chapitre 41 |

est-ce qu'on se relève de la perte, d'un proche ?

m'avait-elle questionné d'un ton répercutant la douleur et la fragilité dont, cette dernière fait preuve depuis quelque temps. Sa question m'a vraiment pris de court, honnêtement. Je ne savais ni comment réagir ni quoi répondre de pertinent pour lui faire comprendre qu'il était possible d'avancer après une telle tragédie.

Mais, je savais que je devais prendre la parole avant qu'elle ne se renferme complément. Alors des mots qui, je l'espère, auront été convaincants sont sortis de ma bouche sans trop attendre.

Ils étaient sincères.

Je n'ai jamais fait face à la perte d'un proche, du moins, pas concrètement. Mes grands-parents, par exemple, nous ont quittés mais n'étant pas proche d'eux, ça ne m'a pas fait grand-chose. Je ne les connaissais pas.

Ce qui explique le pourquoi du comment concernant ces derniers. Je n'ai aucune expérience vis-à-vis du décès, du passage de l'autre côté, de la phase de deuil, mais j'ai su lui dire quelques mots à la fois réconfortants et vrais.

Je pense sérieusement qu'on se relève tous d'un décès quel qu'il soit. Ça prend énormément de temps mais on réussit à le faire. On n'oublie cependant pas mais on n'y pense plus autant qu'avant. On avance tout simplement. Cependant, il est préférable d'avoir du soutien.

Il est même primordial de se sentir épaulé et soutenue durant cette épreuve. Sans cela, il est plus difficile de faire correctement son deuil. Sans ces deux facteurs, souvent la personne concernée, plonge dans l'obscurité dirais-je. Et cette même personne peut en mourir de chagrin.

Je suis totalement ignorant de la mort. Néanmoins, ma mère m'a souvent répété, qu'on pouvait mourir de chagrin dues à différentes épreuves dont celle-ci. Personne ne doit être délaissé face au décès.

C'est donc pour cette raison que j'ai plus ou moins poussée, Bruna à me révéler son histoire pour que je puisse lui apporter l'aide nécessaire. Mais elle n'a rien fait. Elle s'est tu, une fois de plus.

Je ne peux pas lui en vouloir mais je crains vraiment que ma belle fasse quelques bêtises. Je ne sais pas ce qui se passe réellement dans sa petite tête néanmoins, j'en ai une petite idée.

Bruna doit faire face à la mort d'un de ses proches. J'en suis pratiquement sur maintenant. Elle se sent seule très seule et elle disjoncte complètement. Combien de temps, lui reste-t-il avant qu'elle ne devienne dangereuse envers elle-même ? peut-être me fais-je des films, peut-être ne va-t-elle rien commettre mais si vous saviez combien mes sens sont en alertes à propos de ma copine.

J'ai de mauvais pressentiments. Je dois donc agir au plus vite. Je dois cesser de la prendre par les pinces et lui balancer mes soupçons en pleine figure. Ça lui fera mal. Très mal mais je n'ai plus le choix.

C'est soit ça, soit je le perds. Il en est hors de question !

— chéri ? s'exclame soudainement la voix féminine de ma mère.

Je relève précipitamment la tête me coupant de toutes pensées.

— ouais ? lui demandais-je en poussant un vague soupir.

— les invités vont bientôt arriver.
Pourrais-tu m'aider à dresser la table avec ta tante ?

— dois-je, te rappeler que nous sommes aussi des invités ? de ce fait, je ne vois aucune raison de mettre cette table. Elle n'a qu'à le faire.

— s'il te plaît. Cesse de faire ta tête de meule et vient nous aider, me répète ma mère en prenant place à mes côtés.

Quelques petites secondes qui semblent être des heures s'écroulent avant que, je ne reprenne la parole.

— quand on te pose comme question “ est-ce qu'on se relève de la perte d'un proche ” ça t'inspire quoi, exactement ?

Ouais, gros changement de sujet. On passe d'une table à préparer à une question plus au moins morbide. Je ne devrais pas. Pas en cette soirée du réveillon de Noël mais je n'ai pas pu m'en empêcher et pour cause : j'ai affreusement besoin de connaître le point de vue, d'une tout autre personne.
Je dois absolument me faire une idée avant que je ne puisse démarrer mon opération sauvetage.

