Chapitre 14.

Passant l'entièreté de mon week-end avec Stephen, je ne pensais pas autant apprécier ces deux journées de repos que j'ai mérité à ses côtés. Nous avons plus ou moins appris à mieux se connaître. Plus profondément. Parce-qu'en soi nous nous connaissons assez bien. Ça fait des années que nous nous connaissons. Depuis nos années collèges donc évidemment que nous en savons un peu l'un sur l'autre.

D'ailleurs j'ai même un scoop pour vous : avant on s'aimait bien. Et ça personne ne le sait. Je ne sais plus trop comment notre relation s'est dégradée mais aussi surprenant que ça le soit, on s'aimait bien. Et en ce moment-même on se retrouve comme dans nos années passées. Mais combien de temps est-ce que ça dura ? On le sait, nous sommes tous les deux des personnes assez caractériels et quand quelque chose ne va pas dans notre sens et que nous n'avons pas le même avis que l'un et l'autre, ça part vite en bagarre.

C'est donc pour cette raison que je ne me fais pas trop de films. Que je n'espère pas que nous devenons de très grands amis. Vaux mieux ne pas s'attacher si c'est pour finir déçu. Ce n'est pas la même peine.

Je ne prendrai pas le risque une nouvelle fois.

—— Hello ! S'écrit soudainement une voix perçante comme étant celle de ma très chère amie, Kaila.

Je relève les yeux de l'écran de mon smartphone et les pose sur mon amie qui s'est fois de plus une coloration pour cheveux mais cette fois-ci celle-ci est entièrement noire. Dommage j'aimais énormément ces couleurs assez extravagantes. Ça lui allait comme un gant. Cependant j'aime le noir sur sa chevelure.

—— Je suis jalouse de tes cheveux. Comment fais-tu pour ne pas les abîmer avec toutes ces colorations ? lui demandais-je en touchant du bout des doigts ses cheveux.

—— Les masques spéciaux pour cheveux. Les produits hors de prix. Alors est-ce que cette couleur me va ?

—— Évidemment qu'elle te va. Tu pourrais même porter de l'orange que ça t'irait.

—— Et toi ? tu n'as jamais eu envie de te faire une couleur hors norme ? me demande-t-elle en me souriant.

—— Du bleu, répondis-je en souriant.

—— Jettes-toi à l'eau dans ce cas.

—— Kaila combien de fois vais-je devoir te dire d'arrêter d'influencer la petite à faire des conneries, s'écrit Lucie apparaissant de nulle part.

La brune vient me prendre dans ses bras et tout en m'embrassant le joue celle-ci me demande comment je me sens aujourd'hui. Et je réponds affirmatif. Réponse honnête.

J'ai repris du poil de la bête et je sais très bien que c'est en partie grâce à Stephen.

—— Je n'ai jamais forcé la petite à faire des bêtises. Je suis innocente, répond Kaila en levant les mains en l'air ce qui me fait lentement sourire.

—— Dois-je te rappeler quand tu lui as fait boire une bouteille d'alcool ? Quand tu l'as fait fumer un joint ? Et quand...

—— Oh mais ce n'est rien ça, coupe Kaila en riant.

Lucie s'apprête à reprendre la parole dans le but de lui faire une leçon de morale mais je l'arrête en prenant la parole avant elle.

—— Je ferais du blond. Et je couperais mes cheveux également. Le bleu ça se fera plus tard.

Kaila tape dans ses mains contentes que je prenne la décision de faire un gros changement capillaire tandis que Lucie me regarde avec un air dépité scotché sur le visage. Elle aime tellement mes cheveux qu'elle n'est pas prête à les voir disparaître pour un bon bout de temps.

Alors que nous reprenons un semblable de conversation qui porte désormais sur une de nos séries favorites : Vampire Diaries. Hollande arrive, un air paniqué sur le visage, nous coupant ainsi.

—— Chloé et Brooklyn se sont séparés, nous dit-elle choqué.

