Chapitre 1

«Babe.»

Point de vue d'Abigail.

Mon portable vibra dans le creux de la poche de mon jean. Je soufflai. Mon satané père allait encore me demander de lui acheter des foutues cigarettes et des packs de bière pour qu'il puisse se bourrer la gueule devant la télé, son quotidien depuis maintenant plus de trois ans. Et ces choses, je les payais avec mon propre argent que je gagnais en travaillant durement dans un petit café.

Je récupérai mon téléphone portable dans ma poche et mes sourcils se froncèrent découvrant que je ne venais pas de recevoir un message de mon père mais d'un numéro inconnu.

- Qu'est-ce qu'il y a ? me demanda ma meilleure amie, Briana, remarquant ma confusion.

J'ignorai sa question et dévérouillai mon téléphone. Ma confusion s'agrandit lisant le message que j'avais reçu.

«J'ai le bonheur de te dire que tu es la prochaine sur la liste Clara.»

Clara ? Je ne m'appelais pas Clara.

- Abigail Waller, votre téléphone !

Je sursautai et mordis ma joue comprenant que le professeur venait de me surprendre le nez pendu au téléphone. Putain. J'entendis la classe marmonner sûrement surprise de voir que moi, Abigail Waller, élève studieuse, pouvait elle aussi regarder son téléphone en plein cours parfois. Je soufflai et le lui tendis. Il me le prit violemment des doigts et je déglutis voyant mon cellulaire s'éloigner de moi.

- Vous le récupérerez à la fin de l'heure mademoiselle, ajouta Monsieur Beaton.

Monsieur Beaton était mon professeur de philosophie. Sévère, très irritable et de mauvaise foie, il aimait quand l'ordre régnait dans sa salle de classe. Ses cheveux gris et dégarnis s'accordaient parfaitement avec son blaser noir par dessus sa chemise grise avec des rayures verticales et son pantalon blanc. Il était aussi fin qu'une baguette et ses lunettes grosses et rondes attiraient toute notre attention.

Les élèves se retournèrent et il reprit le déroulement normal de son cours.

- C'était qui ? me chuchota Briana.
- Je ne sais pas, répondis-je.

J'essayais de me replonger dans la leçon et d'écouter le professeur déblatérer sur la conscience. «La conscience désigne la possibilité même de la pensée : celui qui n'a pas conscience de ce qu'il pense ne pense pas.» Mais je n'arrêtais pas de penser au message que j'avais reçu. Qui était cette Clara ? Et de quelle liste parlait-on ? Sans aucune raison explicite, je ne me sentais pas à l'aise comme si j'avais - involontairement - mis les pieds sur une affaire qui ne me concernait pas.

À la fin de l'heure, après avoir pris des notes sans organisation dans mon cahier, j'allai voir le professeur pour qu'il me rende mon téléphone. Briana m'attendait devant la porte.

- Abigail, vous êtes d'habitude une élève sérieuse, me dit-il, ce serait dommage que vous perdiez cette qualité.

J'hochai la tête. Qu'est-ce que je pouvais dire ? Ce n'était pas en ayant consulter pour une fois mon téléphone en classe que je perdrais mon sérieux.

- Oui Monsieur ? me dicta-t-il.
- Oui Monsieur, répétai-je.

Il prit mon appareil placé parfaitement au coin de son bureau et me le tendit. Je le regardais avec insistance comme si il pouvait disparaître à tout moment.

- La prochaine fois, j'appelle votre père, me prevint-il.

Je ne bronchai pas et pris mon téléphone avant qu'il ne décide finalement de le garder.

- Merci Monsieur, dis-je tout bas. Au revoir.

Je quittai la salle d'un pas précipité et ma meilleure amie souffla quand j'arrivai à sa hauteur.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ? me demanda-t-elle.
- Mmh... Rien, ne fis-je pas attention à elle.

Mes yeux à nouveau plongés dans mon téléphone, je m'empressai de répondre à ce parfait inconnu mourant d'envie de savoir de qui il s'agissait. Pour une fois, j'avais l'impression que quelque chose d'intéressant allait se passer dans ma vie.

