Chapitre 22 :

Fin du cours d'anglais ; 09:50.

Tout en attrapant mes affaires que je coince en-dessous de mon bras gauche, je passe rapidement entre les tables des élèves et me stoppe devant le bureau de mon professeur d'anglais avec une feuille pliée en quatre dans ma main droite.

Lucie se presse pour me rejoindre aux côtés de Hollande et Kaila mais je fais comprendre aux filles d'un geste de la main de ne pas m'attendre. Elles froncent toutes les trois leurs sourcils mais ne disent rien pour autant. Ce qui m'arrange fortement. Elles sortent de la salle de classe et partent dehors pour prendre la pause de la matinée.

— Bruna tu as un souci ? me demande Monsieur Alfraid en me souriant.

— Je n'ai pas de problème. Enfin je ne conçois pas mon refus d'être du voyage comme tel. Je viens juste vous rendre la feuille vierge puisque je ne serais pas de la partie. Cette feuille pourra servir à un des élèves qui aura perdue la sienne, dis-je en lâchant un petit rire.

— Pourquoi ne viens-tu pas ? me demande-t-il intéressé.

— Je n'en ai pas envie, mentis-je.

Évidemment que c'est faux mais c'est le seul mensonge qui m'est venu en tête et qui est crédible à mes yeux.

Évidemment que je meurs d'envie d'être du voyage mais je n'ai pas l'argent. Mes parents ne veulent pas mettre l'argent pour ce voyage et moi bien que j'aie énormément d'économies dans ma tirelire, je ne le veux pas non plus tout simplement car j'en aurais besoin pour mes vacances d'été et ma poursuite de vie puis puisque je ne reçois plus aucun argent de poche de mes parents, il ne faut pas que je fasse n'importe quoi avec celui qu'il me reste.

Je ne peux pas me permettre de les utiliser dans ce voyage bien que l'établissement ne demande pas énormément.

— Je me souviens que la Canada figurerait dans ta liste des destinations rêves que nous avons faite en début d'année. Ce n'est certainement pas par manque d'envie que tu refuses d'être du voyage. Je sais que ma question va être totalement déplacée mais est-ce un manque d'argent ? Si c'est le cas, le lycée peut faire des démarches pour avancer la somme demandée. C'est une aide, tu veux le papier pour ?

— Ce n'est pas par manque d'argent. J'en ai. C'est seulement à cause de mes affaires familiales. Puis-je vous demandez de ne rien dire aux élèves et plus particulièrement à mes amies s'il vous plaît.

— Pourquoi Bruna ?

— Si elles savent que je ne suis pas de la partie, elles n'iraient pas au Canada et comme vous devez vous en douter je ne veux pas de ça. Je veux qu'elles profitent. Le Canada est un pays magnifique à découvrir, lui et ses valeurs. Je tiens vraiment à ce qu'elles partent là-bas, lui dis-je en souriant à l'homme.

Je vois que Tom Alfraid est quelque peu déçu que je ne sois pas de ce voyage mais il ne m'en fait pas part sûrement pour ne pas me mettre mal à l'aise. Je ne vois pas d'autres raisons.

— Très bien. Ces problèmes ne sont pas graves au moins ? Tu sais, s'ils le sont, tu dois en parler et sache que ma porte est grande ouverte, me propose-t-il.

— C'est très gentil mais j'en parle déjà avec mes parents. Merci monsieur, mentis-je une fois de plus avant de reprendre, Bonne journée.

Je récupère mon sac à dos, le dépose sur mon dos et avance tranquillement jusqu'à la porte de sortie mais la voix de l'anglais se fait de nouveau entendre me stoppant dans ma marche.

— N'oublie pas, ma porte sera toujours grande ouverte. Bonne journée, dit-il avec une pointe d'inquiétude dans sa voix.

