chapitre 49 | Chloé.
Point de vue de Chloé.
Une fois la pierre tombale propre et décoré des plus belles fleurs achetées chez un fleuriste en bas de mon immeuble et les mots les plus importants que je puisse dire à ma tante, je me relève tout en passant un coup de main sur mon pantalon gris. Ceci fait, je lance un dernier au revoir à Lila puis commence à arpenter les différentes allées qui me mèneront à la sortie. Cependant, une petite tête aux cheveux bruns me stoppe. Un maigre sourire se dessine sur mes lèvres maquillées d'un rose foncé.
Ça fait énormément de temps, c'est-à-dire depuis le début des vacances que je n'avais pas revu Bruna. Je suis vraiment contente d'être tombé sur elle. Bien que nos retrouvailles se fassent dans un lieu inadéquat.
Lentement, je me rapproche de sa personne avec une certaine appréhension. Pour cause : je crains que ma venue ne plaise pas à Bruna.
Pas parce qu'elle ne voudrait pas passer du temps avec moi mais parce qu'elle déteste être vue dans des états qu'elle décrit comme étant hors normes. Il est aussi question de son frère. Bruna n'a jamais dit quoi que ce soit à son sujet et le fait que je vienne gâcher son moment pourrait la froisser et la mettre en colère.
À cette pensée, je devrais probablement ne pas mettre un pied devant la pierre tombale de Timeo cependant je sens une énergie vraiment négative autour de mon ami et il m'est inconcevable de la laisser seule. Alors, silencieusement je dépose ma main sur son épaule, lui apportant mon soutien le plus silencieux soit-il.
Bruna relève immédiatement ses prunelles chargées d'émotions vibrantes et m'offre un petit sourire qui ne me rassure pas du tout. Surtout qu'un petit bleu trône sur sa joue, redoublant mon inquiétude. Que se passe-t-il concrètement pour qu'elle soit dans un tel état ?
J'aimerais comprendre ce qui se passe. Avoir mes réponses. Néanmoins, ce n'est ni le moment et ni le lieu approprié pour ceci. Je creuserais plus tard. Là maintenant, elle n'a pas besoin de ça mais d'une épaule sur laquelle, elle pourrait se reposer.
— Bruna, je dis.
Cela peut paraître comme un signe de salutation mais il n'en est pas un. Je veux juste m'assurer que je ne la gêne pas. Savoir si oui ou non, je peux me permettre de rester auprès d'elle.
À ma plus grande surprise, la petite brune hoche sa tête approuvant ma demande. Je resserre donc mon étreinte sur son épaule et m'agenouille à ses côtés tout en prenant soin de dire bonjour à Timeo d'une façon basique. C'est-à-dire en caressant les lettres inscrites sur sa pierre tombale.
— Il était magnifique, je souffle peiné.
— il le sera pour toujours, me répond-elle d'un ton nostalgie qui me fend littéralement le cœur.
— À jamais, j'approuve.
Amicalement, je passe ma main sur son dos et le caresse tout en gardant silence. J'aimerais lui dire quelque chose de concret qui pourrait la rendre beaucoup moins triste qu'à cet instant même mais je ne ressens pas l'envie de la bousculer et en plus de ça, je ne sais pas quoi dire. Le mieux est de me taire.
Puis, Bruna n'a certainement pas envie de m'entendre. Ce n'est pas ce qu'elle souhaite.
Je pince donc mes lèvres entre-elles et fixe le portrait de son petit frère que je n'ai jamais réellement connu et des tas de pensées plus saines les unes que les autres se font entendre. Timeo avait l'air d'être un garçon admirable et adorable. Je l'imagine comme étant un de ces garçonnets rêvant d'être un super-héros. Les traits de son visage sont ressemblants à ceux de Bruna. Il était réellement magnifique. J'aurais apprécié de le connaître.
Soudainement, une belle voix mélodieuse appartenant à ma copine met un terme au silence, à mon plus grand étonnement. Jamais, je ne l'aurais cru capable de faire la conversation dans une telle situation surtout si le sujet de cette conversation tourne autour de ma personne. Une fois de plus, je me suis trompé.
— N'étais-tu pas censée être avec ton copain, ces vacances-ci ?
—Je l'étais. J'aurais aimé rester en Italie. Malheureusement, nous reprenons les cours demain.
— Comment était L'Italie ? Est-ce que les terminaux restants seront regroupés dans une seule et unique classe ? me demande la brune en faisant référence au Canada.
— C'était fabuleux et magnifique. Je repars là-bas, l'été prochain. Ça me donne même des idées d'aménagement là-bas. Nous ne sommes qu'une vingtaine donc oui, nous serons tous recoupées. Heureusement que Brooklyn n'est pas là d'ailleurs.
