois. Mais je ne pouvais en vouloir qu'à moi même. J'avais désobéi à mon père.
Allongée sur mon lit, je consultai mon téléphone à nouveau. Mon coeur s'arrêta définitivement de battre quand je lis le message suivant.
«C'est Justin. J'ai entré le numéro que tu m'as donné sur feuille et c'est malheureusement tombé sur toi.»
«Tu te fous de moi ?»
La honte ! Je m'étais confiée à Justin Bieber ! Ce pauvre abruti ! C'est une blague putain ? Il connaissait mes secrets les plus intimes dorénavant. Comment avais-je pu être aussi bête et m'être dévoilée à un inconnu ? Pourquoi n'avais-je pas tout simplement respecté la règle que tous les parents donnaient à leurs enfants ? Désormais, le mec que je méprisais le plus au monde savait que j'étais orpheline de ma mère, que je lui parlais tous les dimanches sur sa tombe, que je me sentais affreusement seule et qu'il arrivait à me rendre sexuellement frustrée par message !
Merde sérieux ! Je crois bien que je ne m'étais jamais autant haïe de toute ma vie.
«Je sais Waller. C'est une situation très embarrassante. C'est pour ça que je compte sur toi pour ne parler à personne de tout ce qu'il s'est passé entre nous.»
La seule bonne chose dans cette histoire était qu'il s'était aussi confié à moi. Alors j'avais autant de choses contre lui qu'il en avait contre moi. Il ne pourrait donc pas révéler ma vie personnelle à tout le monde.
Mais comment aller se dérouler demain ? Et quand nous serions seuls chez moi ? Je serais beaucoup trop mal à l'aise pour faire comme si de rien était. Putain. Je me maudissais tellement à cet instant précis. Pourquoi n'avais-je pas pu me tenir à carreaux et me satisfaire d'Axel ?
«Je compte sur toi aussi Justin.»
Comment était-ce désormais possible de détester quelqu'un avec qui vous avez apprécié parler par message sans savoir que c'était lui ? Comment pouvez-vous détester quelqu'un envers qui vous avez eu de l'empathie ? Comment pouvez-vous détester quelqu'un qui se sentait aussi seul que vous ? Je ne voulais pas que ça change, je voulais continuer à haïr Justin toute ma vie s'il le fallait. Il était mon rival ; je ne pouvais que le détester.
Je m'endormis rapidement fatiguée de ma dure soirée appréhendant la journée de demain.
...
J'arrivai en cours de mathématiques avec la boule au ventre. J'avouais avoir peur de croiser Justin mais c'était inévitable puisque nous étions dans la même classe. Je ne voulais dire à personne, même pas à Briana ce qu'il s'était passé. C'était tellement embarrassant.
Je m'assis à ma place habituelle. Je n'osais poser mes yeux autre part que sur ma table. Je priais pour que Justin n'ait pas eu le même courage que moi et qu'il ait décidé de ne pas venir. C'était peut être histoire d'un jour mais ça me laissait plus de temps pour digérer la nouvelle.
- Ça va Abby ? me chuchota Briana. T'as pas l'air bien. Le rendez-vous ne s'est pas bien passé avec Axel ?
- Si si, répondis-je gardant mon point fixe. J'ai juste mal au ventre.
Soudain, on entendit des pas lents vers la porte encore ouverte et je compris qu'il avait finalement décidé de venir, qu'il ne nous épargnerait pas un malaise constant tout au long de la journée.
Je déglutis. Putain. Monsieur James décida de nous rendre nos interrogations surprises dès le début de l'heure. Il prit ses copies et commença à faire le tour de la salle distribuant chaque copie à son élève respectif sans lui épargner l'annonce de sa note à voix haute et une petite observation au passage.
- Mademoiselle Chambers, C, ce n'est pas encore ça mais vous faites des efforts, dit-il en s'avançant vers Bri.
Elle prit sa copie et fit une moue triste. J'avais la tête trop ailleurs pour la réconforter.
- Mademoiselle Waller, A - , c'est moins bien que d'habitude. Vous avez fait des étourderies.
