Chapitre 2
«Je t'emmerde.»
Point de vue de Justin.
Je me levai difficilement comme chaque matin où je devais aller en cours. Je frottai mon visage et attrapai mon téléphone. Elle ne m'avait pas envoyé de nouveau message. Elle savait se faire désirer. Ce n'était pas grave, j'aimais ça. Les filles faciles je commençais à m'en lasser. Cette inconnue allait apporter quelque chose de différent dans mon quotidien, du moins je l'espérais.
Je partis au salon rejoindre ma mère qui m'avait préparé mon petit déjeuner. Je lui embrassai le front et m'installai à table. Ma mère était tout ce que j'avais de plus cher. Je ne tolérerais pas que quelqu'un lui fasse du mal. Elle avait déjà assez souffert à cause du bâtard qui me servait de père qui n'avait pas arrêté de la tromper en baisant avec toutes les petites putes de la ville quand ils étaient encore ensemble. Par sa faute, après que je l'ai chassé de l'appartement, elle s'était retrouvée femme de ménage et avait perdu la garde de Jazmyn, ma petite soeur. Je savais qu'elle pleurait tous les soirs en secret son absence et j'aimerais tellement pouvoir y faire quelque chose mais ma petite soeur vivait dans une famille d'accueil maintenant.
Je venais de temps en temps la voir en cachette mais je ne pouvais rester que quelques petites minutes avec elle. Elle ne nous oubliait pas mais je savais qu'elle était mieux dans sa famille où il n'y avait aucun problème.
En retard, je me dépêchai de me préparer pour regagner le lycée. J'avais ma propre voiture. C'était ma mère qui me l'avait achetée en puisant dans toutes ses économies. Je lui avais promis que je la rembourserais un jour et je tiendrais cette promesse. C'était pour cela que je travaillais un minimum en cours. Pour réussir à avoir un boulot bien payé plus tard et offrir le monde entier à ma mère. Elle le méritait. Elle se démenait tellement pour que j'ai une vie correcte. Je savais bien que passer son temps à récurer les chiottes n'était pas facile. Je devais la remercier de la meilleure façon possible.
Et en plus, avec une bonne situation, je pourrais enfin récupérer Jazmyn.
J'arrivai dans la salle de classe, après tout le monde encore, et pris place au fond de la salle. Je ris intérieurement sentant le regard méprisant de la petite Waller sur moi. Elle me détestait parce que j'arrivais à avoir de meilleures notes qu'elle sans trop me fouler alors qu'elle s'arrachait chaque jour au travail. Ça me faisait marrer. Mais je la détestais aussi. Je n'appréciais pas sa façon de me tenir tête et de me parler. Elle devait apprendre à garder sa bouche fermée parfois.
- Ça va mec ? me demanda Valentin.
- Ouais tranquille.
Valentin et Kenneth étaient mes deux amis au lycée. Mais je savais qu'en dehors, ils ne représentaient plus rien pour moi. Ils étaient juste des potes et aucun des deux n'étaient au courant de mes problèmes personnels. Personne dans ce monde ne les connaissait. Sauf mon psychanalyste.
- Monsieur Bieber, si vous pouviez être à l'heure pour une fois ! me fit le prof d'histoire une réflexion.
Je me contentai d'aquiescer. Il était vrai que j'avais le droit à un petit traitement de faveur parce que, même si je pouvais paraître insolent ou méchant parfois, j'étais le meilleur élève que le lycée ait eu jusque là et les professeurs ne pouvaient pas le négliger. Et cela agaçait fortement Abigail qui avait besoin de faire le fayot en s'asseyant toujours au premier rang pour garder l'attention sur elle. Et ça marchait. C'est qu'elle était intelligente cette salope.
J'avais assisté à tous les cours de la matinée où j'avais eu un malin plaisir comme à chaque fois à énerver Waller en répondant aux questions à sa place. J'aimais quand elle essayait de me lancer son regard le plus noir en vain parce que ses yeux étaient aussi bleu que le ciel en été.