— Tu pourrais partir sans tes parents ? Tu en as de la chance, toi. Liam sera de la partie, lui.
— Oh, tu sais avec mes parents ce n'est pas la grande forme. Je n'ai jamais été très proche d'eux. Puis, c'est une expérience à acquérir dans sa vie. Quel est le problème avec lui ? je m'exclame en fronçant les sourcils.
Bruna a toujours été forte pour se faire ignorer par ses anciens copains. Certes, elle réussit moins avec Liam, je le conçois mais en même temps, il est l'un des seuls, à l'avoir vraiment aimé. Depuis leur rupture, il persiste pour qu'il ait le droit à une seconde chance. Malheureusement, il ne l'aura jamais. Pour la simple et bonne raison que Bruna ne l'aime pas.
— Il le sait. Il sait que mon petit frère est décédé, me murmure-t-elle.
— Quoi ?! tu lui as dit ? je m'étrangle.
— Je ne l'aurais jamais fait, tu le sais. Liam a simplement surpris une conversation téléphone avec ma tante. On évoquait le décès de mon petit frère et de mes derniers problèmes de santé.
— Oh non, je souffle, tu ne devrais pas t'en faire, chérie. Liam ne dira rien. Du moins, je l'espère. Tes problèmes de santé ? que se passe-t-il ?
— Liam utilisera cette information. Oh ne t'inquiète pas pour mes problèmes, il s'agit d'une perte de poids mais ça arrive énormément quand on est confronté à une telle situation.
— J'ai conscience que c'est un sacré emmerdeur mais je ne le pense pas capable d'utiliser le décès de ton frère contre toi. Ce serait inhumain.
En réalité, je crois également qu'il en serait capable. Néanmoins, je tente de la persuader du contraire dans le seul but de mettre un terme à cette immense inquiétude qu'elle ressent.
Je veux qu'elle soit apaisée.
— Tu as peut-être raison, conclut-elle en haussant ses épaules, comment vas-tu, toi ?
— Cesse de te faire un souci à cause de ce crétin. Je vais parfaitement bien. Et, toi ?
— Honnêtement, je me sens bien. Crois-moi, je ne pensais pas dire cela ou même penser cela, un jour mais me recueillir, vider davantage mon sec m'offre comme un second souffle. Ça me donne l'envie de combattre le jour d'après. Chose qui ne m'était pas arrivé depuis des mois.
— Je suis extrêmement heureuse. Timeo doit être content et très fier de toi.
— Tu le penses ? me demande-t-elle les yeux brillants.
— Évidemment.
— Dans ce cas, je ne peux qu'être doublement heureuse. Tu sais, il y a encore trois semaines, jamais je n'aurais accepté que tu sois à mes côtés lors d'une de mes visites. J'aurais été mal au point que tu m'apportes du soutien, mais bizarrement, aujourd'hui c'est tout le contraire qui se produit. Je ne me sens pas vide. Au fond, j'avais besoin d'une autre présence que la mienne et je viens tout juste de le comprendre. C'est dingue, non ?
— Il n'est jamais trop tard pour comprendre qu'il faut être épaulé durant une telle épreuve de la vie.
— Exactement, me dit-elle la gorge serrée, c'est absolument mauvais de l'être d'autant plus de garder ces souvenirs défectueux au fond de soi.
Je ne peux que comprendre Bruna. Suite, au décès de ma tante, je ne désirais qu'une seule et unique chose : être totalement seule dans ma chambre. Je me sentais éperdument mal à l'idée de ne pas avoir su sauver ma tante.
Heureusement, bien que je ne sois pas proche de mes parents, ils m'ont aidé à ne pas vivre dans ce tourment. Ils m'ont relevé. J'ai eu extrêmement de chance.
Chance que certaines personnes n'ont pas eu. Comme Bruna. Quand nous sommes sortie déjeuner dans un restaurant bio, elle m'a fait des révélations. J'ai su à cet instant-là, qu'elle était extrêmement vulnérable.
Sérieusement, comment des parents peuvent-ils laisser leur propre enfant dans le tourment ? Ils auraient dû l'écouter et l'apaiser et non produire le contraire.
Bruna a fait preuve d'un vrai courage. Je n'aurais su le faire. Je l'idolâtre pour ceci.
—J'avais sa petite main dans la mienne. Je la tenais fermement. Aucune chance qu'il s'en détache pour qu'il puisse courir n'importe où comme bon nombre d'enfants le font. Je croyais la tenir comme il le fallait. Avec la force nécessaire. Mais, ce n'était pas le cas. Puisque, la seconde d'après, je ne la sentais plus. À partie du moment où il ne fut plus à mes côtés, il avait disparu. Il s'était éteint. Et, je n'en avais pas conscience.
