Chapitre 07.

La fabuleuse musique d'Ed Sheeran et d'Eminem tourne en boucle depuis le début de mon footing. C'est-à-dire quinze bonnes minutes. River a été un vrai coup de cœur et il est rare que je ne l'écoute pas plus de deux fois en une seule journée. La voix d'Ed concorde parfaitement avec celle du meilleur rappeur au monde Eminem.

Deux pépites d'or regroupées en une seule musique ne peuvent que construire un diamant. Je crois que j'aime trop ces deux artistes. D'ailleurs me rendre à un de leurs concerts et les rencontrer est l'un de mes nombreux rêves. Qui ne se réalisera probablement pas. Pas à cause du manque d'argent. Et ni celle de mes parents. Tout simplement parce qu'il n'est plus là et que c'était également un de ces rêves bien qu'il était beaucoup trop jeune pour qu'il puisse se rendre à des concerts avec des milliers de personnes, plus excités les uns que les autres.

Il aimait tellement Ed Sheeran et c'était en partie à cause de moi. Je ne cessais de mettre ses chansons en boucle dans ma chambre et étant donné qu'il passait le plus clair de son temps à mes côtés, il les écoutait également. Je l'ai vite rendu accro aux musiques d'Ed. Un jour tout en chantant, il m'avait demandé Mon rêve est de rencontrer Ed Sheeran. Pourras-tu me le réaliser ? Et j'avais répondu oui. Je lui avais fait la promesse de réaliser son rêve. Et sans même le savoir je n'ai pas rempli ma part du marché. Je lui ai brisé sa promesse, comme sa vie.

Comme sa vie.

Je m'arrête soudainement. Sa vie. Ce mot ne cesse de tourner en boucle dans ma tête et les larmes me montent aux yeux. Subitement affaiblie émotionnellement et non physiquement, je me replie sur moi-même tout en posant mes mains sur mes genoux. Et je laisse les larmes se faire la mâle tout le long de mes joues. Je hais tellement de paraître aussi faible mais en ce moment la pression est beaucoup trop forte et je craque beaucoup plus facilement. Puis il faut dire qu'écouter ces deux artistes à longueurs de journées ne m'en aide en rien. Déjà que des milliers de souvenirs de mon petit bou de chou regorgent dans ma maison, il faut que ça me suive également en dehors de celle-ci.

Ce n'est pas bon pour moi. Ça me tue à petit feu. Et je ne fais aucun effort pour que ça s'arrête. Je sais que dans quelques mois si, je ne fais rien pour que ça s'arrête, si je continue dans cette voie-ci, la folie s'empara de mon être. Et elle aura eu raison de moi.

—— Allez-vous bien ? me demande soudainement une voix appartenant à une personne âgée.

Je relève rapidement mes prunelles et croise ceux de l'inconnu en question. Verts sont-ils. D'une main, j'essuie les quelques larmes encore présentes sous mes yeux et souris au vieillard.

—— Je vais bien merci, lui affirmais-je en souriant faussement.

—— Les larmes présentes sur votre visage me prouvent le contraire Mademoiselle.

—— Oh, ça ce n'est rien. Ça arrive souvent, lui dis-je.

L'homme en question m'étudie une bonne poignée de secondes. Comme si, il tentait de lire en moi. Seulement je ne suis pas un livre ouvert comme la plupart des gens que je connais. Il est vraiment difficile de pouvoir lire en moi comme dans un livre ouvert.

Je fais de mon maximum pour que je ne le sois pas.

—— Il faut vous confier d'avantage Mademoiselle. Parler avec des personnes avec lesquelles vous avez une confiance aveugle. Ne restez pas seule, fermée comme une coquille et malheureuse ce n'est pas bon pour vous. Physiquement et mentalement.

—— Pourquoi me dites-vous cela ? Je ne suis pas malheureuse. Je vis juste une période très compliquée comme beaucoup de personnes en ce moment. Je ne suis pas à plaindre, il y a des choses beaucoup plus importantes dans le monde, confirmais-je.

