chapitre 36 |

Fatigué suis-je. Actuellement dans ma tête, c'est le désastre.
Enfant on m'a toujours dit oh mon ange les monstres n'existent pas, ils ne sont qu'imaginaires. Mais en réalité, au fil des années, j'ai compris que ce n'était rien d'autre qu'un flagrant mensonge auxquel j'avais longtemps cru.

Les monstres existent réellement. Je ne parle de ces monstres fictifs ou bien ceux qu'on pense être sous nos lits. Je parle de ces monstres qui sont devant vous, là, partout où nous sommes.
Ils osent te fixer droit dans les yeux pour au final te mentir, te trahir; et fais très attention aussi derrière toi, ils sont là, derrière ton dos à te mettre des coups de poignards.
Mais si tu te retournes pour regarder qui te remue le couteau dans la plaie, tu remarqueras que celui qui te souriais en face te fera du mal; c'est un cercle vicieux. On ne peut se fier à personne au fond.

Pas même à ses propres parents qui vous crachent en permanence à la figure. Ce qui est vraiment très honteux. Ce genre de situation ne devrait pas arriver.

Désormais avec plus de recul et un grain de perspicacité, je comprends le sens des mots. Ces paroles dites par mon père qui me paraissaient très incompréhensibles tôt ce matin. à la fois incompréhensibles et sincères au premier abord malheureusement, elles ne l'étaient pas. 

J'aurais tant aimé que ça le soit. 

— je t'aime...chuchotais-je à nouveau en caressant du bout des doigts la feuille blanche.

Ces sept lettres qu'il m'avait chuchoté avant de sortir de ma chambre. Ces lettres qu'ils ne m'avaient plus dit ces dernières années d'ailleurs mais très sincèrement, avec du recul, je ne veux plus jamais les entendre. Surtout si ces mots ne sont que le reflet de l'hypocrisie et du mensonge.

La mine déformée par la tristesse, je comprends également, que ce n'était qu'une de ces techniques pitoyables pour s'éloigner le plus discrètement de ma personne afin que je ne les suivent pas pour rendre hommage à mon petit frère.

Mais aussi pour m'émouvoir dans un seul but : me prendre une fois de plus -de trop- en traître. 
Mon père voulait se donner bonne conscience et me mettre dans sa poche.

Il avait presque réussi. Malheureusement, pour lui, j'ai su garder cette rage en moi, qui m'a permis de me montrer forte et de ne pas tomber définitivement dans ses filets.

je les déteste tellement, chuchotais-je en ravalant mes premières larmes.

Je ne voulais pas sangloter. Surtout pour des personnes aussi infâmes que sont mes parents cependant toute cette pression est trop lourde et douloureuse que je puisse la porter correctement sur mes épaules et sans même laisser l'émotion me gagner.

Alors sans même que je ne sois pas en mesure de me contrôler, je sens des parles salées glissées le long de mes deux joues.
Je les essuie immédiatement d'une main rageuse mais automatique, elles reviennent. De façons plus puissantes et plus rapides.

Mon corps frêle se rabat sous ma couverture que je serre de toutes mes forces dans l'espoir de faire disparaître toutes ses mauvaises pensées. Et soudainement la solitude me frappe de plein fouet.

Celle-ci se fait de plus en plus pressante ces derniers temps. J'aurais beau être entouré de personnes plus magnifiques les unes que les autres, je me sentirais toujours seule tout simplement parce qu'il n'est plus là.

Et qu'il ne reviendra plus jamais et cela uniquement de ma faute.

Auparavant, je pensais pourtant le contraire mais plus les années passent et plus, je comprends que si, je n'étais pas sortie de cette maison, jamais mon frère n'aurait perdu la vie.

Je suis la responsable de cet accident et non cet homme. Ma mère a raison au final.

Je mérite tout ce qui m'arrive.

Point de vue de Stephen.



