Chapitre 21

«Je ne peux pas me passer de toi.»

Point de vue d'Abigail.

Je sortis du lit en essayant de faire le moins de bruit possible. J'attrapai un gilet puis partis dans la cuisine où la mère de Justin vacait déjà à ses occupations.

- Bonjour, lui dis-je.
- Bonjour Abigail ! Tu es décidément très matinale !

Nous nous fîmes la bise. J'étais quand même contente d'avoir pu mettre un visage sur la personne qui me voulait tant de bien même si cela me gênait de recevoir tant de sympathie. Pattie était une femme qui avait la joie de vivre bien que les descriptions que Justin avait pu faire à son sujet quand on parlait par message ne l'avait pas laissée croire ainsi.

Il avait de la chance de l'avoir avec lui. J'aurais aimé pouvoir passer du temps avec ma mère aujourd'hui. Elle. Et non sa tombe. D'ailleurs nous étions dimanche et je devais m'y rendre.

- Dis moi, comment tu as su pour le psy de Justin et moi ? me demanda-t-elle subitement.
- Alors c'est vraiment vrai ?
- Oui. Ça fait depuis quelques mois.
- Pourquoi vous ne lui avez pas dit ?
- Parce que j'ai peur de sa réaction, m'expliqua-t-elle. Je sais que ce n'est pas facile pour lui de faire confiance à un autre homme qui pourrait faire longtemps partie de notre vie.
- Justin est intelligent, il comprendra.
- Tu penses ? Il est souvent buté sur les bords, rit-elle nerveusement.
- Quand il s'agit de vous, il va souvent dans votre sens, argumentai-je. La preuve, si je suis là aujourd'hui c'est parce que vous l'avez demandé.

Elle me regarda longuement tout en réfléchissant.

- Tu as raison. Je vais lui en parler sérieusement. Merci Abigail, me sourit-elle.
- Je n'ai rien fait, lui souris-je en retour.

Après avoir petit-déjeuné, je partis me préparer dans la salle de bain. Justin dormait toujours, profitant de sa dernière grasse matinée. Même si il avait réussi à m'arracher un sourire voire un rire hier, je lui en voulais toujours et je n'étais pas prête à lui pardonner d'aussi tôt. Je voulais qu'il rame, qu'il voit que tout n'était pas acquis dans la vie mais surtout que je n'étais pas à ses pieds et que je pouvais très bien me passer de lui.

Quand je retournai dans le salon, Justin s'était enfin levé et semblait attendre quelque chose, assis sur le canapé. Ses yeux se levèrent et se posèrent sur moi. Son regard glissa le long de mes épaules dénudées avant de s'arrêter sur mes pupilles.

- J'y vais, déclarai-je à Pattie qui préparait déjà le déjeuner.
- Justin va t'accompagner, me dit-elle. Le cimetière n'est pas tout proche.
- C'est un moment que je préfère passer seule.
- Il t'y emmènera juste. Il t'attendra à l'entrée.

J'avais l'impression qu'elle essayait d'arranger les choses entre son fils et moi. Ce que je comprenais, nous cohabitions désormais ensemble. Et je voulais bien faire des efforts. Je n'étais pas là pour mettre une mauvaise ambiance.

- D'accord, acceptai-je.

Justin se leva, ses clés à la main. Nous quittâmes l'appartement pour regagner sa voiture. Nous ne disions rien. À l'intérieur, j'attachai ma ceinture puis il démarra.

Il faisait beau. L'été était presque là. Il n'était plus possible pour moi de porter des vêtements longs. J'étais bien contente de ne plus avoir de marque à cacher.

Justin regardait droit devant lui. J'avais l'impression que c'était à son tour d'être contrarié. Avait-il inversé les rôles pour que je revienne vers lui ? Je décidai de ne pas dire un mot non plus et le trajet se fit alors en silence. Je me séparai de lui pour entrer dans le cimetière. Je m'assis devant la pierre tombale de ma mère. Je sortis mon carnet et mon stylo puis commençai à écrire.

