Chapitre 58 |
Bruna Watson; 16:56.
J'ai enfin écouté mon parrain. Ce matin suite à mon altercation avec Liam, j'ai pris conscience du mal, qui m'entourait et à quel point la guérison était impossible en restant ici. J'ai donc pris mes dernières affaires qui restaient dans mon casier, rendu mes livres à la librairie du lycée, puis j'ai dit au-revoir à mes amies. Ça a été difficile mais Hollande et Chloé ont su me rendre la tâche plus facile grâce à leurs compréhensions. Ensuite j'ai quitté l'établissement sans un regard en arrière et je me suis senti si bien. Comme si on m'avait donné un second souffle. À cet instant précis j'ai su que j'avais pris le bon choix. Que je ne le regretterais jamais. Encore mieux, il me rendrait heureuse. Et c'est ce qui compte le plus.
— Comment te sens-tu ? me demande Chad en prenant ma main dans la sienne.
J'étais pratiquement prête à ne pas retourner vers les personnes qui m'entourent depuis le début de ma scolarité dans ce lycée, je ne voulais pas parler de mon départ, mais j'ai compris que je ne pouvais pas partir comme une voleuse. Surtout auprès des personnes qui ont toujours été présents pour ma personne, d'une façon ou d'une autre. C'est pour cette raison que j'ai donné rendez-vous à Chad dans ce café en plein centre-ville.
— Je te rassure : je vais parfaitement bien. Ce qui s'est passé ce matin avec Liam, ce n'était rien. C'est déjà derrière moi.
— Si tu as l'intention de passer l'éponge sur les mots qu'il a employés envers toi ou bien de carrément le pardonner, je te l'interdis. C'est trop grave ce qu'il a dit et fait. À cause de lui, tu es renvoyé une semaine.
— Je n'ai pas dit que j'allais le faire. J'ai juste besoin de faire la paix avec moi-même et donc le seul moyen de le faire c'est de mettre toutes ces histoires derrière moi et de ne plus m'en préoccuper. Tu ne crois pas ?
— Si. Néanmoins ça ne veut pas dire que tu dois excuser toutes ces personnes qui t'ont fait du mal.
— Je ne le ferais pas. Je vais juste les rayer de ma vie, je m'exclame en lui souriant.
— Ça c'est une bonne action. Bon dis-moi, as-tu eu des nouvelles de Stephen ?
— Pourquoi en aurais-je ? demandé-je en fronçant les sourcils.
La dernière fois que nous nous sommes aperçues — que je l'ai vue — il était carrément furieux et semblait totalement haineux et honteux envers ma personne. Depuis plus rien et je crois que c'est mieux ainsi. Ça me donne d'avantage envie de l'oublier, de ne pas le regretter, et de tourner définitivement la page de notre couple.
— Je pensais que vous étiez de nouveau en bons termes et même sur le chemin de la réconciliation. La dernière fois, vous vous parliez sagement et vos visages étaient du genre apaisé.
— Absolument pas. Stephen voulait juste connaître la vérité concernant mon passé. Dorénavant c'est le cas, c'est peut-être pour cette raison que tu avais la sensation que nous étions apaisés.
— Ça veut dire qu'entre lui et toi c'est réellement terminé ?
— Ça l'est, je confirme en hochant la tête.
— Tu ne l'aimes donc plus ?
— Honnêtement, je l'aimerais toujours d'une façon ou d'une autre. Stephen a été présent lors d'une période très compliquée et il a su m'offrir une petite stabilité. Il a su m'offrir de l'espoir et pour cela, même si, actuellement je le déteste plus que je ne l'aime, je l'aimerais tout de même. Différemment certes mais j'éprouverais toujours de l'affection pour lui. Tu vois ce que je veux dire ?
Chad lâche un petit rire me démontrant ainsi qu'il comprend tout à fait ce que je veux dire.
— Je vais paraître sans aucun doute lourd mais pourquoi ne pas vous redonnez une chance maintenant qu'il sait tout de toi ? Vous vous aimez encore. On ne peut pas gâcher un tel amour.
— Il ne m'aime plus Chad. Je le dégoûte même. Il est amoureux de Lucie maintenant et sont heureux ensemble. Puis, je te l'ai dit, je ne veux plus de tout ça.
Chad me lance un regard plein d'incompréhension suite à mes paroles. Pourtant elles sont totalement claires.
— C'est faux, lâche-t-il, Qui t'a dit toute cette merde à propos de lui ?
— J'ai juste eu des confirmations. Bon de toute façon, ce n'est plus important, je ne t'ai pas donné rendez-vous pour parler de lui mais d'une de mes décisions.
— Évidemment que c'est important. Je ne peux pas te laisser croire aux mensonges que les uns et autres te font avaler.
