Chapitre 20

«Tu es plus attirant quand tu ne dis rien.»

Point de vue de Justin.

Je me réveillai sans Abigail à mes côtés. Je frottai mon visage. J'avais encore merdé. J'admettais y être allé un peu fort avec elle mais elle l'avait cherché. Putain. Pourquoi était-elle si susceptible ? Je n'étais plus qu'un étranger pour elle. Elle ne m'avait pas adressé la parole de la soirée ni même jeté un seul regard. Je m'étais senti con parce que je commençais à réaliser qu'elle comptait pour moi mais cela ne semblait pas être réciproque.

Je ne devais pas me prendre la tête pour ça surtout que nous étions vendredi et que ma mère serait de retour aujourd'hui. Grâce à Waller, l'appartement n'était pas dans un mauvaise état mais je devais quand même m'occuper de ranger quelques affaires.

Je n'étais pas dans mon assiette, je l'avouais même si j'avais réussi à apprécier ma soirée en compagnie de Clara. Si j'avais su avant qu'elle avait le même humour que moi, je me saurais intéressé à elle plus sérieusement plus tôt. Nous n'avions pas couché ensemble. Je n'avais plus d'attirance sexuelle pour elle. Du moins, plus pour le moment.

Je reçus un appel de ma mère. Je décrochai.

- Allô ?
- Maman.
- Mon fils ! Comment tu vas ? s'écria-t-elle.
- Ça va, ça va. Et toi ?
- Tout va bien. Tout s'est très bien passé. Et de ton côté ? Abigail est là ?

Je pris quelques secondes avant de répondre.

- Non. Elle est partie.
- Où ?
- Chez elle. La cohabitation n'est pas possible maman, expliquai-je.
- Comment ça ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Je... On... C'est dur. On ne peut toujours pas se saquer.
- Justin... Tu avais juste une chose à faire.
- Mais putain maman ! Comprends moi !
- Justin, écoute moi. Ce soir, quand je rentre, je veux voir Abigail à la maison. On discutera. Je te donne juste une chose à faire.

Je soufflai. Pourquoi m'obligeait-elle à faire ça ?

- OK. Je m'en occuperai.
- Est ce que son père est toujours à l'hôpital ?
- Oui. Pas d'amélioration.
- La pauvre... Bon je vais te laisser. Je te fais confiance. À ce soir mon fils.
- Ouais. À ce soir.

Je raccrochai et jetai mon téléphone sur le canapé. J'allais devoir ravaler ma fierté une nouvelle fois pour elle. Lui donner satisfaction. Paraître faible. Je n'en avais clairement pas envie mais je me pliais aux ordres de ma mère.

Avant de partir la voir, je m'occupais enfin de mes inscriptions. Étant donné qu'elles s'arrêtaient dès que nous serions de retour en cours, j'étais bien obligé de m'en charger maintenant. Cela me prit à peine une trentaine de minutes. J'étais plutôt pour commencer à travailler après avoir reçu mon diplôme.

...

J'étais allé sonner chez Abigail mais personne ne m'avait répondu. J'avais alors décidé de me tourner vers l'hôpital. Elle devait être là bas. Je ne savais pour quelle raison mon coeur battait vite. Je semblais nerveux. Moi ? Nerveux à l'idée de lui parler ? C'était un coup à me faire perdre mes moyens ça.

Je me dirigeai directement vers la chambre de son père sans m'arrêter à l'accueil et après une bonne inspiration, j'ouvris la porte sans toquer. Effectivement, elle était bien là et son regard se posa sur moi dès que j'eus franchi la porte. Son visage se ferma. Visiblement, elle n'était toujours pas ravie de me voir.

- Non, Justin, s'empressa-t-elle de dire, vas-t-en.

Je refermai la porte sans l'écouter puis m'avançai vers elle. Elle était assise sur une chaise. Elle portait un long pull léger noir qui faisait croire qu'elle ne portait pas de short en dessous. Elle avait laissé ses cheveux détachés et ne portait pas ses lunettes. Peu importe ce qu'elle portait, elle restait ravissante malheureusement.