«Maman,
Comment tu vas ? Papa ne s'est toujours pas réveillé. J'espère qu'il n'est pas en route pour te rejoindre car j'ai besoin de lui malgré tout. Il ne mérite pas une mort si subite et de cette manière. Je continue à croire qu'il se réveillera parce que ça ne peut pas être autrement. Et même si il serait certainement plus heureux là haut et avec toi, il est mon père et il doit être auprès de moi.
Je me suis disputée avec Justin et je te déteste le fait que ça m'affecte. Je commence à prendre conscience de ce qu'il se passe à l'intérieur de moi et c'est dur à accepter. D'autant plus quand je sais qu'il ne me fera pas de cadeaux.
Pourquoi tout n'est que compétition entre nous ? Pourquoi c'est si difficile de mettre notre fierté de côté ?
Je finirais bien par comprendre un jour. Je te laisse. À bientôt. Je t'aime.»

En fermant mon carnet, les larmes coulèrent sur mes joues. J'étais triste. Malgré ma place à Harvard, malgré la gentillesse que je recevais, malgré tout. Plus que triste, j'étais bouleversée. Par la situation de mon père, par mon avenir incertain et par les sentiments que j'avais envers Justin. Parce que oui j'avais des sentiments pour lui et j'en étais certaine désormais.

Mais il était hors de question pour moi de lui dire quoi que ce soit.

Il pourrait prendre peur ou juste me briser le coeur en deux. Et la chute serait bien pire que celle que j'avais eu à la plage. J'essuyai mes larmes et retournais vers la voiture avant qu'il finisse par venir me chercher parce que je prenais trop de temps.

Je repris place sur le siège passager et nous nous en allâmes. Il était clair que Justin voulait que je ressente son manque en décidant de perdre l'usage de la parole. Très bien. Il voulait jouer à ce jeu, il pouvait être sûr qu'il perdrait.

Nous retournâmes chez lui. Sa mère nous demanda si tout s'était bien passé et je lui répondis positivement. Justin était déjà parti se réfugier dans sa chambre.

- Abigail, m'appela Pattie.

Je m'approchai d'elle.

- Qu'est ce qu'il s'est passé entre Justin et toi ? me questionna-t-elle. Je veux dire, pourquoi vous ne vous parlez pas ?
- Oh... Euh... C'est compliqué, grimaçai-je.
- Tu peux tout m'expliquer.

Elle sortit de la cuisine et proposa de nous asseoir sur la canapé. Je la suivis. Je ne savais pas si Justin lui avait raconté les choses que nous avions faites ainsi je ne savais pas si c'était une bonne idée de les lui dire.

- C'est juste compliqué, dis-je une fois assise.
- Pourquoi c'est compliqué ? Abigail, Justin est venu me demander des conseils à propos de votre relation et...
- C'est vrai ? la coupai-je surprise. Il a fait ça ?

Pourquoi avait-il fait ça ? Cela voulait-il dire que c'était important pour lui ?

- Oui. Plusieurs fois. Alors je t'avoue que je connais quelques détails sur votre relation mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. Pourquoi vous n'arrivez pas à vous entendre ? Je suis sûre que vous pourriez être de très bons amis au moins.
- Je ne sais pas. C'est plus fort que nous. On a besoin de montrer qu'on n'est pas attaché à l'autre.
- Mais est ce que c'est la vérité ? Tu n'es pas attachée à Justin ?

Je baissai les yeux. Devais-je être totalement sincère avec elle ? Et si elle comptait dire ce que je lui dirais à son fils ? Je ne voulais pas que ce dernier prenne l'avantage sur moi.

- Je ne veux pas l'être, répondis-je finalement. Parce que je sais que je finirai par être déçue.
- Rien n'est impossible.
- Non mais Justin s'attacher à moi, ça c'est impossible. C'est votre fils, vous le connaissez et vous savez aussi bien que moi qu'il ne fait pas dans le social.

