Chapitre 4

«Je te plais ?»

Point de vue de Justin.

Je venais de planter Abigail Waller à la bibliothèque après trente minutes de temps passé ensemble. J'avais son visage rempli de colère encore en tête ce qui me valait un sourire amusé scotché sur mes lèvres. Je sortis un paquet de cigarettes de mon sac et en fumai une.

J'avouais que l'écouter me parler du bonheur ne m'avait pas autant déplu que je l'aurais pensé. Sa voix n'était pas aussi désagréable en dehors du lycée. Mais j'avais vite décroché. Il m'en fallait plus, il me fallait une motivation.

Je retournai chez moi dans ma voiture noire. Elle était d'occasion mais je la chérissais tout autant. Rentré, je ne trouvai pas ma mère. Elle était sûrement partie voir son amie dont elle me parlait souvent puisqu'elle ne travaillait jamais le dimanche. Elle passait beaucoup de temps avec quand elle ne devait pas nettoyer les maisons de ces putains de millionnaires.

Je pris une bouteille de bière et m'installai sur le petit canapé du salon. Je décidai d'envoyer un message à la fille qui me prenait pour un dangereux psychopathe.

«Tu vas regretter de m'avoir laissé en plan hier.»

Elle m'avait excité puis elle avait arrêté soudainement la conversation. Elle avait vraiment du cran celle là. J'aimais le petit jeu qu'on avait entre nous.

«Désolée mais je ne suis pas d'humeur.»

Je bus une gorgée de la bouteille puis la posai sur la table basse avant de me redresser. Je fronçais les sourcils. Qu'est ce qui n'allait pas ? C'était à cause de moi ?

«Un problème babe ?»

«Rien de grave mais ça m'a mise de mauvaise humeur.»

«Tu préfères que je te laisse alors ? Je te reparlerai plus tard

«Non. Il faut que je te dise quelque chose... J'ai un petit ami maintenant et je pense qu'on devrait arrêter de se parler

Je contractai ma mâchoire. Merde.

«Mais pourquoi ? Tu peux très bien continuer de me parler

«Non, je trouve que ça ne se fait pas vis à vis de mon copain. Je sais qu'il n'apprécierait pas si je lui disais que je discutais avec toi.»

«C'est ton mec, pas ton père babe. Tu fais ce que tu veux.»

Putain. Pourquoi me faisait-elle ça ? On s'entendait très bien et je pensais avoir enfin trouvé une personne à qui parler mais je m'étais décidément trompé.

«J'ai l'impression de le trahir en parlant avec toi. Nos conversations ne sont jamais innocentes. Tu le sais très bien

«Mais on ne se connaît pas. Il n'y aucun risque pour que ça dérape un jour. Putain. Tu peux pas me faire ça. Je me suis confié à toi et tu me lâches. Comme toutes les autres.»

Je me sentais délaissé, encore une fois. Elle avait pris ce qu'elle avait à prendre de moi puis elle partait désormais. Comme toutes ces filles qui s'intéressaient à moi que pour baiser. Elle n'était pas différente en réalité. J'étais déçu.

«Ne dis pas ça... Je ne te lâche pas. J'ai vraiment aimé discuter avec toi.»

Je jetai mon téléphone sur la table et pris la bouteille pour en boire la moitié. Quelle connasse ! Elle s'était foutue de moi. Si elle avait un petit ami maintenant ça voulait dire qu'elle lui avait parlé et s'était rapprochée de lui bien avant et donc qu'elle était déjà proche de lui quand on avait commencé à se parler. Ça ne l'avait pas dérangé jusque là. Mais puisqu'elle avait désormais quelqu'un avec qui parler et baiser, elle n'avait plus besoin de moi pour l'exciter. Elle s'était bien servi de moi.

Mon cellulaire sonna de nouveau et je le pris. Elle m'avait envoyé un autre message.

«Tu as raison. Continuons de parler. Après tout, je fais ce que je veux et je ne te connais pas donc ce n'était pas comme si j'envisageais quoi que ce soit avec toi. Ne m'en veux pas. Je compte beaucoup sur ma nouvelle relation

Un sourire naquit involontairement sur mes lèvres. Elle m'avait fait peur.

