Chapitre 06.

Tout le long de notre chemin vers le bureau de la direction, j'ai senti le regard amusé de Stephen sur moi. Ce qui a accru mon énervement. Bien que cette situation l'amuse grandement, ce n'est pas mon cas. Tout simplement parce que je vais me faire salement remonter les bretelles par mes deux parents.

Je savais au fond de moi que de riposter était une très mauvaise idée mais je ne pouvais pas rester sans rien faire. Je vais me défendre, et je ne le regrette pas malgré que je crains les conséquences de ma riposte.

—— Attendez ici, nous annonces Bellick.

Le surveillant tape contre la porte bleue de la direction et attend d'avoir la permission de rentrer dans ce bureau pour ouvrir la porte. Bellick rentre à l'intérieur une minute plus tard, nous laissant moi et Stephen dans le grand couloir aux couleurs vives.

—— Oh ne stresse pas mon petit papillon. Elle ne mord pas la vieille, me dit le brun.

Et je l'ignore. Je ne crains pas la directrice. Seulement la réaction de mes parents. Et je ne parle pas de coup. Je sais pertinemment que le comportement que j'ai adopté ce midi dans le réfectoire va une fois de plus les décevoir de ma personne et nos liens familiaux du moins ce qui en reste vont encore plus se briser.

Et ce n'est pas ce que je souhaite. Depuis maintenant trois années, je tente le tout pour le tout afin de rétablir l'ancienne connexion que j'avais avec mes parents. Et depuis trois ans, ce n'est pas des victoires que je ramasse mais bien des échecs et ça fait vraiment mal.

—— Elle va juste te mettre un avertissement et rien de plus. Pourquoi tu stresses autant ? me demande-t-il une fois de plus.

Voyant que je reste toujours silencieuse face à ses mots, Stephen s'approche de moi et ouvre la bouche pour reprendre la parole mais le retour de ce merveilleux surveillant l'arrête. Tant mieux. J'en avais assez de l'entendre parler pour rien.

—— Allez rentrer dans le bureau de la chef, nous dit-il en souriant.

—— Toujours aussi lèche boule celui-là, murmure Stephen.

Pour une fois je suis d'accord avec lui. Bellick est un homme vraiment mauvais qu'il cache à la perfection. Il se fait passer pour une personne qu'il n'est pas. C'est-à-dire une personne gentille. Et il n'est pas ce genre d'homme. Il est plutôt du genre à aimer regarder une personne souffrir et à se nourrir des échecs des gens pour assouvir sa joie. Il adore ridiculiser les élèves et les mettre dans des positions délicates. Je déteste ce type comme la moitié des gens ici.

—— Bon courage les trous du culs, nous dit-il en repartant au réfectoire.

Je lève les yeux au ciel tout en pensant fortement à mes parents pour ne pas répondre à cet enfoiré de surveillant. J'entre dans le bureau de Madame Posvachi suivi de très près par le brun. Une fois à l'intérieur mes prunelles visualisent le bureau de notre chère directrice. Et ce dernier n'a toujours pas changé.

Les couleurs vives désormais délavées de ces murs sont toujours présentes. Ce qui rend la pièce terriblement moche et peu accueillante. Les meubles en bois anciens sont toujours là. Je me demande pourquoi ils ne font pas une rénovation de son bureau surtout avec tout l'argent qu'ils se font. Heureusement qu'elle a mis des plantes et ouvert ses fichus rideaux sinon mon dieu, cette pièce serait vraiment dégueulasse.

——  Une semaine. Je dis bien une semaine que vous avez repris et j'ai déjà un rapport vous concernant, commence-t-elle en nous fixant de ses iris bleus moches. Je pensais que l'année dernière, je m'étais bien faite comprendre vous concernant mais je suppose que non. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi cette bataille de purée a eu lieu ?

—— C'est de la faute à la purée elle n'était pas bonne, s'exclame Stephen.

—— Ce qui vous a donné le droit de faire une bataille avec ? Je refuse d'une bande de terminales immatures s'amusent avec la nourriture sous prétexte qu'elle ne vous convient pas. Ceci est du gaspillage et je déteste ça.

—— De toute manière c'est nous qui payons nos repas, donc, je ne vois pas où est le problème.

Plus il parle, plus il nous enfonce. Stephen sait très bien que dans ces moments-là nos bouches ont intérêt à rester femer sinon notre sanction sera plus lourde mais je crois qu'il s'en fout un peu. Il ne veut pas se taire préférant se défendre. C'est ce que j'aurais également fait mais ayant des parents comme les miens, ce n'est même pas la peine. Je ne tiens pas à finir dans une école pour bonne soeur.

