chapitre 42 |

Point de vue de Stephen |

Durant la nuit précédant le départ de la plupart des membres de cette immense famille, mes pensées n'ont pas cessé une seule seconde d'être concentrées sur l'unique personne avec qui, je souhaitais être à ce moment précis ; Bruna.

Sa petite aventure dans ces rues sombres en ce réveillon de Noël ainsi que ses paroles très poignantes m'ont bouleversé. J'ai su passer outre le temps de l'ouverture des cadeaux et des remerciements cependant une fois que nous fûmes rentré chez nous, avec ma mère et Madison, une fois dans mon lit, le visage rempli de tristesse et torturé de ma belle, c'est une fois de plus dessiné dans mon esprit. Il ne m'a plus quitté. Je n'ai su dormir tant j'étais déboussolé et mal au point.

Bon sang, comment est-ce possible de laisser son enfant seule ?

Car, oui, Bruna aura beau me dire qu'elle était avec sa famille et que son aventure dans le quartier de ma tante était fait d'une histoire de rupture de sauce, je ne la croirais pas. C'est du grand n'importe quoi. Où est-elle aller chercher cette histoire ? D'habitude ses mensonges sont mieux construits. Ils ont l'air réels. Hier soir, ce n'était pas le cas. 

Je n'avais qu'à visionner son visage tordu de douleurs et écouter le ton de sa voix qui ne cessait de craquer au fur et à mesure qu'elle prenait la parole pour comprendre que c'était un mensonge.

Quand, elle m'a demandé d'un ton morose de la prendre dans mes bras, j'ai cru le temps d'un instant que j'allais le perdre pour cause : le secret qu'elle garde en elle depuis des années. Mais en rentrant, chez ma mère, en restant éveillé toute la nuit, je me suis dit que non, Bruna n'allait certainement pas tout foutre en l'air. Certes, Bruna prend des risques en ce moment, énormément mais je ne la crois pas capable d'en prendre volontairement pour se perdre, elle-même. Elle ne le ferait pas, n'est-ce-pas ?

Enfin...c'est ce que je croyais.

Mais, en allant lui rendre visite le lendemain matin, chez elle, je fus pris de court en découvrant la scène qui s'était formée devant mes prunelles. Ma copine était repliée sur elle-même au fond de sa chambre, avec une bouteille d'alcool vide à ses côtés. Ce qui est très surprenant. Bruna ne boit pas d'alcool. Du moins, ne buvait pas. C'est là que j'ai compris qu'elle n'en avait plus rien à faire de la vie.

Que se foutre en l'air n'était pas dans ses propriétés. Néanmoins, elle ne ferait rien pour se sauver si le danger se présentait à elle. Je le sentais. Je ressentais ce mauvais pressentiment.

Et je n'allais pas attendre les bras croisés. Je devais de la secouer avant qu'il ne soit véritablement trop tard.

Je l'ai donc approché à pas de loup. Veillant à ne pas la réveiller puis une fois devant sa personne, je pris soin d'étudier les environs et découvris une boîte de médicament pour soigner les maux de tête ainsi qu'un cadre mauve dans lequel se trouvait une photo de sa famille au complet. C'est-à-dire ses parents plus amoureux que jamais et son petit frère Timeo se tenant dans les bras de ma copine. Une belle petite famille s'aimant les uns et les autres diraient les gens en découvrant cette photographie.

Ce qui n'est en aucun cas, vrai. Ses parents sont les pires fils de putes que je puisse connaître et je parle en connaissance de cause.
Bruna ne mérite en aucun cas la misère qu'elle reçoit de ces connards. Elle n'est pas parfaite, elle fait de grossières erreurs mais qui n'en a jamais fait ? l'erreur est humaine et elle est également pardonnable.

Je connais ma copine et je sais qu'elle n'a rien fait qui mérite tant de souffrance. J'aimerais tant l'aider à pourchasser ses démons mais comment puis-je le faire étant donné que celle-ci est totalement silencieuse ?