«Je préfère ça babe. Par contre évite de me parler de ton copain à longueur de journée. Je ne suis pas ta bonne copine

«Ça te ferait chier de savoir ce qu'il se passe entre lui et moi ?»

«Non babe.»

À vrai dire, ça me faisait chier de savoir qu'elle pouvait se confier à quelqu'un d'autre que moi. C'était son copain, évidemment qu'il savait tout ce qu'elle m'avait dit sur elle et sûrement bien plus. Je ne pouvais pas être son exclusivité et elle ne pouvait être la mienne non plus.

«Tu restes mon cher et tendre psychopathe.»

«Est-ce que je dois dire que ça me touche ?»

Je vérouillai mon téléphone et décidai de faire un somme avant que ma mère ne revienne.

...

Nous étions lundi et j'étais sur le chemin du lycée. J'arrivais déjà à entendre la voix d'Abigail me crier dessus et me traiter de tous les noms. Je n'irais pas m'excuser mais je promettrais de rester l'heure entière la prochaine fois parce que c'était moi qui avais demandé des cours donc ce serait peut être plus logique que je reste jusqu'au bout.

J'arrivai une énième fois de plus en retard en classe et me dépêchai de m'asseoir entre la table de Kenneth et celle de Valentin. Moins d'un mètre séparait chacune de nos tables dans chaque salle. Nous n'avions pas vraiment de places attribuées mais à force, nous nous étions assis à la même table à chaque cours.

Je jetai un coup d'oeil au premier rang et Abigail était bien là, à gauche de Briana. Évidemment, elle ne manquerait un cours pour rien au monde.

- Elizabeth est venue me parler, me murmura Kenneth.
- Elle veut quoi encore celle là ?
- Que vous vous remettiez ensemble.
- On a jamais été ensemble.

Parce que j'avais accepté de coucher plus d'une fois avec elle, elle et tout le lycée s'était imaginé que nous étions sortis ensemble alors que ça n'avait jamais été le cas. J'étais juste resté plus longtemps dans son lit que dans celui des autres.

- Je sais, je répète juste ce qu'elle m'a dit, continua Kenneth.
- Tu peux lui dire non. En plus elle le sait très bien que je ne reviens jamais vers une fille.

Elizabeth faisait partie d'une autre classe de dernière année. Elle n'était pas le genre de fille superficielle et encore moins discrète et réservée mais elle ne me plaisait pas. J'avais accepté de coucher avec elle parce qu'elle n'était pas horrible à regarder comme à peu près toutes les autres filles du lycée. Elle ne devait pas se sentir spéciale.

- Tu devrais aller lui parler sinon elle ne va pas arrêter de me faire chier, me dit-il.

Je soufflai. Je devrais faire plus attention aux filles que je choisissais pour ne pas me retrouver dans la merde comme ça. C'était pour ça que je ne couchais pas avec les vierges, pour ne pas m'attirer des emmerdes.

Le cours terminé, je sortis de la salle en premier pour trouver Elizabeth et mettre les choses au clair. Je traversais les couloirs bondés de monde quand des mains m'attrapèrent violemment et me poussèrent dans le placard à balais. La porte se referma brutalement derrière moi puis la lumière s'alluma.

Waller apparut alors devant moi, plus furieuse que jamais. Je ne pus m'empêcher de sourire.

- T'es un beau salaud, me cracha-t-elle.
- Tant que je suis beau ça me va, approuvai-je.

Elle mordit sa joue et de la fumée pouvait sortir à tout moment de ses narines. Ses yeux bleus n'arrivaient toujours pas à me transpercer et je la trouvais même plutôt mignonne avec ses mèches de cheveux qui tombaient sur son visage et ses fossettes sur ses joues quand elles parlaient.

- Laisse tomber, les cours, tout, ça sera sans moi.

J'attrapai son bras pour l'empêcher de partir. Elle grimaça. Je la lâchai.

- On a passé un marché Waller, lui rappelai-je.
- Sauf que tu ne le respectes pas. Je ne me déplacerai pas une deuxième fois pour trente minutes de cours avec toi.
- Je te promets de rester au moins une heure à tous nos prochains cours, lui dis-je droit dans les yeux sincèrement.
- C'est une promesse Bieber, tu dois la tenir.
- Je sais.

