chapitre 38 |

Il est difficile de croire que ça fait trois années que tu es parti. Trois années que je t'ai dit au-revoir et comme tu dois t'en douter, je ne pouvais pas laisser passer ce jour sans te dire combien je t'aime et à quel point, tu me manques.
C'est bientôt Noël. Une fois de plus, nous le passerons sans toi. Ce n'est plus le même sans toi. Je souhaiterais tant que tu reviennes au moins en cette date mais les morts ne reviennent pas.

Sinon, ça saurait.

La douleur ne disparaît toujours pas cependant je voulais que tu saches qu'il y'aura toujours quelqu'un à tes côtés. Ce quelqu'un qui n'est autre que moi-même.
Le temps passe mais la pensée reste. En ce jour qui a marqué nos esprits, je voulais que tu sache que je pense très fort à toi.
Et que je t'aime énormément. Pour toujours Timeo.

———————

Passant une bonne partie de ma journée aux côtés de mon petit frère dans ce cimetière, je pris la décision de quitter les lieux en remarquant qu'une de mes tantes était présente avec mes cousines et mes cousins.
Il était préférable que je cède ma place.
Pour la simple raison : je ne voulais pas être celle de trop durant l'hommage qui allait rendre à Tim.

J'aurais aimé rester jusqu'à la fermeture mais mon frère avait le droit de recevoir d'autres visites que la mienne. Il en avait besoin.

Il est très important qu'il ne sente pas oublier et qu'il sache que nous l'aimons tous énormément.

Je me relève donc des graviers avec un peu de mal et m'élance directement après vers la sortie qui me semble si loin pourtant celle-ci n'est qu'à quelques mètres de ma personne.

Soudainement, la douce voix de Nathalie, la petite soeur de ma mère m'interpelle. Je grince doucement des dents ne voulant pas entretenir une conversation avec cette dernière mais se serait déplacé de faire semblant de ne pas l'avoir entendu surtout qu'elle est près.

— tu fais quoi ici ? me demande-t-elle étonnait.

ah parce-que maintenant, je n'ai plus le droit de rendre visite à mon frère ? rispotais-je d'un ton méchant.

— ce n'est pas ce que j'ai dit.

c'est ce que tu as laissé sous-entendre. J'ai capté le message. Mais sache que je n'en écouterais pas un mot.

— ne soit pas sur la défensive ! je pensais juste que tu étais à Las Vegas avec tes parents. Jamais, je ne j'interdirais de rendre visite à ton frère. Il faut être dingue pour faire une telle demande.

— ta soeur l'est, soufflais-je en soupirant avant de reprendre, ils sont à Chicago et non à Las Vegas.

— ah bon ? dans mes souvenirs, elle m'avait dit qu'ils allaient à Las Vegas.

Qu'est-ce qu'ils iraient faire là-bas ? surtout que nous n'avons aucune famille habitant à Vegas. Je ne vois aucune raison valable pour qu'ils aient changé d'itinéraire.

surtout en cette période.

— tu as dû te tromper, répétais-je sûre de moi.

— Attends, me dit-elle en fronçant légèrement les sourcils.

Ma tante sort de sa poche avant son smartphone blanc. Elle tapa dessus le temps de quelques secondes puis elle me montra un message venant de sa soeur -qui n'est autre que ma mère-.

de natasha : finalement, nous n'allons pas à Chicago chez les parents.

nous avons décidé de nous prendre un peu vacance loin de toute cette pression à Vegas.

nous allons nous amuser là-bas. ça nous fera bien.

tu m'excuseras auprès des parents mais je ne viendrais pas cette année pour les fêtes de fin d'année.
je les passe avec mon mari et des amies.

— les salops, soupirais-je.

ils m'avaient une fois de plus menti.

— qu'est-ce qui se passe ?

— ils étaient censés se rendre à Chicago pour rendre un hommage à Timeo. Je n'arrive pas à croire qu'ils soient partis s'amuser au lieu d'être auprès de leur fils. Quelle belle bande de pourris.

— mais peut-être qu'ils le font là-bas, s'exclame-t-elle en haussant ses épaules. 

— ouais et moi je suis la fille de Barack Obama ? éclatais-je, un moment donné, il faut arrêter de leur trouver des excuses. Putain, je vous déteste tellement.

Nathalie lâche un hoquet de surprise suite à mes mots. Ma tante ne m'a jamais rien fait de spécial mais je ressens une telle haine pour mes parents que celle-ci s'agrandit au fur et à mesure vers la famille de chacun. Je n'arrive plus à me contenir.