- Je dois te parler, lui dis-je.
- Non. Je n'ai pas envie, refusa-t-elle catégoriquement. On s'est déjà tout dit.
- Waller, arrête de faire la tête.
- Mais je ne fais pas la tête, c'est ça que tu n'as pas compris. Je ne veux plus te voir ni te parler. Laisse moi tranquille.
- Ma mère veut te voir ce soir. Chez moi.
- Non, merci.
- T'as pas le choix.

Elle secoua la tête et sourit de manière méprisante avant de me tourner le dos.

- Laisse moi tranquille.
- Tu es vraiment susceptible.
- Attends c'est toi qui me dis ça ? se leva-t-elle.

Je sentais que cette discussion partirait encore au quart de tour, ce que je ne voulais pas. Elle se mit en face de moi. Il n'y avait que de la haine dans ses yeux. Pas cette haine habituelle à cause de la compétition qu'il y avait eu entre nous, mais la haine, la vraie, qui vous donnait envie de tuer la personne à tout moment.

- Monsieur est parfait et ne voit les problèmes que chez les autres, me cracha-t-elle.
- Dis moi ce que j'ai fait de mal encore.
- Encore, rit-elle jaune. Comme si c'était toi la victime dans l'histoire. Je ne peux plus te voir Justin. Pars.

Elle se retourna mais je lui attrapai le bras pour l'obliger à rester face à moi.

- Ne me touche pas, m'ordonna-t-elle en se détachant de mon étreinte.
- Alors on en est arrivé là ?
- Tu ne te rends pas compte du mal que tu fais autour de toi. J'ai essayé de supporter tout ça mais je n'y arrive plus.

Ses yeux se mirent à briller. Elle était au bord de larmes. Non. Waller. Tu ne peux pas pleurer. Pas devant moi. Je détestais la voir dans cet état.

- Du mal ?
- Tu me fais du mal Justin ! éleva-t-elle le son de sa voix. Voilà c'est dit ! Tu étais sur le point de l'embrasser ! Devant moi ! Alors que la veille même on a dormi ensemble ! Tu peux comprendre que ça me fait mal ! Je sais qu'on n'est pas en couple mais respecte moi un minimum putain !

Elle pleurait désormais. Elle essuya ses joues qui furent couverts instantanément de larmes à nouveau. Je ne me sentais pas à l'aise du tout.

- Je ne suis pas un jouet, dit-elle la voix tremblante ce qui serra encore plus cette chose dans ma poitrine.
- Donc c'est Clara le problème ?
- Putain mais c'est toi le problème ! Tu te permets de tout ! Tu n'as pas de limite ! Pourquoi tu me fais ça ? Justin merde ! Tu étais capable de l'embrasser devant moi !

Elle baissa les yeux. Des larmes s'écrasèrent sur le sol. Je serrai ma mâchoire. C'était difficile pour moi de la voir ainsi et d'en être la cause. Je n'avais pas réalisé à quel point cela avait pu la blesser de me voir avec Clara.

- Je ne pensais pas que ça pouvait te faire autant de mal. Je te jure que je ne voulais pas te blesser.

Elle me fixait. Ses yeux me tuaient de l'intérieur. Elle semblait résignée. Elle n'espérait plus qu'un jour nous arrivions enfin à ne plus nous déchirer.

- Ne m'en veux pas Abigail.
- Je ne peux pas faire autrement. Tu m'as tellement blessée. Justin, tu avais juste à calmer tes hormones quelques minutes.
- Je sais que j'ai merdé.
- Tu ne sais pas à quel point j'ai envie de foutre mon poing dans ta gueule Justin.
- Je ne l'ai pas embrassé au final. Sois contente.
- Tu sais quoi ? Tu n'aurais pas dû te gêner. Tu en avais tellement envie.
- Et toi ? T'as bien aimé la compagnie de Valentin ! T'avais les yeux rivés sur lui toute la soirée !

