Chapitre 16
«Tu veux jouer à un jeu ?»
Point de vue de Justin.
Je n'avais jamais été aussi perdu de toute ma vie. Tout ce que j'avais voulu c'était la tester, juste échanger un baiser avec elle mais je n'avais pas su me contrôler et encore une fois, nous étions allés trop loin.
Je ne savais plus où j'en étais. Je voulais la garder auprès de moi parce qu'elle était la seule qui s'intéressait à mes problèmes personnels mais en même temps je ne voulais pas lui donner de faux espoirs en lui faisant croire que je voulais qu'on devienne ami un jour.
Le plus ingérable dans cette affaire était mon attirance pour elle et je commençais à me demander si ce n'était pas moi le problème entre nous deux. C'était moi qui n'avais pas su me tenir hier et qui nous avais faits replonger dans un cercle infernal de contradictions.
Je l'avais déposée chez elle ce matin et cela faisait maintenant presque dix heures que j'étais sans nouvelle d'elle. Pourquoi avais-je l'impression que cela m'inquiétait ? Je voulais l'appeler et lui demander où elle était mais je ne voulais pas qu'elle croit que je me faisais du souci pour elle.
J'avais décidé alors de rester chez moi et de l'attendre. M'avait-elle dit qu'elle reviendrait ? Même pas. Je l'attendais certainement pour rien. Je pris finalement l'initiative de l'appeler et elle m'informa qu'elle était toujours avec son père. Je cédai et m'empressai de la rejoindre. Je la trouvai presque allongée sur une chaise, la tête appuyée contre sa main. Son père n'avait pas bougé d'un poil sur son lit.
Elle leva ses yeux sur moi en m'entendant arriver. Elle portait ses lunettes. Bon choix Waller.
- Tu vas rester encore longtemps ici ? lui demandai-je.
- Je ne t'ai pas demandé de venir.
- Je n'étais pas en train de râler Abigail.
- Encore une heure, me répondit-elle finalement.
- Je peux rester avec toi ?
Elle sourit amusée.
- La timidité c'est pas ton genre, me dit-elle, et oui tu peux rester.
Je ris et me cherchai une chaise dans la pièce. Cependant il n'y en avait pas d'autre que celle de Waller.
- Tu veux ma chaise ? me demanda cette dernière.
- Et tu t'assiéras où ?
- Sur tes jambes si ça ne t'embête pas. Et si tu n'as pas d'arrières pensées, souligna-t-elle.
J'affichai un rictus sur mes lèvres puis elle se leva pour me laisser prendre sa place. Elle posa ensuite son derrière sur mes cuisses et je regrettais soudainement d'avoir accepté. J'étais capable de bander à ce simple contact entre nous.
Elle se mit de profil et blottit sans gêne sa tête contre mon épaule. J'étais clairement gêné. Était-ce un signe de son début d'attachement pour moi ?
- Je veux juste dormir un peu, me déclara-t-elle comme si elle avait lu dans mes pensées. Ne t'inquiète pas, je ne suis pas en train d'en profiter.
- Mais tu peux en profiter, rétorquai-je.
Elle releva sa tête et ses yeux croisèrent mes lèvres avant de s'arrêter sur les miens. J'arrivais à me perdre dans le bleu de ses iris. Pourquoi fallait-elle qu'elle soit si belle ?
- Sauf que je ne suis pas comme toi Justin.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Elle rit et reposa sa tête sur moi.
- Rien.
...
Abigail dormait profondément sur moi depuis presque une heure. Je n'avais pas osé l'entourer de mes bras mais ce n'était pas l'envie qui me manquait. Soudain, quelqu'un toqua à la porte puis je vis l'infirmière de la dernière fois entrer dans la pièce.
- Elle dort ? me demanda-t-elle en chuchotant.
J'aquiescai.
- Super ! Ça tombe bien ! s'exclama-t-elle toujours très bas. J'ai besoin de vous parler.
Je la regardai surpris. Pourquoi voulait-elle me parler ?
- Pouvez vous venir avec moi deux minutes ?
- Oui.
Je soulevai Abigail qui m'empêchait de me lever et la portais pour m'extirper de la chaise. Je la reposai délicatement sur cette dernière et elle ne fut point troublée dans son sommeil. Je rejoignis l'infirmière et nous quittâmes la pièce pour nous isoler.