—— Cessez d'être insolent avec moi Monsieur James !

—— Je n'ai fait que répondre à vos questions.

Je me mords instinctivement ma lèvre pour retenir le rire nerveux qui menace de sortir. Ce n'est ni le moment ni le lieu pour rire. Rire me ferait davantage couler dans la merde que je me suis mise. Donc je dois me retenir sinon je signerai mon arrêt de mort.

—— Et vous mademoiselle Watson vous n'avez rien à dire ? me demande la directrice.

—— Ah, euh, bah non rien de bien intéressant.

N'aurais-je pas pu seulement dire un simple non ?

—— Très bien dans ce cas procédons à la sanction. J'avais en tête de vous mettre qu'une seule heure de colle mais en réfléchissant et en voyant que vous êtes totalement passif face à la situation, j'ai pris la décision de vous mettre à chacun trois heures de colle un samedi matin. Ça vous passera l'envie de recommencer des batailles de nourritures dans le réfectoire.

—— Oh non pas samedi ! J'ai un rendez-vous pour un tatouage, s'exclame Stephen.

—— Votre corps n'est pas une feuille de brouillon Monsieur James.

Je manque de rire nerveusement ce qui n'échappe pas à la directrice. Madame Povaschi me sourit avant de reprendre la parole.

—— Et votre visage n'est pas un tableau Mademoiselle Watson. Cessez donc de mettre des pots peinture sur votre visage et concentrez-vous davantage sur votre travail. Vous en avez bien besoin. Vos résultats ne sont pas à la hauteur de notre établissement.

Je manque de m'étouffer face à ses déclarations totalement bêtes et fausses. La seule couche de maquillage dont j'abuse quotidiennement c'est le rouge à lèvres et rien de plus. Concernant mes notes, je n'en ai aucune puisque nous venons seulement de reprendre. Je ne sais pas ce qu'elle bafouille mais ça ne me plaît pas du tout.

—— Et restez à votre place. J'ai encore le droit de me maquiller comme je le souhaite. Je n'ai aucun compte à vous rendre, il me semble ?

—— Et soyez respectueuse avec moi mademoiselle.

—— Le respect ça va dans les deux sens, s'exclame Stephen en se levant de la chaise.

—— Évidemment. Je n'ai jamais dit le contraire, dit-elle.

—— Pourtant vos agissements prouvent le contraire, commençais-je.

—— Et sur ceux bonne journée madame, dit le brun finissant me phrase. 

Rapidement nous quittons son bureau dans la limite de la colère. Je ne sais pas du tout pour qui elle s'est pris mais elle n'avait aucunement le droit de nous parler ainsi. De nous juger de cette manière !

Je remarque surtout que les paroles de la directrice ont quelque peu vexé Stephen. Ça l'a touché parce-que ses tatouages racontent pour la plupart une histoire. Ils ont une signification. Mais surtout parce que l'encre c'est sa passion. Quand une personne quelconque porte un jugement sur notre passion, c'est tout sauf bien. On émettrait un jugement sur l'escalade ça me rendrait mal puis la colère surgirait par la suite. Je sais à quel point une passion est importante, ce qui me pousse donc à le réconforter en lui disant :

—— Moi j'aime beaucoup tes tatouages. Ça te va bien. Tu les portes bien. Ça ne fait pas du tout feuille de brouillon crois-moi et je ne suis pas la seule à le penser ! Les tatouages c'est ta passion ne laisse personne la juger, lui dis-je en lui souriant.

Stephene me regarde avec un air surpris scotché sur le visage. Il n'a pas du tout l'habitude de m'entendre lui dire des choses aussi gentilles qu'aujourd'hui. Ce qui le surprend. D'ailleurs ça me surprend également. À cause de cet enfoiré, je viens de me prendre trois heures de colle et je trouve encore le moyen de le défendre, de le réconforter ce qui n'est pas normal venant de moi.

Surtout quand ça le concerne.

—— C'est la première et dernière fois que je te dis une telle chose, lui dis-je en quittant précipitamment le garçon.

Je n'allais certainement pas à continuer à marcher avec lui après ce que je viens de lui dire. En plus de ça, je viens de gonfler son ego. Il sait maintenant ce que je pense de ses tatouages et le connaissant il va me charrier avec. Il ne va plus me lâcher.

Pourquoi ai-je ouvert ma bouche ?

Je lâche un soupir mélodramatique et grâce à ma montre rose accrochée autour de mon poignet, je consulte l'heure. Treize heures dix. Les cours vont bientôt reprendre. Et les filles sont sûrement devant la salle. Je les rejoins donc. Tout en chassant la dernière conversation que j'ai eue avec Stephen.