Ma mère dépose le torchon à carreaux rouges et blancs sur son épaule couverte d'un haut rouge vif puis d'un claquement de langue contre son palet, elle dit :

— qu'une personne est décédée.

— ouais, et ?

— cette personne qui t'a posée cette question est incapable de faire son deuil pour diverses raisons, elle t'a donc demandé conseil. Qui, est derrière cette demande ?

— c'est ce que je pensais aussi, soufflais-je en passant une main dans mes cheveux.

Je le savais.

— qui ? reprends ma mère.

ça n'a pas d'importance pour l'instant, ok ? Bon, allons mettre cette foutue table.

C'est de cette manière que je mets un terme à notre échange. J'aurais apprécié en parler davantage avec ma mère dans le simple but de prêcher d'autres conseils qu'elle pourrait m'offrir mais dans un sens, je me sentirai très mal de déballer la vie de ma copine. Même si, elle ne saura rien de ma conversation avec ma mère, je ne peux pas lui faire ça.

Ce serait comme la trahir.

— allons dresser cette table, répète ma mère en attrapant une bonne pile d'assiettes blanches.

J'attrape à mon tour un plateau qui contient des verres à queues puis rejoint ma génitrice dans la salle à manger qui est très décorée, d'ailleurs.
Ma tante s'est lâchée avec les pères noëls en tous genres. Sa maison est très kitsch en cette période qu'elle aime tant.

Me concernant, je suis beaucoup moins attachée à cette fête. Tout simplement, parce-que, je pense à toutes ces personnes seules, à ces familles déchirées qui ne fêteront plus jamais ce vingt-quatre décembre, à ces inconnus détruits, à cette date qui signifie malheur pour certains. Je devrais probablement ne pas penser à ceci mais c'est plus fort que moi, je n'y parviens pas.

Je profite donc beaucoup moins. Néanmoins, je ne m'en plains pas. Je n'ai pas le droit de le faire. Ce serait contraire à mes précédentes révélations, n'est-ce pas ? puis, je me sens absolument bien comme ça.

Il arrive pire que moi.

J'étais loin de me douter que j'allais la rencontrer en cette soirée.

[Point de vue de Bruna Watson]


Ne supportant plus l'ambiance déplaisante et sinistre dans lequel, étais-je plongée dans ma propre chambre, j'ai pris la décision d'aller faire une balade autour de mon quartier. Promenade qui me permettra de prendre un bon bol d'air frais mais pas que. Ayant toujours aimé depuis mon plus jeune âge, les décorations de Noël en tous genres accroché aux maisons, aux poteaux des rues, j'ai décidé d'aller en découvrir quelques-unes. En espérant qu'au moins cinq maisons auront des décorations hors du commun en cette soirée du vingt-quatre décembre.

Je ne fête pas Noël. Plus depuis le départ de Timeo. Cependant, j'ai toujours en moi, cet esprit, la magie de Noël et ses yeux qui pétillent dès son approche.
et, c'est grâce aux simples décorations, que je pourrais souffler un bon petit coup. Être bien ?

Je voyage donc dans les rues tout en gardant mes prunelles brunes sur les façades et les jardins de ces maisons qui semblent être très animés. Mais aucune ne parvient à me rendre joyeuse comme au bon vieux temps.

Un pincement au coeur me chatouille.
Puis, un deuxième.

Mes pensées fusent vers toutes ces ondes positives que ressentent ces milliers de familles en ce réveillon. Ces familles qui sont en ce moment-même réunis autour d'un bon et gigantesque repas. Ils doivent probablement rire de bon coeur, échanger de bonnes blagues bien bêtes, se dicter des mots plus adorables les uns que les autres, se rappelant de magnifiques souvenirs, étant en convivialité, étant tout simplement heureux.

J'aurais tant aimé être l'une de ces personnes malheureusement la vie en a décidé autrement. Ce ne sont pas les plus beaux souvenirs qui me hantent ce soir, évidemment que non. Ce sont les pires. D'habitude ces jeux de lumière et ces pères noëls arrivent à l'apaiser cependant aujourd'hui ça ne fonctionne pas.

Si vous saviez combien, je les envie. Combien, je les jalouse et j'en ai affreusement honte. Ceci ne serait jamais arrivé si je n'étais pas sortie avec mon petit frère. Ce qui m'arrive est entièrement de ma faute.