—— Certes, mais ce n'est pas une raison pour rester isoler et seule. Chaque problème à son importance Mademoiselle. Parlez et vous verrez, ça ira beaucoup mieux.

L'inconnu me sourit de toutes ses dents et me quitte reprenant sa route vers l'épicerie à la vue de sa charrette verte derrière son dos. Mes prunelles restent fixées le temps de quelques secondes derrière le dos de cet inconnu qui a tenté de me remonter le moral sans même me connaître. C'est vraiment très rare de nos jours de recevoir des beaux discours d'inconnus. Rare que des personnes viennent jusqu'à vous seulement parce que vous avez quelques larmes sur votre visage. Ça fait vraiment chaud au coeur de voir que de telles personnes existent encore dans ce monde où règne la haine.

—— Merci, soufflais-je vis-à-vis de l'inconnu qui est déjà loin de ma personne.

Un sourire triomphe sur mes lèvres grâce à cette personne et la seconde d'après mes pas reprennent leurs courses. Et mes pensées sont instantanément vides. Je ne pense plus à mes traumatismes, ni à Timéo, je cours évadant toute ma peine. Je me défoule le plus possible avant que je ne sois obligé de rentrer à la maison et d'affronter mes parents.

Je crois que nos liens vont une fois de plus s'abîmer à cause de ces heures de colle. Et je suppose qu'à l'issue de notre conversation, ou du moins notre dispute, mes parents seront d'avantages déçus de ma personne. Mais je n'ai pas le choix. Je dois leur dire avant que le lycée le fasse à ma place. Et s'ils ne l'apprennent pas de ma bouche ce sera pire.

Durant cet échange, je n'espère qu'une seule et unique chose qu'ils me donnent la possibilité de m'expliquer, chose peu probable. Mais je vais essayer. Je n'ai rien à perdre de toute manière.

***

C'est en ressentant de la crainte que mes pieds me conduisent jusqu'à mes parents. C'est-à-dire la cuisine. La pièce préférée de mes parents d'ailleurs. Sûrement parce qu'elle était la pièce préférée de Timéo. Du moins sa deuxième pièce préférée. Sa vraie préférence était en réalité ma chambre dans laquelle, il passait des heures même quand je n'étais pas présente. Il disait qu'en étant dans ma chambre les monstres ne pouvaient pas l'attaquer car il était en compagnie de la bonne personne. La personne n'était autre que moi, sa soeur irresponsable. Timéo disait que j'étais la meilleure personne qu'il ait connue, tellement que les monstres m'aimaient et qu'ils ne s'attaqueraient jamais à moi. Timéo s'était trompé.

Je n'étais ni une bonne personne ni une bonne soeur et je ne le serais jamais. Et seuls mes parents le savent. Au moins ils savent à quoi s'attendre.

En m'avançant près de la porte coulissante de la cuisine, je distingue plusieurs voix dont celles de mes parents. Des invités sont ici. Ils rigolent ensemble et semblent échanger un déjeuner au vu des bruits de couverts. Bon ce n'est donc pas le bon moment. Si je rentre dans cette cuisine, je vais me faire incendier il est donc préférable que je fasse demi-tour immédiatement.

Cependant une feuille accrochée sur le petit tableau blanc retient mon attention. Je détache cette feuille et lis cette dernière.

—— Ne rentre pas dans la cuisine. Le seul lieu dont tu disposes est ta chambre. Ne fait aucun bruit. Tu n'aimerais pas faire honte à tes parents pas vrais ? Surtout après ce que tu as faits. Et sache que si tu veux me parler tes heures de colle, ce n'est même pas la peine. Je n'ai ni l'envie et ni le temps d'entendre ces merdes qui sortiront de ta bouche.

N'oublie pas de retirer cette feuille et de la prendre avec toi.

Ni plus ni moins. Venant de ma mère, je n'attendais pas plus. Dans le fond ce déjeuner m'arrange, je n'aurais pas à faire aux regards accusateurs et dégoûtés de mes parents. La conversation de mes heures de colle n'aura pas lieu, ce qui me surprend énormément. Je pensais vraiment passer un sale quart d'heure mais ce n'est pas le cas. Tant mieux.

