Chapitre 22

«Tu ne peux pas être amoureux d'elle.»

Point de vue de Justin.

Je fus réveillé par des baisers répétitifs sur mon cou. Je grognai avant de réaliser qu'il s'agissait d'Abigail. Je sentais sa main tenir ma nuque et ses lèvres douces saupoudrer ma chair. Elle était allongée sur moi. Je souris impromptement gardant mes yeux fermés. C'était la première fois qu'on me réveillait de cette manière et j'aimais ça.

- Debout... me murmura-t-elle.

Je glissai mes mains sur son dos et la sentis frissonner. Si j'avais le droit à ça chaque matin, il se pourrait bien qu'elle reste plus longtemps que prévu ici.

- Babe, soupirai-je.

Elle se frottait inconsciemment sur mon érection du matin et elle allait m'exciter plus qu'autre chose si elle continuait ainsi.

- Je te l'ai pas dit mais j'adore ce surnom.

J'ouvris enfin les yeux et au même moment elle se retira de moi. Elle se leva et quitta le lit.

- Oh non reste avec moi, fis-je la moue.
- On a cours Justin. Allez debout !

Elle s'en alla de la pièce et je me fis violence pour la rejoindre. Dans le salon, nous retrouvâmes ma mère qui avait préparé le petit déjeuner pour nous.

- Pile à l'heure ! nous dit-elle. Vous avez bien dormi ?

Nous l'embrassâmes chacun notre tour avant de nous asseoir à table. J'attaquai directement le repas.

- On a bien dormi, lui répondit Abigail en s'installant en face de moi.
- Dommage qu'on ait fait que dormir, ne pus-je m'empêcher de dire.

Waller me lança un regard meurtrier tandis que ma mère s'empêchait de rire.

- Justin, tu as rendez vous avec ton psy aujourd'hui, changea cette dernière de sujet.

Ma mère ne m'avait toujours pas donné d'explication par rapport à ce que j'avais découvert à propos d'eux. J'espérais qu'elle le fasse un jour, je ne pouvais pas rester dans l'ignorance plus longtemps. De toute manière, si elle ne voulait pas m'en parler, je m'en chargerais auprès de mon psy tout à l'heure.

...

Cela faisait cinq bonnes minutes que j'attendais mademoiselle Waller dans ma voiture pour partir au lycée. Je savais que les filles étaient du genre à mettre une éternité pour se préparer mais je m'étais habituée à une Abigail moins pointilleuse à propos de son physique. Comptait-elle épater quelqu'un aujourd'hui ?

Quand je ne l'attendais plus, elle arriva enfin. Je me redressai et restais bouche bée la découvrant dans une longue robe fleuries de couleur bleue et blanche. Ses cheveux étaient détachés. Le bleu de sa robe refaisait sortir celui de ses yeux. C'était moi qu'elle épatait.

Elle fit le tour de la voiture et entra. Je ne la lâchais pas du regard. Putain. Il n'y a pas une plus belle fille qu'elle. Elle souffla un vent de son parfum et j'avais l'impression qu'elle essayait de m'envoûter.

- Tu penses qu'un tapis rouge t'attend à l'Imperial ?
- Il en faut peu pour t'épater Bieber.

Je souris amusé mais je voyais déjà tous les regards sur elle quand nous serions au lycée et cela ne m'enchenterait pas. Je ne voulais pas que des mecs tournent autour d'elle alors que ça s'était enfin arrangé entre nous.

Je démarrai enfin et nous partîmes en direction de l'Imperial School.

- N'oublie pas que Beaton veut une discussion avec toi, me dit-elle.
- Pour le devoir ?
- Sûrement. Mais il va prendre le temps de corriger tes notes avant que tu fasses l'épreuve.

J'hochai la tête.

- J'ai tenu ma part du marché, me souligna-t-elle. J'espère que tu comptes toujours tenir la tienne.
- Évidemment Waller. Je suis un mec de parole.

Oops. Comment allais-je faire maintenant ? Je n'aurais jamais cru que notre marché tiendrait jusqu'au bout mais surtout qu'elle remplirait son contrat. Il fallait que je me débrouille comme je le pouvais pour ne pas la trahir.

