Chapitre 32
«Pousse Abigail vers Zachary.»
Point de vue de Justin.
Non je n'avais pas flanché. Malgré le fait que je savais que je quitterais Abigail dans trois semaines. Malgré le fait que je voulais me vider complètement la tête. Malgré le fait que j'étais encore dégoûté. Malgré le fait que j'étais redevenu entièrement célibataire.
Non, je n'avais pas flanché.
Et le pire dans tout ça, c'était que je m'en voulais de ne l'avoir pas encore fait. Oui, je m'en voulais de m'être intéressé à ma rivale, je m'en voulais d'être tombé amoureux d'elle et je m'en voulais de ne plus profiter de mes derniers jours à Boston à cause de ça.
Et elle, elle était peut être en train de s'amuser avec son Zachary sans penser une seule seconde à moi. Finalement, j'espérais que ce soit le cas. Comme ça, elle ne serait pas triste quand elle réaliserait que je serais parti.
J'étais certain de ce que je voulais désormais. J'avais tout prévu. Je ne voulais plus réfléchir pour rien, je voulais laisser les choses aller.
Je savais que mon comportement avait changé depuis que je savais que je partais mais c'était plus fort que moi, parfois j'avais des moments de tristesse où je n'avais envie de rien faire. C'était pire que quand c'était seulement à propos de Waller à Havard.
...
J'étais convoqué dans une salle pour faire le devoir de Beaton : la cause de tout ce qui avait pu se passer entre Abigail et moi. Je n'avais aucune envie de le faire mais maintenant que ce devoir avait foutu tout ce bordel dans ma vie, il valait mieux aller jusqu'au bout.
- Monsieur Bieber, dit-il quand j'arrivai.
- Vous pouvez directement me donner le devoir qu'on en finisse au plus vite, dis-je déjà agacé.
- Oui mais je compte sur vous pour faire ce devoir sérieusement.
- Ouais.
Je m'assis à une table et posai mon sac à mes pieds. Je sortis seulement un stylo et Beaton me donna le sujet. Je le pris et le lus : Qu'est-ce que le bonheur ?
- Vous avez quatre heures.
Il me donna des feuilles puis partit s'asseoir à son bureau. Il me fallut à peine cinq secondes pour savoir ce que j'allais écrire puis je me mis à gratter.
...
Je venais de terminer le devoir. Cela ne m'importait plus d'avoir une bonne note mais j'avais quand même écrit tout ce que je voulais écrire dedans. Il me restait ainsi une seule chose à faire avant que les examens débutent. Je me rendis donc dans le bureau des professeurs pour trouver celui de sport. Il était bien là.
Je demandai à discuter avec lui et nous nous isolâmes. Il fallait que je réussisse à obtenir un A à Waller et j'aurais tenu ma part du marché. Je n'avais aucune idée de comment j'allais procéder mais je ferais mon possible.
- Qu'est ce qui vous amène ici Justin ?
- J'ai une faveur à vous demander.
- Je vous écoute.
Si j'arrivais à mes fins, je briserais seulement le coeur d'Abigail. Pas son rêve.
...
J'étais de retour chez moi. Depuis l'annonce de ma mère, l'appartement s'était rempli en un rien de temps de cartons. Il n'y avait pas une seule pièce sans carton. Même les toilettes possédaient deux ou trois cartons. C'était une fois de plus bizarre pour moi de déménager. La dernière fois que l'on avait déménagé, c'était après la rupture de ma mère et mon père et on n'avait pas eu le choix dû au manque d'argent. Ça avait été un grand changement dans notre vie et j'avais l'impression de revivre la même chose.
Certes, cette fois ci on avait eu le choix et c'était un déménagement pour une meilleure vie mais je n'arrivais pas à être excité par cette idée.
J'étais dans ma chambre et je m'occupais de ranger les chaussures que je ne mettais plus quand j'entendis quelqu'un toquer à ma porte. Je me retournai et vis ma mère entrer.
- Ça va ? me demanda-t-elle.
- Ouais. Je suis en train de faire ce que tu m'as dit de faire.
- C'est bien. Je peux te déranger deux minutes ?
Je posai ma paire que j'avais dans les mains par terre et m'avançai vers elle.
- Qu'est ce qu'il y a ? lui demandai-je.
- Je veux juste discuter un peu. On n'a pas eu l'occasion de le faire depuis que je t'ai dit qu'on partait en Australie.