Elle me regardait sans savoir quoi dire.

- Il m'a dit que je ne devais rien attendre de lui et c'est tout ce que je retiens de notre relation.
- Je comprends mais je suis certaine que les choses peuvent s'améliorer.
- Elles le peuvent oui mais ça restera éphémère. Il m'oubliera dès qu'il aura trouvé mieux et il trouve toujours mieux.

Le concerné refit son apparition. Nous décidâmes alors d'en rester là avec cette discussion. Je partis dans la salle de bain me rafraîchir le visage et quand je m'éloignai, j'entendis Pattie vouloir une discussion avec son fils. Elle comptait sûrement lui parler de sa relation avec son psy. Je décidai alors de les laisser seuls.

...

Briana était de retour de son voyage en Irlande. Elle m'avait appelée pour qu'on se retrouve pour boire un verre toutes les deux. J'avais hâte de la revoir même si je savais qu'elle allait m'assaillir de questions.

Je me parfumai puis quittai Pattie pour rejoindre ma meilleure amie. Justin était parti voir Valentin et Kenneth en début d'après midi. J'imaginais que Clara était avec eux aussi et rien qu'à l'idée d'y penser, cela m'énervait.

Je retrouvai ma blonde aux yeux verts devant un pub. Elle me sauta dans les bras.

- Abby ! Tu m'as manquée ! s'écria-t-elle.
- Toi aussi Bri !

Elle se détacha de moi et vérifia que je me portais bien physiquement.

- Tout va bien Briana, la rassurai-je.
- Tu as l'air fatiguée, me fit-elle remarquer.
- C'est normal.
- Mais tu es toujours très jolie. J'adore ton haut !
- Merci, souris-je.

Nous entrâmes dans le pub et nous nous assîmes à une table pour quatre. J'étais vraiment contente de revoir son visage. Elle n'avait pas bronzé - pas étonnant puisqu'elle était partie en Irlande - elle avait bonne mine malgré le décalage horaire, elle avait détaché ses beaux cheveux et portait un nouveau haut qu'elle avait dû acheté durant ses vacances.

Nous commandâmes nos verres puis Briana s'empressa de me poser des questions.

- Comment tu vas ?
- Bien et toi ? Raconte moi tes vacances.
- Super mais je ne veux pas te faire jalouser alors que tu as des problèmes en ce moment, me répondit-elle. Ton père n'a toujours pas réouvert les yeux ?
- Non.
- J'espère que Bieber commence à se rendre compte de ce qu'il a fait.
- On s'est disputé.
- Encore ?
- Pour de bon.

Elle ne put s'empêcher de sourire.

- Mais je vis chez lui, ajoutai-je.
- Alors ce n'est pas pour de bon, dit-elle en faisant disparaître son sourire.

Le serveur arriva avec nos boissons et nous les servit.

- Tu es attirée par lui et il est attiré par toi, vous ne vous abandonnerez pas si facilement.
- Il est plutôt attiré par Clara.
- Clara ? fronça-t-elle les sourcils.
- Clara Fennell, elle est au lycée.
- Ah oui je vois de qui tu parles.

Je bus une gorgée de mon verre.

- Et ça te dérange qu'il soit attiré par elle ?
- Ce qui me dérange c'est qu'il ait déjà couché avec elle mais qu'il continue de la fréquenter, répondis-je. Je pensais être la seule fille qu'il voyait régulièrement.
- Et alors Abby ? Tu sais très bien qu'il s'amuse avec toi.
- Mais pourquoi moi ? Je ne lui ai jamais rien fait de mal. Pourquoi pas elle ?
- Il s'amuse avec elle aussi. Il s'amuse avec toutes les filles.

Je baissai les yeux dans mon verre avant d'en boire à nouveau.