Je donne le torchon rouge à mon parrain, Michael. Ce dernier s'active en dessous de sa voiture. Cette dernière à un problème du moteur me semble-t-il et étant un mécanicien, il va réparer cette voiture rapidement.

—— Que vas-tu faire ce week-end ? me demande-t-il en attrapant le torchon.

—— Rien. Je reste à la maison. Je dois la garder mes parents partent en week-end en Grèce.

—— Et ils ne te prennent pas ? Me demande Michaël soudainement énervé.

—— Non. Ils ne veulent pas. Tu sais comment ils sont depuis trois ans maintenant.

Mon parrain me regarde tristement. Il n'a jamais été d'accord avec les agissements de mes parents et il ne le sera jamais. Il trouve qu'ils sont beaucoup trop durs avec moi. Qu'ils ne sont pas dignes d'être parents.

—— Ils savent très bien que ce n'est pas de ta faute ce qui est arrivé. Ils abusent vraiment. Putain je ne sais pas ce qui me retient pour ne pas aller leur rendre visite maintenant, éclate-t-il.

—— Ça ne sert à rien. Ils ne changeront jamais d'avis. D'ailleurs j'ai demandé une fois de plus à maman si c'était possible de changer d'orientation et devine ce qu'elle a répondu.

—— Oui ma fille chérie, tu peux changer d'orientation, s'exclame-t-il avec un ton d'ironie.

Un rire s'échappe de mes lèvres à l'entente de sa réponse. Évidemment Michaël dit cela mais il sait pertinemment que jamais ma mère m'offrira la chance de changer de filière et de me concentrer uniquement sur ce que je veux faire et devenir. Les miaulements d'un chat me ramène à moi et un sourire se peint sur mon visage.

J'attrape la grosse boule de poils blancs et le serre dans mes bras tout en le caressant. C'est blanco mon chat. Si, vous vous demandez pourquoi il n'est pas chez moi c'est tout simplement mes parents ne voulaient pas que je garde mon chat chez eux. Ils m'ont donc ordonné de m'en séparer. Et ne voulant pas m'en séparer, j'ai demandé à Michaël de le garder chez lui.

—— Il a mordu dans ma pantoufle. Résultat je n'en ai plus. Tu dois m'en racheter une paire ! S'exclame mon parrain en riant.

—— Ça me manque. Blanco mordait toujours mes pantoufles quand il était à la maison maintenant depuis son départ, mes pantoufles sont intactes.

—— Quand tu auras ton apparemment, il recommencera, me dit-il avant de reprendre Tu sais, avec mon aide, on pourrait peut-être aller se renseigner aux établissements pour savoir s'il serait possible de changer d'orientation et te spécialiser en littérature.

—— Si je pouvais, je l'aurais fait depuis une éternité.

Je viens de perdre trois années de ma vie dans une spécialisation qui ne me plaît pas du tout. J'avais fait mon dossier pour l'établissement Jeanne D'Arc en littérature et j'avais été accepté. Mais ma mère n'était pas d'accord avec ce choix. Elle m'a donc fait remplir un autre dossier avec comme formation le commerce, un truc que je déteste et elle le savait. Et j'ai été accepté. Ma mère m'a donc inscrite dans cet établissement.

—— Vient vivre chez moi ! s'exclame Michaël.

—— Je ne veux pas les abandonner et tu le sais.

—— Mais eux, ils t'ont déjà abandonné. Pourquoi restes-tu avec des gens aussi pourris ? Ils t'en font voir de toutes les couleurs et te rendent malheureuses. Ce n'est pas une vie pour toi et tu le sais, Bru.

Ça fait plus d'une année que mon parrain tente de me faire déménager pour vivre chez lui mais chaque fois ma réponse reste la même. Michaël n'a pas du tout tort. Je sais que je ne devrais pas rester renfermée et aussi seule mais je ne veux pas abandonner mes parents.

—— C'est mes parents. Et je sais qu'en restant là-bas, j'aurais peut-être la chance de rétablir notre lien. Mais en partant, ils feront une croix sur moi. Et je serais encore plus malheureuse.

Il inspire fortement et part à nouveau en dessous de sa voiture et un silence pesant s'installe dans le garage de sa maison. Seuls les ronronnements de mon chat se font entendre. Blanco adore les caresses sur la tête, et parfois, il me remercie avec un massage qu'il me fait avec ses pattes sur le dos. Ce chat est adorable. Il est mon compagnon de tous les jours.

