Chapitre 18

Tout en sortant de la salle de classe, j'écoute la conversation qu'entretient Hollande avec ma meilleure amie Lucie. Ces dernières sont complètement excitées et ne tiennent plus en place.

Elles sont toutes joyeuses de se rendre au Canada après les vacances de Noël. Ça me fait grandement sourire.

—— Il ne faudra pas oublier de prendre des vêtements chauds. D'ailleurs Bruna tu pourras prendre ton pull tressé rouge ? me demande Lucie en me souriant.

—— Je te le donnerai même.

—— Pourquoi ? Je pensais que tu adorais ce pull.

—— En effet mais il est trop grand pour moi maintenant, lui dis-je en souriant.

Les deux filles s'arrêtent soudainement provocant en moi une incompréhension totale. Je fronce légèrement les sourcils et tourne ma tête sur ma droite afin de faire face aux filles qui, elles me dévisageant.

—— Bah quoi ? J'ai dit quelque chose de mal ? J'ai un bouton sur le nez ?

—— Est-ce que tu vas venir avec nous ?

—— Où ? dis-je faisant mine de ne pas comprendre.

—— Au Canada, dit spontanément Hollande en se grattant la joue nerveusement.

Suite à sa réponse, je reprends ma route tout en réfléchissant aux mots que je pourrais employer pour ma future réponse que j'offrirai aux filles. Ne trouvant pas les bons mots pour leur faire comprendre en douceur que je ne pourrais peut-être ne pas venir, je décide tout simplement d'être honnête.

De toute façon c'est la seule issue qui me soit ouverte. Je n'en vois pas d'autre et de meilleure.

—— Je n'en sais rien. J'aimerais vraiment mais je ne pense pas que mes parents me le permettront.

—— Pourquoi ça ? Tes parents ne vont tout de même pas te priver d'un voyage au Canada. Surtout que tu as toujours voulu visiter le Canada. Tu aimes énormément les voyages et la découverte de nouvelles cultures. Ils ne vont pas te priver de ce que tu aimes, s'écrit doucement Hollande.

Je sens le regard de mon amie Lucie sur ma personne. Connaissant mes problèmes avec mes parents du moins certains, elle sait pertinemment que la blonde est à côté de la plaque. Mes parents ne veulent pas que je fasse des activités qui me rendent heureuses. Ils me privent. Tout simplement parce qu'à cause de moi, ils sont privés d'aimer et d'éduquer Timeo.

—— Je verrais avec eux, fut ma réponse.

—— J'espère qu'ils te laisseront partir avec nous au Canada. Sinon je me ferais un malin plaisir de venir chez toi et de poser mes conditions, blague Hollande en sortant de son sac un grand paquet de chips nature.

Mes chips préférées notais-je mentalement en fixant le paquet rouge. Je n'ai jamais vraiment aimé les chips avec différentes saveurs. Bon il y'a quelques exceptions comme les chips au vinaigre, à la moutarde et paprika mais c'est tout. Je n'aime pas les autres saveurs. Timeo était comme moi concernant les chips.

—— Tu en veux ? me demande la blonde en mettant le paquet sous mon nez.

—— Une poignée, répondis-je en prenant quelques chips dans ma main.

Hollande sourit satisfaite. Elle aime beaucoup trop nous engraisser d'ailleurs. Elle dit souvent qu'elle ne veut pas que nous ayons des problèmes de nutrition. Elles ne souhaitent pas nous voir maigrir parce qu'elle dit que ce n'est pas bon pour nous. Allez savoir pourquoi elle pense ça.

—— Moi, j'en veux blondie, dit une voix masculine comme étant celle de Chad.

Chad met sa main dans le paquet sans même attendre la permission de la blonde et une seconde après, il sort sa main avec une grosse poignée de chips.

—— Tu abuses. Tu aurais pu prendre des chips au poulet rôti, s'exclame Chad mécontent.

—— Si tu veux des chips au poulet, tu bouges ton cul et tu vas t'en acheter ce n'est pas écrit Casino sur mon front ok ?

