Chapitre 50 |
Bruna Watson.
C'est impressionnant comme notre génération a tendance à s'écrouler pour des futilités. Il y a un an, on pouvait être inséparables et aujourd'hui se haïr comme jamais. De nos jours ce sont des choses qui arrivent très souvent. On est là, on se perd énormément, un jour on s'aime, le lendemain l'amour n'est plus présent. Tu ouvres ton coeur en pensant bien faire et dès que tu as le dos tourné, on te plante vulgairement un couteau dans le dos. Mais le pire, c'est le genre d'individus qui ne fait plus partie de ta vie et qui ose encore de te terminer d'une façon très écœurante. On vit actuellement dans une époque qui perd de sa raison et où la plupart font passer leur propre intérêt avant ceux de la famille ou amis. Quitte à trahir les siens. On est placée dans une époque où on craint de s'attacher aux gens, car on sait qu'au fond de nous, qu'on peut tout perdre du jour au lendemain. Sans aucune raison vraiment valable.
Actuellement ma vie se résume à ceci.
Tout m'échappe des mains comme des grains de sable sans que je ne puisse les rattraper. Honnêtement, je ne comprends pas totalement la raison de ces départs. Certes, je pense avoir une petite idée cependant celle-ci ne me semble pas suffisante à mes yeux.
Autrefois, ça m'aurait affectée, tiraillé l'esprit mais les choses ont changé. Je ne porte plus attention à ces détails. N'acceptant tout simplement plus qu'on me prenne pour une marionnette. J'ai pris la décision de refouler ma peine et ces sombres sentiments qui me mette dans une posture de vulnérabilité.
L'ayant été beaucoup trop souvent, ces dernières années, je refuse que cela se reproduise.
Désormais, je veux connaître une nouvelle ère et ne plus me lamenter sur mon sort. Arriverais-je ? je n'en ai pas la moindre idée, mais je pense, que je m'en sors assez bien pour l'instant, non ?
Évidemment, je ne dois pas crier victoire maintenant. Devant-moi se dresse un long muret, qui, me sera d'aucune facilité à gravir tant les étapes pour arriver au sommet de celui-ci sont lourdes et difficiles à abattre. Néanmoins, pour la toute première fois depuis trois bonnes années, je suis optimiste.
Je réussirais coûte que coûte -malgré les nombreux échecs qui me sourient déjà- à gravir ce muret. Je veux sortir des ténèbres et revoir le soleil Et, cette idée me réconforte énormément.
— Honnêtement, je pensais réellement que tu serais la dernière personne qui me quitterait avec autant de facilité. Certainement parce-que je croyais être très importante pour toi et que tu m'aimais vraiment, je souffle en soupirant.
— Il ne s'agit pas de sentiment. Je t'aime, tu le sais très bien. J'ai seulement compris certaines choses qui m'ont fait réaliser que tu n'étais pas faîte pour moi. Que nous étions incompatibles.
— Nous sommes incompatibles ? vraiment ? je demande en riant jaune, depuis quand as-tu cette idée en tête ?
— Depuis des semaines.
— Pourtant, cette incompatibilité, ne t'a pas empêché de coucher avec moi. Tu m'as en quelque sorte utilisé juste pour assouvir ton besoin. Est-ce que tu sais à quel point c'est dégueulasse de faire ça ?
— Je ne t'ai jamais utilisé, me dit-il en grinçant des dents, je n'oserais faire une telle chose. En toute honnêteté, notre visite chez ton parrain m'a énormément perturbé. C'est en partie pour cette raison que je t'ai ignoré, que j'ai refusé de te voir mais ce n'est pas tout. C'est les paroles de Lucie à ton encontre qui a fait basculer la balance.
— C'est d'autant plus dégueulasse, je dis en fermant mes paupières, tu étais censée me faire confiance et ne pas écouter une personne qui me déteste à cause de son copain. Tu as pris la décision de rompre avec moi à cause de ses dires et je ne l'accepte pas. C'est bas et vraiment lâche venant de ta part. Je te pensais différent et sincère. Mais ça arrive de se tromper n'est-ce pas ?
— Tu n'es pas en droit de me faire des leçons de morale. Ni même de supposer certaines choses à mon égard. Parce-qu'aux dernières nouvelles, tu n'es pas mieux que moi.
— Que veux-tu dire par là ? je demande en portant mon regard vers la fenêtre.
Aujourd'hui la météo de Seattle n'est pas du tout favorable. Il pleut de grosses cordes depuis ce matin. Accompagné de son plus fidèle ami, le vent ne cesse d'augmenter son magnifique son. Les gouttes d'eau frappent ma fenêtre autant que le vent gifle les petits arbres éparpillés dans mon jardin. Avec ce temps-ci, je me sens très apaisé. Je souhaiterais que ça arrive plus souvent. Je pense sincèrement que ça aiderait à ma reconstruction
— Que tu es une personne qui ne mérite pas autant d'attention. Ton physique t'aide beaucoup, je présume. Autrement, tu n'as rien d'autre pour briller. Mise à part cela, que tu excelles dans le mensonge et que tu te fais passer pour une personne que tu n'es pas.
Les arguments qu'il vient d'utiliser devraient probablement me faire du mal. Cependant, rien de cela ne se produit. Pour cause : mes parents, et Lucie m'ont déjà mis au parfum, une bonne vingtaine de fois. À force, je ne ressens plus rien.
Du moins, c'est ce que je crois.
— Change de disques, James. Je connais la chanson. Je l'ai beaucoup trop entendu, ça en devient pénible.
Faire bonne figure est dans mes plans. Je ne dois absolument pas lui montrer qu'au fin fond de mon être, ses paroles m'ont particulièrement touché. Ça lui ferait extrêmement plaisir.