Elle me fixa un instant comme si elle voulait être sûre que je ne me moquais pas d'elle puis elle partit. Je souris satisfait avant de quitter à mon tour la petite pièce. Elle n'était pas si difficile à convaincre.

...

J'arrivai chez mon psychanalyste. J'éteignis ma clope et entrai dans l'immeuble avant de toquer à sa porte. Il m'ouvrit et me dit d'entrer. Il ne portait jamais les mêmes vêtements mais il s'habillait toujours de la même façon : une chemise et un pantalon à pince. La pièce avait toujours une odeur d'amande quand j'y étais et ça avait le don de m'apaiser.

Je partis m'installer sur le fauteuil incliné et il prit place derrière moi.

- Comment ça va aujourd'hui Justin ?
- Bien.

Même réponse à chaque séance.

- J'aimerais que tu me parles de tes cours. Ça fait longtemps que tu ne m'en as pas parler.
- Tout va bien. J'arrive à avoir de bonnes notes sans travailler. J'ai pas à me plaindre. Et d'ailleurs ça fait des jaloux. Abigail Waller par exemple. Elle me déteste parce qu'elle obtient les mêmes notes que moi mais en travaillant dur. Ce n'est pas grave parce que je la déteste aussi. Alors on est entré dans une sorte de compétition dont je suis sûr de gagner parce que j'obtiendrais un A en philosophie tandis qu'elle n'aura pas celui que je lui avais promis en sport.

Je souris. J'avouais être fier de l'avoir fait croire qu'elle pouvait me faire confiance. Si je faisais en sorte qu'elle aie un A en sport supposant que j'ai le mien en philo, on se retrouverait à égalité - si nous faisions un sans faute dans les autres matières - et je voulais tout sauf ça. Je préfèrais encore perdre que de ne pas savoir qui de nous deux aurait gagné.

- Elle va m'accorder de son temps en pensant qu'elle y gagne au change alors que c'est faux, ajoutai-je.
- Qu'est-ce qu'elle est censée faire ?
- Me donner des cours de philo. Et j'aurais un devoir à faire quand j'aurais appris assez de choses. Le devoir ne m'inquiète pas. Je sais avec la chance que j'ai que je le réussirais sûrement. C'est plutôt combien de temps je vais réussir à passer du temps avec elle qui m'inquiète. Si le prof apprend qu'on a arrêté les cours si c'est le cas un jour, il me mettra un D. Et je ne veux pas avoir fait tous ces efforts pour rien.
- Pourquoi tu la détestes autant cette Abigail ?
- En réalité, je ne sais pas. Elle me tient tête et c'est plutôt amusant. Ce n'est pas vraiment ce qui me dérange au final chez elle. Je pense que c'est juste physique. On ne s'aime pas, c'est comme ça.
- Et la mystérieuse fille ? Comment ça se passe entre vous ?

J'ébauchai un sourire impromptement. Je ne comprenais pas pourquoi rien que le fait de parler d'elle me faisait sentir bien.

- Elle a un copain mais elle continue de me parler. Elle a voulu arrêter parce qu'elle pense que ce n'est pas respectueux envers lui mais je lui en ai dissuadé. Je m'étais confié à elle, je ne pouvais pas la laisser partir avec mes secrets. Et aussi parce que je veux qu'elle reste. J'aime vraiment bien parler avec elle. Je me sentirais seul à nouveau si elle ne m'envoyait plus de messages.
- Ça te dérange qu'elle ait un copain ?
- Non. Je ne crois pas. Je veux dire, en dehors de nos discussions, elle fait sa vie. Au final, je ne suis personne pour elle. À part peut être son cher et tendre psychopathe.

Je ris intérieurement. Elle me faisait rire quand elle m'appelait comme ça mais je prenais ça comme un nom affectueux.

- Tu veux la rencontrer ?

Je mis du temps à répondre. Je n'avais jamais réellement pensé à ça. Qu'est ce qu'elle penserait de moi si elle me voyait ? Ce n'était pas arrogant mais j'imaginais qu'elle me trouverait attirant. Est-ce qu'elle serait timide ou gênée ? Est-ce que moi je le serais ? Pourquoi ça paraissait être une question si particulière ? Ça ne faisait que quelques jours qu'on se parlait, je ne pouvais pas déjà me poser cette question.