- J'ai quelques questions à vous poser, me dit-elle.
- Je vous écoute.
- Que s'est-il passé le jour de l'accident ?
- Je n'étais pas là. Abigail m'a appelé en renfort, mentis-je.
- Vraiment ? S'il vous plaît. Nous avons besoin de plus d'informations. Nous avons retrouvé des blessures sur le ventre de son père. Nous pensons qu'il s'est battu avant de tomber dans le coma.
Je luttais pour ne pas tout lui avouer. Je savais que c'était pour le bien de Waller de dire la vérité mais elle m'avait demandé de ne pas le faire alors je ne le ferais pas.
- Votre petite amie a besoin d'aide. Je suis certaine que vous ne voulez que son bonheur, insista-t-elle.
- Ce n'est pas ma pe...
La principale intéressée débarqua soudainement et interrompit notre discussion.
- Qu'est-ce qu'il y a ? nous demanda-t-elle.
- Tout va bien. Je lui ai juste posé quelques questions, expliqua l'infirmière. Je vais vous laisser. Bonne fin de journée.
Elle s'en alla rapidement. Abigail me regardait avec un air suspicieux. Je me contentai de lui sourire et de lui proposer de partir. Elle accepta sans dire un mot de plus et ainsi nous regagnâmes ma voiture.
- Je n'ai pas besoin de te demander ce qu'elle a dû te poser comme question, me dit-elle. J'ai bien compris qu'elle voulait que tu lui dises ce qu'il s'est réellement passé.
- Je n'ai rien dit.
- Merci.
- Mais ça change pas ma façon de penser.
- Je sais.
Nous sortîmes du quartier. Je descendis la fenêtre de ma voiture. Il faisait très chaud. J'aurais aimé partir dans un bel endroit pour profiter de mon temps libre mais je devais rester avec Abigail à la place...
- Tu n'es pas partie travailler ? lui demandai-je.
- Mon patron refuse que je travaille.
- Il a raison.
- Tu fais quoi ce soir ? changea-t-elle de sujet.
- Je ne sais pas. Pourquoi ? Tu veux m'inviter au restaurant ? la taquinai-je.
- Je veux me changer les idées.
- Tu veux boire ?
- C'est ça, dit-elle en posant ses yeux sur moi.
- Il y a Kenneth qui organise des soirées tous les soirs durant ces va...
- Juste toi et moi Justin. Ou seulement moi si tu ne veux pas rester avec moi.
- D'accord.
Je changeai de direction et me mis à chercher une supérette pour acheter de l'alcool pas très cher. Waller semblait me faire confiance car elle ne me posait pas de questions sur l'endroit où je comptais nous emmener. Les boissons achetées, je décidai de nous installer dans un petit parc fermé.
- Tu n'as pas peur qu'on se fasse prendre par les flics ? lui demandai-je quand nous arrivâmes devant le portail fermé.
- Tu me prends pour qui Bieber ?
Elle prit les devants et commença à escalader la grille de fer pas si haute que ça. Elle n'eut pas besoin de mon aide pour atterrir de l'autre côté et je la regardais surpris. Je pensais qu'elle était du genre à ne jamais enfreindre la loi.
Je la rejoignis en un rien de temps et nous nous posâmes sur l'herbe qui était fraîche. Nous étions face à face.
Il faisait sombre. Aucune lumière éclairait la place hormis celle de la lune. Abigail attrapa une bouteille et l'ouvrit avant d'en boire une grande gorgée. Je ris.
- Tu as l'intention de faire un coma éthylique avant la fin de la soirée ? lui demandai-je.
- Comme ça je pourrais rejoindre mon père.
- Arrête de dire des conneries.
- Je suis sûre que ça te ferait plaisir.
Je ne dis rien et attrapai l'autre bouteille pour la boire.
- Tu as réfléchi à l'école où tu voudrais aller l'année prochaine alors ? lui demandai-je entre deux gorgées.
- Non.
- Les inscriptions se finissent après les vacances.
- Je sais. Je trouverais bien.
- Harvard ne t'a toujours pas envoyé de réponse ?
- Non.
J'inclinai ma tête sur le côté et la regardai dubitatif. Elle n'était pas du genre à ne pas prendre au sérieux son avenir. Elle avait sûrement un truc derrière la tête.