Elle rit jaune une nouvelle fois.

- Tu as raison, retourne la situation. Tu ne sais faire que ça de toute façon. Putain, je te déteste tellement. Et me voir pleurer ne te suffit pas à accepter que tu as tort.
- J'ai merdé ! Je sais ! Je te l'ai dit ! Mais arrête de t'emporter pour rien ! commençai-je à m'agacer.
- Je ne m'emporte pas pour rien ! Tu t'es foutu de moi et tu n'en as même pas conscience !

Un petit centimètre nous séparait. On se crachait presque littéralement à la gueule. Elle me tenait tête et ses mots me touchaient. J'avais l'impression d'être impuissant face à cette situation, d'avoir perdu mon répondant et de n'être plus du tout le même.

- T'es qu'un putain de salaud ! cria-t-elle en heurtant ses mains contre mon torse. Tu ne changeras jamais !
- Arrête Abigail. Tu savais que ça arriverait.
- Tu m'as humiliée devant tes amis et tu t'imaginais que je le prendrais bien ?
- Ils ne savent pas ce qu'il s'est passé entre nous Abigail !
- Mais moi je le sais ! Et ça me blesse merde !

Elle se remit à pleurer.

- Tu t'apprêtais à embrasser une fille devant moi, moi, la fille avec qui tu vis depuis quelques jours et avec qui tu ne fais pas que parler et tu trouves ça normal ?

Elle essuya ses larmes.

- Putain mais on a rien à voir tous les deux alors.

Soudain, la porte de la chambre s'ouvrit et entra une infirmière dont j'ignorais l'existence.

- Les jeunes gens, on vous entend crier. Pouvez-vous baisser d'un ton ? nous dit-elle.
- Dites lui de partir s'il vous plaît, lui dit Abigail.
- Bien, s'avança-t-elle vers moi. Il va falloir partir jeune homme.

Je jetai un dernier coup d'oeil à Abigail. Notre entente était définitivement enterrée.

- Ma mère t'attend. T'as intérêt de venir, lui rappelai-je. Avec tes affaires.

Puis je m'en allai. Dans ma voiture, je frappai violemment contre le volant. Elle avait réussi à me faire sortir de mes gongs. Je voulais tout casser. J'espérais qu'elle décide de ne pas venir ce soir même si ma mère y tenait beaucoup. Je ne voulais pas vivre dans une atmosphère pesante jusqu'à ce que son père revienne - s'il revenait un jour.

J'avais oublié mon paquet de cigarettes chez moi ce qui me rendait encore plus énervé. Comment pouvais-je me mettre dans cet état pour une fille pareille ? C'était comme si j'avais mis de côté tous mes principes fondamentaux.

De retour chez moi, je reçus un appel de Valentin. Je ne savais pas si je voulais répondre. Lui aussi m'avait énervé en invitant Abigail à la plage puis en restant avec elle tout le temps où elle avait été là. De toute façon, j'avais compris que la merde s'installerait quand il avait sonné chez moi à l'improviste alors qu'il savait que je ne voulais personne hormis ma famille dans mon appartement. Je finis tout de même par décrocher.

- Justin ?
- Quoi ?
- Il y a une soirée ce soir chez moi. Il y aura Clara.
- Je ne peux pas. Je vois ma mère ce soir.
- Et Abigail, elle est avec toi ? Elle peut venir ?
- Non tu lui demanderas.

Pourquoi ce mec s'était remis à s'intéresser à elle ? Il n'avait pas compris qu'elle ne voulait pas de lui ? Ou peut être qu'elle lui avait dit finalement qu'elle voulait bien tenter quelque chose... Et puis merde, je n'en avais rien à faire.