— Chad s'il te plaît...je supplie en remarquant son air entêté, Écoutes-moi, c'est vraiment important.
— Vous devriez, vous revoir, histoire de mettre les choses à plats et...
Sachant pertinemment qu'il ne lâchera pas l'affaire, je lui coupe la parole pour lui faire comprendre que je vais quitter l'établissement ainsi que Seattle.
— Je pars Chad.
— Ne pars pas. Je sais que cette conversation t'énerve mais j'ai besoin de te faire comprendre certaines choses sur les non-dits entre vous deux.
— Je pars Chad, je reprends en le fixant.
Le brun qui s'apprêtait à reprendre la parole, relève soudainement sa tête, lâche ma main et fronce grossièrement les sourcils.
— Comment ça tu pars ? Tu veux dire que tu quittes ce café pour rentrer chez toi, c'est ça ?
— Non. Je quitte Seattle.
— Tu pars juste en vacances alors ?
— C'est définitif. Ce ne sont pas des vacances que je prends.
Mon ami écarquille des yeux tout en posant sa main contre son front, l'air de ne pas vouloir croire à mes dires.
— C'est pour cette raison que les filles étaient tristes hier ?
— Probablement. J'ai donné ma lettre de démission suite à ma dispute avec Liam.
— Mais pourquoi ? Je ne comprends pas ta décision. Tu déménages avec tes parents ? Où ça ?
— Parce-que je suis très malheureuse ici. Au début, je voulais juste vivre avec mon parrain, et quitter la maison de mes parents pour fuir le noyau de mes problèmes mais il est décédé...alors...
En sentant, les larmes me montaient — larmes que je n'ai toujours pas évacuées depuis son départ — je cesse immédiatement de parler et inspire profondément. C'est la première fois que j'en parle. Que j'en parle à vive voix auprès d'une personne et ça me procure énormément de tristesse que je ne suis pas encore prête à faire tenir sur mes deux épaules. D'en faire part produit également comme un véritable choque chez moi.
Je crois surtout que je n'ai toujours pas réalisé qu'il avait disparu pour de bon. Il était un véritable plié dans ma vie, un meilleur ami doublé d'un père aimant et me dire que j'ai tout perdu en un claquement de doigt, me fait atrocement souffrir.
— Tu n'as pas besoin d'en dire plus. Je comprends. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi, je ne savais pas. Toutes mes condoléances, Bruna, s'exclame Chad en posant la paume de sa main sur la mienne.
— Merci, je souffle.
— Ne me remercie pas. Où est-ce que tu pars, alors ? Je te renverrai un jour ?
— Je n'en sais trop rien. Je l'espère. Tout ce que je peux te dire, c'est que je vais rejoindre Lincoln. Le frère de mon parrain.
Si je cache la destination de mon nouveau départ c'est uniquement pour ne pas être retrouvé. Qu'on me laisse vivre tranquillement. Sans encombre.
Chad m'offre un magnifique sourire mélancolique puis vient me serrer dans ses bras tout en me dictant des mots doux à l'oreille. Naturellement je ferme mes paupières et resserre l'étau de nos deux corps, me laissant emporter par la grandiose chaleur que m'offre ce dernier câlin.
Trois jours plus tard.
Et, le lendemain matin, en me réveillant d'un court sommeil, en ouvrant mes paupières, mon regard posé sur le plafond blanc de ma chambre, un sentiment nouveau m'est apparu et c'est à cet instant-précis que j'ai su qu'il était l'heure pour moi. Naturellement et accompagné d'un sourire sincère, je pris mes deux valises — qui étaient encore sous mon lit — et les remplies de tous mes effets personnels. Une fois ceci fait, je pris mon téléphone et prévins Lincoln de mon arrivée. La nuit tombée, je disparus sans même me retourner une seule seconde, sans même en faire part à mes supposés parents.
point de vue de Chad.
Je n'aurais jamais cru qu'elle quitterait Seattle. J'avais conscience qu'elle n'allait pas très bien. Que les dernières semaines auxquelles elle a dû faire face ont été très rudes mais pas au point qu'elle quitte la ville pour une autre destination qui m'est inconnue.
J'aurais apprécié de la connaître. Au moins j'aurais pu trouver le moyen de lui rendre visite puisqu'elle ne veut pas recevoir d'appels ni de messages de ma part. Je ne vous cache pas que ça m'a énormément vexé quand celle-ci me l'a dit mais Bruna m'a rapidement rassuré en me disant que ce n'était pas contre moi. Qu'elle le faisait uniquement pour son bien.
Qu'elle serait simplement indisponible le temps de quelques mois et qu'elle me contacterait quand ça sera possible.