Nous arrivâmes devant le lycée et je me garai. Je me tournai vers Abigail qui me regardait déjà. Je posai mes mains sur ses joues et rapprochai son visage du mien pour l'embrasser. Elle se laissa faire. Je fermais les yeux et savourais ses lèvres divines.

Mais elle posa une main sur mon bras et interrompit notre baiser.

- On va être en retard, me dit-elle.

Elle attrapa son sac à ses pieds et quitta le véhicule. Je passai une main dans mes cheveux, soupirant. Je commençais à penser qu'elle avait repris l'avantage sur moi. Elle avait certes cédé en m'embrassant hier mais c'était comme si j'étais le plus vulnérable dans l'histoire.

...

Nous n'avions pas arrêté de nous provoquer durant les deux premières heures de cours et j'avouais que cela m'avait manqué. Je retrouvais la Waller d'avant qui me donnait envie de gagner note compétition.

J'étais en retour pour aller voir mon psy. J'étais prêt à lui toucher deux mots sur sa relation avec ma mère. Je voulais qu'on arrête de me prendre pour un con. Quand je rentrai dans la pièce, mes pas se figèrent en découvrant ma mère aux côtés de la seule personne que j'attendais ici. L'heure des explications avait bien sonné.

- Ma mère... et mon psy... lâchai-je. Vous avez beaucoup de choses à me dire.

Je me plaçai de l'autre côté du bureau. Ils me demandèrent de m'asseoir mais je refusai.

- Abigail a eu raison, nous sommes bien ensemble, me déclara ma mère.
- Ça fait quelques mois, ajouta mon psy.
- Vous vous êtes bien foutus de ma gueule, dis-je sèchement.
- On avait peur de ta réaction, se justifia ma mère.
- Tu m'as laissé me confier à ton putain de mec ! Tu t'imaginais que je le prendrais comment ? Je paris qu'il te raconte tout et toi tu fais comme si tu ne savais rien ! élevai-je la voix.
- Non Justin, elle ne sait rien.
- Toi ferme la ! Tu fais comme si t'étais mon ami mais tu te tapes ma mère depuis quelques mois sans rien me dire ! Comment vous avez pu me cacher une chose pareille ?
- C'était délibéré ! On attendait le bon moment pour te le dire ! rétorqua ma mère.

Je secouai la tête. Je ne voulais pas les écouter. J'avais décidé d'être buté et ma colère ne redescendrait pas. Je me dirigeai vers la sortie.

- Justin ! S'il te plaît !
- Non ! Je vous en veux !

Je quittai la pièce et claquai la porte derrière moi. J'avais désormais envie de tout casser. Il était impossible pour moi de me calmer. Je sortis mon paquet de cigarettes et en consumai une, puis deux et trois jusqu'à me faire mal à la tête et avoir la nausée.

Comment ma mère pouvait-elle me trahir ? Ma propre mère putain ! J'aurais jamais cru qu'elle me décevrait un jour. J'arrivai en trombe au self et rejoignis Valentin et Kenneth sans me servir. Je fis du bruit en prenant place sur la chaise en attirant toute l'attention sur moi.

- T'as quoi mec ? me demanda Valentin.
- Rien. Ma mère m'a prit la tête.
- Beaton te cherche.
- Rien à foutre de Beaton là. Parle moi d'autre chose.
- Waller te fixe, me dit Kenneth. Elle doit s'inquiéter pour toi.

Valentin avait craché le morceau à Kenneth mais ils m'avaient promis tous les deux qu'ils ne diraient rien à personne d'autre. Je voulais bien les croire.

- Vous vous êtes réconciliez ? m'interrogea Valentin.
- Hier soir.
- De quelle façon ?
- En tout bien tout honneur, répondis-je.

Une fille que je n'avais jamais vu jusque là se présenta à notre table. Elle fixait Kenneth. Elle lui demanda de s'isoler avec elle quelques minutes et il accepta.

- Alors ? reprit mon autre pote. Comment ça en tout bien tout honneur ? Je suis sûr qu'il s'est passé un truc entre vous. Tu ne peux pas me prendre pour un con mec.

Je levai mes yeux sur Abigail qui était en train de rire avec sa meilleure amie. Elle était belle dans sa robe. Je voulais qu'elle soit mienne. Je commençais à me dire que ce n'était pas si mal si j'étais sa première fois. Je voulais dire, c'était moi qui l'avais entraînée dans une vie sexuelle active, j'étais le mieux placé pour être sa première fois.