Après l'heure du déjeuner, je quittai le lycée pour aller voir mon psy. Il se trouvait à cinq minutes d'ici en voiture. Je profitais des heures de philo pour aller le voir car je n'avais pas besoin en plus d'un psychanalyste d'avoir des cours sur la vie. J'en avais rien à foutre de savoir ce que c'était le bonheur. De toute façon, ça n'existait pas.
Après avoir fumé une bonne clope, je toquai à la porte et il me dit d'entrer. Il me serra la main puis je pris place comme d'habitude sur le fauteuil au milieu de la pièce et lui s'assit en retrait derrière moi. Ma mère m'avait obligé à aller voir un psy car elle savait que ce qu'il s'était passé dans la famille m'avait beaucoup affecté. Elle m'avait assuré que cela m'aiderait à aller mieux. Au début, j'avais formellement refusé puis elle avait réussi à me convaincre d'y aller. Les premières séances avaient été dures. Je ne parlais pas. Puis plus je retournais voir le psy, plus je m'ouvrais et j'avouais que ça me faisait du bien de parler parfois.
Ma mère avait préféré un psychanalyste plutôt qu'un psychologue car elle pensait que c'était plus efficace. Moi je ne connaissais pas la différence et à vrai dire, ça m'était égal tant que le psy nous offrait gentiment ses services.
Quasiment allongé, j'essayais de me décontracter. Je posai mes avants bras sur les accoudoirs et pris une grande respiration.
- Comment ça va Justin ? me demanda le psy.
- Bien. Je crois.
- Et ta mère ?
- Je crois qu'elle va toujours mal, répondis-je.
- Ah oui ?
- Je sais qu'elle n'aime pas son travail, son appartement, sa situation, sa vie. Je vois bien qu'elle se force à sourire quand elle me voit et ça me fait chier. Je veux qu'elle soit heureuse. Je veux qu'elle retrouve Jazmyn. Je veux qu'elle n'est plus à s'inquiéter de mon avenir.
- Et comment tu vas faire pour qu'elle soit enfin heureuse ?
- Je ne sais pas mais je trouverai. Je ne la laisserai pas dans la merde. Je vais me vanger de tous ceux qui se sont mis sur notre chemin.
- Et toi ? Tu ne penses pas à toi ?
- Je m'en fous. C'est ma mère qui compte. Moi je n'ai besoin de rien. Les potes, les filles, j'en ai rien à foutre. Ils sont tous à mes pieds de toute façon. Hier encore il y en a une qui est venue me supplier de coucher avec elle juste une nuit. Je l'ai baisée dans son lit. Elle était contente. Moi non. J'y prends plus de plaisir. Elles sont toutes les mêmes. Elles ne me résistent pas et ce n'est même plus marrant.
Je marquai une pause.
- Mais il y a cette fille. J'ai commencé à lui parler hier. Je ne connais pas son nom. Je ne sais même pas à quoi elle ressemble pourtant j'ai apprécié échanger avec elle. On discute par messages. Elle sait me parler. Je veux apprendre à la découvrir.
- Comment tu as eu son numéro ?
- Je suis tombé dessus par hasard. Je pensais parler à Clara, la fille que j'ai voulu me taper mais ce n'était pas elle. Et je crois que c'est bien mieux que ce ne soit pas elle.
- Cette mystérieuse fille suscite donc ton attention.
- Oui. Peut être que c'est le fait qu'elle ne me connaisse pas qui m'arrange. J'ai pas besoin de jouer un jeu avec elle et elle non plus avec moi. On n'essaye pas de se séduire. Elle m'a juste posé des questions et j'ai apprécié. D'habitude on ne s'intéresse pas à moi. Les filles veulent juste me baiser puis s'en aller sans chercher à apprendre à me connaître. Avec elle c'est différent.
- Elle habite à Boston ?
- Je ne sais pas mais ça m'étonnerait.
- Bien. La séance est terminée Justin. On se revoit demain.