Si, je n'avais pas fait cette connerie, mon frère serait toujours là. Je serais avec lui et ma famille et on s'aimerait comme au bon vieux temps.

Je ne serais pas seul errant dans les rues, tel un chiot égaré.

cesse de t'apitoyer sur ton sort, soufflais-je en passant une main dans mes cheveux décoiffés, il y'a pire.

Je tire sur quelques mèches sombres de ma chevelure puis continue mon chemin tout en fixant les décorations animées. Et mon mal-être se fait davantage sentir. Ça fait si mal. Des petites perles salées viennent s'en mêler. Il faut que je m'efforce de rester calme.

Je n'y parviendrais pas, j'en ai conscience.

Il me faut un coup de pouce et l'alcool me réussira.

Je jette donc un regard malicieux au bout de cette rue. Un sourire vient triompher sur mon visage sur lequel, aucune trace de maquillage et de gaieté est présente. Ouais, ce bar qui est placé au bout de cette rue, m'aidera à décompresser et ainsi évacuer toute cette peine.

Je vais aller boire quelques verres et je rejoindrais ma maison.

Néanmoins, alors que je me précipite pratiquement vers ledit bar, une voix masculine me frappant de plein fouet, me stoppe brusquement.

Sérieusement ?

Le mieux serait de ne pas me retourner vers le son de cette magnifique voix pour qu'il ne puisse se douter de quelque chose malheureusement, sa grande main tatouée se dépose gentiment sur mon épaule, habillée d'un pull gris et celui-ci me retourne.

Ainsi, je fais face à un regard à la fois interrogateur et inquiet.

— Bruna ? qu'est-ce que tu fais ici, seule ?

— Je pourrais te poser la même question.

— Je suis sortie de chez ma tante pour récupérer les cadeaux qui sont dans le coffre de ma tante. Bon, maintenant, tu me dis ce que tu fous ici ? habillé ainsi, un soir de réveillon ?

— Je dois acheter un pot de sauce. Ma mère n'en avait plus donc je cherche désespérément un supermarché. Je privilège le confort tout simplement, lui dis-je en pointant ma paire de leggings du bout des doigts.

Sale menteuse de pacotille.

Ton mensonge ne tient pas la route.

Il va s'en apercevoir !

Enfin, c'est ce que je pensais. Puisque celui-ci au lieu de me reprendre, il hoche la tête me confirmant qu'il comprend.

— quelle sauce, veux-tu ? je peux peut-être en prendre chez ma tante, tu ne trouveras rien à cette heure-ci du moins, il te faudrait faire une bonne heure de route. Seule molly's est ouvert.

Molly's. Cette boutique que tient un petit homme âgé d'une soixantaine d'années. Ça me peine de savoir que ce dernier ne fête pas Noël. Lui, non plus.

Depuis le décès de sa femme des suites d'une longue bataille contre la maladie, il s'acharne à ne pas penser à elle, en bossant comme un dingue. J'aurais peut-être dû aller lui tenir compagnie, cette année. Ça lui aura fait beaucoup de bien. Puis, je me rappelle que ça ne sert à rien, il est entouré d'une bonne partie de ses vieux copains durant les fêtes. Au moins, il n'est pas complètement seul même si, je reste persuadé qu'au fond, bien qu'il soit entouré de ses plus proches amis,ça ne change rien.

— Oh...non, ne t'inquiète pas, ma mère comprendra. Bon..je commence en reprenant ma marche.

— .....est-ce que ça va, Bruna ? me demande-t-il en s'approchant de ma personne.

—...ouais, enfin....non mais ça finira par aller, soufflais-je en remuant ma tête de gauche à droite.

Je suis totalement égoïste ! voilà, je n'aurais jamais dû lui dire que ça n'allait pas fort, dorénavant, il va se faire du souci.

Je me contredis carrément dans mes réponses en plus de cela, mais, je m'en fiche pas mal, en réalité. Là, j'ai juste besoin d'être dans ses bras dans le but de ressentir un maximum de sa chaleur...et de me sentir en sécurité. Je lui demande donc, d'une voix enrouée :

— est-ce que tu veux bien me serrer dans tes bras, s'il te plaît ?