«Je ne m'appelle pas Clara. Tu as dû te tromper de numéro

- Tu es sûre que ça va ? me demanda Briana. C'est ton père c'est ça ?
- Oui, laisse tomber, mentis-je pour écourter le sujet.

Nous regagnâmes la prochaine salle de cours, nous avions mathématiques. Je m'installai comme d'habitude au premier rang avec Briana, cette place qui nous était attribuée implicitement parce que personne ne se précipitait pour nous la prendre et préférait nous la laisser volontiers.

Le fameux Justin Bieber, élève désobligeant, absentéiste et malheureusement aimé, arriva en trombe, sans aucune discrétion, en retard. Je n'eus pas besoin de poser mes yeux sur la porte pour savoir qu'il s'agissait bien de lui. Il ne s'excusa pas et prit place au fond de la salle. Le professeur ne releva pas son retard. Je roulai des yeux. Quelle injustice.

Ce garçon me tapait sur le système et d'autant plus quand il obtenait de meilleures notes que moi et cela se passait malheureusement souvent. Il avait la chance de ne pas se pointer en cours et durant les contrôles, sans tricher, cartonner dans toutes les matières. Sauf la philosophie, la matière dont il avait formellement refusé de suivre sans que personne ne sache pourquoi.

Il n'aimait peut être pas Monsieur Beaton mais c'était un sentiment partagé par le reste du lycée ou bien il n'aimait pas parler de conscience, d'inconscient, du bonheur ou encore de la liberté.

Pendant que Monsieur James nous parlait de tangente et de limites de fonctions, je me retenais de consulter mon cellulaire, que j'avais mis dans mon sac, afin de ne pas me faire prendre une nouvelle fois. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais tellement obsédée par l'idée de savoir qui avait bien pu m'envoyer un message involontairement.

- Qui me rappelle la formule de la tangente ? demanda le professeur.

Je levai la main pour qu'il m'interroge mais l'impolitesse qui coulait dans les veines de Justin Bieber le poussa à répondre à ma place. Je mordis ma joue et ne lui prêtai aucune attention parce qu'il savait pertinemment que ça m'énervait quand il essayait de m'évincer de la première place au classement du meilleur élève.

Il aimait installer cette compétition entre nous que je prenais très au sérieux malgré moi pour me faire perdre mes moyens. Notre lycée fonctionnait par trimestre. Le premier trimestre avait été le mien, le deuxième le sien, le troisième et les examens de fin d'année donneront raison à l'un d'entre nous. Et je comptais bien être celle qui gagnerait.

- Qui me donne la dérivée de la fonction f ? reprit Monsieur James.

Je levai ma main à nouveau mais Justin se permit encore une fois de répondre sans avoir été interrogé attisant mon agacement.

- Monsieur ! protestai-je.
- Abigail, vous répondrez la prochaine fois, me dit le professeur.
- Elle s'est faite prendre entrain d'utiliser son téléphone en cours et elle ose encore broncher, s'écria Justin depuis le fond de la salle.

Je me retournai offensée vers lui et je le vis, avachi sur sa chaise, tenant dans sa main gauche un stylo bleu qu'il s'amusait à faire tourner autour de ses doigts. Ses yeux marrons rencontrèrent mes yeux bleus. La tension s'installa dans la pièce. Il affichait un sourire narquois aux coins de ses lèvres histoire de me narguer un peu plus avant de passer une main dans ses cheveux châtains et blonds qui tombaient sur son front pour les remettre en place.

Je mentirais si je disais que sa pomme d'Adam très apparente, sa mâchoire saillante, sa barbe naissante, ses cheveux non disciplinés et son air non chalant ne le rendaient pas affreusement sexy. Et s'il fallait ajouter à ça le fait qu'en dessous de son pull noir il cachait des bras entièrement tatoués, il était définitivement sexy.

Je défiais son regard perçant quelques secondes puis le professeur remit l'ordre dans sa classe. Je soufflai et oubliai ce qu'il venait de se passer. C'était le laisser gagner de réagir à ses piques.

- C'est un con, ne réagis pas, me dit Briana.
- Je sais mais c'est plus fort que moi.

Comment savait-il ce qu'il s'était passé pendant le cours de Monsieur Beaton ? Ça devait être encore un de ses moutons qu'il lui en avait informé pour qu'il ait de quoi m'attaquer.

