Chapitre 55 |
Bruna Watson, 10:03
24 bis George sand.
— Nous devons discuter et maintenant, dit-il en posant ses deux mains sur mes épaules.
— Absolument pas, je m'exclame catégorique.
Est-il fou ? Croit-il sincèrement que je veux entendre, être au courant, faire plus ample “ connaissance ” en ce qui concerne sa nouvelle relation, sa nouvelle expérience auprès de mon ex meilleure amie ? Si c'est le cas, ce mec est plus bête que je ne le pensais.
— Si. Je dois te faire part de mes excuses et..
— Je ne veux pas de tes excuses. Ni même t'entendre parler et te sentir près de moi. Alors je t'en prie retirent tes sales mains de mes épaules et laisses-moi passer avant que les choses ne dégénèrent.
— Je sais que je t'ai fait énormément de mal mais je t'en supplie écoutes-moi. Tu dois m'écouter, lâche-t-il en retirant ses mains de ma personne.
— Nous nous sommes déjà tout dit. Il n'y a plus rien à faire, Stephen. Je
veux que tu m'oublies au même titre que moi je vais le faire. Je ne te demande pas grand-chose. Donc soit gentil et ne complique pas les choses. J'ai autre chose à penser en ce moment. J'ai d'autres projet et tu n'en fais clairement pas partie.
Auparavant — avant notre rupture — j'avais en tête des tas de projets pour nous deux. Je pensais bêtement que notre couple était sincère au point qu'on fasse un bon bout de chemin ensemble. Au point que je le présente officiellement à mon parrain. Dorénavant je regrette amèrement d'avoir ouvert cette porte de chez moi, d'avoir ouvert mon coeur et ça me fait mal de ressentir une telle chose. J'aurais aimé que les choses se passent autrement.
Tout comme j'aimerais juste que mes parents soient en bon terme avec moi-même. Que mes amis — que je pensais — les plus fidèles et sincères le soient réellement et qu'ils m'aiment pour ce que je suis. Que Stephen James ne soit pas ce connard et qu'il fasse encore partie de ma vie mais j'aimerais surtout que mon petit frère et mon parrain soient encore là, permis nous.
C'est mon souhait le plus cher malheureusement ce que je désire m'est inaccessible. Et c'est injuste à quel point la vie peut nous fracasser et nous prendre les plus belles âmes en premières.
— Je vais sans aucun doute paraître complètement débile mais si je t'ai quitté c'est parce-que j'ai été apeurée, reprend le tatoué affolé.
— Nous sommes tous apeurés mais ce n'est pas pour autant qu'au simple obstacle qui se dresse devant nous, on abandonne. Ce n'est pas ça la vie.
— Je le sais bien. Seulement je n'ai jamais connu ça et j'ai pensé qu'il était préférable de ne pas t'enticher d'un gars comme moi.
— Un gars comme toi ? Que veux-tu dire par-là ?
— Je veux dire...je n'ai jamais connu la perte d'un proche. Le deuil m'est complètement flou. Je n'ai aucune connaissance en la matière. Comment pourrais-je t'aider ? J'ai conscience que la formule de mes mots est horrible mais je veux être totalement honnête avec toi. J'en ai marre de te mentir droit dans les yeux. Je dois être honnête avec toi surtout si je veux reprendre un semblable de relation à tes côtés.
— Le deuil ? je répète en bégayant légèrement ignorant librement le reste de ses paroles. Je suis beaucoup trop focalisé surtout ses premiers mots pour porter importance aux autres, Que veux-tu dire ? pourquoi me parles-tu de cela ?
Stephen pose son regard si intense dans le mien. Ainsi j'aperçois mille et une émotions mais la surprise est celle qui surpasse toutes les autres
J'en déduis donc qu'il ne voulait pas mettre le sujet de la mort sur le tapis. Ces mots n'auraient pas du sortir de sa bouche. Seulement l'émotion était beaucoup trop grande — à son encontre — pour qu'ils ne sortent pas. Il vient tout juste de vider son sac et ça ne me plaît absolument pas.
Néanmoins le tatoué reprennent ses esprits et tout en déglutissant, il me dit :
— Si je t'ai posé un lapin, si je ne t'ai pas écouté, si j'ai été furieux auprès de toi, si j'ai pris la décision de rompre avec toi c'est parce-que j'ai été lâche en comprenant que ton secret était en réalité un très grave traumatisme lié au décès d'une personne très proche. J'ai pris mes jambes à mon cou. J'ai été lâche. Je n'ai pas su être présent pour toi par peur de ne pas être à la hauteur de ton malheur et je m'en veux terriblement. Pardonne-moi.