Comment puis-je faire ? je n'en ai pas la moindre idée mais je trouverais, j'en suis certain.
Un soupir de frustration s'empare de mes lèvres. Ensuite, mes deux bras entourent le corps de la brune. Ce corps que je ne reconnais plus vraiment, honnêtement. Il a tant maigri en l'espace de quelques semaines.

Je ne lui ai jamais fait la remarque par crainte qu'elle se vexe et qu'elle se renferme davantage sur elle-même mais peut-être devrais-je, au final ? Bruna pense sincèrement être toujours au top sur le plan physique cependant, elle est tant aveuglée par la tristesse qu'elle ne voie rien. Si, elle continue, elle finira par arriver en-dessous du poids autorisé pour une jeune femme de son âge, de sa taille, c'est très dangereux. Elle pourrait en devenir malade.

Je sais qu'auparavant, étant adolescence, cette dernière avait frôlé la maladie de l'anorexie et depuis grâce à son parrain, elle avait su reprendre les règnes et ne pas succomber mais depuis que Michael n'est plus vraiment à ses côtés, elle ne fait plus attention. S'il serait là, à mon humble avis, malheureusement il est absent pour une durée indéterminée, alors je vais devoir m'occuper de son alimentation moi-même.

Qu'elle le veuille ou non, elle mangera.

Il est hors de question de la perdre. Jamais.

Bruna Watson.




Lentement, en ouvrant mes paupières ou du moins -en tentant de le faire- je me rends compte que le sol sur lequel, je me suis endormi quelques heures plutôt, après mes débauches avec cette magnifique bouteille d'alcool, n'est plus d'actualité. Aux dernières nouvelles, j'étais bel et bien au fond de ma chambre, terré dans un coin, en train de dormir tant j'avais bu. Pourtant, en me réveillant, ce n'est pas ma moquette qui accueille mon corps mais mon matelas moelleux et tout chaud.

Je passe pareusement une main sur mon visage puis resserre ma couverture tant je ressens le froid qui ne cesse de m'envahir depuis mon réveil. J'aurais dû refermer mes fenêtres, pensais-je. C'est ce que j'aurais dû faire, probablement.

Sentant un énorme mal de tête me surprendre ainsi qu'une fatigue aussi lourde qu'un éléphant. Je décide donc de reprendre ma sieste cependant la voix de mon copain se fait entendre dans ma chambre.

J'ouvre instantanément mes paupières.

Tout s'explique maintenant ! Stephen est l'origine de mon déplacement du sol à mon lit. Je n'avais même pas capté comment j'avais atterri là. Je n'ai même pas pris le temps d'évaluer la situation et je ne l'aurais pas si, je n'aurais pas entendu sa voix.

Heureusement qu'il a pris parole pour que je prenne conscience de cette situation.

Je ne suis pas seule.

Un maigre sourire s'empare de mes lèvres en ayant cette pensée. Pour une fois depuis -désormais quatre années- je suis accompagné d'une personne qui m'aime, un lendemain de réveillon. Je ne suis pas terré dans ma solitude et c'est si bon, de se sentir importante ?

Tant, je ressens de la joie, a l'idée de ne pas être seule, je ne prends même pas la peine de m'en faire concernant l'état dans lequel, suis-je.

Je t'ai déposé un doliprane et un verre d'eau sur ta table de nuit, fût sa première phrase, en apparaissant dans mon champ de vision.

— merci beaucoup, répondis-je sans prendre le temps de saisir le médicament et l'eau.

À cet instant précis, je ne pense pas à soulager mon mal de tête mais à le prendre dans mes bras. En sentant, le froid d'hiver reprendre possession de mon corps, je resserre davantage ma couverture.

— tu as encore froid ? tu veux une autre couverture ? me propose-t-il en remarquant mes tremblements, tu étais complètement gelé, quand, je t'ai récupéré au fond de la pièce. Tu dois probablement être malade, maintenant. Tu n'aurais jamais dû laisser ta fenêtre ouverte, tu es folle.