Alfraid a toujours été comme ça avec ses élèves. Beaucoup trop soucieux. Il pense énormément à l'état mental et physique de l'élève surtout quand il voit de gros changements auprès d'une personne. Quand ses notes chutent soudainement. Quand il s'aperçoit qu'un est très fatigué et qu'il ne ressent pas la force pour être attentif en classe. Il ne dit rien. Il laisse l'élève se reposer mais il exige en retour que cet élève vienne à lui en fin de cours. Quand il s'aperçoit qu'un élève grossi ou maigri un peu trop rapidement à son goût, il le surveille d'un œil très attentif. Il fait attention à tous et quand il se fait à l'idée qu'un élève n'est pas dans son assiette, il ne le lâche plus.

Et souvent ses efforts paient. L'année dernière il a sauvé Miller d'un suicide. C'était un élève de terminale qui était dans le groupe des footballeurs.

Et depuis cet élève n'est plus dans inscrit dans cet établissement, il a été dirigé dans un établissement pour les personnes atteintes d'un trouble quel qu'il soit. Alfreid lui rend souvent visite d'ailleurs et nous donne par la même occasion de ses nouvelles qui sont toujours rassurantes.

Ce professeur est honorable. Ce qui ne plaît pas souvent au proviseur mais je ne vois pas pourquoi. Qu'est-ce qui peut bien déplaire dans le fait d'aider des personnes dans le besoin ? Sérieusement ?

Je ne comprendrais jamais pourquoi.

— Pas de problème, finis-je par dire en souriant timidement à l'anglais.

Il me sourit en retour et je quitte sous cette bonne note la salle de classe. Je sais pertinemment que parler de mes problèmes me ferait le plus grand des biens. Je pourrais souffler un bon coup mais la crainte d'être rejeté se faisant ressentir me pousse à ne pas le faire. Puis de toute façon j'en parle parfois avec Michael, mon parrain donc ça suffit. Je n'ai pas besoin de plus.

Tout en marchant dans les couloirs vides -jusqu'à maintenant- une voix féminine se fait soudainement entendre me stoppant dans ma course. Cette voix me dit légèrement quelque chose.

Je n'ai pas vraiment le temps de me retourner pour mettre un visage sur cette personne, qu'une tête blonde apparaît dans mon champ de vision.

— Perrie, soufflais-je en lui souriant faussement.

Elle me sourit de toutes ses dents avant de reprendre la parole.

— Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de te revoir depuis ton malaise et je me suis énormément inquiétée. Est-ce que ça va ? me demande-t-elle.

— Ce n'était rien de grave. Je vais bien merci, lui répondis-je en reprenant ma route pour rejoindre mon groupe d'amies mais la blonde m'en empêche en enroulant sa main autour de mon poignet.

Ce qui me fait légèrement frémir de dégoût. Pas vis-à-vis d'elle. Perrie ne me dégoute en aucun cas, je n'aime pas être touché de cette façon par des inconnus.

Je retire donc son étreinte de mon poignet et me recule de quelques pas afin d'instaurer une certaine distance entre nos deux corps.

— Je me suis énormément inquiété pour toi. Tu aurais dû m'envoyer un message.

— Je n'en vois pas l'intérêt.

— Bah moi si.

— Dans ce cas tu n'avais qu'à m'envoyer un message, lui dis-je en soufflant.

— Je n'ai pas ton numéro.

— J'ai des réseaux sociaux.

— Mais ce n'est pas très pratique. Ce serait mieux que tu me donnes ton numéro.

— Tu devras faire avec. Je ne donne pas mon numéro à n'importe qui, lui expliquais-je brutalement.

Un peu trop même. Je plaque ma main contre ma bouche en contastant que ma remarque l'a blessé mais en même temps, je ne fais que lui dire la vérité. Perrie est bien adorable mais ça s'arrête là.

Je ne veux rien venant d'elle.

— Tu me plais, lâche-t-elle soudainement calmement, Tu es importante pour moi et t'entendre supposer que je ne suis rien pour toi me fait énormément mal.