Bon Dieu...ce n'est pas possible qu'il soit au courant. Comment a-t-il pu le savoir ? Je sais que je n'ai jamais été très discrète à ses côtés concernant mon petit frère mais quand même...c'est impossible qu'il le sache.
Comment aurait-il pu savoir ? Est-ce Lucie qui lui a tout déballé ? non, elle ne ferait pas ça. Elle m'a peut-être trahi mais elle ne l'aurait jamais fait sur ce plan-ci.
Ne voulant pas croire que Stephen soit au courant de mon lourd passé, je décide de jouer la carte de l'ignorance afin de le percer et comprendre si oui ou non, il bluffe.
— Je ne suis pas certaine de te suivre. Que veux-tu dire ? De quel décès veux-tu parler ? Qui est mort, Stephen ?
— Ne joue pas l'ignorante. Tu sais très bien de quoi et de qui je veux parler, me dit-il en passant une main dans ses cheveux, Je sais tout et je ne te jugerais jamais. Ok, je n'ai pas la moindre connaissance de comment ceci est arrivé ni le rôle que tu tiens dans cette disparition mais je suis certain d'une chose : tu n'es pas une coupable. Désormais tu peux me parler et me fair confiance. Je suis là je ne t'abandonnerai pas.
— Comment peux-tu avancer que je ne suis pas une coupable si tu ne sais pas ce qui s'est réellement passé ? En réalité, tu ne sais rien. Tu essaies juste de me faire cracher le morceau concernant mon passé. Sinon tu m'aurais affirmé qui est mort.
J'ai entièrement conscience qu'il est au courant. Je le ressens et le vois dans son regard cependant je préfère me mentir à moi-même et de tenter d'avoir cette preuve qui permettrait de le croire véritablement. Que je puisse lâcher l'affaire et comprenne que mon secret se dévoile peu à peu au dépit de mon refus qu'il soit étalé.
Subitement je sens un vide. C'est à ce moment-là que je réalise que le tatoué me tenaient les mains. Je ne l'avais même pas senti t'en sa révélation m'a abasourdie. Stephen se racle la gorge et tout en grattant sa mâchoire — signe de nervosité — chez lui, il décide enfin de mettre un terme à mon supplice et de m'offrir des paroles que je n'aurais jamais voulu entendre.
— C'est Timeo. C'est ton petit frère qui est mort. Nous ne devrions pas en parler ici, ce n'est absolument pas le lieu pour ça. Allons chez moi.
Nous serions mieux sans tous ses regards indiscrets. Puis j'aimerais également qu'on évalue au mieux notre situation.
Il fallait y réfléchir avant ai-je envie de dire. Quelle idée d'ouvrir un tel sujet aux oreilles de tous pendant la pause ? Négligemment je passe mes deux mains dans mes cheveux lâchés tout en ressentant l'effroyable envie de hurler pour extérioriser tout ma peine et ma frustration. Cependant le fait d'être en public entourés d'adolescents en tout genre et adultes me refroide aussitôt. Je pousse donc un long soupir et rabat ma tête en arrière laissant le froid glacial s'empare de ma personne pour que mes idées me reviennent. Et d'un rire jaune — en me souvenant de ses dernières paroles — je me redresse et parviens à lui dire en toute sincérité.
— Je n'ai absolument pas la moindre idée de comment tu as su pour mon petit frère mais ce n'est pas pour autant que les choses changent entre nous. Tu peux connaître l'intégralité de mon passé et de mes secrets, je ne reviendrai pas vers toi. Je ne te fais plus confiance et je refuse de souffrir à nouveau. Je veux guérir de ce mal-être incessant et persistant. Alors je t'en supplie reste loin de moi. Ne me regarde plus et surtout ne m'adresse plus la parole. Vis ta nouvelle vie amoureuse et lâche-moi les baskets.
Une fois le contrôle total de mon esprit revenu, je ressers l'emprise sur mon sac et tout en lançant un dernier regard — accompagné d'un sourire très sincère au brun — je le quitte pour rejoindre l'établissement mais sa main s'entoure subitement autour de mon poignet m'empêchant de reprendre ma marche.