Stephen revient vers ma personne avec une couverture rose foncée. Il la dépose sur la première et prend place, assit à mes côtés. Ainsi, il m'étudie d'un air soucieux.

— je sais, je veillerai à ne plus le faire, lui dis-je en faisant référence à mes fenêtres, est-ce tu veux venir dans mes bras ?

Le brun m'offre un magnifique sourire aussi radieux que possible. Puis, la seconde d'après, celui-ci retire ses chaussures ainsi que sa veste et me rejoint en-dessous des deux couvertures. Installé derrière ma personne, il enlace ma taille de ses bras musclés et dépose un baiser sur mon épaule dénudée.

— comment s'est passé ton réveillon ? lui demandais-je curieuse.

— très bien. J'ai retrouvé toute ma famille, le temps d'une soirée. Ça m'a fait énormément de bien. Et toi, comment s'est passé le tien ?

— le mien ? repris-je en soupirant.

Le tatoué hoche sa tête comme réponse. Bien que la tentation de mentir, une fois de plus -de trop- se fasse énormément ressentir, je m'abstiens et lui offre la vérité.

Parce qu'il la mérite, au final. Parce-que, j'ai besoin d'être honnête avec lui.

— j'ai bu et j'ai passé ma soirée dans un coin de ma chambre comme tu l'as remarqué. Rien de bien intéressant, comme tu vois.

— où sont-ils ? me demande mon copain en faisant référence à mes parents.

Et je réponds immédiatement :

— ils s'amusent probablement à Las Vegas avec leurs amis.

— sans toi.

— ce n'est ni la première fois, ni la dernière fois que je passe les fêtes de fin d'année seule. Tu ne devrais pas t'en faire, ça va.

— cesse de dire que tout va bien alors que ce n'est pas le cas ! murmure le tatouer dans mon dos d'un ton froid, pourquoi es-tu constamment seule ?

je suis sortie une journée de décembre, il pleuvait énormément et avec le froid, ça a provoqué des plaques glissantes. j'ai fait cette erreur qu'ils ne me pardonneront jamais. Et tu sais, pourquoi, j'ai fait cette misérable erreur ? pour le plaisir d'avoir des bonbons. Je voulais juste lui faire plaisir, c'est tout. Je n'ai jamais voulu que tout ceci arrive. J'aimerais tant revenir en arrière. De tout réparer mais je ne le pourrais jamais. Ils le savent très bien alors mes parents font en sorte de me priver de toutes ces choses qui me rendent heureuses. Ils veulent que je souffre.

— et ça marche, conclu faussement le brun.

Je hoche négativement de la tête.

— ça marchait, rectifiais-je.

— comment ça ?

— j'ai fini par haïr mes passions. Toutes ces bonnes choses de la vie qui me rendaient heureuse et unique n'ont plus aucun sens à mes yeux. Par exemple, l'escalade m'aider à m'épanouir avant mais au jour d'aujourd'hui, je n'ai plus goût à tout cela.

Et avant-même que le brun ne reprenne la parole, je dis :

— je n'ai plus goût à la vie, je souffle.

Et je le sens instantanément se raidir derrière mon dos.

je sens l'atmosphère de la chambre se changeait. Elle devient plus électrique, plus morose qu'elle ne l'était avant.

Et ça, uniquement de ma faute mais au moins, j'ai su me monter totalement honnête avec lui. Je sais, qu'il apprécie au fond. Voulant à tout prix redonner un sens à ce câlin, je me retourne d'un seul coup et lui demande :

— dans tes bras, c'est le cas. Rends-moi heureuse, s'il te plaît.

Je pose mes lèvres contre les siennes. Il résiste le temps de quelques secondes. Stephen manque de réaction sûrement à cause de mes derniers dires mais il se reprend rapidement et nous échangeons un baiser aussi langoureux que possible.

je vais te rendre heureuse, me confirme-t-il, de n'importe qu'elle manière.

Et nos vêtements se retrouvent au sol en un temps-record.

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