Chapitre 10.


Dua avait décidé de rendre visite à l'une de ses meilleures amies après notre petite virée shopping qui s'est écourté plus vite que prévu. Je ne me voyais pas du tout continuer à faire les boutiques dans un tel état d'esprit. Je voulais également prendre moi-même des nouvelles de mon parrain, et mettre un point sur la situation actuelle.

Je suis ignorante de la situation depuis je ne sais combien de temps et je refuse de l'être encore plus longtemps.

—— Bruna ! Qu'est-ce tu fais ici ? me demande en souriant Michael qui est encore dans ce foutu garage.

Je lui offre un maigre sourire et me réfugie la seconde d'après dans ses bras. Et je resserre notre étreinte craignant qu'il disparaisse aussi vite qu'il n'est apparu dans mon champ de vision.

—-— Encore dans ce garage, lui dis-je en mettant un terme à notre échange.

—— Ma voiture. Comme d'habitude. Et toi que fais-tu ici ? Tu n'étais pas censée aller au centre commercial avec ma fille ?

—— Je voulais prendre de tes nouvelles. Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu. Nous y sommes allés mais Dua devait aller rendre visite à l'une de ses amies alors nous avons écourté la journée, lui expliquais-je.

Mon parrain hoche lentement sa tête tout en me souriant. Il attrape un de ses nombreux torchons qui traînent sur son placard où se trouvent des outils de tous genres et essuient ses mains.

Un silence pesant s'installe dans cette pièce et il n'en faut pas plus pour que mon parrain comprenne que quelque chose me titille. Michael est très intelligent et il sait quand ça ne va pas et que d'indénombrables question trônent dans ma tête. Et bien souvent en un claquement de doigt, il répare la situation.

—— Dis-moi, me souligne-t-il.

J'ouvre la bouche au son de sa voix, humidifie mes lèvres d'un coup de langue, pose mes mains sur mes hanches et fais part de mes appréhensions à mon parrain.

—— As-tu replongé ? Et s'il te plaît, soit honnête.

Michael me regarde surpris par ma question. Il est pris de court, jamais je n'ai été aussi directe mais cette fois-ci c'est complètement différent. Il s'agit de son état de santé et je refuse de prendre des risques en tournant le temps de quelques jours autour du pot. Je ne veux pas perdre mon temps.

—— Je suppose que c'est Dua qui a été raconté n'importe quoi.

—— Non. Elle m'a juste dit que ça n'allait pas et elle n'a pas voulu m'en dire plus. Dua voulait que ce soit toi qui me le dises. Alors..qu'est-ce qui se passe ?

Le brun inspire fortement et me dit :

—— J'ai juste eu des saignements mais ce n'est rien du tout. C'est juste la chaleur et la surplus de boulot qui me fatigue. Dua s'est juste imaginé des tas de scénarios improbables.

—— Au point, de me dire qu'elle allait repartir sur Londres ? Es-tu allés aux urgents ?

Je connais Dua et je sais qu'elle ne prendrait jamais une telle décision seulement parce qu'elle se fait des idées. Ma cousine sait pertinemment ce qu'elle fait et sait pourquoi elle le fait. Dua ne fait jamais rien sous un coup de tête, jamais.

—— Non puisque ça ne sert strictement à rien. Je n'ai rien du tout.

—— C'est ce que tu disais aussi avant, m'exclamais-je froidement.

—— Je sais mais c'est différent.

—— Non ! Rien n'est différent. Ça a commençé comme ça puis..

Je m'arrête soudainement de parler en remarquant que mon parrain n'est pas du tout dans son assiette. Il pose une de ses mains contre son crâne et ferme ses paupières. Il a mal. Beaucoup trop mal comprenais-je en voyant la grimace de douleur qu'il fait.

Je m'approche doucement de lui, et une fois devant ce dernier ma main se dépose sur son épaule lui offrant de cette manière tout mon soutien.

—— Ce n'est pas différent. S'il te plaît allons aux urgences avant qu'il ne soit trop tard, le suppliais-je.

Il secoue doucement sa tête de haut en bas me montrant ainsi qu'il est d'accord. Et je souris, rassurée qu'il accepte.

—— Bruna, si c'est ce qu'on pense et qu'il devrait m'arriver quelque chose il faut que tu me promettes de ne pas faire de connerie. De ne pas te laisser aller, d'abandonner, me demande-t-il en attrapant ma main.

—— Tu es tout ce que j'ai ici. Si tu pars alors je perds tout. Je m'en excuse d'avance mais...je ne peux pas te faire cette promesse parce-que je sais d'avance que je ne serais pas en mesure de la tenir et tu sais tout autant que moi que je déteste briser mes promesses.

Mon parrain est ma seule famille dès à présent. Il est comme mon tout. S'il doit partir alors je perdrais tout et je sais que je serais dans un sens irrécupérable.