— À qui fais-tu référence quand tu parles de ma vie amoureuse ? Je ne comprends absolument pas et tu vas m'aider à y voir plus clair. Sache également que je ne souhaite pas te laisser dans cet état. Je viens de raviver tes souvenirs les plus douloureux. Je refuse que tu sois seule. À nouveau. Je ne sais pas ce qui se passe actuellement dans ta vie néanmoins j'aimerais être au courant de tout. Tu m'as l'air au bord du gouffre. Comme prête à lâcher les armes. Et je crois, non...je suis convaincu qu'il vaut mieux être accompagné durant ces moments-là.
— J'ai une petite anecdote pour toi : il vaut mieux être seul que mal accompagné. Lâche-moi la grappe James, répliqué-je immédiatement.
Suite à mes derniers mots, je retire sa poigne de ma main et cette fois-ci, sans un regard pour sa personne, je le quitte et rentre à nouveau dans l'établissement totalement perturbé. Stephen m'a vraiment pris de court et je n'ai jamais été habituée à une telle situation. J'ai besoin d'être seule. Je me dirige donc naturellement vers l'un des recoins cachés de l'établissement. Une fois installé au sol, je sors mon téléphone de ma poche dans le but de passer un appel très important qui définira sans aucun doute ma présence, ma vie.
Je ne saurais dire combien de temps exactement suis-je restée assise au sol, les genoux remontés contre ma poitrine et la tête prenant son appui dessus mais assez longtemps pour qu'une jeune femme aux jambes interminables vienne éclater la bulle dans laquelle j'étais plongée depuis des heures. Deux heures me semble-t-il pour être plus précise.
— Bruna, dit-elle d'un ton chaleureux.
— Kendall, répondis-je un peu plus froid que je ne l'aurais voulu.
— Que fais-tu ici ? c'est la première fois que je te vois croupir à mon coin habituel lors des pauses-déjeuners. Pourquoi ne manges-tu pas avec tes amis au réfectoire ?
— Je pourrais te poser la même question.
— Je suis un régime très stricte. Je ne mange que deux pommes et bois une bouteille d'eau quand sonne midi. Maintenant à toi.
— Je n'avais pas faim et je ressentais le besoin d'être seule et ce coin m'a paru comme un bon refuge, je lui dis honnêtement en passant une main dans mes cheveux, Je vais certainement de paraître très impoli mais pourquoi te prives-tu de manger comme bon te semble ? tu n'as vraiment pas besoin de suivre un régime.
— Ce que je mange me suffit amplement, me rassure-t-elle, bon je t'avoue que parfois j'aimerais faire des écarts et me prendre un bon gros gâteau au chocolat mais je ne le fais pas. Ce serait comme anéantir tous mes efforts pour être l'égérie parfaite pour une marque plus connue et prestigieuse.
Je souris sincèrement à Kendall. Ça me rend particulièrement heureuse de voir que les gens ne baissent pas les bras et s'acharnent au boulot pour faire de leur rêve une réalité. C'est ce qui se passe avec Kendall.
Je suis certaine qu'elle parviendra à ses fins. Très photogénique, aimant jouer avec les objectifs des appareils photo et un physique des plus appréciateurs, elle ne peut que réussir. L'échec ne fera pas partie de son répertoire.
— Très bien mais ne mets pas ta santé en péril.
— Ne t'inquiète pas pour moi. Je gère sur ce plan-ci. Toi par contre, je ne savais pas que tu aimais autant jouer avec le feu en ce qui concernant ta santé.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Tu ne te nourris plus n'est-ce pas ? C'est peut-être déplacé — évidemment que ça l'est — mais je te vois périr depuis des mois et ton corps me semble ne plus tenir. J'ai comme l'oppression que tu tombes malade. Dans l'anorexie.
Je lui lance un fabuleux regard noir à son encontre dès sa réflexion — que je n'apprécie guère — et me lance à mon tour :
— Kendall nous ne sommes pas de très grandes copines. Nous ne l'avons jamais été même. Alors ne me fait pas croire que tu t'inquiètes pour moi. En réalité tu veux juste un fabuleux scoop. Donc je t'en prie occupes-toi de tes affaires, tu veux ?
— C'est difficile à croire — j'en ai conscience — avec tous les coups bas que j'ai pu faire à certaines personnes mais je te rassure je ne te veux aucun mal. Je veux que tu sois en bonne santé et heureuse.
— Je ne te crois pas, je dis en serrant les poings.