- Vous avez couché ensemble ?
- Non.
- Tu as l'intention que ça se produise un jour ?
- Non plus. Il va me laisser tomber quand mon père se réveillera. Je ne veux pas lui laisser une place si importante dans ma vie, expliquai-je.
- Je crois qu'il en a déjà une Abby.
- Non, refusai-je. Axel est et restera mon vrai premier petit ami. Justin ne l'est pas.
- Mais Justin a fait quelque chose qu'aucun autre garçon n'a jamais fait avec toi.
- Ça ne compte pas.

Briana soupira. Je savais que je me voilais la face mais c'était encore difficile d'admettre que j'avais été trop facile pour Justin.

- Tu aurais aimé que ça ne compte pas. Mais ça compte et ça comptera toujours Abigail.

Elle me regardait droit dans les yeux d'un air désolé. Mais elle ne devait pas l'être. C'était de ma faute et puis j'avais aimé tout ça avant de me disputer pour de bon avec lui.

- Est ce que tu as des sentiments pour lui ? me demanda-t-elle.
- Peut être.
- Peut être ?
- Sûrement, avouai-je.

Elle prit un air choqué bien que ce n'était pas étonnant. Je n'arrivais pas à croire que je venais d'avouer une chose pareille.

- Putain Abby, tu es dans la merde, me dit-elle.
- Je sais.

Elle but d'une traite le reste de son verre comme si c'était elle qui devait encaisser le coup.

- Avec Axel c'était tellement plus facile, dis-je. Pourquoi je ne me suis pas contentée de lui ? me maudis-je.
- On désir l'indésirable.
- Et Axel, il m'a avoué il y a quelques jours qu'il voulait se remettre avec moi. Je ne lui ai même pas donné de mes nouvelles depuis.
- Il veut se remettre avec toi ? Malgré tout ?

J'hochai la tête.

- Tu devrais mettre les choses au clair une bonne fois pour toute avec lui, me conseilla-t-elle.
- Je sais mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je ne veux pas le blesser, je lui ai déjà fait assez de mal.
- Tu n'as qu'à l'appeler et lui dire de venir. Je resterai avec toi.
- Ça sera encore plus humiliant pour lui si tu es là.
- Oui mais comme ça tu auras le courage de lui dire tout ce que tu penses au lieu de rester indécise.

J'avais l'impression d'agir comme une lâche si je réglais notre histoire devant Briana mais je ne voyais pas comment m'y prendre autrement. Si je me retrouvais seule face à lui, je ne saurais pas lui dire non et notre relation n'aurait donc jamais vraiment de fin.

Je décidai donc d'accepter et j'appelai Axel pour lui dire de nous rejoindre. J'étais maintenant nerveuse. Je commandai un autre verre en attendant histoire de faire redecendre la pression. Ma meilleure amie essayait de me rassurer tant bien que mal mais je n'étais pas confiante. Il fallait que je me fasse violence.

...

Étonnement, tout s'était bien passé. Axel avait accepté ma décision et d'ailleurs, il m'avait même dit qu'il préférait qu'on reste ainsi voyant que j'avais perdu toute attirance pour lui. De plus, il retournerait bientôt en Italie et il ne voulait pas partir sur une mauvaise note. J'étais soulagée. Je ne l'avais pas perdu.

J'étais sur le canapé, révisant mes cours d'histoire tranquillement. Pattie était de sortie, sûrement en rendez vous avec son copain. Justin n'était toujours pas de retour. Heureusement pour moi que j'avais le double des clés.

Quand je commençai à m'endormir, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Je me retournai pour voir de qui il s'agissait. C'était Justin. Il se dirigea directement dans la cuisine tandis que je replongeai mes yeux dans mon cahier.

Je faisais désormais mine de travailler puisque toute ma concentration était portée sur les éventuels bruits que faisait Justin derrière moi.