—— Quoi ? dit-on toutes les trois en même temps.

—— Comment tu sais ça ? demande Lucie en fixant le blonde.

—— J'étais avec Chloé quand Brooklyn est arrivé. Il m'a demandé de partir parce qu'il devait parler avec Chloé. Mais vous me connaissez, j'ai ce défaut d'être curieuse. Je me suis donc éloigné mais pas assez puisque je voulais entendre ce qu'il avait à lui dire, commence la blonde à bout de souffle avant de reprendre, Il lui a dit qu'il avait de nouveau fumé et qu'il avait filtré avec une brune ou une rousse et Chloé n'a pas cherché à comprendre elle l'a largué devant tout le monde.

Cette histoire paraît si irréaliste tout simplement parce-que Chloé et Brooklyn s'aiment énormément et ne peuvent pas se quitter de cette manière mais d'après en ces derniers temps le couple battait de l'aile.

Ça ne m'étonne pas tant que ça mais ça me choque tout de même dans un sens. Ça fait tellement longtemps qu'ils sont ensemble que je ne les vois pas l'un sans l'autre.

—— Es-tu sûre de ce que tu as entendu ? demande Kaila.

—— Oui oui. D'ailleurs Chloé arrive. Faite comme si je n'ai rien dit, dit Hollande en prenant son smartphone dans sa main pour ne pas faire face à Chloé.

Même si elle nous a demandait de faire comme si nous n'étions pas au courant, il m'est impossible de le faire. Chloé doit souffrir en ce moment même et je veux être là pour elle.

Je ne veux pas la laisser souffrante. La petite blonde arrive près de nous et une fois à nos côtés, celle-ci dépose son sac sur le muret sur lequel nous sommes assises et dans un souffle de soulagement ? Elle nous dit :

—— Enfin débarrassé de ce putain de crétin ! Il me méritait pas. Comment ai-je fait pour rester autant de temps avec lui ? Sérieusement les filles pouvez-vous me dire comment j'ai fait pour être en couple avec lui ? nous demande Chloé.

—— Tu étais amoureuse, dit Lucie en s'approchant d'elle.

—— L'amour rend aveugle. Putain qu'est-ce que j'ai été conne de croire qu'il était l'homme de ma vie.

—— Est-ce que ça va clo ? lui demandais-je à mon tour en déposant ma main contre la sienne.

La blonde tourne sa tête vers la mienne et c'est de cette façon ci que j'aperçois des larmes débordées de ses prunelles. Mon coeur se serre à cette vue qui m'est insupportable.

Je déteste voir et entendre mes proches pleurer. C'est une situation dont je me passerai bien car je ne sais jamais comment faire pour réconforter la personne souffrante. Mais en toutes circonstances, même si je ne supporte pas ça, je serais toujours là pour la personne souffrante. Je ne me défilerais pas.

—— Non, dit-elle en sanglotant.

Je ne perds pas de temps et décide de prendre la blonde dans mes bras. Signe d'affection et de soutien. Et tout en la serrant dans mes bras, je lui dis :

—— Ne t'inquiète pas. Ça ira. Je ne sais pas trop ce qui est arrivé mais votre situation s'apaisera. Vous ne pouvez pas vous quitter sur un tel malentendu. Vous vous aimez beaucoup trop. Maintenant ce que je te propose c'est de pleurer un bon coup et d'aller prendre une bonne glace à la pistache comme tu les aimes. Les glaces ça apaise toujours les maux, lui dis-je en caressant ses cheveux.

Je me recule peu à peu de sa personne et essuie les perles salées à l'aide de mes doigts.

—— Ne pleure pas. Tu vas gâcher tout ton maquillage et après ça, tu seras moche, lui dis-je en riant.

C'est l'une de mes phrases fétiches quand l'une de mes amies pleurent. Ainsi, les filles rigolent et de cette manière elles oublient la cause du chagrin qui a fait pleurer une des filles puisque celles-ci pensent au maquillage désormais gâché.