La fin du cours fut plus calme que le début et Justin s'était enfin résigné à me laisser la parole mais j'étais loin d'avoir gagné la guerre.

Briana et moi rejoignîmes le self quand notre matinée fut terminée. Nous nous assîmes à une table après avoir récupéré nos plateaux. Au menu du jour, raviolis au fromage. J'adorais ça. Je récupérai mon téléphone au fond de mon sac et un sourire naquit involontairement sur mes lèvres en voyant que l'inconnu m'avait répondu.

«Ah bon ? Qui es tu alors ? Tu es une fille au moins ?»

- C'est Axel ? me demanda Briana.

Je levai mes yeux sur elle. Ma meilleure amie était vraiment belle. À l'opposé de moi, blonde, cheveux longs et lisses, les yeux verts clairs, elle n'avait rien à envier à mes yeux bleus qui étaient la seule chose que j'arrivais encore à aimer chez moi. Ses lèvres fines arquèrent en un sourire désolé.

- Non, répondis-je, ne t'inquiète pas.

«Oui mais toi qui tu es envoyai-je en retour.

- Tu as l'habitude de toujours tout me dire Abigail, pourquoi tu fais soudainement la langue de bois ?

J'étais sur le point de répondre quand Justin, accompagné de ses deux meilleurs amis, arriva au self. Comme s'ils se croyaient dans un film où ils jouaient la bande de mauvais garçons, ils s'avancèrent les mains dans les poches se donnant clairement en spectacle.

Je roulai des yeux trouvant cela très pathétique et sans intérêt surtout qu'ils n'avaient pas de quoi se la péter. Il y avait des bruits qui couraient comme quoi Justin vivait dans un petit appartement très modeste avec sa mère et qu'ils étaient loin de rouler sur l'or. Son père les aurait apparemment abandonné mais je ne savais pas pour quelle raison. Bieber se donnait donc un genre pour faire croire aux yeux de tout le monde que tout allait parfaitement bien dans son monde alors que ce n'était pas le cas.

Pavanant dans son jean noir déchiré qui lui allait certainement trop grand, il se dirigea vers le comptoir pour prendre un plateau.

- On dit qu'il a jeté Elizabeth comme une merde ce week-end, déclara Briana.
- Wow, quelle surprise ! dis-je avec sarcasme en quittant Justin du regard. Il n'est pas capable de rester trois jours avec la même fille.

Il n'était qu'un simple coureur de jupons. Baiser, baiser et encore baiser était son dicton. Je ne comprenais pas comment on pouvait s'intéresser à une personne comme lui.

- Tu fais quoi après les cours ? changea-t-elle de sujet.
- Comme d'habitude, répondis-je, bosser.
- Je vais voir Paul.
- Ah c'est cool ! Qu'est ce que vous avez prévu de faire ?
- On va aller au cinéma.

Briana était en couple avec Paul, un jeune blond comme elle. Tous les deux, ils faisaient la pair. Ensemble depuis presque trois ans, ils ne se lâchaient plus. Ma meilleure amie était raide dingue de lui et le qualifiait de petit ami parfait. J'étais très contente pour elle. Elle était une fille bien et elle méritait d'avoir trouvé quelqu'un qui sache la faire rire même quand elle pleurait.

- Quel film ? demandai-je en prenant une bouchée de mon plat.
- Nos étoiles contraires. J'ai dû insister pour qu'il accepte, rit-elle.
- Tu me raconteras.

Mon portable vibra contre la table provoquant un bruit un peu trop fort qui fit tourner quelques têtes vers moi. Je grimaçai et attrapai mon cellulaire. Il m'avait répondu.

«Ce ne serait pas amusant si je te disais toute de suite qui j'étais

J'ébauchai un sourire. Cet inconnu semblait aimer jouer.

«Tu as raison.»

Je ne savais pas si c'était correcte de faire cela vis à vis d'Axel. Nous étions devenus très proches et je ne voulais pas faire comme si je n'étais pas consciente que notre relation irait au delà l'amitié. Il me plaisait et je semblais lui plaire. Ce n'était pas honnête de ma part de commencer un jeu avec une autre personne dont je ne connaissais même pas l'identité.