- OK.
Elle s'assit au bord du lit et je pris place à côté d'elle.
- Est ce que tu as des questions à me poser à propos de ça ? Je veux dire, c'est loin, c'est très différent, c'est...
- Pourquoi l'Australie ? la coupai-je.
- Parce qu'il fallait sortir de Boston et on a trouvé ça encore mieux de changer carrément de pays.
- Mais il y a le Canada, l'Europe, l'An...
- L'Australie c'est la meilleure offre. Le seul pays qui réunit tout. Thomas pourra continuer de travailler tranquillement, j'ai trouvé un boulot là bas. C'est parfait pour nous.
- Et la famille ? On a de la famille ici.
- Ils sont tous au courant. Tous. On ne pourra pas fêter notre départ mais ils sont contents pour nous.
Je n'arrivais pas à croire qu'ils avaient pu organiser tout ça en si peu de temps. Je m'habituais à peine au fait que Thomas était le copain de ma mère et voilà qu'il allait habiter avec nous dans un autre coin du monde.
- Quand est ce qu'on récupérera Jazmyn ? demandai-je.
- Une semaine avant le départ.
- Elle a tout de suite accepté ?
- Oui. Elle a insisté sur le fait qu'elle voulait vivre avec toi.
- Ça veut dire que si j'avais refusé, elle serait restée ?
- Je ne sais pas. Sûrement mais Thomas et moi aussi dans ce cas.
J'hochai la tête.
- Je sais que tu n'es pas aussi heureux que tu devrais l'être Justin, reprit-elle. Tu n'es pas obligé de le nier.
Je ne dis rien et baissai les yeux.
- Vas la voir Justin. Tu l'as mise au courant ?
- Non. Je ne peux pas. Je ne peux pas lui dire ça.
- Pourquoi ?
- Parce que si c'est pour qu'elle pleure devant moi, ce n'est pas la peine.
- Tu vas partir sans rien lui dire ?
- Non. J'irai lui parler.
Je contractai ma mâchoire.
- Tu sais, quand ton père et moi nous sommes quittés, j'étais dans le même état. Je savais que c'était pour une bonne chose mais j'étais quand même triste. Je sais ce que c'est de quitter la personne dont on est amoureux.
- Maman, s'il te plaît.
- Même si je suis certaine que tu vas adorer l'Australie, je suis désolée de te séparer d'elle.
Je ne dis rien une nouvelle fois.
- Pourquoi elle ne viendrait pas avec nous ? proposa ma mère soudainement.
Je ris amusé et nerveusement en même temps.
- Elle est quasiment sûre d'aller à Harvard. Tu crois qu'elle va vouloir abandonner son rêve pour vivre à l'autre bout du monde avec un mec dont elle n'est même pas sûre qu'elle va finir sa vie avec ? dis-je. Et son père ? Je n'ai pas le droit de l'obliger à faire un choix entre moi ou son père. Et ce n'est pas juste pour lui, après l'avoir envoyé à l'hôpital je ne vais pas lui voler sa fille.
Je l'avais déjà dit mais il n'y avait pas de solution. Je partirais avec ma famille en Australie, elle resterait à Boston et il fallait l'accepter. Je l'avais déjà accepté.
Ma mère prit un air désolé. J'en avais marre qu'on soit désolé du fait qu'Abigail et moi c'était terminé. C'était mal tombé oui et c'était plus que chiant mais ce n'était pas la fin du monde.
- Ça ne sert à rien de se prendre la tête pour ça maman, ça m'agace plus qu'autre chose, dis-je en me levant.
- OK... Si tu sais ce que tu veux...
- Retrouver ma petite soeur, c'est tout ce que je veux.
Je récupérai ma paire de chaussures que j'avais laissée et les posai dans le carton.
- Dis moi s'il y a quelque chose que tu as envie de faire avant de partir. N'importe quoi. Je m'arrangerai pour que tu le fasses, me dit-elle.
- Je préfère garder ta proposition pour mes vingt et un ans, dis-je avant de faire un clin d'oeil.
Elle sourit puis se leva.
- Bon je te laisse continuer de ranger.