Légèrement inquiet suis-je. Pour cause : les messages que j'ai écrits vis-à-vis de ma copine restent sans réponses. Et cela depuis plus de cinq heures désormais.
En plus, elle n'a toujours pas montré le bout de son nez.

Bruna doit normalement passer en coup-vent à cette soirée organisée par son amie : Chloé. Je sais qu'elle n'aime pas vraiment les soirées et qu'elle ne vient jamais à celles-ci mais puisque l'organisatrice est son amie, je pense qu'elle viendra. Malheureusement plus les heures passent et plus l'espoir qu'elle se montre se dissipe.

Au fond de moi, je le savais.

Elle aurait pu tout de même me prévenir de son absence. Ainsi, je n'aurais pas pris le temps de me préparer et surtout, je n'aurais pas mis un pied ici.

Un souffle d'exaspération sort de ma bouche. Bon...je me casse.
Je ne vais certainement pas rester ici alors qu'elle n'est pas ici. En plus de ça, je crois qu'il vaudrait moi que j'aille lui rendre une petite visite histoire de me rassurer.

Certes, il se fait tard, mais je dois m'assurer que tout va bien. Car au fond, je ressens ce mauvais pressentiment qui me dit qu'elle a actuellement besoin de moi et celui-ci ne partira qu'une fois rassuré. Je décide donc de reprendre mon blouson et l'enfile sous le regard interrogateur de Lucie qui m'a l'air plutôt inquiète et pensif.

— Où est-ce que tu vas ? finit-elle par me demander en me suivant dans la foule.

— Rejoindre Bruna.

— Pourquoi ? elle ne va pas bien ?

— C'est la question que je me pose. Elle ne répond pas à messages et ce n'est pas son genre. Quelque chose ne va pas, déclarais-je certain.

— Elle ne t'a pas dit?

— Dire quoi ? répétais-je curieux.

Elle avait une sorte de réunion de famille avec ses grands-parents qu'elle n'a plus revus depuis un certain temps.

— Bruna aurait trouvé le moyen de me répondre histoire de me rassurer mais elle ne l'a pas fait donc je suppose que cette histoire de grands-parents est fausse.

Rien qu'en remarquant le regard empli d'inquiétude de la brune, je sais qu'elle me ment. En plus de ça, elle se gratte nerveusement son coude qui signifie : le mensonge.

Lucie est au courant de quelque chose dont je suis l'ignorant.

— qu'est-ce qui se passe réellement ?

— elle est avec ses grands-parents, me répète-t-elle en soupirant.

— tu mens mal. Ton jeu d'actrice est moche. Maintenant donne-moi la vérité.

je ne peux pas.

Désormais, mes sourcils se froncent à mon tour grossièrement. Lucie me lance un regard désolé et vient prendre place sur l'herbe malgré le froid persistant du mois de décembre.

— j'aimerais mais ce n'est pas à moi de le faire. Cette histoire est celle de Bruna et non la mienne. Elle doit être racontée de sa bouche. Néanmoins, elle ne le fera jamais. Pourtant, elle devrait.

— pourquoi ?

— elle est si fragile et elle ne s'en aperçoit même pas. Cette tragédie l'a complètement assommée et depuis elle est devenu ce bout de ficelle qu'on pourrait couper rien qu'en le pinçant.

— en effet, je le ressens cette fragilité en elle.

Au collège, elle puait la joie de vivre. Toujours rayonnante. On aimait principalement Watson pour cette qualité.
Elle faisait toujours en sorte de redonner le sourire à une personne qui était très mal peu importe si cette personne était son amie ou non.

Elle se fichait de ça. Le principal était de rendre le sourire à cet individu.

Cependant en rentrant au lycée, tout a changé. Plus aucun sourire, des notes très basses (alors qu'auparavant elle était la première de ses classes). Bruna n'aidait plus personne. Elle se renfermait énormément.

Elle n'était plus du tout la même.