— qu'est-ce qui t'arrive ? reprend le brun en s'approchant de mon corps, veux-tu rentrer et dîner avec nous ?

Il sait.

Stephen vient de comprendre que je suis actuellement seule. Putain...je fais pitié.

Si j'avais su, que j'allais tomber sur lui, ce soir, jamais je ne serais sortie.

Mon copain une fois près de ma personne, dépose un baiser sur mon front avant d'entourer mon corps de ses bras musclés.

— je vais aller rejoindre ma famille, steph, lui soufflais-je, mais merci de me le proposer.

Je continue à mentir alors qu'il sait.

Je le fais dans l'espoir de me sentir moins pathétique à ses yeux.

Merde ! que me trouve-t-il à la fin ? comment peut-il être avec une fille comme moi ?

Une fille qui passe ses journées à s'apitoyer sur son jour, qui est constamment seule et à la dérive et surtout qui plonge la tête première dans une dépression ?

Comment puis-je lui plaire, ainsi ?

Au final, Sarah n'avait pas tort à ce sujet. Je deviens folle et malade.

— où est-elle ? me pose-t-il comme question en faisant référence à ma famille.

Comme réponse, je lui dis :

— est-ce ça t'ennuierait de me serrer plus fort ?

Tu tournes au ridicule, ma belle.

J'évite complément sa question. Puisque, je n'ai aucune envie de penser à mes parents qui sont actuellement à Chicago où Las Vegas avec des amis entrain de faire la fête tels les gros enfoirés qu'ils sont.

Stephen ne prononce pas un mot. Du moins pas avant qu'il enserre son étreinte autour de ma personne. Les secondes passent et je me rends compte que même son étreinte ne m'apporte même pas une once de joie.

Ce n'est pas bon.

— quand, vas-tu me parler ?

— bientôt, soufflais-je honnêtement.

— vraiment ?

— oui.

Alors qu'il s'apprête à reprendre la parole, une voix puissante et féminine
l'interrompt.

— James !? tu t'es perdu ou quoi ?

— j'arrive, deux minutes, cri à son tour Stephen, écoute, je viendrais te rendre visite d'ici la fin de la semaine, d'accord ?

— reste avec ta famille, ça vaut mieux. Puis, je ne serais certainement pas là.

— où vas-tu ? me demande-t-il froidement.

— rendre visite à mon parrain, mentis-je.

Je ne veux simplement qu'il gâche ses retrouvailles avec sa famille. Qu'il passe du temps avec une personne, comme moi. Je ne veux pas qu'en restant avec moi, il devienne une mauvaise personne sombrant un peu plus chaque seconde passé dans ce monde.

Je délire, je déraille, complètement.



— Stephen bouges ton cul ! On t'attend pour ouvrir les cadeaux, il est déjà minuit trente.

Déjà.

Je ne pensais pas qu'il était aussi tard.

Je suis sortie de chez moi vers vingt heures. Je n'ai pas vu le temps passer.

c'est dingue.

Remarquant que cette « fille » s'impatiente énormément, je romps notre étreinte, plante un chaste baiser sur les lèvres de mon copain, puis recule de quelques centimètres.

— joyeux Noël, lui dis-je.

Je retire mes mains des siennes et le quitte précipitamment sans attendre une quelconque réponse de sa part.
Sachant qu'être dehors à cette heure-ci peut être très dangereux, je ralentis le pas. Au lieu de l'accélérer.
C'est fou n'est-ce pas de réagir de cette manière ? mais, mes idées ne sont plus totalement claires.
Je ne cesse de penser à la possibilité qu'il puisse m'arriver quelque chose au point que la vie me soit retirée...et ça me rend totalement heureuse.

Tu es tombés sur la tête,ma pauvre fille.

peut-être. Mais en fin du compte, je serais heureuse et entourée de bonnes personnes, si je mourrais. Je serais avec mon frère. La souffrance n'existerait plus. Je serais heureuse et c'est le plus important.

Malheureusement, je rentre dans ma chambre belle et bien vivante. Afflué d'une bouteille de vodka pure, je laisse la lumière éteinte, ouvrent mes fenêtres puis me réfugie au fin fond de ma pièce. Dans un coin, dans lequel, je ne suis nullement voyante, je m'assieds et bois la bouteille tout en me répétant :

— joyeux Noël, Bruna.

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