Chapitre 27 |
Passant une main dans mes cheveux bruns, je ne cesse de me dire que je n'aurais jamais dû réagir aussi violemment vis-à-vis de Stephen. Celui-ci ne méritait vraiment pas mon saut d'humeur mais en même temps il n'avait qu'à pas me parler de mon petit frère.
C'est entièrement de sa faute.
Non ça ne l'est pas.
Stephen ne sait rien de mon histoire tout comme ces personnes connaissant mon frère. Ils demandent tout simplement de ses nouvelles comme moi je le ferais à leur place. Certes je n'aime pas que ce soit Timéo le sujet de conversation mais ils ne savent pas. Ils sont justes inquiets ou bien curieux. Ne plus le voir suscite forcément des questions auxquelles je dois répondre le plus naturellement possible.
Je dois m'en tenir à mon histoire de Londres qui est de plus en plus mauvaise. En réfléchissant, il est vrai que j'aurais dû trouver une autre raison due à l'absence de mon frère mais c'était la seule qui me paraissait imaginable et réaliste. Pas tant que ça au final puisque Stephen se doute de quelque chose.
Ou alors j'aurais dû tout simplement être honnête et assumer mes actes. C'est que j'aurais dû faire depuis le début. Si j'en suis là aujourd'hui ce n'est pas à cause d'eux mais c'est entièrement de me faute. Désormais je dois faire face à la vraie et vie en assumant mes mensonges. Ça va être difficile, je le sais, mais je réussirai.
Je ne vois pas pourquoi je n'y arriverai pas.
— Chérie ? s'exclame soudainement une voix masculine comme étant celle de mon père.
Je me retourne quittant le beau paysage gris de Seattle et mes prunelles brunes font face à une mine pleine d'inquiétude appartenant à mon père.
— Qu'est-ce qui se passe ? demandais-je réticente.
— Moi, je n'ai rien mais toi tu n'as pas l'air d'aller bien. Tu veux en parler ?
— Je ne sais pas.
J'aimerais le faire mais je crains fortement de la réaction de mon père mais je sais qu'au fond ça me soulagerait énormément de vider mon sac puis il pourrait me donner des conseils.
Je dois cesser d'avoir peur des réactions des uns et des autres. Si je continue ainsi, bientôt, ma vie ne ressemblera plus à grand-chose. Elle n'est déjà pas très merveilleuse alors il ne vaut pas continuer dans cette direction. Je dois me ressaisit maintenant avant qu'il ne soit trop tard.
— Tu sais que je ne forcerais pas mais je pense fortement que tu devrais en parler à quelqu'un. Mais vider ton sac te ferait le plus grand des biens. Ça t'apaiserait en quelque sorte ma grande.
Et il n'a pas tort. Je décide donc de lui faire part de mes derniers mensonges malgré l'énorme pression que je ressens en moi.
Mes doigts s'entremêlent ensemble et tout en jouant avec ces derniers, je dis :
— Je fais croire à tous mes amis, à mes connaissances, à ceux qui me demandent que Timeo soit parti s'installer à Londres. Je mens à tout le monde et jusqu'à aujourd'hui, je ne ressentais aucune honte. Je ne le regrettais pas mais en réfléchissant j'ai pris conscience que c'était horrible ce que je faisais. Tim ne mérite en aucun cas que parle de lui comme si tout allait bien. Ni lui et ni eux.
Je sais aussi que c'est en partie grâce à Stephen que j'ai pris le temps de réfléchir et de peser le pour et contre -ce que je n'aurais pas dû faire car ça ne se fait pas- mais je voulais me rassurer en me disant que ce que je faisais c'était bien. Que mes mensonges n'apportaient que du bon mais en réalité ce n'est pas le cas et je l'ai su grâce à cette la belle personne qu'est Stephen. Que je considère d'ailleurs comme un ami proche.
Un ami proche avec lequel je ne cesse d'être méchante. Que je repousse sans arrêt et pourtant il est le seul à prendre soin de moi et à tenter de me comprendre hormis mon parrain Michaël.
Je dois arrêter de l'être et apprendre à lui faire confiance. Ce sera déjà un très gros point pour avancer.
— Pourquoi fais-tu cela ? demande mon père en soupirant.
— À mes amies, eux ne me voient pas comme une meurtrière. Ils ne me rejettent pas. Ils ne privent pas des choses que j'aime. Ils me poussent vers l'avant. Tentent de me comprendre. Ils sont tout simplement adorables avec moi et je ne veux pas que ça s'arrête. J'en bave assez à la maison et je ne veux pas que hors maison ça continue, voilà pourquoi.
Mon Dieu c'est bien la première fois depuis plus de trois ans que je parle autant à coeur ouvert auprès de l'un de mes parents.
J'entends mon père soupirer une nouvelle fois dans mon dos et je baisse instinctivement les yeux en attendant patiemment qu'il prenne la parole ce qu'il fait cinq bonnes minutes plus tard.
— Il faut aussi nous comprendre. Essaie donc de te mettre à notre place Bruna. C'est vraiment dur pour nous de se relever après un tel accident.