Je me levai et lui serrai la main avant de quitter la pièce. Je repris mes esprits. Je me sentais étranger à moi même comme à chaque fois que je sortais d'une séance avec ce psy. J'avais encore inconsciemment dérivé sur un sujet qui n'avait aucun rapport avec celui du début de la séance. Je n'arrivais pas à croire que j'en étais venu à parler de la fille avec qui je parlais par message. Et j'en avais parlé comme si elle comptait déjà pour moi. Je m'emballais beaucoup trop vite. Il fallait que je fasse attention.
Je retournai au lycée et j'arrivai en retard en cours de maths. Abigail et ses yeux bleus tentèrent une fois de plus de me fusiller en vain. Elle devrait se trouver un mec au lieu de me casser toujours les couilles.
- Mademoiselle Waller va passer au tableau pour corriger l'exercice qu'il y avait à faire pour aujourd'hui, dit Monsieur James. En attendant, je vais vérifier que vous l'avez tous fait.
Abigail se leva et alla au tableau. Fière d'avoir été désignée d'office par le prof, elle attrapa un feutre d'une main et tenait son cahier de l'autre puis commença à écrire. Cette fille était bien foutue quand même, dommage qu'elle était ma rivale. Je serais déjà passé dans son lit si je ne la détestais pas autant. Elle avait attaché ses cheveux châtains clairs en une queue de cheval qui virait au blond. Ils ondulaient jusqu'en bas de sa nuque. Quelques mèches rebelles tombaient à côté de ses oreilles. Elle portait un haut blanc léger à manches longues et un jean qui moulait ses fesses rebondies - j'etais obligé d'avouer qu'elle était sexy. Nous étions presque en été et je n'avais jusque là encore jamais vu ses bras. Elle devait sûrement cacher quelque chose mais je n'avais aucune envie de le savoir. Cette fille ne m'intéressait pas.
Monsieur James s'approcha de ma table et baissa son regard sur mon cahier fermé avant de poser ses yeux sur moi. Je lui souris faussement.
- Ton exercice ?
- Je n'ai pas besoin de faire un exercice pour savoir parfaitement étudier une fonction, répondis-je assez fort pour que Waller m'entende.
Ma rétorque eut l'effet voulu, Abigail se retourna pour me regarder et me chuchota un je t'emmerde que je pus lire sur ses lèvres. Je lui lançai un sourire narquois avant de reporter mon attention sur le prof.
- Sauf que quand je vous demande de faire un exercice jeune homme, vous le faites, dit-il avant de vérifier le cahier de Valentin qui n'avait évidemment pas fait l'exercice non plus.
J'ignorai ses paroles et attrapai un stylo pour jouer nerveusement avec en attendant que Waller se barre du tableau. Elle reprit sa place à côté de Briana sa meilleure amie. Cette dernière était très différente d'elle. J'avais entendu dire qu'elle était en couple depuis longtemps et qu'elle était beaucoup plus sociable qu'elle. Je me demandais comment cela se faisait qu'elle n'avait pas déteint sur Abigail. J'aurais pu l'apprécier.
- J'ai envie de me la taper, lâcha Valentin.
Je tournai ma tête vers lui et fronçai les sourcils.
- Qui ?
- Waller. Elle est bonne.
- Mais c'est une salope, rétorquai-je.
- Pas une vraie. Elle te tient tête, c'est pour ça que tu dis qu'elle en est une. Je n'ai rien à voir dans votre histoire.
- Mais t'es mon pote mec, tu peux pas la baiser.
Ma rivalité n'aurait plus de sens si un de mes potes s'approchait d'elle. Je savais très bien que Briana me détestait parce qu'Abigail ne pouvait pas me saquer, Valentin et Kenneth devaient être de mon côté et détester Waller au lieu d'essayer de coucher avec.
- Trouve toi quelqu'un d'autre, lui ordonnai-je.
- Je les ai presque toutes essayées, tu le sais.
- Je m'en fous mec. Tu ne me trahis pas.
Je le prendrais très mal s'il se passait quelque chose entre eux. Ça serait me la faire à l'envers.
- De toute façon elle couche pas avec n'importe qui, ajoutai-je, ça se voit.
- Ouais c'est vrai.
Je contractai ma mâchoire et reposai mes yeux devant moi. J'acceptais qu'on se tapait les mêmes filles tous les trois -pas en même temps - mais c'était hors de question que Waller foute la merde en baisant avec Valentin.