— je peux comprendre que tu sois dégouté qu'ils ne soient pas avec toi mais...

— mais le problème est : qu'ils n'ont jamais été capables en trois ans de me pardonner et d'être avec moi. Pas même pour les jours de fête comme Noël. Je ne demande pas à le fêter mais juste à ne pas être seule. Comme aujourd'hui d'ailleurs. En ce jour de tragédie, j'aurais aimé être soutenue mais, ces enfoirés sont tellement égoïstes qu'ils préfèrent être à des soirées avec leurs amies les bourgois au lieu d'être ici, répliquais-je.

— je sais ce que tu as vécu..

— non tu ne sais pas. Aux dernières nouvelles, tu n'es pas celle qui a vu son frère mourir dans ses bras.

— oui mais, reprend-elle en posant sa main sur mon épaule.

— ne me touche pas !

Face au ton froid et menaçant que je viens d'employer, Nathalie se recule de quelques mètres ce qui m'enchante aussi vite.

— tu es devenue méchante.

— venant d'une personne maltraitant sa mère, ça ne m'atteint vraiment pas.

Ma tante blêmit.

— es-tu sérieuse ?

— je ne l'ai jamais été autant.

tu devrais mesurer le sens de tes mots, Bruna.

— sinon, quoi ?

— je comprends désormais pourquoi on ne veut plus de toi ici. Pourquoi on te déteste autant dans cette famille.

— être aimé par une famille comme la vôtre c'est clairement une insulte.

— comme la nôtre ?que veux-tu dire ?

— je pensais avoir été clair : les marquezine ont toujours et seront toujours une belle famille de pourriture qui a besoin de se nourrir de la souffrance des autres pour exister.
j'ai tellement honte d'être dans cette famille et d'en avoir du sang.

Nathalie devient de plus en plus colérique ce qui me fait rire intérieurement. Qu'est-ce que ça fait du bien de se défouler sur une personne correspondant à ma mère.
Cette bonne femme a toujours été le portrait craché de ma mère. Ainsi, je ne ressens aucune gêne. Je ne culpabilise pas au fait de m'en prendre indirectement à la mauvaise personne.

Mais sachant que si nous continuons à entretenir cette conversation, les choses peuvent rapidement prendre une tournure violente, je décide d'écourter cette conversation -bien que l'envie ne soit pas là- seulement ici repose mon frère et un tas d'autres inconnus et ce serait un manque de respect de me disputer davantage avec cette énergumène.

— sur ce passe une bonne soirée.
Et n'oublie pas : Peace and love, lui dis-je en lui montrant deux de mes doigts.

Je lui lance un dernier regard noir et quitte les lieux à reculons.
Une fois dehors, un soupir de soulagement s'empare de mes lèvres.

Soulagée de me sentir bien et non triste comme je l'ai toujours été en sortant de cet endroit. Je pense qu'avoir vidé mon sac et mes nerfs sur ma tante m'ont rendu satisfaite.
Malheureusement je sais qu'une fois à la maison, enfermée dans ma chambre, seule dans le noir, mes démons réapparaîtront et je reviendrais cette fille constamment à la ramasse et triste.

C'est la vie que je mène depuis trois ans.
Et que je continuerais à mener tant que les changements n'auront pas opéré.

————————

— Dua ! comment ça va ? demandais-je contente de revoir son beau visage.

je vais bien. Papa est encore là, alors je vais bien.

— comment se sent-il en ce moment ?

— il nous dit qu'il se sent merveilleusement bien et je le crois.
J'ai ressens même cette sensation qui me dit que tout ira bien et qu'il va guérir mais au fond de moi c'est tout le contraire. Et toi qu'en penses-tu ?

— je n'en sais trop rien. Je garde juste espoir, je crois.

Espoir qui s'estompe un peu plus chaque jour depuis son annonce. Et je sais qu'une fois que cet espoir m'aura définitivement quitté ça voudra dire que mon parrain est parti.

Tant qu'il sera en vie, cet espoir qu'il guérisse restera gravé en moi.

c'est ce qu'il faut, note-elle.

Je hoche naturellement ma tête avant de demander ;

— comment se porte ta mère ?