— Et je m'en excuse mais je ne veux pas que tu aies de faux espoirs.

— Tu ne me trouves pas à ton goût ? me demande-t-elle tristement.

— Ce n'est pas ça et tu le sais. Tu es une fille magnifique aussi physiquement qu'intérieurement même si je ne te connais pas énormément pour dire ça mais je t'en prie n'en doute. Je ne suis tout simplement ni faite pour toi ni amoureuse de toi. Trouve-toi une personne qui pourrait te convenir et cesse de me tourner autour ça te fait plus de mal qu'autre chose.

— C'est parce que tu es amoureuse de Stephen n'est ce pas ? s'exclame-t-elle tristement.

— Je ne suis pas amoureuse de Stephen.

Qu'est-ce qu'elle raconte comme merde ? Moi, amoureuse de Stephen ? Nan mais j'adore son sens de l'humour mais vraiment.

Je souris doucement puis lui demande :

— Tu es tombé sur la tête ce matin ou quoi ?

— Non. Crois-moi, je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué. Tu es amoureuses de Stephen, tout comme il est amoureux de toi, seulement vous faites semblant de ne pas le comprendre et je trouve ça bête de perdre autant de temps.

— Nous sommes simplement amis et rien de plus. Nous sommes longtemps détestés mais cette époque est terminée.

— Pendant tout ce temps, ce n'était pas de la haine mais bien de l'amour Bruna. Ça me tue de le dire parce-que je t'aime aussi, pas autant que Stephen, mais tu devrais lui donner une chance. Il le mérite. Enfin je l'espère, s'exclame-t-elle en riant tristement.

La blonde aux belles formes me sourit tendrement, embrasse soudainement et chastement mes lèvres et me laisse en plan. Je fronce légèrement les sourcils tout en me touchant les
lèvres. Putain. Sérieusement ?

Perrie vient bien de me dire qu'elle m'aimait tout comme Stephen ? Mais comment peut-elle savoir ça ? Le principal concerné me l'aurait dit. Enfin je pense.

Stephen est une personne très honnête. Il me l'aurait dit d'une manière ou d'une autre, j'en suis certaine.

Perrie vient de me débiter des conneries et elle vient de m'embrasser ! Certes ce n'était qu'un petit bisou comme ça mais quand même. Elle m'a pris au dépourvu et je déteste ça. Réellement. Je souffle un bon coup, passe une main dans mes cheveux dans le début de reprendre mes esprits et de me sortir de la tête cette conversation avant de rejoindre mon groupe d'amies.

Je ne veux pas qu'ils se doutent de quoi que ce soit. Surtout pas.

— Je me suis rendu au cimetière. Tu sais celui à la sortie de la ville. Je ne connais plus trop le nom de ce cimetière mais je sais que dans celui-ci que repose en paix ma tante. J'ai été lui rendre visite hier en fin d'après-midi, commence Chloé en prenant place à mes côtés.

Je fronce mes sourcils et regarde avec intérêt le groupe qui -heureusement- ne porte aucun intérêt à notre conversation. Stephen n'est même pas présent d'ailleurs. Je me demande bien où il est passé. Ça fait deux jours que nous nous sommes pas adressé la parole bien qu'on se soit vu entre-temps. À chaque fois, que je voulais lui parler, il partait sans aucune raison et depuis j'ai comme la nette impression qu'il m'évite. Si ce n'est pas le cas, pourquoi n'est-il pas avec nous ?

Même quand on ne s'aimait pas, il était là, présent avec nous. Bon peu importe, ce n'est pas le moment de penser à lui.

Chloé vient de me faire part de son “ rendez-vous ” cimetière et j'ai comme cette douloureuse sensation que cette conversation est à double sens. Qu'elle souhaite me faire passer un message que je sais que je ne vais pas aimer.

— Et ça va ? demandais-je intéressé.

— Moi ouais. Et toi ?

— Toujours.

— Tu mens, dit-elle catégoriquement.