- Peu importe l'école où tu voudras aller, tu ne l'intégreras pas parce qu'ils préfèreront me prendre, la provoquai-je.
- L'arrogance est le pire des défauts, dit-elle avant de boire à nouveau dans sa bouteille.
- C'est le meilleur parce que ça t'énerve.
- De toute façon ça sera ton orgueil contre le mien. Et le tien va en prendre un sérieux coup.
- Et c'est moi qui suis arrogant ?
Elle rit et continua de boire. Elle était attirante, même quand elle essayait d'être soûl.
- Ça fait combien de temps que tu n'as pas couché avec quelqu'un ? me demanda-t-elle soudainement.
- Quelques jours.
- Ça va ? Tu tiens le coup ? rit-elle.
- Pour l'instant. Mais si tu me donnes un coup de main, ça pourrait aller mieux, plaisantai-je.
- Tu pourrais regretter ces paroles, me dit-elle sérieusement avec un air suffisant.
Elle termina sa bouteille tandis que j'étais maintenant très intrigué par ce qu'elle venait de dire. Avait-elle l'intention qu'on ait un rapport sexuel ce soir ?
- Qu'est-ce que je dois comprendre ? lui demandai-je très curieux.
Elle se contenta de sourire puis elle posa sa bouteille sur le côté. Elle changea de position et s'assit sur les genoux. Elle gardait un sourire amusé sur ses lèvres ce qui confirmait bien que l'alcool coulait à flot dans son sang.
- Tu ne veux toujours pas être ma première fois ? lâcha-t-elle.
- Tu me laisserais l'être ? fis-je surpris.
- Jamais, rit-elle aux éclats.
Dieu merci. Elle m'avait presque donné envie de fuir. Si un jour elle me disait qu'elle voulait que je sois sa première fois, cela voudrait dire qu'elle avait finalement des sentiments pour moi. Et ce jour là, je m'en irais sans réfléchir.
- Tu es complètement bourrée, lui fis-je remarquer.
- Pas du tout, dit-elle avant de mordre sa lèvre inférieure.
Putain. Ne fais pas ça Waller.
- Heureusement que je suis ton chauffeur.
- Tu peux arrêter d'être gentil avec moi.
- Je ne suis pas gentil, je suis juste redevable envers toi. Tu pourras dire adieu à ma gentillesse quand tu auras retrouvé ton père.
Elle déglutit.
- Je comprends, dit-elle.
- Tu t'attendais à autre chose ?
- Non. Bien sûr que non.
J'espérais qu'elle était sincère. Je ne voulais pas lui briser le coeur même si c'était la meilleure chose que je pouvais faire si je voulais gagner notre "compétition".
- Si tu ne veux pas de ta bouteille, je la prends, reprit-elle en s'avançant vers moi.
- Non, tu as déjà trop bu, refusai-je en tenant la bouteille loin derrière moi.
Elle essaya de l'attraper sans y parvenir. Son visage se retrouva planté devant le mien. Je contractai ma mâchoire. Ses yeux brillaient à cause du clair de lune. Elle se mit à fixer mes lèvres avant de coller son front au mien. Je ne savais plus quoi faire. Ses yeux plongèrent dans les miens et elle afficha un sourire en coin.
- Qu'est-ce que tu fous ? lui demandai-je.
Elle mordit ma lèvre inférieure puis m'embrassa ignorant complètement ma question. Je fermai les yeux. L'adrénaline montait en main. Elle bougeait ses lèvres sensuellement contre les miennes. Elle est soûl Justin. Elle ne sait pas ce qu'elle fait.
- Attends, interrompis-je notre baiser. Qu'est ce que tu veux ?
- Je n'ai pas le droit de t'embrasser ?
Qu'est ce qu'il m'arrivait ? C'était la première fois qu'un baiser me rendait nerveux. Je devrais plutôt en profiter - pour une fois que ce n'était pas moi qui avait déclanché cela - mais à la place, je m'inquiétais et je n'étais plus sûr de moi. Je regardais ses lèvres rougies. J'étais content de savoir que c'était les miennes qui les avaient mises dans cet état.
Abigail les fit rencontrer à nouveau. Je ne résisterais pas longtemps. Elle posa ses mains sur mes joues et accentuait notre échange comme si elle avait peur d'oublier le goût de mes lèvres.