- Ouais, OK, mec, il s'est passé des choses entre elle et moi, avouai-je. On s'est touché plusieurs fois.
- Touché ?
- Le genre de truc que tu fais avec ta copine avant d'être prêt à coucher avec elle.
- Donc c'est ta copine ?
- Non. Pas du tout.

Je me sentais très gêné. Je n'avais pas de raison de l'être pourtant je l'étais. Parler de Waller et de nos rapports avec Valentin n'était pas quelque chose que j'aurais imaginé faire un jour.

- Pourquoi vous n'êtes pas allés plus loin ?
- Parce que je ne veux pas lui faire de fausses idées par rapport à notre relation.
- Justin, c'est déjà trop tard. Que vous couchiez ensemble ou non ne changera rien. Elle vit avec toi et vous avez des rapports sexuels. C'est évident qu'elle s'attend à autre chose.
- Elle est juste attirée par moi et moi aussi je suis attiré par elle mais ça restera de l'attirance physique.
- Putain... Mec... sourit-il amusé. Tu te voiles la face. Je suis sûr que tu voudrais bien te mettre en couple avec elle mais parce que tu détestais cette fille au départ, tu ne le feras pas.

Je frottai mon visage. Comment se faisait-il que mon pote, celui qui m'encourageait toujours à m'amuser, avait finalement changé de discours ?

- Elle ne voudra pas être ma copine.
- Je crois plutôt qu'elle n'attend que ça. C'est une fille, elle ne fera pas le premier pas.
- Alors ça veut dire qu'elle est attachée à moi et ce n'est pas ce que je veux.
- Je suis certain qu'une fois que tu seras son copain, tu ne la lâcheras plus.
- Et si je n'ai pas envie d'être son copain...

Il souffla et poussa son plateau sur le côté. Il me regardait désormais dans le blanc des yeux. Il était très sérieux.

- Elizabeth est enceinte... De moi... m'avoua-t-il. Mais elle veut avorter et elle rejette toute la faute sur moi. Toi tu as de la chance que la fille qui te plaît t'apprécie, moi j'ai tout foutu en l'air.

Je le regardais choqué. Elizabeth était enceinte de lui ?

- Attends t'es sérieux là ? Tu es sûr au moins qu'il est de toi ?
- Oui, elle m'a assuré qu'elle n'a couché qu'avec moi durant ces dernières semaines.
- Elle est enceinte de combien de semaines ?
- Je ne sais pas. Elle a préféré ne pas me donner de détails puisqu'elle compte avorter.
- Mec, il pourrait être de moi.
- Non, ne t'inquiète pas. Elle a eu ses règles après que vous ayez couché ensemble.

Je soufflai de soulagement. J'aurais été mort d'ici ce soir si Elizabeth avait été enceinte de moi. Ma mère mais aussi Abigail m'auraient tué.

- Et toi ? Tu veux qu'elle avorte ? lui demandai-je.
- J'ai pas mon mot à dire.
- Mais ça t'arrange qu'elle souhaite avorter non ?
- Ouais mais c'est pas ça le problème. Je crois que je l'aime.

Je me retins de rire. Comment pouvait-on tomber amoureux d'une fille avec si peu de principes et de dignité ? Ou mon pote avait-il laissé son cerveau ?

- Arrête, tu ne peux pas être amoureux d'elle, rétorquai-je. Elle a couché avec la moitié de la ville. J'ai rentré ma bite en elle.
- Mec, je sais, s'il te plaît, t'es pas obligé de le répéter.
- Bon... Alors ? Qu'est ce que tu comptes faire ?
- Qu'est ce que tu veux que je fasse ? Elle me hait.
- Pourquoi ? C'est toi qui n'as pas voulu mettre de préservatif ?
- Non, même pas. On s'est protégé comme d'habitude.
- Mon pote, t'es tombé amoureux d'une salope, il ne peut pas y avoir de bon côté dans ce merdier, lui tapai-je l'épaule.

Je remerciais le seigneur que ce malheur n'était pas tombé sur moi. Je préférerais mille fois être amoureux de Waller que d'Elizabeth. Au moins elle, elle se respectait et elle était une personne de confiance.