Je décidai d'envoyer un message à la fille mystérieuse qui m'avait complètement oublié depuis hier soir. Elle n'avait pas l'air autant emballée que moi de parler à un inconnu.
«Alors t'as rêvé de moi hier soir et tu es frustrée que ça ne soit qu'un rêve ?»
Contrairement à Abigail, j'arrivais à utiliser mon téléphone sans me faire griller.
...
Je me dépêchai de quitter le lycée. Clara avait réussi à avoir mon numéro et elle m'attendait chez elle. Mon sac sur le dos, je traversais les couloirs presque vides d'une marche rapide, abandonnant mes potes derrière moi.
- Monsieur Bieber ! entendis-je crier. Justin !
Je stoppai net mes pas et fis demi tour pour vérifier qu'on m'avait bien appelé. Je me tournai vers une porte ouverte où émanait de la lumière. Je soufflai en découvrant Monsieur Beaton en compagnie de Waller. Qu'est-ce qu'ils me veulent putain.
- Venez s'il vous plaît, me demanda Beaton.
Abigail se tenait un peu loin de lui, elle tirait une tête d'enterrement. J'imaginais donc bien qu'il n'allait pas me dire quelque chose qui me ferait plaisir, ni à elle. Cependant, elle assistait à ses cours, pas moi, alors pourquoi l'avoir convoquée ?
- Monsieur, je n'ai pas trop le temps, dis-je en entrant dans la pièce calme.
Waller me regarda d'un air méprisant et je pouvais deviner ce qu'elle devait me dire dans sa tête : «évidemment, tu as une fille à baiser connard.» Cela me fit rire intérieurement.
- Vous n'assistez déjà pas à mes cours, vous pouvez quand même m'accorder cinq minutes monsieur Bieber, me dit-il.
Je me retins de souffler une deuxième fois et m'approchai de lui avec méfiance. Je n'étais venu qu'à une heure de ses cours : la première. Et ça était suffisant pour me dire que je n'aimais pas la philosophie. Ni le prof, ni la matière. Je me doutais bien que Beaton ne m'appréciait pas non plus puisque je séchais ses cours mais cela m'était égal. De plus, le lycée ne m'avait pas réprimandé pour ça et ma mère était au courant.
- J'ai décidé de donner une mission à mademoiselle Waller. Je veux bien accepter que vous décidiez délibérément de manquer mes cours mais j'attends de vous, impérativement, que vous me rendiez une trace écrite avant la fin de l'année. La meilleure possible, sur un sujet que je vous imposerai. Mais pour cela, il faut que vous ayez un minimum de culture dans la philosophie. Abigail va donc être votre professeur puisque vous ne voulez pas que je le sois, jusqu'à ce que vous soyez prêt à traiter mon sujet correctement. J'ai pris cette décision seulement parce que j'imagine que vous êtes quelqu'un plein de convictions pour décider de manquer un cours comme celui-ci et je compte sur vous pour me transmettre vos convictions sur papier.
J'essayais de rester calme mais j'étais entrain de bouillir à l'intérieur de moi. Pourquoi fallait-il que ce con eut une idée aussi stupide ? J'avais envie de le cogner.
- Monsieur, donnez moi le sujet et je vous le rends demain. Pas besoin de vos cours.
- Si. Vous ne pouvez pas me rendre une copie parfaite venant entièrement de vous sans avoir appris à philosopher, expliqua-t-il.
- J'apprendrais moi même alors.
Il était hors de question de passer du temps avec Waller et surtout qu'elle m'apprenne quelque chose. Cette fille n'avait rien à m'enseigner. Il ne manquerait plus que je subisse Waller et la philosophie en même temps.
- Non. Abigail est ma meilleure élève. Je tiens à ce que ce soit elle qui vous apprenne à philosopher. Je suis sûr qu'elle se débrouillera très bien.
Pourquoi avait-elle accepté elle aussi ? Je pensais qu'elle me détestait. Qu'est ce qu'elle gagnerait en retour ? Je lui jetai un regard noir mais elle avait l'air aussi dépitée que moi.