- J'ai envie de toi, me murmura-t-elle.
- Depuis quand Waller a envie de moi ? souris-je entre ses lèvres.
- Tu sais que j'ai envie de toi à chaque fois que tu poses tes yeux sur moi.
Je stoppai le baiser une deuxième fois et la regardai droit dans les yeux. Avais-je bien entendu ce qu'elle venait de dire ? Venait-elle de baisser sa garde et d'avouer qu'elle me trouvait irrésistible ?
- Mais j'ai aussi envie de t'étrangler et de t'insulter en même temps, souligna-t-elle avant de m'embrasser encore plus sauvagement.
Je la soulevai et la posai sur le haut de mes cuisses - j'étais assis en tailleur. Mes mains sillonnèrent le bas de son dos. Elle était extrêmement brûlante. Une bosse se formait sur mon entre jambe. Elle pouvait clairement le sentir étant assise presque dessus.
- T'es juste bourrée Waller, lui fis-je remarquer.
Elle ouvrit ses paupières et son regard me fusilla.
- Pourquoi t'en profites pas ? me demanda-t-elle. C'est l'occasion rêvée pour toi d'en finir avec moi.
- Pourquoi tu crois que je veux en finir avec toi ?
- Parce que c'est la vérité Justin. Tu me testes tous les jours pour que je finisse par céder.
Je restais bête sans savoir quoi lui répondre. Elle faisait complètement fausse route. C'était ce que j'avais fait avant que j'apprenne qu'elle était vierge. Désormais, mes intentions étaient très différentes.
- Ça a toujours été un jeu pour toi et tu as pris peur quand tu as su que j'étais vierge, me dit-elle. Mais finalement tu en as rien à faire d'être ma première fois et au contraire, si ça peut me distraire des cours, c'est avec plaisir que tu coucherais avec moi.
- Tu te trompes.
- Alors à quoi tu joues avec moi ?
- Et toi ? C'est toi qui viens de m'embrasser, rétorquai-je.
- Je suis juste bourrée et perdue. Je ne me rappellerais pas de cette soirée demain.
Elle s'attaqua à nouveau à mes lèvres. Il était impossible pour moi de la repousser. Ses mains s'aventurèrent dans mes cheveux. Elle les aggripait et me soutirait ainsi quelques soupirs.
- On dirait que tu as aussi envie de moi, me susurra-t-elle. Tu es dur.
Je souris pour toute réponse et elle me poussa vers le bas pour se retrouver allonger sur moi. Nos corps ondulaient ensemble. On se chauffait mutuellement. Je glissai mes mains dans son jean et pressais son postérieur fermement. Elle soupira. Je la serrais fort contre moi à défaut de ne pas être en elle.
- C'est dommage que tu ne te rappelleras pas de ça demain, lui dis-je entre deux baisers.
- Pourquoi ?
- Parce que je paris que tu n'as aucune idée de ce que l'alcool te fait faire.
C'était la deuxième fois que Waller se jetait sur moi à cause de l'alcool et elle n'avait eu aucun souvenir de la première fois. Ça serait marrant qu'elle se réveille en se mémorant parfaitement la soirée de ce soir et qu'elle ne se reconnaisse plus mais il y avait beaucoup trop d'alcool en elle pour que cela arrive.
Elle rit. J'aimais son rire. Encore plus quand il était sous l'effet de l'alcool. Je la regardais avec attention. Ses cheveux tombaient de part et d'autre de mon visage. Ils m'encerclaient comme pour me faire comprendre qu'il n'y avait qu'elle qui comptait. Et à cet instant, il n'y avait qu'elle qui m'importait. Elle et ses lèvres. Ses yeux. Son rire. Son corps.
Soudain, des gouttes nous tombèrent dessus et nous firent sursauter. Nous mîmes quelques secondes à comprendre que l'arrosage automatique s'était enclenché. Nous nous levâmes alors et nous courûmes vers la sortie le plus vite possible pour éviter de finir trempés sans récupérer les bouteilles sur l'herbe.
Abigail réussit à escalader le portail bien que son état s'était dégradé et je la suivis facilement. Nous regagnâmes la voiture quelque peu mouillés et très amusés de la situation.
