Chapitre 23

«J'espère juste qu'il ne nous prend pas pour des cons.»

Point de vue d'Abigail.

Je le regardais surprise voire choquée. Combien de fois m'avait-il dit qu'il ne voulait pas aller plus loin avec moi parce qu'il avait peur que je m'attache ? Il avait même arrêté de me parler à cause de ça. Et maintenant il me révélait qu'il voulait être le premier, ma première fois.

Que devais-je répondre à cela ? "Vas y j'attends ça depuis longtemps !" "Pourquoi je te ferais cet honneur alors qu'il n'y a rien de sérieux entre nous ?" "Je ne sais pas, tu es sûr que c'est ce que tu veux ?". Il y avait trop de possibilités dans ma tête et même si mon corps me criait de me laisser aller, ma tête me disait que ce n'était pas une décision à prendre à la va vite.

- Donne moi juste une bonne raison de l'être, fut la seule chose qui sortit de ma bouche.

Mince. Je n'aurais peut être pas du dire ça. Il allait sûrement se braquer et me dire qu'il n'y en avait pas mais qu'il en avait juste envie. Ou alors il allait me sortir une bêtise du genre "Parce que j'en ai assez des préliminaires Waller".

Ses yeux restèrent bloqués sur les miens. Cherchait-il peut être la bonne réponse ? Puis il finit enfin par parler.

- Parce que je tiens à toi.

Ses lèvres se posèrent sur les miennes. Je fermai les yeux. Mon ventre se retourna. À cause de sa bouche contre la mienne mais aussi à cause de ce qu'il venait de dire. Mon coeur se gonflait et mes poumons se trouvèrent submergés par un tourbillon d'émotion.

J'attrapai sa nuque et le collai un peu plus contre moi. Nos langues jouaient désormais entre elles. Après ce qu'il m'avait dit, je n'avais plus à me mettre de barrière. J'étais confiante et je pouvais croire qu'un jour il me dirait que nous étions plus que deux adolescents qui se cherchaient, qui s'appreciaient mais qui ne savaient pas comment se le montrer, que nous étions simplement un couple.

- Je ne te ferais plus jamais de mal, me murmura-t-il contre mes lèvres.

Le temps semblait s'être arrêté. Tout me paraissait irréel. Ses paroles, ses lèvres chaudes contre les miennes, son envie sincère et désintéressé, le déroulement parfait des choses. Qui aurait cru, après tous ces jours à me faire la guerre et à mettre ses sentiments de côté, qu'il serait capable de me dire ce genre de chose un jour ?

Les gens ne vous diront pas toujours ce qu'ils ressentent mais ils vous le montreront.

Il glissa ses doigts le long de ma cuisse remontant jusqu'à ma hanche. Chaque contact avec ma peau enflammait un peu plus mon corps. Je me relevai assez pour qu'il puisse ôter ma robe facilement qu'il jeta au sol.

J'en profitai pour trouver l'ourlet de son haut et il se redressa pour que je le lui enlève. Puis il recolla son torse nu contre moi comme si il avait peur que je m'en aille.

Mon souffle était déjà saccadé. Je ne respirais plus correctement. Je trouvais l'air trop chaude et nos corps brûlants. Ses lèvres descendirent sur mon cou. Mes doigts glissèrent dans ses cheveux. Il s'attaquait à ma chair en la mordant. Je pinçai mes lèvres essayant de réprimer un gémissement.

Le désir se faisait sentir entre mes jambes. Je ne pouvais déjà plus attendre. Comme s'il avait entendu la petite voix dans ma tête, il retira son pantalon. Puis il attrapa mes hanches et plongea sa tête dans ma poitrine. J'échappai un soupir.

Il y déposa des baisers succulents et doux. Il le faisait si bien. Cela me rassurait. Ses mains décidèrent d'attraper mon soutien gorge et de le retirer d'un seul geste précis et rapide. Cela se voyait qu'il avait l'habitude le faire mais j'étais quand même persuadée qu'avec moi c'était différent.

Il donna un coup de langue sur une de mes pointes tendues m'arrachant un autre soupir. Puis il plaqua à nouveau ses lèvres contre les miennes, écrasant son torse contre mes seins nus.

- J'ai attendu ça depuis tellement longtemps, me dit-il dans un souffle chaud.