Elle quitta la chambre et je soufflai. Allais-je avoir droit à ce genre discussion bidon jusqu'au départ ? Il fallait qu'on me foute la paix avec Abigail Waller. J'avais déjà assez de mal comme ça à me la sortir de la tête. Il ne fallait pas s'en faire pour moi. J'irais bien. Je n'étais pas du genre à me morfondre pour un truc pareil.
...
Mercredi. Le temps passait vite mais en même temps super lentement. Mon départ en Australie se rapprochait mais le retour de Waller aussi. J'espérais qu'elle serait tellement débordée qu'elle ne pourrait pas me voir. Au moins, jusqu'aux examens. Après, je me débrouillerais pour faire en sorte de l'éviter.
J'arrivai au lycée. Les gens ici avaient remarqué mon changement de comportement. Beaucoup étaient venus me voir pour me demander si j'allais bien. J'avais répondu oui parce que 1) même s'ils faisaient comme si nous étions amis, nous ne l'étions pas, 2) je voulais qu'on ne s'intéresse plus à moi et 3) je voulais que seul Valentin sache que je partais.
J'en avais marre de ces personnes qui venaient me voir seulement par intérêt. Si j'avais bien compris une chose durant cette fin d'année scolaire c'était que la popularité ne servait à rien. La preuve, à part me taper des filles quand je le voulais et être invité à toutes les soirées, je n'y avais pas vu les autres avantages.
J'allai franchir le portail quand Chambers apparut soudainement devant moi et me barra la route.
- Bieber, faussa-t-elle un sourire.
- Qu'est ce que tu veux encore ? Je vais finir par croire que tu veux te taper le mec que ta pote kiffe.
- Ma pote ? rit-elle amusée. Attends, tu l'appelles "ma pote" maintenant ? Tu as carrément oublié son nom.
- Oh, soufflai-je. Tu ne vas pas commencer à me faire chier.
- J'ai besoin de te parler.
- Besoin ? Pourquoi je te manque ? Tu me vois tous les jours.
- Arrête d'être con Bieber et accepte.
Je fronçai les sourcils. Pourquoi voulait-elle encore me parler ? Je n'avais rien fait de mal devant ses yeux jusqu'à présent et même quand elle ne pouvait pas me voir - hormis peut être le club de strip-tease. Pourquoi s'inquiétait-elle encore pour sa copine ?
- Tu sais qu'on a cours là, dis-je.
- Je sais mais sèche avec moi.
- Attends, je vais sérieusement finir par croire que je t'intéresse.
- Je veux juste parler avec toi, insista-t-elle.
- OK, cédai-je sinon elle n'allait pas me lâcher.
Sans un remerciement, elle fit le chemin inverse et nous nous éloignâmes du lycée. C'était très bizarre de me retrouver seul avec Briana. Je n'aurais jamais cru que je passerais un moment seul avec elle même si c'était juste pour discuter.
- Si Abigail doit s'inquiéter d'une fille, on dirait bien que c'est de toi, lui dis-je.
- Très drôle Justin. Je te rappelle que le premier jour après son départ tu es parti manger avec Clara. D'ailleurs pourquoi tu ne traînes plus avec elle ? Vous avez eu tous les deux ce que vous vouliez ?
- Pourquoi les filles sont toutes paranoïaques ?
- Parce que des mecs comme toi se vantent de coucher avec n'importe qui.
- OK, peut être, mais si on se vante c'est qu'on assume et donc si je venais à coucher avec qui ce soit, je l'assumerais. Je l'ai déjà dit.
On continuait d'avancer et je ne savais pas où elle comptait m'emmener. On n'avait pas besoin d'aller à l'autre bout de Boston pour parler même si je ne voulais pas qu'on me voit avec elle.
- Où tu veux aller ? On est assez loin du lycée comme ça.
- Dans un café. Celui où Abigail travaillait.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est le meilleur, me répondit-elle comme si c'était évident.
Je n'étais pas certain que cette réponse était objective mais je ne dis rien, si ça me permettait d'enfin découvrir l'endroit où Abigail avait travaillé. Après dix minutes de marche, nous arrivâmes enfin. Je m'empressai de m'asseoir. Briana prenait elle son temps pour s'installer.
Je regardais autour de moi. C'était plutôt sympa comme endroit. Bon, il n'y avait que des vieux mais cela devait s'expliquer par le fait que les jeunes étaient tous en cours. La salle était presque vide. Je n'aimais pas trop ça.