La couleur des cheveux de Waller avait sombri à cause de l'eau. Celle de ses joues était rosée. Ses lèvres étaient encore gonflées. Ses fossettes creusaient sa peau. Elle était mignonne. Elle riait aux éclats.
Je nous ramenai chez moi bien qu'il n'était pas assez tard pour aller au lit. J'avais toujours ma queue en érection et je voulais terminer ce que nous avions commencé mais elle semblait être soudainement fatiguée et ne pas vouloir la même chose.
Rentré à l'appartement, je partis directement dans ma chambre pour me changer. Je n'avais pas besoin de dormir tout de suite étant donné que je supportais mieux l'alcool qu'Abigail alors je décidai d'aller regarder la télé au salon. Au moment de sortir de la pièce et d'ouvrir la porte, je la trouvai appuyée contre la chambranle, les mains derrière le dos et un sourire timide sur ses lèvres.
- Merci d'être resté avec moi, c'était cool, me dit-elle. Et merci de m'héberger encore une nuit.
- C'est rien.
Elle posa sa tête contre le bois et me fixait comme si elle attendait quelque chose de ma part. Je ne réfléchis pas et l'embrassai tendrement. Tendrement. C'était un baiser délicat. Je ne savais pour quelle raison je l'avais fait. Je n'embrassais jamais de cette manière normalement mais j'en avais eu envie. Elle ne me repoussa pas et se laissait faire. Cette chose dans ma poitrine se gonfla. J'avais l'impression qu'elle se gonflait à chaque fois que nos lèvres étaient en contact.
- Bonne nuit, me dit-elle en mettant fin au baiser. Rêve bien de moi, rit-elle avant de me faire un clin d'oeil.
Touché en plein coeur. Elle regagna la chambre de ma mère et ferma la porte derrière elle. J'étais confus de ce que je venais de faire. Pourquoi cet élan de tendresse ? Et pour elle ? Je m'étais interdit de lui donner de faux espoirs et ce baiser était la chose à ne pas faire.
Merde Justin. Tu commences à devenir celui qui ne voulait surtout pas être.
...
J'arrivai dans le salon. Abigail était déjà là, allongée sur le canapé, regardant la télé.
- Ça va ? lui demandai-je.
- J'ai mal au crâne, grogna-t-elle.
- Tu te rappelles de ce qu'il s'est passé ?
- De A à Z.
- Des regrets ?
- Ça aurait pu être pire.
Je me servis à boire.
- Tu vas faire quoi aujourd'hui ? Tu vas retourner voir ton père ?
- J'ai rendez vous avec Axel.
Je me tournai vers elle surpris.
- Tu es encore intéressée par ce mec ?
- On a besoin de parler.
Pourquoi me sentais-je pris pour un con ? Pourquoi cela me dérangeait de savoir qu'elle comptait passer un moment avec son ex copain ? Je savais que je n'aurais pas dû l'embrasser d'une manière différente. C'était évident qu'elle avait pris peur et qu'elle se tournait désormais vers Axel pour oublier cela.
- De quoi ? Du fait que tu l'aies trompé ? Que vous deux ça n'ait pas marché ?
- Je rêve ou ça te dérange ? me lança-t-elle en se redressant.
- Pas du tout Waller.
Faux. Archi faux.
- OK, dit-elle en fronçant les sourcils.
Elle se leva du canapé et s'avança vers moi.
- J'ai besoin de retourner chez moi pour me changer, continua-t-elle. Si tu ne peux pas, j'ai encore assez d'argent pour prendre le bus.
- Je vais te raccompagner. Laisse moi juste le temps de me préparer.
- Merci, me sourit-elle timidement.
J'étais obligé d'accepter sinon elle aurait pensé que je m'étais braqué à cause de ce qu'elle m'avait dit. Après une demi heure, nous étions dans ma voiture en direction de chez elle. C'était silence radio durant le trajet. Je ne voulais pas parler parce que j'étais contrarié. Mais elle ? Qu'est ce qu'il lui empêchait de parler ? Ce qu'elle avait fait hier ? Je me posais beaucoup trop de questions.
Ainsi, nous nous quittâmes sans se dire un mot. Je ne savais même pas si je devais la récupérer quelque part ou si nous allions nous éviter jusqu'à la rentrée. Pourquoi m'en préoccupais-je ? Si elle avait envie de me voir, elle le ferait et vice versa.
