Chapitre 20 :

J'entre avec une certaine appréhension dans ma cuisine puisque mes deux parents sont à l'intérieur entrain de prendre leur dîner et je sais qu'ils détestent être dérangés quand ils mangent. Quand ils ne sont rien qu'à deux. Dans leur petite bulle.

Je me fais donc toute petite. Je ne pose pas une seule seconde mes prunelles brunes éteintes vers la direction précise où sont mes parents. Malheureusement ces derniers sentent ma présence et cessent immédiatement toute conversation.

Et merde.

Je ne dis pas un mot. Je ne lance aucun regard. Je continue à me faire petite. De toute manière c'est la seule chose à faire dans ce genre de situation je pense. Une fois devant le comptoir, je saisis un plateau en bois que j'aime particulièrement puis déposent dessus des couverts avec un grand verre.

Alors que je m'apprête à prendre une louche du risotto que ma mère a sûrement préparé, la voix de mon père s'élève soudainement m'interrompant.

-- Tu aimes le risotto maintenant ? me demande-t-il d'une voix douce et intriguée.

-- Mes goûts changent en trois ans, lui mentis-je.

Je déteste le risotto en effet mais ce n'est pas pour moi. Je prépare ce plateau pour Stephen et je me vois mal dire à mes parents que le garçon qu'ils ont toujours détesté est dans ma chambre depuis cette après-midi.

-- D'accord. Ça me fait plaisir de te voir manger ça fait longtemps que je ne t'avais pas vu te nourrir correctement. Tu restes manger avec nous ? me demande-t-il la voix pleine d'espoir ce qui me fait automatiquement sourire.

Mon père semble enfin comprendre que ce n'est pas totalement de ma faute -même si en grande partie si- sur l'accident qui est parvenue milieu décembre en deux mille seize.

-- Tu pourrais au moins demander mon avis ? demande sèchement ma mère.

-- Mais je veux juste que notre fille mange avec nous. Ça fait longtemps que nous n'avons pas partagé un repas en famille, rétorque mon père.

-- Ta fille. Elle n'est plus ma fille depuis bien longtemps.

-- Tu vas loin dans tes propos. Elle a peut-être fait cette erreur de sortir en ce jour pluvieux mais ce n'est pas ce qu'elle voulait. Elle souhaitait juste lui faire plaisir avec des bonbons et rien de plus.

Ça fait la première fois que je l'entends parler de l'accident sous cet angle. Qu'il essaie de se mettre à ma place me fait énormément plaisir et me redonne soudainement un excès d'espoir seulement je dois rester sur mes gardes et ne pas m'enflammer maintenant.

-- Peu importe ce que tu en penses. Le sujet de cette conversation ne portait pas sur ce sujet-ci. Je ne veux pas de ta fille à table. Je ne veux pas la sentir près de moi parce que tu sais autant que moi, que ça pourrait rapidement déraper c'est soit elle ou soit moi, ta femme, lâche ma mère haineuse.

Mon père reste interdit face à cette espèce ultimatum que vient de lui poser ma mère. Il contracte ensuite sa mâchoire et je comprends rapidement que ça ne lui plaît pas du tout ce qu'elle vient de faire.

Je décide donc de mettre mon grain de sel car après tout c'est ma présence dans cette cuisine qui dérange. Si je ne mets pas un terme à cette conversation ils finiront par se disputer à cause de moi et ce n'est pas ce que je veux.

-- Papa, je vais juste prendre ce plateau et manger dans ma chambre ne t'en fait pas. Je mangerai avec toi une prochaine fois si tu le souhaites. Bonne soirée.

Et sur ces mots je quitte la cuisine ne lui laissant aucune chance de me répondre quoi que ce soit.

Point de vue de Stephen :

Ouais, je sais, je n'aurais pas dû tendre l'oreille mais c'était beaucoup trop tentant et maintenant je m'en veux. Pourquoi faut-il que je sois autant curieux ?

Ce qui se passe dans cette maison ne me regarde en rien. Je n'aurais pas dû.

Je l'ai fait pas que sous le coup de la curiosité mais aussi parce-que je souhaite comprendre Bruna et lui filer un coup de pouce mais celle-ci ne m'est d'aucune aide puisqu'elle se la joue mystérieuse. Alors j'ai pris la décision d'écouter aux portes et même si c'est irrespectueux, j'en suis fier au fond de moi.

J'ai appris des choses que Bruna ne voulait dire. Comme par exemple la relations mère/fille n'est plus au beau fixe pour une raison qui m'est encore inconnue. Ça me choque tout de même. Je sais qu'elles étaient inséparables dans le temps et entendre les paroles de sa garce de mère m'a laissé sur le cul. Vraiment.

Seul la haine était présente dans ses dires. Même le père qui était celui que je détestais le plus dans le passé ne s'est pas adressé avec une telle fureur. Il ne l'a pas rejeté. Et je crois que ça dure depuis plus de trois d'après ce que j'ai compris.