- Ça ne s'est toujours pas arrangé entre vous ?
- Elle t'a dit qu'on s'était disputé ?
- Ouais mec et peu importe la raison, c'est con parce que vous vivez sous le même toit.
- Attends t'es en train d'essayer de faire quoi là ?
- Rien. Je commence juste à me dire que c'est une fille bien et que vous pourriez être de bons potes.
- Oublie ça.
- Je suis ton pote Bieber et s'il te plaît, pour une fois, ouvre ton esprit. Je ne sais pas ce que vous vous êtes dits mais elle n'était vraiment pas bien hier.

Étant donné que j'avais eu une discussion avec elle, j'en savais la cause et c'était stupide.

- Je crois qu'elle t'aime bien même si elle ne veut pas l'avouer. Elle t'aime bien et ça l'énerve parce que c'est toi.
- Arrête de dire des conneries.
- Elle avait les yeux rivés sur toi mais tu ne voyais que Clara. Je suis sûr que ça lui a fait du mal mais elle ne dit rien parce qu'elle sait que tu ne la verras jamais autrement que comme une rivale.
- Pourquoi tu te mets à parler comme ça ?
- Elle m'inspire confiance. Mec, si t'es intéressé par elle, vas y fonce ou quelqu'un te la piquera. Quelqu'un comme moi, rit-il. Je te laisse.

Il raccrocha. Je n'arrivais pas à croire que Valentin venait de me tenir ces propos. Valentin vouloir que je sois sérieux avec une fille ? Il ne manquerait plus que Kenneth me dise la même chose et tout le monde serait pour que je finisse avec Waller. Ma mère allait rentrer, je verrais de nouveau mon psy, j'étais loin d'échapper à cette discussion.

Mais je ne ferais pas d'Abigail l'exception. Surtout qu'elle m'avait montré qu'elle s'était bien servie de moi en annulant le marché maintenant qu'elle était acceptée à Harvard.

La seule chose bien de ce coup de fil était que si Valentin me tenait ce discours, cela voulait dire qu'il n'avait rien fait avec Abigail quand il l'avait raccompagnée hier soir et je préférais ça.

...

Il était vingt et une heure, ma mère allait arriver dans quelques minutes et Abigail ne s'était toujours pas pointée. Elle ne viendrait pas. C'était ma mère qui serait déçue mais elle ne pourrait pas dire que je n'avais pas essayé.

Elle sonna à la porte et j'allai l'ouvrir. Elle déposa ses sacs à ses pieds puis me prit dans ses bras avant de m'embrasser le front. J'étais content de la revoir.

- Abigail n'est pas là ?
- Non. Je lui ai dit de venir mais on dirait qu'elle ne viendra pas.
- Qu'est ce qu'il s'est passé Justin ? me demanda-t-elle en entrant de le salon.
- Rien.
- Justin. S'il te plaît.

Si je lui disais tout, elle rejeterait toute la faute sur moi. Je n'étais pas d'humeur à ce qu'elle me fasse la morale. Mais avant que j'eus le temps de dire quoi que ce soit, on sonna à l'interphone. Ma mère s'empressa de savoir de qui il s'agissait. Merde. Waller ne s'était pas dégonflée.

Je me dirigeai dans la cuisine en faisant comme si cela m'était égal tandis que ma mère attendait impatiemment que ma rivale fasse son entrée. J'entendis la porte s'ouvrir puis des pas. Elle était là. Habillée de la même façon.

- Abigail ! Je suis contente de te rencontrer ! s'exclama ma mère. Pattie.
- Enchantée, lui dit Abigail.
- Tu as ramené tes affaires, c'est super ! Mets toi à l'aise !

Ma mère prit ses affaires. Elle lui remercia. Je n'aurais jamais cru qu'un jour ma mère rencontrerait celle qui était à l'origine de mes sauts d'humeur depuis quelque temps. Celle que je pouvais désirer et haïr à la fois. Celle il y avait encore quelques semaines qui ne connaissait rien de moi.

- Tu peux me tutoyer, lui dit-elle après avoir posé son sac au pied du canapé. Assieds toi.