Moi aussi. Inconsciemment. Ses yeux rivés aux miens, il fit coulisser sa main le long de ma silhouette, ses doigts sillonnant ma cuisse avant de revenir sur la dentelle de mon sous vêtement. Je frissonnai imaginant la suite.

Ses doigts passèrent sous le tissu puis je sentis ce dernier glisser contre ma peau jusqu'au bout de mes pieds avant de se retrouver au sol. J'étais ainsi totalement nue, sous lui, pour la première fois.

Son boxer subit le même sort. Plus aucun tissu nous séparait désormais. Plus rien n'était entre nous et nous empêcherait d'aller plus loin.

Sa main se posa sur mon anatomie et la caressa délicatement. Un millier de frissons me fit presque sursauter. Il glissa ensuite ses doigts entre mes lèvres vaginales. Je passai mes mains sur son dos comme pour m'agripper à lui.

Il entra un doigt en moi. Un soupir s'échappa de ma bouche. Il le fit bouger en moi pendant que ses lèvres embrassaient ma mâchoire.

- J'aime te sentir mouillée Waller, me chuchota-t-il.
- Ça ne va pas durer si tu fais des commentaires inutiles, réussis-je à lui dire.

Je le sentis sourire contre moi avant d'entrer un deuxième doigt. Mes ongles creusèrent sa chair. Il soupira. Ses doigts bougeaient parfaitement en moi sachant très bien comment me donner envie d'aller plus loin.

- Justin... Vas y... le suppliai-je.

Il se retira ainsi et chercha avec hâte un préservatif dans son armoire. Il revint rapidement, ne laissant pas le temps à nos corps de reprendre nos esprits, et enfila autour de son pénis la protection.

Il bascula en avant et enfouit sa tête dans mon cou. Son souffle chaud brûla ma peau.

- Je veux que tu te rappelles de ce moment toute ta vie, me susurra-t-il.

Je fermais les yeux à ces mots et quelques secondes plus tard je sentis son anatomie se frayer un chemin en moi. Une once de douleur me parvint mais j'essayais de respirer convenablement et de me détendre pour que tout se passe pour le mieux.

Son érection rentrait en moi de plus en plus et je serrais mes mains contre lui pour canaliser ce mélange de douleur et de plaisir naissant.

Quand il rentra presque entièrement en moi, il colla son front contre le mien et nos yeux se retrouvèrent.

- Est ce que ça va ?

J'hochai positivement la tête. Il déposa un doux baiser sur mes lèvres. Puis il essaya d'entreprendre des lents va et viens. Mes mains attrapèrent les draps du lit et se fermèrent en poings. C'était à la fois douloureux et plaisant.

Justin m'embrassait en même temps ce qui m'aidait à me laisser aller. Et au fur et à mesure qu'il était plus à l'aise en moi, je sentais le plaisir s'intensifier. Chaque coup de rein m'arracher un gémissement. Mes paupières ne pouvaient plus rester ouvertes. Je découvrais enfin cette nouvelle sensation ; ne faire plus qu'un avec lui, être pour une fois en parfaite harmonie.

J'ouvris les yeux et le regardais. Il avait les yeux fermés, la tête penchée vers le bas, concentré sur les coups de bassin qu'ils mettaient. À cet instant, j'aurais aimé lui dire que j'avais des sentiments pour lui mais je ne le pouvais pas. Ma fierté était plus forte que tout.

- Justin... gémis-je.

Sa peau frémit à ce soupir.

- J'aime quand tu gémis mon nom Waller...

Ses coups se firent subitement plus forts comme pour m'obliger à gémir son nom encore et encore. Nos corps s'emboîtaient parfaitement. Il s'enfonçait de plus en plus en moi. C'était dur, intense et ça me rendait le souffle coupé. Mon dos se cambrait jusqu'à se briser. Je ne contrôlais plus rien.

- Mmh... C'est tellement bon... Je vais venir Abigail...

Il continuait ses va et miens en moi au rythme de mes battements cardiaques. J'étais ivre de ses mouvements en moi pourtant j'avais l'impression d'être invulnérable.

Il enfouit à nouveau sa tête dans mon cou et dans mes cheveux. Il étouffa son cri quand il jouit en moi sans retenu. Nos deux corps tremblèrent avant de tomber inerte par fatigue.

Il se retira et glissa à côté de moi. Je l'entendis se débarrasser du préservatif pendant que je dégageais mes cheveux de mon visage.