- Non. Pas maintenant. J'ai juste besoin d'échanger des messages avec elle. Je sais que les choses deviendraient compliquées si on envisageait de se rencontrer. Je n'ai pas envie qu'elles deviennent compliquées.
- Et elle ? Elle veut te rencontrer ?
- Je pense qu'elle est du même avis que moi. De toute façon, même si elle en avait envie, elle ne pourrait pas parce qu'elle a un copain.
- Et toi ? Quand est-ce que tu auras une copine ?

Je ris. Une copine ? Quel mot dégueulasse.

- Peut être quand le ciel aura décidé que je dois enfin tomber amoureux.
- Tu penses que c'est au ciel de décider ?
- Je pense surtout que c'est pas fait pour moi. Je n'arrive pas à m'attacher. Je n'arrive pas à être attentionné. C'est peut être pour ça que les filles ne s'intéressent pas à moi, parce qu'elles savent que je ne leur donnerai rien en retour.
- On va s'arrêter là Justin.

Je frottai mon visage pour reprendre mes esprits. Mon psy revint dans mon champ de vision pendant ce temps. Je me levai et lui serrai la main avant de partir. Putain. Pourquoi n'avais-je jamais réalisé ça jusque là ?

...

Au self, je repassais mes mots dans ma tête en fixant droit devant moi. Je réfléchissais sans vraiment savoir à quoi. De plus, j'allais avoir une discussion avec Élizabeth et je remettais tout en question dès à présent. Peut être que je devrais essayer avec elle. Si elle ne me lâchait pas c'était sûrement parce qu'elle m'aimait. Elle m'aimait ? Moi ? Non, ce n'était pas possible.

- Mec, tu devrais enlever tes yeux de Waller, elle te regarde bizarrement là, me sortit Valentin de mes pensées.

Je fronçai les sourcils et Abigail apparut nettement devant moi. Putain, j'étais entrain de la fixer depuis tout à l'heure. Je baissai mes yeux dans mon assiette et ce plat de purée de pommes de terre et me remis à manger.

- Justin ? m'appela une voix féminine.

Je me retournai vers cette dernière et déglutis découvrant Elizabeth à ma droite. Elle se tenait timidement debout en bout de table tenant son sac de ses deux mains au niveau de ses jambes. Je me levai devant tous les regards curieux de la salle et l'emmena dans un couloir vide.

Elle colla son dos au mur et posa son sac entre ses pieds. Elle replaça une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille et me fixa avec ses yeux bleus. Je repassai rapidement toutes les questions que je m'étais posées juste avant et toutes les réponses que j'avais apporté puis me décidai à parler.

- On n'a jamais été ensemble Elizabeth, il faut que tu te mettes ça dans la tête, dis-je.
- Mais tu...
- Je ne veux pas être ton mec ni ton putain de sexfriend. Tu es belle, tu peux t'en trouver plein d'autres, la coupai-je.
- Mais c'est toi que je veux Justin.

Son visage était devenu à la fois surpris et triste de mes propos. Pourquoi n'avais-je aucune peine face à ça ? Elle pouvait se mettre à pleurer, je continuerais à être indifférent.

- Il n'y a rien entre nous, arrête, dis-je plus sèchement. Tu me veux autant qu'un autre mec que tu croiseras dans la rue. Fous moi la paix.

Son visage se ferma. Elle me fusillait du regard. Elle attrapa son sac et le mit sur son épaule.

- T'es qu'un pauvre con ! me cracha-t-elle.

Je souris et la regardai disparaître au fond du couloir. Ça c'est fait. J'espérais qu'elle ne reviendrait pas me voir une nouvelle fois mais elle avait l'air de m'avoir bien compris cette fois-ci.

Je retournai dans le self et mes yeux se posèrent instinctivement sur Waller qui me fixait déjà comme si elle avait attendu que je revienne. Je lui souris d'un air suffisant et elle détourna le regard. J'allais commencer à croire qu'elle s'intéressait à moi si elle continuait de me regarder comme ça.