Puis il déboula sur l'autre angle du canapé, un verre à la main. Il posa le récipient sur la table basse et ôta son t-shirt sans gêne devant moi. Était-ce un autre stratagème de sa part pour que je cède ? Sans aucun doute ça l'était.

Il jeta son vêtement à côté de lui et se mit à l'aise. Son regard croisa le mien avant de s'y planter finalement. Une bataille de regard débuta. Le premier qui dériverait ses yeux de leur trajectoire aurait perdu. Je résistais un instant mais cela m'agaça très rapidement. Ne pouvait-il pas parler au lieu de me fixer ainsi ?

- Bieber ? cédai-je.
- Babe, dit-il avec un sourire narquois.

Il était content, il avait gagné. Je préférai me lever et quitter la pièce. Je l'entendis rire. J'ignorais cela et m'allongeai sur son lit après avoir posé mon cahier sur mon sac. Je soupirai. Il fallait que je dorme et me repose pour la rentrée. Mais Justin revint à la charge et entra dans sa chambre. Il referma la porte derrière lui et s'allongea sur le dos - de la même façon que moi - à mes côtés. Il n'était pas prêt à me laisser tranquille on dirait.

- Manipulateur, lâchai-je.
- Intelligent plutôt.
- T'as pas le droit de m'ignorer alors que c'est toi qui es en tort.
- Je voulais te montrer quel effet ça faisait. Et tu ne peux pas te passer de moi on dirait.
- Parle pour toi, rétorquai-je.

Il tourna sa tête vers moi alors je fis rencontrer nos yeux. Ses cheveux tombaient sur le côté. Il était à la fois sexy et adorable.

- Tu as raison. Je ne peux pas me passer de toi Abigail.

Je le regardais surprise. Mon ventre se retourna. Était-il sincère ou se moquait-il de moi ? Pourquoi me déclarait-il ça maintenant ?

- Que tu sois mon ennemie, ma rivale, la fille avec qui j'ai l'habitude de partager mes secrets ou juste Abigail Waller, je ne peux pas me passer de toi, continua-t-il.

Mon ventre se retourna une nouvelle fois. Mon coeur se gonfla. Il me faisait fondre. Pourquoi me faisait-il ça ? Avait-il changé de décision par rapport à notre relation ? Je ne comprenais plus rien.

- Arrête d'essayer de me récupérer Justin, arrête de faire en sorte qu'on soit en bons termes alors que tu me laisseras tomber quand j'aurais quitté l'appartement.
- Je veux qu'on s'entende bien.
- Clara en a déjà fini avec toi ?

Il rit nerveusement avant de reprendre son sérieux.

- Putain, si seulement tu voyais que j'en ai rien à foutre d'elle.
- Si ce n'est pas elle, ça sera une autre et je passerais au second plan à chaque fois.
- Tu veux être mon exclusivité ? me demanda-t-il.
- Je ne veux plus jouer.

Il se redressa et bascula au dessus de moi. Ma respiration se coupa. Il colla son front au mien. Ses yeux m'électrisèrent.

- Je ne veux plus jouer non plus, me murmura-t-il presque.
- Je ne te crois pas.
- Il faut que tu me crois. Je suis sincère.

Mes yeux descendirent sur ses lèvres avant de remonter sur les siens. Je ne savais pas si je devais le croire. Pouvais-je lui faire confiance ?

- Et même si tu es sincère, ça ne change rien. Nos chemins se sépareront à la fin de l'année.

Je me redressai l'obligeant à faire de même. Il se mit sur le côté et je pus me lever et quitter le lit. Il me fixait presque impuissant. Je partis de la pièce. J'avais presque cédé mais je ne l'avais pas fait. J'étais très fière de moi.

Je ne pouvais croire ce que Justin me disait et accepter notre entente sans en voir les conséquences. J'avais beaucoup trop peur de me retrouver le coeur brisé. Il était un bon joueur et évidemment plus expérimenté que moi dans ce domaine. Il avait l'habitude de fréquenter beaucoup de filles et de mettre son coeur de côté. Je ne connaissais pas ça et même si j'avais été une bonne joueuse jusque là, j'avais été rattrapée par mes sentiments.