Il posa la copie sur ma table et une grande déception m'envahit. Je pensais l'avoir très bien réussi. Je ne pouvais pas me plaindre étant donné que ça restait une bonne note pour la plupart des gens mais avec mes attentes et mes ambitions, ce A - n'était pas une bonne note.
- Monsieur Bieber, c'est excellent comme d'habitude, A +.
Ça ne l'était encore moins quand mon rival avait eu la meilleure note. Je l'entendis s'esclaffer de joie avec ses amis et je ne pus m'empêcher de me retourner pour lui lancer un regard. Ses yeux rencontrèrent alors les miens et son sourire disparut. Je tournai ma tête aussi vite que possible fuyant alors son regard. Ses yeux m'avaient électrisée jusqu'à me donner subitement chaud.
- Tu te rattraperas, ne t'inquiète pas, me dit Briana.
Ce n'était pas le fait d'avoir eu une moins bonne note que Justin qui me dérangeait le plus. C'était le fait qu'il ne m'avait pas nargué. En temps normal, il m'aurait affiché un de ses sourires moqueurs mais là, au contraire, il avait arrêté de sourire. Je crois que je préférais quand il me narguait parce que ça me faisait une motivation de plus pour exceller dans toutes les matières. Maintenant, j'imaginais que nous serions juste embarrassés rien qu'en partageant la même pièce et je détestais cette situation.
Durant l'heure, aucun d'entre nous avait répondu aux questions du professeur, pas un d'entre nous avait essayé de provoquer l'autre, pas un d'entre nous avait été tout simplement intéressé par le cours. C'était une situation tellement nouvelle et inattendue que Monsieur James nous avait même demandé devant toute la classe si nous nous sentions bien. Et encore là, aucun de nous deux avait répondu.
Briana m'avait demandé s'il s'était passé quelque chose entre nous, je lui avais répondit négativement. Elle m'aurait fait la morale si je lui avais dit la vérité mais je savais déjà que j'avais agi bêtement en me confiant à quelqu'un que je ne connaissais pas.
À l'heure du déjeuner, c'était encore pire. Justin était face à moi, à quelques tables plus loin, ce qui m'obligeait à garder mes yeux dans mon assiette trahissant encore plus ma gêne.
- Vous êtes allés au cinéma avec Axel ? me demanda Briana.
- Oui.
- Vous avez regardé quoi ?
- Je ne sais plus.
- Vous allez vous revoir bientôt ? On devrait sortir tous les quatre un jour.
- Oui.
- Tu es sûre que ça va Abigail ?
Je levai mes yeux sur elle. Elle me regardait avec ses iris verts comme si elle était entrain de me consulter.
- Oui, répondis-je avec le même ton.
Mon portable vibra dans ma poche et je m'en saisi. Je fronçai les sourcils voyant que c'était Justin.
«C'est toujours bon pour ce soir ? »
Je le regardai quelques secondes, il avait déjà posé ses yeux sur moi, puis je lui répondis positivement par message. Il n'avait donc pas abandonné l'idée d'obtenir un A en philosophie en assistant à mes cours improvisés. Nous n'éviterions pas le moment où nous serions plus que tous les deux.
...
On sonna à la porte. Mon coeur se mit directement à palpiter. J'arrangeai mes cheveux d'un réflexe puis partis ouvrir. Mon ventre se retourna quand je vis Justin vêtu d'une veste camouflage par dessus un haut noir et un pantalon de la même couleur sur le palier de la porte. Il était indéniablement beau. Bordel.
Je fis un pas en arrière et le laissai entrer puis fermai la porte derrière lui. Il partit s'asseoir à la même place que la dernière fois et je m'assis en face de lui. Le malaise était bien présent. Je n'osais même pas le regarder.
Pour que cette heure passe le plus vite possible, je ne perdis pas de temps pour commencer le cours. Je lui passai sa feuille, mis mes lunettes et ouvris mon cahier à la bonne page.
- La définit...
- Abigail, me coupa-t-il. Tu ne crois pas qu'on devrait parler avant ?
Je levai timidement mes yeux sur lui. C'était la première fois que je me sentais aussi vulnérable à côté de lui. Pourquoi avais-je l'impression qu'il faisait face à cette embarras plus facilement que moi ?