Nous étions essoufflés, en sueur, essayant de revenir à la réalité. Ce n'était peut être que ma virginité mais je me sentais différente désormais. C'était comme un renouveau. Je ne regrettais rien de ce qu'il s'était passé. Absolument rien. J'avais apprécié chaque seconde, chaque geste, chaque parole et si c'était à refaire, je le referais.

On entendit un gros bruit de porte. Justin me lança un regard amusé.

- C'est ma mère, me dit-il en se levant. Vas l'ouvrir babe.
- Non Justin, refusai-je en attrapant le drap pour me couvrir. C'est à toi de le faire.
- Je vais prendre ma douche.

Il partit sans scrupule hors de la pièce pour se laver. Je soufflai. Je n'étais pas encore remise de ce qu'il venait de se passer et voilà que je devais accueillir sa mère.

J'enfilai rapidement ma robe et ma culotte puis attachai mes cheveux avant de quitter la salle non sans difficulté. J'avais du mal à marcher. J'avais cette nouvelle sensation de douleur entre mes jambes.

J'essayais de paraître le plus naturel possible en arrivant au salon où Pattie s'y trouvait bien. Je lui souris.

- Bonsoir, me dit-elle.
- Bonsoir.

J'arrivai à sa hauteur et son regard se dirigea sur mes bras. J'avais oublié que l'encre du feutre noir y était encore présente mais cette fois ci bavante dû au fait que ma peau s'était frottée à celle de Justin.

- Oh ce n'est rien, interceptai-je sa question.
- Justin est là ? changea-t-elle de sujet.
- Il prend sa douche.
- Il est fâché contre moi, il te l'a dit ?
- Oui il m'a expliqué ce qu'il s'était passé.
- Je ne pensais pas qu'il réagirait aussi mal.
- Il s'en remettra. Ce n'était pas comme si c'était quelque chose de mal, dis-je. Il l'a déjà compris. Ne vous inquiétez pas.
- J'espère, sourit-elle. Si tu avais vu comment il a réagit. Il ne nous a même pas laissé finir de lui expliquer.
- Ce n'est pas étonnant de sa part.
- Ça a rendu triste Thomas, le psy. Ils s'entendaient bien avant ça.
- Je comprends.

J'espérais ne pas me retrouver à faire "l'entremetteuse" entre les deux en attendant que Justin se décide à ne plus faire la tête à sa mère.

Pattie et moi decidâmes de préparer à manger et préparer la table pendant que Justin semblait retarder le moment de la confrontation avec sa mère. Cette dernière était vraiment perturbée par le fait que son fils lui en voulait de vouloir refaire sa vie. Elle l'avait pensé plus ouvert d'esprit. Je préférais ne pas prendre parti bien que j'étais plus ou moins d'accord avec elle.

...

Le dîner s'était finalement passé dans le silence. Et même après que j'avais décidé d'aller prendre ma douche et de les laisser seuls, ils ne s'étaient toujours échangés aucun mot. J'étais dans le lit avec Justin qui avait gardé sa mine contrariée. Il fixait le plafond pendant que moi je le fixais.

- Merde Justin. Tu as la chance de pouvoir reconstruire une vie de famille à nouveau et tu préfères tourner le dos à ça, lui dis-je. J'aurais aimé que mon père trouve quelqu'un qui le fasse sourire à nouveau.

Il ne disait rien. Je ne savais même pas si il m'écoutait. Je ne le comprenais pas. Moi j'aurais aimé être à sa place.

- Je veux juste une discussion avec son mec et après ça sera réglé.
- Tu es sûr ?
- Oui. Juste entre lui et moi. Sans ma mère.

J'attrapai le drap et glissai à l'intérieur. Justin resta statique un moment avant de finalement passer sous le drap et de se coller à moi. Son torse contre mon dos, il me communiquait sa chaleur.

- J'ai aimé être ta première fois, me murmura-t-il. Et toi ? Tu as aimé que je sois le premier ?
- Oui.

Il me serrait très fort contre lui puis je décidai de me tourner pour être face à lui. Je lui souris timidement. Il passa ses doigts dans mes cheveux et je frémis. Je fixais ses beaux yeux caramels tandis qu'il fixait mes lèvres.