—— Je suis désolée, lui dis-je doucement en soupirant.

Il ne relève rien étant sûrement très déçu de ma réponse mais c'est la seule que je puisse lui offrir. Lui dire l'inverse serait lui mentir et je ne veux pas le faire. Surtout pas dans ce genre de situation.

—— Puis merde, de toute manière nous ne savons même pas ce que tu as. N'allons pas nous imaginer des scénarios improbables maintenant. Attendons tes résultats et nous verrons ce qu'ils donnent. Après ça nous déciderons de ce que nous allons faire.

—— Tu as raison. Faisons ça.

—— J'ai toujours raison ! riais-je faussement.

Je n'espère qu'une seule et unique chose : que mon parrain n'est pas replongé. C'est tout ce que je désire. Michael n'a pas le droit de replonger parce qu'il ne mérite pas d'être au plus mal. Pas après tout ce qu'il a vécu. Pas après toutes les bonnes choses qu'il a faites. Il est une bonne personne et les bonnes personnes méritent d'être heureuses et en bonnes santés. C'est tout ce que j'ai à dire.

Le début de la semaine avait sonné et j'étais vraiment très fatigué pour cause les révélations de mon parrain qui n'ont cessés de causer des problèmes à mon sommeil.

Je dors déjà très peu ces derniers temps à cause de mes nombreux soucis personnels et voilà qu'un nouveau s'ajoute à ma liste. Mais il m'est impossible de dormir sans me faire une montagne d'inquiétude.

Je ne devrais pas me faire autant de soucis parce-que ce n'est pas moi qui aie probablement attaqué par la maladie mais Michael. Cependant c'est tout comme. Si, il est de nouveau malade alors c'est comme si, je l'étais.

Je baille fortement et tente misérablement de garder mes paupières ouvertent afin de ne pas sombrer dans un sommeil. Ce serait vraiment bête de m'endormir sur un banc à la vue de tous et en plus de ça, à dix minutes de mon premier cours de la journée.

—— La nuit ça sert à dormir, me dit soudainement une voix masculine que je distingue comme étant celle de Stephen.

—— J'ai dormi.

—— Ce n'est pas l'impression que tu donnes. Enfin surtout ta tête, braille-t-il en prenant place à mes côtés.

Un maigre sourire s'installe sur mon visage. Celui-ci fond instantanément. Je suis tellement exténuée que je suis incapable de sourire.

—— Tu devrais rentrer chez toi, me conseille Stephen.

—— J'aimerais bien le faire mais je ne peux pas. Mes parents ne veulent pas que je loupe une seule heure de cours pas même quand je suis malade.

—— Tu ne tiendras pas toute une journée.

—— Bien sûr que si. J'ai l'habitude.

Frôlant l'insomnie j'arrive à me contrôler désormais et je sais que je réussirais à faire ma journée. Néanmoins je serais irritable, je n'aurais pas faim, j'aurais beaucoup froid et j'aurais du mal à me concentrer mais ce n'est rien de grave.

—— Aujourd'hui je dois rester loin des filles, dis-je doucement.

—— Pourquoi ? me demande-t-il en fronçant légèrement ses sourcils.

—— Étant fatiguée, je suis beaucoup plus irritable. Je m'énerve rapidement et je n'ai pas envie de me mettre en colère contre les filles sous prétexte que je ne suis pas en forme.

Je déteste m'en prendre à mes proches surtout quand ces derniers n'ont rien fait. Je pars du principe qu'ils n'ont pas à endurer mes crises sous prétexte que je ne vais pas bien. Dans ces cas-ci, je m'éloigne et reste dans mon coin ainsi tout va bien.

—— Est-ce que ça va ? me demande soudainement Stephen inquiet ?

—— En toute franchise ? En ce moment je galère un peu, lui annonçais-je sans même m'en apercevoir.

Je pose ma main contre ma bouche en comprenant ce que je viens de faire. Putain quelle idiote ce n'était pas censée être la phrase avec laquelle je devais répondre. Je devais simplement dire oui je vais bien et rien de plus.

—— Comment ça ? me demande à nouveau Stephen avec les sourcils froncés.

J'ouvre donc à nouveau la bouche dans l'espoir de lui faire oublier ce que je viens de dire mais une autre voix féminine cette fois-ci m'interrompt.

—— Tu m'as énormément manqué Bruna, s'exclame la blonde en me prenant dans ses bras. 

Je reste interdite face à son geste, son comportement. Je ne comprends pas pourquoi Perrie agi comme si nous étions des amies de longue date. Nous nous connaissons même pas du moins, je ne la connais pas. Les sourcils froncés, je tourne ma tête vers Stephen qui assiste à cette scène totalement incohérente les poings fermés et la mâchoire contractée.