- Bon alors quoi ? dis-je. Je suis déjà en train de perdre mon temps.
- Qu'est ce que t'as ? me demanda-t-elle droit dans les yeux.
- Quoi ? Comment ça qu'est ce que j'ai ? fronçai-je les sourcils.
- Bah pourquoi tu as changé subitement de comportement ? Tu es à la fois absent et super présent. C'est bizarre. Il a dû se passer quelque chose.
Je secouai la tête avec un sourire amusé sur mes lèvres.
- Je n'arrive pas à croire que j'ai fait tout ce chemin pour ça, dis-je en me levant.
Un homme d'une cinquantaine d'années vint nous voir. Il portait un tablier et tenait dans sa main un carnet.
- Vous désirez quelque chose ? nous demanda-t-il.
- Non merci.
- Si, deux cafés s'il vous plaît, répondit Briana.
- Deux cafés, tout de suite.
Il partit et je regardai furieux Chambers.
- Je ne bois pas de café et de toute façon je m'en vais.
- Justin, tu n'as pas le droit de faire ça. Tu n'as pas le droit de faire ça à Abigail.
- Faire quoi ? Je ne fais rien justement, rétorquai-je confus.
- Assis toi s'il te plaît. Et j'ai dit s'il te plaît, c'est un miracle.
Je soufflai et retournai à ma place.
- Il n'y a rien, dis-je. Je n'ai rien et il n'y a rien.
- Tu ne veux pas me donner raison.
- Je ne te donne pas raison car je ne suis pas allé voir ailleurs.
- Mais t'en meurs d'envie, rétorqua-t-elle. C'est pour ça que t'as des phases où t'es pas bien et d'autre où tu revends toute ton énergie sexuelle.
- Non, c'est faux. T'es complètement folle.
- Alors dis moi ce qui ne va pas parce que je te jure que je vais te le faire regretter si ce que tu caches va faire pleurer ma meilleure amie.
- Si tu crois que tu me fais peur Chambers, tu te trompes.
L'homme revint rapidement avec les deux cafés. Briana le remercia.
- Je suis sûre que Valentin sait ce que tu caches et je suis également sûre que si je lui demande, il crachera le morceau, continua-t-elle.
- Pourquoi tu es tellement obsédée par le fait de protéger Abigail ? Elle est grande, elle sait se débrouiller.
Elle soupira et but une gorgée de son café avant de prendre un air encore plus sérieux.
- Tu ne sais pas dans quel état elle est passé quand sa mère a perdu la vie. C'était horrible. Elle...
- Non, je n'ai pas envie de savoir, la coupai-je.
- Bref, je ne veux pas que ça se reproduise.
- Et ça changerait quoi le fait que tu saches ce que j'ai fait ou pas ?
- Je veux juste que tu me dises si tu es sincère avec elle et si tu as l'intention à ce que ça soit sérieux entre vous ou si tu t'amuses. Si tu me le dis maintenant que tu t'amuses, je m'arrangerai pour qu'elle t'oublie avant même qu'elle soit de retour. Je la pousserai à aller avec un étudiant d'Harvard ou...
- T'en fais pas pour ça. Elle en a déjà trouvé un.
- Quoi ? Comment ça ?
- Zachary. Elle traîne avec ce mec là bas.
- Comment ça se fait que tu saches ça et pas moi ? fit-elle surprise et vexée à la fois.
- Oh... Euh...
- Je n'arrive pas à croire qu'elle ne m'ait pas dit ça, se murmura-t-elle.
Abigail n'avait pas parlé de Zachary à Briana, j'étais surpris. Je pensais qu'elle aurait été la première au courant de ça. Peut être bien que c'était juste amical entre eux finalement.
- Bon, peu importe, dit-elle. Abigail est ma meilleure amie depuis toute petite et je la connais aussi bien que moi. Elle est folle amoureuse de toi Bieber et même si ça me tue de le dire, je veux bien que tu sois avec elle si c'est du sérieux. Sinon dis le moi maintenant. Je n'ai pas prévu la mort de sa mère mais je peux prévoir ça.
La sonnerie de mon téléphone se mit à sonner interrompant notre conversation. Je le sortis de ma poche pour répondre. C'était Valentin.
- Ouais ?
- C'est Valentin. Qu'est ce que tu fous ? Tu sèches ?
- J'ai oublié de me réveiller, mentis-je.
Il rit.