...

Nous étions lundi et il était temps de retourner en cours. Comme l'avait exigé Pattie, Justin et moi ferions tous les jours le trajet ensemble étant donné que nous étions dans la même classe.

Le silence était toujours parmi nous malgré la discussion que nous avions eu. Mais au fond de moi, j'avais juste envie de le prendre dans mes bras. Tu es devenue niaise Abigail, c'est minable.

Durant la première heure de cours, Justin reprenais ses bonnes habitudes. Il me provoquait depuis le fond de la classe mais j'avais l'impression que c'était plus pour m'amuser que pour me blesser.

- Tu es devenue si folle de lui que tu ne veux même plus le provoquer en retour ? me demanda Briana.
- Bri je ne suis pas folle de lui et je préfère le laisser tout seul dans sa provocation.

Un sourire ne pouvait s'empêcher de naître sur mes lèvres. C'était le Justin que je détestais et j'adorais ça. Ce n'était pas très cohérent mais c'était comme ça que ça fonctionnait.

En cours de sciences, nous étions assis à côté comme le professeur Allan le voulait. Je me demandais ce que Bieber comptait faire pour attirer mon attention encore une fois.

- Nous allons maintenant étudier la génétique et l'évolution, commença Monsieur Allan. Sur vos tables vous avez un exercice où tout est expliqué et vous devez répondre à la problématique "Pourquoi cet homme est-il stérile ?"

Je pris l'une des feuilles qui étaient identiques et commençai à lire en essayant de ne pas faire attention au garçon assis à côté de moi. Je débutai ensuite l'exercice, très concentrée à comprendre ce nouveau chapitre puis je vis Justin me glisser une feuille devant moi.

Je relevai la tête et regardai ce qu'il y avait dessus. C'était la feuille d'exercice mais il avait entouré l'anatomie de l'homme schématisé et avait marqué "mon pénis est plus grand, n'est-ce pas ?" Je posai mes yeux sur lui et ris.

- Tu es toujours aussi con, lui dis-je.

Il sourit fier de sa bêtise et récupéra sa feuille. Je replongeai mes yeux dans l'exercice bien que quelque peu troublée par son intervention. Je le terminai au bout d'une demie heure.

Le professeur releva ma copie et me chargea alors d'aider Justin qui selon lui semblait avoir du mal à comprendre alors qu'en réalité, il n'avait même pas essayé de comprendre. Je me tournai alors vers lui et il affichait un sourire suffisant content de savoir que j'allais devoir m'occuper de lui.

- Tu as juste à lire l'énoncé et les documents et je suis sûre que ton intelligence reviendra, lui dis-je.
- Tu sais que c'est pas facile quand tu as une jolie fille qui te perturbe à côté.

Je roulai des yeux. Il était capable de tout pour que je le pardonne jusqu'à se forcer à me faire des compliments.

- Justin, tu es un mauvais dragueur.

Je décidai de lui expliquer l'exercice pour l'empêcher de dire une bêtise de plus. Il faisait mine de m'écouter mais je savais très bien qu'il avait autre chose en tête.

- En fait t'es une bonne prof Waller. Et bonne dans tous les sens du terme.
- Tais-toi.

La sonnerie retentit. Je rangeai mes affaires et rejoignis Briana. Elle me regardait avec insistance pour savoir si il y avait eu un rapprochement. Je lui réponds négativement bien qu'il y en avait eu un.

À l'heure du déjeuner, nous prîmes place au self. Tout allait normalement. Briana me racontait ses vacances. Je l'écoutais attentivement. Jusqu'à ce que quelque chose vint me déranger au coin de l'oeil. Je tournai les yeux et vis une fille brune saluer Justin de la main avant de s'asseoir à la table d'à côté. Le tatoué la suivait du regard avant de se reconcentrer sur ses amis. Elle ressemblait beaucoup à la fille qui était au feu de camps.