Mais cette personne avait attisé toute ma curiosité et j'avouais, en seulement quelques petits messages, aimer échanger avec quelqu'un que je ne connaissais pas. J'espèrais ne pas m'être aventurée dans une histoire qui me causerait des problèmes.

«Je vois que tu aimes les jeux babe. Je suppose que je n'ai plus qu'à t'ajouter sur la liste à la place de Clara. Dommage pour elle, le destin a décidé à sa place.»

Je ne comprenais pas de quelle liste il parlait. Pourquoi possédait-il une liste ? Était-il aussi un coureur de jupons ? Je ne voulais pas être considérée comme un vulgaire objet.

«De quelle liste tu parles ?»

- Il serait peut être temps que tu passes à la vitesse supérieure avec Axel, reprit Briana.

Je souris et ôtai enfin mon regard de mon téléphone.

- Il m'a invité au restaurant samedi, annonçai-je.
- Ah oui ? s'écria-t-elle. C'est le moment où jamais pour conclure !
- Ça va Bri, ris-je. Nous sommes pas pressés.
- J'aimerais pouvoir commencer à te parler de mes problèmes de cul sans être gênée, rétorqua-t-elle en riant. Ça fait trois ans Abby que j'attends que tu franchisses le pas.

Je roulai des yeux amusée. Et oui, que pouvais-je y faire ? Je n'avais pas la même chance qu'elle en amour. Surtout avec un père oppressant comme le mien.

L'inconnu me répondit rapidement. Je levai ma tête et regardai autour de moi. Je me demandais si ça pouvait être quelqu'un du lycée. Mais les chances pour que cela arrive étaient très minimes et c'était mieux comme ça. Tous les garçons de Imperial School étaient des ignorants. Certes, j'exagérais et faisais là une généralité mais c'était presque totalement vrai.

Justin et ses deux amis s'installèrent à une table provoquant un silence général pendant quelques secondes de toute la pièce. Il s'avérait qu'il avait une certaine prestance qui frôlait l'admiration. Faire taire une centaine d'élèves juste par sa présence n'était pas donné à tout le monde. Ses yeux croisèrent les miens et je détournai le regard pour me reconcentrer sur Briana. J'essayais d'éviter au maximum tout contact, même visuel, avec lui. Il arrivait à m'irriter très rapidement rien qu'en posant ses yeux sur moi.

- J'ai demandé à mes parents si tu pouvais passer les vacances de printemps avec nous, dit-elle. Ils sont d'accord.
- Bri, tu sais très bien que mon père ne voudra pas.
- Tu n'as pas besoin de son accord Abby.
- Je vis sous son toit, je n'ai pas le choix.
- Alors tu vas passer tes vacances à le servir ?
- C'est comme ça.

Mon portable vibra. Je m'empressai de lire le message que j'avais reçu. Je fus déçue découvrant un message de mon père.

«N'oublies pas mes bières et mes cigarettes.»

Évidemment, j'avais l'habitude avec ce genre de message. J'ignorai cela et terminai mon assiette. À la fin du repas, nous retournâmes en cours.

...

Je venais de terminer mon service au café. Il était maintenant vingt et une heure. J'étais fatiguée comme chaque soir mais de retour chez moi, je devais encore m'attaquer à mes devoirs mais surtout accomplir certaines tâches ménagères quotidiennes que mon père ne faisait pas. Après voir acheté ce qu'il m'avait demandé, je retournai chez moi.

Je vivais avec mon père dans un trois pièces. Il y avait tout juste assez de place pour nous deux. Après la mort de maman, il avait choisi de ne pas déménager parce qu'il estimait qu'on avait pas assez d'argent pour le faire. Pourtant, il dépensait certainement au moins trois cents dollars par mois rien que pour ses propres loisirs.

Moi, si je voulais avoir de l'argent, je devais le gagner en travaillant. Je n'avais pas d'argent de poche ni de compte ouvert à ma disposition. Mon père aussi travaillait mais je savais très bien que c'était plus pour lui que pour moi.