J'annonçai la bonne nouvelle à Kenneth et Valentin qui se moquèrent d'Élizabeth puis nous retournâmes en cours.

...

Une clope à la main et assis au rebord de ma fenêtre, j'envoyai un message à la seule personne avec qui j'aimais échanger des messages. Il faisait bon et nuit. C'était le genre de moment que j'aimais passer seul, ou presque seul.

«Tu es entrain de sucer ton mec

Je tirai sur ma cigarette puis recrachai la fumée. Ma mère savait que je fumais. Évidemment, elle m'avait dit que je ne devrais pas parce que ce n'était pas bon pour moi et qu'il fallait mieux pour ma santé et mon avenir que j'arrête mais je ne l'avais pas écouté. Pas parce que j'étais indépendant à cette merde mais parce que fumer était devenu une habitude. Je fumais comme je me lavais chaque matin avant d'aller en cours, par habitude. Je m'en foutais de savoir que ce n'était pas bon pour moi.

«Putain mais t'es vraiment con. Non je ne suis pas entrain de sucer mon mec

«Tu as déjà fait quelque chose avec lui ?»

«En quoi ça te regarde ? C'est pas toi qui m'as dit que tu ne voulais pas que je parle de lui

Je tirai une nouvelle fois sur ma cigarette.

«C'est vrai. J'espère juste que tu es sûre qu'il n'est pas un psychopathe.»

«Il en a beaucoup moins l'air que toi en tout cas.»

«Il paraît que les psychopathes doivent consulter un psy. Bizarrement, j'en consulte un.»

«Sérieusement ? Depuis quand

«Ça fait bientôt un an babe.»

«Pourquoi t'en vois un ? »

«Parce que ma mère me l'a demandé. Elle pense que l'absence de ma soeur me fait beaucoup de mal et que j'avais besoin de voir un psy pour me sentir mieux..»

«Ça marche ? Tu parles d'elle à ton psy alors ? »

«Oui. C'est vrai que je me sens mieux après chaque séance. Et non, je n'ai quasiment jamais parlé d'elle. Je n'aime pas en parler. C'est un sujet tabou.»

«Je suis vraiment flattée que tu m'en aies parlé alors. Tu lui parles de quoi ? »

«De moi. De ma vie. De mes cours. Je lui ai parlé de toi babe.»

«Vraiment ? J'ai le droit de savoir ce que tu as dit sur moi ?»

Je tirai une dernière fois sur ma clope puis la jetai dans la rue.

«Je lui ai dit que tu baisais bien, que tu suçais bien aussi, que tu avais une belle paire de seins et un beau cul et que j'aimais quand tu criais mon nom quand je te pénétrais durement.»

Je ris devinant le message que j'allais recevoir. Si elle pouvait entrer dans son téléphone pour me rejoindre et me tuer, je crois qu'elle le ferait.

«Si c'était une tentative pour m'énerver "babe" c'est raté. Et je suis sûre que tu n'arriverais pas à me faire crier ton nom au lit.»

Putain. Son message était meilleur que celui que j'attendais.

«Il faudrait essayer un jour pour voir.»

«Tu rêves

Je souris. Son répondant ne me laissait clairement pas indifférent et c'était sans aucun doute la seule fille qui me laissait de cette façon.

«Il faut que je te dise que moi aussi j'ai parlé de toi. À ma mère. Je sais, tu es sûrement entrain de me prendre pour une folle et tu dois te dire que c'est moi ici la psychopathe mais je vais tous les dimanches sur sa tombe et je lui écris. Ça m'aide à me sentir mieux. Comme toi chez ton psy.»

Elle venait une nouvelle fois de se dévoiler à moi. Je ne savais pas comment on faisait pour s'ouvrir aussi vite l'un à l'autre. C'était presque insouciant. Mais ça me plaisait. Ça me touchait surtout.

«Je trouve ça normal babe. Je ferais la même chose si ma mère venait à mourir. Elle est tout ce qui me reste

«Ne la néglige pas alors. On n'en a qu'une

Je vérouillai mon téléphone et sautai pour descendre du rebord de la fenêtre. Je partis trouver ma mère et lui proposai de regarder un film tous les deux comme si le message que j'avais reçu m'avait rappelé l'importance de passer du temps avec elle.