Cela pique énormément ma curiosité. Pourquoi ne pourrait-elle pas simplement répondre à mes messages au début mais des mois après son départ ? Je ne comprends absolument pas pourquoi. Je ne vois pas en quoi mes messages affecteraient son état de santé. J'espère vraiment qu'elle pourra bientôt m'offrir des réponses.
Soudainement — coupant court à mes réflexions — une main attrape le col de ma veste bleue puis me pousse violemment contre la porte d'une maison. Je reconnais immédiatement Stephen et je fronce grossièrement mes sourcils.
— Putain qu'est-ce que tu fous ? je m'exclame en fixant incrédule mon meilleur ami.
— Toi, qu'est-ce que tu fous?
— Qu'est-ce que tu racontes? je me balade, je lui réponds en soupirant.
— Te fous pas de ma gueule. Tu l'as déjà assez fait dans le passé, je t'interdis de continuer dans cette voie.
— Dans ce cas éclaircis-moi. Je ne comprends absolument pas ce que tu insinues.
Stephen inspire profondément. Marquant ainsi son immense colère envers moi. Je dépose mes mains contre les siennes et les retire de mon col.
— Tu m'as toujours dit que tu ne ressentais rien pour Bruna. Que tu n'étais pas amoureux d'elle.
— Et je ne le suis toujours pas. Je ne le serais jamais.
— Dans ce cas, pourquoi étiez-vous si proches dans ce café vendredi ? Vous vous teniez la main et j'ai même cru vous voir, vous embrassez. Tu ne me feras pas croire que vous n'êtes pas dans une sorte relation cachée, me reproche-t-il.
— En plus de perdre la boule, tu deviens paranoïaque, mon pote. Je réconfortais Bruna. Du moins on se réconfortait mutuellement. Ce n'est pas pourtant que nous sommes un couple. Je t'assure, Bruna est seulement mon ami proche et rien de plus.
Je pose mon regard sur le visage de mon ami. Visage qui est plutôt en bon état après la bagarre avec Liam. Il a seulement la lèvre fendue ainsi qu'un bel hématome sur le haut de sa joue.
On a vraiment eu du mal à les séparer d'ailleurs. J'avais grave l'impression que Stephen n'allait pas lâcher tant il s'acharnait sur lui. Suite à cette bagarre, il a écopé d'une bonne semaine à la maison en plus de trois heures de colle. Ça fait déjà trois journées qu'il n'est plus revenu à l'école, tout comme Bruna qui me manque énormément. Je me demande vraiment ce qu'elle fait en ce moment même. J'espère vraiment que tout va bien de son côté.
— Je ne te crois plus Chad.
— Tu devrais pourtant. Cesse d'être jaloux et fais-moi confiance. Tu te fais plus de mal qu'autre chose.
— Je ne suis absolument pas jaloux. Je me demandais juste ce qu'elle pouvait te trouver. Parce-qu'honnêtement, je ne vois pas en quoi, tu es un gars intéressant. En plus de ça, tu n'es même pas son genre.
— Tu veux toujours me faire croire que tu n'es pas jaloux ? je demande en riant de façon moqueuse.
— Peu importe. Ça me blesse énormément le fait que tu n'es pas respecté notre règle d'or : ne jamais toucher les exs des uns et des autres. Tu savais que je l'aimais encore et que j'étais entrain de mettre les bouchés doubles pour tenter de la reconquérir pourtant ça ne t'a pas empêché de sortir avec elle. Te mettre en couple avec Bruna. Je t'en veux énormément.
Il ne veut donc pas me croire ? Bon sang qu'il peut être agaçant quand il commence à faire des suppositions sans même entendre ce que je souhaite lui dire. Il se fait des films et en parallèle se fait énormément de mal pour absolument rien.
— Tu voulais la reconquérir...je commence avant qu'il ne me coupe la parole.
— Ne me fait pas croire que tu ne le savais pas. Je ne cesse de te le dire depuis des jours.
— Non, ce n'est pas ce que je voulais dire.
Ça voudrait dire qui ne sait absolument rien du départ de Bruna ?
— Tu devrais rester loin de moi et ne m'adresse pas la parole Chad. Parce-que crois-moi, je ne saurais me contrôler, la prochaine fois que je te vois.
Sans même me laisser le temps de lui répondre, il s'en va, tout en veillant à ne pas croiser mon regard par crainte de m'en mettre une. Je devrais probablement le suivre pour mettre les choses aux claires et lui faire comprendre que Bruna n'est plus à Seattle mais sans même savoir pourquoi, je n'arrive pas à bouger un orteil t'en suis-je tétanisé.
Je ne suis pas terrifié à cause de mon ami et ce dont il pourrait me faire mais de sa réaction en apprenant pour son départ car oui Stephen est bien plus attaché et amoureux qu'il ne le laisse paraître.
Comment vais-je me débrouiller pour lui faire avaler la pilule sans qu'il ne devienne fou ?
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