- On ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé, ajouta-t-il.
- Qu'est-ce que tu veux y faire ? On ne peut rien changer. On a été débile, c'est tout.
Je n'arrivais pas à croire que lui, Justin Bieber, m'avait appelée à plusieurs reprises babe et que j'avais aimé ça. Mais en y repensant, il n'y avait que lui pour être aussi bon pour parler aux filles. Ce n'était pas sans savoir faire qu'il couchait avec toutes les filles qu'il voulait. Je me rappelai soudainement de la liste dont il m'avait parlée le premier jour où on s'était échangé des messages. Il possédait donc une liste avec toutes les filles avec qui il envisageait coucher. Quel salaud. Il traitait les filles comme des objets.
Bizarrement je me demandais si j'étais dessus. Non. Aucune chance. J'étais bien la dernière fille sur cette terre avec qui il aurait envie de coucher.
- Tu as été plus débile que moi, rétorqua-t-il. Tu aurais dû arrêter de me répondre quand tu as su que je m'étais trompé de numéro.
- Et toi alors ! C'est toi qui aurais dû arrêter de me répondre quand tu as compris que je n'étais pas Clara.
Mais quel con ! Il rejetait la faute sur moi ! On était deux dans cette merde, il n'avait pas le droit de me prendre pour seule fautive. Il posa ses coudes sur la table et se gratta la tête.
- Ne répète à personne ce que je t'ai dit. Même pas à Briana. C'est vraiment trop personnel Waller, dit-il.
J'imaginais bien qu'il ne voulait pas que les gens sachent qu'il vivait seul avec sa mère, que sa petite soeur vivait dans une famille d'accueil et qu'il voyait un psy régulièrement. Bordel. Je me sentais vraiment triste pour lui. Même après avoir appris qu'il s'agissait de sa vie.
- Je te demande la même chose Justin. Ne le dis à personne, ni même à Valentin ou Kenneth.
- Tu as ma parole.
Nous étions vraiment maudits. En plus d'avoir une vie merdique, il avait fallu que sur sept milliards de personnes sur cette planète, nous nous confions à celle que nous supportions le moins.
- Tu as la mienne alors, dis-je.
- Mais je te déteste toujours autant Waller, souligna-t-il un sourire en coin.
- Et c'est toujours autant réciproque Bieber.
Il rit provoquant un sourire sur mon visage. La hache de guerre était loin d'être enterrée.
- La thèse contraire de Spinoza est celle de Pascal, repris-je le cours. Pour lui, «le moi est haïssable parce qu'il se fait centre de tout.» Spinoza, lui, demande que chacun s'aime soi-même et...
J'arrêtai de parler n'entendant pas le bruit du stylo gratter contre la feuille. J'avais effectivement vu juste, Justin ne prenait pas de notes. Avachi sur sa chaise, il me fixait.
- Un problème ? demandai-je confuse.
- Non.
- Alors tu pourrais prendre des notes ?
Si on s'était vu plus tôt, c'était pour rendre une feuille beaucoup plus fournie à Monsieur Beaton demain et pour cela, il faudrait peut être qu'il se mette à écrire.
- Donc tu as un copain ? me demanda-t-il subitement.
- Pardon ? fronçai-je les sourcils.
- Il sait que tu échanges des messages avec moi ?
- En quoi ça te regarde ? Elizabeth sait que tu m'en envoies ?
- Elizabeth n'est pas ma copine.
- Ce n'est pas ce qu'elle dit. De toute façon, je m'en fous Justin. On peut travailler maintenant ? dis-je agacée.
Il se redressa et ôta sa veste propageant une vague de son agréable parfum dans l'air. Les muscles de ses bras se contractèrent à chaque geste et je luttais pour ne pas mordre ma lèvre inférieure. Je ne manquais aucune seconde de ce mini spectacle. Pourquoi était-il aussi sexy merde ?
Il posa sa veste sur le dossier de la chaise puis s'appuya de ses bras sur la table. Une mèche tomba sur son front. Je mourrais d'envie de la replacer correctement. Reprends toi Abigail.