...
J'avais rejoins Kenneth et Valentin chez ce dernier. Comme Waller comptait s'amuser avec son ex, je n'allais pas me tordre les pouces en attendant. Je m'installai sur le canapé à côté d'eux. Il jouaient à la console entre des bouteilles de bière et des paquets de cigarettes.
- Tu veux que j'appelle des filles ? me demanda Valentin.
- Ouais.
- J'en ai rencontré hier soir. Tu vas voir, tu vas les adorer.
Je n'étais pas impatient mais c'était clair que ça me changerait les idées. Elles arrivèrent rapidement après qu'il les ait appelé. Mon regard s'attarda sur l'une des quatre filles présentes. Elle était encore mieux foutue qu'Abigail. Plus de seins. Plus de fesses. Un style vestimentaire provocateur. C'était tout ce que j'aimais avoir dans un lit avec moi.
Elle fut la première à s'avancer vers moi et à me faire la bise. Elle posa une main sur mon cou pendant notre bref échange. Je savais à ce moment là qu'elle serait celle avec qui je m'amuserais.
- Andrea, se présenta-t-elle.
J'oubliai les autres prénoms. Je décidai de la prendre à part dans la chambre de mon pote sans perdre de temps. Elle s'assit les jambes croisées sur le lit et me fixait.
- Et toi ? Comment tu t'appelles ?
- Justin.
- Enchantée Justin, me sourit-elle. Ravie de faire ma connaissance ?
- Très.
Je m'approchai et la basculai en arrière pour me retrouver au dessus d'elle. Elle essaya de passer ses mains sur mon cou mais je les épinglai sur le matelas. J'avais un désir de vengeance. Je voulais extraire toute ma contrariété contre Abigail sur cette fille que je ne reverrais jamais.
- J'espère que tu as du temps devant toi Andrea.
...
J'étais dans ma voiture pour retourner chez moi. J'avais passé toute la journée chez Valentin. Une bonne partie dans son lit avec Andrea et l'autre à jouer à la console. J'avouais avoir eu en tête Waller pendant tout ce temps. Je ne pouvais m'empêcher de me demander si elle s'était bien amusée avec Axel, si ils s'étaient remis ensemble, si elle ne voulait plus de moi après ça et tout un tas d'autres questions. J'avais l'impression d'avoir tous les symptômes d'un mec qui commençait à s'attacher à une fille. Piégé.
Je roulais lentement dans la nuit sombre. Maintenant que je serais seul chez moi, il était vrai que je n'avais pas envie de rentrer. Mais, je reconnus une silhouette au loin qui marchait. C'était justement elle. Venait-elle seulement de quitter Axel maintenant ? Si oui, cela voulait dire qu'elle avait eu largement le temps de faire quoi que ce soit avec lui.
Je m'arrêtai à sa hauteur et bassai la vitre du passager pour l'accoster.
- Waller !
Elle se tourna vers moi et fut surprise de me trouver ici.
- Justin ?
- D'où tu viens ?
- De l'hôpital, répondit-elle en s'approchant. Et toi ?
Ses yeux descendirent sur mon cou. Elle déglutit. Bien joué Justin.
- J'étais chez Valentin.
- Il n'y avait pas que Valentin on dirait.
- Un problème ?
- Pas du tout Bieber, m'imita-t-elle.
- Je te ramène ?
- Je veux bien merci.
Pourquoi me sentais-je obligé de la ramener ? Je n'étais pas son chauffeur à titré mais c'était comme si je cherchais tous les prétextes pour passer du temps avec elle. Elle entra dans le véhicule et s'assit à côté de moi. Elle attacha sa ceinture et je redémarrai.
- Alors ? Vous vous êtes remis ensemble ? m'empressai-je de lui demander.
- Évidemment que non Justin.
- Tu aurais très bien pu.
- Je n'en avais pas envie.
- Pourquoi ?
- Parce que mon père est à l'hôpital Justin. J'ai des problèmes plus importants à régler.
Une odeur de nourriture chinoise envahit l'intérieur. Elle provenait du sac en plastique que portait Abigail.
- Deux suçons ? Elle a bien marqué son territoire, dit-elle amusée.