— Je l'ai fait. Une bonne trentaine de fois, je t'assure et je n'ai jamais compris pourquoi, j'étais la cible à abattre. Avec maman, vous avez tendance à oublier que mon petit frère est mort dans mes bras sans même que je ne puisse faire quoi que ce soit. J'en suis traumatisée. Énormément et ça vous ne l'avez jamais compris. C'est bien beau de me rejeter la pièce mais mettez-vous à ma place également et comprenez une bonne fois pour toute que je voulais tout simplement lui faire plaisir en lui offrant un énorme paquet de bonbons. Je voulais seulement lui faire plaisir, dis-je en chassant les larmes.
Ce n'est pas le moment de pleurer ! Je regarde d'une manière intense mon père qui n'a toujours rien dit face à mes propos. Je crois même qu'il n'a toujours pas réalisé la significations de mes mots.
Cependant je ne lui laisse pas le temps de comprendre puisque ma voix se fait à nouveau entendre.
— Je seule moi tandis que toi et maman vous êtes à deux. À deux et même parfois grandement entouré. Je n'ai que dix-huit ans et je ne devrais pas être seule durant une telle épreuve. Je comprends totalement que vous puissiez me haïr suite à l'accident mais ça fait bientôt quatre ans et je mérite autre chose que de la haine. Je suis votre fille et je vous en veux énormément des actions produites envers-moi.
Je n'ai jamais autant parlé ! Jamais ! Et c'est fait un bien fou. J'ai l'impression de me sentir surpuissante ce qui est totalement idiot mais c'est l'impression que je ressens face à mes confidences restés trop longtemps secrètes.
Je m'apprêtais à l'ouvrir à nouveau mais la voix de mon père m'interdis de le faire.
— Si tu nous avais écoutés, il serait toujours là.
— Mais c'était son anniversaire et je voulais...
— Lui faire plaisir ? Ouais, je sais, tu ne cesses de nous le dire mais ce n'est pas pour autant que nous, tes parents allons passer l'éponge. Tu nous as pris notre fils, Bruna.
Je me mords nerveusement la lèvre. Je pensais vraiment que mon père allait comprendre mes dires mais celui-ci est toujours autant buté. Il ne veut rien savoir au fond !
De ce fait, pourquoi me demande-t-il de vider mon sac si ce n'est pas pour me comprendre et m'aider à me sentir moins coupable ? Sûrement pour se donner bonne conscience.
Si j'avais su, je ne me serais pas tourné vers lui.
— Tu devrais dire la vérité. Mentir ne ramènera pas ton frère. Ce que tu fais ne sert strictement à rien. Un jour ou l'autre la vérité éclatera, tu ne peux rien faire contre ça, dit mon père en se levant.
Il se trompe. Évidemment que je peux faire quelque chose contre ça : partir à l'autre bout du monde ! C'est très lâche de ma part, je sais, mais c'est j'ai cette idée en tête depuis des mois et je sais que ça se concrétisera.
Mon géniteur passe une main dans ses cheveux à moitié gris puis sans aucun mot, il sort de ma chambre comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu. Bon peut-être qu'il en a rien à foutre mais au moins j'ai dit tout ce que j'avais sur le coeur et je me sens beaucoup plus légère et c'est ce qui compte le plus.
De Bruna à Michaël : Salut ! Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu ( beaucoup trop d'ailleurs ) et je me demandais si ce week-end, tu voulais qu'on se fasse quelque chose avec Dua ?
Je regarde quelques petites secondes l'écran de mon téléphone qui affiche le message que je viens d'écrire et d'envoyer à mon parrain en espérant qu'il me réponde aussitôt mais aucune réponse ne me parvient les minutes précédant mon message.
Je décide donc d'éteindre mon téléphone et de le garder dans ma main tout en réfléchissant à comment je pourrais arranger une conversation avec Stephen pour lui rendre son argent mais aussi pour lui présenter mes excuses. La dernière fois, j'ai très mal réagi envers lui et je n'aurais pas dû alors la meilleure chose à faire est de m'excuser.
Mais comment l'approcher sans qu'il ne me rejette ? Après les mots que je lui ai dits, ça ne me surprendrait pas qu'il me dégage en un claquement de doigt.
Je devrais probablement rester dans mon coin aujourd'hui et attendre le bon moment pour le faire. Non ! Ce n'est pas ça que j'ai convenu. Je dois suivre mon plan à la lettre. Plan qui se résume à : Repérer la cible, l'approcher, lui rendre son argent tout en parlant puis de repartir dans le plus grand des calmes.
Ouais je vais faire ça.
Je me décolle du casier sur lequel j'étais posé et cherche du regard un grand brun tatoué dans le hall d'entrée mais je ne le vois pas. Peut-être qu'il est dehors en train de fumer ? Impossible, il ne fume pas puis il fait affreusement froid et Stephen déteste le froid. Donc il doit sans aucun doute être dans les couloirs à errer avec ses potes.