—— Ah bon ? Je pensais que c'était le cas pourtant avec toute la nourriture que tu te trimbales dans ton sac, dit le brun en souriant.

Je sens une main s'emparer de mes chips qui étaient jusqu'à dans la paume de ma main. Je n'ai pas besoin de relever la tête pour savoir qui est la personne.

—— Fait comme chez toi, lui dis-je en relevant ma tête.

—— C'est ce que je fais, réplique-t-il en souriant.

Je referme ma main étant donnée que je n'ai plus aucune chips dans cette dernière. Ce crétin vient de tout me prendre.

—— Alors les nanas prêtes pour le voyage au Canada ? demande une voix masculine comme étant celle de Calum.

Nous tournons toutes en même temps nos prunelles vers cet individu qui est accompagné d'un autre individu. Ashton si je me souviens bien.

Je le connais un peu mais un tout petit peu. Nous avons eu l'opportunité de discuter quand nous étions tous les deux collés un samedi. Ça remonte à l'année dernière. Dans mes souvenirs nous avions bien accroché. Le feeling était bien présent.

Mais ce n'est pas pour autant que nous avons gardé contact.

—— Plus que prête. Je suis excité comme une puce, s'exclame Lucie en sautant sur elle-même.

—— Vous venez tous ? demande Hollande curieuse.

—— Ouais, répondent les garçons.

Seul Stephen n'a pas répondu puisque ce dernier est beaucoup trop occupé à manger comme un porc mes chips.

—— Tu y vas ? lui demandais-je à voix basse.

—— Ouais. Le Canada c'est cool à visiter et toi ?

—— Je n'en sais rien. J'aurais sûrement des choses à faire, lui répondis-je en haussant mes épaules.

J'aurais vraiment aimé partager ce voyage d'une semaine avec mon groupe d'amis mais j'étais encore plus contente de savoir que la classe de Stephen était également du voyage.

À peine la phrase prononcée que des tas de films se jouer dans ma tête mais je suis rapidement redescendus sur terre en comprenant que je ne visiterai pas le Canada avec mes amies.

Ça me peine tout de même mais que puis-je faire ? Je pourrais en parler à mes parents et c'est ce que je vais faire, mais à mon avis c'est une cause perdue. Je vais perdre mon temps c'est couru d'avance mais qui ne tente à rien n'a rien comme on dit.

—— Aucune excuse ne sera valable pour justifier ton absence à ce voyage. Tu dois venir et tu viendras. Sinon comment vais-je faire sans toi ? s'exclame-t-il en soupirant.

—— Comme tu as toujours fait sans moi. Tu n'as pas besoin de moi Stephen. Tu auras tes amis et les miennes avec toi.

—— Mais ce ne sera pas pareil et puis je n'ai pas d'affinité avec tes amis mis à part Lucie, mais, elle c'est un cas à part.

—— Pourquoi ce ne serait pas pareil ?

Je ne vois pas en quoi je change la donne. Que je sois absente ou non ne change rien à sa vie. Quoi que...quand il n'est pas là, c'est vrai que je ressens une espèce de vide. Ce sentiment de vide que je n'ai jamais su comprendre vue les circonstances de nos relations auparavant. Ressens-il le même manque que je ressens quand il n'est pas dans les parages ?

—— Parce-que ma chieuse préférée ne sera pas là. Tu es comme une pièce manquante à mon puzzle, je dirais.

Mon coeur bat un battement suite à sa  réponse. Je cligne plusieurs fois mes yeux avant de relever mon regard et de le planter dans celui du brun, qui, lui me regardait déjà.

On ne se lâche plus une seule seconde du regard et une bouffée de chaleur vient me surprendre. J'ai soudainement très chaud et je sais pertinemment que ce n'est pas à cause de la météo. De toute manière je ne pourrais pas mettre cela sur le dos de la météo puisqu'il fait gris et les températures ne sont pas bonnes.

C'est son regard. Tout est dans le regard. J'en ai même l'impression que ses prunelles pétillent de désir pour ma personne.