- Je n'appartiens à personne.
- Je l'ai bien compris.
- Tu peux en refaire par dessus si ça te dérange.
- Et poser mes lèvres là où elle a posé les siennes ? Sans façon.
Elle fuyait désormais mon regard et se tournait vers la vitre. Voulait-elle déjà que je sois son exclusivité ?
- Tu as passé le reste de la journée à l'hôpital ?
- Je suis allée sur la tombe de ma mère aussi, répondit-elle sans me regarder.
Elle était définitivement contrariée. Je ne savais plus si c'était une bonne chose ou non. Je m'étais vengé, certes, mais j'avais l'impression que je mettais en péril notre "relation". Nous arrivâmes devant son immeuble et elle ne perdit pas de temps pour quitter la voiture après m'avoir remercié. Elle se dirigea vers la porte d'entrée. Peut être que je n'aurais pas dû me ramener avec deux suçons sur le cou si j'avais voulu espérer passer la soirée avec elle.
Je ne savais pas quoi faire. J'étais en pleine hésitation. Devais-je m'incliner, partir et donc la laisser manger cette nourriture chinoise seule ou courir la rejoindre avant qu'il soit trop tard et me rattraper de cette journée merdique ?
- Abigail ! criai-je. Attends !
Tu es foutu Bieber. Je coupai le contact et sortis de la voiture. Je m'avançai à sa hauteur et elle me regardait intriguée.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je... J'ai... Je...
Elle rit.
- Tu bégayes maintenant ? se moqua-t-elle de moi.
Je me grattai la tête, embarrassé. Merde. J'aurais mieux fait de rester dans ma bagnole.
- Quoi ? C'est ça que tu veux ? me demanda-t-elle en montrant le sac de restauration qu'elle avait. Ne t'inquiète pas, je ne suis pas radine. Allez, viens.
Aussi facile que ça ? Pourtant elle était bien irritée il y avait à peine quelques secondes. Elle était encore plus incompréhensible que moi. Ainsi nous étions tous les deux chez elle. Nous nous installâmes directement autour de la table basse pour manger. Je crois bien que cela faisait une éternité depuis la dernière fois que j'ai mangé chinois.
Je la regardais ingurgiter avec aisance le repas à l'aide de baguettes alors que je n'osais même pas essayer de le faire de peur d'être ridicule.
- Tu n'aimes pas ? me demanda-t-elle la bouche pleine.
- Je ne peux pas manger avec des baguettes.
Elle rit.
- Tu n'as qu'à manger avec les doigts, me suggéra-t-elle très amusée.
Je laissai alors les bouts de bois au risque d'avoir l'air d'un dégueulasse. Nous mangions tranquillement. Waller savourait. Elle disait que c'était sa nourriture préférée et qu'elle pourrait manger ça jusqu'à la fin de sa vie. C'était une autre facette d'elle que je découvrais. Puis, soudain, elle posa tout ce qu'elle avait dans la main et me regarda.
- J'ai une idée ! Tu veux jouer à un jeu ? me proposa-t-elle.
- À quoi ?
- On se pose des questions et si on ne veut pas répondre, on boit un shot d'alcool.
Je souris. Cette fille ne manquait vraiment pas d'imagination.
- Et où tu trouves l'alcool ? lui demandai-je.
- Mon père est alcoolique. Ce n'est pas ce qui manque ici. Alors tu es partant ?
- OK. Si ça te fait plaisir.
Elle se leva et se dirigea dans la cuisine. Elle revint avec une grosse bouteille de whisky.
- Tu ne rigoles pas à ce que je vois, lui dis-je.
- Sinon ce n'est pas marrant Bieber.
- Je vais finir par croire que l'alcoolisme est héréditaire.
- J'ai jamais autant bu qu'avec toi.
Elle se replaça en face de moi et posa la bouteille sur la petite table. Elle semblait toute excitée à l'idée de faire ce jeu. Peut être que c'était l'occasion d'en apprendre davantage sur nous deux.
- Je commence ! dit-elle. Tu as bien pris ton pied aujourd'hui avec la fille ?
Je ris. C'était tout ce qu'elle avait trouvé de mieux comme première question ?
- C'était bien, répondis-je le plus honnêtement possible.
- OK à toi.
- Pourquoi tu n'as jamais rien fait avec Axel ?