Abigail s'exécuta et prit place autour de la table à manger. Tout comme moi, elle ne semblait pas à l'aise à l'idée d'être ici. Ma mère prit le soin de lui servir à boire. Je restais à l'écart pour éviter une discussion. Je mourrais d'envie d'aller dans ma chambre mais on m'aurait prit pour un trouillard.

- Comment va ton père ?
- Il est toujours dans le coma. Je commence à croire que sa situation ne s'arrangera jamais.
- Tant que son coeur bat, il y a de l'espoir.
- Sûrement.
- Justin m'a dit que la cohabitation entre vous a été très difficile. Je comprendrais que tu ne veuilles plus de notre aide mais je pense que c'est préférable pour toi de ne pas rester seule.
- De toute façon je n'ai plus le choix. On me menace de m'envoyer dans un foyer si je vis seule, lui déclara-t-elle.
- C'est vrai ? Heureusement que nous sommes là alors !
- Oui, merci. C'est très gentil de votre part.
- Je m'occuperai aussi des frais médicaux. Je ne sais pas si Justin te l'a dit.
- Oui et par contre ça me dérange, avoua-t-elle.
- Non Abigail, c'est mon fils qui a envoyé ton père a l'hôpital, c'est normal que je m'en charge.
- Et avec quel argent maman ? intervins-je. Celui de ton mec ? Le psy ?

Je quittai la cuisine pour les rejoindre. Ma mère me regardait surprise. Alors Abigail avait-elle bien deviné ?

- Mon mec ? répéta-t-elle.
- Ouais ton mec. Je n'ai pas raison ?
- Justin, on parlera de ça tous les deux.
- Non te gêne pas, c'est Abigail qui a deviné. Tu peux en parler devant elle.
- Non, non, ça ne me concerne pas, dit Abigail. D'ailleurs je suis très fatiguée alors je préfère aller me laver puis dormir. J'ai déjà mangé, continua-t-elle en se levant.

Waller ou la manière d'éviter les problèmes.

- Je te laisse ma chambre, lui dit ma mère.
- Oh non, je ne vais pas vous prendre votre lit.
- Ça ne me gêne pas.
- Vous m'hébergez, je ne vais pas non plus m'imposer. Je dormirais sur le canapé.
- Justin, tu veux bien lui laisser ton lit ?
- Elle t'a dit que ça ne la dérangeait pas de dormir sur le canapé, fis-je aucune preuve de sympathie.

Abigail ne réagissait même plus face à ma méchanceté pourtant j'étais certain qu'elle bouillonnait en elle.

- Justin, insista ma mère.
- Je ne donnerais pas mon lit.
- Vous dormirez ensemble alors, ton lit est assez grand pour ça. Vous pouvez bien essayer.
- Ça ne sera pas la première fois, fis-je la remarque.
- Ah oui ? Ça vous va alors !
- Bonne nuit, fuya Abigail.

Elle prit son sac et s'en alla s'enfermer dans la salle de bain.

- Tu n'es vraiment pas gentil avec elle, me reprocha ma mère.
- Je m'en fous, je ne suis pas là pour faire de la charité.
- Justin, ce n'est pas comme ça que je t'ai éduqué.
- Et alors ? C'est comme ça que je suis devenu.
- Et tu m'expliques cette histoire avec ton psy ?
- C'est à toi de m'expliquer, rétorquai-je. C'est ton copain c'est ça ? Tu comptais me le dire quand ?
- On est de bons amis c'est tout.
- Maman je ne suis pas stupide.
- Je suis fatiguée. Je vais aller dormir aussi, fuya-t-elle à son tour.

Je secouai la tête et la laissai partir. Je commençais sérieusement à penser qu'il fallait peut être que j'aille dormir chez Valentin si je voulais être tranquille. Et puis merde non. Si il y en un qui doit partir ici c'est Waller.