J'arrache la feuille du tableau comme convenutout en vaillant à être silencieuse puis prend le chemin de ma chambre mais contre toute attente, je décide de reprendre le chemin de la porte. Je n'ai pas envie de rester enfermée aujourd'hui. J'ai quelque chose d'autre à faire. Et de beaucoup plus important.

***

Je dépose les roses blanches au creux de ma main et mes prunelles regardent avec tristesse son prénom, son nom, sa date de naissance ainsi que celle de son décès inscrit sur cette pierre tombale. Sa petite photo est également encrée à cette pierre tombale. Il est magnifique mon petit prince aux airs du bel prétentieux qu'il était. Mon prétentieux préféré.

—— Pour toujours dans mon coeur Tim, commençais-je en déposant mes genoux sur le sol rempli de petits cailloux. Tu sais en ce moment à la maison ce n'est pas vraiment la joie, enfaite pour être honnête depuis ton départ ça ne l'est plus du tout. Ce n'est pas de ta faute. Je te rassure. C'est juste que le poids de mes erreurs pèse. Le poids de ton  départ précipité pèse et c'est difficile.  J'aimerais tellement que tout redevienne comme avant et que tu sois toujours permis nous mais... Je dois me rendre à l'évidence, tu ne reviendras plus jamais mon petit coeur et qu'est-ce que ça fait mal. Encore plus, quand je sais que c'est uniquement de ma faute si tu n'es plus de ce monde.

Un rire nerveux s'échappe soudainement de mes lèvres quand tout un coup mes sanglots font à nouveaux surfaces. N'ai-je pas assez pleuré ce matin ? J'ai l'impression que je ne fais que ça. Ça en devient barbant !

—— Je pleure encore comme tu vois. Je m'en excuse. Je ne devrais pas pleurer en venant ici mais c'est plus fort que moi. Surtout quand je pense que d'ici trois mois ce sera ton anniversaire. Tu aurais dû avoir cinq ans mon ange, lui dis-je. Cependant à cause de moi, Tim tu ne dépasseras jamais tes quatrièmes années. Tu auras toujours quatre ans et à jamais.

Mes doigts jouent avec différentes bagues dues à la panique que je ressens depuis peu.

—— Je sais que ce ne sont pas tes fleurs préférées. Tu préfères les roses bleus parce-que ça fait beaucoup plus rock à ton goût mais je n'en ai pas trouvé. La prochaine fois je te promets que je viendrais avec un bouquet de fleurs bleu ! Et je ne briserais pas cette promesse, je t'assure.

Je ne devrais pas autant paniquer pour un bouquet de fleurs mais je crains constamment de décevoir mon petit frère. Je le fais déjà tout autour de moi. Je crois que c'est suffisant. Puis ça concerne mon frère, je ne souhaite pas lui faire plus de mal que je ne lui ai causé en lui retirant la vie.

—— Maman et Papa vont bien. Ils t'aiment énormément. Et je t'aime énormément aussi. N'en doute jamais. J'ai repris les cours depuis quelques jours déjà et ça se passe bien. Il y'a juste ce Stephen. Tu sais qui s'est ? Je t'avais déjà parlé de ce garçon et tu l'avais vu. Si tu veux savoir, il est toujours autant chiant et qu'est-ce qu'il est énervant ! Je t'assure, m'exclamais-je en riant. J'aurais aimé que tu le rencontres pour que tu puisses voir à quel point, il est bête.

Je parlais énormément de Stephen à mon petit frère. Timeo était de nature très curieux et voulait à tout prix savoir ce qui se passait dans ma vie. Je n'avais pas l'intention au début de lui parler de Stephen mais mon frère nous avait aperçues un jour notre prendre la tête devant ma maison. Tim était derrière la fenêtre de ma chambre et avait tout vu. Et je me rappelle qu'en rentrant dans ma chambre, il m'avait demandé :

—— Qui est ce garçon ? m'avait-il demandé d'une voix amusée.

—— Un crétin, lui avais-je répondu tout simplement.

—— Un crétin qui t'aime bien. Ce garçon est amoureux de toi.