- Parce que tu l'as devancé.
- Tu aur...
- Chut ! me coupa-t-elle. Chacun son tour. C'était quoi cette liste dont tu m'as parlé par message la première fois ?
- J'avais juste plusieurs filles en ligne de mire. Je n'avais pas vraiment de liste.
- Et tu as réussi à coucher avec cette fille ? Clara ?
- Oui et c'était à mon tour Waller.
- Je t'écoute.
Je devais bien réfléchir. Il fallait que je pose les bonnes questions.
- Ce que tu as fait hier était volontaire ?
- J'étais bourrée.
- Tu dois répondre par oui ou par non.
Elle décida de prendre la bouteille, de l'ouvrir et d'en boire une gorgée. Elle n'avait donc pas osé répondre à ma question. Elle grimaça en reposant le récipient.
- Tu aurais pu coucher avec moi si je n'étais pas vierge et la personne que tu détestais le plus ?
- Oui.
- Alors j'aurais été juste une fille comme les autres ?
- Peut être et tu ne respectes pas les règles Waller.
- Pardon, sourit-elle
- Et moi ? Je t'aurais intéressé si tu ne me détestais pas ?
- C'était plutôt Valentin qui m'intéressait mais comme c'était ton ami, je n'ai pas voulu l'approcher.
- Valentin ? Je ne m'étais pas trompé alors quand je pensais qu'il t'intéressait.
- Si. Il a arrêté de m'intéresser depuis bien longtemps.
Abigail avait été intéressée par mon pote. Putain. J'avais bien fait de le pousser loin d'elle alors. Je n'aurais pas supporté de les voir ensemble.
- Je n'arrive pas à croire que je ne suis pas celui qui t'est tapé dans l'oeil, dis-je en décidant de boire à mon tour.
- Ça touche ton orgueil que pour une fois une fille ne se soit pas arrêtée à ton physique ?
- Et qu'est ce qu'il avait de plus Valentin ?
- Il ne me provoquait pas.
Je continuais à boire. C'était la première fois qu'on préférait quelqu'un d'autre à moi et j'avouais que ça ne me plaisait pas.
- Dernière question, dit-elle. Pourquoi tu m'as embrassé hier avant d'aller dormir ?
Elle me regardait avec insistance. J'espérais qu'elle ne s'imaginait pas que j'allais répondre à ça après ce qu'elle venait de me révéler.
- Bonne nuit Waller, dis-je en me levant et en gardant la bouteille avec moi.
- Tu ne veux pas répondre ?
- Non.
Je faisais descendre le liquide dans ma gorge à une vitesse phénomènale. Je n'aurais jamais dû faire ce jeu avec elle. Elle n'aurait pas pu fermer sa bouche pour une fois ?
- Je m'en vais, déclarai-je.
- Tu crois que je vais te laisser partir seul et conduire alors que je viens de te faire boire presque un litre de whisky pur ?
Elle se leva et vint m'arracher des mains la bouteille désormais presque vide.
- Ça serait bête que tu meurs et que tu ne puisses plus tenir ta part du marché, me dit-elle.
Elle jeta la bouteille dans la poubelle.
- Tu peux dormir dans la chambre de mon père.
- Tu crois que je vais dormir dans le lit d'un mec que j'ai envoyé à l'hôpital ?
- Justin, je ne peux pas te laisser dormir dans ma chambre où je garde mes sous vêtements et tout un tas d'autres choses qui ne te regardent pas.
Je jetai un coup d'oeil sur le canapé. Beaucoup trop petit pour que je dorme dessus. Il n'y avait pas d'autre choix si elle ne voulait pas que je parte.
- Aucun attouchement ! me dit-elle en pointant son index vers moi.
- Tu penses toujours que je ne sais pas me tenir ?
- L'alcool va te monter à la tête dans très peu de temps. Je prends juste des précautions.
- C'est sûr qu'en terme de précautions, j'aurais dû en prendre hier soir.
Elle entrouvrit la bouche sans y laisser s'échapper un son. Je n'étais plus d'humeur à être tendre avec elle. Je partis sans l'attendre dans sa chambre et après avoir ôté mes chaussures et mes vêtements, je m'allongeai sur son lit.
Elle va voir si Valentin est vraiment plus intéressant que moi.
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