- Bon tu sais quoi ? On n'a qu'à sécher toute la journée, me proposa-t-il. En plus j'ai une idée de ce qu'on pourrait faire et tu vas aimer.
- OK je te fais confiance.
- Je viens te chercher devant chez toi dans vingt minutes.
- Ça marche.
Il raccrocha et je me levai. Il fallait vraiment que je parte cette fois-ci.
- Justin, souffla Briana.
- Pousse Abigail vers Zachary, dis-je avant de récupérer mon sac et de m'en aller.
Je me dépêchai de quitter le café. Finalement, la discussion que j'avais eue avec Briana avait servi. Elle allait m'aider à rendre moins dur la nouvelle pour Abigail et j'en étais content. C'était ce qu'il fallait faire.
...
Valentin venait d'arriver devant chez moi. Je descendis les escaliers pour le rejoindre. J'entrai dans sa voiture côté passager et lui tapai dans la main.
- Alors dis moi ce que t'as à me proposer.
- Tu ne peux pas refuser, me prévint-il. On va à Harvard et on saccage la chambre de ce con de Zachary.
Un sourire ne put s'empêcher de naître sur mes lèvres.
- Avoue que j'ai eu la meilleure idée qui soit.
- Ça c'est mon pote, lui tapai-je une seconde fois dans la main.
- On s'en fout de ce qui a pu se passer entre lui et Waller ou non. T'as besoin de te défouler.
Il démarra sa voiture et appuya violemment sur l'accélérateur. Je sentais que j'allais aimer ce qui allait se passer. Cela n'allait en aucun cas être de la vengeance. C'était juste pour s'amuser. Au contraire, j'étais pour que Zachary se rapproche d'Abigail. Enfin, je crois.
En très peu de temps, nous fûmes devant l'université. Nous sortîmes avec hâte de la bagnole. L'immense portail était ouvert. Il n'y avait pas de monde à l'intérieur du campus. C'était une bonne nouvelle.
- Alors dis moi comment on va trouver sa chambre.
- On demande, ça ne doit pas être si difficile que ça.
- Tout est trois fois plus grand ici. On va mettre du temps à trouver, dis-je.
- Ce n'est pas grave, tant qu'on trouve à la fin.
Il avançait d'un pas décidé comme s'il savait où il allait. Moi, j'espérais ne pas croiser Abigail. Il y avait peu de chance pour ça, elle devait être en cours et puis le campus était trop grand pour qu'il y ait une chance qu'on se tombe dessus mais comme tout allait contre moi depuis quelque jours, je me disais que c'était un miracle si je ne tombais pas sur elle.
- Quoi ? lâcha Valentin devant moi. T'angoisse de croiser Waller pour marcher si lentement ?
- Je n'ai pas prévu de la voir maintenant.
- On ne la verra pas.
- Eh attends, lui attrapai-je l'épaule pour le tourner vers moi. On fait quoi si on la trouve dans sa chambre ? On n'a pas pensé à ça.
- Ça fera une bonne raison de te défouler et comme ça t'auras aucun regret à partir.
- Je ne crois pas avoir envie de la voir se faire chevaucher par un autre mec que moi.
Il souffla.
- Elle l'a dit, elle pense trop à toi pour aller voir ailleurs. Elle doit sûrement être en cours ou à la bibliothèque à cette heure ci. Et puis, on ne baise pas à neuf heures du matin quand on est à Harvard.
Il me tapota amicalement l'épaule avant de reprendre sa marche. Il avait sûrement raison. Il se dirigea vers un petit groupe de personnes. Je le laissais faire et se débrouiller.
- Vous connaissez un Zachary ici ? leur demanda-t-il.
- Zachary comment ? demanda la blonde du groupe. Il y a trois Zachary au moins ici.
- Je ne sais pas mais il a vingt ans.
- Oh Zachary Lafferty ? intervint le seul mec du groupe. Celui du genre arrogant et qui veut monter une entreprise de smartphones ?
- Je ne sais pas, sûrement. Vous savez où il est ? Où est sa chambre ?
- Il doit être en cours là, je ne pense pas que vous allez le trouver dans sa chambre mais il occupe la cent treize.
- OK merci. Quel bâtiment ?
- Celui ci, nous indiqua-t-il en pointant du doigt la bonne direction.
Nous leur sourîmes gentiment avant de les quitter.