Si ça avait été mes parents, ça n'aurait pas eu l'effet escompté puisque je sais à quoi m'attendre avec eux. Je me suis forgé une image d'eux très mauvaise.
Néanmoins, Stephen ne l'est pas, lui.
Dans ma tête et surtout dans mon coeur, il était cet homme, voyant la réelle personne que j'étais. Brisée.
Ce même homme capable de recoller les morceaux de mon vase cassé. D'ailleurs, je ne vous cache pas, qu'il avait commencé à remettre ce vase debout. Certains morceaux étaient collés.
Mais à la seconde où ces préjugés à mon encontre fut soufflé, j'ai comme dégringolé de plusieurs étages. L'image du Stephen James dont j'étais amoureuse s'est brouillé dans mon esprit jusqu'à ne plus la reconnaître.
Ce qu'il pense de ma personne me fait mal. Bien que je ne veuille pas l'admettre. D'autant plus que le fait de comprendre qu'il ne me connaisse pas véritablement.
— C'est tout ce que tu avais à me dire, James ? je m'exclame d'un ton mordant.
Plusieurs secondes passent sans qu'il ne prenne la peine de prendre la parole. Je prends donc la décision, la plus sage, c'est-à-dire mettre un terme à cet appel pour ensuite couper les ponts avec lui. Chose qui ne sera pas facile.
Je dis tout de même :
— Très bien. Passe un bon séjour et...
— Non ! éclate-il d'un ton mordant, ne raccroche pas.
— Pourquoi ne le ferais-je pas ? nous nous sommes tout dit, non ?
— Pas moi, Bruna. Écoute, je ne pensais pas un mot de mes derniers mots. Je suis juste en colère et perdu.
— Ça ne te donne pas pourtant autant le droit de me dire de telles choses. Je sais que je ne suis pas une bonne personne mais je ne méritais pas -une fois de plus- ces mots, je déclare en passant une main sur ma fenêtre.
— Et, je m'en excuse. Putain ! je te propose qu'on oublie cet appel. Nous en parlerons une fois de retour du Canada. Je t'en prie, je ne veux pas qu'on se quitte ainsi. Je crois même que je ne pourrais pas t'abandonner. Je te demande juste un peu de temps.
— Mais, je vais t'en donner du temps et avec joie, je commence.
— Sérieusement ? tu es prête à passer l'éponge ? me questionne-t-il avec méfiance.
— Évidemment puisque nous ne sommes plus ensemble. Ni un couple, ni des connaissances. Je ne veux rien avoir affaire avec toi, Stephen.
Cerrains diront que c'est une décision que je viens de prendre à la légère et que j'abuse mais j'aimerais que ces personnes se mettent à ma place et qu'ils essaient de comprendre mon mécontentement.
— Quoi ?! lâche-t-il froidement, tu ne peux pas me faire ça. S'il te plaît, essaie de me comprendre.
— Non. J'en ai assez de faire des efforts pour des personnes qui le méritent ou non.
— Pourtant quand ça te concerne, nous sommes obligés d'en faire. C'est gonflé de ta part de me dire ça.
Il recommence.
Je savais qu'il n'était pas tout à fait honnête avec moi. Stephen ressent de la rancœur envers ma personne. Les mots ne font que de le prouver au fur et à mesure. Ne voulant pas en entendre plus, je ne rentre pas en conflit, au lieu de ça, je lui dis :
— Je ne sais pas ce que tu as concrètement vu chez mon parrain pour que tu sois aussi distant avec moi. Pour que tu changes ton comportement et que tu sois différent mais sache que je ne t'en veux pas. Ce sont des choses qui arrivent. Si aujourd'hui, je décide de ne pas t'entendre, c'est parce-que je ne souhaite pas me sentir tel le monstre que j'ai toujours été. Tu me quittes, très bien mais je t'en prie ne reviens jamais vers moi. C'est bien mieux ainsi. Au moins, tu seras à jamais, en sécurité. Je t'ai déjà assez fait de mal et je ne veux pas en rajouter. Alors ne te retourne pas.
Une fois de plus, il m'est impossible de déverser ma haine à son encontre. Ni même de lui remettre les idées en place. Cependant, l'envie de le faire, est presque palpable mais les sentiments amoureux que je ressens pour lui m'en empêchent. C'est beaucoup plus fort que la haine.
Est-ce mal d'agir ainsi alors qu'après de mes parents, le sens contraire s'est produit ? je ne pense pas, non car contrairement à eux, Stephen m'a été d'une aide précieuse. Il m'a permis de me sentir comme une jeune femme heureuse le temps d'un instant et c'est le plus beau cadeau qu'il est pu m'offrir. Il m'est inconcevable de lui cracher dessus pour des mots blessants soient-ils.
— Qu'est-ce que tu racontes ? je ne veux pas qu'on se sépare comme ça. Alors écoutes-moi, s'il te plaît. Ne m'oublie pas.
Je décrète aussitôt.
— Je vais t'oublier au même titre que notre pseudo-relation, Stephen. N'espère pas un retour de ma part, un changement d'avis, ça n'arrivera pas. Alors soit tout simplement heureux et oublie-moi.
Et je raccrochais brutalement, ne lui permettant pas de reprendre la parole. Mon regard vitreux se porta une bonne poignée de secondes sur l'écran de mon téléphone qui ne se ralluma pas, puis seulement dix minutes plus tard, je déportais mon regard vers ma fenêtre et c'est ainsi, en fixant le déluge dehors, que je pris conscience que le magnifique château de cartes — que j'étais censé être — n'était pas aussi forte qu'il laissait paraître. Et, je savais que je devais rapidement le rafistoler mais les événements se sont succédé d'une vitesse inouïe.
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