Je regagnai ma chambre encore vide. Abigail prenait tout son temps pour se changer dans la salle de bain. Je me déshabillai en ne gardant que mon boxer puis plongeai sous les draps. Je me collai sur un côté du lit pour lui laisser l'autre côté. J'espérais que la nuit serait courte.

...

Je me réveillai une nouvelle fois seule. Comment faisait-elle pour dormir si peu et se lever si tôt ? J'allai dans la cuisine et la retrouvai avec ma mère en train de s'occuper de la vaisselle. Je saluai et embrassai celle qui voulait bien encore me parler.

Il y avait un silence pesant dans la pièce. C'était comme si en arrivant j'avais plombé l'ambiance. Je préférais ne rien dire et me préparer mon petit déjeuner. Abigail ne m'adressait aucun regard bien que j'étais en boxer et que je savais qu'elle adorait me voir ainsi.

- Je vais faire les courses, m'annonça ma mère. Je reviens dans une heure.

J'hochai la tête et partis m'asseoir autour de la table pour manger. Quelques minutes plus tard, ma mère quitta l'appartement et il ne restait plus que Waller et moi. Je mangeais tranquillement, plus lentement que jamais quand je la vis prendre un balais et commencer à nettoyer le sol. Mais le problème n'était pas là.

Le problème était qu'elle avait pour pyjama un simple t-shirt qui couvrait à peine ses fesses et que j'avais désormais envie de lui sauter dessus.

Son vêtement s'agitait à chaque mouvement et me dévoilait un peu de son postérieur. Je descendis ma main sur mon anatomie qui commençait à durcir. Merde. Le faisait-elle exprès ?

Je fermais les yeux pour chasser toutes mes pensées perverses mais elles étaient bien plus fortes que moi. Je la prends sur le plan de travail et elle sera obligée de me pardonner.

Je décidai de me réfugier dans la salle de bain pour ne plus l'avoir dans mon champ de vision. Je retirai le dernier tissu qui me couvrait puis entra dans la baignoire pour faire couler l'eau chaude sur mon corps. Je soufflai. Mon pénis était dur. Je le pris entre ma main et commençai à frotter. Je basculai ma tête en arrière et fermai les yeux.

Ce n'était pas la main de Waller ni ses lèvres mais je devais me soulager. Mes soupirs étaient couverts par le bruit de l'eau. Tous les moments intimes que j'avais eu avec Abigail défilaient dans ma tête. Cela semblait suffisant pour me faire du bien. Je finis par éjaculer très rapidement.

Après m'être lavé, j'attrapai une serviette que j'enroulai autour de ma taille puis partis dans ma chambre. Je fermai la porte derrière moi et retirai la serviette que je jetai sur le lit.

Nu, je cherchais de quoi me vêtir. Tranquillement, inscoucieux de l'eau qui coulait de mon corps et qui tombait au sol. Je prenais mon temps, agissant de manière non chalante.

Quand la porte s'ouvrit et me dévoila en tenue d'Adam et Eve. Abigail apparut et ne semblait pas avoir remarqué l'état dans lequel j'étais. Elle referma la porte derrière elle et se figea quand elle se tourna vers moi. J'attrapai la serviette pour cacher mon pénis juste à temps.

Elle me tourna le dos sans dire un mot et quitta la pièce aussi vite qu'elle était arrivée. L'avais-je dégoûtée au point où elle avait perdu toute attirance pour moi ? Elle aurait très bien pu profiter de cela étant donné que nous étions seuls et déjà dans ma chambre. J'aurais préféré qu'elle me cri dessus au lieu qu'elle ne me dise rien. Il n'y avait rien de pire que l'ignorance.

Elle ne pouvait pas m'éviter jusqu'à la fin. Elle n'en avait pas le droit. Pas après tout ce qu'il s'était passé entre nous. Que devais-je faire pour me faire pardonner ? Je ne pouvais quand même pas me mettre à genoux. Pas à ce point. Pas pour elle.

...