- J'ai dû mal à me concentrer, dit-il, t'es pas une bonne prof Waller.
- Je t'emmerde Bieber. Estime toi heureux que j'accepte de te donner des cours.
- T'as pas eu le choix, rétorqua-t-il en prenant un stylo.
Il se leva et fit le tour de la table pour prendre place sur la chaise à côté de moi. Je le regardais me demandant ce qu'il cherchait à faire.
- Tu m'expliques ?
- Ça sera mieux pour comprendre, dit-il.
Sa chaise était collée à la mienne. Une dizaine de centimètres seulement nous séparait. Son odeur envahissait mes narines. J'étais déstabilisée. Pour la troisième fois, je tentais de lui expliquer le cours. Cette fois-ci, il se mit à noter ce que je lui disais. Il était concentré. Il me posait même des questions pour être sûr d'avoir bien compris. Jusqu'à...
Jusqu'à ce que sa main se pose sur la peau nue de ma cuisse et me fit perdre l'usage de la parole. Ce contact m'envoya une décharge électrique. Qu'est qu'il lui a pris putain ? Ma conscience m'ordonnait de dégager sa main mais je n'avais aucune réaction. Je restais stoïque fixant mon cahier. Pourquoi ne disais-je rien ? Mon corps me trahissait complètement.
Je sentis son pouce commencer à me caresser. Mon coeur fit un bond. La chaleur montait en moi. Nous restâmes ainsi pendant une bonne minute. Plus aucune pensée cohérente traversait mon esprit. Juste des pensées perverses et étrangères à moi. Nos respirations devinrent bruyantes. Ses caresses se firent plus intimes. Sa main glissa sous mon short de sport qui me servait de pyjama. Je mordis ma lèvre inférieure. La machine était lancée.
Ma chaise se trouva tournée en sa direction. Il pivota vers moi. Nous étions maintenant face à face. Il me dévorait du regard. Qu'est ce qu'il attend pour m'embrasser ?
Il retira mes lunettes et les posa sur la table. Puis il posa ses mains sur mes genoux. Une deuxième décharge traversa mon corps. Il les tira à lui pour m'obliger à me lever. Mes jambes fébriles me soulevèrent alors assez pour me porter jusqu'à celles de Justin. Je me retrouvai ainsi assise sur lui. Les chaleurs de nos deux corps ne firent plus qu'un.
J'étais remplie de désir. Je voulais l'embrasser mais le gifler à la fois. Il me regardait comme s'il attendait que je lui hurle dessus mais j'étais trop submergée par mes émotions pour faire quoi que ce soit - hormis le pousser à aller plus loin.
Mes mains tremblantes attrapèrent son cou. Il porta les siennes à mes hanches et m'attira au plus près de lui. Ma tête pencha vers la sienne. J'entrouvris ma bouche sentant mon coeur gonfler. Le désir montait entre mes jambes. Que m'arrivait-il ? C'était le même garçon que je détestais sous moi mais il était maintenant celui que je désirais intensément. Je n'aurais jamais cru ressentir une chose pareille, encore moins pour lui.
- Tu sens le désir qui monte Waller ? murmura-t-il la voix rauque.
Je détestais quand il m'appelait Waller mais là tout de suite, il me donnait juste envie d'aggriper ses cheveux et de l'obliger à le redire encore et encore.
- Ta gueule Bieber, dis-je dans un murmure.
Je pressai mes doigts contre sa chair brûlante l'encourageant à arrêter cette attente insoutenable. Il sourit avant d'unir enfin nos lèvres. Mes yeux se fermèrent. Mon ventre se retourna. Ce n'était pas les baisers d'affection qu'Axel me donnait, c'était sauvage et rempli de haine. Il n'y avait aucune délicatesse pourtant j'en demandais plus.
Sa langue se battait contre la mienne et j'aimais le combat qu'elles menaient.
Manquant de souffle, il descendit ses lèvres sur ma mâchoire puis sur mon cou. Je réouvris les yeux difficilement. Il passa ses mains sous mon haut à manches longues pendant qu'il aggripa de ses dents ma peau et la suçait. Je ne pus contenir un soupir trahissant mon impuissance face à ses lèvres et ses caresses.