Tout comme moi. Putain ! C'est quoi ce bordel ? Expliquez-moi pourquoi ce garçon à une telle emprise sur moi ? Pourquoi me captive-t-il autant ?

Nous sommes désormais enfermé tous les deux dans cette bulle que nous venons de fabriquer rien qu'en nous regardant. Nous sommes entourés, nous le savons et pourtant c'est comme si nous étions à deux. Rien qu'à deux. Et plus rien n'a plus d'importance.

Comment ce changement de climat a-t-il pu s'opérer entre nous aussi rapidement ? Peut-on me l'expliquer ?

Avant-même que nous puissions nous rapprocher ou bien même nous échanger quelques mots, la voix de Calum interfère dégonflant cette bulle que nous avons gonflée quelques secondes auparavant.

—— Et à chaque voyage un couple se forme. Je pense que nous tenons notre couple du voyage, s'exprime-t-il en nous pointant du doigt.

Putain s'est embarrassant. Pourquoi raconte-t-il une telle merde ?

—— Qu'est-ce que tu racontes ? lui dis-je froidement.

—— La vérité Brun-Brun. Pas vrai les copains ?

—— Nous ne sommes pas tes copains abrutis, s'écrit l'ensemble du groupe.

—— Vous venez de briser mon pauvre petit coeur tout mignon, réplique Calum.

—— Tu es d'un ridicule, lâche Ashton en riant.

Le brun lui envoie un magnifique doigt d'honneur auquel est accroché une chevalière. Les deux amis commencent soudainement à s'en prendre à l'un et l'autre tout en gardant l'atmosphère amicale.

Je baisse mes prunelles vers mon poignet où est accrochée la montre que m'a offerte Michaël puis constate qu'il est temps pour moi de rentrer à la maison mais avant ça, je ferais un saut au cimetière. J'attrape donc mon sac qui était à mes pieds, le balance sur mon épaule et me retourne face au groupe et dis :

—— Je rentre, commençais-je.

—— Quoi ?! Déjà ? s'écrit Lucie en s'approchant de moi.

—— Je dois aller rendre visite à tu sais qui, chuchotais-je à son oreille.

Son visage s'adoucit suite à mon explication qui à j'espère n'a pas été entendue par d'autres personnes du groupe.

—— Ok. Si tu as besoin de moi, tu m'appelles d'accord ?

—— Pas de problème. Bonne fin journée et à demain, dis-je à l'intention de tous.

Ils me saluent tous également. Je souris et m'apprête à quitter la bande quand la main de Stephen s'enroule discrètement autour de mon poignet. Je fronce légèrement les sourcils en me demandant ce qu'il me veut.

—— Quoi ? demandais-je.

—— Je te raccompagne.

Sa réponse sonne plus comme une affirmation qu'une interrogation mais je me dois de refuser - malgré le fait qu'il me raccompagne m'intéresse fortement- puisque je dois aller au cimetière.

—— Une prochaine fois. J'ai quelque chose d'important à faire.

—— Je pourrais t'aider, dit-il.

—— Tu ne peux pas malheureusement. Merci d'avoir proposé en tout cas. À demain Step.

Je me défais lentement de son emprise et une fois ceci fait, je lui envoie le dernier sourire de la soirée et quitte cette fois-ci véritablement la bande.

***

—— Maman ? appelais-je d'une demi-voix en mettant les pieds dans la cuisine.

Cette dernière ne prend même pas la peine de me répondre ne le voulant certainement pas comme à son habitude. Ça va être très difficile d'avoir une fois de plus une conversation avec ma supposée mère qui me perçoit comme un fantôme depuis trois ans.

—— Je voulais savoir si tu étais d'accord pour me laisser partir une semaine au Canada avec le lycée ? C'est après les vacances de Noël, lui demandais-je en me mordant la lèvre nerveusement.

Je dépose mon dos contre le mur peint en gris foncéet tout en tapant du pied, j'attends que la voix de ma mère s'élève.