Ses confidences me laissent sur le cul. Je suis suprise qu'elle soit autant bavarde au sujet de son passé aujourd'hui. Mon coeur se serre douloureusement à l'évocation du déroulement de sa plus horrible journée.
— Il n'avait pas de blessure apparente. Aucune. Il ne saignait pas. Du moins, extérieurement car intérieurement la pression de la voiture contre son petit corps a fait de nombreux dégâts. Le choque a été très violent, je le savais. Pourtant, j'ai préféré croire qu'il n'en était rien. J'ai été comme plongé dans le déni. Il m'était inconcevable de réaliser que cette tragédie avait eu lieu. Pour moi, Timeo allait bien. Certes, il ne bougeait plus, n'ouvrait plus les yeux, ne me répondait plus mais je pensais qu'il était juste sonné. D'autant plus que les secours allaient arriver pour le soigner. Tout allait rentrer dans l'ordre. J'en étais certaine. Comme tu vois, ça ne s'est pas passé ainsi.
Je n'arrive pas entendre correctement son récit tant la peine m'a submergé. Ses paroles pleines d'émotion aussi touchantes soient-elles, ne m'aide en rien. Les larmes me montent aux yeux sans que je ne puisse rien faire.
—Il a été victime d'une hémorragie cérébrale. Et, je ne comprends pas pourquoi. Une fois la voiture dégagé, je me suis empressé de le rejoindre pour amortir sa chute. Je ne voulais pas que sa tête cogne le bitume. Je pensais sincèrement pour avoir fait ce qu'il fallait pour qu'il reste en vie. Mais, Timeo s'est envolé vers les cieux lorsqu'il était dans mes bras. Pas une seule seconde, j'ai pensé à lui dire adieu. Il est parti sans savoir qu'il était aimé. Ça me hantera toute ma vie quoi que je fasse.
Soudainement, la brune éclate en sanglots. Bruna se jette littéralement dans mes bras me clouant sur place. Je ne réagis pas immédiatement t'en suis-je perturbé par la tournure qu'on prit les événements. Néanmoins, je reprends rapidement mes esprits, et entoure le corps de mon ami de toutes mes forces.
— Il le savait. Je crois qu'il le savait, lui chuchotais-je.
— Il ne le savait pas.
— Bien sur que si. Tu as toujours été présente pour Timeo. Tu lui as toujours proclamé ton amour d'une quelconque manière alors cesse de me contredire et crois-moi, chérie.
Je dépose ma main droite sur sa joue mouillée puis la berce à l'aide du poids de nos deux corps. Je suppose qu'ainsi, je réussirai à la rassurer et l'apaiser puisqu'on me l'a toujours fait. Chaque fois, mes crises s'éteignaient et je m'endormais tranquillement.
Ça fonctionnait tout le temps.
Je suis certaine que j'y arriverai également concernant Bruna.
— Tu as faits le plus gros. Le plus difficile. En racontant une bonne partie de cet épisode traumatisant que tu as vécu, tu as avancé. Puis à sache une chose “ peu importe, la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se relever ” les beaux jours arriveront.
— Tu le penses sincèrement ? aurais-je la chance de les connaître ces jours-ci ?
— Évidemment. Tu finiras par guérir mais pour cela, tu dois continuer à parler et non te terrer dans le silence. Ça prend énormément de temps mais tu réussiras. Les mauvais temps se disperseront pour de plus beaux et je te promets d'être présente. J'y veillerais. Maintenant, tu sais ce que nous allons faire ?
Bruna hoche négativement de la tête. Je lui offre donc mon plus grand sourire réconfortant et sincère soit-il.
De mes doigts, j'essuie les perles salées qui trônent sur son si beau visage puis je m'exclame :
— Nous allons manger une bonne gaufre avec du nuteall et de la chantilly et interdiction de refuser, d'accord ?
Un vague rire se fait entendre. Ce qui me réjouit automatiquement.
— Tu oserais faire une entrave à ton régime pour moi ? plaisante-elle.
— Je ne vois absolument pas de quoi, tu veux parler, chérie. Allons-y.
Je lui offre ma main. Cette dernière la saisit et tout en nous souriant à l'une et l'autre, nous nous relevons.
— Merci, Chloé.
— Ne me remercie surtout pas. C'est avec plaisir d'être à tes côtés et t'épauler puis ceci est le rôle d'une amie, non ?
— Ça l'est, confirme-t-elle.
Et, ainsi nous trouvons le chemin du petit restaurant spéciale pâtisserie. Main dans la main, s'entraidant, s'aimant l'une et l'autre.
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