Je l'avais remarqué très tôt.

Je voulais faire quelque chose. L'aider mais je ne l'ai jamais fait préférant l'embêter avec des phrases parfois méchantes.

Elle n'avait pas besoin de ça.

Je le regrette.

Si je n'avais pas été con, j'aurais fait en sorte de recoller les morceaux avec elle bien avant cette année. Au moins j'aurais pu lui fournir l'aide approprié.

J'ai perdu beaucoup trop de temps.

— j'aimerais lui apporter mon aide mais elle n'en veut pas.

— tu sais pourquoi ?

— ses parents.

— détaille, repris-je en la fixant.

— c'est simple : ils lui en veulent à mort et lui font savoir qu'elle a tout ce qu'elle mérite. Qu'elle doit passer le restant de sa vie malheureuse.

— je n'ai jamais aimé ses parents et surtout la mère. Elle m'a toujours fait froid dans le dos sans aucune raison valable.

— moi aussi. Je ressens la même chose que toi.

— est-ce que tu en sais énormément sur cette tragédie ? elle s'est confiée à toi ?

Lucie hoche négativement de la tête avant de me dire :

— pas vraiment. Je sais juste un bout de l'histoire mais pas l'entièreté. Bruna culpabilise énormément et ne souhaite pas me perdre en me donnant la réelle raison de cette tragédie...pourtant, elle ne devrait pas avoir cette crainte. Je serais toujours là pour elle quoi qui se passe. Je ne la lâcherais pas.


Putain..

Que me cache-t-elle ?

Est-ce vraiment grave ?

Car d'après les révélations de mon ami, je comprends que cette histoire n'est en rien facile.

— je sais qu'elle n'est pas coupable.

— coupable de quoi ?!

— je ne peux pas te le dire. Si tu veux en savoir plus, c'est auprès de Bruna qui faut demander. Je ne la trahirais pas.

— Ok. Dans ce cas, j'y vais maintenant.

Il m'est impossible de rester d'avantage dans le noir complet. Je me relève donc mais la main de la brune s'enroule autour de mon poignet me stoppant ainsi dans ma course.

— ce n'est pas le bon moment.

— quand ça le sera alors ?

— après les vacances. Ce n'est pas pour rien qu'elle ne répond pas à tes messages, Stephen. Je crois qu'elle a besoin de temps et d'être seule.

Je pense tout le contraire moi.

— j'ai la même pensée que toi mais pas elle. S'il te plaît. En plus de ça, ses parents sont chez elle et ils n'appréciaient pas de te voir là-bas.



Dans ce cas, je monterais à la fenêtre. Peu importe comment je vais la rejoindre, je ne la laisserais pas seule ce soir. Hors de question.

Lucie aura beau me dire ce qu'elle veut. Elle n'arrivera pas à me faire changer d'avis.

Je vais la rejoindre.

Elle a besoin de moi. Je le ressens. Et je vais répondre à sa demande.


— Ok, dis-je en retirant sa main de mon poignet.


Je ne lui laisse aucunement la chance de reprendre la parole puisque de suite, je prends mes jambes à mon cou et je m'en vais direction la maison de ma copine.

Malheureusement cette nuit-ci, je reçus un appel de ma mère affolée et je ne pus la rejoindre.
Ma génitrice avait grandement besoin de mon aide et il m'était impossible de la laisser dans ce pétrin.

Mon père était revenu et je ne pouvais laisser faire cela. Il allait s'en prendre à nouveau à elle et il en était hors de question.

Et je savais qu'agir maintenant auprès de ma famille et remettre à plus tard, l'affaire Bruna c'est prendre le risque d'agir trop tard mais je n'avais pas le choix. Je devais prendre soin de ma mère avant qu'il n'arrive une tragédie.

Et en me pointant à la maison, c'était le chaos complet.

— Madison ! avais-je crié perdu.

Que s'est-il passé ?








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