Il était magnifique. J'avais de la chance de pouvoir partager sa vie, je le savais. Même si ce n'était pas éternel. Même si on se déchirait parfois. Je voulais me souvenir de cette image toute ma vie.

- Tu vas le dire à Briana ? me demanda-t-il soudainement.
- C'est ma meilleure amie. Évidemment.
- Elle va te faire la morale.
- C'est possible.
- Je ne comprends même pas pourquoi cette fille est ta meilleure amie. Elle est nulle à chier. Elle s'occupe de tout sauf de ses affaires, souffla-t-il.

Je ris amusée. On aurait dit un petit ami jaloux de la meilleure amie de sa copine. Mais ce n'était pas le cas puisqu'il n'était pas mon copain.

- Elle est cool. Sauf avec toi.
- Elle se prend pour ta mère surtout.
- Tu abuses Bieber.
- Elle croit qu'elle est expérimentée parce qu'elle a un copain depuis longtemps et que tu n'en as pas alors elle se permet de te donner des conseils stupides.
- Justin, ne t'acharnes pas sur elle.

Il posa sa main autour de ma taille.

- Je sais qu'elle ne me laissera pas tomber c'est pour ça que c'est mon amie. Elle se soucie de moi et je me soucie d'elle.
- Mais plus tu te soucies de ce qui t'entoure, plus tu as à perdre.
- Alors pourquoi tu traînes avec des personnes qui vont te laisser quoi qu'il arrive ?
- Parce que je ne mets pas d'espoir en eux donc je ne serai jamais déçu.

Il glissa sa main dans mon dos. Elle était chaude et douce.

- Ne mets pas d'espoir en moi comme ça tu ne seras pas déçue Waller.

Mon coeur se serra. Il était toujours aussi fermé. Même après ce qu'il s'était passé. Toujours cette pudeur en lui qui repoussait tout ce qui essayait de s'approcher trop près de lui et de voir le bien en lui et le grand coeur qu'il possédait.

- Bonne nuit Justin, mis-je fin à la discussion.

Je blottis ma tête contre son torse et fermai les yeux. Le son de ses battements de coeur me venait aux oreilles. C'était apaisant et cela m'aida à m'endormir.

...

Nous arrivâmes ensemble devant le lycée où Briana m'attendait. Justin se sépara rapidement de moi pour rejoindre le bâtiment tandis que je m'arrêtai à hauteur de mon amie.

Je l'abordai avec un très grand sourire et elle me regarda curieuse de savoir ce qui me mettait dans cet état.

- Tu as l'air de très bonne humeur aujourd'hui !
- Oui, je vais bien, dis-je avant de lui embrasser la joue.

Nous commençames à marcher vers l'intérieur du lycée. Elle me regardait avec insistance, un sourire amusé sur ses lèvres.

- Dis moi, qu'est ce que tu as.
- Rien, souris-je.
- Allez Abby je suis ta meilleure amie.

Je poussai la porte d'entrée. Nous entrions dans le grand couloir. Mon sourire disparut quand je commençais à remarquer que tous les regards se portaient sur nous. Je me tournai vers Briana intriguée.

- Qu'est ce qu'il y a ? Tu as fait une connerie à une soirée chez Valentin ? lui demandai-je.
- C'est toi qu'ils regardent Abby.

À peine sa phrase terminée, je sentis une main se poser sur mon épaule.

- Félicitations pour Bieber et toi, me dit un garçon dont j'ignorais l'existence jusqu'à aujourd'hui avant de s'en aller.

Je fronçais les sourcils. Pardon ? Pour Bieber et moi ? C'était quoi ce bordel encore ? Personne n'était censé savoir pour lui et moi.

- Vous sortez ensemble et tu ne m'as rien dit ?
- Non. Bien sûr que non Bri. Je ne comprends pas.

Nous continuions à traverser le couloir et on continuait à me fixer avec des airs plutôt amusés et surpris. C'était la première fois que j'étais le centre de l'attention et cela me mettait mal à l'aise.

Puis j'aperçus Justin parler avec Kenneth et Valentin au fond du couloir. Il semblait énervé. Il élevait la voix contre ses amis mais je n'arrivais pas entendre ce qu'il pouvait leur dire. Je compris alors que l'un des deux ou les deux avaient craché le morceau. Merde.

Je m'avançai à toute vitesse vers eux laissant Briana derrière moi. Les garçons me virent arriver.