...

J'étais assis au fond de la salle en travaux pratiques. Waller n'était pas encore là. J'espérais qu'elle n'était pas en train de se faire courtiser par un petit con. Elle arriva juste avant la sonnerie avec Briana et se dépêcha de me rejoindre pour que Allan ne la remarque pas. Elle posa son sac à ses pieds et sortit ses affaires. Pendant ce temps, je fixais le tableau où le prof écrivait ce qui semblait être des consignes.

- Qu'est ce qu'il s'est passé pour que tu arrives en colère au self ? me demanda Abigail.
- Je suis allé voir mon psy et il y avait ma mère. Ils m'ont tout avoué, lui répondis-je en posant mes yeux sur elle.
- Et tu l'as mal pris... devina-t-elle.
- J'ai l'impression d'être pris pour un con.
- Justin, tu peux pas faire un effort pour une fois ? C'est ta mère merde.
- Et elle sort avec mon psy, tu vois pas qu'il y a un problème ?
- Waller et Bieber ! nous interpella le prof. Pas de bavardage !
- Pardon, s'excusa Abigail.

Elle attendit qu'il ait à nouveau le dos tourné avant de reprendre la discussion.

- Et qu'est ce que tu vas faire ? chuchota-t-elle. Tu vas l'ignorer et l'obliger à ce qu'elle le quitte ?
- J'ai juste besoin de temps pour accepter.

Elle soupira et le prof nous distribua des documents au même moment.

- Tu te rends compte ? Je ne sais même pas comment il s'appelle, repris-je.
- Parce que tu ne lui as jamais demandé.
- Non. Parce que c'était censé rester professionnel entre nous. Et maintenant il pourrait être mon beau père !
- Vois le bon côté des choses, il pourrait vous aider à récupérer Jazmyn.

Pas faux.

- Peut être qu'elle est avec lui pour ça, me dis-je.
- Tu penses que ta mère pourrait utiliser quelqu'un ?
- Non... Elle en est incapable. Elle ose même pas voir Jazmyn en cachette.
- Vous voulez une deuxième heure colle au fond ? nous réprimanda Monsieur Allan. Si vous parlez, c'est pour le TP ! Pas pour vous raconter votre vie !

Nous décidâmes de nous mettre enfin au travail. Pour une fois, j'étais celui qui travaillais le plus et Abigail me regardait avec des yeux étonnés et un air amusé. Peut être qu'il fallait que je m'habitue à travailler si je voulais réussir plus tard.

Tout allait parfaitement bien jusqu'à ce que la fille aux yeux bleus à côté de moi décide de poser sa main sur mon entre jambe et de presser ses doigts sur mon pénis. Je déglutis péniblement. Elle ne pouvait pas faire ça maintenant.

- Arrête Waller, murmurai-je. Te venge pas ici.

Je savais très bien quel était son but. Je l'avais doigté ici il y avait quelques semaines. Elle voulait me rendre la monnaie de ma pièce.

- Même combat, même crasse, me dit-elle.

Je souris. Je pouvais très bien ôter sa main et lui interdire de me faire du bien ici et maintenant mais je n'avais jamais fait ça auparavant et il était clair que ça m'excitait plus qu'autre chose. Je la laissais alors glisser sa main dans mon jean puis dans mon boxer. Elle enroula ses doigts autour de mon érection qui commençait à se former.

Je décidai de déboutonner mon pantalon pour lui laisser plus d'espace. Mes paupières se fermèrent à chaque aller retour. Je me retenais de soupirer. La pression autour de ma queue se faisait de plus en plus forte au fur et à mesure que je durcissais. Je serrais les poings. Elle se débrouillait tellement bien.

Mais il fallait que je l'arrête avant d'éjaculer et de rendre la situation embarrassante.

- C'est bon... Je vais venir... Tu peux arrêter...

Elle lâcha mon anatomie et je soupirai. Je reboutonnai mon jean et priais pour que mon érection redescende sans extraire la semence. Je passai une main dans mes cheveux et la regardai. Elle souriait.

- T'as de la chance d'avoir été plus discret que moi.
- Je sais me contrôler moi.
- Les filles ont tendance à gémir plus facilement que les garçons.
- Défends toi comme tu peux Waller, la taquinai-je.