Bon je vais aller faire mon petit tour. Alors que je me retourne pour reprendre ma route vers les couloirs du premier étage, je me cogne contre un torse. Un petit « aïe » sort de mes lèvres. Ce torse est vraiment bien dur et à mon avis il ne peut qu'appartenir à Stephen.
En plus de ça, c'est son parfum que je sens. Je relève donc timidement la tête pour faire face à son regard sombre. Oups.
L'aurais-je énervé de bon matin juste en me cognant malencontreusement à lui ? je ne pense pas. Il n'est pas du genre à s'amuser pour si peu, non, il s'en amuse plutôt en faisant des blagues salaces.
— Désolé, dis-je timidement.
Une première pour moi. Ô grand jamais, je me suis présenté de façon timidement envers lui mais je suppose qu'il faut une première à tout.
— C'est rien, finit-il par répondre en grattant nerveusement son menton.
Bon au moins ce n'est pas à cause de moi qu'il est en colère sinon il ne m'aurait même pas répondu le connaissant. Je décide donc d'aller pêcher les informations pour le comprendre et s'il le veut accepter mon aide et mes conseils bien que je ne sois pas très bonne à ce niveau.
Je sais également que je m'égare de mon plan mais j'ai avant tout besoin de savoir s'il va bien.
— Est-ce que ça va ? demandais-je en lui souriant.
— Ouais.
— Ton visage ne dit pas la même chose.
— Et d'après toi qu'est-ce que mon visage te dit ? lâche-t-il irrité.
— Que tu ne vas pas bien. Rien qu'en voyant ton regard sombre et perturbé, on le comprend. Bon qu'est-ce qui se passe ? pourquoi es-tu aussi grognon un mardi matin ?
— Et toi qu'est-ce qui se passe pour que tu sois autant triste ces derniers temps ? renchérit-il en ignorant ma question.
— On approche décembre, m'exclamais-je en haussant mes épaules.
putain qu'est-ce qui m'a pris ? pourquoi suis-je d'un seul coup honnête ?
— Et qu'est-ce qui se passe en décembre ? Tu devrais plutôt être heureuse puisque c'est la période des fêtes puis tu revois tous tes proches à cette période-ci.
— Tu n'as pas répondu à ma question, lui fis-je remarquer.
— Il paraît que ce n'est pas conseiller de se livrer sur sa vie privée à des inconnus, dit-il sarcastique.
Ah bon il m'en veut et il me le fait bien savoir. Je crois qu'il est temps de lui présenter mes plus sincères excuses.
— Écoute, je suis vraiment idiote. Je sais que tu veux simplement me soutenir et m'aider et moi je ne fais que qu'être méchante avec toi alors je te présente...
— Stephen ! Tu viens ? s'écrit soudainement une voix féminine.
Je me retourne et aperçois la grande Kendall. Cette dernière fait des grands sourires au tatoué qui lui la regarde de la même manière. C'est-à-dire de façon aguicheurs...wow c'est assez bizarre pour un mec disant ne pas aimer une fille comme elle. Ces mots et signaux sont complètement contradictoires.
— Ouais j'arrive !
J'ouvre grand les yeux suite à cette réponse qui je pensais aller être négative de sa part. Stephen ne me lâche pas un seul et se prépare à aller la rejoindre mais au dernier moment ma main s'enroule autour de son poignet. Grâce à mon étreinte, j'arrive à lui faire ouvrir la main pour y déposer l'argent que je lui devais.
— Pour le tatouage et je voulais aussi te dire que j'étais sincèrement désolé d'avoir piqué une crise d'adolescente envers toi. Passe une bonne journée James.
Je lui lâche la main puis le quitte avec un demi-sourire aux lèvres car j'ai pu lui faire mes excuses et lui rendre ce que je lui devais et c'est le plus important.
J'aurais aimé avoir une conversation plus détaillée envers lui mais il a choisir d'aller rejoindre Kendall alors il ne vaut mieux pas que j'insiste. Passer pour une forceuse n'était pas dans mes plans puis j'ai aussi conscience qu'en parlant avec lui, j'aurais pu aller plus loin dans mes propos et me livrer vis-à-vis de ma grande mélancolique pour le mois de décembre et bien que je veuille en parler, il n'est peut-être pas la personne idéale pour ça.
Je pense que Lucie ma plus proche amie est cette personne. En plus de ça, elle sait que mon petit frère est décédé. Comment, elle n'en sait rien mais elle est au courant et c'est vers elle que je devrais me tourner ! Mais vous savez quoi, je me sens vraiment très heureuse en ce début de matinée et vous savez pourquoi ? Parce-que j'ai lâché des petits détails sur ma vie privée et j'ai compris que ça allait m'aider à aller de l'avant. Qu'il fallait que je parle et c'est ce que je vais faire malgré mes craintes vis-à-vis des réactions.
Si je veux vivre, je dois cesser d'avoir peur et c'est maintenant que ça démarre. J'ai perdu beaucoup trop temps.
je vais rendre Timéo fière de moi, j'en suis certaine.
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