...

Je vins trouver Abigail devant le lycée. Je la séparai de sa meilleure amie pour l'emmener discrètement dans le placard à balais. Elle me suivit sans protester. Une fois à l'intérieur, j'allumai la lumière et elle ferma la porte derrière elle.

- Quoi encore ? souffla-t-elle.
- Encore ? La dernière fois c'est toi qui m'as emmené dans ce placard.
- Bref, je t'écoute.

Elle posa son sac au sol. Mes yeux ne purent s'empêcher de descendre sur le décolleté de son débardeur qu'elle avait enfilé en dessous de son gilet noir à capuche. Je reposai mes yeux sur les siens avant qu'elle s'en aperçoive.

- Je ne peux pas venir à la bibliothèque ce week-end, il faut qu'on arrive à se voir avant, déclarai-je.
- Justin, je t'ai dis que je ne pouvais pas en dehors du week-end !
- Pourquoi ? Tu peux bien trouver une heure pour moi, insistai-je.

Elle soupira et me contourna pour s'assoir sur une petite table présente dans la minuscule pièce. Elle croisa ses jambes et planta à nouveau ses yeux sur moi. Je frissonai. Elle avait les yeux les plus bleus du monde.

Elle me regardait mais elle semblait réfléchir. Mon regard descendit sur ses jambes couvertes partiellement d'un jean déchiré avant de remonter sur ses lèvres puis le bleu de ses iris.

- Mon père travaille ce soir, il ne revient que vers minuit. Si tu acceptes de venir travailler chez moi à partir de vingt et une heure trente, c'est bon, lâcha-t-elle.
- Ça te dérange pas que je vienne chez toi ?
- J'ai pas le choix non ? Tu ne veux pas que je vienne chez toi et de toute façon je ne peux pas partir trop loin tard le soir, je n'ai pas de voiture pour rentrer.

Je ne comprenais pas pourquoi elle acceptait que je vienne chez elle. Je voulais dire, moi je n'accepterais jamais qu'elle vienne chez moi. C'était ma rivale. Et puis, même Valentin et Kenneth n'étaient jamais venus chez moi.

- Je te plais ? lui demandai-je.
- Pardon ?

Je ne savais jamais où regarder quand elle parlait ; ses yeux, ses lèvres ou ses fossettes ? Il y avait tellement de choses agréable à regarder chez elle. Qu'est ce qui vient de me passer par la tête ?

- On dirait que ça ne te dérange plus de passer du temps avec moi, dis-je.
- C'est plutôt que je suis bien la seule de nous deux qui essaye de tenir le marché du mieux possible.

Un sourire narquois naquit sur mes lèvres. Elle le vit et pinça les siennes faisant apparaître ses fossettes.

- Monsieur Beaton veut que je lui présente à chaque cours tes prises de notes pour être sûr qu'on travaille bien ensemble, continua-t-elle, à part peut-être essayer d'imiter ton écriture, je ne vois pas comment on pourrait faire si on décidait d'arrêter les cours.

Elle avait raison. Nous étions coincés dans ce marché dorénavant. Étant donné que je savais que je ne travaillerais pas la philosophie de mon plein gré et que Waller n'allait pas s'amuser à essayer d'imiter mon écriture, nous étions obligés de se voir pour avancer dans cette putain de matière afin que Beaton ne nous mette pas finalement un D à nous deux.

- On se retrouve ce soir alors, chez toi, à vingt et une heures trente, dis-je. Passe moi ton adresse.

Elle attrapa une feuille et un stylo posés sur la table sur laquelle elle était assise et écrivit son adresse à l'encre noir. Elle me tendit la feuille et reposa le stylo à sa droite. Je rangeai le papier dans ma poche.

Elle descendit de la table en sautant et mes yeux restèrent bloqués un instant sur ses seins qui rebondirent à cette action. Putain elle est vraiment bien foutue. Elle récupéra son sac et après s'être assuré qu'il n'y avait personne dans les couloirs, nous sortîmes du placard.

...