—— Salut ! S'écrit soudainement une voix féminine comme étant celle de Dua, ma cousine.

—— Eh, ça va ? lui demandais-je avec un énorme sourire aux lèvres.

Dua s'approche de moi dans le but de me faire un câlin cependant cette dernière recule en remarquant que mon chat est dans mon bras. Dua craint mon chat depuis que ce dernier l'est attaqué parce qu'elle a eu le malheur de le changer de place. Mon chat ne l'aime pas.

—— Je vais bien et toi ?

—— C'est tranquille. Comment ça se passe les cours ?

—— Génial comme toujours, dit-elle en riant.

Dua est une fille qui aime énormément le chant et la danse. Elle est dans un club depuis son plus jeune âge. La danse est une seconde passion et ce n'est pas pour autant qu'elle la délaisse. Elle se donne encore plus à fond. Malgré les multiples échecs qu'elle a ramassait, elle n'a jamais abandonné et je l'admire énormément pour ça. À sa place, j'aurais déjà abandonné.

—— J'ai besoin de toi ce week-end !

—— Pour ? lui demandais-je en arquant mon sourcil droit.

—— Je sais que tu es vraiment doué dans tout ce qui est maquillage et vêtement. Étant donné que j'ai une soirée dans le courant de la semaine prochaine, j'ai besoin de tes superbes goûts pour me refaire une garde-robe et me choisir une robe.

Étant donné que je n'ai rien à faire ce week-end à part garder la maison de mes parents, je pourrais -sans oublier mes heures de colle-.

—— Pas de problème. Je serais présente.

—— Trop cool ! Dis-moi quand c'est ton prochain tournoi pour ton sport ?

—— Il faut que je paie mon abonnement avant de reprendre l'escalade. Je n'en fais plus depuis deux mois, lui confiais-je.

—— Ces enfoirés ne t'ont pas payé ton abonnement c'est ça ? Dit soudainement Michaël en sortant sa tête de dessous la voiture.

Je grimace comme réponse.

—— Putain comment je les déteste ! Quand vas-tu prendre la bonne décision ? s'exclame-t-il énervé.

Celui-ci se relève tout en essuyant ses mains avec le torchon rouge. Dua reste silencieuse donnant entièrement raison à son père. Ma cousine n'a jamais aimé mes parents et eux de même. Ils disaient qu'elle n'était qu'une gamine pourrie gâtée et que ses manières de princesses la rendaient détestable. Ils n'aiment pas la personne qu'elle est et sont persuadés qu'elle ne parviendra jamais à ses fins concernant ses rêves.

Ils se trompent. Dua est tellement talentueuse et un jour son talent sera exposer aux yeux du monde entier. J'en suis persuadée.

Ma cousine, elle déteste mes parents car elle n'a jamais été d'accord avec leur façon de se comporter avec moi c'est tout simple.

—— On n'en a déjà parlé, répondis-je gêner.

Sur ces mots, il quitte la pièce plus énervé que jamais. Ce qui me rend un peu triste. Je n'aime pas mettre mes proches dans de tels états. Dua dépose sa main sur mon épaule, m'envoyant tout son soutien.

—— Tu sais il veut juste que tu sois heureuse, commence-t-elle.

—— Je le suis ainsi. Demande à ton père d'arrêter de s'inquiéter autant, la coupais-je.

Ma cousine me regarde tristement et quitte à son tour le garage me laissant seule. Cinq bonnes minutes se déversent avant que je ne prenne la décision de quitter la demeure des Scofield. Je s'accroupis et dépose mon chat sur le sol. Ce dernier s'accroche à moi ne voulant pas me quitter maintenant. Cependant je n'ai pas le choix. Je dois le laisser ici. Moi-même j'aimerais le garder auprès de moi, mais ce n'est pas possible.

—— À bientôt, Blanco. Je t'aime fort.

Je me relève fixe mon chat avec les larmes aux yeux. Certains diront que je suis triste pour rien parce qu'il n'est qu'un chat mais ces gens-là ne comprendront jamais à quel point, cet animal est important pour moi. Et que de le quitter me fait aussi mal qu'une séparation avec un être humain.

—— Je viendrai dès que possible. C'est promis.

Et sur ces mots, je quitte la résidence avec un coeur noirci par la solitude et le manque. J'espère qu'une seule et unique chose que mes problèmes s'atténuent et disparaissent. Que mes parents me pardonnent car c'est cette clé qui me permettra d'avancer et d'aller mieux. Néanmoins, je sais qu'au fond de moi ça n'arrivera jamais.





Que pensez-vous de la relation Bruna/Michaël/Dua ? Et de celle avec ses parents ? 

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