Elle leva les yeux aux ciels et je ris. J'adorais cette fille, le besoin qu'elle avait de me contredire, de me mettre mal à l'aise, de me provoquer et de me défier. Ma vie serait certainement plus ennuyeuse sans elle.

...

Après avoir été chez Abigail pour qu'elle fasse la poussière dans son appartement, nous étions désormais à l'hôpital pour rendre visite à son père. Nous entrâmes dans la chambre silencieuse. Rien n'avait changé. Son père était toujours un corps inerte physiquement.

- Pourquoi il met autant de temps à se réveiller ?
- Parce que tu l'as rué de coups jusqu'à ce que sa tête heurte une table crétin, me répondit Waller.
- C'était pas censé être un accident grave.
- Étant donné qu'il est toujours inconscient, ça l'est.

Je me plaçai à côté de la fenêtre tandis qu'elle s'approchait doucement de son père. Elle le regardait comme si c'était la première fois qu'elle le voyait ainsi. Elle leva lentement sa main, hésitant quelques longues secondes, avant de la poser finalement sur celle de son père qui était sur son ventre.

- C'est la première fois que je le touche depuis qu'il est ici, me dit-elle.

Cela m'énervait de la voir douce avec lui alors qu'il n'avait pas été tendre avec elle. Il ne la méritait vraiment pas.

- Tu me présenterais à lui quand il se réveillera ? lui demandai-je.
- Si c'est pour que ça finisse en bagarre, tu peux oublier.
- Si il ne te fait pas de mal, je ne lui en ferai pas.

Elle me regarda longuement avant de lâcher la main de son père et de s'avancer vers moi. Elle s'arrêta à quelques centimètres de mon corps et j'avais bizarrement d'un coup plus de mal à respirer. Ses yeux bleus me transperçaient. Je n'arrivais toujours pas à me faire à la beauté de son visage.

Sa main se posa sur mon cou et elle s'avança pour faire rencontrer nos lèvres. Mes yeux se fermèrent. Mon coeur se gonfla. Elle m'embrassa tendrement. Comme si elle était ma petite amie et par conséquent comme si j'étais son copain.

Peut être que Valentin avait raison et qu'elle voulait que cela devienne réel. Mais comment pouvais-je en être sûr ? J'étais beaucoup trop effrayé à l'idée de me faire des illusions que je n'osais plus prendre les devants.

- On y va ? proposa-t-elle après avoir mis fin au baiser.

Je la suivis et nous quittâmes l'hôpital. Dans la voiture, elle me racontait comment était sa vie d'avant, quand sa mère était encore là. Elle me disait que ses parents avaient eu pour projet d'acheter une maison de vacances en Floride au bord de la mer sous le soleil mais que désormais ce n'était plus réalisable à cause de tout l'argent que son père avait dépensé en si peu de temps.

J'aimais l'écouter parler. Elle était la première qui ne m'ennuyait pas avec ses histoires.

- Tu vois, me dit-elle, je lui en veux de m'avoir dit qu'on se serrerait les coudes et que tout irait bien pour finalement avoir décidé de tout détruire.
- Peut être qu'il ne pensait pas que ça allait être aussi dur.
- Mais c'est dur pour nous deux Justin. Mais moi je ne rejette pas mon mal être sur lui.
- Ton père est perdu. Il a perdu la personne dont il voyait sa vie à travers. Pour lui c'est comme si le bien en lui était parti avec elle. C'est pour ça qu'il qu'il a besoin d'aide et que tu devrais tout avouer à la police.

Je n'avais pas oublié la mission que m'avait donné ma mère en premier lieu ; convaincre Abigail de dire la vérité. Peut être que maintenant qu'elle m'appréciait, elle m'écouterait plus.

Elle sourit nerveusement et détourna le regard.

- Je n'arrive pas à croire que tu parles comme ça, me dit-elle.
- Je te parle sincèrement et sérieusement.
- Je sais mais...

Elle marqua une pause pour prendre sa respiration.

- ...laisse tomber.

Nous arrivâmes au même moment devant chez moi ce qui écourta la discussion. Nous sortîmes de la voiture avec nos sacs de cours. À l'intérieur, il n'y avait personne. Ma mère n'était donc pas rentrée. Abigail se servit à grignoter tandis que je sortis une cigarette pour fumer.