- Si vous décidez de ne pas faire le sujet que je vous donnerai, vous obtiendrez un D comme les deux premiers trimestres mais cette fois-ci je serai également obligé de signaler vos absences et je doute fortement que ce soit une bonne chose pour votre avenir en tant qu'étudiant. Je ne veux pas vous faire de menace ou vous mettre la pression mais je suis convaincu que vous êtes capable d'obtenir un A à ce devoir si vous vous en donnez les moyens. Nous sommes d'accord ? Bien. J'ai hâte de vous revoir et d'entendre de votre bouche que vous êtes prêt à traiter ma question, j'en serai très ravi. À bientôt monsieur Bieber et encore merci à mademoiselle Waller d'avoir accepté, finit-il sans nous laisser en placer une.
Il nous invita à quitter la salle et je partis sans perdre de temps. J'étais énervé. Je n'avais aucune envie de traiter son sujet de merde. Je m'en foutais d'avoir un D et une mauvaise appréciation de sa part. La philo, ça ne servait à rien ! Je n'avais pas besoin de ça pour me trouver un bon job.
J'entendais Waller marcher derrière moi. Je me retenais pour ne pas l'insulter de tous les noms cette salope. J'aurais préféré avoir sa pote ou une autre fille comme prof mais pas elle. Comment voulait-on que j'apprenne avec une fille aussi insupportable qu'elle ?
- Pourquoi t'as accepté ? lui demandai-je sèchement, contrarié.
- Il ne m'a pas laissé le choix, répondit-elle en arrivant à ma hauteur. Il m'a dit que j'aurais un D si je refusais et tu sais très bien que je ne peux pas me permettre d'avoir un autre D car j'en ai déjà un en sport.
Abigail était nulle en sport. Peu importe ce que c'était, elle était nulle et c'était bien la seule matière où elle arrivait à avoir des D. Elle c'était le sport, moi la philosophie. Si elle avait refusé, j'aurais été le premier de la classe sans aucun doute. Avec deux D et moi un seul, c'était perdu d'avance pour elle. C'était compréhensible qu'elle ait accepté alors mais ça ne m'arrangeait pas du tout.
- Tu peux rêver pour me donner des cours Waller, dis-je en la regardant.
- Tu peux rêver pour en avoir. Je ne comptais pas t'en donner. Tu te débrouilleras seul pour ta dissertation.
Je souris amusé.
- Ça te ferait chier que j'ai un A et que je finisse à coup sûr premier de la classe ? la provoquai-je.
- Non. Je sais que tu ne finiras pas premier. Ce qui me fait chier c'est de devoir passer du temps avec toi, me cracha-t-elle.
- Ah ouais ? levai-je les sourcils.
- Tu le sais très bien et je sais que c'est réciproque.
- Rendez vous demain matin pour fixer les heures de cours.
J'accélérai subitement mes pas.
- Quoi ? Non ! J...
Je quittai le lycée et ne lui laissai pas le choix. Elle voulait faire la maligne et jouer, il n'y avait pas de problème. J'étais un très grand joueur et la compétition entre nous deux n'était pas prête de s'arrêter.
...
Il était tard. J'étais encore éveillé dans mon lit tandis que ma mère dormait déjà. J'attendais désespérément que l'inconnue me réponde. Elle avait peut être déjà lâché l'affaire. Puis, quand je commençais à m'endormir, je reçus enfin un message. Je m'empressai de l'ouvrir et de le lire.
«Malheureusement, j'ai bien rêvé mais pas de toi. Et c'était putain de bon.»
«C'est pas grave, je ne suis pas jaloux.»
«Encore heureux, tu ne me connais pas.»
«Justement, c'est à moi de te poser des questions maintenant babe.»
«Je t'écoute.»
«Tu as des frères et soeurs ?»
«Non, je suis fille unique mais je le vis bien. Et toi ?»
«J'ai une petite soeur de 7 ans mais...