—— Il me semble que tu as toujours voulu aller au Canada en plus.

—— Oui. C'est un magnifique pays et les habitants sont..

—— Je m'en fous de ce que tu en penses. D'ailleurs je ne veux même pas faire la conversation avec toi mais là, je me sens obliger à remettre les pendules à l'heure. Dis-moi ce voyage je suppose que je dois financier une partie ? demande-t-elle tout en coupant ses poivrons sur une planche à découper blanche.

—— Remettre les pendules à l'heure ? Comment ça ? m'exclamais-je en fronçant les sourcils avant de reprendre, Oui mais ce n'est que quatre-vingts euros. Ce n'est rien.

—— Évidemment que ces quatre-vingts euros ne sont rien. Ce voyage est limite donnée mais ce n'est pas pour autant que je financerais ce voyage surtout pour toi. Je préfère me faire plaisir avec cet argent que toi. Je t'interdis de te rendre au Canada. Ça te rendrait beaucoup trop heureuse et ça je ne le veux pas. Cette conversation est close, me dit-elle en m'envoyant un regard très sombre.

Ce regard qui appel a la haine. Ce regard que je reçois depuis le départ de mon petit frère. Ça me peine énormément mais le dire à ma mère, la rendrait heureuse.

Elle saurait que ça me touche. Hors de question qu'elle le sache.

—— D'accord, dis-je seulement en lui tournant le dos.

Je sais que je lâche rapidement l'affaire mais c'est le mieux que je puisse faire avec ma mère. Ça ne sert à rien de forcer -à part- à perdre mon temps. Puis je parlerai dans le vent puisque quand ma mère décide qu'une conversation est terminée, elle l'est réellement.

Elle vous tourne le dos, ne vous écoute plus et vous ignore à la perfection. Être ignoré de la sorte est insupportable. Ça m'irrite énormément mais une fois de plus que puis-je faire face à cette situation ? J'ai déjà tout essayé et rien n'a fonctionné mis à part le retour de mon petit frère mais comment faire ?

Timeo est mort. Il ne reviendra jamais.

—— Une dernière chose : ne m'adresse plus la parole. C'est la dernière fois que je te le demande, s'exclame froidement ma mère.

Je hausse les épaules suite à sa demande qui sera exaucée et quitte la cuisine pour me rendre dans ma chambre. Elle m'énerve tellement ! Comment peut-elle se conduire de la sorte auprès de moi ? Tu as tué son fils me murmure ma conscience.

Non ! Je n'ai pas tué son fils. Mon frère. Ce n'est pas moi mais ces
roues. Ce n'est pas de ma faute. Si c'est de ta faute, c'est entièrement de ta faute, tu l'as emmenés acheter des bonbons, me souffle à nouveau ma conscience.

Sans ces bonbons cet incident ne se serait pas passé et nous serions encore à l'heure d'aujourd'hui cette famille soudée et heureuse. Mon frère serait toujours là. En vie et en bonne santé.

Mais malheureusement à cause de moi, il est décédé. J'entre dans ma chambre la tête baissée et aveuglement je me jette dans mon lit tout en ravalant mes larmes. Je ne dois pas pleurer ! Ce serait me mettre à la place de la victime qui n'est autre que mon frère. Je ne suis pas une victime mais bien et bel un monstre comme me le répète assez souvent ma mère.

Faiblement mes larmes font surface et coulent d'elles-mêmes. Putain. Même ça je ne suis pas capable de le faire. Je suis une bonne à rien finalement. Oh si, à faire du mal à ses proches. Ça je sais le faire et très bien même.

Suite à cette pensée, mes sanglots deviennent de plus en plus nombreux et douloureux. Je me lâche complètement et ça fait du bien mais si j'avais su, je me serais contenu car au même moment, mon prénom claque de plein fouet contre mon dos.

—— Bruna ?

Je me fige et les larmes cessent immédiatement. Merde.

Mais d'où sort cette personne ? Comment est-elle rentrée ?  et surtout qu'est-ce qu'elle vient faire ici ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top