—— Perrie pourquoi agis-tu comme si nous étions des amies ? lui demandais-je en m'écartant de la blonde.

—— Parce-que nous le sommes.

—— Mais..

—— Et bientôt nous serons plus. Je peux te l'assurer Bruna, m'annonce-t-elle avec un sourire charmeur ?
installé sur son visage maquillé.

Que veut-elle dire par nous serons plus ? Si je comprends bien, Perrie souhaiterait que nous soyons un couple mais sait-elle que je ne suis pas du tout attiré par les filles ?

Je décide donc de reprendre la parole afin de remettre les choses dans leurs contextes et de lui faire part de mon orientation sexuelle. Je me fais peut-être des idées et je risque très fortement de me taper la honte mais je préfère savoir ce qui m'attend que d'être ignorante de ses intentions.

Cependant la voix masculine de Stephen m'empêche de prendre la parole.

—— Tu aimes Bruna ? demande-t-il étonnait.

—— Qui a dit ça ? répond la blonde en souriant.

—— Tu l'as prétendue. Cesse de te faire des films. Bruna n'est pas du tout intéressée par toi. Elle n'est pas lesbienne.

Je ne suis donc pas folle. Perrie vient de sous-entendre qu'elle était amoureuse ou du moins qu'elle était intéressée par ma personne.

—— Mêles-toi de tes affaires. Ce qui se passe entre elle et moi ça ne te regarde pas. Je te l'ai dit une fois, ne t'approche pas d'elle. Je ne te le répéterais pas une deuxième fois d'accord ?

Et sur ces mots la blonde part rejoindre une bande de personne composée entièrement de fille qui je présume doit être ses amies.

Je suis littéralement sur le cul. Je ne pensais qu'elle éprouvait des sentiments plus qu'amicales à mon sujet. Je pensais qu'elle était seulement du genre très sociable et qui veut être l'amie de tout le monde mais jamais ô grand jamais je n'aurais pensé à cette éventualité. Jamais.

—— Wow...elle n'était pas censée être en couple avec un mec aux dernières nouvelles ? dis-je à voix basse.

—— Je n'en sais rien, me répond Stephen d'un ton froid.

Je tourne ma tête en sa direction et le fixe dans le but de déchiffrer ce qui se passe en ce moment-même dans sa tête. Ce qui ne fonctionne pas évidemment. Je hausse donc les épaules et décide donc de reprendre mes affaires et de rentrer dans l'établissement pour rejoindre ma classe mais soudainement le tatoué enroule sa main autour de mon poignet m'empêchant de plier bagage.

—— Où est-ce que tu vas ? me demande-t-il en resserrant sa prise autour de mon poignet.

—— En cours débile. Où veux-tu que j'aille ?

—— Ça n'a même pas sonné. Qui vas-tu rejoindre ?

Je me défais de son emprise suite à sa phrase qui me semble complètement déplacée dans le sens que je n'ai pas de compte à lui rendre.

—— Écoute nous deux ce n'est pas parce-que nous avons parlé le temps de quelques minutes sans se prendre la tête que tout a changé dans notre relation qui n'en est pas une au final. Je te déteste toujours autant et vice-versa, lâchais-je en reprenant mon sac.

Et une fois mon sac contre mon dos, je quitte la place que j'occupais il y'a quelques minutes sous un silence d'aplomb. Je rentre dans l'établissement tout en resserrant ma veste contre moi parce qu'il fait sacrément froid et rejoins le couloir menant tout droit au cours de français en réfléchissant aux futures remarques désagréables que mon prof de français allait me faire.

Rien que d'y penser j'en souffre déjà. Qu'est-ce que j'en ai assez de cette orientation. J'aimerais tellement avoir la chance de pouvoir changer les choses mais malheureusement, je ne peux pas le faire. Pas tant que ma mère ne se fera pas à l'idée que je ne mérite pas d'être autant persécuté de sa part. Que même si j'ai fait d'énormes erreurs dans le passé, je reste sa fille et que je l'aime d'un amour profond et sincère. J'espère qu'elle le comprendra et que les choses changeront entre nous. Qu'ils reviendront comme avant. Je rêve beaucoup trop mais le principal c'est de garder espoir car tant que l'espoir ne meurt pas, on vit.

On vit. Néanmoins pour combien de temps encore ?






Wow +1k de lectures en seulement 10 chapitres. C'est vraiment énorme. Je ne pensais pas les atteindre aussi rapidement. Je n'y serais jamais arriver aussi vite sans vous.
Merci beaucoup !

J'espère que la suite vous plaira toujours autant.

J'ai également une nouvelle fiction qui s'intitule :

Elle est avec Herman Tommeraas acteur de Skam. Elle parle d'un sujet assez sensible et j'aimerai connaitre vos avis. Voilà, sur ceux bonne journée/soirée bisou.

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