Nous étions dans l'ascenseur avec les courses que ma mère avait ramenées. C'était une nouvelle fois silence radio. Nous avions juste trois étages à monter. Cependant, le monde entier semblait contre moi et la cabine s'arrêta subitement de fonctionner. Les lumières s'éteignirent. Je déglutis.

J'étais claustrophobe et donc j'avais horreur des endroits confinés.

J'essayais de faire bonne figure et ne disais rien. Abigail non plus ne bronchait pas. J'espérais qu'elle avait en réalité plus peur que moi. Je me tournai vers elle, elle fixait la porte de sortie. Nous arrivions à voir malgré l'obscurité de l'endroit. Je mis mes mains dans mes poches et m'adossais au mur.

- Ça doit être une coupure de courant, lui dis-je.

Elle ne réagit pas. Il fallait que je la fasse parler.

- Tu ne pourras pas m'ignorer éternellement Waller.
- Tu ne sais pas de quoi je suis capable, dit-elle en posant ses yeux sur moi.

Je reçus une décharge électrique. Mon corps entier frissonna. Je préférais quand ses iris bleus étaient sur moi.

- Moi j'espère que tu seras capable de me pardonner.
- Pourquoi c'est si important pour toi ? Tu as juste à m'ignorer toi aussi.
- Je n'en ai pas envie.
- C'est bien ce que tu as fait à la plage.
- On s'était pris la tête juste avant.

Je commençais déjà à ressentir un manque d'oxygène. J'essayais de respirer tranquillement. Je ne devais pas paniquer.

- Tu sais quoi Justin ? Je préférais quand tu faisais l'arrogant et que tu faisais comme si rien ne t'atteignait, me lança-t-elle. Au moins tu ne me faisais pas chier.
- Attends tu es sérieuse Abigail ? fronçai-je les sourcils. C'est tout ce que tu trouves à dire ? Je te fais chier ?

Je contractai ma mâchoire. Putain. Chacun de ses mots me faisait mal.

- Tu es plus attirant quand tu ne dis rien.

Je pris un air confus. Était-ce un compliment ou une autre attaque ? Était-elle en train de me draguer ou non ? J'ébauchai tout de même un sourire. Elle roula des yeux s'empêchant de sourire.

- Je veux bien me taire Waller mais on est coincé et ça commence à me faire peur.

Je sortis mes mains des poches pour taper contre la porte et appeler à l'aide. Je criais en essayant de garder ma virilité.

- Je ne veux pas mourir avec Abigail Waller ! Pas avec quelqu'un de bête ! la taquinai-je.

Je l'entendis rire. Enfin. Si j'arrivais à l'amuser, c'était cool. Je continuais, camouflant mon angoisse par l'humour jusqu'à ce que les lumières s'allumèrent et que l'ascenseur redémarra. Je soufflai de soulagement. En un rien de temps, nous arrivâmes au bon étage et les portes s'ouvrirent. Je me dépêchai de sortir avec les sacs à la main.

Waller continuait à se moquer de moi. Cela me faisait sourire.

- Ça ce n'était pas du tout attirant, rit-elle après être sortie à son tour de la cabine.
- Les enfants ! arriva ma mère. Vous allez bien ! J'ai eu peur !
- Ça va maman.

Je jetai un coup d'oeil à Abigail qui me sourit timidement. Je n'avais pas réussi à avoir un pardon mais peut être qu'un sourire était mieux.

Mais devais-je jouer le petit chien pour la récupérer ou lui faire regretter ?

...

J'espère que tout le monde va bien. C'était le dernier chapitre avant le bac. Je recommencerai à poster le 23 juin. Je suis désolée de devoir vous faire attendre tout ce temps mais je tiens à avoir mon bac haha.

Je remercie encore @sarahlaine87 et @mathilde8787 pour avoir traduis Quai 27 en anglais !

Je vous fais de gros bisous à toutes. Et on se retrouve le 23 juin !

Christel ♡

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