- C'est Clara Fennell, me dit Briana voyant que j'étais distraite.
- Elle est magnifique, dis-je.
- C'est vrai mais ne te mets pas en concurrence avec elle pour Justin.
- Non. Bien sûr que non. Je ne me battrais pas pour Bieber.

Je préférais encore me battre contre mes sentiments plutôt que pour Justin.

- Je n'aurais jamais cru qu'elle pourrait coucher avec lui, reprit Bri. Je pensais que c'était important pour elle d'être en couple.
- Elle doit être discrète.
- Et c'est peut être ça qui lui plaît. Ils peuvent coucher ensemble autant qu'ils le veulent, personne n'en saura jamais rien. Comme avec toi.
- Je ne comprends pas pourquoi il se cache autant et pourtant il veut quand même être au centre de l'attention, dis-je.

C'était Justin. Il était contradictoire.

- D'ailleurs, en parlant de cachette, continuai-je. Valentin nous a découverts.

Elle prit un air surpris.

- Tu sais qu'il le répétera à tout le monde Abby ?
- Oui je sais mais pour l'instant, on dirait qu'il a réussi à se tenir. Il n'y a eu aucun regard indiscret envers Justin ou moi.
- Ça ne va pas durer.
- On verra.

J'avais eu une discussion très intéressante avec Valentin quand il m'avait raccompagnée chez moi. Je lui avais avoué que je n'étais plus avec Axel et que c'était d'ailleurs pour ça qu'il n'y avait aucun problème au fait que je vivais chez Justin. Lui m'avait dit qu'il était amoureux d'une fille mais ne m'avait pas précisé de qui il s'agissait.

Je n'aurais jamais cru qu'il tomberait amoureux d'aussi tôt. Je m'étais même imaginée qu'il profiterait de ce moment à deux pour tenter une dernière fois un rapprochement avec moi. Je m'étais trompée.

Je jetai un dernier regard à Bieber qui discutait tranquillement avec ses amis avant de quitter la grande salle avec Briana.

...

J'avais donné la totalité des prises de notes à Monsieur Beaton et il m'avait dit qu'il prendrait le temps d'examiner tout ça avant de donner la date du devoir à Justin. Il avait ajouté qu'il aimerait que ce dernier passe le voir pour discuter longuement. Je lui avais dit que je lui en informerais.

Je le fis ainsi par message étant donné que je préférais ne pas lui adresser la parole. Le trajet du retour s'était par conséquent effectué en silence. En arrivant à l'appartement, nous trouvâmes Pattie en train de discuter avec deux policiers.

- Abigail Waller ? se retourna l'un d'entre eux vers moi.
- Oui c'est moi, dis-je en posant mon sac par terre.
- Ah ! C'est vous que nous cherchions !
- Je suis là, souris-je nerveusement.

Justin s'en alla directement dans sa chambre. Merci du soutien.

- Tout va bien ici ? Tu t'y sens bien ?
- Oui. Oui bien sûr. Pattie est adorable avec moi. Je ne manque de rien.
- Très bien. Nous voulions nous assurer que vous viviez bien ici. Tâchez de rester avec eux jusqu'à ce que votre père se réveille.
- Oui, évidemment, approuvai-je.
- Passez une bonne soirée. Au revoir mesdames.

Les deux agents nous saluèrent puis partirent. Je remerciai la mère de Justin pour être restée fidèle envers ce qu'elle s'était engagée. Puis je m'apprêtais à rejoindre la chambre à mon tour quand elle me rappela.

- Oui ?
- Ça ne s'est toujours pas arrangé entre Justin et toi ? me demanda-t-elle.
- C'est toujours compliqué.
- Tu sais, Justin n'a jamais emmené aucune fille ici. Ni même ses amis du lycée, Kenneth et Valentin, quelque chose comme ça. Ça doit l'affecter qu'une personne avec qui il décide de faire une exception ne voit pas les efforts qu'il fait.