- Ne me dites pas que...
- Si, me coupa Justin. Kenneth a tout balancé.
- Tout ?
- Il a dit à tout le monde qu'on habitait ensemble.
- Ça va, ce n'est pas dramatique, nous dit Kenneth. J'ai précisé que vous n'étiez pas en couple.
- Visiblement, tout le monde ne l'a pas saisi, arriva Briana calmement.
- Chambers mêle toi de ce qui te regarde, rétorqua Justin.
- Maintenant que tout le lycée est au courant, ça me regarde aussi.
- Moi, ce n'est pas de ma faute, intervint Valentin les mains en l'air.
- C'est toi qui l'as dit à Kenneth donc si, quand même un peu, lui dis-je.

J'entendis ma meilleure amie souffler derrière moi.

- On va être en retard en cours les gars. Vous reparlerez de ça plus tard même si la discussion n'a plus lieu d'être puisque le mal est déjà fait, nous dit-elle.

Elle m'attrapa le bras et me tira vers notre salle de classe. Je m'assis à ma place sans protester. Justin arriva quelques secondes plus tard très contrarié. J'espérais qu'il ne se défoulerait pas sur moi.

...

Justin et moi ne s'étions pas provoqués de la matinée par que c'était attirer encore plus l'attention sur nous. On nous regardait déjà assez comme ça. J'avais été convoquée par le proviseur dans son bureau ainsi je laissai Briana pour le rejoindre. Je toquai à sa porte et je l'entendis me dire d'entrer ce que je fis alors. Je le trouvai assis derrière son bureau. Il me sourit et je fermai la porte derrière moi avant de m'asseoir en face de lui.

- Comment allez vous mademoiselle Waller ?
- Je vais bien merci.
- Votre père est toujours à l'hôpital ?
- Oui.

Il posa ses avant bras sur sa table et pris un air encore plus sérieux.

- Ce qui me pousse à vous poser une question : souhaitez-vous toujours faire le programme de pré rentré à Harvard ?

Ce programme était une chance incroyable pour moi qu'il était hors de question de la laisser passer. Je savais que ça n'allait pas être facile mais je voulais essayer.

- Oui, répondis-je.
- Êtes vous sûre de ce choix ? Le programme est à un niveau élevé. Beaucoup plus élevé que le lycée. Je ne doute pas de vos capacités mais il n'y aura pas de temps libre pour vous pour aller rendre visite à votre père ou faire autre chose que travailler.
- Deux semaines c'est court. Je m'en sortirais.
- Bien.

Il se baissa à peine pour tirer un tiroir de son bureau je supposais. Il se redressa ensuite et posa un énorme paquet de feuilles sur le meuble. Je regardais ce dernier intriguée. Était-ce pour moi ?

- Les professeurs m'ont donné le complément des cours que vous allez manquer durant ces deux semaines. Vous savez qu'il y aura les examens de fin d'année quand vous rentrerez et ça pourrait très bien tomber sur les chapitres que vous manquerez. Donc à vous d'en faire bon usage, m'expliqua-t-il.

Il glissa le paquet vers moi. Je savais l'amont de travail que j'aurais à fournir à Harvard mais je n'avais pas réalisé à quel point il serait grand.

- Merci, murmurai-je presque.
- Je vous souhaite bon courage et plein de réussite.

Je lui souris et pris le paquet de feuilles avant de m'en aller. Je le rangeai dans mon sac. Je partis au self et les regards, une nouvelle fois, se posèrent sur moi. Mais qu'y avait-il de si incroyable dans le fait que j'habitais chez Justin ? Tout en réalité. Deux rivaux ne sont pas censés habiter ensemble.

Je pris mon plateau et on me servit à manger avant de rejoindre Briana qui était seule à notre table.

- Je veux bien croire qu'être populaire a ses avantages mais là il n'y en a pas, me dit Briana quand je pris place sur ma chaise.
- J'ai l'impression d'être une bête de foire.

Je regardai devant moi et Justin déjeunait bien avec ses deux amis. Il semblait les avoir déjà pardonné.

- Alors raconte moi pourquoi t'étais de si bonne humeur ce matin.
- Je n'ai pas voulu te le dire mais avant hier ça s'est arrangé avec Justin, il...
- Tu vas me dire que tu as passé une journée avec moi à me cacher que tu t'étais réconciliée avec lui ? prit-elle un air choqué.
- C'était parce que je voulais être sûre que nous étions réconciliés pour de bon, me justifai-je.
- Et qu'est ce qui te fait croire que c'est pour de bon ?