- Et bah voilà, ce n'était pas difficile, me dit Valentin.
- Qui te dit que c'est lui ?
- Tant pis, quelqu'un prendra à sa place, ce n'est pas grave.
Nous accélérâmes le pas. On ne devait pas traîner. Le bâtiment était tellement grand. Je me demandais si on n'allait pas se perdre à l'intérieur. Nous commençâmes à monter les escaliers. Nous allions devoir deviner rapidement comment chaque étage fonctionnait si nous ne voulions pas tous les faire jusqu'à tomber sur le cent treize.
- Ça doit être au premier étage, me dit Valentin.
Il décida donc de s'arrêter au premier étage et nous traversions désormais le grand couloir vide. Les élèves devaient être tous en cours. Nous n'eûmes pas de difficulté à trouver la bonne chambre. Heureusement que l'université était bien organisée. Nous nous arrêtâmes devant et je me tournai vers le métisse.
- Il faut qu'on toque pour s'assurer qu'il n'y a personne.
Il ne se fit pas prier et toqua. Nous attendîmes quelques secondes mais personne manifesta sa présence. J'avouais être soulagé de savoir que je n'allais pas tomber sur Abigail en plein acte sexuel avec lui.
- Alors on l'ouvre comment cette porte ? lui demandai-je.
Il prit un air malicieux et sortit une carte bancaire de sa poche.
- Avec ça.
J'haussai les sourcils dubitatif à l'idée qu'il puisse ouvrir la porte avec une carte. Il s'avança et la glissa dans la petite fente. On entendit un bruit de serrure puis étonnement la porte s'ouvrit. Il me regarda fier et satisfait et je ris.
- Fallait me dire que tu comptais rejoindre les Totally Spies, dis-je.
- Je suis trop bien pour elles.
Nous rîmes puis nous entrâmes dans la chambre. Je fermai la porte derrière moi.
- Il faut qu'on trouve quel est son côté, dit-il.
- Cherche dans le bureau un cahier avec son nom.
Il s'exécuta. Pendant ce temps, j'observais la pièce. Elle était beaucoup plus grande que ma chambre. Il n'y avait pas de décoration, juste le nécessaire c'est à dire : deux lits, deux bureaux, de chaises et deux petits placards. Elle était bien rangée pour une chambre de mecs. C'était sûrement parce qu'ils étaient bien obligés de la ranger.
- Zachary Lafferty, lâcha Valentin fixant un cahier dans sa main. Son côté est donc celui de droite.
- Je ne sais pas pourquoi je sens que c'est le bon Zachary.
- Moi aussi. C'est encore plus excitant ! s'écria-t-il.
- Allons voir ce qu'il cache dans ses tiroirs.
Je m'approchai de son placard et ouvris un premier tiroir. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour trouver toute la panoplie du salop. Le genre de salop que j'étais. Je pris une de ses trois boîtes de préservatifs et le montrai à Valentin.
- Regarde moi ça, dis-je. Taille XL en plus. Il ne se prend pas pour de la merde.
- Regarde ce que j'ai trouvé moi. Une bouteille de vodka sous son lit.
- Ce mec est un des nôtres.
- Mais on va quand même saccager son coin.
Il posa la bouteille par terre et arracha les draps qui avaient été soigneusement bien tirés. Il dérangea complètement le lit. Je m'attaquai alors au placard et sortis tout ce qu'il y avait dedans en prenant soin de garder les boîtes de capotes dans un coin. Ce qu'il y avait sur le bureau devint également un bordel.
Ses feuilles, ses stylos, ses cahiers, ses vêtements, ses draps et plein d'autres choses jonchaient désormais la moquette. Je souris ressentant une énorme satisfaction à cela.
- On prend la bouteille et les capotes et on s'en va, me dit Valentin.
- Cache la bouteille dans ton pantalon.
- T'inquiète pas.
Nous ouvrîmes la porte et quittâmes la chambre à toute vitesse. Nous filâmes vers la voiture en essayant de ne pas nous faire remarquer. Je me sentais tellement bien mieux après ça. Ça faisait longtemps que je n'avais pas été comme ça. Essoufflés, nous retournâmes dans la caisse. Nous éclatâmes de rire contents de nous.
- T'es le meilleur mec, m'écriai-je. Pourquoi je ne peux pas t'emmener en Australie avec moi ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top