Pardon ? Justin n'avait jamais emmené de fille chez lui jusqu'à ce qu'il le fasse avec moi ? Et moi qui m'étais jurée du contraire ! Je n'arrivais pas à y croire !

- Mais c'est parce que vous l'avez demandé, rétorquai-je.
- Oh, si Justin n'avait vraiment pas voulu que tu viennes, tu ne serais pas venue.
- Je ne sais pas...
- Vous êtes jeunes ! Vivez au jour le jour ! Vous avez toute la vie devant vous pour vous disputez pour des futilités ! J'ai besoin de la joie de vivre chez moi !

J'ébauchai un sourire. Peut être qu'elle avait raison. Peut être que je me prenais trop la tête pour rien et que je faisais payer à Justin plus qu'il ne devrait avoir à payer. Prise d'un élan, je regagnai sa chambre où il était allongé sur le lit, les bras sous sa tête, les yeux fixant le plafond.

Je m'avançai d'un pas décidé vers lui avant de monter sur le matelas et de m'asseoir à califourchon sur lui, au niveau du bas de son ventre. Il me regarda surpris. Je posai mes mains sur son torse et pris un air sérieux.

- J'ai tenu plus ou moins deux jours mais je n'en peux plus, déclarai-je.
- Qu'est ce que tu veux dire ? me demanda-t-il un sourire en coin.

Je basculai en avant. Plus aucun centimètre séparait nos fronts. Je posai mes mains sur ses joues. Il entrouvrit la bouche.

- Je t'en veux plus, murmurai-je.

Nos lèvres avaient été séparées beaucoup trop longtemps. Je ne pouvais plus résister. Je fis rencontrer nos bouches. Mes yeux se fermèrent. La température avait désormais triplé. Ses mains attrapèrent mes hanches et me serrèrent très fort. Je ne voulais plus le lâcher. Je ne voulais plus me disputer avec lui.

- C'est vrai, je ne peux pas me passer de toi, lui avouai-je.
- Je te l'avais dit, je suis irrésistible.

Je souris sur ses lèvres avant de l'embrasser encore plus passionnellement. Les papillons s'étaient logés dans mon ventre et me renversaient. Il me rendait euphorique, folle, contradictoire, déstabilisée, juste hors de moi.

- Tu restes un salaud Bieber.

Il aggripa ma lèvre inférieure de ses dents pour toute réponse avant de la relâcher. Je lâchai un soupir.
Soudain, quelqu'un toqua à la porte puis cette dernière s'ouvrit rapidement. Pattie apparut et se figea en nous découvrant dans une position pareille.

- Oh pardon ! s'écria-t-elle. Je reviendrais plus tard !

Elle fit un pas en arrière et referma la porte aussitôt. Justin et moi échangeâmes un rire.

- Je vais la voir, me dit-il.

J'hochai la tête et me détachai de lui. Il se leva et quitta la pièce. Je décidai finalement de le suivre. Nous retrouvâmes sa mère dans le salon. Elle nous sourit en nous voyant. Je croisais les bras sous ma poitrine un peu gênée.

- J'imagine que ça s'est arrangé entre vous, nous dit-elle.
- Oui, affirma Justin.
- En couple ?
- Euh... Non, dit-il en se grattant la tête. On profite pour l'instant.
- Vous avez raison.
- Qu'est ce que tu voulais nous dire ?
- Que le repas est prêt.

Nous passâmes ainsi à table. Je me sentais soulagée, plus libérée. J'espérais que nous arriverions à nous entendre plus longtemps cette fois ci. Je voulais croire que les choses pouvaient changer.

...

Coucou, j'espère que tout le monde va bien et que vos examens se sont bien passés ! Moi ça va !
Je vous fais de gros bisous !

Christel

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