Je ne savais pas si je pouvais lui dire mais j'avais très envie de me confier à elle. Elle n'était pas mon psy, c'était différent. Qu'est-ce que ça me coûtait ? Elle ne connaissait ni mon nom ni mon adresse. Personne ne saurait qu'il s'agissait de moi si elle venait à le répéter.
...mais elle a été placée en famille d'accueil.» ajoutai-je.
«Vraiment ? Pourquoi ? Si ce n'est pas trop indiscret.»
«Ma situation familiale n'est pas assez stable pour qu'elle puisse rester vivre avec ma mère et moi.»
«Et ton père ? »
«Je l'ai viré de chez moi. Il n'a fait que trompé ma mère, sous le même toit en plus.»
«Wow... Je suis désolée même si je suis bien placée pour savoir que dire "désolé" ne sert à rien.»
«Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?»
Elle mit du temps à me répondre. Je comprenais qu'elle ne veuille pas se confier à moi. Elle n'était pas encore certaine que je n'étais pas un psychopathe et je ne pouvais pas lui en vouloir.
«J'ai perdu ma mère il y a trois ans. Ça me fait toujours aussi mal.»
«Oh désolé... Je ne sais pas quoi dire... Et ton père ?»
«Il fait semblant d'être fort et d'aller bien mais je sais qu'il est aussi mal que moi. Mais on ne peut que vivre avec.»
«Je suis bizarrement content d'avoir trouvé quelqu'un qui est aussi triste que moi.»
Je me sentais soudainement moins seul. Je savais que je n'étais pas le seul à avoir des problèmes dans ma vie mais j'avais besoin de connaître quelqu'un avec qui je pouvais en parler sans qu'il ait de la pitié pour moi. Ce quelqu'un était peut être elle : cette parfaite inconnue.
«Moi aussi. Il m'arrive souvent que je me sente seule. Mais c'est bizarre de parler de ça à un psychopathe.»
Je souris.
«Arrête babe. Je vais finir par en devenir un.»
«Ne m'appelle plus babe. Ça me rend sexuellement frustrée.»
«Tu veux dire que ça t'excite ?»
«Ne m'oblige pas à le dire.»
«Je suis certain que je t'exciterais encore plus si tu savais à quoi je ressemblais.»
«Je pense plutôt que je bloquerais ton numéro instantanément.»
Putain. J'aimais son répondant. Je voulais l'entendre me cracher ses mots de ses lèvres que j'imaginais pulpeuses et rosées. Ça me rendait dur. Elle arrivait à me faire de l'effet à travers mon téléphone.
«Tu quitterais plutôt ton copain pour moi.»
«Je n'en ai pas.»
«Ça fait combien de temps ?»
«Trois ans. Mais ma dernière relation était plutôt un flirt d'adolescents prépubères qu'autre chose.»
«C'est que tu dois être sacrément moche en fait babe.»
Je me demandais si après ces trois ans elle avait quand même embrassé voire touché un autre garçon durant tout ce temps. J'aurais du mal à croire qu'une fille qui m'envoyait des messages aussi directs puisse être vierge de tout rapport sexuel.
«Ta gueule. Je suis juste difficile. Je suis certaine que t'es encore jamais sorti avec personne.»
«C'est vrai mais parce c'est mon choix. Je ne veux pas de sentiments, que du sexe.»
«Et tu penses que je ne vais pas te prendre pour un psychopathe après ça ?»
«Je suis juste un mec de dix huit ans qui a besoin de vider ses couilles.»
«Il y a tellement d'élégance dans tes mots que j'en suis toute retournée.»
«Je sais que tu aimes quand je te parle comme ça.»
«Tu es sûr ? Je suis plutôt entrain de me demander comment ça se fait que je n'ai pas encore bloqué ton numéro.»
«T'en as tout simplement pas envie babe.»
«Je vais dormir, j'ai cours demain. Rêve bien de moi.»
«N'inverse pas les rôles babe.»
«Jamais.»
Je vérouillai mon téléphone et le posai sur mon ventre. Un stupide sourire naquit impromptement sur mes lèvres. J'aimais vraiment discuter de tout et n'importe quoi avec elle, même quand nos messages n'avaient pas de sens. Mais qui pouvait bien être cette fille ?
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