- Tu comptes retourner travailler ? lui demandai-je.
- Je pars à Harvard la semaine prochaine, ça ne sert à rien que je reprenne maintenant.
- Harvard... J'avais oublié, dis-je après avoir inspiré sur ma clope.
- Je vais te manquer, c'est ça ? sourit-elle.

Je ris pour toute réponse ce qui la fit rire aussi. Puis elle posa son verre et m'informa qu'elle allait dans ma chambre pour réviser l'histoire. Je terminai alors en silence et tranquillement ma cigarette. Entre temps, je reçus un message de ma mère qui me dit qu'elle était encore au travail et qu'elle serait de retour dans une bonne heure.

Je posai mon téléphone sur la table basse et rejoignis Abigail. Je la retrouvai cinq minutes plus tard allongée sur le lit, ses affaires de cours posés à côté d'elle. Elle semblait réfléchir, le regard fixant le plafond.

- T'en as déjà marre ? lui demandai-je après avoir fermé la porte.
- J'ai trop de questions dans ma tête, me répondit-elle sans bouger.

Je partis m'allonger à côté d'elle après avoir ôté mes chaussures et mes chaussettes. Elle se tourna vers moi.

- Des questions à propos de quoi ?
- Rien.
- Tu fuis encore la discussion Waller.
- C'est des questions dont je connais déjà les réponses mais qui me trottent dans la tête quand même.

Elle se redressa et s'appuya avec son coude. Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. Je la regardais avec désir. J'avais un besoin constant de la toucher, de l'embrasser, de la sentir contre moi.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, ses doigts glissèrent le long de mon bras. Ma peau frémit. Elle analysait chacun de mes tatouages comme si c'était des oeuvres d'art.

- Tu en as pour ta mère ou ta soeur ? me demanda-t-elle.
- Non. Je n'ai pas le droit de choisir. C'est mon ami qui s'occupe des motifs.
- Mais tu peux lui demander de t'en faire un spécial.
- Dans ce cas, je devrais le payer.
- C'est quel genre d'ami ça ? rit-elle.

Elle s'allongea à nouveau sur le dos et je m'appuyais à mon tour sur mon coude, tourné vers elle.

- Et toi ? Tu ne veux pas de tatouages ?
- Non. Si je veux devenir une grande business woman un jour, c'est interdit.

Je ris puis une idée me vint en tête. Je cherchais dans sa trousse un feutre noir et en trouvai un. Je poussai le reste de ses affaires par terre. Abigail me regardait intriguée mais ne me cria pas dessus pour ça. J'attrapai délicatement son bras et arrachai de mes dents le capuchon du feutre.

Je marquai sur sa peau beige "babe" puis levai mes yeux sur elle pour voir sa réaction. Elle sourit. J'ôtai alors le capuchon de mes dents pour le jeter au sol puis je m'assis le dos contre le mur. Je lui fis signe de prendre place sur mes jambes et elle posa sa tête sur mes cuisses, son corps perpendiculaire au mien.

Je repris le même bras et écris sur l'avant de ce dernier "j'aime bieber" ce qui la fit rire.

- Évidemment, dit-elle avec ironie.

Je souris. J'étais content qu'elle prenait ça à la rigolade. Elle savait très bien que je faisais ça pour l'embêter. Puis mes doigts glissèrent vers l'intérieur de sa main où je marquai "mienne" presque impromptement. Cette fois ci, elle se redressa et son visage arriva à ma hauteur. Elle me regarda surprise comme si je venais de lui révéler quelque chose.

- Mienne ? répéta-t-elle.

Mon regard descendit sur ses lèvres longuement avant que les miennes les embrasse. Elle se laissa faire. Je jetai le feutre aveuglement et la fis allonger sans nous détacher. Elle était réceptive à chacun de mes mouvements. Désormais au dessus d'elle, j'étais prêt à lui dire cette chose qui m'avait tiraillé la tête pendant quelques jours maintenant. Cette chose dont j'étais certain maintenant que c'était ce que je désirais. Je ne pouvais attendre plus longtemps. J'étais déjà dans ma lancée.

J'interrompis notre baiser et la regardai droit dans les yeux.

- Abigail, je veux être le premier.

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