Je mis du temps à répondre. Elle se redressa et déglutit.

- Ne me dis pas que...
- Il m'a dit les choses que je voulais entendre et peut être que j'ai été naïve sur ce coup là mais...
- Mais quoi ?
- Bri, je l'ai laissé être ma première fois.

Elle n'eut pas le temps de réagir, je fus une nouvelle fois distraite par ce qu'il se passait devant moi. Justin s'était levé pour faire la bise à Clara puis s'était mis à lui parler. Je contractai ma mâchoire.

Briana se retourna pour voir ce qui me distrayait tant.

- Je crois que tu as été naïve oui, me dit-elle le dos tourné.
- Ils ne font que parler.
- À propos de quoi à ton avis ? De leur prochaine soirée ensemble ou de ta partie de jambes en l'air avec lui ? rétorqua-t-elle en me faisant face à nouveau.
- Briana, si tu pouvais me laisser croire deux secondes qu'il est sincère avec moi ça serait cool.
- Je ne veux pas retrouver ma meilleure amie effondrée dans quelques semaines.

Je soupirai. Elle était beaucoup trop protectrice avec moi.

- Sinon ça s'est bien passé ? Il a été doux avec toi ?
- Oui. Il sait comment s'y prendre, souris-je.
- C'est cool alors. J'espère que t'en garderas un bon souvenir.
- Tu pourras me parler de tes problèmes au lit maintenant, ris-je.

Elle rit.

- C'est sûr. Putain Abby... Tu as couché avec Bieber !
- Chut ! Personne ne le doit savoir, lui dis-je.
- Tout le monde pense que Justin se tape Clara maintenant. T'as pas de soucie à te faire je pense.

...

Nous étions en route pour l'hôpital. Mon coeur battait la chamade. On m'avait appelée pour me dire que mon père s'était réveillé et qu'il allait étonnement bien. Justin avait eu le courage de décider de m'accompagner. J'espérais qu'il n'essayerait pas d'envenimer la situation.

Je ne lui parlais pas trop. J'étais trop nerveuse et puis j'avais des questions à lui poser que je lui poserais plus tard.

- Il va me sauter dessus s'il me reconnaît, me dit-il.
- Je ne pense pas Justin. Il ne voudrait pas qu'on apprenne la vérité sur lui.
- Moi j'aimerais justement que les gens l'apprennent.
- On avait dit non.
- Babe, tu resteras avec moi comme ça.

Nous arrivâmes à un feu rouge. Il arrêta la voiture et me regarda dans les yeux. Il voulait que je reste avec lui. Je n'arrivais pas à y croire. C'était tellement contradictoire. Il voulait que je ne mette pas d'espoir en lui et après il me demandait de rester avec lui. Je ne dis rien. Je ne savais pas quoi dire.

- Tu es prête à recevoir des coups à nouveau ?
- Je veux croire que c'est du passé.
- Ton père ne changera pas du jour au lendemain.
- Ça fait plus d'une semaine maintenant Justin, rétorquai-je.

Il secoua la tête et le feu passa au vert.

- La famille avant tout c'est ça ?
- Je sais que tu es d'accord avec moi, lui dis-je.

Le reste du trajet se fit en silence puis nous arrivâmes à destination. Je sortis de la voiture en laissant mon sac à l'intérieur et Justin fit de même. Je le devançai pour entrer dans le bâtiment.

- Abigail, m'attrapa-t-il la main.

Je me tournai vers lui.

- Si il venait à rentrer chez toi ce soir, promets moi que tu me le dirais si il levait la main sur toi à nouveau, me dit-il droit dans les yeux.
- Je te le promets.

Je lâchai sa main et nous rentrâmes dans l'hôpital. Une infirmière nous reconnut directement et nous emmena dans la chambre de mon père. Je jetai un dernier coup d'oeil à Justin avant de franchir le palier de la porte.

Mon coeur manqua un battement quand je le vis enfin avec les yeux ouverts. Il regardait la petite télé qui était accrochée au mur. J'étais tellement soulagée de le voir ainsi. Moi qui avais perdu espoir au fur et à mesure que les jours passaient.