- Je sais que tu as envie de moi, susurra-t-il d'une voix chaude contre ma chair.
Putain. Je haîssais son arrogance mais il s'avérait que ce n'était pas assez pour que ma bouche arrive à lui demander d'arrêter. Il mordit mon épaule. Mes paupières se refermèrent. Je glissai mes mains sous son haut lui arrachant un soupir. Elles parcourirent pour la première fois son torse nu et je découvris là un torse très bien musclé. Mes doigts dessinaient chaque courbe puis finirent par lui ôter son t-shirt violemment.
Je restai ébahie quelques secondes. Mes doigts ne s'étaient pas trompées sur la sculpture de son corps. Il était sculpté comme un Dieu. Ses muscles se contractaient à chaque respiration. C'était clairement un appel au viol.
Je plaquai mes lèvres contre les siennes. Il passa ses mains dans mes cheveux. Il les aggripa fermement quand je commençais à onduler sur la bosse qui s'était formée sous son pantalon.
- Putain Waller, jura-t-il contre mes lèvres.
Nous étions désormais en sueur, nos corps beaucoup trop échauffés pour revenir à la raison. Il attrapa l'ourlet de mon vêtement et voulu le tirer vers le haut mais je lui en empêchai. Il décida alors de s'attaquer à mon short. Je me relevai assez pour qu'il puisse le faire glisser au sol.
Non Abigail. Vous êtes allés beaucoup trop loin là. Mon corps n'écoutait plus mon cerveau depuis bien trop longtemps déjà. Justin arrêta nos baisers et baissa son regard sur le dernier tissu qui couvrait mon intimité. C'était une culotte en dentelle noire. Il y passa ses doigts sur les bordures puis la glissa jusqu'à mes genoux.
Ceci aurait dû être la lanterne rouge qui m'aurait dit : Merde Abby. Tu as un copain. Puis tu le détestes ce Bieber. C'est une grosse bonne gifle qu'il lui faut, pas que tu lui donnes ton corps. Mais rien de tout ça n'était venu à mon esprit. C'était plutôt du genre : Vas y putain. Enfonce tes doigts là dedans. Fais moi du bien. Je n'avais plus le contrôle sur moi.
Je mordis durement ma lèvre inférieure quand sa main se posa contre mes lèvres vaginales. Un frisson intense me parcourut.
- Tu es mouillée, murmura-t-il les dents serrés en caressant mon anatomie.
- Vas y merde.
Il répondit à mon impatience et écarta à l'aide de ses doigts mes lèvres avant de finir par y introduire un doigt lentement. Ma tête tomba sur son épaule. Mes mains s'accrochèrent à son dos.
- Putain t'es serrée Waller. T'es vierge ?
Je relevai ma tête et colla mon front au sien. Il me fusillait du regard.
- Tais-toi merde.
Il enfonça violemment un autre doigt en moi pour toute rétorque et un cri s'échappa de ma bouche. Quel enfoiré. Il commença des va-et-vient lents. Je luttais avec ardeur pour ne pas gémir. J'étais déjà toute prête à jouir.
Il m'embrassa pendant que ses mouvements se firent plus rythmés en moi. Je fus obligée d'arrêter le baiser pour pouvoir respirer. Je ne tenais plus en place. Son touché me rendait ivre, incontrôlable.
- Je suis tout proche Justin, arrivai-je à prononcer.
Il sourit fièrement puis quelques aller-retours plus tard, mon corps trembla avant de se relâcher et de rejeter un liquide. Il retira ses doigts et nous nous regardâmes quelques secondes. Je voulais garder son visage en tête, me souvenir de chaque geste, chaque parole pendant cet acte inattendu.
Puis je remontai ma culotte et récupérai mon short. Je remis mes cheveux et mes vêtements en place encore un peu secouée de ce qu'il venait de se passer pendant qu'il revêtit son t-shirt et sa veste. Nous décidâmes sans rien dire d'en rester là avec la philosophie aujourd'hui et nous nous quittâmes non sans gêne.
Merde. Qu'est ce qu'il vient de se passer ?
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