—— Très bien. On ira ce midi manger cette glace, me dit Chloé en tapotant en-dessous de ses yeux.

—— Pourquoi pas maintenant ? demande Hollande qui a déjà l'eau à la bouche.

Hollande adore les glaces ce qui explique son état actuel.

—— Parce qu'il est huit heures du matin et que nous avons cours. Vous savez très bien que je ne peux pas louper surtout avec mes parents, répond la blonde.

—— Très bien nous irons ce midi. Si ça ne va pas, tu nous envoies un message surtout ? lui dis-je inquiète.

—— Oui. Pas de problème. Merci d'être là, les filles. Vous êtes les meilleures.

On lui sourit toutes et à nous toutes nous formons par la suite un énorme câlin tout en lâchant des compliments par-ci par-là.

Chloé rit en entendant nos mots et je souris, fière qu'elle ne pense plus à Brooklyn. Au moins elle se sent mieux et c'est le plus important à cet instant ci.

—— Il a fait exprès de venir ici, dit Chloé en soupirant de manière colérique.

Nous relevons toutes en même temps nos prunelles et les posons sur le groupe garçon qui ont fait leur entrée dans ce fast-food depuis une bonne poignée de minutes.

—— Peut-être qu'ils avaient aussi faim de glace et de hamburger, dit Hollande en prenant une bonne poignée de frites dans sa main.

—— Brooklyn n'aime pas les hamburgers en restauration rapide. Ils nous ont suivis.

Chloé n'a pas tort. Je suis certaine que Brooklyn nous a suivis avec sa bande d'abrutis dans le but d'énerver davantage la petite blonde. Ou soit pour la reconquérir mais il devrait savoir que la blonde est toujours énervée et qu'aucune conversation n'est possible avec elle pour le moment.

—— Tu veux que j'aille lui dire de dégager ? demande Lucie.

—— Ce serait lui donner davantage de l'importance. Je l'ai assez fait ces derniers temps n'est-ce pas ? Je dois tourner la page et la meilleure solution pour le faire est d'aller à une soirée.

—— Je ne pense pas que ça le soit. Surtout si tu parles des soirées de Greg, dis-je en grimaçant.

—— Pour oublier si. Tu dis ça parce que tu n'aimes pas Greg. Ses soirées sont géniales, s'exclame Chloé.

—— Je ne pourrais pas venir de toute façon, lui dis-je en buvant un peu d'eau.

Hollande, Kaila et Chloé me regardent avec de gros yeux. Elles ne comprennent toujours pas pourquoi je ne viens plus aux soirées depuis quelques mois. Seule Lucie sait pourquoi.

Et pour une fois le problème n'est pas mes parents mais uniquement moi. Pour la simple et bonne raison que je m'interdis de m'amuser de cette façon. Mes parents me punissent à leurs manières. Je me punis à ma manière.

—— Allez s'il te plaît, tu dois venir !  Tu ne peux pas me laisser seule durant un tel moment. J'ai besoin de toi, s'écrit Chloé en soupirant.

Mon frère a également besoin de moi. Il est plus important que des futilités comme les soirées.

—— Mais j'ai des choses plus importantes à faire qu'aller à des soirées Chloé. Tu sais très bien que je n'aime pas les soirées. On peut ce que tu veux pour te remonter le moral mais je ne viendrai pas à une soirée.

—— Donc si je comprends bien, tu dis que je ne suis pas importante ?

—— Je n'ai jamais dit ça. Ne mélange pas tout, lui demandais-je soudainement agacé.

La blonde me regarde d'un air désormais méprisable ce que je ne comprends pas.

—— Arrête de me regarder de cette façon. Je ne mérite pas d'être méprisé seulement parce que je refuse de t'accompagner à une soirée. À quoi ça sert concrètement d'aller à des soirées toutes aussi débiles les unes que les autres ?