- Monsieur Waller, votre fille, lui dit l'infirmière.

Ses yeux se posèrent sur moi et avec surprise, un sourire naquit sur ses lèvres. Je m'approchai lentement de lui et il en profita pour éteindre la télé.

- Abigail ma fille, dit-il d'une voix faible.
- Papa.

Nous entendîmes la porte se fermer ce qui voulait dire que l'infirmière était partie. Je me retournai pour voir si Justin m'avait suivi et ce fut le cas. Il tenait à rester près de moi.

- Je te présente Justin, tu te rappelles de lui ? lui demandai-je avec crainte.
- Oui.

Il tendit sa main vers lui. Justin me regarda confus avant de finalement la serrer.

- Je ne t'en veux pas jeune homme, lui dit-il. Au contraire, tu as bien fait. Il me fallait ce genre de chose pour réaliser que je faisais fausse route.

Je fronçais les sourcils. Alors comme ça mon père avait subitement changé ? Il avait sûrement perdu la mémoire ou quelque chose comme ça, je ne voyais pas d'autres explications. Ou alors, il se donnait une nouvelle image en attendant de pouvoir sortir d'ici.

- Je suis désolé Abigail, s'adressa-t-il désormais à moi. Je n'étais pas un père digne de ce nom depuis la mort de maman.
- Je ne t'en veux pas.

J'essayais de faire en sorte que l'émotion ne me submerge pas et retenais mes larmes comme je le pouvais. Je n'aurais jamais cru qu'il me dirait un jour ces mots. C'était si irréel pour moi.

- Je vais changer, je te le promets.
- Je te crois.

Je regardai Justin quelques instants qui avait l'air dubitatif. Évidemment, il ne croyait pas en ce changement soudain. Il ne voulait pas que je retourne avec lui.

- Comment tu vas ? lui demandai-je.
- J'ai l'impression de revenir depuis les morts. J'ai appris que je suis resté près de deux semaines dans le coma. Ça me fait sentir bizarre.
- Je comprends.
- On m'a dit que tu vivais avec ton copain et sa mère. J'imagine que c'est toi Justin et je te remercie d'avoir pris soin d'elle en mon absence.

Justin me lança un regarda insistant.

- Euh Papa, on n'est pas ensemble, rectifiai-je. Juste camarade de classe.
- Ils m'ont pourtant dit que c'était ton petit ami.
- C'était pour qu'ils acceptent de me laisser vivre chez lui.
- D'accord. Si tu veux bien Justin, j'aimerais rencontrer ta mère pour la remercier.
- Je lui en parlerai.

Mon père me fit signe de m'approcher encore plus. Je le fis timidement.

- Tout s'est bien passé ? me demanda-t-il.
- Oui. J'ai été prise à un programme de pré rentré à Harvard. Je pars lundi prochain.
- Félicitations ma fille ! s'écria-t-il. Je suis content pour toi.
- Merci, souris-je. Et toi ? Qu'est ce que tu vas faire les prochains jours ?

Dès que j'eus fini ma question, l'infirmière fit son retour.

- Alors les retrouvailles ? nous dit-elle toute souriante. Ça s'est bien passé ?
- Oui, répondit mon père.
- Monsieur, on va devoir vous faire des tests. Vous parlerez plus tard. Mettez ça, lui tendit-elle un vêtement. Je vous attends dehors. Les jeunes gens, il est temps de dire au revoir.

Je lui lançai un sourire étant donné que je ne voyais pas comment lui dire au revoir autrement. Nous n'avions pas eu de geste d'affection depuis tellement longtemps.

- Au revoir monsieur, lui dit Justin.

Il nous salua et nous quittâmes la pièce avec la femme.

- Super nouvelle, n'est ce pas ? me dit-elle après avoir fermé la porte.

J'acquiesçai.

- Que va-t-il se passer pour lui après ? lui demanda Justin.
- Il va passer des tests comme je l'ai dit puis suivant les résultats, il va aller en cure de désintoxication. Son foie a été beaucoup endommagé à cause de l'alcool. On comprend qu'il a énormément bu depuis la mort de votre mère. Il faut qu'il soit rééduqué car son état peut s'aggraver.
- D'accord, dit Justin.
- Merci, lui dis-je.

Nous nous en allâmes et nous regagnâmes la voiture de Justin.