— elle ne va pas très bien. Je l'entends pleurer parfois et je suis dans l'incapacité totale de lui apporter le soutien dont elle a besoin car je crains de me mettre à pleurer devant elle. Me voir pleurer ne l'aidera pas. Hormis ça, Maman garde la tête haute et passe tout son temps avec papa.
je ne les ai jamais vus aussi heureux à deux, je crois.

Parce qu'ils savent que le temps leur est compté me dis-je.

J'aurais tant désiré qu'ils se revoient et renouent leurs liens dans d'autres circonstances. Que la maladie ne soit pas le fil conducteur de cette réconciliation.

— j'espère dans tous les cas que papa combattra cette maladie, me souffle-t-elle la voix teintée de tristesse.

— je l'espère aussi...je l'espère aussi.

Michaël n'était pas mon père mais c'était tout comme.
Il a toujours été présent pour moi. Malgré toutes les erreurs que j'ai commises, il ne m'a jamais lâché et a toujours assuré ma sécurité. Il m'a tout simplement aimé d'un amour père/fille et je ne pourrais jamais le remercier pour cela.

Parfois, je n'ai qu'une seule envie : lui prendre sa maladie et la combattre à sa place. Au moins, si je venais à mourir des suites de ce long et interminable combat, je n'engendrais pas de tristesse, j'éviterais par la même occasion qu'une famille se déchire puis je rejoindrai mon frère.

Alors oui, c'est peut-être mal, mais je le pense sincèrement malheureusement, il m'est impossible de lui prendre sa tumeur sinon, je l'aurais déjà fait.

ça ira, ça ira, me dit ma cousine en soupirant.

———————

Point de vue de Stephen.


— je ne voulais pas qu'il continue de lever la main sur maman, me glisse Madison en me fixant tristement.

— c'est donc pour cette raison que tu es partie.

— ouais.

j'inspirais fortement suite à sa révélation.
putain....à cause de mon incapacité à protéger ma mère correctement, ma soeur a dû prendre les choses en main.

ça n'aurait pas dû se passer de cette manière.
j'aurais dû faire d'avantage attention à ma soeur et la faire parler tout autant.
Au moins, j'aurais compris et elle ne serait jamais partie.

et si, je lui avais laissé une chance de s'expliquer plutôt, peut-être aurais-je pu mettre un stop à cette histoire.

cependant j'ai été aveuglé par cette haine envers elle.

j'ai été trop con.



— est-ce qu'il t'a frappé ? lui demandais-je la mâchoire contractée.

— quelque fois mais c'était uniquement sous l'emprise de l'alcool puis ce n'était que des gifles.

— n'essaie pas de lui trouver des excuses !

— je ne le fais pas, dit-elle en baissant les yeux, je l'aime juste.

— tu le fais.

— peu importe dorénavant ce fils de pute ne te touchera plus. 

— oui...lâche-t-elle en éclatant soudainement en sanglots.

Madison se jeta dans mes bras dans le simple but de s'offrir un peu de réconfort de ma part et c'est sans retenue, que je le fais.
Je la serre dans mes bras tout en lui chuchotant quelques petits mots. Celle-ci prise d'une fatigue s'endort rapidement dans mes bras et bien que je sois quelque peu mal à l'aise, je la laisse car je sais qu'elle a besoin de cette proximité. Surtout en ce moment.

Et au fond, je crois que moi aussi.



———————

@luciemcnamara : tu as eu des nouvelles de Bruna aujourd'hui ?

@stephenjames : ce matin, oui.

pourquoi ?

@luciemcnamara : parce qu'elle ne répond pas à mes messages et ça m'inquiète.

@stephenjames : elle m'a dit qu'elle ne serait pas présente aujourd'hui.

mais elle m'a dit quelque chose qui m'a inquiété.

@luciemcnamara : quoi ??

@stephenjames : qu'elle voulait rejoindre son fère mais d'après ses dernières révélations, il n'habite ni à Londres et ni ici et en plus de ça, elle m'a dit qu'elle ne le reverait plus.



l'attente d'une réponse de la part de la brune ne vînt jamais, ce qui confirma plus ou moins mes nombreux doutes concernant le petit frère de ma copine.

cependant, il me fallait des vraies déclarations venant de l'intéressée principale et je sais d'avance que ceci s'annonçait une tâche difficile à avoir.

mais je ne craignais en rien cette difficulté puisque je ne voulais qu'une seule et unique chose : aider Bruna.

allait-elle me laisser l'aider ?

non.

mais je ne lâcherais pas l'affaire.

j'étais prêt à tout.

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