Je poussai la porte d'entrée et retrouvai mon père assis sur le mini canapé que nous disposions. Il regardait la télé. Je détestais rentrer chez moi et en réalité, je ne me sentais plus vraiment chez moi depuis que ma mère était partie. C'était comme si mon père n'était pas vraiment mon père et l'appartement où je vivais pas vraiment ma demeure.

J'avais eu envie à plusieurs reprises de fuguer mais à chaque fois, je me sentais comme si je trahissais mon père et ma mère. Mon père parce qu'il avait continué à m'élever, à m'héberger et à me nourrir même après la mort de ma mère et ma mère parce que si elle s'était mariée avec mon père, c'était parce qu'il était le bon pour elle et pour fonder une famille. Et en fuguant et en choisissant de quitter mon père, c'était comme si je jugeais les choix que ma mère avait faits mauvais.

Et peut être aussi parce que même si la plupart du temps je détestais de tout mon être mon père, je détesterais encore plus de le savoir seul et sans plus aucune compagnie.

- Tu as ce que je t'ai demandé ? me demanda-t-il de sa voix grave à peine le pas de la porte franchie.
- Oui, comme toujours.

Je me retenais souvent de ne pas lui répondre et de ne pas être insolente à ses yeux parce que ça pouvait partir au quart de tour très rapidement. Ce qui voulait dire que je devais me cacher et porter des vêtements chauds alors que l'été approchait quand c'était le cas. Mais parfois, je ne pouvais pas tenir ma langue et je me sentais obligée de me défendre parce que ses propos étaient injustes envers moi.

Je posai ses cigarettes et ses packs de bière sur la table à manger et m'empressai de regagner ma chambre. Je fermai la porte, pas à clé car je ne le pouvais pas, et posai mon sac au pied de mon lit.

La décoration de ma chambre était simple. J'avais retiré tout que j'avais accroché sur les murs blancs quand j'ai perdu maman : nos photos ensemble et celles avec ma meilleure amie parce que c'était mon père qui me l'avait ordonné. Il disait que ça abîmait les murs pourtant je n'avais utilisé que de la pâte à fixe. Mon père était comme ça. Il était stricte et voyait le mal là où il n'y en avait pas. Il s'énervait pour un rien et ne se remettait jamais en question.

Le départ de ma mère avait tout changé ici. Si seulement elle voyait ce que notre belle famille était devenue, elle serait très triste.

Je n'eus pas le temps de faire tout de suite mes devoirs, je devais d'abord préparer le dîner. Je n'avais jamais de temps pour moi. Le week-end était les seuls jours où je ne travaillais pas mais encore, je devais rattraper toutes les leçons et les exercices que je n'avais pas pu réviser ou faire durant la semaine et en plus de cela, mon père me demandait de laver entièrement l'appartement.

C'était certain que je n'avais pas de temps pour moi.

...

Dans mon lit, je pris mon téléphone et vis que j'avais deux nouveaux messages. L'inconnu ne m'avait plus répondu depuis le déjeuner. J'avais vérifié toute la fin de journée s'il m'avait enfin envoyé un message en vain jusqu'à maintenant. J'avais aussi reçu un message d'Axel. Je lis d'abord le sien.

«C'est toujours bon pour samedi ? Tu me manques.»

Je souris. Je savais qu'Axel serait parfait en tant que petit ami. Il l'était déjà en tant qu'ami. Il n'avait aucun défaut et en plus de cela, il était italien et il avait un accent parfait qui me faisait fondre à chaque fois que je l'entendais. Je lui répondis que c'était toujours bon et qu'il me manquait aussi. Axel avait dix neuf ans et il était en année sabbatique ici à Boston. Drôle d'endroit pour passer son année sabbatique n'est ce pas ? Sa tante vivait ici et elle était la seule qui pouvait l'héberger aux États Unis.

Nous nous étions rencontrés au café où je travaillais. Il m'avait demandé un cappuccino et la façon dont ses lèvres avaient prononcé ce mot m'avait retourné le ventre. Cela faisait maintenant deux mois que nous flirtions ensemble et jusque là, il n'y avait eu aucun baiser. J'imaginais que samedi était enfin le bon soir.