— Mais non, rétorquais-je en plissant des yeux.

— Je me suis rendu là-bas. En repartant, je me suis rendu compte que j'avais oublié mon téléphone. J'ai donc fait marche arrière et en repartant vers la sortie, j'ai vu sa pierre tombale Bruna.

Je déglutis difficilement ma salive et porte ma main sur mon front dans le but d'atténuer ce soudain mal-être. Mais rien n'y fait.

Je ferme donc lentement mes paupières et tente désespérément de me persuader qu'elle ne sait rien mais à l'entente de sa prochaine phrase, tout vole en éclat.

— Qu'est-ce qui s'est passé avec Timeo ? me demande-t-elle doucement.

Ma respiration se coupe brusquement. Mon secret vient d'être découvert et ce n'est pas n'importe qui. En connaissant Chloé, je sais qu'elle ne va pas me lâcher avec cette histoire et qu'elle fera tout pour me faire parler afin qu'elle comprenne le pourquoi du comment de cette tragédie mais je ne le veux pas.

— Je.....

— Bruna veux-tu qu'on aille dans un coin plus calme pour qu'on en parle ? me demande-t-elle en posant sa main sur mon épaule.

Son touché me brûle. Je retire donc assez violemment sa main de mon épaule ce qui attire les regards de notre groupe. Ce qui accroît mon anxiété. Je me sens soudainement en danger face à sa découverte, révélation.

Je sens que cette découverte va mettre à rude épreuve ma vie. Je ne veux pas de ça. J'ai l'impression que tout le monde va savoir que mon petit frère est décédé et que la seule coupable dans tout ça..ce n'est que moi. Ils vont comprendre que je suis une tueuse et qu'à cause de moi, mes parents sont malheureux. Non. Ils vont tous m'abandonner..pas de ça s'il vous plaît.

Doucement des tremblements surviennent. Je m'agite de plus en plus attirant mes amis. Souvent suite à un début de crise d'anxiété se finit par un malaise. Je dois donc me calmer avant que ça ne finisse pas.

— Bruna ça va ? demande Chad en s'approchant de moi.

— Ouais. Ne t'approche pas s'il te plaît. J'ai besoin d'espace. Ne vous approchez pas.

Je me retourne pour récupérer mes affaires qui sont disposées sur un muret mais je me fige soudainement en remarquant que Stephen est présent et qu'il n'est pas seul. Il est accompagné d'une fille brune que je n'ai jamais vue ici soit dit en passant. Mon regard reste un instant ancré dans le sien mais je me reprends rapidement et récupère mes affaires tremblantes. Je ne peux pas rester ici comme si de rien n'était et surtout pas avec un Stephen et sa copine dans les parages.

— Attends, commence Lucie en s'approchant de ma personne mais je l'arrête en mettant ma paume de main devant mon visage.

— S'il te plaît ne vient pas, lui dis-je avant de me retourner pour refaire face à la blonde.

Elle me regarde très inquiète. Chloé est aussi blanche qu'un cachet d'aspirine et je dois dans le même état que le sien. À mon avis, elle sait qu'elle a fait une boulette.

Oh que oui, elle en a fait une. Elle n'aurait jamais dû m'en parler devant tous nos amis et encore moins me parler de cette histoire mais elle ne savait pas. Elle ne pouvait pas savoir.

Craignant qu'elle reprenne la parole devant tout le monde, je m'approche de cette dernière et lui chuchote discrètement :

— Tu n'as jamais vu cette pierre tombale. Cette conversation n'a jamais eu lieu ainsi que cette fuite tout à fait lâche de ma part. Oublie tout s'il te plaît. C'est tout ce que je te demande Chloé. S'il te plaît, demandais-je les larmes aux yeux.

La blonde hoche doucement sa tête et en un faux sourire je quitte les lieux laissant derrière un groupe d'amis dans l'incompréhension. Putain pourquoi ?

Comment vais-je faire maintenant qu'elle sait ?




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