Ce n'est pas parce-qu'elle traverse une période dure depuis ce matin qu'elle doit se montrer méchante. Je refuse de me laisser marcher sur les pieds. Ami ou non.

—— À s'amuser chose que tu ne sais pas faire, s'exclame-t-elle assez fort et froidement.

—— Tu vas un peu loin Chloé, commence Kaila avant de se faire couper par la célibataire.

—— Non. Je lui balance seulement ces quatre vérités. Je suis honnête avec. Moi au moins.

—— Donc d'après toi boire des litres d'alcool. Fumer de la merde et jouer à la salope du quartier c'est s'amuser ? Nous n'avons pas toutes la même notion du mot « s'amuser » alors. Dis-moi Chloé,
quelles sont mes trois autres belles vérités ? Je toute ouïe. Parle, demandais-je intéressé en posant mes deux mains sur la table.

—— Une soirée sans alcool et sexe, n'est pas une soirée. Il y'en a énormément mais plus principalement, je trouve ton mode de vie vraiment pourri. Tu ne t'amuses jamais. Tu rigoles rarement avec nous. Tu fais trop la mystérieuse. Tu ne sors jamais. J'ai même l'impression parfois que tu es hypocrite avec nous. Sommes-nous réellement tes amies ? Ou sommes-nous seulement tes passe-temps ? Tu fais de toi une fille pourrie gâtée. Capricieuse. Il faut toujours que tu trouves un moyen de faire l'importante. D'ailleurs ton malaise de la dernière fois n'était-il pas fait exprès ? Après...

—— Ferme ta gueule ! Lance soudainement une voix féminine comme étant celle de Lucie. Tu n'as pas le droit de lui dire ces merdes plus fausses les unes que les autres. Tu es peut-être blessé à cause de ton crétin de mec mais tu n'as pas le droit de lui dire ça. Cesse de la blesser maintenant avant que j'en vienne aux mains avec toi. Et crois-moi, je ne serais pas la seule à le faire, s'écrit Lucie dans l'établissement ainsi plusieurs regards se tournent vers nous.

Et au loin, j'aperçois les garçons s'approchaient de nous sûrement pour vérifier qu'aucune bagarre n'éclate. Je décide donc de calmer le jeu d'une manière ou d'une autre en disant ::

—— Nous n'avons pas le même vécu. Ça, je le sais depuis des mois. Ce que je ne savais pas c'est que tu étais à ce point autant mauvaise. Autant que Kendall est pourtant il faut le faire. Se mettre autant en colère tout simplement parce que je refuse de mettre les pieds dans une de tes soirées débiles c'est totalement absurde et...

Je suis soudainement interrompu dans mon monologue par la sonnerie de mon smartphone qui est posé contre la table. Je l'attrape et regarde qui essaie de me contacter ; Michaël, mon parrain.

Ma respiration se bloque momentanément. Peut-être qu'en décrochant je vais recevoir une mauvaise nouvelle vis-à-vis de son état de santé et je le crains énormément. Dernièrement les nouvelles n'ont pas été bonnes. Je ne veux pas prendre cet appel mais je le dois.

Je dois me jeter à l'eau et répondre à mon parrain, donc de ce fait, je me lève sous les yeux de tous attrape mon téléphone et appuie sur la flèche pour répondre mais avant ça, je ne pus m'empêcher de dire :

—— Tu m'excuseras mais j'ai des choses plus importantes comme répondre à mon appel que de t'écouter jacter dans tous les sens pour rien, dis-je à l'intention de Chloé, Salut les filles.

Je ne prends même pas la peine d'apporter plus d'attention que ça à la blonde qui doit sûrement ses paroles à l'heure actuelle, la connaissant et quitte précipitamment le restaurant avec une énorme boule au ventre.

Vais-je recevoir une bonne nouvelle ? Ou pire sera-t-elle mauvaise ? Au point que mon monde -que je n'ai pas encore totalement reconstruit- se détruise ? Je n'en sais rien mais dans quelques secondes, une fois cet appel pris, je le saurais.




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