Évidemment je lui avais ri falluu nez. Stephen et moi-même n'étions que de simples camarades qui se prenaient la tête. Il n'avait aucun sentiment amoureux envers moi tout comme je n'en ai aucun. Timéo ne cessait de me dire que nous étions des amoureux et qu'un jour nous finirons à deux tous comme ma mère.

Et je ne cessais de les contredire en m'énervant. Ce qui les faisait rire. Mon père lui était beaucoup moins d'accord avec eux. Il ne voulait pas que sa petite fille sorte avec un garçon. Il faut savoir que je connais Stephen depuis ma troisième année du collège. Désormais depuis le départ de mon petit frère nous n'en parlons plus. Ma mère ne veut plus rien savoir de ma vie. Mes parents ne me charrient plus comme avant. Timeo ne peut plus le faire. Et si vous saviez comment ça me manque.

—— Cette belle époque me manque tant. Timéo revient nous s'il te plaît. Sans toi, je suis perdue vraiment. Si tu savais combien je m'en veux. Si je pouvais revenir en arrière et mourir à ta place, je le ferais avec plaisir ! Je ...

Ma tête tombe contre la pierre tombale. Mes larmes en font de même. Mes sanglots parlent. Ils montrent à quel point, je suis malheureuse et que ma vie ne tient plus qu'à un fil.

J'avais promis à Tim que je n'allais plus jamais pleurer devant sa tombe et une fois de plus je ne la tiens pas. Ce qui me pousse à quitter les lieux précipitamment. Et je me cogne soudainement contre un torse. J'aurais dû faire plus attention et ne pas courir dans tous les sens, les yeux embués de larmes.

Et en relevant mon regard jusqu'à cette personne que j'ai percuté mon coeur rate un battement. Merde qu'est-ce qu'il fait ici ? Sur sept milliards de gens vivant sur terre, il a fallu que je tombe sur lui. Je n'ai vraiment pas de chance.

—— Désolé, lui dis-je tout simplement en reculant.

—— Ce n'est rien. Est-ce que ça va ? me demande-t-il inquiet ?

—— Ouais. Bon salut, m'exclamais-je mal à l'aise.

Stephen attrape mon poignet dans sa main me stoppant dans ma fuite. Je fronce légèrement les sourcils, et tout en me demandant ce qu'il se passe, ce qu'il fait mon regard tombe dans le sien.

—— Mais tu pleures, remarque-t-il.

—— Des larmes de joie. Je viens d'apprendre que Rachel ma tante allait enfin déménager pour se rendre en Espagne. Bon choix, j'aime beaucoup ce pays. Pour une fois qu'elle fait un bon choix, je ne peux qu'être heureuse, lui mentis-je. 

—— Ton histoire est vraiment bizarre. Où est ta tante ?

Évidemment que mon histoire est bizarre puisqu'elle vient d'être fondée. D'habitudes mes mensonges sont complètement réalistes. Mais celui-ci ne l'est pas du tout. J'aurais dû réfléchir avant de lui sortir une telle bêtise. Maintenant c'est fait, je ne peux plus reculer.

Voyant que mon mensonge ne passe pas vraiment auprès du tatoué. Je me recule en souriant comme une débile.

—— Bon à demain aux heures de colle James, finis-je par dire en retirant mon poignet de sa main.

—— Euh ouais à demain.

Il ne me croit pas. Ce qui le pousse à se poser des questions. Et je n'aime pas quand les gens se posent car ils finissent toujours par comprendre ce qui ne va pas. Et je ne veux pas qu'il comprenne. Mais étant de nature très intelligent, je sais qu'il finira par comprendre ce qui se passe dans ma vie et ce que je cache à tant de gens. Espérons juste que sa haine envers moi le pousse à ne pas découvrir les dessous de ma vie.

Il ne doit pas savoir que ma vie est un vrai désastre. Personne ne doit le savoir. Seulement lui, il ne te déteste pas.





Qu'en pensez-vous ? J'ai une toute nouvelle fiction toujours avec Stephen James, elle s'intitule Bad Furden. J'aimerais bien avoir des avis :) bonne journée.

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