J'ouvris maintenant le message de l'inconnu. En repensant à mon début d'histoire avec Axel, je me disais maintenant que je ne devais pas trop jouer avec cette mystérieuse personne qui m'envoyait des messages. Même si elle habitait peut être à dix mille kilomètres de moi, un simple message qui pouvait avoir un double sens n'était pas respectueux envers Axel. Il allait être mon petit ami - du moins je l'espérais - et je n'allais quand même pas déjà aller "voir ailleurs".

«Oublie la liste babe. Il n'y a que toi et moi.»

Je comprenais maintenant quand Briana me disait qu'on pouvait ressentir beaucoup de choses rien qu'en lisant un message. J'arrivais à avoir le coeur qui palpitait à cause de celui ci. Babe. Ce garçon appelait-il toutes les filles avec qui il parlait comme ça ? Pourquoi ce surnom me faisait-il tant d'effet alors que je n'avais aucune idée de qui ce mot venait ? Il n'y a que toi et moi. J'étais déjà l'exclusivité alors qu'il ne me connaissait pas.

La personne qui se trouvait derrière pouvait être un dangereux psychopathe ou bien une lesbienne pourtant j'étais persuadée que c'était un beau garçon. Il savait parfaitement quoi écrire pour susciter ma curiosité. Ce ne pouvait être qu'un garçon qui avait du savoir faire auprès des filles.

«Ne t'avance pas trop, on ne se connaît pas.»

Pourquoi n'avais-je pas simplement dit que je n'avais pas envie de savoir qui cette personne était et qu'elle pouvait arrêter de m'envoyer des messages ? Parce que c'était clairement faux. Je voulais apprendre toutes les choses que je devais apprendre sur cet inconnu. C'était excitant.

«Alors apprenons nous à nous connaître. Qu'est ce que tu veux savoir sur moi ? Pose moi n'importe quoi, je te répondrai mais ne me demande jamais mon nom.»

«Est-ce que tu es un garçon déjà

«Oui babe. Dix huit ans et sculpté comme un Dieu. Et toi

Je ris. Je pouvais déjà noter qu'il était prétentieux et qu'il avait mon âge.

«Je croyais que c'était moi qui posais les questions. Dix huit ans et il paraîtrait que les yeux bleus c'est attirant

«Pardon, babe. Je voulais juste savoir si je n'étais pas entrain de passer pour un pédophile. C'est putain de sexy les yeux bleus.»

J'aimais quand il m'appelait babe. J'imaginais sa voix qui devait être suave et grave prononcer ce mot et cela me fit frissonner.

«On a le même âge apparemment. Quelle couleur ont tes yeux ?»

«Pourquoi apparemment ? Tu ne me crois pas ? Marron mais je t'assure qu'ils sont très beaux.»

«Je ne peux pas te faire confiance. Je ne te connais pas. Qui me dit que tu n'es pas réellement un pédophile et que tu sais exactement comment t'y prendre pour me faire croire le contraire ?»

Je n'étais pas naïve. S'il venait à tenir des propos très suspects qui me feraient penser qu'il n'était pas quelqu'un d'honnête et qu'il utilisait une fausse identité, j'arrêterais tout contact avec lui. Je ne voulais pas avoir d'ennui, encore moins avec mon père qui me surveillait derrière.

«Tu me fais rire babe. Le fait que je ne t'ai toujours pas demandé où tu habites est une bonne raison.»

«Peut être que tu le sais déjà

«Non je t'assure

«Tu attends peut être que je te le dise

«Non. Je ne veux pas découvrir ton visage et me dire "merde, tout ce temps j'ai parlé avec une moche".»

«Connard. Parle pour toi. Tu es trop prétentieux pour être réellement beau.»

«Si je t'envoyais une photo de moi, tu te masturberais dessus. Je vais t'éviter ce plaisir

«La modestie n'est définitivement pas dans ton vocabulaire.»

Il me parlait mal et ce n'était normalement pas du tout la bonne façon pour m'aborder pourtant j'aimais ça. J'aimais sa prétention et ses mots crus. J'aimais ne pas pouvoir imaginer à quoi il ressemblait. J'aimais ne pas savoir dans quel coin du globe il se trouvait. J'aimais qu'il me soit totalement étranger. Putain, c'est quoi ce bordel ?

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