- C'était bizarre, dis-je. Son changement d'attitude, le fait qu'on ait parlé plus qu'on ne l'a fait en trois ans, qu'il te pardonne le fait que tu l'aies envoyé à l'hôpital. Tout était bizarre.
- Oui, approuva-t-il.

Nous entrâmes dans son véhicule. J'attachai ma ceinture.

- Il m'a félicité pour Harvard, je n'arrive pas à y croire ! continuai-je. Il m'a demandé si tout s'était bien passé. Ça fait trois ans qu'il se fiche de ce qu'il se passe autour de moi Justin !
- Waller, te fais pas de fausses idées. On ne sait pas si ça va durer.
- Je sais. Je ne m'enflamme pas. J'imagine bien qu'il y a une explication à tout ça.
- J'espère juste qu'il ne nous prend pas pour des cons.
- Moi aussi.

De retour chez Justin, il n'y avait encore personne. Nous posâmes nos sacs dans sa chambre. Je m'allongeai ensuite sur son lit.

- Tu n'es pas allé voir ton psy aujourd'hui ? lui demandai-je.
- Non. J'attends qu'il vienne me voir pour avoir une discussion.
- Il s'appelle Thomas.
- Comment tu le sais ?
- C'est ta mère qui me l'a dit.

Il prit place à côté de moi. Je me tournai vers lui.

- Pourquoi elle te l'a dit à toi ?
- Parce que tu lui fais la tête.

Je me redressai et décidai de prendre place au dessus de lui. Il me laissa faire. Il posa ses mains sur mes cuisses dénudées et les caressai de ses pouces. Je frissonnai.

- De quoi tu as parlé avec Clara ? lui demandai-je de manière impromptue.

Il sourit amusé de ma question.

- C'est une question sérieuse, lui dis-je.
- J'aime tellement quand tu es jalouse Waller.
- Je suis sûre que tu fais ça pour m'énerver.
- Très perspicace, dit-il en riant.

Il se redressa et son visage arriva à hauteur du mien. Ma respiration se coupa quelques instants.

- Tu es belle Abigail Waller, me murmura-t-il.
- Et toi tu es un beau parleur.
- Tu ne me fais toujours pas confiance ?
- Si je t'ai laissé être ma première fois c'est que si.

Il embrassa ma mâchoire. Je frissonnai.

- Pourquoi Kenneth est allé dire à tout le monde qu'on vivait ensemble ?
- Parce qu'il aime les problèmes. Mais je me suis débrouillé pour rétablir l'ordre.
- C'est à dire ? fronçai-je les sourcils.
- Tant que les gens s'imagineront que je suis intéressé par Clara, ils ne penseront pas une seule seconde qu'il s'est passé des choses entre toi et moi.
- On n'a pas arrêté de me féliciter d'être ta copine alors pour l'instant ton plan ne fonctionne pas, rétorquai-je.
- Au lieu de te plaindre tu devrais en profiter. Personne n'a été jusque là ma copine, me dit-il avec un sourire amusé.
- J'en serais honorée si c'était vrai, dis-je avec sarcasme.

Je me détachai de lui et me levai du lit.

- Tu l'as dit à Briana pour hier ?
- Oui et avant que tu ne poses la question, elle m'a dit que j'ai été naïve de l'avoir fait avec toi, répondis-je.
- Je vais finir par couper la langue à ton amie si elle continue comme ça.
- J'espère juste que tu lui montreras qu'elle a tort.

Je le regardais droit dans les yeux. J'étais plus que sérieuse. La pire chose serait que Briana ait eu raison depuis le début. Mais cela ne dépendait que de Justin. Après m'être donnée à lui, il devait comprendre que j'étais toute oui pour une relation avec lui.

On entendit la porte d'entrée s'ouvrir et la mère de Justin crier qu'elle était de retour. Nous quittâmes ainsi la chambre pour la recevoir mais nos pas s'arrêtèrent quand nous découvrîmes un homme à ses côtés.

Il était mâture, il devait avoir la quarantaine. Très bien habillé, de manière classe et classique ; une chemise noir à manche longue pour le haut et un jean sombre pour le bas. Ses cheveux avaient une couleur claire qui virait au blond.

Je devinais qu'il s'agissait de Thomas, le psychanalyste de Justin, qui était venu régler une fois pour toute ses comptes avec lui.

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