J'arrivai à l'adresse indiquée. C'était un immeuble de cinq étages. Je connaissais le quartier Allston, il était réputé pour loger beaucoup d'étudiants étant donné qu'ici le loyer était bas. Abigail et sa famille devait alors être une famille modeste comme la mienne.

Je sonnai et après avoir appris qu'il s'agissait de moi, elle m'ouvrit. Il y avait indiqué sur sa boîte aux lettres son étage, le deuxième. Je montai ainsi au bon étage et je cherchai à l'aide des noms écris en dessous du bouton de la sonnette de chaque porte son nom. Elle habitait dans l'appartement au fond à droite. Je toquai à la porte et à peine quelques dixièmes de secondes plus tard, elle m'ouvrit. Elle était toujours habillée de ses vêtements d'aujourd'hui. J'entrai quelque peu timidement et jetai un rapide coup d'oeil sur l'ensemble de la pièce. Elle faisait office de salon et de salle à manger. Elle était petite, comme chez moi. Elle était décorée entre le moderne et l'ancien, un mélange qui ne choquait pas.

Abigail partit s'asseoir sur une table où ses affaires de cours étaient déjà étalés dessus. Elle m'avait laissé l'autre moitié de la table pour moi. Je m'assis en face et posai mon sac par terre sur le parquet abîmé. Je sortis ma trousse et la feuille de la dernière fois, je pris un stylo puis je posai mes yeux sur elle, prêt à débuter.

Je déglutis remarquant qu'un bout de dentelle de son soutien gorge couleur bordeaux dépassait de son débardeur. Merde. Pas maintenant. J'essayais tant bien que mal de me concentrer sur ses yeux mais elle attrapa une paire de lunettes sur la table et la mit sur son nez.

Je serrais impromptement le stylo qui se trouvait dans ma main. Le faisait-elle exprès ? Merde. Elle était affreusement sexy comme ça. Le noir de ses lunettes faisait ressortir le bleu ciel de ses yeux et je me retenais pour ne pas la plaquer contre la table et la baiser comme il se devait.

- On peut commencer ? me demanda-t-elle. Il faut qu'on finisse avant que mon père ne revienne.
- Et ta mère ?
- Aussi, répondit-elle en fuyant mon regard.

Elle ôta l'élastique noir de son poignet gauche - je réalisai qu'elle en possédait toujours un à cet endroit précis - puis elle attacha ses cheveux en un chignon non discipliné. Des mèches tombaient de chaque côté de son visage. J'avais envie de les tenir fermement pendant qu'elle me faisait du bien avec ses lèvres pulpeuses.

Putain mais qu'est ce qui était entrain de m'arriver ? Pour la première fois j'imaginais avoir un rapport sexuel avec Waller. Waller merde. La fille que je détestais.

- Depuis quand tu portes des lunettes ?
- Depuis longtemps, dit-elle en posant ses yeux sur moi ce qui me donnait encore plus envie de me jeter sur elle. C'est juste que je mets des lentilles quand je ne suis pas chez moi car c'est plus pratique.

Je serrais tellement fort les doigts autour de mon stylo que les jointures étaient devenues blanches. Je le posai sur la table et pris une grande respiration pour reprendre mes esprits. Je plongeais mes yeux sur ma feuille et elle commença la leçon.

- On va s'intéresser au bonheur selon Spinoza, m'informa-t-elle. D'après lui, il faut trouver dans la nature tout ce qui convient nécessairement à notre nature. L'Homme est une partie de la nature, il ne peut pas s'y isoler donc il doit se rapporter aux choses extérieures parce que c'est ce qui l'influencent et le déterminent.

J'arrivais à prendre des notes facilement et à comprendre ce qu'elle disait sans pour autant être captivé.

- Pour lui, le plaisir de l'âme et du corps font partis de la sagesse. Je te rappelle que la sagesse c'est le bonheur, souligna-t-elle en rencontrant mes yeux.

J'hochai la tête.

- Le désir c'est «l'effort pour persévérer dans son être.» poursuivit-elle en me regardant. On ne désire pas une chose que l'on juge bonne mais on juge bonne une chose que l'on désire.

Elle attrapa le verre d'eau posé sur la table et en bu le contenu. Ses lèvres devinrent humides et encore plus rosées. Je la désirais à cet instant précis.