— Enfant mon père nous battait régulièrement, ma soeur et moi. Ma mère s'en fichait pas mal et ne s'occupait pas de nous. Un jour grâce à un signalement de ma maîtresse, les services de l'enfance sont venus nous chercher et nous avons été placé en foyer. J'ai grandi en passant de foyer en foyer. Je l'ai très mal vécu. D'autant plus que j'avais été séparé de Kylie. Je n'avais plus aucun contact avec elle. Je n'avais plus aucun repère et j'ai commencé à sombrer dans la maladie qu'est l'anorexie. Heureusement en arrivant chez les Jenner — ma nouvelle famille qui m'a adoptée — il y a de ça huit ans, j'ai pu reprendre un train de vie beaucoup plus sain et grâce à eux j'ai pu recontacter Kylie qui aujourd'hui habite à New York avec sa propre famille d'accueil.
— Je suis sincèrement désolée pour toi. Que tes parents crèvent, je dis en posant ma main autour de son poignet, As-tu eu la chance depuis de revoir ta petite soeur ?
Je ne peux que comprendre la douleur que ressentait Kendall lors de sa séparation avec Kylie. C'est un sentiment très douloureux. Il n'y a rien de plus horrible — à mon goût — de vivre loin de nos proches les plus importants de nos vies, les plus chères à nos yeux.
— Oui. Durant mes vacances scolaires grâce à l'argent que je gagne en étant serveuse dans un fast-food je peux lui rendre visite. Parfois c'est même elle qui vient. Je suis tellement heureuse que ma situation se soit arrangée.
— Je le suis également pour vous deux. As-tu comme projet de la rejoindre ?
— Peut-être. Nous n'avons encore rien convenu. Tu sais, tu es l'une des premières personnes de mon entourage à avoir connaissance de mon secret. Je ne l'avais jamais réellement dit.
— Pourquoi moi dans ce cas ?
Kendall se mord la lèvre à de nombreuses reprises comme étant très gêné de la suite des événements qui se produiront puis décide —
à nouveau courageuse — de répondre à ma question.
— Parce-que j'ai l'impression de trahir puis je te vois dépérir...il m'était impossible de rester plus longtemps silencieuse.
— Je ne suis pas certaine de te suivre, je commente les sourcils froncés.
— Je connaissais Timeo, m'annonce-t-elle de but en blanc sans tourner autour du pot, Aussi peu probable que ça puisse l'être, il était le meilleur ami de mon petit frère, Marlon. Ils étaient dans la même école.
Je sens mon teint devenir blême. Bon sang...combien sont-ils au courant de ma réelle situation ? Honnêtement j'ai toujours pensé être au parfait contrôle de mon passé mais en réalité il m'a toujours filé des doigts. Ça fait mal de le reconnaître.
— Je connais Marlon, je la coupe soudainement la gorge serrée, Il venait souvent jouer à la maison avec mon frère. Pourquoi n'ai-je jamais su qu'il était ton frère ? Lui demandais-je voulant faire diversion.
— Je suppose juste qu'on ne s'intéressait pas de près/assez aux amitiés de nos petits frères. Moi-même je ne savais même pas que Timeo était ton frère pourtant je ne faisais qu'entendre les exploits de celui-ci et son nom chez moi. Mon frère ne cessait de revendiquer à quel point Timeo Watson était un petit gars fabuleux très intelligent. D'ailleurs c'est en partie grâce à toi que mon frère aime Ed Sheeran. Il m'a avoué que quand il venait chez toi, il passait un peu de son temps avec la grande soeur de son meilleur ami parce qu'il la trouvait magnifique et très drôle.
— Je me rappelle de cela. Marlon venait toujours dans mon lit et me piquait un de mes écouteurs. Au début quand il écoutait, il me disait toujours “ tu es sérieuse ? C'est quoi cette musique ” genre pour me dire que c'était nul. Puis un jour Timeo s'en est mêlé et l'a forcé à écouter Ed.
— C'est donc à cause des Watson que mon petit frère ne cesse de me saouler avec le chanteur roux ! dit-elle en riant vaguement.
Un rire aussi nostalgique sort également de ma bouche. Je décroche mes prunelles brunes du mur jaune et le dépose dans celui de Kendall, qui, elle me regarde tristement. Timidement elle s'empare de ma main et exerce une très forte pression.
Une pression que je n'ai jamais reçue. Celle qui ne m'a jamais autant percutait le coeur.