Pour mieux comprendre je devrais demander à la principale intéressée et non me faire des films avec ce que j'ai entendu. Seulement je vais prendre mon temps pour ne pas la froisser.

Je sais comment elle est et je ne tiens pas à m'attirer les foudres de la belle brune. Une nouvelle fois. D'ailleurs en parlant du loup, elle vient de pénétrer dans sa chambre qui est vraiment à son image. Du gris souris avec du beige a dessiné les murs. Un grand lit deux places est au milieu de la pièce, sur le côté est installé son dressing quoi doit sûrement être pire que le mien. C'est-à-dire surchargé de vêtements. Bruna n'a pas changé grand-chose depuis trois années dans cette chambre. Elle est identique comme dans mes souvenirs.

Elle a seulement remplacé ses posters de fées par des photos de sa famille accrochée un peu partout. Surtout d'elle et son frère. Timéo est accroché partout. Il doit beaucoup lui manquer quand même pensais-je mais en même temps qu'est-ce qu'il fout à Londres ? Je trouve cette histoire trop irréaliste à mon goût. Pourquoi auraient-ils envoyé le petit seul à Londres alors qu'eux sont ici ? C'est complètement insensé surtout que la famille Watson sont beaucoup trop attachées aux valeurs familiales. Plus maintenant me dis-je à moi-même.

Que s'est-il donc passé pour que Bruna soit malheureuse et change de A à Z ? Et en réfléchissant sa haine envers moi est monté en flèche surtout en seconde. Je suppose donc que c'est à cette période qui s'est passé quelque chose qu'il l'ait changé.

-- Je t'ai pris une assiette de risotto au poulet. Ça te va ? me demande-t-elle timidement m'arrachant de mes pensées.

-- Ouais. C'est parfait. J'adore ça, lui répondis-je en regardant le plateau dans lequel une seule assiette est posée, Tu ne manges pas ?

-- Je n'aime pas le risozttos au poulet. Le riz ce n'est pas mon fort. J'ai donc pris un fruit.

-- Tu aurais pu te prendre autre chose.

-- Chez moi ça ne marche pas comme ça. Tu manges ce que ta mère t'a fait et si tu n'aimes pas tant pis.

Elle me donne le plateau et part ensuite prendre place sur une chaise roulante.

-- Est-ce que ça va ? lui demandais-je en remarquant que sa bonne humeur a filé sa place une humeur maussade.

Bruna est éteinte et je n'aime pas cette vision. Je la déteste mais je ne peux m'empêcher de l'aimer également. Est-ce que ça fait de moi un mec un psychopathe ?

-- Ouais, fut sa réponse tout aussi fausse que son sourire.

-- Pourquoi mens-tu ?

-- C'est toujours plus facile de dire que ça va avec le sourire aux lèvres que le contraire. Tu ne trouves pas ? me dit-elle la lèvre tremblante.

-- Je ne trouve pas, commençais-je en me relevant, Tu es heureuse comme ça ?

-- Je le suis.

-- Tu mens encore.

-- Vrai. Mais quand tu as la réputation d'être forte, tu n'as pas le droit de te montrer vulnérable, faible. Tu te débrouilles seule. Puis inquiéter mes proches, non merci. Je préfère prétendre que tout va bien que d'alarmer mes proches pour mes états d'âme.

-- Ce sont des conneries tout ça, lui dis-je en fronçant les sourcils.

-- Tu ne peux pas me comprendre James et attention je ne te demande pas de comprendre parce-que ce n'est pas ce que je veux. Ce que je veux c'est que tu restes tel comme tu es avec moi. Que tu ne changes pas de comportement parce que tu sais que ce n'est pas la forme.

-- Ce que tu veux c'est être aidé et je n'ai qu'une seule chose à te dire : tu as trouvé ton homme, lui dis-je en souriant, Maintenant tu viens manger un bout, ordonnais-je.

Bruna me sourit de toutes ses dents. Ce vrai sourire que j'aime tant faire apparaître sur ce si beau visage.

-- J'ai un fruit s'est suffisant pour moi.

-- Mais pas pour moi. Fais-moi plaisir et vient manger avec moi.

Elle s'approche doucement de son lit et vient prendre place sur son côté droit que je n'ai pas le droit de prendre. Elle n'aurait jamais dû me le dire qu'elle ne supportait pas le côté gauche maintenant j'ai un nouveau moyen de la faire chanter et l'embêter.

-- Si je vomis, tu ramasseras, plaisante-t-elle.

-- Avec joie ! répondis-je avec dégoût.

Elle attrape la fourchette de mes doigts et prend un morceau de poulet puisqu'elle n'aime pas le riz et la fourre dans sa bouche. Un sourire béat s'installe sur mes lèvres une fois de trop mais en même temps ce n'est pas de ma faute j'aime beaucoup trop prendre soin d'elle.

Et si ça continue, je sais que je tomberais amoureux d'elle -si ce n'est pas déjà fait- mais en aucun je suis apeuré. Parce-que je sais que je serais amoureux d'une bonne personne.



L'action arrive très prochainement...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top