Elle continua à me déblatérer son cours tandis que j'avais perdu toute concentration. Mes yeux rivés sur sa poitrine, j'avais envie de jeter tout un tas de choses dans le petit espace entre ses deux seins. Surtout quand elle s'avançait et que sa poitrine s'écrasait contre la table la rendant encore plus attrayante.

- Si tu pouvais poser tes yeux sur ta feuille et noter ce que je te dis au lieu de me reluquer comme si tu n'avais pas baisé depuis un jour, me sortit-elle de mes pensées, ça serait bien.

Je contractai ma mâchoire et pris mon téléphone pour regarder l'heure. Il nous restait encore vingt minutes. C'était insoutenable pour moi. Je tenais mon érection de ma main droite par dessus mon jean comme si cela arrangerait les choses.

- Je n'arrive plus à suivre, dis-je.
- Je l'avais remarqué Justin.

Je passai une main dans mes cheveux. Elle me fixait avec attention. Elle passa sa langue sur sa lèvre inférieure. Comment avais-je pu négliger son sex appeal jusque là ? Elle savait clairement comment me mettre hors de moi.

- Je pourrais avoir à boire ? Il fait hyper chaud chez toi.

Elle se leva et partit dans une pièce à côté. Je m'étais retenu de ne pas poser mes yeux sur son cul. Putain. Comment allais-je passer les prochaines heures avec elle sans finir par la baiser ? Je ne pouvais pas lui demander d'enfiler un col roulé, de mettre ses lentilles et d'arrêter de parler, c'était stupide et elle ne comprendrait pas.

Elle revint avec un verre d'eau à la main et me le tendit. Je le pris et nos doigts se frôlèrent m'envoyant une décharge électrique à travers tout le corps. Je bus d'une traite le liquide transparent et posai le verre sur la table.

- C'est ce qu'on appelle avoir soif, dit-elle en s'asseyant.
- Tu veux intégrer Harvard ? lui demandai-je.

Elle fronça les sourcils et posa ses bras sur la table.

- Comment tu sais ça ?
- Tu habites dans un quartier où la moitié des gens vont à Harvard. C'est difficile de croire que tu n'as pas envie de faire comme eux, expliquai-je.
- C'est vrai mais je ne sais pas si ça va le faire, grimaça-t-elle.

C'était bizarre de voir une Waller moins sûre d'elle. Elle avait l'habitude de toujours montrer une facette d'elle très confiante avec beaucoup d'assurance. Ça changeait de celle que je voyais maintenant.

- Tu es super intelligente, tu as vu les notes que tu as ? Je ne doute pas que tu réussiras là bas.
- Depuis quand tu dis des choses gentilles sur moi ? sourit-elle amusée.

Je ris.

- Tu sais, je peux être sympa parfois, dis-je.
- Et toi ? Tu veux faire quoi ?
- Je ne sais pas. Je veux juste avoir un job qui me permettra de bien gagner ma vie.
- Tu la gagnes déjà bien non ? Je veux dire, tu fumes, tu as des tatouages, il faut avoir de l'argent pour ça.

Je n'arrivais pas à croire qu'elle était entrain de me poser des questions sur ma vie personnelle ; qu'elle s'intéressait tout simplement à moi dans le premier sens. C'était... C'était cool de sa part.

- J'ai un pote qui me paye pour que je le laisse tatouer ce qu'il veut sur moi, répondis-je. Et l'argent qu'il me donne me sert en partie pour payer des paquets de clopes.
- Ah d'accord, sourit-elle.

Mon érection se faisait moins grosse, je décidai de partir. Je lui laissai ma feuille pour qu'elle puisse la montrer à Beaton. Je lui demandai son numéro de téléphone seulement pour pouvoir la prévenir au cas où j'avais un imprévu ou une heure de libre pour la prochaine fois afin d'éviter d'aller la voir tout le temps dans le placard à balais. Puis, elle me raccompagna gentiment à la porte et je quittai son appartement. Je ne savais pas quoi penser de cette heure passée avec elle. Je n'avais jamais passé autant de temps seul avec une fille sans finir par ne serait-ce que la toucher.

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