— Comment as-tu fini par comprendre qu'il était décédé ? je lui demande en raclant ma gorge.
— Je l'ai compris seulement la deuxième fois.
— La deuxième fois ?
— La première fois quand mes parents m'ont annoncé que le petit Timeo Watson était décédé, je n'avais pas encore fait le lien. J'étais énormément perturbé et voir mon petit frère dans cet état de peine m'empêchait de faire le lien avec ton nom de famille. J'ai compris qu'il était ton frère en te voyant au cimetière. J'aurais vraiment aimé te prendre dans mes bras mais je n'ai jamais eu le courage de le faire en te voyant effondrée de la sorte et je m'en excuse.
— Ce n'est pas de ta faute, Kendall. Je t'assure ce n'est pas de ta faute. Ne t'excuse pas pour ça, je la rassure en lui souriant sincèrement, Comment se porte Marlon ?
— Il se sent bien. Timeo lui manque énormément surtout lors des anniversaires qu'ils ont toujours fêtés à deux mais il s'est relève de son décès. Il lui rend souvent visite, tu sais ? D'ailleurs chaque fois qu'il le fait, il lui fait écouter des sons de Ed Sheeran.
— Le plus important c'est qu'il soit heureux. Un petit bonhomme de son âge ne devrait pas connaître la peine d'une perte. Même si Timeo n'est plus présent physiquement ça me fait chaud au coeur de savoir qu'il n'a pas perdu cette habitude qu'il avait avec lui. C'était comme un événement très important d'écouter les musiques de leurs idoles. Ils étaient fous. J'aurais tant aimé réaliser son rêve de le voir en concert...j'aurais tellement aimé Kendall.
Je n'avais jamais connu cet aspect-là de la disparition de mon petit frère. Je n'ai jamais pris le temps de prendre des nouvelles de ses amis les plus proches. Je me suis uniquement concentrée sur ma tristesse et je m'en rends compte seulement aujourd'hui et c'est tellement égoïste. J'ai toujours été une putain d'égoïste au fond.
— C'est lâche de ma part, j'en ai entièrement conscience mais je t'en prie fait part de mes excuses auprès de ton petit frère.
— Pourquoi t'excuser ? me demande-t-elle d'un air incompris.
— De ne pas avoir été présente — ne serait-ce — qu'un peu pour Marlon. De lui avoir en quelque sorte arraché son meilleur ami.
— Ce n'était pas de ta faute. La faute revient au vieil enculé qui n'était pas totalement sobre qui a commis cet accident.
— Comment sais-tu autant de détails de l'accident ?
— C'est ton père qui nous l'a dit.
— Ah bon ? Il ne vous pas dit que c'était de ma faute ?
— Non. Pourquoi l'aurait-il fait ? Tu n'étais pas derrière ce volant.
Parce qu'il m'a sali durant des années quand nous étions à la maison à ce propos. Je ne comprends définitivement plus le double jeu qu'ont mené mes parents auprès de toutes ces personnes. Kendall s'approche à nouveau de ma personne et dépose naturellement sa main sur mon épaule avant de me dire :
— J'ai été séparée de ma soeur et j'ai cru en mourir alors qu'elle était encore présente physiquement. J'ai été guéri avec l'aide d'un psychologue. Toi, je sais que tu ne vois personne et pourtant tu devrais parce-que chaque jour passe et je te vois vieillir, mourir de chagrin et ce n'est définitivement pas bon pour toi. D'autant plus que dans ta tête, ça ne doit pas être la fête. Si je me permets de te dire ce genre de chose c'est parce-que j'ai ressenti un énorme pourcentage de la douleur que tu ressens actuellement. Si tu continues ainsi tu vas te faire littéralement manger par ce poison qu'est la dépression. Que tu veuilles ou non tu es en dépression et elle ne soignera pas toute seule, Bruna. C'est une maladie très grave que tu dois prendre au sérieux. Cesse de te faire du mal et réalise que tu ne vas pas aussi bien que tu peux le prétendre.
Et pour la toute première fois depuis des mois aucun mot ne sort de ma bouche. Je ne la contredis pas étant bouche-bée qu'elle puisse prétendre que je sois actuellement dans la tourmente. Kendall est peut-être adorable mais elle n'est pas pour autant intelligente. Non, je ne suis pas en dépression et je ne le serais jamais. J'ai toujours fait attention. Ce n'est pas le lendemain de la veille que ça arrivera. Si ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top